I. Une pratique ancienne : la lecture du martyrologe

1La pratique de la lecture du martyrologe est apparue à la fin du VIII^e siècle, avec l’évocation des noms des saints, dans la première recension de la règle promulguée pour ses chanoines par l’évêque de Metz Chrodegang, à propos de l’office de Prime : « Après la lecture [de la règle], on récite l’âge du mois et de la lune et les noms des saints dont la fête tombe le jour suivant… »1. On ne parle pas encore de « martyrologe ». La lecture de celui-ci est explicite dans le canon 69 du capitulaire d’Aix-la-Chapelle de 817 : « Qu’au chapitre de prime on lise le martyrologe et que l’on dise le verset, par lequel on rompt le silence, qu’ensuite on lise la règle où une homélie, et que de nouveau on dise “Tu autem Domine”»2. La rédaction de martyrologes historiques se développe dans la première moitié du IX^e siècle, en s’appuyant sur le martyrologe de Bède, dans l’aire rhodanienne, entre Lyon et Vienne, où se succèdent les martyrologes de l’Anonyme lyonnais (avant 806), du diacre lyonnais Florus (vers 825 pour la première recension et vers 840 pour la seconde), d’Adon (avant son accession à l’archevêché de Vienne en 860)3. On passe progressivement d’un martyrologe au texte assez restreint, comptant de nombreux jours vacants (Bède), à un martyrologe où tous les jours sont représentés, avec parfois des éloges exagérément longs, allant de quelques lignes à plusieurs pages (Adon).

2Il revint à un moine de Saint-Germain-des-Prés, à Paris, Usuard, de mettre de l’ordre dans tout cela. Il reprend le travail de ses prédécesseurs, mais surtout il abrège, particulièrement les éloges démesurés d’Adon. Tous les jours sont représentés là aussi, mais par un texte de longueur pratiquement homogène4. La chose était compréhensible étant donné que les éloges de chaque jour étaient lus, ou plutôt cantillés, à l’office du chapitre après Prime. Usuard eut également une idée qui allait être largement copiée, réunir en un même volume les textes lus quotidiennement à cet office : le martyrologe, la règle et le nécrologe, auxquels se sont ajoutés au XI^e siècle les capitules homilétiques : l’on trouve cette réunion dans le ms. BNF lat. 13745, écrit peu après 858/860. Il n’est pas certain que ce soit l’autographe d’Usuard, comme le pensait dom Bouillart au début du XVIII^e siècle, mais notre moine a eu le manuscrit sous les yeux et est probablement intervenu dans sa copie. Un nouveau livre liturgique était né, le « Livre du chapitre»5. L’office du chapitre a été répandu dans les communautés régulières, monastiques ou canoniales, et la lecture des trois principaux textes le composant - martyrologe, règle, nécrologe - a été également pratiquée par des communautés séculières (chapitres cathédraux ou collégiaux) ou mendiantes. Chaque abbaye, chaque chapitre, devait donc avoir son martyrologe et la pratique a perduré jusqu’à nos jours, même si l’office de Prime a disparu avec le concile de Vatican II. La lecture se fait, par exemple, désormais au réfectoire dans les monastères relevant de la congrégation de Solesmes.

3Le martyrologe historique (parce que les éloges reposaient sur des textes historiques, passions, actes des martyrs, vie des saints, à la différence de l’antique martyrologe hiéronymien qui ne donnait avec le jour que le nom du saint et le lieu de son martyre), est donc devenu en quelque sorte un « classique » de la liturgie et le texte qui a connu la plus ample diffusion dans toute la chrétienté occidentale a été celui d’Usuard, même si Adon connaît encore un certain succès jusqu’au XII^e siècle, dans le Midi en particulier, et si de temps à autre on a utilisé un autre texte. Ainsi, le chapitre cathédral de Pamiers se sert encore d’un martyrologe d’Adon au XIV^e siècle et celui de Toulouse d’un « martyrologe de Saint-Quentin » ou « pseudo Florus des bollandistes », faussement attribué dans son incipit à Usuard, copié dans les années 1536-15376.

4Mais, l’utilisation d’un texte composé dans la seconde moitié du IX^e siècle a posé quelques problèmes au fil du temps. La cour céleste ne s’était pas figée à l’époque carolingienne. De nouveaux saints l’enrichissaient au fil du temps, certains ayant un rayonnement local, comme Ardon à Saint-Guilhem, d’autres ayant un rayonnement régional, comme Géraud d’Aurillac, d’autres enfin étaient vénérés par l’Église toute entière, comme François d’Assise, Claire, Dominique ou Thomas d’Aquin… Chaque communauté a donc enrichi son propre martyrologe manuscrit d’additions - les auctaria - y inscrivant les saints dont elle souhaitait faire mémoire, qu’ils lui soient propres, où qu’ils aient été inscrits au fil du temps au calendrier. Ajoutées initialement en marge ou à la suite des éloges, ces additions sont progressivement passées dans le corps du texte avec les copies et recopies. De temps en temps aussi des copistes incompétents faisaient naître de nouveaux saints, tel celui du martyrologe du chapitre cathédral Saint-Nazaire de Béziers, dans les années 1231/12417.

5Si le livre du chapitre, en tant que tel, a résisté à l’invention de l’imprimerie, car il n’était pas envisageable d’imprimer le nécrologe ou l’obituaire qui en était l’un des éléments et qui était constamment enrichi de fondations nouvelles, il n’en a pas été de même du martyrologe. Le martyrologe d’Usuard a été imprimé pour la première fois, anonymement, à Lübeck en 1475, puis à Utrecht en 1480, à Florence en 1486, à Pavie en 1487, puis à Cologne et à Paris en 14908, et dès 1491 paraissait à Lyon chez Jean du Pré une traduction en français, à la suite de La Mer des Histoires9. Il faut attendre 1515 pour que l’on ait enfin une édition attribuant explicitement le martyrologe à Usuard10.

6Quelques monastères utilisèrent un martyrologe imprimé pour constituer leur livre du chapitre, ainsi à l’abbaye de Daoulas, sur les marges d’un martyrologe imprimé en 149011, ou chez les célestins de Rouen, avec un martyrologe romain imprimé à Paris en 1584, une règle de saint Benoît manuscrite du XV^e siècle et un obituaire manuscrit également du XV^e siècle12.

7Livre de la liturgie romaine, le pape Grégoire XIII (1572-1585) décida sa publication à la suite des autres livres qui avaient été imprimés en application des décrets du concile de Trente. Sa rédaction fut confiée à une commission d’érudits présidée par le cardinal Guglielmo Sirlet († 1585) et animée par le cardinal Cesare Baronio († 1607). L’affaire était d’importance en raison de la multiplicité des éditions du martyrologe publiées depuis la parution à Venise en 1504 d’un Martyrologium secundum morem Romanae Curiae… Un « échantillon » parut en 1582, Martyrologium Romanum ab Idibus octobris anni correctionis MDLXXXII usque ad finem eiusdem anni, Gregorii XIII Pontificis maximi iussu editum, Romae, Ex Typographia Dominici Basae, MDLXXXII, formant une brochure de 72 pages in 8°13… Les matériaux rassemblés par le cardinal Baronius, un oratorien, sont conservés à la Biblioteca Vallicelliana à Rome (Tomi I-XXVI) et ont fait l’objet d’un remarquable catalogue en 1961, qui est un précieux instrument de travail pour l’hagiographie médiévale14. L’édition intégrale fut donnée à l’impression en 1583, après correction des nombreuses erreurs que l’on avait retrouvées. Le volume, renfermant deux mille huit cent soixante dix-neuf éloges fut définitivement publié en 1584, précédé de la constitution apostolique Emendato jam calendario, du 14 janvier 1584, formant un volume in-4° de [16]-414-[156] pages, imprimé en rouge et noir : Martyrologium | Romanum | ad novam Kalendarii rationem, & | ecclesiasticæ historiæ veri|tatem restitutum.| Gregorii XII Pont. Maximi | iussu editum. [Marque] Romae | Ex typographia Dominici Basæ. | M D LXXXIIII15.

8Dans sa constitution, le pape Grégoire XIII prohibait désormais l’usage de toute autre édition. Le cardinal Baronius, qui s’était beaucoup investi dans la préparation de ce martyrologe, en donnait deux ans plus tard chez le même éditeur romain une nouvelle édition, annotée et commentée, éloge par éloge, qui en faisait à la fois un livre à l’usage liturgique, mais aussi une somme hagiographique :

Martyrologium Romanum ad novam kalendarii rationem et Ecclesiasticæ historiæ veritatem restitutum Gregorii XIII Pont. Max. iussu editum. Accesserunt notationes atque Tractatio de Martyrologio Romano. Auctore Caesare Baronio Sorano, Congregationis Oratorii Presbytero, Romae, Ex Typographia Dominici Basae, 1586, un volume in- 4° de 558-[68] pp.16

9Trois ans plus tard, il en donnait une seconde édition, chez Plantin, à Anvers :

Martyrologium romanum ad novam Kalendarii rationem et ecclesiasticae historiae veritatem restitutum... Gregorii XIII, Pont. Max., jussu editum... auctore Caesare Baronio, ... Secunda editio... Antverpiae, Ex officina C. Plantini, 1589.

10Mais, marque du succès, dès 1’année suivante, 1587, un imprimeur vénitien, Pietro Dusinello, en donnait une réimpression, que l’on qualifierait aujourd’hui de « pirate », allant même jusqu’à reprendre la planche servant de frontispice à l’édition de 1586 :

Martyrologium| Romanum | ad novam kalendarii rationem| et Ecclesiasticæ historiæ veritatem restitutum | Gregorii XIII Pont. Max.| iussu editum. | Accesserunt notationes | atque Tractatio de Martyrologio Romano. | Auctore Caesare Baronio Sorano | Congregationis Oratorii Presbytero. [grande marque de l’imprimeur]. Venetiis, | Apud Petrum Dusinellum, MDLXXXVII.
Un vol. in-4° (17 x 24 cm), de [VI]-*XXIV-588 p.-[70] p.

11Le succès de l’œuvre de Baronius, qui avait utilisé comme texte de référence le martyrologe d’Usuard, était désormais assuré. Ajoutons qu’en 1583 était parue la première édition « savante » sinon critique du martyrologe d’Usuard, par les soins de Molanus, le Belge Jean van der Meulen :

Usuardi martyrologium quo Romana Ecclesia, ac permultae aliae utuntur iussu Caroli Magni conscriptum, cum additionibus ex martyrologiis Romanae Ecclesiae et aliarum, potissimum Belgii […] opera Ioannis Molanus Lovaniensis… Antverpiae, Apud Philippum Nutium, 1583.

12Molanus faisait suivre le texte d’annotations, renvoyant soit aux sources d’Usuard ou aux vies des saints concernés, faisant des remarques historiques sur certains saints. Nous n’avons pas pu vérifier si Baronius avait eu dans sa bibliothèque un exemplaire de cette édition, mais la chose est fort probable et la publication des annotations à la suite des éloges n’empêchait pas l’emploi de cette édition dans la liturgie quotidienne.

II. Le martyrologe de Lagrasse et ses auctaria

13En 1663, l’abbaye languedocienne Sainte-Marie de Lagrasse17, au diocèse de Carcassonne, était réformée et entrait dans la congrégation de Saint-Maur. Cela ne se fit pas tout à fait dans la douceur, comme le rapporte dom Martène dans son Histoire de la Congrégation de Saint-Maur18… les anciens religieux étant comme à l’habitude hostiles à l’introduction de la réforme dans leur maison. Une tentative d’intervention auprès du provincial de la Congrégation des Exempts, à laquelle il s’étaient agrégés, n’ayant pas abouti, les religieux favorables à la réforme ayant obtenus du Général de la congrégation des Exempts en personne le consentement à l’union le 27 novembre 1662, l’affaire fut plaidée au parlement de Toulouse, et la cour se prononça le 9 juillet 1663 en faveur de la réforme.

14En 1679, le bibliothécaire de l’abbaye inscrivait au catalogue de sa bibliothèque un exemplaire du martyrologe romain de Baronius, dans l’édition vénitienne de 1587 :

Martyrologium| Romanum| ad novam kalendarii rationem| et Ecclesiasticæ historiæ veritatem restitutum| Gregorii XIII Pont. Max.| iussu editum.| Accesserunt notationes| atque Tractatio de Martyrologio Romano.| Auctore Caesare Baronio Sorano|Congregationis Oratorii Presbytero. [grande marque de l’imprimeur]. Venetiis, | Apud Petrum Dusinellum, MDLXXXVII.

ajoutant sur la p. de titre l’ex libris de l’abbaye et l’inscription au catalogue : Ex libris monasterii | B. Mariæ Crassensis | Congregationis S. Mauri | catalogo inscriptus | 1679 – 1679.

15Ce livre a suivi le sort de la bibliothèque de l’abbaye, la dispersion. Il s’est retrouvé mis en vente en 2001 dans une librairie parisienne, d’où il est entré dans une collection particulière. On ne connaît pas d’inventaire ancien des livres de l’abbaye19 et le catalogue qui avait été dressé par les mauristes a disparu lui aussi.

16Une question toutefois doit être posée : ce martyrologe publié en 1587 est-il entré dans la possession de l’abbaye de Lagrasse à la fin du XVI^e siècle, à sa parution ou peu après, où s’agissait-il d’une acquisition récente faite depuis l’entrée des mauristes dans l’abbaye ? Le catalogue de la bibliothèque a-t-il seulement été constitué en 1679 et l’ensemble des livres alors conservés à l’abbaye y étant alors inscrit ? Rien ne permet de répondre pour l’instant à ces questions.

17On remarquera l’excellent état intérieur du livre, même si la reliure en est fragile. On relève aussi un nom inscrit sur la recto du feuillet de garde : « Béthisy », d’une écriture du XVIII^e siècle20.

18Si l’on feuillette ce martyrologe, on remarque qu’il a fait l’objet d’un certain nombre d’additions manuscrites, toutes portées à une exception près dans les blancs de pied, d’une même main. Ces additions ne sont pas de simples remarques faites par un lecteur attentif : il s’agit d’éloges ajoutés par un utilisateur. Dans quel but et quand ? Là encore il est difficile de se prononcer avec certitude sur le premier point. Il peut s’agir d’un religieux qui a voulu « mettre à jour » son martyrologe. Cela se comprend avec les éloges de Jean de Dieu († 1550), de François Régis († 1640) ou de Vincent de Paul († 1660), des saints récents. Mais une mise à jour « historique » n’imposait pas la rédaction d’un éloge en bonne et due forme. Et quand ? On remarque le 28 mai (p. 237), un éloge qui évoque la translation des reliques de saint Guilhem, à Gellone (Saint-Guilhem-le-Désert) en 1679, qui a été rapportée par dom Martène21, mais aussi les éloges de saint Jean de Dieu, mort en 1550 et canonisé en 1690, de sainte Julienne Falconeri, morte en 1341, de saint François Régis, mort en 1640 et de saint Vincent de Paul mort en 1660, ces trois derniers canonisés en 1737. C’est sans doute à l’occasion de cette triple canonisation qu’un religieux de Lagrasse eut l’idée de mettre à jour le martyrologe domestique. Il ne s’est pas limité à cette occasion à ces saints récents, nécessairement absents du martyrologe de Baronius. Il a en profité pour y faire entrer d’autres saints, pour une bonne part locaux ou régionaux, comme Ardon de Gellone, Fulcran de Lodève, Pons de Cimiez, patron de l’abbaye de Saint-Pons-de-Thomières22. Rappelons aussi que François Régis était né à Fontcouverte, village situé à une dizaine de kilomètres au nord de Lagrasse23.

19La rédaction de ces additions, les auctaria, sous la forme de l’éloge utilisé pour la lecture liturgique du martyrologe, et pas seulement sous la forme de simples notes historiques montre aussi que ces additions ont été faites dans un but liturgique, dans le second quart du XVIII^e siècle, pour la lecture du martyrologe à l’office du chapitre.

III. Les auctaria : textes et commentaires

20Nous donnons ici, en suivant l’ordre du calendrier, le texte des éloges qui ont été ajoutés, peu après les canonisations de 1737, par un mauriste de Lagrasse sur les blancs de pied de l’exemplaire du Martyrologium Romanum de 1587 conservé à l’abbaye. On comparera ces additions avec le propre du diocèse de Montpellier (Maguelone), publié en 1736, le plus proche par sa date des canonisations de 1737, mais aussi le plus riche et le plus développédes propres de la province de Narbonne pour cette période24.

< Février >
p. 75 [8]    Sexto id. febr.
… | + S^ti Joannis de Matha confessoris.
BHL —
Bibliotheca sanctorum, t. VI, Rome, 1966, c. 828-839.
Inscrit le 17 décembre dans le martyrologe romain. MR 1756 et 200125.
Fondateur de l’ordre des Trinitaire, né vers 1154, Jean de Matha est mort le 17 décembre 1213 (épitaphe à San Thomaso in Formis à Rome). Son corps a été volé le 19 mars 1665 par des trinitaires espagnols qui l’ont emporté en Espagne. Il était d’abord fêté le 17 décembre (dies natalis), puis la fête a été transférée au 8 février par Innocent XI (1678-1689), date retenue ici. Sa fête a été supprimée du Calendarium Romanum de 196026.

p. 81 [12]    Pridie idus febr.
… | + S^ti Fulcranni Lodovensi episcopi et confessoris.
BHL 3207.
Bibliotheca sanctorum, t. V, Rome, 1964, c. 1301-1302.
Évêque de Lodève, mort en 1006, fêté le 13 février (le 3 à Narbonne et le 12 à Lagrasse). MR 2001.
Cf. le propre de Montpellier de 1736, pp. 52-57, le 13 février : S. Fulcranni Magalonensis archidiaconi, post Lodovensis episcopi et confessoris. Duplex.

< Mars >
p. 112 [7]    Octavo id. martii.
… |+ S^ti Joannis de Deo, fundatoris ordinis hospitalitatis, qui post multa patrata miracula meritis plenus obiit ad Dominum.
BHL —
Bibliotheca sanctorum, t. VI, Rome, 1966, c. 740-748.
Né en 1495 à Montemoro, au diocèse d’Evora, il fonde un hôpital à Grenade vers 1540, point de départ de l’ordre des Frères hospitaliers de Saint-Jean-de-Dieu, mort en 1550. Il est déclaré bienheureux par Urbain VIII le 31 septembre 1630, et saint par Alexandre VIII le 16 octobre 1690, sa fête étant fixée au 8 mars ; elle a été maintenue comme mémoire au Calendarium Romanum de 1969.

… | /\ Aniano in Gallia, S^ti Ardonis presbiteri monachi et confessoris in monasterio Anianensi sub regula s^ti Benedicti.
BHL —
Bibliotheca sanctorum, t. II, Rome, 1962, c. 385.
Ardon, baptisé sous le nom de Smaragde, mort en 843, est le biographe et successeur de Benoît à Aniane. MR 2001.
Cf. le propre de Montpellier de 1736, pp. 68-71, le 8 mars : S. Ardonis presbiteri, monachi Anianensis et confessoris. (Anianae duplex et celebr. die 7.)

< Avril >
p. 180 [24]    Octavo kal. maii.
… | + Claromontii in Gallia, S^ti Roberti abbattis^(sic) monasterii Casæ Dei, qui post varia pietatis documenta singulos fratres osculatus morte justorum obiit anno 1067.
BHL 7261-7263.
Bibliotheca sanctorum, t. XI, Rome, 1968, c. 235-237.
Robert de Turlande, né vers 1001, fondateur de l’abbaye de la Chaise-Dieu, en Auvergne, est mort vers 1063/1067 et fêté le 24 avril. MR 2001.
Cf. le propre de Montpellier de 1736, pp. 85-86 : S. Robert abbatis. Simplex.

< Mai >
p. 212 [11]    Quinto idus maii.
… | Cemelii S^ti Pontii martyris.
BHL 6896-6897.
Bibliotheca sanctorum, t. X, Rome, 1968 c. 1021-1022.
Martyr à Cimiez, c. 257/258, Pons est fêté le 14 mai dans les diocèses voisins (Nice, Digne, Fré jus), mais inscrit le 11 dans tous les martyrologes languedociens. MR 1756 et 2001.
Cf. le propre de Montpellier de 1736, p. 93, mémoire de saint Pons le 11 mai : Pro sancto Pontio martyre, lect. IX. Inc. Pontius, Cemelii quae olim urbs nobilis fuit Maritimarum Alpium, non longe a Nicia, martyrio coronatur. Ad laudes fit com (memoratio). S. Pontii.

p. 217 [14]    Pridie idus maii.
… | + Vapincii in Gallia S^ti Aredii episcopi et martiris.
BHL 669-670.
Bibliotheca sanctorum, t. II, Rome, 1962, c. 394.
Aredius, Aridius, ou Arigius (Arige), évêque de Gap au VI^e siècle – il est présent au second concile de Mâcon en 585 – serait mort vers 604. Il a été inscrit au propre de Gap le 16 mai et le 11 dans celui de Grenoble. Son culte a été confirmé par Pie X(1903-1914). MR 2001 le 1^er mai.
Cf. le propre de Montpellier de 1736, pp. 97-101 : S. Aredii Vapincensis episcopi et confessoris. Semiduplex.

… /\ Tabernæ S^ti Pachomii abbattis^(sic).
BHL 6410.
Bibliotheca sanctorum, t. X, Rome, 1968, c. 10-21.
Abbé de Tabenne en Haut-Égypte, né vers 287, il meurt en 347 ; il est fêté le 14 mai. MR 1756. MR 2001 le 9 mai.
Cf. le propre de Montpellier de 1736, p. 101 : Ad laud. com. S. Bonifacii. Postea S. Pachomii. (*la fête de saint Boniface a été inscrite dès le XII^e siècle dans le calendrier romain).

p. 227 [21]    Duodecimo kal. junii.
… | + Eodem die apud Santonas in Gallia sanctæ Eustellæ virginis et martyris |+ cujus caput asservatur in tumulo S^ti Eutropii Iⁱ episcopi et martyris santonensis.*
* ajouté à la suite des éloges et non dans les blancs de pied. Un réviseur a ajouté le deuxième élément de la phrsae, cujus etc.
BHL —
Bibliotheca sanctorum, t. V, Rome, 1964, c. 300-301.
Le chef de cette sainte, associée à la légende de saint Eutrope, aurait été conservé dans le tombeau de saint Eutrope27. Il n’en est pas question dans les leçons de saint Eutrope dans le propre de Montpellier de 1736, pp. 86-89.

p. 230 [24]    Nono kal. junii.
… | + S^ti Joannis Francisci Regis confessoris Societatis Jesu.
BHL —
Bibliotheca sanctorum, t. VI, Rome, 1966, c. 1002-1007.
Né en 1597 à Fontcouverte (Aude), il entre au noviciat des jésuites de Toulouse en 1616 et prononce ses vœux définitifs le 6 novembre 1633. Il évangélise les campagnes du Languedoc, du Velay et du Vivarais et meurt au cours d’une prédication à La Louvesc (Ardèche) le 31 décembre 1640. Béatifié en 1716, il est canonisé le 5 avril 1737. Un pèlerinage sur son tombeau, à La Louvesc, s’est développé le 16 juin. MR 1256, 2001 (31 déc.).

p. 237 [28]    Quinto kal. junii.|
+ In Gallia, S^ti Guillelmi Gellonensis monachi et confessoris, cujus corpus sub majori altari Gellonensis monasterii anno 1679° repertum in capsa repositum pretiosa ibidem asservatur.
BHL 8916-8918.
Bibliotheca sanctorum, t. VII, Rome, 1966, c. 467-470.
Guillaume, duc de Septimanie et moine de Gellone, héros de chansons de gestes, est mort vers 812. Son culte a été reconnu par Alexandre II en 1066 et sa fête placée au 28 mai. Il a été inscrit dans tous les martyrologes languedociens médiévaux28. MR 2001.
Cf. le propre de Montpellier de 1736, pp. 108-112 : S. Guillelmi Gellonensis monachi et confessoris. Semiduplex.

< Juin >
p. 271 [19]    Terciodecimo kal. julii.
… | + S^tæ Julianæ de Falconeriis, v (irginis) quæ extremo morbo laborans pretioso Christi corpore mirabiliter recreata multis clarae miraculis obdormivit in Domino.
BHL 4520.
Bibliotheca sanctorum, t. VI, Rome, 1966, c. 1184-1188.
Julienne Falconeri, *1270, tertiaire de l’ordre des Serviteurs de Marie, dont son oncle Alexis Falconeri est l’un des sept saints fondateurs, †1341, première prieure des tertiaires servites. Son procès de canonisation, ouvert en 1694, a abouti en 1737. MR 1756. MR 2001.

p. 276 [22]    Decimo kal. Julii.
… | + Antiochiæ, S^ti Achatii episcopi et martyris <et> sociorum martyrum.
BHL 20-24.
Bibliotheca sanctorum, t. I, Rome, 1961, c. 134-138.
Acace d’Arménie, et non d’Antioche, aurait été crucifié avec ses dix mille compagnons sur le mont Ararat sous Hadrien, vers 250.
Baronius, qui avait eu en main le texte prétendu de sa Passion, l’a inscrit dans le martyrologe et il est resté dans les rédactions postérieures : In monte Ararath passio sanctorum martyrum decem millium crucifixorum. Il leur consacre un long développement dans ses notes, pp. 277-278, mais ne donne pas le nom d’Acacius. Dans son Catalogus sanctorum, (Lyon, 1545, v, cxxxvii) Petrus de Natalibus les place à Alexandrie… Très populaire au Moyen Âge, le culte des dix mille martyrs a été supprimé en 1969. Notre mauriste n’a manifestement pas fait le rapprochement en ajoutant cet éloge. MR 1584, 1586-1587, 1756.

p. 286 [27]    Quinto kalendas julii.
… | + Lugduni, SS. Irænei episcopi et sociorum martyrum.
BHL 4457-4463.
Bibliotheca sanctorum, t. VII, Rome, 1966, c. 891-899.
Irénée, né en Asie mineure, évêque de Lyon, successeur de Pothin, en 177/178, mort c. 202, martyr selon la tradition. MR 2001, le 28.

< Juillet >
p. 307 [11]    Quinto idus julii
… | + S^ti Leontii Burdigalensis episcopi.
BHL —
Bibliotheca sanctorum, t. VII, Rome, 1966, c. 1322-1323.
Léonce [II] le jeune, évêque de Bordeaux, présent au concile d’Orléans en 549, mort vers 570. Il est fêté le 7 dans les diocèses de Bordeaux et de Saintes. MR 2001.
Cf. le propre de Montpellier de 1736, pp. 139-142 : S. Leontii Burdigalensis episcopi et confessoris. Semiduplex.

p. 314 [16]    Decimoseptimo kal. augusti.
… | + Festum commemorationis B. Mariæ virginis de Monte carmelo.
La fête est liée à une apparition de la Vierge en 1251 à Simon Stock, ermite anglais (c. 1165† 1265) qui rejoint l’ordre des carmes et en devient le sixième général. Elle apparaît dans la liturgie carmélitaine entre 1376 et 1386 et a été inscrite au calendrier romain en 1726, mais réduite à une simple mémoire ad libitum depuis 1960. MR 2001.

p. 319 [19]    Quartodecimo kal. augusti.
… | + S^ti Vincentii a Paulo, qui meritis clarus ad Dominum migravit.
BHL —
Bibliotheca sanctorum, t. XII, Rome, 1969, c. 1155-1168.
Vincent de Paul, né le 24 avril 1581, né à Pouy [auj. Saint-Vincent-de-Paul] dans les Landes, fonde la Congrégation des prêtres de la mission en 1625 et les Filles de la charité en 1633. Il meurt à Paris le 27 septembre 1660. Son procès en canonisation est commencé en 1705 ; il est béatifié en 1729 et canonisé le 22 septembre 1737. Sa fête, initialement placée au 19 juillet, a été déplacée au 27 septembre avec une mémoire (dies natalis) en 1969.
MR 1756, 2001, le 27 septembre.

p. 338 [30]    Tertio kal. Augusti.
… | + Trecis in Gallia, S^ti Lupi episcopi et confessoris.
BHL 5087-5090.
Bibliotheca sanctorum, t. VIII, Rome, 1967, c. 390-391.
Né vers 383 et mort en 479, moine de Lérins puis évêque de Troyes en 426/427, il est inscrit le 29 juillet dans le martyrologe de 1584 et dans les éditions annotées de 1586, 1587 sq., avec un éloge assez développé : Trecis in Gallia sancti Lupi episcopi et confessoris, qui cum beato Germano ad expugnandam Pelagianorum haeresim in Britaniam perrexit, urbemque Trecas a furore Attilae Galliam omnem devastantis, assidua oratione defendit ; demum quinquaginta duobus annis sacerdotio venerabiliter functus, in pace quievit. On s’étonne que notre mauriste ne l’ait pas remarqué ! MR 1756, 2001.
Cf. le propre de Montpellier de 1736, pp. 151-155 : Sancti Lupi Trecensis episcopi et confessoris. Semiduplex.

< Août >
p. 356 [9]    Quinto idus augusti.
… | + SS Xisti, Felicissimi et Agapiti martyrum.
BHL 7801-7812.
Bibliotheca sanctorum, t. X, Rome, 1968, c. 1356-1262.
Sixte II, pape de 257 à 258, † 258, est martyrisé avec ses diacres Félicissime et Agapit. Il est inscrit le 6 août dans le martyrologe de Baronius et là encore on s’étonne de l’inattention de notre mauriste : Romae via Appia in coemeterio Callisti natalis beati Xysti secundi papae et martyris, qui in persecutione Valeriani gladio animadversus, martyrii coronam accepit. Item sanctorum martyrum Felicissimi et Agapiti ejusdem beati Xysti diaconorum, qui omnes cum eo pariter decollati sunt, atque in coemeterio Praetextati sepulti. MR 1584 - 1756, le 6 ; MR 2001 le 7.
Cf. le propre de Montpellier de 1736, pp. 166-170, le 9 août : SS. Xysti, Felicissimi et Agapiti martyrum. Semiduplex.

21On ne peut que s’interroger sur le choix de ces additions. Comment se fait-il que notre mauriste n’ait rien ajouté à partir du 9 août, voire même depuis le 19 juillet, puisque ses deux dernières additions, saint Loup de Troyes, et saint Sixte et ses diacres étaient en fait déjà dans le martyrologe, mais à des jours certes différents, le 29 au lieu du 30 pour Loup et le 6 au lieu du 9 pour Sixte. Le sanctoral local lui en offrait la possibilité29. Il faudrait aussi mener des recherches approfondies dans le riche chartrier de l’abbaye de Lagrasse aux archives départementales de l’Aude pour voir si l’on retrouve des pièces signées de la main qui a porté ces additions. Mais le jeu n’en vaut pas la chandelle… Disons que l’apport le plus intéressant de cet exemplaire du Martyrologium Romanum de 1587 est de montrer la persistance de la pratique de la lecture du martyrologe dans une abbaye mauriste méridionale au milieu du XVIII^e siècle, ce qui nous fait regretter aussi la perte du livre du chapitre médiéval.

22Voir, dans le cahier photos, les figures 23 et 24.