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Faïence fine et porcelaine

 | 
Jean-Michel Minovez

Faïence fine et iconographie : l’apport à l’imagerie du XIXe siècle

Une imagerie sur faïence : les assiettes parlantes à sujets imprimés de la manufacture de Sarreguemines

Emile Decker

Texte intégral

1La manufacture de Sarreguemines en Lorraine voit le jour au début de la Révolution française en 1790. Au cours du XIXe siècle, l’entreprise connaît un développement constant et en 1900, elle emploie plus de 3 000 ouvriers et possède deux succursales, Digoin en Bourgogne et Vitry-le-François en Champagne. Les produits céramiques de cette fabrique sont très diversifiés : on y réalise aussi bien de la faïence que de la porcelaine ou du grès. La gamme des objets qu’elle propose à sa clientèle est très ouverte : objets de la table, de la décoration, de l’hygiène, du chauffage ou encore de l’architecture. Elle présente sur le marché de nombreuses assiettes parlantes à motifs imprimés. Cette production est l’une des plus importantes de France pour le nombre et la variété des thèmes abordés ; elle constitue une véritable imagerie. Plus de 300 séries de 12 assiettes sont éditées sur une durée d’un siècle soit sur le site de Sarreguemines soit sur celui de Digoin.

2Ce type de production n’est pas propre à la faïencerie de Sarreguemines ; elle s’inscrit en fait dans un contexte plus vaste, celui de la diffusion de la gravure au XIXe siècle et concerne des supports aussi différents que le papier, le tissu, le métal ou la céramique. Le goût du public pour les vignettes gravées constitue un aspect de la sensibilité romantique qui s’exerce alors. Elle est largement favorisée par l’apparition de nouvelles techniques de fabrication qui permettent de la diffuser à bas prix. L’édition des revues illustrées se développe d’une manière prodigieuse. Des périodiques aux livraisons hebdomadaires paraissent : les plus connues sont Le Magasin pittoresque, fondé en 1833 par Edouard Charton et L’Illustration créée en 1843, par Paulin, Johanne et Charton ; ces revues reprennent la formule du journal anglais The Penny Magazine qui diffuse auprès d’un public très modeste des connaissances utiles. Ces publications présentent la particularité d’être très richement illustrées par des gravures. Elles sont très appréciées du public de province qui s’y abonne en grand nombre.

  • 1 S. Le Men, article « Illustration » dans le Supplément à l’Encyclopédia universalis, vol. 2, 1990, (...)

3Le terme même d’« illustration » est récent, il date de l’époque du Romantisme ; le verbe « illustrer » dans le sens d’« orner de gravures, de dessin un livre » n’apparaît dans le dictionnaire de l’Académie française qu’en 1839. En Angleterre, cependant, les mots « illustrations » et « illustrated » sont utilisés dès la fin du XVIIIe siècle1.

4La faïence devient elle-même le support de l’illustration au début du XIXe siècle en France. Ici, l’image quitte ses rapports de subordination à un texte, on lui assigne une fonction décorative.

Formes et variations de l’imagerie sur faïence

Apparition des assiettes à thèmes dans la production des faïenceries au XIXe siècle

  • 2 Je reprends cette expression à l’article de Frédéric Maguet, « De la série éditoriale dans l’imager (...)

5L’imagerie sur faïence se développe habituellement dans le cadre de séries éditoriales2. La série est une thématique développée généralement par un ensemble de vignettes qui se complètent, généralement au nombre de 12 ; mais, il existe des exceptions en fonction de certaines thématiques qui nécessitent plus de vignettes (lettres de l’alphabet, départements…). Dans un grand nombre de cas, cette série de vignettes est associée à un décor d’ailes qui reprend le sujet de la thématique. On parlera de vignettes de bassin et de vignettes d’ailes. On connaît le cas de séries dont la vignette de l’aile, la forme de l’assiette, la couleur d’impression a varié avec le temps et les rééditions.

  • 3 H.-P. Fourest, La Faïence de Delft, éd. Office du Livre, Fribourg, 1980, p. 126 et 127.
  • 4 D. Kalifa, « L’ère de la culture marchandises », Revue d’histoire du XIXe siècle, 19, 1999, p. 10.

6La série éditoriale est un phénomène qui n’est pas nouveau en céramique mais qui connaît un très fort succès au cours du XIXe siècle. L’idée de créer des séries d’assiettes est ancienne. Il semble que la manufacture de Delft ait eu très tôt l’idée de créer des séries d’assiettes illustrant un thème donné : le British Museum conserve une série de 12 assiettes de ce centre datées de 1711 représentant les signes du Zodiaque ; la fabrique à l’enseigne de la Rose proposa une série sur des épisodes de l’évangile, et une autre sur les mois de l’année ; la manufacture de Justus Brouwer illustra dans la seconde moitié du XVIIIe siècle les thèmes de la chasse à la baleine et de la pêche aux harengs3. Les sujets sont peints, mais empruntés à des gravures qui circulent à l’époque. Souvent une légende et un numéro accompagnent l’image. Nous trouvons donc ici, en plein XVIIIe siècle, à Delft, les principes qui seront ceux des séries historiées du XIXe siècle. Le goût pour la série est cependant typique du XIXe siècle : il naît d’un besoin d’effectuer un inventaire et d’une mise en ordre du monde ambition qu’elle partage avec la science. Il s’agit d’une démarche « où s’expriment à la fois les ambitions culturelles d’un siècle orgueilleux et optimiste et l’entrée dans une ère des masses qui est aussi, par nécessité, celle de la sérialité, seule opération capable d’ordonner la matière, de lui donner forme et sens »4.

  • 5 A. Héry, La faïencerie de Lunéville. 1786-1923. Les Keller et Guérin, Vesoul, 1999, 143 p

7De nombreuses manufactures proposent des assiettes de ce type, en France. Les premières entreprises qui voient des gravures orner leur vaisselle sont celles de Creil, de Choisy-le-Roi, de Lambert à Sèvres. Certaines faïences sont décorées par une petite entreprise créée en 1808 rue du cadran à Paris et dirigée par Antoine Le Gros d’Anizy, John-Huford Stone et Anasthase-Marie-Martin Coquerel. Le procédé se répand dans les années 1820. Dans l’est de la France, la manufacture de Vaudrevange fait des essais vers 1815, et installe un atelier de gravure en 1825. A Septfontaines, les premiers essais d’impression remontent à 1823, à Mettlach, vers 1824. A Sarreguemines, l’impression apparaît vers 1829, comme l’atteste le livre de recettes de la manufacture. A Longwy, elle est utilisée vers 1835. On est mal renseigné pour les faïenceries qui prolongent une tradition édifiée au cours du XVIIIe siècle : A. Hery5 propose la date de 1855 pour Lunéville. A Saint-Clément, il existe des assiettes avec des décors sur émail vraisemblablement dès les années 1830-40. A Niderviller, il semble que l’impression est employée dans les années 1850. Chez les Bernard aux Islettes, la technique n’est jamais employée.

  • 6 Boyer, Nouveau manuel complet du porcelainier, faïencier, potier de terre, du briquetier, du tuilie (...)

8L’apparition de ce procédé de décoration fut accueillie avec beaucoup d’enthousiasme par les industriels ; Boyer, dans son manuel du porcelainier et faïencier, prophétise en 1846 : bientôt le daguerréotype lui-même fournira des dessins d’une exactitude merveilleuse pour orner la vaisselle et les objets de curiosité à tel point que le peuple au lieu de ces animaux informes, de ces dessins grossiers qui salissent les faïences communes, aura constamment sous les yeux des objets capables de l’intéresser ou de l’amuser6.

Les supports et leurs formes

  • 7 Rapport du jury de l’Exposition Universelle de 1867 de Paris sur les productions de la manufacture (...)

9A Sarreguemines, l’imagerie à thèmes se développe essentiellement sur des assiettes. Cependant, certaines pièces de forme appartenant à des services à café sont également revêtues de ces images, mais elles sont extrêmement rares, la quasi-totalité des vignettes parlantes figure sur des assiettes de petite dimension, autour de 21 centimètres. Elles portent habituellement les numéros de tailles 5 ou 6 incrustés dans la pâte. Elles sont semble-t-il utilisées au dessert. : « C’est le cailloutage qui nous donne […] ces assiettes à dessert sur lesquelles l’impression fixe le souvenir de nos épopées militaires et de nos romans les plus connus, avec dessins et tirades à effet »7. Elles rompent par leur présentation avec les assiettes des services de table au cours du déroulement du repas à un moment où l’on passe des aliments salés aux aliments sucrés. Dans les intérieurs, ces objets sont placés sur des vaisseliers ou des dessus de cheminée puis, avec le temps, leur vocation décorative s’affirme : à la fin du siècle, certaines formes sans bassin possèdent au revers un talon percé de deux trous afin d’y passer une cordelette qui permet de les accrocher au mur.

10Les premières assiettes sont circulaires, mais quelques rares formes octogonales existent également dans les années 1830 (ill. 1). Le contour du bord est uni ; le revers est plat ou légèrement bombé et ne possède pas de talon. Au début des années 1840, les formes évoluent : le bord est chantourné ; l’aile devient beaucoup plus large. Le talon apparaît dans les années 1840 ; pendant très longtemps, il est arrondi mais vers 1870, il devient plat. A la fin des années 1840 et au cours des années 1850, il existe aussi, sur certaines assiettes un talon asymétrique. A la fin du siècle, on crée une forme d’assiette assez caractéristique : elle présente une face légèrement concave, continue, sans aile ; ce type dénommé « forme lentille » est très proche des assiettes calottes produites par d’autres manufactures à la même époque (ill. 2) ; elle est cependant moins profonde.

11L’assiette est généralement de couleur blanche, mais il existe, dans les années 1830, des assiettes à fond jaune. Avec le temps, le support suit l’évolution des techniques et des goûts : de la terre de pipe émaillée blanc ou jaune (ill. 1), aux faïences fines dites « opaque » ou « china » (ill. 3, 4, 8, et 9), la porcelaine phosphatique est utilisée dans des cas très rares. La pâte devient de plus en plus blanche et fait ressortir avec beaucoup de netteté les traits de la gravure. A la fin du siècle, avec la polychromie, on lui préfère un fond aux tons plus doux et on utilise une pâte de teinte ivoire (ill. 6).

Le décor

12Une vignette centrale et une frise sur l’aile constituent la composition habituelle. Parfois la vignette principale occupe l’ensemble de l’assiette, c’est le cas des assiettes dites lentilles (photos 2, 5, 6 et 7).

13La gravure possède généralement une bordure et son cadrage s’intègre dans un cercle cerné d’un filet. Pendant la période romantique, ce cadre a tendance à disparaître (ill. 4). Le motif est le plus souvent réalisé à l’encre noire rarement bleue. Dans les années 1830, seul le bassin est décoré d’une vignette imprimée ; celle-ci s’inscrit alors dans un cercle cerné d’un filet double. L’aile demeure blanche cependant le bord est souligné d’un filet noir peint (ill. 1).

  • 8 A. Larue A. et S. Le Men « Le décor ou l’art de tourner en rond », Romantisme, n° 78, 1992, p. 61

14A partir de 1840 environ, on ornemente richement l’aile de frises aux motifs complexes, qui s’inspirent parfois du sujet de la vignette centrale (ill. 3 et 4). Ces frises servent à délimiter et à encadrer la gravure du bassin ; le rôle de chacun de ces décors peut être comparé aux éléments utilisés à l’époque dans la mise en page de l’illustration des livres : on y retrouve la « grande opposition entre le décoratif et l’illustratif ». Dans les ouvrages de l’époque romantique, les ornements ont une fonction de structuration de la page : « les bandeaux (liminaires) et les culs de lampe (terminatifs) conjuguent leur fonction décorative à une fonction de subdivision du texte et du livre8. » A la fin du XIXe siècle, les frises du bord disparaissent sur les assiettes dites de forme lentille ; la vignette illustrative occupe alors l’entière surface de l’objet.

15Les inscriptions sont rares sur les toutes premières assiettes ; on utilise dans ce cas des lettres cursives qui se détachent dans une réserve, laissée libre dans le bas du médaillon (ill. 1) ; mais à la fin des années 1830, on légende régulièrement le sujet. Le texte est généralement court ; il est destiné à expliciter l’image, à situer une scène ou un paysage. A la fin du siècle, les sujets humoristiques sont fréquemment accompagnés de longs dialogues qui consignent les répliques successives des protagonistes. Lorsqu’une série est identifiée par un titre, celui-ci apparaît au-dessus de l’image (ill. 5). Les différentes vignettes sont numérotées dans leur série, le plus souvent en bas à droite ou à gauche de la légende par un chiffre compris entre 1 et 12. Entre 1870 et 1918, la langue française est de règle. Cependant, il existe une série « les opéras de Wagner » dans laquelle les titres sont en allemand.

16Les techniques d’impression évoluent au cours du temps. A l’origine, la gravure se pratique au moyen de plaques de cuivre, au milieu du XIXe siècle, la technique de transfert par gélatine est attestée. Dans les années 1870, apparaît à Sarreguemines la lithochromie et vers 1900 la photo-lithographie. Au cours de cette période, certaines assiettes, imprimées en noir ou en sépia, sont rehaussées de couleurs peintes.

Auteurs des gravures et sources de l’iconographie

  • 9 M. Boyer, Nouveau manuel complet du porcelainier, faïencier, potier de terre, du briquetier, du tui (...)

17Il est difficile d’apprécier la manière dont naissent ces séries éditées par la manufacture de Sarreguemines. La documentation fait ici défaut ou se trouve fortement fragmentée et nécessite une reconstitution du processus. Il n’est pas imprudent de penser que les choix opérés au moment de la création d’une série nouvelle sont effectués dans un cadre commercial : il s’agit de plaire au public qui constitue une clientèle potentielle. Au début du siècle les amateurs de faïence fine imprimée appartiennent essentiellement à la petite bourgeoisie : il s’agit d’un produit accessible en raison de son moindre coût tout en se rapprochant par sa finesse et sa blancheur de la porcelaine qui est à l’époque réservée à un public fortuné. Boyer dans son manuel pour les faïenciers souligne avec force cette scission sociale dans le goût : « Cela n’excite que le dédain des classes élevées ; on aime mieux le blanc, le filet d’or, avec un chiffre, avec une armoirie. Pauvres niais, que vous servent ces choses qu’on fait exprès pour vous ? Vous n’en éprouvez tout au plus qu’une petite satisfaction de vanité, tandis que le peuple, celui qui n’a que des assiettes, voit avec plaisir, en attendant la soupe ou le seul mets qui satisfait son appétit, soit un monument, soit un point de vue, soit un tableau villageois, soit une scène militaire, soit un acte de bienfaisance, de courage ou de vertu, etc. Que fait-il en cela ? Il fait comme le grand seigneur ou le grand financier qui contemple ses assiettes de Sèvres à 50, 100 et 200 francs la pièce. Il n’y a entre eux qu’une différence, c’est que le petit propriétaire, l’industriel utile, le rentier, ont pour 20 centimes la jouissance que les autres paient mille fois plus cher »9.

  • 10 Conférence des représentants 1895. Manuscrit. Archives de la faïence de Digoin p. 38-39

18Pour la fin du XIXe siècle, des rapports et des comptes rendus de réunion nous renseignent sur le rôle des commerciaux dans la stratégie éditoriale. Pour mieux répondre à la demande qui émane de la clientèle et orienter la création, le directeur gérant des faïenceries convoque, en effet, annuellement une conférence des représentants. Ces réunions rassemblent dans une des usines du groupe les directeurs des différents établissements, une dizaine de voyageurs, et un représentant du Grand Dépôt. Quelques comptes rendus de ces conférences sont parvenus jusqu’à nous, conservés dans les archives de l’usine de Digoin. Ainsi, en 1895, Charles Desrez l’un des représentants demande « de continuer la série des portraits sur assiettes lentilles, même disposition que celle de Faure par des portraits d’actualité, nous pourrions prendre maintenant Nicolas II et le général Duschene. Nous pourrions faire aussi une série de 12 assiettes représentant Sarah Bernard dans ses principales créations avec motifs des pièces, et une autre série semblable avec portraits des généraux de la République et du Ier Empire »10.

19Les étapes de la création des décors restent encore difficiles à reconstituer ; la documentation est parcellaire. Cependant, des éléments conservés dans des collections privées permettent de constater la complexité du processus. Il faut ici bien à avoir à l’esprit deux phases du travail : la conception d’un modèle sous la forme d’un projet et la gravure reportant le modèle sur une plaque. Pour la première phase, on fait appel à des artistes, pour la seconde à des graveurs. Ces derniers sont des praticiens bien formés qui savent reproduire habilement les modèles, mais qui peuvent aussi à l’occasion proposer leurs propres créations. Dans le cadre de leur activité, ils sont amenés à modifier les plaques en cas d’usure et à les dupliquer. Ils travaillent le plus souvent au sein même des manufactures. On connaît, par des archives familiales, l’œuvre de Numa Larbaletrier, (1866-1938) qui était graveur à la faïencerie de Sarreguemines. On lui attribue, entre autres, une série d’assiettes humoristiques sur le thème des opérettes qui mettent en scène des animaux. L’artiste avait suivi des cours de dessins et de gravure à Paris et revint s’installer à Sarreguemines vers 1890. Sous la pression des autorités allemandes qui lui demandaient d’opter pour la nationalité allemande, il dût quitter Sarreguemines en 1897.

  • 11 C. Bolender, « Journal universel, Assiettes universelles », Sarreguemines. Faïence - Grès - Porcela (...)

20Ainsi, les séries de décors peuvent avoir des origines fort diverses. Certains motifs sont des gravures copiées des revues illustrées : elles sont gravées soit dans l’entreprise soit dans un atelier de la capitale. La revue L’Illustration constitue au début du siècle une source inépuisable de modèles. Dans une série d’assiettes étudiée par le professeur Bolender11, plusieurs motifs sont extraits de cette publication. On a ainsi fait figurer des scènes de vendeurs : « Les petites Industries des boulevards » où des marchands ambulants vendent leurs produits sur des petites tables ou sur des plateaux. La gravure d’origine, dans le journal L’Illustration du 13 janvier 1844 porte en légende : « vue générale du Boulevard du Temple- Marchands ambulants ». A Sarreguemines, on n’en a utilisé que la partie droite alors que la partie gauche a servi pour réaliser une autre vignette titrée : « Le cordon de sûreté ». On y voit un bonimenteur qui a posé son tréteau dans la rue. Lors de la conception de la vignette pour l’assiette, le graveur recadre la scène, l’adapte au support et à sa forme.

21A la fin du siècle, ce sont les innombrables revues humoristiques qui fournissent les faïenciers. Quelques séries d’assiettes portent la mention Almanach Vermot à côté de la légende. Elles sont dues à Henriot. Cet humoriste de son véritable nom Henri Maigrot abandonne dans sa jeunesse ses études de droit pour se lancer dans la caricature ; il fournit des dessins pour de nombreuses revues parisiennes. La manufacture de Sarreguemines lui emprunte des dessins pour plusieurs séries : « Au Restaurant, Les Voyages comiques, Le Monde oiseau, La Cité de Carcassonne ».

  • 12 Circonscription administrative allemande équivalente à l’arrondissement.
  • 13 Jules Fournier, (1852-1908), artiste à la manufacture, chef du service 6 à la faïencerie de Sarregu (...)
  • 14 E. Heiser . « Le Baron Alexandre de Geiger 1808-1891, sa vie, son œuvre et son époque », Est-Courri (...)

22Les revues satiriques françaises sont lues à Sarreguemines durant la période de l’Annexion allemande si on en croit une lettre du 14 janvier 1891 adressée au directeur du « Kreis »12 de Sarreguemines par la police frontière de Novéant : « L’employé de la faïencerie, le nommé Jules Fournier13, âgé de 38 ans a été surpris dans le train du matin pour Paris en possession des journaux français Le Petit journal, La lanterne et L’Intransigeant, tous ces organes de presse connus pour leur chauvinisme et leur esprit satirique datés des 13 et 14 janvier, sont formellement interdits chez nous14 ».

23L’emprunt peut être réalisé aussi dans des ouvrages en vogue comme ceux d’Albert Guillaume dont trois des albums ont fait l’objet de séries à Sarreguemines : « Mes 28 jours », « Mes campagnes », (ill. 2) « Madame est servie ». Parfois, la manufacture passe des commandes de sujets nouveaux directement aux illustrateurs. Une collection privée à Sarreguemines renferme un dessin original de l’illustrateur Gray. Henri Boulanger, dit Gray, est un affichiste et caricaturiste parisien. Il croque des dessins pour les journaux Courrier français, Paris illustré, Paris s’amuse. Il conçoit également des costumes de music-hall, et crée des cartes postales. Le document conservé comporte toute une série de croquis de dimensions et complexités variées, au bas de la page l’auteur appose le nombre de chacun des types croquis et signe. La manufacture effectue un choix dans l’ensemble pour une série qu’elle intitule « Troupiers en ballade ».

24L’artiste Froment Richard qui réalise des gravures pour Creil-Montereau dans les années 1870, est invité de la même manière par la faïencerie de Sarreguemines à créer des décors : « Les enfants » et des séries sur les petits métiers portent sa signature. Le ton employé est proche du badinage et des « bergeries » du XVIIIe siècle. L’auteur situe ses différents tableaux à l’époque du Directoire.

25Beaucoup de séries de Sarreguemines sont empruntées aux établissements des familles Villeroy et Boch, situés à Mettlach, à Vaudrevange ou Septfontaines. Elles illustrent la légende napoléonienne ou reproduisent les hauts lieux du romantisme allemand. Des accords commerciaux lient Sarreguemines à ces entreprises depuis 1837. Bien que les documents écrits manquent, on peut supposer pour ces séries un échange de plaques de cuivre entre les entreprises.

26Enfin, une grande partie des vignettes est purement et simplement achetée dans des maisons spécialisées. Les archives de la manufacture de Digoin comportent quelques feuillets publicitaires de ces entreprises datant de la fin du XIXe siècle. Certaines vignettes portent des signatures de graveurs-éditeurs parisiens. C’est le cas de celles dues à V. Copeland. Deux séries portent son nom : « devinettes, vocations ». Selon Bernard et Renard, la famille Copeland est originaire d’Angleterre, certains de ses membres travaillent pour Gien dès 1849 ; au cours du siècle, on leur connaît plusieurs adresses : 27, rue de Buffon à Paris et au 20, rue Lebrun toujours à Paris. En dehors de Sarreguemines, des décors signés Copeland se retrouvent à Longwy, Gien et Lunéville.

Les thèmes abordés

27L’imagerie sur céramique s’inspire des revues de l’époque aussi n’est-il pas surprenant d’y relever les mêmes sujets et les mêmes rubriques : des sujets d’actualité, des représentations d’œuvres d’art, des connaissances utiles, des jeux, des chansons, des dessins humoristiques ou même de la publicité.

Les sujets d’actualité

28Une des missions que se fixent les imagiers du XIXe siècle est de relater les grands événements qui surviennent à leur époque et de commémorer les grands hommes de l’histoire de notre pays. On relate ainsi par deux séries l’accession au pouvoir de Louis Napoléon Bonaparte dans lesquelles on présente les faits marquants et même les résultats chiffrés des différents suffrages qui rappelle la légitimité du pouvoir qui venait de s’installer en France.

29Les expéditions que mène la France sous le règne de Louis-Philippe et au Second Empire sont largement illustrées par la manufacture de Sarreguemines, cependant que les épisodes les moins glorieux sont tus. Les conflits internationaux, les guerres de pacification, les conquêtes coloniales qui sont ainsi évoqués sont nombreux : la conquête de l’Algérie, la guerre de Crimée, la campagne d’Italie, l’expédition de Chine en 1860, celle de Syrie, la guerre du Mexique, le conflit franco-prussien de 1870, la guerre russo-turque de 1875, la conquête de Madagascar 1895, la guerre des Boers, l’expédition de Chine de 1900 (ill. 5), le conflit russo-japonais de 1904.

30Les personnalités marquantes de la fin du XIXe siècle : Thiers, Mac-Mahon, Sadi-Carnot, Casimir Perrier, Félix Faure, Loubet, Poincaré, Deschanel, Gambetta, Nicolas II (ill. 7) mais aussi Hugo et Pasteur apparaissent sur des assiettes où leur portrait est entouré de scènes retraçant les moments les plus significatifs de leur carrière.

31Dans les faits d’actualité mémorables, les Expositions universelles figurent en bonne place ; celles qui se déroulent à Paris en 1867, 1878, 1889, 1900 sont illustrées avec beaucoup d’humour.

La célébration des grands moments de l’histoire de la nation française

  • 15 Les Lieux de mémoire, sous la direction de Pierre Nora (ed. Gallimard), 3 tomes, 7 volumes, T. 1, 1 (...)

32L’histoire de la nation française fait l’objet d’une importante démarche de commémoration. On célèbre le centenaire de la Révolution française par une série dont le découpage est issu de l’historiographie officielle ; les scènes sélectionnées sont identiques à celles qui figurent dans les ouvrages scolaires de la Troisième République. On peut notamment constater la constitution de « lieux de mémoire » au sens que leur assigne Pierre Nora15. Le passé est recomposé, instrumentalisé, pourrait-on dire, en fonction des enjeux du présent. Dans le même esprit, on consacre plusieurs séries aux grandes figures historiques : six d’entre elles relatent la légende napoléonienne (ill. 1), deux la vie de Jeanne d’Arc.

Les scènes de genre

33Les scènes de genre sont également très prisées : elles permettent d’exalter l’affection paternelle, l’amour conjugal ou d’évoquer les jeux d’enfants, le labeur d’enfants jardiniers, la vie pastorale, les promenades romantiques sur des lacs, la cueillette des fruits, un mariage à la campagne.

  • 16 C. Bolender 1997 « Journal universel, Assiettes universelles », Sarreguemines. Faïence - Grès - Por (...)

34Dans les années 1840, Sarreguemines consacre plusieurs séries aux petits métiers de la rue. L’une16 d’elles emprunte ses vignettes à la revue L’Illustration.

35Le pittoresque qui caractérise essentiellement l’époque romantique ne disparaît pas totalement à la fin du XIXe siècle. Plusieurs séries réalisées par impression lithographique sur des assiettes lentilles sont dans ce goût. Certaines des vignettes portent les signatures de F. Richard.

Les paysages

36ASarreguemines, nombreuses sont les séries qui, dans les années 1830 à 1860, sont consacrées aux paysages (ill. 4). La gravure permet d’exalter la grandeur de la nature : la montagne, les rives des lacs, les falaises et les rochers des bords de la mer, mais aussi des ruines, des quartiers anciens de certaines villes, des monuments antiques. Beaucoup de vignettes sont issues de récits de voyages ou de guides touristiques, genres alors très voisins.

L’humour

  • 17 Série La Vie militaire, Charges militaires et de nombreuses séries non titrées. Les autres manufact (...)
  • 18 Séries Vive la Garde Nationale mobile ; La Garde Nationale.
  • 19 Série Mes VIngt-huit jours ; à Lunéville, on édite Nos réservistes (Mannoni E., Les Faïences parlan (...)
  • 20 Vers 1860, Creil et Montereau réalisent : L’ouverture de la chasse (Naudin 1980 p. 147) ; Longwy co (...)

37La fin du XIXe siècle est une période où l’on aime rire : rire des personnalités politiques, rire de ses semblables, rire de soi-même. La production des faïenciers suit et prolonge cet engouement. La satire sociale des humoristes connaît des lieux communs, des cibles privilégiées : des types, des professions, des activités ou des catégories sociales dont il est coutumier de railler tel ou tel défaut notoire. Il est de tradition de jeter un regard analytique sur la société, d’y observer et de déceler des types, des classes, des espèces à la manière scientifique des naturalistes. Ainsi, les militaires constituent tout au long du XIXe siècle un sujet inépuisable de dessins et de caricatures (ill. 2). Les séries consacrées à la vie de caserne17, à la Garde Nationale18, au service militaire, aux périodes de réserves19 sont innombrables. Mais, ce sont les chasseurs qui, de loin, excitent le plus l’imagination des dessinateurs. Une vingtaine de séries leur est consacrée au cours du siècle20 ; la plupart racontent les déboires qui attendent les chasseurs dans l’exercice de leur loisir : les ennuis avec les gardes-chasse, l’attente sous la pluie, les quolibets des épouses, les dangers que constituent le gibier, les pièges à loup ou les mauvais tireurs.

  • 21 Creil et Montereau consacrent au sujet une série Les grandes découvertes du siècle (Manoni s.d.p. 6 (...)
  • 22 Le sujet est traité également à Lunéville L’aviation (Manoni op. cit. p. 91).

38En analysant les vignettes des assiettes humoristiques, on observe que le rire est souvent conformiste, voire réactionnaire. Il raille tout ce qui peut apparaître comme nouveau. Les tenues vestimentaires nouvelles font l’objet de critiques ironiques : ainsi, une série éditée vers 1860 prend pour thème la mode des crinolines. L’utilisation de nouveaux moyens de locomotion et de communication suscite des railleries pendant tout le siècle21. Plusieurs séries nous montrent avec un esprit caustique l’apparition de la bicyclette ou de l’automobile. L’invention de l’aviation22 est une aubaine pour Henriot qui réalisa une série très appréciée intitulée « Le monde oiseau » où il imagina, un peu comme Robida à la même époque, la vie dans un monde futur.

L’imagerie pédagogique et plaisante

39L’instruction constitue une aspiration fondamentale de la société du XIXe siècle. Elle est considérée comme le remède à tous les maux et à tous les vices ; elle doit permettre à l’individu d’élever son esprit. La plupart des revues illustrées qui apparaissent au début du XIXe siècle affichent des ambitions didactiques. Ce souci de pédagogie trouve dans l’image une alliée fondamentale. Il se développe essentiellement dans deux directions. L’une cherche à dresser des inventaires qui puissent rendre compte de la grande variété du monde dans lequel vivaient les contemporains du XIXe siècle ; l’autre constate les progrès techniques survenus depuis le début du siècle et choisit certains d’entre eux afin d’en retracer l’évolution depuis les origines. La céramique qui propose à ses clients des ensembles de douze assiettes adopta cette démarche. L’objectif des séries a été d’aborder un thème sur le mode sérieux ou humoristique, en en faisant un inventaire encyclopédique en douze vignettes.

40On illustre ainsi le thème des boissons dans le monde, les plats célèbres, les jeux de société, les costumes traditionnels (ill. 3), les provinces françaises, les grands inventeurs, les rois de France, l’histoire des moyens de communication, de la marine, des uniformes ou de l’architecture.

41Certains ouvrages littéraires ou lyriques très connus font l’objet d’une édition illustrée particulière : « Paul et Virginie » de Bernardin de Saint-Pierre, les Fables de La Fontaine, les Contes de Grimm, mais aussi de pièces de théâtre ou de chansons, opérettes ou opéras de la fin du XIXe siècle

42Comme dans toutes les revues de l’époque des séries sont consacrées à des devinettes, à des rébus (ill. 9) ; les réponses aux énigmes figurent au dos de l’assiette. Quelques rares exemples d’intrusion de la publicité sont à observer : vers 1870-1880 pour des marchands de chaussures de Lille (sur les séries des Chansons lilloises de Desrousseaux) au début du XXe siècle pour les potages Royco (sur les séries des fables de la Fontaine d’après Grandville), pour Lustucru (sur les séries des Vieilles chansons françaises).

Conclusion

  • 23 G. Barbichon dans « Usage de l’image : faire, dire », Ethnologie française, XXIV, 1994, 2, Usages d (...)
  • 24 Voir à ce sujet la remarque de Guy Barbichon, ibid. page 169 : « Pour autant, nous ne prononçons pa (...)
  • 25 D. Kalifa, « L’ère de la culture-marchandise », Revue d’histoire du 19e siècle, n° 19, 1999.

43Les assiettes à thèmes de Sarreguemines constituent une véritable imagerie qui compte près de 4 000 vignettes ; elles participent à cet engouement pour l’image qu’a connu le XIXe siècle. L’examen de cette iconographie abondante permet de relever les sujets d’intérêt, les préoccupations mais aussi les idéologies que partagent les composantes de la société de l’époque. L’imagerie pouvait ainsi desservir des idéologies religieuses, morales ou encore politiques ; les progrès techniques permettaient d’accroître la diffusion des images et amplifiaient l’effet recherché. L’image est « chose sociale, est objet en action : instrument d’influence, emblème, enjeu de combats »23. Elle a une fonction d’inculcation et d’édification. Sur ce point, il devient difficile de parler d’imagerie populaire24 pour cette illustration sur faïence en raison même de ses sources, encore moins d’imagerie savante. Nous nous trouvons en présence d’un phénomène nouveau, issu d’un monde naissant, soumis à diverses accélérations : sociales, économiques, politiques, s’appuyant sur les avancées de la technologie et s’accompagnant de pratiques nouvelles de consommation. Les assiettes parlantes à sujets imprimés relève en fait de la culture industrielle ou la culture-marchandise pour reprendre des expressions proposées par l’historiographie actuelle25.

ill. 1 : Assiette décorative en faïence de Sarreguemines. Auberge de Matten. Vers 1830. Musée de Sarreguemines Inv. 88.32

(Photo Musées de Sarreguemines).

ill. 3 : Assiette décorative en faïence de Sarreguemines. Série France centrale. Saint Flour. Vers 1870-1880. Musée de Sarreguemines Inv. 97.59

(Photo Musées de Sarreguemines).

ill. 5 : Assiette décorative en faïence de Sarreguemines. Série Expédition de Chine. Vers 1900. Musée de Sarreguemines Inv. 94.74.1

(Photo Musées de Sarreguemines.)

ill. 2 : Assiette décorative en faïence de Sarreguemines. Série Mon régiment d’après Guillaume. Vers 1890-1900. Musée de Sarreguemines Inv. 92.140

(Photo Musées de Sarreguemines).

ill. 4 : Assiette décorative en faïence de Sarreguemines. Vue de Stolzenfels. Vers 1840. Musée de Sarreguemines Inv. 80.140

(Photo Musées de Sarreguemines).

ill. 6 : Assiette décorative en faïence de Sarreguemines. Série La Révolution française. Le serment du Jeu de Paume. Vers 1889. Musée de Sarreguemines Inv. 95.118.1

(Photo Musées de Sarreguemines).

ill. 7 : Assiette décorative en faïence de Sarreguemines, consacrée à Nicolas II. Vers 1890-1900. Musée de Sarreguemines Inv. 95.36

(Photo Musées de Sarreguemines).

ill. 9 : Assiette décorative en faïence de Sarreguemines. Série Rébus. Vers 1860. Musée de Sarreguemines Inv. 95.9.4

(Photo Musées de Sarreguemines).

ill. 8 : Assiette décorative en faïence de Sarreguemines. Série Napoléon Ier. La France est en attente d’un grand homme. Vers 1840. Musée de Sarreguemines Inv. 91.15

(Photo Musées de Sarreguemines).

Bibliographie

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Notes

1 S. Le Men, article « Illustration » dans le Supplément à l’Encyclopédia universalis, vol. 2, 1990, pp. 1037 à 1045.

2 Je reprends cette expression à l’article de Frédéric Maguet, « De la série éditoriale dans l’imagerie », Ethnologie française, XXIV, 1994, 2, « Usages de l’image », pp. 226 à 241.

3 H.-P. Fourest, La Faïence de Delft, éd. Office du Livre, Fribourg, 1980, p. 126 et 127.

4 D. Kalifa, « L’ère de la culture marchandises », Revue d’histoire du XIXe siècle, 19, 1999, p. 10.

5 A. Héry, La faïencerie de Lunéville. 1786-1923. Les Keller et Guérin, Vesoul, 1999, 143 p

6 Boyer, Nouveau manuel complet du porcelainier, faïencier, potier de terre, du briquetier, du tuilier, éd. Encyclopédie Roret, Mulo, Paris, 1846 p. 256

7 Rapport du jury de l’Exposition Universelle de 1867 de Paris sur les productions de la manufacture « Utzschneider & Cie » de Sarreguemines.

8 A. Larue A. et S. Le Men « Le décor ou l’art de tourner en rond », Romantisme, n° 78, 1992, p. 61

9 M. Boyer, Nouveau manuel complet du porcelainier, faïencier, potier de terre, du briquetier, du tuilier, éd. Encyclopédie Roret, Mulo, Paris, 1846 p. 259

10 Conférence des représentants 1895. Manuscrit. Archives de la faïence de Digoin p. 38-39

11 C. Bolender, « Journal universel, Assiettes universelles », Sarreguemines. Faïence - Grès - Porcelaine, 1997, p. 34 à 48.

12 Circonscription administrative allemande équivalente à l’arrondissement.

13 Jules Fournier, (1852-1908), artiste à la manufacture, chef du service 6 à la faïencerie de Sarreguemines, élève de Carpeau.

14 E. Heiser . « Le Baron Alexandre de Geiger 1808-1891, sa vie, son œuvre et son époque », Est-Courrier, Sarreguemines, 1987, p. 61.

15 Les Lieux de mémoire, sous la direction de Pierre Nora (ed. Gallimard), 3 tomes, 7 volumes, T. 1, 1984 ; T. 2, 1986 ; T. 3, 1993.

16 C. Bolender 1997 « Journal universel, Assiettes universelles », Sarreguemines. Faïence - Grès - Porcelaine, 1997, p. 34 à 48.

17 Série La Vie militaire, Charges militaires et de nombreuses séries non titrées. Les autres manufactures produisent à la même époque de nombreuses vignettes sur le même sujet : à Creil et Montereau (Naudin Y., Faïences - Creil -Choisy-Montereau, ABC décor collection, Paris, 1980, p. 170 à 172), à Longwy (Ah ! quel plaisir d’être soldat ; Dreyfus D., Longwy - La belle histoire des assiettes à histoires, Ed. Serpenoise, Metz, 1987 p. 92-93), à Gien (série Proverbes et militaires, vers 1875 ; Bernard R. et Renard J.C. La Faïence de Gien, Ed. Sous le vent, Paris, 1981 p. 99.

18 Séries Vive la Garde Nationale mobile ; La Garde Nationale.

19 Série Mes VIngt-huit jours ; à Lunéville, on édite Nos réservistes (Mannoni E., Les Faïences parlantes, Ed. Massin, Paris, s.d., p. 88).

20 Vers 1860, Creil et Montereau réalisent : L’ouverture de la chasse (Naudin 1980 p. 147) ; Longwy consacre au sujet plusieurs séries (Dreyfus 1987 p. 16-17, 22-23, 76-77, 80-81) Vaudrevange crée une série gravée par Phillip Müller d’après les gravures de Gavarni « Le carnaval » vers 1850-1860 (Cat. expo. Amsterdam 1978 p.178-179).

21 Creil et Montereau consacrent au sujet une série Les grandes découvertes du siècle (Manoni s.d.p. 61 et J. Bontillot fiche n° 24 du CERHAME, Centre d’études et de recherches historiques et archéologiques de Montereau et environs) vers 1884-1900.

22 Le sujet est traité également à Lunéville L’aviation (Manoni op. cit. p. 91).

23 G. Barbichon dans « Usage de l’image : faire, dire », Ethnologie française, XXIV, 1994, 2, Usages de l’image p. 175.

24 Voir à ce sujet la remarque de Guy Barbichon, ibid. page 169 : « Pour autant, nous ne prononçons pas un anathème dogmatique contre un terme qui garde une valeur désignative opératoire en maintes circonstances d’emploi, et principalement quand il se réfère aux lieux sociaux de l’élaboration de l’image sans circonscrire une classe “populaire” d’usagers, ni évoquer une espèce iconique “populaire” qui serait définissable selon des critères internes. »

25 D. Kalifa, « L’ère de la culture-marchandise », Revue d’histoire du 19e siècle, n° 19, 1999.

Table des illustrations

Légende ill. 1 : Assiette décorative en faïence de Sarreguemines. Auberge de Matten. Vers 1830. Musée de Sarreguemines Inv. 88.32
Crédits (Photo Musées de Sarreguemines).
URL http://books.openedition.org/pumi/docannexe/image/40691/img-1.jpg
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Légende ill. 3 : Assiette décorative en faïence de Sarreguemines. Série France centrale. Saint Flour. Vers 1870-1880. Musée de Sarreguemines Inv. 97.59
Crédits (Photo Musées de Sarreguemines).
URL http://books.openedition.org/pumi/docannexe/image/40691/img-2.jpg
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Légende ill. 5 : Assiette décorative en faïence de Sarreguemines. Série Expédition de Chine. Vers 1900. Musée de Sarreguemines Inv. 94.74.1
Crédits (Photo Musées de Sarreguemines.)
URL http://books.openedition.org/pumi/docannexe/image/40691/img-3.jpg
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Légende ill. 2 : Assiette décorative en faïence de Sarreguemines. Série Mon régiment d’après Guillaume. Vers 1890-1900. Musée de Sarreguemines Inv. 92.140
Crédits (Photo Musées de Sarreguemines).
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Légende ill. 4 : Assiette décorative en faïence de Sarreguemines. Vue de Stolzenfels. Vers 1840. Musée de Sarreguemines Inv. 80.140
Crédits (Photo Musées de Sarreguemines).
URL http://books.openedition.org/pumi/docannexe/image/40691/img-5.jpg
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Légende ill. 6 : Assiette décorative en faïence de Sarreguemines. Série La Révolution française. Le serment du Jeu de Paume. Vers 1889. Musée de Sarreguemines Inv. 95.118.1
Crédits (Photo Musées de Sarreguemines).
URL http://books.openedition.org/pumi/docannexe/image/40691/img-6.jpg
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Légende ill. 7 : Assiette décorative en faïence de Sarreguemines, consacrée à Nicolas II. Vers 1890-1900. Musée de Sarreguemines Inv. 95.36
Crédits (Photo Musées de Sarreguemines).
URL http://books.openedition.org/pumi/docannexe/image/40691/img-7.jpg
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Légende ill. 9 : Assiette décorative en faïence de Sarreguemines. Série Rébus. Vers 1860. Musée de Sarreguemines Inv. 95.9.4
Crédits (Photo Musées de Sarreguemines).
URL http://books.openedition.org/pumi/docannexe/image/40691/img-8.jpg
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Légende ill. 8 : Assiette décorative en faïence de Sarreguemines. Série Napoléon Ier. La France est en attente d’un grand homme. Vers 1840. Musée de Sarreguemines Inv. 91.15
URL http://books.openedition.org/pumi/docannexe/image/40691/img-9.jpg
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Auteur

Conservateur des musées de Sarreguemines.

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