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Pouvoirs des familles, familles de pouvoir

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Michel Bertrand

Familles et parentés

Famille et mort au Moyen Âge en Languedoc, témoignages des textes et de l’archéologie

Didier Paya

Texte intégral

1Le cimetière, lieu d’inhumation d’un ou plusieurs chrétiens par définition, a évolué depuis le IVe siècle. Les pratiques liées à la sépulture, les formes des tombes et les matériaux utilisés varient au fil du temps. De même, que l’organisation des lieux d’inhumation et la gestion de la place disponible, paramètres importants, que les contemporains prenaient en compte. C’est en ne négligeant pas ces conditions que les chrétiens ont du gérer la volonté, souvent présente, de réunir leurs morts au sein de groupes liés par une solidarité familiale et/ou sociale.

Evolution du cimetière et de la tombe

2Avant de présenter les modes de rapprochements des défunts, il convient de décrire les apparences des cimetières, ainsi que les formes des structures funéraires. Ces paramètres ayant des incidences sur le traitement des morts.

  • 1 Larrieu (Marie), Marty (Bernard), Périn (Patrick), La nécropole mérovingienne de la Turraque. Beauc (...)
  • 2 Nous pouvons éventuellement prendre en compte la partie la plus ancienne du site de Saint-Martin-de (...)
  • 3 Carru Dominique, Boccacino (Catherine), Borgard (Philippe), Bouillot (Jocelyne), Buchet (Luc), Buis (...)

3Deux types d’organisation des lieux d’inhumation sont connues : le cimetière « en rangées » et le cimetière « polynucléaire ». En ce qui concerne le cimetière « en rangées » l’identification des groupes de sépultures y est difficile (fig. 1), on peut tout de même avancer que ces lieux d’inhumation paraissent découler de facteurs avantageux tels que la facilité d’accès aux tombes (entretien, établissement de nouvelles sépultures)1. Enfin, il est à noter qu’ils représentent un type de fonctionnement chronologiquement placé entre deux formes d’organisations polynucléaires, l’une antique, l’autre médiévale. Ainsi, au Verdier à Lunel (Hérault), une douzaine de tombes, datables de la seconde moitié du Ve siècle, sont parfaitement alignées2. Doit-on voir dans cette organisation le développement d’idées égalitaires, d’une société plus réglée ? Les valeurs familiales n’ont certainement pas été rejetées, les recherches concernant le site du Colombier à Vaison-la-Romaine (Vaucluse) montrent que des rapprochements familiaux ont certainement existé3. Les cimetières en rangées n’ont toutefois pas complètement disparu durant le Moyen Age. Aux XIe-XIIIe siècles, les tombes rupestres de Saint-Côme-et-Damien de Montpellier (Hérault) ont été creusées dans un ordre précis, et une direction probablement décidée à l’avance. Les aménagements de cavités, qui ont parfois empiété sur des tombes plus anciennes, n’ont été faits que lorsque la surface du cimetière fut entièrement occupée. Si ce type d’organisation a pu être choisi c’est qu’il pouvait s’adapter à un « recrutement » intensif et ce vraisemblablement sous l’autorité d’une même personne ayant en charge la gestion de ces cimetières. Bien qu’il ne soit pas possible de définir la fonction leur donnant ce pouvoir, on peut toujours supposer que celle de propriétaire des lieux, le curé ou les fossoyeurs soit plausible.

  • 4 Crubézy (Eric), « Le “recrutement” et l’organisation des cimetières paroissiaux : perspectives pour (...)
  • 5 Zonabend (Françoise), « Les morts et les vivants. Le cimetière de Minot en Châtillonais », Etudes R (...)
  • 6 Dès l’apparition de bâtiments religieux chrétiens, il existe des rassemblements de tombes dans et a (...)

4Lorsqu’il ne s’agit pas d’un cimetière « en rangées » (fig. 2), les lieux d’inhumation s’organisent de façon polynucléaire. Dans de tels cas, si les concentrations de tombes ne correspondent peut-être pas à l’existence de concessions préétablies, il n’en demeure pas moins que la volonté de rassemblement y est certainement réelle4, du moins plus visible. Evidemment les choses n’apparaissent pas aussi simplement à la fouille. Cela tient à un « recrutement » parfois important, tout comme à la présence de nouveaux venus dans la communauté. A la recherche d’une assise, d’une parenté, d’une famille, leur sépulture s’insinue alors parmi les anciens, s’insère entre les vieilles familles. Récupérant des espaces vides ou reprenant des emplacements abandonnés, les nouveaux arrivants brisent les parentèles et rompent des alignements5, aussi bien que des ensembles. L’étude d’un lieu d’inhumation de type polynucléaire n’est pas facilité par le développement du cimetière paroissial, à la fin de la période carolingienne, caractérisé en ce qu’il est lié à une église ou une chapelle dépendante6. S’établie alors une hiérarchie des emplacements s’établie : l’intérieur de bâtiment ; les alentours de l’église, la proximité du chevet, la croix hosannière. Si les concentrations de sépultures peuvent être importantes à ces endroits, elles ne sont pas toujours le lieu de rapprochements familiaux.

5Durant la basse Antiquité plusieurs matériaux sont utilisés pour aménager les tombes (la tuile, le bois, la pierre) et l’adoption du christianisme n’a en aucune façon interrompu une continuité pluri-séculaire et n’a pas bouleversé les pratiques funéraires basées sur des coutumes familiales. Ainsi les tombes chrétiennes et païennes sont similaires et les premiers chrétiens ont dû aussi pratiquer les dépôts rituels de leurs ancêtres. Cependant, une évolution est perceptible. La pierre est de plus en plus utilisée et les premières tombes rupestres anthropomorphes apparaissent au Ve siècle. Enfin, c’est à partir du VIe siècle que débute l’hégémonie de la pierre. La fragilité et l’impossibilité de réutiliser les structures en bois et en tuiles romaines les conduisent alors à leur raréfaction. Durant cette période, le mort est considéré comme un « dormant ». Il attend, même sous forme « réduite » la résurrection dans sa tombe.

  • 7 Paul (Jacques), L’Eglise et la culture en Occident, tome 1, Paris, 1986.

6À partir du VIII et IXe siècles le but de protection du cadavre poursuit son évolution pour aboutir à la structure préservatrice qu’est la tombe dite « anthropomorphe » (fig. 3 et 4). Cette dernière est le résultat de la prise en compte du temps, fort long, devant s’écouler dans l’attente du Jugement. Ainsi avant de craindre pour l’âme, il faut avant tout s’assurer du corps qui l’enferme. La tombe chrétienne, fruit jusqu’alors d’une évolution vers la protection des restes du corps, tend également à empêcher la dispersion des os du squelette. Ce changement intervient conjointement à la mise en place de la réforme carolingienne. La nouvelle liturgie sépare alors les vivants des morts tout en introduisant une conscience plus nette du péché7. L’impunité collective est désormais remplacée par la responsabilité individuelle. De fait, la tombe doit être, en principe, définitivement celle d’un seul individu.

  • 8 Ce n’est que plus tard que le cercueil fait son apparition, pour ceux qui en ont les moyens.
  • 9 On ne distinguait pas l’âme du corps, ni le corps glorieux (résurrection de la Chair) du corps char (...)

7Durant le XIIIe siècle, on constate l’abandon des tombes anthropomorphes. Cela correspond à une véritable révolution dans les mentalités. Nous ne pouvons même pas parler de phase de transition, même courte, entre la structure de pierre ou taillées dans le rocher et le dépôt d’un cadavre dans une fosse, immédiatement rebouchée8. Seul un changement radical dans la « conception » des besoins du mort a permis une telle modification. La sépulture en « pleine terre », le groupement prémédité des cadavres dans des caveaux ou des fosses communes peuvent certes avoir trouvé un écho favorable pour des raisons sanitaires. Cependant, aucun pouvoir n’aurait ordonné un bouleversement de cette envergure, sans avoir laissé quelques traces écrites, sans avoir suscité des refus de la part de la population et d’une partie du clergé. Jusqu’au XIIIe siècle, l’être humain est conçu comme composé d’une âme et de son enveloppe charnelle, protection indispensable. Le corps serait-il brusquement estimé comme une prison ? Le chrétien a-t-il alors pour but de s’en débarrasser dès son décès ? C’est une possibilité envisageable si l’on considère que durant le XIIIe siècle, l’idée de l’entrée de l’âme au Purgatoire, juste après la mort, se popularise. Dès lors, le corps et ce qu’il en reste n’a plus d’utilité. C’est ainsi que la tombe en tant que réceptacle individuel se métamorphose rapidement pour perdre toute forme définitivement solide. Quant à l’orientation de celle-ci elle perd son importance, du fait de son attachement direct à la croyance en la résurrection des chairs9. Seule l’âme devenait importante et le souvenir de la personnalité vive du défunt était remplacé par le culte de son âme. Les textes des épitaphes s’allongeaient, appelant à la prière, à l’introspection.

Réductions et réutilisations de tombes

8Dès l’Antiquité, les réutilisations ont été combattues, mais n’ont pu être évitées. Ces actes sont alors considérés comme graves puisqu’ils impliquent un bouleversement destructif pour le ou les occupants de la tombe.

  • 10 Cabrol (Fernand) et Leclercq (Henri), Dictionnaire d’Archéologie chrétienne et de Liturgie, tome I, (...)
  • 11 Lex wisigothorum Vulgata, XI, « Si le but avoué est de dépouiller le cadavre, la peine pourra aller (...)
  • 12 Gaudemet (Jean) et Basdevant (Brigitte), Les canons des conciles mérovingiens (VIe-VIIe siècles), P (...)
  • 13 Gaudemet (Jean) et Basdevant (Brigitte), Les canons..., op. cit.

9Le plus souvent, le geste est pratiqué afin d’introduire un nouveau corps, mais également pour détruire ou modifier la tombe. Ainsi, durant l’Antiquité tout ce qui peut être assimilé à un viol de sépulture est lourdement sanctionné10. Sous la domination wisigothique, la profanation est punie d’une amende11 et de son côté, le clergé catholique ne voyait pas d’un bon œil de telles pratiques. C’est ainsi qu’il le souligne lors du concile de Mâcon en 585 : « Nous avons appris que de nombreuses gens ouvrent les tombeaux alors que les corps des morts ne sont pas encore décomposés et qu’ils déposent par-dessus ces corps leurs propres morts, ou qu’ils usurpent pour leurs morts, ce qui est un sacrilège, les emplacements consacrés à d’autres, et cela sans l’autorisation du propriétaire des tombeaux. »12. L’insistance sur le fait que l’on n’attende pas la fin de la décomposition et que l’on ne tienne pas compte de l’avis des propriétaires tend à montrer que la réutilisation est envisageable, si elle n’est pas clandestine. Toutefois, le concile d’Auxerre (561-605) souligne aussi l’interdiction de déposer un corps par-dessus l’autre13.

  • 14 Ariès (Philippe), L’homme devant la mort, op. cit.
  • 15 Les Romains pensaient que les mutilations atteignant le corps, atteignaient aussi l’âme (Jobbé-Duva (...)

10Concernant le rejet de la réduction, celui-ci est tributaire d’un sentiment très vif de l’unité et de la continuité de l’être. Le croyant ne distinguait pas l’âme du corps, ni le corps glorieux du corps charnel14. Les premiers chrétiens partageaient ainsi sur de nombreux points les idées des païens qu’ils ont longtemps côtoyés15.

  • 16 Il peut s’agir toutefois d’inhumations simultanées (Crubézy (Eric) et Raynaud (Claude), « Le passag (...)
  • 17 Les réutilisations sont exceptionnelles dans les tombes nord-sud (deux cas sur 70).

11C’est donc logiquement que durant la basse Antiquité, il se présente peu d’exemples de l’usage des réutilisations : à Saint-Michel de la cité Montpelliéraine (Hérault), sur 76 tombes recensées, une seule contenait deux corps (une femme et un nourrisson)16 ; au cimetière du Verdier (Lunel-Viel, Hérault), seulement 25 tombes contenaient deux, voire trois sujets17 sur un total de 330.

  • 18 Crubézy (Eric) et Raynaud (Claude), « Le passage de la sépulture... », op. cit.
  • 19 Murail (Pascal) et Raynaud (Claude) : « Approche paléodémographique et division de l’espace funérai (...)
  • 20 C’est un coffre de dalles des Horts qui détient le plus grand nombre de défunts dans une structure, (...)

12Avec le début du Moyen Age, le taux de réutilisations s’élève : aux Horts (Lunel-Viel, Hérault), sur 130 tombes, nous en observons au moins quinze cas18 ; aux Pinèdes, à Saint-Mathieu-de-Tréviers (Hérault), sur seize tombes, huit contenaient au moins deux individus ; sur la place de l’église à Lunel-Viel, 56 individus inhumés au début du Moyen Age (VI-VIIIe siècles) sont répartis dans vingt tombes19 enfin dans le quartier est de Dassargues (Lunel, Hérault), cinq des sept tombes fouillées servirent pour deux individus au moins. La faible profondeur des structures et surtout la présence de sarcophages dont les couvercles affleurent peuvent être un facteur stimulant, au regard du nombre de squelettes découverts dans certains d’entre eux20.

  • 21 Catalo (Jean), Cocquerelle (Sylvie), Lelouvier (Laure Amélie), Llech (Laurent), Marlière (Pascale), (...)

13A partir du VIe siècle, un changement notable apparaît dans les pratiques funéraires. La volonté de rapprocher les corps va en effet jusqu’à réunir les corps dans une même tombe. La pierre devient alors prépondérante par le simple fait qu’elle permet la réouverture et la modification d’une structure, en vue du dépôt de nouveau corps et du rangement de squelettes (fig. 5). La peur de la destruction du squelette passe ainsi après celle de ne pouvoir réunir les âmes qui demeurent liées aux restes du défunt. Les réunions peuvent être nombreuses, comme tel c’est le cas au cimetière du Camp des Lacs (Millau, Aveyron), où certaines tombes contiennent jusqu’à huit sujets21.

  • 22 Paya (Didier), La tombe et le cimetière au Moyen Age en Languedoc. L’exemple du diocèse de Maguelon (...)
  • 23 Paya (Didier), La tombe…, op. cit.
  • 24 Crubézy (Eric) et Raynaud (Claude), « Le passage de la sépulture... », op. cit.
  • 25 Cette pratique aurait avantageusement remplacé l’inhumation sub stillicidio, en permettant à toutes (...)

14A partir du IXe siècle, l’anthropomorphisme des tombes se développe. Cela tend à faire conserver au corps, puis au squelette la position du défunt après le dépôt. Dans la vision de l’après-vie qui prévaut alors, il devient difficilement envisageable de réunir des âmes, dont certaines peuvent être condamnées, lors du Jugement Dernier22. Ainsi les tombes postérieures au VIIIe siècle se caractérisent par l’abandon presque complet de la pratique des réductions23. Ce souci s’est toutefois heurté à un « recrutement » intense dans des champs funéraires de plus en plus restreints en surface, du fait du développement de l’habitat dans le secteur sacré qu’est le cimetière paroissial. De quelle façon le paradoxe de la protection du squelette et du manque de place avant la multiplication des ossuaires fut-il géré ? A Saint-Côme-et-Damien (Montpellier, Hérault), 44 % des 28 tombes datables des XI et XIIe siècles ont été réutilisées24. Nous sommes ici dans un milieu proche de la ville et il est probable que le rythme des inhumations y fut important. Par contre, dans le site contemporain de Martin-de-Colombs (Fabrègues, Hérault), les deux seuls secteurs présentant des tombes réutilisées sont situés dans l’église (un cas) et contre le mur gouttereau sud (deux cas). Ces endroits rapidement pourvus de sépultures sont suceptibles d’avoir attiré les tombes et ce jusqu’à l’apparition de la pratique de l’aspersion25. Il est par conséquent probable que les destructions et les réutilisations des tombes effectuées l’aient été dans la mesure du possible et en dernière ressource.

15Le moyen de gagner de la place dans une tombe ancienne est de réduire le ou les squelettes y demeurant. C’est une opération qui respecte certaines règles. Ces dernières évoluent tout au long du Moyen Age en fonction de l’opinion que l’on se fait de la mort.

  • 26 Raynaud (Claude) et Roger (Karine), Archéologie gallo-romaine et médiévale à Lunel-Viel (Hérault), (...)
  • 27 A l’extrémité d’un coffre de bois, une petite annexe était constituée par cinq tegulae, formant une (...)
  • 28 Crochet (Jean-Yves), Baillarguet (Montferrier-sur-Lez), 1993.

16Au Ve siècle, l’habitude est de déposer le crâne du squelette réduit au chevet de la tombe, près de la tête du nouvel occupant26. Les réductions des premiers siècles du Moyen Age laissent généralement apparaître un certain respect envers le squelette traité, qui, ainsi que cela a pu se voir aux Horts (Lunel-Viel, Hérault), donne éventuellement lieu à la construction de petits coffres composés de tuiles pour accueillir la plupart des os27. Toutefois, les réutilisations de tombes ne sont pas exemptes de traitements moins élaborés : les os peuvent être poussés sur le côté ou, très souvent, aux pieds du nouvel occupant ; ceux qui gênent le dépôt d’un nouveau corps sont déplacés et les autres parties du squelette laissées en place. Cette dernière attitude se retrouve, au début, comme à la fin du Moyen Age. Avec la multiplication des structures anthropomorphes, nous assistons à une évolution : les squelettes sont moins souvent réduits, comme cela était fréquemment le cas dans le passé et la superposition d’un nouveau corps semble être plus appréciée. Ainsi, à Baillarguet (Montferrier-sur-Lez, Hérault), une tombe, datée entre le IXe siècle et le XIe siècle, contenait deux squelettes superposés et deux crânes disposés sous les pieds du dernier défunt28. La même pratique se retrouve dans le cimetière contemporain de Saint-Côme-et-Damien (Montpellier, Hérault). Ceci montre que la pratique des réductions se poursuit, mais que l’on tente en même temps de conserver l’intégrité des squelettes observant ainsi désir de conservation des corps. Plus tardivement, les cimetières du Parc du château de Lavérune (Hérault) et de Saint-Côme-et-Damien montrent plusieurs groupes de crânes, en relation avec un ou plusieurs squelettes (fig. 6). Seuls, avec quelques rares os longs, ils représentent les squelettes détruits ou prélevés. Un unique cas de regroupement fut découvert à Saint-Martin-de-Colombs (Fabrègues, Hérault) : trois crânes fragmentés, ou non, entremêlés d’os longs brisés rassemblés contre le mur gouttereau sud, où les inhumations furent nombreuses.

  • 29 Durand (Guillaume), Rational ou manuel des divins offices (traduit par Charles Barthélémy), Paris, (...)
  • 30 Les stoïciens plaçaient l’âme au niveau du corps. De plus, au VIe siècle, Jean Lydos explique dans (...)
  • 31 Lors de la fouille du couvent des Cordeliers de Périgueux, il a été signalé que seuls 26 crânes ont (...)

17Au XIIIe siècle, Guillaume Durand explique que les lieux consacrés par la religion sont ceux où le cadavre entier d’un homme mais aussi sa tête seule sont ensevelis29. Les réductions paraissent donc acceptées par le liturgiste, pourvu que la partie la plus importante du squelette soit conservée à savoir le crâne. Ce dernier a toujours inspiré un sentiment différent par rapport au reste de l’ossature. Est-il considéré comme le siège de l’âme à l’instar du cœur30 ? Il peut également constituer l’ultime forme ultime reconnaissable de ce qui fut un être vivant et représenter une certaine nostalgie de la vie31. Notons enfin que les plus anciens témoins d’anthropomorphisme sont destinés à maintenir la tête et que les parties les plus solides des structures mixtes (pierre et bois) protègent cette partie du corps.

  • 32 Dans certains silos médiévaux tranformés en dépotoirs situés dans le quartier ouest de l’ancienne a (...)

18Si les réductions concernent le plus souvent crâne et os longs, pourquoi les autres pièces du squelette n’ont-elles pas toujours été prises en compte ? La possible existence d’une crainte quant au malencontreux mélange d’os de défunts à ceux d’animaux peut apparaître comme une éventualité plausible. Cependant, les conditions de prélèvements de certains os ne peuvent être comparées avec celles d’une fouille par un anthropologue ou un archéologue. Les gestes ont pu être rapides et les connaissances sur le squelette humain assez réduites, même si l’on peut admettre que les fossoyeurs étaient parmi les mieux renseignés sur le sujet32. Nous pouvons toutefois estimer que les aménageurs ont prélevé les éléments de squelettes qu’ils pouvaient identifier comme ceux d’un être humain.

  • 33 Lors de son étude de deux monastères picards Philippe Racinet a aussi vu que l’on pouvait en plus d (...)

19Peut-on enfin conclure qu’une réduction soignée a été effectuée par un proche ou par respect pour le défunt ? Cela est certainement vrai dans de nombreux cas, mais même dans des milieux où l’on peut s’attendre à une gestion assez rigoureuse, les réutilisations de tombes laissent apparaître plusieurs attitudes, allant de la structure que l’on vide complètement, au dépôt d’un corps sur le précédent33. La répétition de ces gestes sur une même tombe aboutie parfois à la découverte par l’archéologue d’un comblement presque totalement constitué d’os fragmentés.

  • 34 Raynaud (Claude), La place de l’église (Lunel-Viel), 1986, 1987. (rapport de fouille, 1986). Des co (...)
  • 35 Crubézy (Eric) et Hélas (Jean-Claude), « Archéologie funéraire et archéologie : application de l’ét (...)

20Pousser un corps complètement décomposé apparaît comme certainement acceptable, le même geste fut parfois porté sur un corps qui n’était pas réduit à l’état de squelette, et ce aussi bien lors d’un dépôt dans un sarcophage au début du moyen Age, que lors de l’aménagement d’une tombe. nécessitant de « bousculer » un défunt. Des observations d’ordre anthropologique permettent d’identifier de telles pratiques. Ces derniers furent relevés à toutes les époques où des problèmes d’espace se rencontrent. Il semble donc, que parfois, voire souvent, on ne laisse que peu de temps entre deux dépôts de corps. Claude Raynaud a pu en fournir l’exemple sur la place de l’église à Lunel-Viel pour une période antérieure au IXe siècle34. Pour le bas Moyen Age, c’est à Saint-Côme-et-Damien que nous observons les plus nombreux témoignages de cet ordre, avec des cas correspondant à la phase des tombes rupestres (creusées dans le rocher) : on a poussé l’humérus droit d’un corps alors que la décomposition du cadavre était peu avancée35. Les dégâts peuvent toutefois être minimes, car d’une manière générale, ce type d’incident ne devait pas être très apprécié.

21La volonté affichée dans certains testaments, d’être inhumé « dans la tombe » de quelqu’un, correspond-elle à un dépôt dans une même tombe ? Un coffre, une tombe rupestre, un caveau, répondent à un tel désir, mais tous les testateurs n’ont pas une structure solide comme « dernière demeure ». Le rapprochement a donc dû se faire à partir de la surface, d’un tertre, d’un quelconque moyen de signalisation, ou à peu près à l’endroit demandé. L’empilement est alors relatif avec un décalage certainement involontaire entre les plus anciens squelettes et les nouveaux, ainsi que cela s’observe au Parc du château, cimetière tardif où la densité des sépultures n’est pas très importante.

Le mode de rapprochement

22Le rapprochement de deux êtres au moins se fonde sur diverses motivations qui n’apparaissent que rarement à la fouille. L’archéologie peut très difficilement apporter des réponses sûres quant à ce type d’interrogation : les cimetières explorés ne permettent aucunement d’établir un lien clairement défini entre les défunts. Les rares testaments que l’on peut lier à des cimetières partiellement explorés, tel celui de Saint-Côme-et-Damien à Montpellier, ne sont d’aucune utilité pour identifier les morts. Cependant, ces écrits peuvent nous renseigner sur certaines pratiques de rapprochement. Utilisés avec prudence, ils nous permettront peut-être de comprendre le fonctionnement des lieux d’inhumation contemporains et éventuellement, plus anciens.

  • 36 Le Pape Léon III le rappelle en 816 (Bernard (Antoine), La sépulture en droit canonique du décret d (...)
  • 37 Durant l’Antiquité, le testateur pouvait infliger l’interdiction d’être inhumé dans son tombeau, à (...)
  • 38 Chiffoleau (Jacques), La comptabilité de l’au-delà, Ecole de Rome, 1980.

23Reposer auprès de ses ancêtres ou de « l’être aimé » est de nos jours encore un des soucis les plus importants lorsque l’on choisit son lieu de sépulture. Le rapprochement familial est antérieur au christianisme et correspond à un réflexe profondément ancré dans l’esprit humain. Ainsi, durant la basse Antiquité et les premiers siècles du Moyen Age, ceux qui mourraient sans avoir désigné de lieu de sépulture devaient être inhumés auprès de leurs ancêtres, thèse défendue par le clergé36. L’interdiction d’une telle proximité peut apparaître comme une punition grave37. Beaucoup plus que l’intercession des religieux ou la proximité des reliques, c’est probablement la présence des parents connus et anonymes qui a déterminé le lieu de la sépulture38.

  • 39 Ariès (Philippe), L’homme devant la mort, op. cit.
  • 40 Si la femme n’a pas testé, le mari qui lui survit choisit son lieu d’inhumation. S’il n’a pas fait (...)
  • 41 Durand (Guillaume), Rational..., op. cit.

24Les liens les plus solides sont souvent ceux qui unissent un mari à sa femme. Dès l’Antiquité, ils permettent en effet de réunir deux défunts, alors que la superposition des corps est interdite. Bien qu’au XIe siècle, une décrétale d’Urbain II, explique que la mort émancipe la femme de son mari39, au XIIe siècle, le décret de Gratien stipule que les époux doivent se suivre dans la vie et la mort40. Enfin au XIIIe siècle, certains liturgistes comme Guillaume Durand, soulignent que l’homme et la femme doivent être unis dans la même tombe41. On peut ainsi constater l’importance et la persistance de cette idée que l’on peut qualifier de forte.

  • 42 Une étude de 228 testaments retranscrits par Julien Rouquette et Augustin-Antonin Villemagne (Cartu (...)

25Le lieu de sépulture apparaît comme il se doit dans les testaments, et devient primordial à partir des XIIIe et XIVe siècles. La proximité d’un être choisi pour certaines qualités (ami, confrère, parent...) est décelable, même si elle est rare. Enfin, dans la région montpelliéraine, malgré les incitations de l’Eglise et les pratiques issues de l’Antiquité, les testaments montrent que durant le bas Moyen Age, le rapprochement des époux n’est pas très demandé42.

  • 43 Crubézy (Eric), « Le “recrutement”... », op. cit.
  • 44 Arnal (Jean) et Riquet (Raymond), « Le cimetière wisigothique des Pinèdes à Saint-Mathieu-de-Trévie (...)

26Les anthropologues sont passablement désarmés quand il s’agit de savoir si les personnes d’un sexe différent qui sont inhumées ensembles ou à faible distance, sont des conjoints. Ils ne peuvent qu’en émettre l’hypothèse43. Sur le site des Pinèdes, à Saint-Mathieu-de-Tréviers, nous avons peut-être les meilleurs exemples de rapprochement entre époux. Ce cimetière n’a pas souffert d’une durée d’utilisation comparable à celle de la place de l’église à Lunel-Viel, bien qu’il s’en rapproche quant au mobilier contenu dans les tombes et probablement en ce qui concerne le « recrutement ». Parmi les seize tombes fouillées, cinq contenaient les restes d’un homme et d’une femme44. Il apparaît que les pratiques familiales ont toujours le dessus sur les interdictions déjà atténuées par la possibilité de rapprocher les époux. Dans un cimetière plus tardif comme Saint-Martin-de-Colombs, où les réutilisations sont rares, les groupes identifiés de tombes présentent des proportions à peu près égales entre sujets masculins et sujets féminins. Toutefois, rien ne peut prouver que nous sommes en présence de couples.

  • 45 Certains papes, notamment au Ve siècle, ont préféré se rapprocher de leurs parents plutôt que de re (...)

27Les autres membres d’une famille présente un attrait pour le choix de la tombe, même pour les membres du haut clergé45. L’archevêque de Canilhac, ancien prévôt de Maguelone, qui, à la fin du XIVe siècle transforme une partie de la cathédrale (la chapelle Sainte-Marie) en véritable lieu d’inhumation familial en est un parfait témoignage. Le geste alliait une situation privilégiée et un rapprochement à la fois familial et clérical. Il est à noter que seuls des religieux ont été enterrés en ce lieu et nous ne savons pas si d’autres membres non-religieux de la famille sont inhumés dans la cathédrale ou dans un des cimetières extérieurs.

  • 46 Les caractères discrets sont des variations anatomiques codées comme présents ou absents. Le terme (...)

28Le rassemblement d’une ou plusieurs personnes laisse à penser que des liens génétiques ont pu rassembler les individus inhumés dans une même structure ou un groupe de tombes. Une étude des caractères discrets serait bienvenue pour étayer l’hypothèse46. Cependant, les informations obtenues doivent être maniées avec une grande prudence et il paraît actuellement très difficile de les utiliser. Pourtant, ces investigations restent primordiales lorsque les critères de typologies des tombes, de répartition des sexes, des âges et enfin d’origine sociale, ne sont que peu ou pas apparents.

  • 47 Crubézy (Eric), « Le “recrutement”... », op. cit.
  • 48 Paya (Didier), La tombe…, op. cit.

29La présence d’enfants dans des tombes d’adultes montre éventuellement des liens familiaux. Les jeunes enfants, par leur statut de mineurs, ne pouvent choisir leur lieu de d’inhumation. L’attachement affectif à une personne permet de les lier dans la mort, surtout si l’on considère que le défunt possède une vie même réduite dans la tombe. L’enfant n’est alors pas seul dans cette épreuve qu’est la mort. Un lien peut apparaître quand les inhumations sont simultanées, l’enfant étant déposé entre les jambes d’un adulte. D’autrefois, cela paraît fragile si les deux squelettes sont séparés par quelques centimètres de terre. A Saint-Martin-de-Colombs ou à Saint-Sébastien-de-Maroïol, les adultes étaient décomposés ou dans le stade terminal de la thanatomorphose lors du dépôt d’un enfant dans leur tombe. Dans ces cas, il est possible aussi que le sentiment d’amour filial a pu être secondé par un souci d’économie. Cela peut être alors le fait d’une facilité à ouvrir la tombe47, moins que d’un lien de parenté. Cette pratique tendrait aussi à souligner le traitement plus simple destiné à l’enfant48.

  • 49 Le très mauvais état des os n’a pas permis de faire une différenciation des deux adultes. Certes la (...)

30Le grand coffre maçonné, mis au jour sur le site de Dassargues, montre un probable ensemble familial49. La tombe a été conçue pour recevoir plusieurs sépultures, tel un caveau familial. Les parois jointoyées au mortier, nous permetent d’en déduire que le coffre était dès l’origine prévu pour recevoir des corps à intervalles de temps plus ou moins importants. Ces multiples dépôts peuvent ainsi respecter les précédents. Ainsi ce type de structure rappelle que les premières tombes chrétiennes peuvent recevoir plusieurs corps sans que cela soit ressenti comme choquant et ceci malgré les interdictions. De fait, certaines d’entre elles sont à considérer comme de véritables caveaux, tels qu’ils se développent à partir du XIIIe siècle.

  • 50 Favreau (Robert), Michaux (Jean) et Mora (Bernadette), Corpus des inscriptions de la France médiéva (...)
  • 51 Favreau (Robert), Corpus…, op. cit.

31Le lien filial peut avoir eu un pouvoir certain, ainsi que cela apparaît à Maguelone et les épitaphes des mères de certains chanoines, inhumées à l’extérieur de la cathédrale. Nous pouvons alors nous demander si ceux qui ont fait graver ces pierres ont voulu insister sur le lien familial. Pour exemple mentionnons l’épitaphe de Savrine50. Le texte est daté de la seconde moitié du XIIe siècle et cette dernière est la mère de Guillemot. Nous savons aussi, grâce à une épitaphe de la même période qu’un Guillemot, chevalier et chanoine de Saint-Pierre-de-Maguelone est inhumé dans l’île51. Pouvons-nous déduire que si Savrine est bien la mère du chanoine Guillemot, celle-ci a pu être inhumée dans l’île en un emplacement privilégié, parce que mère d’un membre noble de la communauté ? La proximité des religieux devait être recherchée, qu’ils soient vivants, par leurs prières, ou qu’ils soient morts, par leur sainteté. Ici donc, le texte épigraphié pourrait justifier la place d’une femme dont la qualité essentielle fut d’avoir un fils chanoine. Notons que des hommes ou des femmes ayant eu une autre descendance n’auraient pas eu accès au lieu. Une autre hypothèse peut être établie : avoir un fils religieux serait un point positif pour l’au-delà. La pratique serait comparable à la prise de l’habit et le bien touchant celui qui entrerait dans les ordres rejaillirait alors sur ses parents.

  • 52 Rouquette (Julien), Villemagne (Augustin-Antonin), Cartulaire de Maguelone, op. cit.

32En ce qui concerne le bas Moyen Age, la densité et la rotation des sépultures ne permettent pas aux archéologues d’identifier facilement des groupements. Le problème est moins grave pour les membres de la haute société. En effet, nous avons les testaments pour nous guider. Ces derniers montrent que les géniteurs ont la préférence de leur descendance. Ainsi le 18 septembre 1414, Jean Raynaud choisit sa sépulture dans la maison de Frères mineurs et dans la tombe de ses parents52. Nous pouvons toutefois nous demander s’il aurait choisi un tel lieu si ceux-ci n’avaient pas élu sépulture en un tel endroit ?

  • 53 Chiffoleau (Jacques), La comptabilité..., op. cit.
  • 54 Chiffoleau (Jacques), La comptabilité…, op. cit. Les testaments de la région montpelliéraine ne dém (...)
  • 55 Chiffoleau (Jacques), La comptabilité, op. cit.

33En priorité, les paysans localisent leur inhumation dans le cimetière paroissial, parce qu’il est celui des ancêtres de la communauté. La ville étant le lieu où l’on retrouve le moins ses anciens53. Dans le Midi, ces derniers sont choisis en priorité (dans la moitié des cas) ; un quart choisit le conjoint et les autres se répartissent entre enfants en bas âge, cousins plus ou moins éloignés et amis54. Ligne concernant les changements dans les rapprochements de sépultures qui sont particulièrement apparents à partir du XIVe siècle, ils seraient le résultat des épidémies qui ont fait exploser les cercles familiaux55. À cela s’ajoute une autre explication qui pourrait être un ensemble de circonstance telles que l’éloignement de l’âme par rapport au corps ou les destructions inéluctables des sépultures ne donnant plus les garanties d’une résurrection auprès des proches.

  • 56 Marandet (Marie-Claude), « L’élection de sépultures et les croyances relatives à “l’après-mort” dan (...)

34Le sentiment d’appartenir à un groupe extra-familial est très tôt apparent chez les religieux et en particulier pour les moines. Incapables civils, ils ne peuvent par conséquent élire leur sépulture et doivent être enterrés dans leur couvent, sauf s’ils meurent loin de celui-ci et qu’il apparaît difficile d’y transporter les dépouilles56.

  • 57 Ces membres du clergé ont eu souvent des sépultures modestes.
  • 58 Dainville (de) (Maurice) et Gouron (Marcel), Archives municipales de Montpellier, tome XII, serie E (...)
  • 59 Rouquette (Julien) et Villemagne (Augustin-Antonin), Cartulaire de Maguelone..., op. cit.
  • 60 Barbé (Léo), « Usages et rites funéraires disparus ou en voie de disparition en Gascogne » Dominiqu (...)
  • 61 Marandet (Marie-Claude), « L’élection de sépulture... », op. cit.

35Les curés, personnages modestes pour la plupart, ont probablement eu les mêmes problèmes que la majorité des fidèles : s’assurer un lieu de sépulture57. Les tombes découvertes à Castelnau-le-Lez, devant le maître-autel, n’obéissent peut-être pas à une règle ancienne, ou préétablie. Les prêtres de paroisse n’ont la possibilité d’avoir une place privilégiée que s’ils en font clairement la demande : dans son testament (daté du 12 février 1347), Jean Pagési, prêtre du diocèse de Mende veut être enseveli dans la tombe des prêtres au cimetière Saint-Pierre-de-Maguelone58 ; quand à Jean Gaudel, prêtre et prieur de Saint-Sauveur, il demande dans son testament (daté de 1416) à reposer dans la tombe de son prédécesseur59. Ces pratiques bien connues, ce sont celles du regroupement des tombes de curés en des endroits particuliers, comme le pied de l’abside ou la grande croix du cimetière60. Les cimetières peuvent également accueillir les prêtres de la paroisse dans un tombeau collectif61.

36Chez les laïcs, outre les critères de classes, se développe un même système de rapprochement lié à l’apparition des confréries. Ainsi certaines personnes demandent parfois une sépulture en relation avec leur fonction, ou avec un ami dont le métier n’est pas toujours précisé, par rapport à la masse des testaments, il reste cependant peu usité.

  • 62 Rouquette (Julien) et Villemagne (Augustin-Antonin), Cartulaire de Maguelone, op. cit.

37Le 2 juin 1414, Aimeric Janvier, bachelier en décrets, choisit sa sépulture en l’église des Augustins, dans la tombe de Pierre Montblanc son maître62. Toutefois ce type de souhait doit être soumis à plusieurs conditions : il faut que la place puisse être libre au moment du décès, qu’aucun proche ne s’oppose à ce désir et que l’on puisse libérer la place s’il le faut. Si la famille reste prioritaire, nous pouvons alors comprendre que la volonté d’être inhumé au côté d’un proche qui ne soit pas un parent n’ai pas été plus répandue.

  • 63 Marandet (Marie-Claude), « L’élection de sépulture... », op. cit.
  • 64 Aubrun (Michel), La paroisse en France, des origines au XIVe siècle, Annecy, 1986.

38Les confréries permettent parfois à des gens d’origine relativement modeste de se faire inhumer dans une église63. Michel Aubrun émet l’hypothèse selon laquelle c’est dans l’intimité des associations de laïcs que la mort a peut-être été pour la première fois christianisée, alors que le clergé au long des siècles n’y avait qu’incomplètement réussi64. Même si la christianisation est accomplie, la confrérie permet une réconciliation entre le clergé et certaines personnes de basse extraction qui ont pu longtemps considérer la difficulté d’accès à certains lieux d’inhumation comme une injustice.

Conclusion

  • 65 Aux Horts, deux corps ont été déposés simultanément dans un sarcophage (Raynaud (Claude), Les Horts (...)

39Durant les premiers temps chrétiens, le développement de la réutilisation des tombes peut résulter d’une volonté de rapprochement entre les membres d’une famille, dans un contexte où la résurrection est imminente. L’existence de structures de grande taille ou l’inhumation simultanée de deux personnes peuvent en être la preuve65. Elles peuvent aussi être le signe du pouvoir de la famille face aux lois. Bien que la pratique aille à l’encontre du souci de conservation du corps, elle n’est certainement pas considérée comme pénalisable par le fidèle.

40Par la suite, alors qu’elle a probablement été timide au début du Moyen Age, la volonté de conservation du corps a pu l’emporter. La réutilisation d’une tombe est alors un fait dramatique, d’où son faible emploi dans les lieux ne souffrant pas de « surpopulation ». Le coffre, l’aménagement rupestre, parce qu’ils ne sont prévus que pour une personne, deviennent rapidement un handicap pour le bon fonctionnement d’un cimetière paroissial qui ne s’agrandit que rarement.

  • 66 Racinet (Philippe), « Pratiques funéraires... », op. cit.
  • 67 Dans un milieu où le rythme des inhumations était soutenu comme le couvent des Cordeliers à Périgue (...)
  • 68 Un vitrail de la sacristie de Saint-Denis (1338), montre Louis IX remplissant un sac de crânes et d (...)

41Lorsque le cadavre, peut-être sous l’influence du concept du Purgatoire, devient secondaire il devient alors possible de bouleverser des corps plus ou moins décomposés, sans que cela choque beaucoup. Vider une tombe demeure un acte grave, qui nécessite désormais l’existence d’un ossuaire, ou plus souvent d’une fosse de récupération66. Le Purgatoire et les idées qu’il a fait naître à propos de la mort, apparaissent comme une solution pour les lieux de sépultures. La mort est alors organisée de la façon suivante : on ouvre et referme les tombes sans détruire des structures conçues pour cet usage67 ; on peut détruire une sépulture sans que cela soit (en principe) mal considéré, pourvue qu’elle soit relativement ancienne et la collecte des os devient une pratique courante68. Nous pouvons d’ailleurs nous demander si la faible demande de rapprochements qui est évidente lorsque l’on parcourt, par exemple les testaments montpelliérains, ne montre-t-elle pas que les rotations de sépultures étaient rapides ? Elle peut aussi être le signe d’un désintérêt pour le rapprochement au profit de l’emplacement de la tombe dans le cimetière paroissial ou de cimetières comme ceux d’ordres religieux. Ces choix ont lourdement interféré dans l’élection du lieu de sépulture et brisé certaines parentèles.

42Enfin, nous devons nous demander si tous avaient la possibilité d’espérer être lié à un proche après leur décès. Des quartiers réservés aux pauvres ont donc existé dans les cimetières dès les premiers signes de « surpopulation » et les possibilités de rapprochement familial ont pu être limitées. Evidemment ces interférences sont moindres dans les lieux d’inhumations dont le « recrutement » est faible. Ainsi éloignés des lieux prestigieux, les fidèles, comme les moins favorisés des citadins, ont préféré la réunion familiale.

43Les conclusions présentées sont le fruit d’observations archéologiques, anthropologiques et d’étude de texte. L’étude du cimetière médiéval n’en est qu’à ses débuts. Le traitement complet des données potentiellement exploitable est rare, par manque de moyen le plus souvent. En ce qui concerne l’étude de l’organisation du cimetière, l’essentiel reste à faire. A ce jour, il est clair que malgré le désordre visible des sépultures et le choix apparemment anarchique des emplacements, le cimetière est le lieu d’un ordre. Le développement d’outils comme l’étude de l’ADN ancien sont prometteurs pour l’avenir et feront la preuve que le cimetière a encore beaucoup à nous apprendre sur la société médiévale.

Figure 1 : cimetière « en rangées », le Verdier (Lunel-Viel, Hérault)

(d’après C. Raynaud).

Figure 2 : groupes identifiés dans le cimetière du Camp des Lacs (Millau, Aveyron)

(d’après L. Llech).

Figure 3 : coffre en pierre anthropomorphe de Saint-Martin-de-Colombs (Fabrègues, Hérault)

(cliché D. Paya).

Figure 4 : tombe rupestre anthropomorphe de Saint-Martin-de-Colombs (Fabrègues, Hérault)

(cliché D. Paya).

Figure 5 : coffre de pierre du Camp des Lacs (Millau, Aveyron)

(d’après L. Llech).

A : dernier sujet. B, C, D, E, F : sujets réduits.

Figure 6 : groupe de sépultures du Parc du Château (Lavérune, Hérault)

(d’après C. Richard).

Notes

1 Larrieu (Marie), Marty (Bernard), Périn (Patrick), La nécropole mérovingienne de la Turraque. Beaucaire-sur-Baise (Gers), Toulouse, 1985.

2 Nous pouvons éventuellement prendre en compte la partie la plus ancienne du site de Saint-Martin-de-Colombs, bien que cela paraisse moins clair.

3 Carru Dominique, Boccacino (Catherine), Borgard (Philippe), Bouillot (Jocelyne), Buchet (Luc), Buisson-Catil (Jacques), Vatteoni (Sophie), « Une nécropole de l’Antiquité tardive à Vaison-la-Romaine. Les fouilles des quartiers du Colombier et de Pommerol », Cavaillon, Documents d’archéologie vauclusienne, n° 2, 1991.

4 Crubézy (Eric), « Le “recrutement” et l’organisation des cimetières paroissiaux : perspectives pour une ethnohistoire », Michel Fixot et Elisabeth Zadora-Rio (dir), L’environnement des églises et la topographie religieuse des campagnes médiévales, D. A. F. 46, Paris, 1994, p. 132-138.

5 Zonabend (Françoise), « Les morts et les vivants. Le cimetière de Minot en Châtillonais », Etudes Rurales, n° 52, 1973, p. 7-23.

6 Dès l’apparition de bâtiments religieux chrétiens, il existe des rassemblements de tombes dans et autours de ces derniers. Pourtant la proximité d’une église ou d’une chapelle ne semble pas une priorité avant le IXe siècle.

7 Paul (Jacques), L’Eglise et la culture en Occident, tome 1, Paris, 1986.

8 Ce n’est que plus tard que le cercueil fait son apparition, pour ceux qui en ont les moyens.

9 On ne distinguait pas l’âme du corps, ni le corps glorieux (résurrection de la Chair) du corps charnel (résurrection des chairs) (Ariès (Philippe), L’homme devant la mort, Paris, 1977).

10 Cabrol (Fernand) et Leclercq (Henri), Dictionnaire d’Archéologie chrétienne et de Liturgie, tome I, Paris, 1907.

11 Lex wisigothorum Vulgata, XI, « Si le but avoué est de dépouiller le cadavre, la peine pourra aller jusqu’à la mort par les flammes, si le coupable est un esclave » (Lex Visigothorum, Berlin, 1902). L’action de pillards a peut-être été mise en évidence sur le site des Horts : un coffre en dalles, contenait deux squelettes remaniés, plus la réduction d’un sujet jeune ; la position des dalles de couverture abondantes mais pas toutes en place (deux d’entre elles étaient fichées verticalement dans le coffre) trahirait un tel méfait (Raynaud (Claude), Les Horts (Lunel-Viel), 1985 (rapport de fouille, 1987)).

12 Gaudemet (Jean) et Basdevant (Brigitte), Les canons des conciles mérovingiens (VIe-VIIe siècles), Paris, 1989.

13 Gaudemet (Jean) et Basdevant (Brigitte), Les canons..., op. cit.

14 Ariès (Philippe), L’homme devant la mort, op. cit.

15 Les Romains pensaient que les mutilations atteignant le corps, atteignaient aussi l’âme (Jobbé-Duval (Emile), Les morts malfaisants, Paris, 1924).

16 Il peut s’agir toutefois d’inhumations simultanées (Crubézy (Eric) et Raynaud (Claude), « Le passage de la sépulture individuelle à la sépulture de groupe du IIIe au XIIe siècle de notre ère dans le sud-ouest de la France », Notes et monographies techniques, 24, 1987, p. 1-15).

17 Les réutilisations sont exceptionnelles dans les tombes nord-sud (deux cas sur 70).

18 Crubézy (Eric) et Raynaud (Claude), « Le passage de la sépulture... », op. cit.

19 Murail (Pascal) et Raynaud (Claude) : « Approche paléodémographique et division de l’espace funéraire : les nécropoles des VI-VIIIe siècles de Lunel-Viel », Bulletin et Mémoires de la Société Anthropologique de Paris, numéro spécial 5, Bordeaux, 1993. Seuls ont été pris en compte les individus pouvant être considérés comme appartenant à cette période. Sur la place de l’église de Lunel-Viel, seulement six défunts sont déposés dans des tombes individuelles, alors 50 autres furent répartis dans les autres structures.

20 C’est un coffre de dalles des Horts qui détient le plus grand nombre de défunts dans une structure, avec au moins dix sujets : Raynaud (Claude), Les Horts... ; op. cit (rapport de fouille, 1985).

21 Catalo (Jean), Cocquerelle (Sylvie), Lelouvier (Laure Amélie), Llech (Laurent), Marlière (Pascale), Paya (Didier), Les cimetières médiévaux du « Camp des Lacs » et du « Puech d’Auzet », Millau, Aveyron, 1999 (rapport de fouille).

22 Paya (Didier), La tombe et le cimetière au Moyen Age en Languedoc. L’exemple du diocèse de Maguelone (VIe-XVIe siècle), thèse de 3e cycle dactylographié, Montpellier III, 1996.

23 Paya (Didier), La tombe…, op. cit.

24 Crubézy (Eric) et Raynaud (Claude), « Le passage de la sépulture... », op. cit.

25 Cette pratique aurait avantageusement remplacé l’inhumation sub stillicidio, en permettant à toutes les tombes de recevoir de l’eau « bénite ». Toutefois, cette recherche d’écoulement des eaux pluviales ne justifie peut-être pas la volonté de contact avec un bâtiment religieux.

26 Raynaud (Claude) et Roger (Karine), Archéologie gallo-romaine et médiévale à Lunel-Viel (Hérault), 1990 (rapport de fouille, 1990).

27 A l’extrémité d’un coffre de bois, une petite annexe était constituée par cinq tegulae, formant une bâtière fermée aux deux extrémités (Raynaud (Claude), Les Horts..., op. cit.).

28 Crochet (Jean-Yves), Baillarguet (Montferrier-sur-Lez), 1993.

29 Durand (Guillaume), Rational ou manuel des divins offices (traduit par Charles Barthélémy), Paris, 1854, t. V : « Les lieux consacrés par le religion sont ceux où le cadavre entier et sa tête seulement sont ensevelis, parce que personne ne peut avoir deux sépultures ».

30 Les stoïciens plaçaient l’âme au niveau du corps. De plus, au VIe siècle, Jean Lydos explique dans le De mensibus, que le cœur disparaît le quarantième jour. Il est le dernier à se décomposer (Dagron (Gilles), « Troisième, neuvième et quarantième jours, dans la tradition byzantine : temps chrétien et anthropologie », Le temps chrétien de la fin de l’Antiquité au Moyen Age (IIIe-XIIIe siècles), p. 419-430).

31 Lors de la fouille du couvent des Cordeliers de Périgueux, il a été signalé que seuls 26 crânes ont été découverts, alors que 88 squelettes ont été recensés (Hardy (Marie-Christine), Bertrand-Dusbrunais (Jean-Baptiste) et Nacfer (Marie-Noëlle), « Le couvent des Cordeliers de Périgueux, archéologie et architecture », Aquitania, tome VII, 1990, p. 129-141). L’importance du crâne a pu pousser les gestionnaire de cimetière à la récupération, afin d’éviter leur destruction, dans un milieu ou le renouvellement des sépultures était fréquent.

32 Dans certains silos médiévaux tranformés en dépotoirs situés dans le quartier ouest de l’ancienne agglomération gallo-romaine de Lunel-Viel, des os humains ont été découverts. Ces vestiges humains ont pu être mêlés à des déchets domestiques après destructions de tombes (Raynaud (Claude), Le village gallo-romain et médiéval de Lunel-Viel (Hérault). La fouille du quartier ouest (1981-1983), Paris, 1990).

33 Lors de son étude de deux monastères picards Philippe Racinet a aussi vu que l’on pouvait en plus de ces deux gestes, repousser le squelette ou en enlever une partie. Les recoupements sont fréquents dans les zones denses de sépultures (Racinet (Philippe), « Pratiques funéraires dans deux monastères picards », Histoire médiévale et Archéologie, volume 6, Paris-Lille, 1993, p. 245-261.

34 Raynaud (Claude), La place de l’église (Lunel-Viel), 1986, 1987. (rapport de fouille, 1986). Des connexions, comme celles du crâne et de la mandibule ; de l’humérus et de la scapula gauches ; du bassin, du fémur et de la fibula.

35 Crubézy (Eric) et Hélas (Jean-Claude), « Archéologie funéraire et archéologie : application de l’étude ostéologique in situ à l’interprêtation de tombes rupestres adjacentes du cimetière médiéval de Saint-Côme-et-Damien (Montpellier, Hérault) », Luc Buchet (dir.), Le matériel anthropologique provenant des édifices religieux, Paris, 1986, p. 31-46.

36 Le Pape Léon III le rappelle en 816 (Bernard (Antoine), La sépulture en droit canonique du décret de Gratien au concile de Latran, Paris, 1933).

37 Durant l’Antiquité, le testateur pouvait infliger l’interdiction d’être inhumé dans son tombeau, à un de ses descendants ou à un de ses affranchis (Jobbé-Duval (Emile), Les morts..., op. cit.).

38 Chiffoleau (Jacques), La comptabilité de l’au-delà, Ecole de Rome, 1980.

39 Ariès (Philippe), L’homme devant la mort, op. cit.

40 Si la femme n’a pas testé, le mari qui lui survit choisit son lieu d’inhumation. S’il n’a pas fait de choix particulier, alors elle sera inhumée auprès de ses ancêtres (Bernard (Antoine), La sépulture..., op. cit.). Quand c’est le mari qui décède le premier, la majorité des canonistes pense que sa compagne doit choisir le lieu de sépulture (Bernard (Antoine), La sépulture..., op. cit.).

41 Durand (Guillaume), Rational..., op. cit.

42 Une étude de 228 testaments retranscrits par Julien Rouquette et Augustin-Antonin Villemagne (Cartulaire de Maguelone fascicule 3 (registres de notaires), Montpellier, 1925) et datés de 1253 à 1417, fait apparaître que 189 ne précisent que le lieu d’inhumation. Nous pouvons par ailleurs citer l’exemple de Jean et Mondète Raynaud qui en 1414, choisissent leur sépulture, pour l’un dans le cimetière de Saint-Denis, pour la seconde dans celui de Saint-Côme-et-Damien (Rouquette (Julien) et Villemagne Augustin-Antonin, Cartulaire de Maguelone..., op. cit.)

43 Crubézy (Eric), « Le “recrutement”... », op. cit.

44 Arnal (Jean) et Riquet (Raymond), « Le cimetière wisigothique des Pinèdes à Saint-Mathieu-de-Tréviers (Hérault) », Gallia tome XVII, fascicules 1 et 2, 1959, p. 161-170.

45 Certains papes, notamment au Ve siècle, ont préféré se rapprocher de leurs parents plutôt que de reposer en compagnie de leurs prédécesseurs. Antérieurement, la sépulture des évêques est prise en charge par l’Eglise (voir Picard (Jean-Charles), « Etude sur l’emplacement des tombes des papes du IIIe au Xe siècle“, Mélanges d’archéologie et d’Histoire, tome LXXXI, fascicule 2, 1969, p. 725-782).

46 Les caractères discrets sont des variations anatomiques codées comme présents ou absents. Le terme « discret » est employé suivant le sens du latin classique discretus « séparé ». Ces caractères permettent d’individualiser, au sein d’une tombe ou d’un cimetière, des sous-groupes d’individus possédant un ou plusieurs de ces caractères (Crubézy (Eric) et Sellier (Pascal), « Caractères discrets et organisation des ensembles sépulcraux », Bulletins et Mémoires de la Société d’Anthropologie de Paris, tome 2, n° 3-4, 1990, p. 171-178). Pour que cette étude soit possible, il faut que la population concernée soit considérée comme homogène. Les caractères sont des défauts d’ossification, des productions osseuses, des variations d’insertion musculaires, des trous ou des canaux accessoires (Crubézy (Eric) et Sellier (Pascal), « Liens de parenté et populations inhumées », in Nouvelles de l’Archéologie, n° 40, 1990, p. 35-38).

47 Crubézy (Eric), « Le “recrutement”... », op. cit.

48 Paya (Didier), La tombe…, op. cit.

49 Le très mauvais état des os n’a pas permis de faire une différenciation des deux adultes. Certes la mise en évidence de deux sexes, ne permet pas d’établir qu’il s’agit d’une famille, mais il est difficile de rejeter l’hypothèse.

50 Favreau (Robert), Michaux (Jean) et Mora (Bernadette), Corpus des inscriptions de la France médiévale, 12 (Aude, Hérault), Paris, 1988.

51 Favreau (Robert), Corpus…, op. cit.

52 Rouquette (Julien), Villemagne (Augustin-Antonin), Cartulaire de Maguelone, op. cit.

53 Chiffoleau (Jacques), La comptabilité..., op. cit.

54 Chiffoleau (Jacques), La comptabilité…, op. cit. Les testaments de la région montpelliéraine ne démentent pas ces statistiques : plus de la moitié des demandes de rapprochement, concerne la tombe des parents, de la mère, du père, voire de grand-parents. Les autres souhaits se répartissent en petit nombre, entre les enfants, confrères, mari, femme, amis, gendre, beau-frère...

55 Chiffoleau (Jacques), La comptabilité, op. cit.

56 Marandet (Marie-Claude), « L’élection de sépultures et les croyances relatives à “l’après-mort” dans le région toulousaine entre 1300 et 1450, d’après les testaments », Archéologie du Midi médiéval, tome 3, 1985, p. 103 à 122.

57 Ces membres du clergé ont eu souvent des sépultures modestes.

58 Dainville (de) (Maurice) et Gouron (Marcel), Archives municipales de Montpellier, tome XII, serie EE, Montpellier, 1974.

59 Rouquette (Julien) et Villemagne (Augustin-Antonin), Cartulaire de Maguelone..., op. cit.

60 Barbé (Léo), « Usages et rites funéraires disparus ou en voie de disparition en Gascogne » Dominique Baudreu (dir.), Signalisations des sépultures et stèles discoïdales. Ve-XIXe siècles, actes des journées de Carcassonne, septembre 1987, Carcassonne, 1990, pp. 201-204.

61 Marandet (Marie-Claude), « L’élection de sépulture... », op. cit.

62 Rouquette (Julien) et Villemagne (Augustin-Antonin), Cartulaire de Maguelone, op. cit.

63 Marandet (Marie-Claude), « L’élection de sépulture... », op. cit.

64 Aubrun (Michel), La paroisse en France, des origines au XIVe siècle, Annecy, 1986.

65 Aux Horts, deux corps ont été déposés simultanément dans un sarcophage (Raynaud (Claude), Les Horts..., op. cit.). Bien sûr, nous devons prendre en compte l’hypothèse de l’économie d’un aménagement voire celle de sépultures de catastrophe.

66 Racinet (Philippe), « Pratiques funéraires... », op. cit.

67 Dans un milieu où le rythme des inhumations était soutenu comme le couvent des Cordeliers à Périgueux, les caveaux ont été ouverts et refermés plusieurs fois et aucun recoupage de tombes n’a été observé (Hardy (Marie-Christine), Bertrand-Dusbrusnais (Jean-Baptiste) et Nacfer (Marie-Noëlle), « Le couvent... », op. cit.).

68 Un vitrail de la sacristie de Saint-Denis (1338), montre Louis IX remplissant un sac de crânes et de tibias (mentionné par Ariès (Philippe), L’homme devant la mort..., op. cit.). Ce geste est interprété comme une œuvre de miséricorde, mais il a dû rapidement devenir assez usité dans les cimetières citadins, pour des raisons d’hygiène.

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