Minerai de fer, charbon de bois et métal : diversité et complexité des échanges de la sidérurgie ariégeoise dans les Pyrénées (XVIIe-XIXe siècle)
p. 567-580
Résumé
Dans le monde des hommes du fer pyrénéens, les temporalités, les échanges et les espaces ne sont pas les mêmes pour tous. Pour se fournir en minerai et charbon de bois, les industriels mobilisent différents réseaux. Ainsi se dessinent plusieurs aires d’approvisionnement très individualisées, conjuguées avec différentes échelles : de la mine de Rancié à un vaste bassin sidérurgique, de la forge à la forêt landaise, du versant français au versant espagnol. La commercialisation des fers bruts en barres tourne le dos aux Pyrénées. Certes, plusieurs courants secondaires existent, certains vers l’Espagne de façon licite ou en contrebande. Mais l’essentiel se fait vers Toulouse qui redistribue le métal sur un grand marché régional. Au XIXe siècle, l’industrie naissante de la cémentation donne au marché une dimension nationale. La complexité de la géographie et des pratiques commerciales a été un gage de pérennité pour la sidérurgie directe ariégeoise.
Texte intégral
1L’étude du commerce né de l’activité sidérurgique des Pyrénées ariégeoises ne peut se concevoir que pièce après pièce, ainsi qu’on ajuste un jeu de construction. Il s’agit de jouer de tous les registres à la fois. Cette industrie génère une série d’activités commerciales diverses, complexes et variées en amont et en aval de la production du métal qui innerve la société montagnarde dont de nombreux membres tirent des profits inégaux. Selon le champ d’investigation, les ruptures ou les continuités l’emportent. Ainsi, minerai, charbon de bois, fer peuvent suivre des temporalités spécifiques, distinctes de celles qui scandent l’histoire politique et économique. Les césures ne coïncident pas. Minerai, charbon et métal donnent naissance à des flux (modes, pratiques, volumes et sens) caractéristiques et dessinent des espaces singuliers dont les contours ne sont pas exactement superposables et qui dilatent les Pyrénées ariégeoises.
2Le commerce du fer est très étudié par les historiens et il n’est certes pas question de minimiser l’importance du métal dans les échanges commerciaux régionaux et internationaux. Mais, bien souvent, l’étude du commerce du minerai et du charbon de bois est négligée (leur circulation est considérée comme difficile voire impossible sur de longues distances car il s’agit de marchandises pondéreuse pour l’un, fragile pour l’autre).
Le commerce des matières premières
3La forge des Pyrénées ariégeoises est traditionnellement présentée dans l’historiographie comme une annexe d’un domaine sylvo-pastoral, unique débouché des forêts des propriétaires fonciers qui deviennent ainsi maîtres de forges. De même, l’érection d’une usine serait souvent liée à la présence, localement, d’une mine de fer. Or, très tôt, les différentes sources dont nous disposons montrent que les sidérurgistes ont eu recours au commerce pour se procurer la totalité des matières premières nécessaires au travail de l’usine ou pour compléter leurs stocks. Mieux, les ateliers qui s’approvisionnent à la mine de Rancié sont déconnectés des minerais locaux qui ne déterminent ni leur construction ni leur localisation. Il est indispensable de connaître les conditions de production du métal parce que la vente du fer se fait sur des marchés concurrentiels (concurrence de l’aire à la catalane elle-même, mais aussi d’autres aires techniques directes et indirectes). Il faut nous demander dans quelle mesure le commerce des matières premières et du combustible et ses modalités influent sur le prix de revient du métal ; si les flux commerciaux interviennent dans la pratique technique des forgeurs ; si les méthodes commerciales interfèrent dans la marche des forges1.
La simplicité apparente du commerce du minerai : le monopole de Rancié
4La description du commerce du minerai de fer devrait être simple, puisqu’une seule mine fournit la matière première indispensable. Le minerai de Rancié dispose d’un véritable marché captif grâce à sa qualité (sidérite, hématite, limonite et gœthite) et sa forte teneur en métal (environ 60 %), à la présence de manganèse (3,5 % en moyenne, plus de 8 % pour certains échantillons) qui facilite la fixation du carbone, accélère la carburation du métal et favorise la production de l’acier naturel ; grâce aussi à la facilité de le traiter par le procédé direct (absence de soufre et de phosphore). L’importance du gisement, « une montagne de fer », et son exploitation relativement simple pour des mineurs-paysans permettent une production en grandes quantités et très régulière, conditions sine qua non d’une activité industrielle, le minerai ne devant pas constituer un goulet d’étranglement. Dernier atout, l’exigence des forgeurs ariégeois, payés à la tâche, de ne travailler, dans la mesure du possible, qu’avec ce minerai dont ils connaissent parfaitement les réactions. L’ordonnance du comte de Foix de 1356 (n. st.) autorise sa commercialisation hors de la vallée de Vicdessos2. Il s’agit d’un commerce très strictement réglementé selon des modalités établies par l’ordonnance de 1414, toujours en vigueur en 1731, lorsqu’un nouveau règlement est promulgué pour tenter d’apaiser les tensions du marché du minerai en rendant « la mine plus commune3. » Les conditions réglementaires de vente du minerai définissent jusqu’à la fin du XVIIIe siècle deux espaces de commercialisation disproportionnés et inégaux.
Un espace privilégié : la vallée de Vicdessos (XVIIe-XVIIIe siècle)
5Les maîtres de forges de la vallée de Vicdessos maîtrisent la quantité de minerai à extraire chaque jour. Ils doivent être servis les premiers et profitent de conditions d’achat préférentielles qui, outre leur proximité géographique avec la mine, les favorisent. Ils fixent le prix de vente, les maîtres de forges « locaux » bénéficient d’un prix plus bas que les « étrangers ». De plus, ils monopolisent le minerai dans des entrepôts et le vendent plus cher à leurs concurrents étrangers, empochant la plus-value sur le prix de vente. Maîtres du marché du minerai, ils refusent périodiquement d’acheter, donnant ainsi aux mineurs, par accumulation du minerai invendu, un prix inférieur au prix fixé4. Quantité, qualité, modes de vente, prix, les maîtres de forges de la vallée de Vicdessos sont les maîtres du marché et disposent ainsi d’un incomparable moyen de contrôle et de pression sur leurs concurrents contraints à employer leur minerai.
Hors de la vallée de Vicdessos : des espaces défavorisés
6Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, les conditions de vente du minerai expliquent les caractéristiques de son commerce pour les forges éloignées de la mine de Rancié et de la vallée de Vicdessos : leur approvisionnement est contingenté.
7L’approvisionnement du Couserans constitue un cas particulier. La circulation du minerai est placée sous le signe de l’échange, c’est-à-dire du troc minerai de fer de Vicdessos contre charbon de bois du Couserans, organisé en 1347-1348 par le comte de Foix, le vicomte de Couserans et la communauté de Vicdessos5. Le règlement de 1731 favorise l’échange au même titre que l’approvisionnement des forges de la vallée en minerai. On échange environ 80 kg de charbon contre environ 60 kg de minerai6. Dans le Couserans, le minerai revient plus cher au maître de forges assujetti à l’échange qu’à celui qui s’approvisionne sur le marché. Le quintal de minerai obtenu par la voie de l’échange revient à 2 livres 6 sols à la forge d’Ercé alors qu’il ne coûte que 36 sols à la forge de Canadèlle (Boussenac), située à peu près à la même distance de Rancié, mais qui achète son minerai à Tarascon. Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, 300 mulets conduits par 150 personnes sortent tous les jours de Vicdessos pendant neuf mois de l’année, traversent la montagne par les ports de Suc et de Saleix pour se rendre dans le Couserans. Dans les années 1780, ils rapportent 12 000 charges de charbon qui alimentent les six forges de Vicdessos7. Le handicap que constitue cette pratique commerciale pour le Couserans et le Comminges est évident et explique clairement la volonté constante des maîtres de forges gascons de s’en affranchir8. La Révolution met un terme définitif à ce troc multiséculaire qui avait été tout à l’avantage, de plus en plus à l’avantage de Vicdessos. En effet, l’écart entre le prix du minerai et celui du charbon s’est constamment creusé durant toute la période à la catalane et a mécaniquement renforcé les profits de la vallée minière sur la longue durée.
8Le reste du bassin sidérurgique qui s’approvisionne à la mine de Rancié, c’est-à-dire les forges pyrénéennes et languedociennes situées hors de Vicdessos et du Couserans, achètent le minerai à prix d’argent. Le règlement de 1731, tout en maintenant la préférence accordée à Vicdessos, prend en compte, du moins en partie, les demandes des maîtres de forges extérieurs à la vallée. Ils doivent pourtant toujours payer le minerai à un prix supérieur de deux sols à celui du quintal livré aux fabricants locaux, six sols au lieu de quatre. De plus, les voituriers ne pourront pas prendre plus de deux quintaux par jour et par cheval ou mulet, « lorsqu’ils voudront apporter la mine à Tarascon, ou hors de la vallée », la charge maximale est portée à six quintaux lorsqu’il s’agit d’approvisionner les forges de la vallée ou d’aller en Gascogne pour l’échange. Cette double inégalité est renforcée par la cherté du transport.
9La lente émancipation de ce marché n’aboutit qu’au début du XIXe siècle, lorsque prend fin la préférence réservée aux forges et aux habitants de la vallée de Vicdessos. Le règlement de 1805 oblige à décider journellement du nombre de voltes (quantité de minerai) à extraire en fonction de la demande. Les maîtres de forges de Vicdessos perdent ainsi le contrôle des quantités de minerai commercialisées, « la rétention du minerai » n’est plus possible. Les acheteurs doivent être servis dans l’ordre strict de leur arrivée. Le prix de vente du minerai est fixé chaque année par le préfet, prix identique pour toutes les forges. L’accès au minerai et son commerce sont devenus libres, quelle que soit sa destination9.
10Cette longue marche vers la liberté et l’équité du commerce du minerai de Rancié intéresse une vaste zone géographique. Les limites du grand bassin sidérurgique organisé autour du pôle que constitue la mine de Sem sont définies par la diffusion de son minerai, par le procédé à la catalane et par la présence des forgeurs ariégeois. La circulation de ce minerai intéresse, dans les Pyrénées, toutes les forges du comté de Foix, du Couserans et du Comminges, du diocèse de Mirepoix, du diocèse d’Alet et même quelques-unes du diocèse de Narbonne ; soit au moins quarante-trois forges en 1669, plus de quarante-cinq vers 1750, dont les huit du diocèse de Mirepoix et huit du diocèse d’Alet. En 1772, vingt et une forges du Languedoc et de la Guyenne, soit quarante-huit au total avec celles du comté de Foix ; dans les années 1780-1790, cinquante usines sont alimentées par la mine de Sem10. Au XIXe siècle, plus de cinquante-sept forges se pourvoient en minerai de Rancié, dont, hors du département de l’Ariège, les forges à la catalane des départements voisins de l’Aude (dont Mérial, Sainte-Colombe, Quillan, Axat, Roquefort, Counozouls), de la Haute-Garonne (quatre feux dont les forges d’Arbas, de Guran et de Touille), mais aussi celles des Hautes-Pyrénées (trois feux), et une des Pyrénées-Orientales (Puyvalador).
11L’aire de diffusion du minerai de Rancié détermine une grande partie de l’aire technique à la catalane. Les migrations des forgeurs fuxéens dépassent cependant les limites de ce bassin sidérurgique, les conduisant dans la Montagne noire, le Roussillon, la Catalogne et l’Aragon, l’Andorre, le Béarn à l’ouest de la chaîne pyrénéenne où existe un front pionnier entre procédé à la catalane et méthodes à la biscayenne ou navarraise. Le travail biscayen est en usage à la forge de Larrau, or, lors du passage de Dietrich, son propriétaire vient de faire appel à trois techniciens du comté de Foix pour former ses ouvriers basques11.
L’importance croissante du commerce du charbon de bois
12Certes l’autorisation de construire une forge n’est donnée, en théorie, que lorsque le demandant a apporté la preuve qu’il possédait suffisamment de bois pour faire rouler son usine, certes l’arrêt du Conseil du Roi du 9 août 1723 sur les bouches à feu renforce cette disposition. Et pourtant, très tôt, un commerce du charbon de bois s’est mis en place. Au XVIIIe siècle, il est indispensable pour les usines qui sont qualifiées de « bâtardes » parce qu’elles ne disposent pas de bois ; en 1745, sur les trente-deux forges du pays de Foix, à peine quinze ont du bois pour leur exploitation12. Il concerne même les forges les mieux pourvues en forêts (celles de l’Aston par exemple)13. Un double mouvement anime le commerce du charbon de bois. La part du commerce est de plus en plus grande, les flux ou volumes de plus en plus importants, jusqu’à représenter la quasi-totalité des moyens d’approvisionnement en combustible au XIXe siècle. D’autre part, les Pyrénées ariégeoises, tout en continuant à commercialiser leurs propres charbons dont une grande partie provient du bas comté et de la plaine, vont chercher leur combustible de plus en plus loin et pas seulement dans les montagnes. Le maître de forges, qu’il possède ou non des bois, s’adresse à des marchands de charbon (propriétaires de forêts ou fabricants de charbon), à ceux que l’ingénieur des mines Marrot qualifie de « spéculateurs » qui se rendent adjudicataires des coupes des forêts domaniales. Certains maîtres de forges (Ascou, Le Castelet dès les années 1850) préfèrent éteindre les feux de leur usine et vendre le charbon de leurs forêts à leurs concurrents, ce qui leur semble plus rentable14.
Les différentes formes de ce commerce
13Le commerce du combustible revêt des modes divers dont certains sont aussi utilisés pour le minerai. Le premier est la forme la plus simple, un particulier propose à prix d’argent le charbon qu’il a fabriqué. Mais il existe d’autres formes qui ne sont pas spécifiques à la sidérurgie, mais d’une pratique courante. D’abord, très employé, le prêt gagé sur du charbon. En 1704, par exemple, Jean Massat doit 31 livres à Jean Galy, ferrier de la forge de Lirbat, « dette d’argent, grain et autres choses prêtées sur du charbon »15. Ou encore une reconnaissance de dette née de la « vente » d’un animal de bât par le maître de forges à un voiturier qui doit porter le combustible à la forge ; le transport sert alors à rembourser l’animal. Souvent, le contrat porte non seulement sur le transport, mais aussi sur la fourniture du charbon qui est à la charge du transporteur. Un autre moyen remarquable est « le partage à égales portions », dit « à la migère », associant ferrier et charbonnier. Les voituriers, qui transportent à la forge le charbon qu’ils se sont procuré ou qu’ils ont fabriqué, reçoivent en paiement la moitié du fer fabriqué grâce à ce combustible ; le ferrier fournit le minerai et couvre les frais de fonctionnement de l’usine. La forte différence de prix entre le charbon et le minerai assure les revenus (bénéfices) du maître de forges. Le prix du combustible est ainsi garanti pour la durée du contrat, mettant l’industriel, assuré d’un approvisionnement sûr et régulier, à l’abri de toute augmentation (évite les aléas du marché). Il ne faut pas oublier que le charbon représente entre 45 et 65 % du prix de revient du fer.
La zone d’achalandage et son élargissement
14Il existe de multiples flux commerciaux portant sur les charbons des Pyrénées ariégeoises elles-mêmes, toujours présentes, même si la part de ce flux intérieur dans le commerce général du combustible diminue fortement (commerce local plus ou moins proche, chaque forge crée son propre réseau d’approvisionnement très ramifié). Les marchands entreposent dans la ville de Foix de grandes quantités de charbon de provenances diverses destinées aux forges de la haute Ariège.
15La géographie de ce commerce est à la fois intra et inter pyrénéenne (sans oublier l’importance grandissante des plaines gasconnes jusqu’aux Landes et languedociennes jusqu’à la Montagne Noire). Elle est caractérisée par une succession d’espaces à la superficie variable avec de nombreuses ramifications et définit une région en expansion. Tournée vers les Pyrénées ariégeoises, la circulation des charbons est à la fois complexe et diffuse. Au XVIIe siècle, les sidérurgistes font venir le combustible du Couserans, de la châtellenie de Rieux, du marquisat de Mirepoix ou du plateau de Sault voisin. Au XVIIIe siècle, le recours au commerce s’intensifie, l’aire d’approvisionnement s’agrandit. Les forges de Vicdessos, malgré l’échange, de Siguer, Niaux, Lacombe, Rabat, Saurat, et, en partie, celles de l’Aston, achètent du charbon dans le marquisat de Mirepoix et les Pyrénées audoises à l’est, le Couserans et la Gascogne à l’ouest. Les exemples d’achats dans le pays de Sault contigu se multiplient16. Au XIXe siècle, la zone d’achalandage s’étend encore, sur les départements de l’Aude, des Pyrénées-Orientales, de la Haute-Garonne, des Hautes-Pyrénées, des Pyrénées-Atlantiques. La forge de Lacombe (Tarascon) donne un bon exemple de cet élargissement. Ses fournisseurs sont de Mirepoix et de Caussou (Ariège), de Chalabre (Aude), de Saint-Béat (Haute-Garonne), de Mont-Louis (Pyrénées-Orientales) et de la Barousse17. En 1824, les maîtres de forges décrivent la façon dont ils s’approvisionnent : « dans toute l’étendue des départements de l’Aude et de la Haute-Garonne... Nous le faisons transporter, à gros frais, des environs de Limoux et de Chalabre... nous avons été forcés d’ouvrir sur toute la ligne de Toulouse à Foix des maisons d’entrepôt destinées à recevoir celui qui arrive de Saint-Gaudens18. »
16Les achats de charbon en Espagne sont vraisemblablement eux aussi de plus en plus importants. Difficiles à saisir, ils n’en existent pas moins. Le libre transport des charbons entre les deux versants des Pyrénées est garanti par les traités de lies et passeries. Francisco de Zamora explique dans son journal de voyages que « les glissements de terrain (los rompimientos de tierras) que connaissent la vall Ferrera et plus généralement la région du Pallars Sobirà, sont dus, parmi bien d’autres raisons, aux charbonnières que font les Français pour les forges de leur royaume qui est contigu au nôtre19. » La communauté de Vicdessos cherche à renforcer la part de la vall Ferrera dans son approvisionnement20, au point que, en 1771, les consuls de la vall Ferrera demandent au roi d’Espagne d’interdire l’exportation de charbon vers Vicdessos21.
17L’achat et la circulation du charbon de bois « délocalisent » en quelque sorte l’impact de l’activité sidérurgique sur un lieu éloigné de la forge, desserrant d’autant l’étreinte sur la forêt et la communauté locales.
18Pour conclure l’étude des courants commerciaux nés des besoins en minerai et en combustible, il est intéressant de remarquer que la souplesse du procédé à la catalane, les qualités et le savoir-faire des forgeurs ariégeois permettent d’adapter, du moins dans une certaine mesure, les consommations à la localisation de la forge et à ses conditions spécifiques d’approvisionnement. Un maître de forges éloigné de Rancié mais disposant de charbon de bois économisera le minerai et aura tendance à utiliser plus de charbon. À l’inverse, un maître de forges proche de Rancié ne se préoccupera guère de sa consommation de minerai, mais veillera avec une grande attention à la dépense de charbon. Ainsi un équilibre, plus ou moins incertain, s’établit pour uniformiser, ou tenter d’uniformiser, les conditions de production du métal vendu sur des marchés concurrentiels. L’idée générale est que l’on assiste à un développement de plus en plus grand du commerce comme moyen d’accès au minerai et au charbon de bois, au point de devenir le mode d’approvisionnement dominant au XIXe siècle.
Le commerce des fers en barre
19La sidérurgie à la catalane des Pyrénées ariégeoises commercialise exclusivement du fer brut en barre, réputé et facile à transporter. Ce métal présente différentes qualités (fer doux ou mol, fer fort, fer cédat). Elles sont reconnues sur les marchés grâce à leur présentation qui évoque immédiatement leurs spécificités et leur qualité à peu près constante, d’autant plus que chaque maître de forges imprime sa marque sur les barres, ce qui renforce la personnalisation du fer. La commercialisation sous forme de barre présente d’autres avantages pour les utilisateurs. Elle facilite le réchauffement du métal, avec moins de combustible que si le massé était vendu directement.
20Décrire le commerce du fer est fort simple. L’essentiel de la production part vers Toulouse, qui a la mainmise sur la commercialisation du métal pyrénéen dans un grand marché régional. Les marchands ariégeois sont les correspondants, les agents locaux des marchands toulousains. Cependant, plusieurs courants commerciaux pyrénéens secondaires existent22.
Le marché des fers ariégeois sur le versant français des Pyrénées
21Dans l’analyse de la circulation du métal ariégeois sur le versant français, il est nécessaire de considérer plusieurs niveaux de commercialisation selon l’aire de diffusion que l’étude monographique des ateliers, jointe aux statistiques générales, permet de dessiner. Les marchés de la forge d’Orgeix de 1838 à 1841 sont parfaitement représentatifs de l’écoulement des fers ariégeois23. Le marché de proximité ne dépasse pas 2,9 à 6 % des ventes les meilleures années alors que des marchands toulousains accaparent de 75 à 97,1 % de sa production totale. La forge d’Orgeix présente quelques caractéristiques spécifiques. Des liens privilégiés l’attachent à la forge de Bénagues, près de Pamiers, qui appartient au même maître de forges, cette usine reçoit jusqu’à 12,7 % des fers d’Orgeix ; elle dispose aussi de débouchés secondaires relativement importants, de 13,2 à 14,9 % de sa fabrication totale, dans le Tarn-et-Garonne, en particulier à Caylus, Moissac et Montauban.
Le marché local
22Il s’agit d’un maigre commerce de proximité, très diffus et de faible importance, de ventes directes à la forge, où viennent s’approvisionner les paysans, les maréchaux-ferrants et les forgerons les plus proches. Le fer leur est alors livré sous forme de « lames sans ligature », qui correspondent mieux à leurs besoins et à leurs façons de travailler que les barres traditionnelles. De plus, un homme ou une femme peuvent porter plus aisément une charge de fer qui ne pèse que 20 livres24. Il existe aussi une diffusion au niveau d’un bourg, d’une ville, lors des foires et marchés. Ce marché local est peu documenté.
Le marché sur le versant français
23De part et d’autre de la vallée de l’Ariège, voie royale des fers pyrénéens, des axes commerciaux secondaires sont animés par des villes-relais qui distribuent le fer dans la petite région qui les entoure. Les circuits et les réseaux commerciaux se complexifient alors. Les centres redistributeurs secondaires du marché intra-pyrénéen échappent en partie aux Toulousains et restent entre les mains des marchands locaux ariégeois et pyrénéens. La Forge neuve d’Oust pratique des ventes directes avec Noguès, marchand de fer à Tournai, avec Dufau à Puymaurin, Barbessègue à Pontac et Adoue à Montréjeau, pour éviter le coût de la commission des marchands de Saint-Girons. De même, une partie de la production des forges du Pays d’Olmes est commercialisée par des marchands, souvent liés à la famille Lévis-Mirepoix, installés dans les petites villes voisines, Mirepoix, Bram, Limoux. Les forges de Campredon et de Queille travaillent avec Fraisse et Bonnet, marchands de fer à Bram, Bez négociant du Peyrat et Rivel à Mirepoix.
24Ce grand marché régional du versant français comprend le Languedoc, le Comminges, la Gascogne, le Béarn. À l’ouest, les forges du Couserans par Saint-Girons, Tarbes, Saint-Gaudens, Montréjeau, Castelnau-Magnoac irriguent l’Aquitaine. Saint-Gaudens et Tarbes s’approvisionnent à la fois auprès de marchands de Saint-Girons et de Toulouse. À l’est, les forges de la terre de Mirepoix et du pays d’Olmes stimulent un courant secondaire vers l’est du massif pyrénéen (Pyrénées audoises) dont les centres redistributeurs sont Mirepoix, Limoux, Bram, Castelnaudary et Carcassonne (canal des Deux Mers). Les forges de la haute Ariège participent aussi à ces courants commerciaux, vers l’est grâce à une voie partant d’Ax, de Tarascon, de Foix et passant par Pamiers et Mirepoix25, vers l’ouest par les ports de l’Hers, de Saleix et le col de Port, via Massat et Saint-Girons. Au XIXe siècle, l’aire de distribution des fers ariégeois dans les Pyrénées couvre toujours les départements de l’Ariège, de la Haute-Garonne, des Hautes-Pyrénées, de l’Aude. La forge d’Engomer expédie un tiers de sa production à Toulouse et deux tiers à Tarbes ; celle d’Alos un tiers à Saint-Girons, les deux tiers restants dans les départements limitrophes.
À partir de 1815, le marché de la cémentation
25Un nouveau marché des fers à la catalane naît et se développe dans les premières décennies du XIXe siècle, celui des fers à cémenter26. La césure chronologique n’est ni politique ni économique, mais technique : la naissance et l’essor d’une industrie française de la cémentation (production d’acier). En Ariège, le coup d’envoi de cette activité est donné en 181627.
26Ce nouveau commerce présente des caractéristiques à première vue contradictoires :
un gonflement du marché local : les douze usines de cémentation érigées de 1816 à 1840 dans le département créent une demande grandissante. En 1837, 39,62 % de la production totale des forges des Pyrénées ariégeoises sont vendus pour cémentation aux usines de l’Ariège et de la Haute-Garonne (Touille et Toulouse). Les aciéries créent, à leur tour, un marché en pleine expansion, celui des aciers cémentés qui présente les mêmes caractéristiques que celui des fers à la catalane. Ainsi, en 1825, environ 1/6 des aciers cémentés ariégeois est consommé dans le département, dans des usines fabriquant des faux, des limes et de l’outillage28.
la création d’un marché national pour les fers à cémentation et l’acier cémenté, qui se greffe sur le marché régional élargi traditionnel des fers à la catalane.
27Au total, les 3/8 des fers des forges ariégeoises ont, en 1832, un écoulement différent de celui qu’ils avaient auparavant. Ce nouveau commerce échappe en partie aux marchands toulousains, il s’agit d’un commerce direct entre le maître de forges pyrénéen, l’industriel cémenteur et le fabricant de faux. Enfin, dernière caractéristique de ce marché né vers 1815, sa faible durée : il disparaît dès les années 1860, ce qui prouve que la réponse industrielle choisie au niveau national ne convenait pas à la demande française d’acier.
Le trafic vers le versant sud
28Les flux du commerce inter-pyrénéen restent difficiles à préciser (volumes, géographie). Les sources espagnoles ne sont pas plus prolixes que les archives françaises. Bref, nous ne sommes guère mieux renseignés sur le trafic légal que sur la contrebande.
Avec l’Espagne
29Vers 1740, les délibérations consulaires nous apprennent que les habitants de Vicdessos « portent beaucoup de fer » dans le royaume d’Espagne. Par contre, en 1751, le Vicdessos ne vend qu’un peu de fer en Espagne ; il en exporte encore en 1793. Dans l’été 1776, la forge de Campredon, dans le pays d’Olmes, fabrique 86 quintaux de « cerceaux de fer » pour des marchands espagnols29. Le sous-préfet de Saint-Girons écrit que les forges du Couserans souffrent beaucoup de la rupture de 1808 avec l’Espagne parce qu’elles y vendaient du fer. De même, il n’existe que de rares et tardives indications sur l’importance des fers français en Catalogne. Dans la vall Ferrera, en 1801, un particulier voulant installer une forge présente comme un argument favorable à son projet le fait que cette usine évitera l’introduction des fers étrangers, et, par conséquent, la sortie de numéraire d’Espagne30.
Avec l’Andorre
30Dans le premier quart du XVIIe siècle, deux forges de Siguer et une forge dite de Vicdessos importent du fer de la principauté. Mais la crise économique du milieu du siècle interrompt l’activité sidérurgique des Vallées. Les Pyrénées ariégeoises exportent alors du métal en Andorre devenue importatrice. Ainsi, par exemple, Guilhem Areny établit une association avec Antoine, forgeron de Sullach dans le comté de Foix, qui à partir de 1668 vend à la principauté du fer provenant des forges de Siguer et de Tarascon qui centralise la production des usines voisines de Lacombe, Rabat, Niaux et Saurat. En 1685, un chargement de fer reçu par Nicolau Aldosa, forgeron d’Andorre, arrive tout droit de Tarascon puisqu’il faut payer le prix du transport via le port de Siguer. En 1691, Guilhem Areny spécifie qu’une partie du fer est directement payée à Alart, marchand de Tarascon. Mais la renaissance de la sidérurgie andorrane et son développement au XVIIIe et au XIXe siècle interrompent les exportations de métal ariégeois vers la principauté31.
31Il n’est guère possible de tirer des conclusions d’une documentation aussi déficiente. Il s’agit d’un courant modeste, peut-être parce que, outre l’irrésistible attraction de Toulouse, les vallées andorranes et espagnoles les plus proches sont, elles aussi, des vallées métallurgiques32. Il faut cependant remarquer que les forges roussillonnaises, profitant des hauts prix espagnols, entretiennent un fort courant commercial avec la Catalogne.
Et la contrebande ?
32Le marché espagnol est porteur. La croissance progressive de la demande espagnole aux XVIIIe et XIXe siècles, à laquelle l’industrie nationale ne peut totalement répondre, donne naissance à des mouvements de contrebande qui fournissent du fer ariégeois aux marchés catalans et espagnols, attractifs parce qu’ils pratiquent des prix élevés. Certains indices montrent que du métal passe de façon illicite vers le marché catalan via les ports du Vicdessos, de la région d’Ax et du Couserans33. En 1815, les facteurs des forges de la vall Ferrera se plaignent de la concurrence du fer français et de l’inefficacité des contrôles douaniers. L’origine du fer n’est pas précisée, mais la proximité géographique et les liens de relations font immédiatement penser à l’Ariège. En 1861, un homme transportant du fer français est arrêté par les carabiniers au port de Montgarri (haute Noguera Pallaresa)34.
33L’étude du commerce pyrénéen de la sidérurgie ariégeoise met en lumière un extraordinaire déséquilibre entre exportations et importations de fer brut. Preuve s’il en était besoin que les Pyrénées ariégeoises sont un grand centre de production de métal. Les volumes de ce trafic, tels du moins que nous pouvons les saisir, confirment aussi la forte orientation de la commercialisation du fer brut en barre vers des marchés extérieurs au massif, dominés par les marchands toulousains. Sans trop forcer le trait, nous pourrions dire que les fers ariégeois tournent le dos aux Pyrénées, dans une logique d’exportations massives.
Conclusion
34L’historien est frappé par la complexité de la géographie et des pratiques commerciales de la sidérurgie à la catalane des Pyrénées ariégeoises. Cette complexité démontre ses facultés d’adaptation. Des espaces dessinés par chacune des forges à la géographie créée par l’ensemble de la sidérurgie ariégeoise, ces effets d’échelle définissent un système productif local intégré dans un écosystème difficile et fragile où les hommes sont de plus en plus nombreux et révèlent son enracinement dans la société pyrénéenne. D’autant plus que l’étude des produits qui constituent le fret de retour des voituriers du minerai ou du fer montre que la sidérurgie contribue d’une façon décisive au ravitaillement et à la vie de la population montagnarde. Certes les marchandises proviennent d’abord de la plaine, mais les Pyrénées occupent aussi une place importante. Ainsi, les Pyrénées audoises sont devenues une voie commerciale entre le Roussillon producteur de vin et l’Ariège consommatrice. La circulation de ses matières premières et de ses fers montre que, dans les Pyrénées, la sidérurgie a préféré envoyer ses hommes, techniciens aux savoir-faire réputés et recherchés (facteurs, forgeurs, mineurs, charbonniers), plutôt que son métal.
Notes de bas de page
1 L. Hilaire-Pérez, « Cultures techniques et pratiques de l’échange, entre Lyon et le Levant : inventions et réseaux au XVIIIe siècle », Revue d’Histoire Moderne et Contemporaine, 49-1, janvier-mars 2002, p. 89-114.
2 C. Verna, Le temps des moulines. Fer, technique et société dans les Pyrénées centrales (XIIIe-XVIe siècles), Paris, Publications de la Sorbonne, 2001, p. 180-182 ; 251-252.
3 J. Cantelaube, Forge à la catalane et Forgeurs ariégeois. La longue fidélité des Pyrénées à la réduction directe du minerai de fer (XVIIe-XIXe siècle), thèse, Université de Toulouse-Le Mirail, 2002, p. 382- 445.
4 Arch. dép. Ariège, 1 C 161, mémoire au sujet des mines de la vallée de Vicdessos, sans date, mais vraisemblablement vers 1746-vers 1751.
5 C. Verna, Le temps des moulines. Fer, technique et société dans les Pyrénées centrales (XIIIe-XVIe siècles), op. cit., p. 125-128.
6 Dietrich, Description des gîtes de minerai, des forges et des salines des Pyrénées, Paris, Didot-Cuchet, 1786, p. 228-231 ; sa description est confirmée par Arch. dép. Ariège, 1 Mi 10, R 2 ; J. Cantelaube, Forge à la catalane et Forgeurs ariégeois. La longue fidélité des Pyrénées à la réduction directe du minerai de fer (XVIIe-XIXe siècle), op. cit., p. 254-267.
7 Arch. dép. Ariège, 3 J 16.
8 Arch. dép. Ariège, 1 Mi 10, R 1 et R 2 ; Arch. dép. Ariège, 1 J 212, délibération de la communauté de Vicdessos sur l’échange des mines avec les charbons des propriétaires des forges du Couserans et de Mijanès., le 25 février 1771.
9 D’Aubuisson de Voisins, Observations sur les mines et les mineurs de Rancié et sur l’administration de ces mines, Toulouse, Bellegarrigue, 1818, p. 39.
10 Arch. dép. Ariège, 3 J 16, mémoire au sujet des nouvelles forges que l’on projette de construire dans le pays de Foix et la province de Guyenne ; Arch. dép. Ariège, 1 C 164 ; Picot de Lapeyrouse, Traité sur les mines de fer et les forges du comté de Foix, Toulouse, D. Desclassan, 1786, p. 4-5.
11 Dietrich, Description des gîtes de minerai, op. cit., p. 450-453.
12 Arch. dép. Ariège, 1 C 41, 4 août 1751 ; Arch. dép. Ariège, 1 C 164.
13 J. Bonhôte, Forges et Forêts dans les Pyrénées ariégeoises, Aspet, PyréGraph, 1998, p. 155-161.
14 Arch. dép. Ariège, 14 M 181.
15 Arch. dép. Ariège, 15 J 1, Massat.
16 C. Fruhauf, Forêt et société, de la forêt paysanne à la forêt capitaliste en pays de Sault sous l’ancien régime (vers 1670-1791), Paris, Éditions du CNRS, 1980, p. 98, 102.
17 Arch. dép. Ariège, 3 Q 6628, enregistrement des actes sous seing privé, bureau de Tarascon, 27 novembre 1858.
18 Arch. dép. Ariège, 138 S 13, Montgailhard, 20 août 1824.
19 C. Mas, Història de la farga catalana El cas de la vall Ferrera, al Pallars Sobirà (1750-1850), Lleida, Pagès editors, 2000, p. 165-175 et notes 22 et 23.
20 B. Davasse, Forêts, charbonniers et paysans dans les Pyrénées de l’est du Moyen Âge à nos jours. Une approche géographique de l’histoire de l’environnement, Toulouse, GEODE, 2000, p. 142-143, 167- 168 ; Arch. dép. Ariège, 145 E suppl., série BB 7, 4 septembre 1757.
21 Arch. dép. Ariège, 145 E suppl., série BB 9, 2 octobre 1771, 5 septembre 1773 ; Arch. dép. Ariège, 1 J 318.
22 J. Cantelaube, Forge à la catalane et Forgeurs ariégeois. La longue fidélité des Pyrénées à la réduction directe du minerai de fer (XVIIe-XIXe siècle), op. cit., p. 506-556.
23 J. Bonhôte, J. Cantelaube, C. Rouaix, Forges et Forgeurs de l’Ariège, Foix, Archives départementales, 1988, p. 29.
24 Arch. dép. Ariège, 1 B 179171, forge de Niaux ; Arch. dép. Ariège, 3 J 7, marque des fers, 1731- 1746 ; Arch. dép. Ariège, 1 C 41, mémoire des États de Foix, 31 janvier 1746.
25 Arch. dép. Hérault, C 3600, mémoire du directeur Garipuy, 15 octobre 1748.
26 J. Cantelaube, Forge à la catalane et Forgeurs ariégeois. La longue fidélité des Pyrénées à la réduction directe du minerai de fer (XVIIe-XIXe siècle), op. cit., p. 342-374.
27 Bibliothèque municipale de Toulouse, Lmc 10 407 (XVIII-7).
28 Arch. dép. Ariège, 14 M 17.
29 Arch. dép. Ariège, 46 J 41, 1776.
30 C. Mas, Història de la farga catalana. El cas de la vall Ferrera, al Pallars Sobirà (1750-1850), op. cit., p. 254-256.
31 J. M. Bosch, O. Codina, A. Vila, « Hipòtesis i reflexions sobre la producció de ferro als Pirineus (segles XVII-XIX). De la farga del Puntal (1619-1636 ?) a la farga Rossell (1842-1876) », comunicació llegida al II Congrés Internacional d’Història dels Pirineus, 11 al 13 de novembre de 1998, Girona ; O. Codina, De fer et de laine. Économie et société des vallées andorranes de 1575 à 1875, thèse, Université de Perpignan, 2003, vol. II, p. 298-322 ; vol. III, p. 592.
32 De 1775 à 1781, il existe un flux commercial entre l’Andorre et un marchand de Saint-Girons, Bonnin, portant exclusivement sur un produit particulier : le fer cédat. Il concerne, entre les maîtres de forges Areny et Rossell, plus de 67 tonnes de fer, soit près de 25 000 livres tournois (6 % du fer produit par les forges du Serrat et d’Ordino au cours de cette période) ; O. Codina, De fer et de laine. Économie et société des vallées andorranes de 1575 à 1875, op. cit., vol. III, p. 596- 598.
33 G. Arnaud, Histoire de la Révolution dans le département de l’Ariège (1789-1795), Toulouse, Privat, 1904, p. 439 ; Arch. dép. Ariège, 1 C 265, Auzat ; Arch. dép. Ariège, 1 C 164, requête du sieur de Niaux ; A. Sirgant, « Contribution à l’étude du commerce sous le Ier Empire », Bulletin de la Société Ariégeoise Sciences, Lettres et Arts, 1933, p. 139-150 et 197, p. 412-423.
34 C. Mas, Història de la farga catalana. El cas de la vall Ferrera, al Pallars Sobirà (1750-1850), op. cit., p. 254-256.
Auteur
Docteur de l’Université de Toulouse II-Le Mirail. Chercheur associé à l’UMR FRAMESPA-CNRS/UTM et au La.M.O.P.-CNRS/Université de Paris I-Panthéon Sorbonne.
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