Avant-propos
p. 7-8
Texte intégral
1L’attention portée par les historiens aux leçons des littéraires et aux textes qu’ils explorent s’aiguisait déjà au moment où j’esquissais un projet de colloque, au cours de la décennie 1990. L’enseignement de Georges Duby au Collège de France (1970-1990) l’avait attisée, tout autant qu’à l’université de Toulouse-Le Mirail, les séminaires de Pierre Bonnassie. Sa lecture des Miracles de sainte Foy et son intérêt pour les compositions de la lyrique courtoise sont connus de tous ceux qui l’ont côtoyé. Maurice Berthe et Benoît Cursente ont inscrit dans le laboratoire toulousain l’alliance des disciplines dans les perspectives de l’institution qu’ils ont successivement dirigée. Le projet a donc longuement mûri avant de trouver au sein de Framespa, vers 2000, un accueil des plus favorables, assuré par les complicités qui font les bonnes entreprises.
2Deux lignes de force convergent dans le thème défini par les trois organisateurs, Mireille Mousnier, Laurent Macé et moi-même. D’une part, la confrontation des Guillaume historiques et des Guillaume hagiographique et héroïque, soutenue par l’abondance et la portée des sources historiques et littéraires : elle révèle l’indispensable alliance de l’histoire et de la littérature dans la quête, sinon d’une vérité, du moins de modes de représentation. D’autre part, l’approche des personnages eux-mêmes considérés dans leur destinée imaginaire : ils offrent des clés d’explication pour une histoire politique de la Francie méridionale et de l’Espagne chrétienne au cours du Moyen Âge central. Or, bizarrement, cet aspect n’avait encore jamais été envisagé frontalement. Certains littéraires, tels Rita Lejeune et Robert Lafont, en avaient bien entrevu l’importance sans disposer toutefois des apports de dossiers pr oprem ent h i storiques construits à partir de m étho des prosopographiques. Les Guillaume issus de Guillaume dit de Gellone apparaissaient donc comme des silhouettes s’effaçant à partir du Xe siècle derrière les Raimond, comtes de Toulouse, ou se déformant comme des figures spectrales recomposées par la légende.
3Nous avons voulu en cet automne 2004 proposer un colloque ambitieux associant historiens et littéraires soucieux d’échanger méthodes et points de vue. Les deux journées ont été fructueuses, elles ont fait avancer la captivante problématique des héros fondateurs. Nous livrons aujourd’hui, grâce à l’accueil offert par la collection « Méridiennes » , les prémices de ces riches réflexions.
4En cet instant d’achèvement, on ne peut oublier la présence fragile de Pierre Bonnassie qui, déclinant la présidence de séance, s’imposa cependant le déplacement. Épuisé et souriant, il est venu nous soutenir. Ce fut sa dernière apparition en public et, pour la plupart d’entre nous, la dernière occasion de le voir. Ce livre qu’il a inspiré lui est tout naturellement dédié.
Auteur
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