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Négoce et industrie à Mulhouse

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Isabelle Bernier

Préface

Serge Chassagne

Texte intégral

  • 1 CHASSAGNE Serge : Le coton et ses patrons, France, 1760-1840, Paris, 1991, 732 p.
  • 2 Aux origines de la révolution industrielle en Alsace. Investissements et relations sociale (...)

1Dans l’histoire de l’indiennage (production de toiles de coton partiellement colorées selon les techniques « indiennes » de l’application, à la planche de bois, de mordants métalliques avant le bain de teinture), Mulhouse occupe une place primordiale, dont témoigne toujours aujourd’hui le Musée de l’impression sur étoffes, plus que centenaire. Là, en effet, dans cette petite république municipale alliée aux Cantons suisses, fut créée en 1746 (80 ans néanmoins après les premières manufactures européennes à Londres ou à Amsterdam, et plus de trente ans après la voisine bâloise), la première manufacture d’indiennes de l’espace alsacien, qui en engendra de nouvelles par scissiparité, et servit bientôt de matrice aux premières manufactures dans le royaume de France (à Angers, 1752, à Paris, 1756 ou à Nantes, 1758), qui fit alors se multiplier les entreprises concurrentes (plus de 130 créations jusqu’en 1789)1. L’Histoire documentaire de l’industrie à Mulhouse et ses environs au xixe siècle, publiée en français à Mulhouse en 1902, constituait jusqu’alors la référence obligée sur l’histoire du développement exponentiel de l’impression sur tissus, puis de l’intégration amont de la filature et du tissage du coton dans la ville (6 000 habitants au moment de la « réunion » à la France en janvier 1798) et hors de la ville, dans l’espace alsacien. Certes, pour la vallée de la Thur, partie de l’Alsace française depuis 1648, on diposait depuis 1980 de l’étude pionnière de Jean-Marie Schmiit2, mais les raisons et les moyens de création de l’impression sur étoffes à Mulhouse même restaient encore obscures. C’est le mérite du présent travail de Mme Bernier de nous les rendre enfin intelligibles, au prix d’un laborieux dépouillement d’archives locales (écrites évidemment en « gothique »). Elle nous permet de mieux connaître l’avènement d’un capitalisme marchand dans la cité, et les institutions municipales originales conséquentes (le Directoire de Commerce, établi en 1715, formé de six marchands désignés par le Magistrat et transformé en 1725 en tribunal des marchands, ou Kaufmanns Gericht), avant de nous décrire dans une seconde partie « la naissance de l’indiennage à Mulhouse », entre 1746 et 1759, puis « l’expansion des entreprises » entre 1759 et 1785 (27 manufactures d’indiennes à cette date), avec leurs conséquences administratives, sociales et politiques. L’arrêt de Calonne en juillet 1785, qui prohibe désormais toute importation dans le royaume de toiles blanches ou imprimées étrangères, pose aux entrepreneurs mulhousiens un redoutable défi, résolu finalement, on le sait, par l’intégration dans l’espace douanier en 1798. Cette histoire ne concerne pas seulement les Mulhousiens, mais tous les historiens toujours soucieux de comprendre « comment tout a commencé », selon les mots de W. Rostov.

Notes

1 CHASSAGNE Serge : Le coton et ses patrons, France, 1760-1840, Paris, 1991, 732 p.

2 Aux origines de la révolution industrielle en Alsace. Investissements et relations sociales dans la vallée de Saint Amarin au xviiie siècle, Strasbourg, Istra, 391 p.

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