Les enjeux de la « nouvelle histoire » nigérienne universitaire
p. 239-240
Texte intégral
1Depuis l’indépendance, maintes personnalités du monde politique ont érigé l’histoire comme l’une des assises essentielles de la construction nationale. Beaucoup d’universitaires nigériens n’ont de cesse de rappeler, à diverses occasions, cette fonction quasi-ontologique que revêtirait leur discipline. L’une des finalités majeures de leurs travaux se situerait à ce niveau : la recherche historique nigérienne revendique pour elle-même une place de choix dans la gestation de la jeune nation.
2Certes, il ne va pas sans dire que l’historiographie nationale serre de près les objectifs généraux alloués à l’histoire de l’Afrique depuis les indépendances. Au travers des thématiques liées à cette préoccupation identitaire nigérienne, nous ne serons pas surpris de retrouver ces opérations de révisions des savoirs antérieurs, ou les discordances de points de vue entre approches émiques et étiques au passé africain. Certaines questions, telles que la prédominance des relations pacifiques entre les peuples de l’espace nigérien à l’époque précoloniale, pourraient être appliquées aux débats de fond qui activent les milieux des spécialistes en histoire africaine, en particulier ceux qui se sont investis au niveau de l’Histoire de l’Afrique, élaborée sous l’égide de l’Unesco.
3Cependant, les problématiques privilégiées par l’axiologie nationale individualisent fortement le passé du Niger en même temps que son histoire. Comment pourrait-il en être autrement ? Au-delà des projets unitaires, la recherche dans le passé des justifications à l’édification d’une nouvelle (puis jeune) nation se passerait difficilement de cette séparation d’avec le tronc commun.
4Ainsi s’instaure une complexe dialectique entre l’histoire de l’Afrique en général et celle du Niger en particulier. Des thématiques telles que la construction territoriale, les relations entre nomades et sédentaires, le caractère pacifique et intense des échanges entre peuples nigériens depuis les époques les plus reculées, celles liées aux résistances à la pénétration coloniale ou encore celle, peut-être la plus fondamentale, de l’islam nigérien, suscitent des regards tantôt divergents, tantôt convergents, entre les différents acteurs de cette histoire en constante construction et reconstruction. Là encore, les positions ne sont pas monolithiques, que l’on envisage l’héritage des savoirs de l’époque coloniale que l’on rejette ou que l’on instrumentalise, ou les apports de l’historiographie exogène – celle des historiens non nigériens – ou des apports d’autres disciplines des sciences sociales.
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