L’élaboration d’une « nouvelle histoire » nigérienne
p. 39-40
Texte intégral
1La recherche et l’enseignement supérieurs de l’histoire sont relativement récents : ils furent tributaires des aléas liés à la création de l’université Abdou Moumouni de Niamey dans les années70. Le département d’histoire ne fut vraiment fonctionnel qu’à la fin de cette décennie (le premier mémoire de maîtrise est soutenu en 1982). À partir de cette période, la production universitaire nigérienne prend de l’ampleur. Une nouvelle phase dans le processus de production historique s’amorce1.
2Dès les années 70 se manifestent deux tendances qui paraissent avoir inspiré maintes recherches universitaires nigériennes. Toutes deux – l’une acquise au principe d’histoire totale, l’autre à la mise en valeur d’un axe d’approche davantage orienté en fonction de thématiques à caractère politique – visent cependant, au final, un seul objectif : amasser le plus de connaissances possibles et défricher un champ historiographique souvent inexploré. Un tel objectif, qui demeure encore d’actualité au sein de la recherche universitaire nigérienne en histoire, pourrait avoir comme inconvénient (et non l’un des moindres), de freiner le mouvement de problématisation des recherches menées et de négliger certaines formes d’approches, comme la « micro-histoire ».
3Les savoirs savants s’élaborent ainsi par des spécialistes labellisés « historiens » à partir des années70 dans le cadre d’un département de recherche et d’enseignement autonome des structures préexistantes. La nouvelle historiographie en construction n’évolue pas cependant en vase clos : elle doit composer avec d’autres champs de recherche, avec qui elle tente de se situer… et de s’affirmer. L’histoire de l’époque coloniale, les travaux d’autres disciplines en sciences sociales (anthropologie et sociologie en particulier), mais aussi les chercheurs en histoire d’origine étrangère – notamment français – amènent la jeune discipline académique à entretenir des relations parfois faites d’ouvertures ou de fermetures aux apports et aux débats externes à la « bulle » historienne locale. Dans cette complexe dialectique entre histoires « de l’intérieur » et « del’extérieur », les spécialistes nigériens ne s’expriment pas d’une seule voix : les discours révèlent de nombreuses discordances.
4L’une des ambitions affichées par les historiens est la vulgarisation des fruits de la recherche auprès d’un public aussi nombreux que possible. Cependant, le glissement depuis l’histoire savante vers l’histoire scolaire connaît d’importants blocages depuis l’indépendance, même si on assiste à une réelle « nigéranisation » des programmes et des supports pédagogiques disponibles, en particulier au niveau de l’école primaire.
Notes de bas de page
1 Nos informateurs sur place sont demeurés vagues quant aux circonstances dans lesquelles le département d’histoire vit le jour. Ils évoquèrent surtout le contexte général qui prévalu à la création de l’université Abdou Moumouni, fruit d’un projet de partage des tâches avec la faculté de Ouagadougou – à la première devait revenir le volet littéraire, à la seconde la partie des sciences exactes – qui ne vit jamais le jour et aboutit finalement à la création de deux institutions universitaires nationales totalement distinctes. Selon Mme C. Coquery-Vodrovitch, le département d’histoire de l’université de Niamey fut fondépar un jeune V.S.N., Jean-Jacques Beaussou, rejoint l’année suivante par Jean-Louis Triaud.
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Des paysages, des techniques et des hommes. Les techniques de préparations des minerais de fer en Franche-Comté, 1500-1850
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2014
« Rapprocher l’école et la vie » ?
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Sedes Sapientiae
Vierges noires, culte marial et pèlerinages en France méridionale
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Huit ans de République en Espagne
Entre réforme, guerre et révolution (1931-1939)
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2017
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