Introduction

COLLÈGE (n. m., lat. collegium, regroupement). Maison destinée à assurer gîte et couvert aux étudiants. Fondée par un donateur, sous forme associative, dotée de statuts qui en assurent la discipline matérielle et spirituelle, elle possède et gère un patrimoine grossi de legs ; elle est susceptible d’accueillir des enseignants rémunérés et de former ainsi un lieu d’enseignement (…).1

1Voici l’une des meilleures définitions du collège universitaire séculier, institution évidemment bien différente des établissements contemporains et modernes qui a fait partie intégrante de l’histoire intellectuelle de Toulouse du milieu du xiv^e siècle à sa suppression en 1791. Ces établissements ont, plus que l’université elle-même, marqué son paysage urbain. Aujourd’hui encore il en reste des vestiges significatifs (l’un d’entre eux, le collège de Foix fondé en 1457 est même quasiment intact), mais la mémoire des Toulousains n’en conserve qu’une série de brèves monographies menées dans le cadre des sociétés savantes qui nous réunit aujourd’hui. Comme le constatait Jean Faury en 1970, leur histoire n’a pas vraiment été faite2. Des nombreuses problématiques soulevées par le développement de cette institution à Toulouse je ne retiendrai, pour cet exposé, que deux grandes questions :

• Quand et comment ces collèges s’implantent-ils à Toulouse ?
• Quelle a été leur place dans l’université ?

L’implantation des collèges

Les premiers collèges de l’université de Toulouse, des pionniers malheureux

2La naissance des premiers collèges séculiers reste assez mal connue. On s’accorde à en situer l’origine à Paris dans une imitation laïque des fondations régulières dont est issu le terme même de collegium, peut-être à l’occasion des conflits entre l’institution universitaire et les ordres mendiants autour de l’enseignement de la théologie. Les hospitia, maisons où vivaient en communauté d’intérêts maîtres et étudiants parisiens, ont pu également constituer une autre source inspiratrice. Ainsi va peu à peu se dégager des fondations régulières et des simples hospices une institution qui se développe d’abord dans l’université de Paris à la fin du xii^e siècle avec la fondation des collèges des Dix-huit, en 1180, et du Louvre en 1186. Ces collèges, s’ils restent parfaitement liés à l’université, la précèdent en tant qu’institution puisque la bulle de création de l’université de Paris, la célèbre « parens scientiarum », date de 1231. Mais il est vrai que cette bulle ne fait qu’entériner l’existence d’un studium qui fonctionnait depuis au moins un demi-siècle.

3Les principaux collèges de l’université de Paris sont déjà fondés à la fin du xiii^e siècle et le mouvement s’accélère au début du xiv^e siècle : « On n’a jamais fondé autant de collèges à Paris que pendant le règne de Philippe VI »3 constate Nathalie Gorochov. Lorsque le chancelier Jean de Dormans inaugure sa fondation en 1370, quarante-cinq établissements ont déjà été ouverts dans la capitale du royaume. Le rythme de création de collèges finit par se ralentir sous le règne de Charles VI, au plus fort de la guerre de Cent Ans, et, de 1350 à 1500, on compte une vingtaine de fondations seulement. Les collèges de Sorbonne fondé en 1257, de Navarre fondé en 1305, sont sans doute les plus célèbres des établissements parisiens. Ils se distinguent particulièrement par l’influence qu’ils exercent sur l’université et les institutions royales.

4Les premiers statuts universitaires toulousains se sont préoccupés d’assurer la subsistance des très controversés « pauvres clercs »4. Dès 1245, le 19 septembre, le pape Innocent IV s’adresse à l’évêque de Toulouse pour lui ordonner « de faire en sorte que les écoliers pauvres, étrangers à la ville de Toulouse, soient reçus et entretenus convenablement dans les hôpitaux de la dite ville »5. Des étudiants « pauvres » sont précocement hébergés par l’hôpital Saint-Raymond, dès 1233, comme le rappelle Jean Faury dans son étude des collèges toulousains du xiii^e siècle6. Cependant, malgré l’affectation aux étudiants, le 4 mai 1256, d’une maison léguée à l’hôpital quelques années plus tôt par l’évêque d’Agen, on ne peut que partager sa conclusion : « Ce n’est pas encore un “Collège” au sens plein du mot, même si le mot “Collège” est déjà employé pour désigner ce qui demeure une simple annexe d’un hôpital »7.

5Localement, le premier « vrai » collège, maison exclusivement consacrée à l’accueil d’étudiants, reste celui dit « de Vidal Gautier » dont la fondation remonte à l’année 1243. Il s’agit d’une fondation laïque pour douze pauvres clercs des douze diocèses du Midi, assise sur le don de 18 maisons. Ce premier collège toulousain disparaît très tôt ou n’apparaît peut-être même pas puisqu’il n’en existe aucune mention postérieure à l’acte de fondation8…

6Peut-être faut-il chercher dans la création des grands collèges monastiques de la ville, à la fin du xiii^e siècle, l’impulsion nécessaire à l’apparition des premières fondations séculières. Le collège Saint-Bernard fondé par l’abbaye cistercienne de Grandselve en 1281, le collège des bénédictins de Moissac ou collège de Saint-Pierre-des-Cuisines et celui de Boulbonne à peu près contemporains (1286-1290) donnent sans doute un exemple édifiant malgré leurs notables différences de vocation et de fonctionnement. À la même période, l’essor des études de droit crée certainement dans l’université de Toulouse la « masse critique » d’étudiants nécessaire aux fondations séculières. Enfin, l’exemple parisien a sans doute été l’un des éléments, sinon le principal, déclencheurs d’une nouvelle vague de fondations, bien tardive certes mais désormais irréversible.

7Il faut toutefois attendre 1319, et même 1329 si l’on prend en compte l’exécution de la fondation, pour qu’un second collège séculier, bien réel celui-là, soit fondé par le célèbre canoniste Guillaume de Montlauzun. Ce collège, situé hors de l’enceinte, dans la « bastide » de La Maynaderie, survivra sous le nom de son fondateur mais connaîtra une histoire agitée puisque au cœur de la période étudiée le nombre de ses boursiers sera réduit de six à deux (1397), rendant ainsi son existence plus que confidentielle…

8Cependant, en ce début de siècle, une unique fondation séculière pour seulement six étudiants n’aurait su satisfaire une université en plein essor. En 1329, la réforme de l’université de Toulouse « ordonnée par le pape Jean XXII » déplore, dans son article XII, « de elemosinis clericis pauperibus erogandis », la situation de ces pauvres clercs et recommande qu’à l’exemple de Paris « quod quelibet domus scolarium in studio predicto studentium (…) de residuo fragmentorum mense sue saltem unum pauperem clericum alimentat »9. Quarante jours d’indulgence seront accordés à tous ceux qui agiront de la sorte. Mais la situation tarde à s’améliorer et il semble même que l’on puisse évoquer une véritable crise du logement étudiant au lendemain de « l’affaire Aimery Bérenger ». Faut-il d’ailleurs y voir un épisode supplémentaire des tensions suscitées par le tragique fait divers ?

9Le28 novembre 1337, Benoît XII mandate les autorités ecclésiastiques pour vérifier l’usage des fonds légués aux écoliers pauvres de la ville10. Cette intervention laisse supposer que des plaintes lui sont déjà parvenues sur ce sujet. Le29 octobre 1338, c’est l’administration royale, sous la forme d’un mandement de Philippe VI, qui s’intéresse au logement des étudiants. Nous y découvrons l’existence d’une commission paritaire de taxateurs avec deux représentants de la ville et deux de l’université, et d’un conflit entre ces mêmes taxateurs trop partialement résolu, semble-t-il, au bénéfice de l’université par l’archevêque11. Le20 septembre 1341, c’est l’université elle-même qui statue, en assemblée générale, sur les logements12. Les statuts interdisent successivement le cumul de logements, les transferts monnayés, les vacances de logement en cas d’absence. En 1343 et 1344, les injonctions précédentes doivent être renouvelées par les mêmes autorités et pratiquement sous la même forme, mais les « maisons » toulousaines ne paraissent pas en état de satisfaire à ces obligations canoniques. En 1365 encore, Urbain V mentionne explicitement des insuffisances et évoque même des détournements de fonds :

(…) cum s. Raymundi, de Narbona, de Verdala, de La Maynaderia, de Montelauduno et Petri Berengarii nuncupate pauperum scolarium Tholosan. domus, propter culpam negligentiam administratorum dictarum domorum in suis redditibus diminute, ad tam debilem statum devenerint quod iidem pauperes scolares inibi studentes nequeunt de ipsis redditibus congrue sustentari.13

10Les réformateurs exigent alors la vérification des comptes de chaque « gouverneur » par ses confrères, sous l’autorité du recteur ou du syndic de l’université capables de poursuivre les contrevenants.

11Constatons qu’à l’époque du plus grand essor des collèges parisiens14, les premiers établissements séculiers toulousains sont mort-nés, stagnent ou disparaissent, alors même que l’insertion des étudiants dans la ville ne va pas de soi. Peut-on alors considérer que les « grands collèges » de la deuxième moitié du xiv^e siècle viennent combler un manque ?

Le succès des fondations de la seconde moitié du xiv^e siècle : « les quatre grands collèges »

12Mal engagé et quasi-moribond à la fin du xiii^e siècle, le mouvement de création de collèges séculiers connaît dans la dernière moitié du xiv^e siècle un renouveau spectaculaire qui consacre définitivement l’institution. En effet au milieu du xiv^e siècle apparaissent successivement les grands collèges de juristes avec les deux pionniers que sont les collèges de Verdale (1337), du nom de son fondateur, Arnaud de Verdale, curialiste et futur évêque de Maguelone, et le collège de Narbonne fondé en 1341 par Gasbert de Laval, archevêque de Narbonne, camérier de trois papes d’Avignon. À ces deux établissements s’ajoutent en peu de temps ceux qui longtemps se nommeront les « quatre grands collèges » : la fondation la plus riche, le collège Saint-Martial, le « collège du pape » fondé par Innocent VI en 1359, puis celles de ses propres neveux les cardinaux de Maguelone (1361) et Pampelune (1382) dont les collèges conserveront le nom. L’autre grande fondation est le collège de Périgord fondé par un cadet de la famille comtale, Hélie Talleyrand, lui aussi cardinal. Cette liste s’allonge assez vite par une série d’établissements plus modestes comme le collège de Montrevel ou Lectoure (1369) et de refondations comme la transformation de l’hospice Saint-Raymond en collège de juristes à la fin du xiv^e siècle.

13Dans l’historiographie des collèges toulousains il est courant d’attribuer au pape Innocent VI l’impulsion décisive, d’en faire « la » source inspiratrice et tout aussi courant d’y voir le simple témoignage de sa reconnaissance pour la ville qui a abrité ses études, reconnaissance d’ailleurs explicitement mentionnée dans ses déclarations d’intentions. On s’accorde donc à voir dans la décision pontificale de créer un collège à Toulouse le fruit d’une conscience aiguë des besoins de l’Église associée aux souvenirs plus intimes d’un homme au soir de sa vie. Cette vision n’a jusqu’ici souffert d’aucune discussion, fait l’objet d’aucun débat. On a ainsi prudemment escamoté l’influence des deux grandes fondations antérieures réussies, celle des collèges de Verdale et de Narbonne qui rendait la thèse d’un modèle martialiste originel plus difficile à soutenir. Cette antériorité fait-elle pour autant d’Innocent VI un simple continuateur, voire imitateur d’un mouvement plus profond ? Rappelons, avant d’y revenir, que les fondateurs des collèges de Verdale et de Narbonne, issus du même milieu, ayant fréquenté les mêmes lieux pour mener les mêmes études, sont socialement et intellectuellement très proches d’Étienne Aubert au sein de la curia romana d’Avignon.

14Ces fondations sont-elles alors la conséquence directe des sollicitations pontificales ? Peut-on aller jusqu’à évoquer dans ce domaine une politique commune des papes d’Avignon ? Cette hypothèse ne manque pas d’arguments en sa faveur, particulièrement depuis les travaux de Bernard Guillemain et de tous ceux qui ont contribué à une meilleure connaissance de ces papes d’Avignon et de leur œuvre administrative. On sait que l’installation de la papauté à Avignon l’a partiellement privée de son personnel bolonais. Pour reconstituer l’administration pontificale, il fallait élever le nombre de gradués et plus tard, avec le schisme, de gradués de l’obédience. Pour constituer les cadres de cette administration, les légistes ont certainement été jugés plus efficaces que les théologiens et l’université de Toulouse en était un grand vivier.

15L’origine géographique et le lieu de résidence ont également rendu préférable le recrutement de méridionaux. La barrière linguistique a sans doute ralenti l’élargissement du recrutement aux régions septentrionales du royaume de France. Ce dernier point est trop rarement souligné et l’on attribue souvent au seul népotisme la faveur dont bénéficient les gradués méridionaux… Jean XXII lui-même reconnaît, dans un échange de lettres avec Charles IV, qu’il doit avoir recours à un traducteur15… Innocent VI, accordant des privilèges à la faculté de théologie de Toulouse, déclare accéder à la requête de ceux qui se sentent discriminés à Paris par les privilèges de la nation française et veulent étudier la théologie « in dictis civitate et studio tolosano que in lingua occitana solemniora existunt »16. Il faut aussi avoir à l’esprit que la population locale, les laïcs qui servent quotidiennement le pape à Avignon – huissiers, sergents d’armes, domestiques, etc. – ont besoin d’être dirigés par des occitanophones. Les princes de l’Église ont également besoin de ces gradués pour la gestion de leur maison et les échanges au quotidien sont sans doute facilités par l’usage de la langue d’oc. Ne surestimons pas toutefois cet aspect pratique : la composition de la familia de Pierre de Monteruc, bien connue depuis l’étude de Jacques Verger, nous prouve qu’il n’y a pas en ce domaine recrutement systématique de compatriotes17.

16À la même époque, l’administration royale, dont l’importance et l’efficacité croissante marquent les esprits, sert de modèle. Elle utilise déjà largement les gradués des grands collèges parisiens, Sorbonne, Navarre et Dormans-Beauvais en particulier, et la sollicitude de la monarchie pour ces maisons est désormais bien établie. Il aurait été étonnant que la papauté d’Avignon confrontée aux mêmes exigences de bonne gouvernance n’ait pas mené à leur égard la même politique. Renforcer et discipliner les universités, en augmenter et élargir le recrutement par la multiplication des collèges entrait donc dans le cadre d’une politique cohérente.

17Nous n’avons aucune preuve qu’Arnaud de Verdale et Gasbert de Laval aient été directement incités à fonder un collège par les prédécesseurs d’Innocent VI, Jean XXII, Benoît XII et Clément VI. Ceux-ci avaient sans doute d’autres priorités et tout d’abord celle de créer ou renforcer les universités elles-mêmes avant de s’occuper des collèges. Ils ne s’en sont pas pour autant désintéressés, nous avons pu déjà le constater à travers les sollicitations pressantes et les interventions diligentées à Toulouse pour encadrer et sauver – en vain – les premiers collèges de l’université18. Innocent VI, Urbain V et Grégoire XI en sont d’ailleurs des fondateurs directs ; ils ont eu constamment à l’esprit ce souci de renforcement comme le montrent les créations spectaculaires mais éphémères de collèges d’artiens dans le Comtat Venaissin. L’implantation de collèges ruraux dans des localités aussi insignifiantes que Gigean, Saint-Germain-de-Calberte, Saint-Roman-de-L’Aiguille et Trets, témoigne, à l’exemple du Soissonnais, de cette urgence à alimenter le studium local à partir d’un vivier de clercs aptes à suivre les cours des facultés supérieures au plus près des besoins de la Curie19. Contemporains et historiens ont tous distingué le pontificat d’Urbain V comme la manifestation évidente d’une politique universitaire que le pape lui-même a revendiquée par des déclarations explicites et consacrée par des actes, à un point tel que le souvenir d’Urbain V est inséparable du studium montpelliérain. Nous pouvons en outre relever la contemporanéité des rares créations de collèges d’artiens dans les universités de Cahors (Pélegry et Rodez) et Toulouse (Maguelone, Montrevel) sous le pontificat d’Urbain V : est-il trop audacieux d’y voir une volonté commune, inspirée par le pape, d’assurer un recrutement suffisant et une propédeutique aux études de droit ?

18On ne peut donc pas prétendre qu’en 1359, avec Saint-Martial, Innocent VI inaugure le mouvement de création de collèges à Toulouse, car il a été précédé, de peu, par Arnaud de Verdale et par Gasbert de Laval. Cependant Innocent VI, constituant de son vivant un grand et solide collège de juristes, se situe sinon à la base du moins au cœur de ce mouvement : il lui donne en effet une impulsion décisive et innove en établissant des bourses de droit là où ses prédécesseurs – et quelques-uns de ses successeurs – privilégiaient des artiens. Dans les collèges, la précoce et radicale disparition de ces derniers au profit des juristes tendrait à prouver que sa vision était plus réaliste ou en tout cas mieux adaptée aux conditions locales. À partir de 1359, Toulouse va donc se distinguer nettement des universités voisines par l’importance et la continuité des fondations. Il va de soi que cette impulsion aussi déterminante soit-elle ne doit pas tendre à systématiquement attribuer au pape la paternité des œuvres ultérieures.

19Au xv^e siècle, les fondations se poursuivent, en dépit d’une conjoncture économique et politique peu favorable, avec le collège de Mirepoix fondé en 1417 par l’évêque du lieu, Guillaume Du Puy, suivi de celui de Saint-Flour fondé en 1420 par l’Auvergnat Pierre Sulpin, évêque de Bazas, de celui de Saint-Girons, fondation de Jean Balaguier (1429), et enfin du collège de Foix créé par le cardinal Pierre de Foix en 1457.

20Le groupe homogène des curialistes d’Avignon a disparu. Il ne sera pas renouvelé. Restent à Toulouse des isolés, docteurs-régents de l’université, anciens évêques de l’obédience avignonnaise. C’est parmi ces « survivants » aux pouvoirs limités, à l’influence et à la fortune amoindries que l’on va trouver les responsables des dernières fondations. Ces hommes ne sont guère différents des précédents : ils mènent un début de carrière identique ; seule la disparition de la curie avignonnaise les marginalise en les privant de la possibilité de poursuivre une carrière plus brillante et d’accéder aux plus hautes charges et au cardinalat, à l’exception notable de Pierre de Foix. Il faut d’ailleurs noter que certains d’entre eux, Pierre de Foix bien sûr, mais aussi Pierre Sulpin qui y possède une maison20, ont séjourné à Avignon pour y mener des études dans le studium pontifical ou y occuper certaines charges. La faction limougeo-quercinoise du Sacré Collège a elle aussi disparu et les origines géographiques des fondateurs ont tendance à se diversifier. Guillaume Du Puy et Pierre Sulpin partagent une même origine auvergnate, Jean Balaguier est un Pyrénéen, originaire de Saint-Girons. Ils se retrouvent tous par contre dans le milieu universitaire toulousain sans en être, comme Pierre Sulpin, forcément issus.

21En perpétuant le système de la réservation de bourses aux compatriotes du « pays » d’origine, les fondations du xv^e siècle semblent apporter au mouvement de création de collèges une dimension supplémentaire : un « rééquilibrage régional » au profit de zones de recrutement éloignées des universités de Toulouse ou Cahors et non encore pourvues d’un foyer d’accueil. Dans la zone d’attraction de l’université de Toulouse, ce rééquilibrage concerne en particulier des villes et diocèses les plus périphériques : méridionaux (Mirepoix, Saint-Girons, diocèses gascons) ou septentrionaux comme ceux de Saint-Flour et du Puy-en-Velay. On peut véritablement parler de deuxième cercle de recrutement par rapport aux fondations antérieures. Le collège de Mirepoix répartit ainsi ses huit bourses : un prêtre perpétuel ou chapelain du diocèse de Mirepoix, deux autres pour le même diocèse, y compris le collégiat originaire de Belpech, deux du diocèse de Rieux et un de la province d’Auvergne. Les deux dernières bourses sont laissées libres, destinées à accueillir des étudiants « de undecumque »… Comme son nom l’indique, le collège de Saint-Girons va réserver la totalité de ses six places à cette cité dont les consuls sont institués collateurs et patrons. Le cardinal Pierre de Foix procède lui aussi à une répartition minutieuse de 19 des25 places de collégiats qu’il crée à Toulouse afin de n’oublier aucun des « pays » de son comté et des bénéfices qu’il a occupés : trois sont réservées au comté de Foix, deux attribuées au diocèse de Lescar, trois au diocèse d’Oloron et au Béarn, une au diocèse de Dax, une à la vicomté de Nébouzan, une à la vicomté de Marsan et Gabardan, deux au diocèse de Tarbes, une au comté de Castelbon et à la vallée d’Andorre, deux aux vicomtés de Lautrec, Narbonne et Villemur ! Les Auvergnats du diocèse de Saint-Flour obtiennent de leur compatriote Pierre Sulpin, évêque de Bazas, la fondation d’un collège qui portera le nom de la ville : « Il apparaît avec certitude que ce fut sous la pression des Auvergnats résidant à Toulouse que Pierre Sulpin les fit participer à l’exécution de son testament »21. Enfin, tous les fondateurs du xv^e siècle peuvent s’appuyer sur une connaissance personnelle des fondations précédentes, en particulier celle des quatre grands collèges cardinalices, enrichie des expériences réformatrices, des succès et des difficultés rencontrées au cours de leurs premières années d’existence. Ainsi Guillaume du Puy, archidiacre de Rieux, a pu assister son évêque Gaucelme de Bosquet dans la grande réforme du collège Pélegry de Cahors, même s’il revendique à plusieurs reprises l’exemple des statuts du collège de Pampelune. Jean Balaguier a fait partie des défenseurs du collège de Périgord dans son procès-fleuve pour le bénéfice de Montaigut-sur-Save. Pierre Sulpin et Pierre de Foix ont aussi connu les premiers collèges avignonnais. Du délai parfois important entre la première manifestation d’intention et l’exécution on peut déduire que le temps de réflexion a été supérieur ou, plus prosaïquement, que les difficultés matérielles ont rendu l’exécution plus compliquée et donc plus lente. Mais, signe d’une maturité acquise par l’expérience des fondations antérieures, les derniers collèges ont été peu ou pas réformés, réserve faite de sources incomplètes.

Les collèges toulousains : fondations et réformes

« Universitas Tholosana mater cum suis membris collegiis »

22Par cette formule utilisée lors d’un procès, les collèges montrent qu’ils souhaitaient pleinement s’inscrire dans l’université, l’alma mater. L’esprit de corps d’une institution se construit aussi par l’image que le monde extérieur lui renvoie : comment l’université a-t-elle perçu ces « domus sapientie » qui se réclamaient d’elle ; les a-t-elle pleinement acceptées ou a-t-elle dû les contenir, réfréner les ambitions nées de leur succès ?

23Rappelons que dans son testament fondant le collège qui devait porter son nom, Arnaud de Verdale, traitant des études de ses futurs boursiers avait déjà explicitement ordonné qu’ils soient et demeurent à perpétuité « de corpore universitatis dicti studii »22 tant que celle-ci existerait. La position des fondateurs de collèges a longtemps été sans ambiguïté même chez les derniers d’entre eux, à une époque où apparaissent dans les collèges les signes indubitables d’une différence. Il s’agit toujours d’accroître l’effectif des étudiants en leur assurant par l’hébergement et la discipline les meilleures chances de succès. Les réformes des collèges, la disparition des bourses d’artiens au profit de celles de juristes ont montré la capacité d’adaptation au cadre universitaire. Nous aurions pu voir dans un autre développement les études des collégiats s’inscrire tout aussi parfaitement dans le cadre universitaire avec ici ou là tentation d’en renforcer l’efficacité, jamais de s’en affranchir. Cependant le dynamisme de l’institution collégiale ne pouvait rester sans conséquences, en particulier dans la période agitée du début du xv^e siècle où sa puissance financière, à peine affaiblie, renforce son attrait et donc son influence. C’est aussi le moment où les plus efficaces et les plus ambitieux des collégiats s’installent dans leur chaire de docteur-régent, au cœur même de l’université.

L’intégration (xiv^e-milieu xv^e siècle)

24De fait, l’université a presque toujours été – même formellement – associée et représentée à la création des collèges. Arnaud de Verdale et Gasbert de Laval ont immédiatement inscrit leurs boursiers dans les cours de l’université et celle-ci a même fini par prendre en charge la gestion des entrées aux collèges de Verdale, de Montlauzun et de Narbonne en la personne du recteur, collateur des places vacantes. Elle a peut-être aussi eu la responsabilité du mystérieux collège du studium23. On voit ainsi en août 1421 une assemblée générale de l’université délibérer pour autoriser le recteur, patron du collège, à recueillir un legs des frères Flandin, cardinaux d’Auch et de Saint-Eustache, fait au collège de Narbonne24. L’université, patronne du collège de Narbonne, ne pouvait donc laisser passer sans réagir l’épisode de l’attaque du collège par la populace lors de la célèbre « affaire Saint-Cricq ». En témoigne sa sécession face à la mise à sac de ce dernier collège, en 1426, et sa forte implication dans le procès qui s’ensuit25. Cette affaire, après celle d’Aymery Béranger, aurait même provoqué la dernière grève universitaire connue. Il n’y a pourtant guère de traces d’une telle sécession qui ne pouvait durer et, paradoxalement, du fait même de la présence des collèges : « Avec les collèges, la menace, même symbolique, de la sécession perdait tout son sens ; l’université était définitivement ancrée dans la ville »26. De même, l’université avait fait cause commune avec les collèges contre les exigences fiscales des capitouls. Elle soutiendra également le collège de Pampelune dans le long procès pour l’union de la cure de Saint-Julia ou celui de Périgord dans ses tentatives d’annexion du bénéfice de Montaigut27. Mais à cette époque ce soutien est déjà plus formel qu’actif, les statuts et privilèges universitaires n’étant pas en cause dans ces affaires.

25L’université, en la personne des recteurs et bedeaux, possède également le droit de visite des autres établissements. Ce « droit de visite », sorte de patronage moral, est plusieurs fois cité ; malheureusement la faiblesse des sources universitaires ne nous permet pas d’en connaître le rythme et les sanctions. Un seul procès-verbal, fort succinct, nous informe qu’en 1373, le recteur Pierre Gilbert a procédé à la visite des collèges Saint-Raymond, de Narbonne et Montlauzun. Il y a remarqué un nombre de pensionnaires supérieur à celui autorisé par les statuts, seize boursiers au lieu de treize au collège Saint-Raymond, huit au lieu de six au collège de Montlauzun28. Dans ce dernier collège, le recteur se fait même présenter les comptes. On peut aisément deviner que ces « inspections » devaient être régulières sans toutefois être exigées de chaque recteur. Par contre il n’en existe aucune trace dans les registres de comptes des « grands collèges ».

26En contrepartie, si l’on peut dire, les collèges de Périgord, Saint-Martial, de Pampelune et Saint-Raymond ont droit à un jour chômé dans le calendrier universitaire toulousain, celui de la fête de leur saint patron. Toutefois, si l’attribution de ce jour chômé ne semble pas avoir posé problème pour la Saint-Martial et la Saint-Front, il n’en a pas été de même pour la Sainte-Catherine. Il faut rappeler qu’avec saint Nicolas, sainte Catherine d’Alexandrie était la patronne des étudiants, fêtée en tant que telle par l’ensemble du studium. L’université avait coutume d’entendre ce jour là la messe dans l’église des Frères Prêcheurs : son « annexion » par un collège ne pouvait qu’être mal ressentie. C’est pourtant ce que Clément VII, en mars 1393, accorde au collège Sainte-Catherine dit de Pampelune. L’université oppose alors un net refus aux prétentions du collège et le prieur de la Daurade, Raymond de Vayrac, nommé commissaire apostolique, reçoit la périlleuse mission de lui imposer cette réforme. Le20 novembre 1393, devant le chapitre des Carmélites, le syndic du collège, Jean Hugonis, requiert les représentants de l’université d’avoir à obéir au pape. Le recteur Jean Lacoste, Bernard d’Auribail, docteur en décret et abbé de Saint-Jacques de Béziers, Guigon Flandin, Raymond Arnar, Aymeric Nadal, régents en décret, Jean de Sade, docteur ès lois, et un grand nombre d’autres maîtres ou docteurs-régents s’obstinent dans leur refus, déclarant en substance qu’ils ne voyaient rien qui puisse ou doive les faire obéir à cette injonction pontificale29. S’ensuit un litige qui ne paraît tranché qu’au printemps 1394 avec l’intervention en faveur du collège de Pierre de Rochefort, doyen de Saint-Agricol d’Avignon et commissaire désigné par le pape. Par contre, l’université accordera sans problèmes, en 1436, la vacance des études pour la Saint-Raymond30. Cyril Smith estime qu’ainsi l’université « gave recognition to the college »31. Cette différence de traitement sanctionne sans doute plus la méthode utilisée par le collège de Pampelune – une citation péremptoire – que la demande elle-même. L’association paisible de l’université à la Saint-Front et à la Saint-Martial nous est connue par les livres de compte des prieurs de ces collèges, mais aussi par le calendrier universitaire qui rappelle pour les Saint-Martial (30 juin) et Saint-Front (25 octobre) : « vacat et est sermo in collegio »32. En reconnaissance, les collèges reçoivent solennellement le jour ou le lendemain de la fête de leur saint patron les personnalités les plus éminentes de l’université : chancelier, recteur et docteurs-régents. Une messe solennelle dont le sermon édifiant est confié à un régulier est célébrée dans la chapelle du collège, richement décorée pour cette occasion. Au collège de Périgord, on offre aux universitaires une réception particulière avec collation comprenant des épices fines moulues, du vin blanc ou du vin vieux, des châtaignes. À cette occasion a lieu la visite du collège ; ce dernier profite sans doute des bonnes dispositions du recteur et des bedeaux pour s’acquitter au meilleur moment du droit de visite statutaire…

27Moins anecdotique est la participation consensuelle des quatre grandes fondations séculières, Périgord, Saint-Martial, Maguelone et Pampelune, aux conseils de l’université et assemblées générales, représentés par leur prieur ou par quelques collégiats33. Dès 1407 lors de l’élaboration de statuts et règlements sur les vêtements des étudiants, sont cités parmi les conseillers, les quatre prieurs des collèges :

(…) nec non nobilis Johannes et Jacobus de Monte Maurino, frater Antonius Polis, prepositus, Johannes de Molendino, priores quatuor collegiorum Tholose, videlicet Sancti Martialis, Pampelionensis, Petragoricensis et Magalonensis.34

28La présence du prieur de Pampelune donne d’ailleurs à penser que la querelle précédente est définitivement close.

29Le xiv^e siècle finissant aura donc vu l’intégration rapide des collèges au sein d’une université de Toulouse assez solide et sûre d’elle-même pour contenir quelques ambitions et empiètements mineurs. L’université intervient peu dans les affaires des collèges, sinon parfois à leur demande, mais veille à travers eux à ce que les privilèges et immunités du studium soient respectés.

Les collèges au cœur de l’université (milieu-fin xv^e siècle)

30Lorsque au début du xv^e siècle une longue plaidoirie du célèbre avocat Hélie Brolhet en faveur du collège de Pampelune évoque avec érudition la place des collèges dans l’université de Toulouse, elle les définit toujours comme des parties du « corps » de celle-ci, « partes corporis ejusdem », mais introduit deux item attribuant aux collèges la survie de l’université :

Item (…) manifestum et notorium est quod nisi fuisset fundatio dictorum collegiorum et aliarum domorum in universitate tholosana quas fundationes fuit radicata dicta universitas diu et periisset et fuisset totaliter desolata et depopulata (…)35

31… créant pour la première fois une nette distinction, ce que l’adversaire ne manque pas de relever soulignant avec force que l’université de Toulouse existait avant et sans les collèges.

32Cette fracture idéologique se double de conflits réels. Le 16 juillet 1434, un huissier, agissant sur réquisition de maître Raymond Sebonde, recteur de l’université, met en demeure le prieur du collège Saint-Martial, Jean de Ponte, d’avoir à refuser l’investiture d’un certain Jean Boyard, étudiant, sans pour autant en fournir le motif précis. Sur le refus du prieur, l’huissier s’adresse alors à l’ensemble des huit collégiats présents : trois d’entre eux seulement semblent céder à la pression et se déclarent prêts à obtempérer à tout mandement de l’université36. Le conflit majeur dont est victime le collège de Pampelune en 1437 a son origine dans une querelle dont Étienne Pestelh – pourtant ex-collégiat de Pampelune ! –, professeur ès lois et chancelier de l’université, est le principal protagoniste. Le26 octobre 1438 il désigne des procureurs « (…) in quadam appellatione causa in dicta curia introducta inter priorem et scindicum scolarium collegii Pampilone Tholose appellante »37. Il a en effet cherché à imposer sur une place vacante un candidat de son choix provoquant aussitôt la riposte judiciaire des collégiats. Le conflit semble avoir gagné l’université puisque le lundi 19 octobre 1439, une assemblée générale de cette dernière, convoquée par le recteur – le chancelier n’y assiste pas – pour nommer des procureurs au concile de Bâle et devant le parlement de Paris, ne mentionne aucun représentant du collège de Pampelune siégeant ès qualités alors que sont évoqués en bonne place – immédiatement après les docteurs-régents – les représentants des trois « grands collèges » de Périgord, Saint-Martial et Maguelone38. Il faut se garder de donner trop d’importance à ces incidents répétés, mais on ne peut oublier qu’ils coïncident avec une offensive concomitante des autorités municipales dans un contexte politique trouble. Si l’université ne bascule pas dans une alliance hostile aux collèges, certains de ses membres semblent avoir été sensibles à la dénonciation publique de leur « égoïsme » et arrogance.

33À partir du milieu du xv^e siècle, les collèges prennent de plus en plus d’importance au sein de l’université. Tout d’abord avec la multiplication des chaires occupées par d’anciens collégiats voire même par certains boursiers. La leçon inaugurale de Guillaume Guilhot, collégiat, encore prieur de Maguelone et nouveau docteur-régent en décret, le 4 mai 1468, se fait en présence de deux autres collégiats-docteurs, Jean Bonaldi, du collège de Périgord, et Pierre de Manassio, du collège de Foix. À cette date, trois titulaires de chaires de théologie et droit canon sont donc collégiats39. La cérémonie organisée à l’occasion de la mort de Charles VII témoigne avec éclat de cette montée en puissance des collèges. L’office célébré en l’honneur du défunt roi est une de ces manifestations publiques trop rarement évoquées montrant des collèges formant corps. Cette cérémonie est décrite en détails dans le livre de comptes du prieur du collège de Périgord, Dominique de Peyron, à la date du20 août 1461, et une autre relation de source universitaire permet de confronter les deux points de vue. Dans cette messe de l’université célébrée dans l’église des Frères Prêcheurs par frère Raymond de Torculari, évêque de Bazas40, les vingt cierges entourant le sépulcre symbolique sont au nombre de douze pour l’université, huit autres représentant les collèges. Les prieurs des collèges sont cités dans un ordre de cortège qui paraît hiérarchique : les prieurs de Saint-Martial et de Périgord en tête ; derrière eux, aux deux autres angles du même drap mortuaire, ceux de Saint-Raymond et de l’Esquile ; à leur suite, un second « pannum » est porté par les prieurs de Maguelone, Pampelune, Mirepoix et « un autre étudiant »41. Huit cierges pour huit collèges, douze pour toute l’université : la mise en scène paraît respecter à la fois l’importance réciproque des uns et des autres et la hiérarchie des collèges.

34Les autorités de tutelle de l’université, dans leur œuvre réglementaire destinée à l’assagir, ont pris conscience de cette mainmise et l’entérinent. À partir de septembre 1470, le parlement élève la proportion des collégiats conseillers du recteur à deux sur quatre :

Et ordonne la cour qu’en infirmant iceulx statuts anciens lesdits recteur et docteurs régents nommeront et esliront doresenavant par chascun an iceulx quatre conseillés en la forme et manière qui sensuit (…) dont les deux desdits quatre conseillés seront collégiés des plus anciens et notables collieges de ladite université et sera l’un diceulx bachellier en droit civil et lautre en droit canon et les deux autres conseillés seront esleuz et nommez des escolliers non collégiés diceulx qui plus continuellement résideront en ladite université.42

35On ne sait si cet hommage est rendu aux performances des collèges ou à leur capacité d’encadrement comme pourrait plutôt le suggérer l’allusion à la résidence épisodique de certains étudiants « non collégiés ». En revanche, les collégiats devront s’immatriculer comme les autres étudiants : en 1493, le collégiat de Périgord Pierre d’Aytz alias Meymy se présente seulement comme « studens matriculatus alumpnusque et nominatus in alma mater universitatis »43.

36L’harmonie finale entre « le petit monde des collèges »44 et l’université a été renforcée à Toulouse par la parfaite concordance entre le succès des études de droit et leur domination quasi-totale dans les bourses de collège. Les collèges n’ont donc pas eu à jouer le rôle de foyers d’innovation pédagogique. La présence, au début du xiv^e siècle, de docteurs prestigieux, puis l’investissement progressif des chaires par d’anciens collégiats annulent ou retardent l’autonomisation des collèges. Les collèges sont donc « tout entiers » dans l’université au double sens du terme ; ils s’y inscrivent, ne développent pas d’enseignement concurrent, mais ils la contrôlent, le tout sans heurts ou presque.