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Toulouse, une métropole méridionale

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Bernadette Suau
, 
Jean-Pierre Almaric
, 
Jean-Marc Olivier

Religion et croyance

Un foyer de rayonnement de l’intelligence catholique : l’Institut catholique de Toulouse sous le rectorat de Bruno de Solages

Marie-Thérèse Duffau

Résumé

L’Institut catholique de Toulouse connaît un essor particulièrement important sous le rectorat de Bruno de Solages, de1932 à1964. Ce théologien entreprend des travaux pour agrandir l’établissement. Dès les années 30, il en fait un lieu d’accueil et de refuge pour les opposants aux régimes totalitaires et les persécutés, et pendant l’Occupation un pôle de Résistance spirituelle et intellectuelle. Après la Libération, il introduit à Toulouse la pensée de son ami Teilhard de Chardin.

Texte intégral

  • 1 J.-G. Saliège, « Discours de S. Exc. Mgr Saliège, archevêque de Toulouse », Semaine catholique de T (...)

Le soleil de Toulouse, le charme des Pyrénées, éléments catalyseurs. Je crois que dans la catalyse, dont a parlé si heureusement Monseigneur le Recteur, les hommes y sont bien pour quelque chose. Qu’il me soit permis de nommer parmi ces hommes Messieurs les Professeurs de l’Institut, et, à leur tête, le Recteur.1

  • 2 Discours sur le thème « Études scientifiques et études religieuses ».

1C’est ainsi que Mgr Saliège présente l’Institut catholique de Toulouse, en1941, après le discours de rentrée solennelle de Bruno de Solages2.

2Quelle est la place de l’Institut catholique de Toulouse et de ses activités dans la vie toulousaine ? Comment le rayonnement de l’établissement évolue-t-il ? En quoi Toulouse a-t-elle pu bénéficier de l’apport des intellectuels catholiques qui y travaillent et de leur entourage ?

3Nous verrons tout d’abord la situation et le rôle de l’Institut catholique de Toulouse au début du rectorat de Solages dans les années 30 ; puis le pôle de résistance spirituelle et intellectuelle qu’il est devenu pendant la Seconde Guerre mondiale ; et enfin son implication dans les débats théologiques et la démarche de rapprochement de la science et de la foi, jusqu’à la fin du rectorat de Solages en 1964.

La « Catho » du Midi

La figure marquante du recteur

  • 3 Il y est arrivé en1931, pour enseigner la théologie fondamentale et l’apologétique.
  • 4 M. Greslé-Bouignol (dir.), Les Tarnais, dictionnaire biographique, Albi,1996, p. 301-303.
  • 5 Il avait auparavant passé deux de ses années de scolarité à Toulouse, à Saint-Stanislas et au Caous (...)

4Remarqué par l’archevêque de Toulouse, Jules-Géraud Saliège, l’abbé Bruno de Solages (1895-1983) devient en1932 recteur de l’Institut catholique de Toulouse3. Ce sulpicien, né en1895 à Mézens, dans le Tarn4, appartient à une famille bien connue de la région (il est l’un des neveux du marquis Ludovic de Solages, député du Tarn et président des Mines de Carmaux de1898 à1927). Après l’obtention d’une licence ès lettres en Sorbonne5, il a fait une partie de ses études à Rome et à Jérusalem, à l’École biblique où il a suivi les cours du père Marie-Joseph Lagrange. Ordonné prêtre à Albi en1922, il a ensuite enseigné au petit séminaire de Saint-Sulpice-la-Pointe. Il est également, à partir de 1926, le rédacteur en chef de la Revue apologétique. Il s’intéresse à la pensée sociale et souhaite développer l’Action catholique. À l’âge de trente-sept ans, il est alors nommé à la tête de l’Institut catholique de Toulouse, et entreprend d’accroître son rayonnement.

Un héritage à faire prospérer

  • 6 Cette figure est évoquée, avec celles d’autres prélats, dans M. Manière, Ecclesia tolosana, le cler (...)
  • 7 Nous reprenons ici la notice de C. Nastorg, « Historique », dans Annuaire 1988-1989, Chronique n° 4 (...)

5La loi du12 juillet1875, en instaurant la liberté de l’enseignement supérieur, avait permis la création d’universités libres. L’archevêque de Toulouse et des évêques du Sud-Ouest ayant donné leur accord de principe, une commission établit les possibilités d’implantation dans la ville, et les locaux de l’ancien couvent des Clarisses du Salin, dit hôtel de la Fonderie, sont achetés. La faculté de droit est inaugurée en1877. Le père Jean-Baptiste Caussette (1819-1880), qui a été le postulateur pour la canonisation de Germaine Cousin, est désigné comme premier recteur6. La faculté des lettres est inaugurée en1878. S’y ajoute l’année suivante la faculté de théologie, où des dominicains enseignent la philosophie et le dogme, et des jésuites la morale et le droit canonique. Un séminaire universitaire est ouvert. Le deuxième recteur, Mgr Lamothe-Tenet (1827-1898), permet l’ouverture d’une faculté des sciences, tandis que la faculté de droit est suspendue (afin de réduire les dépenses). À partir du rectorat de Mgr Duilhé de Saint-Projet (1822-1897), nommé en1894, les élèves de deuxième année de la faculté des lettres doivent suivre les cours de la faculté d’État, comme le font les étudiants de l’école des sciences depuis 1883. C’est là également que doivent être suivis les cours de langues. Mgr Batiffol (1861-1929), recteur à partir de1898, lance l’année suivante le Bulletin de Littérature ecclésiastique. Malgré ses prises de position contre le modernisme, cet historien est soupçonné d’en avoir adopté les idées et doit quitter l’établissement. À partir de1908, Mgr Breton (1852-1931) poursuit la tâche entreprise. L’école supérieure d’agriculture de Purpan est ainsi ouverte en19187.

  • 8 Z. Carrière, « L’École supérieure des sciences au cours des cinquante dernières années », Chronique(...)
  • 9 M.-J. Lagrange, La Méthode historique, Paris,1903.
  • 10 « La science pour l’action », 100 ans de catholicisme social, Les Semaines sociales de France, guid (...)

6Les professeurs de l’Institut catholique sont alors bien connus des Toulousains et leurs travaux bénéficient d’un grand rayonnement. Le père Jean-Baptiste Senderens, professeur de chimie, est à l’origine, avec Paul Sabatier, d’un procédé catalytique qui porte désormais leur nom8. C’est également dans cet établissement que le père Lagrange a donné ses conférences sur la méthode historique, où il démontre qu’il est légitime de l’utiliser dans l’étude de la Bible, en19029. C’est là encore que s’est déroulée la session des Semaines sociales de France de 1921 sur la crise de la probité publique et le désordre économique10.

Les activités de l’établissement

  • 11 G. Baccrabère, « Mgr de Solages et l’hôtel de la Fonderie », dans Monseigneur Bruno de Solages. Lib (...)

7Le début du rectorat de Mgr Bruno de Solages voit le lancement de travaux pour agrandir l’Institut catholique. Un nouveau séminaire est ouvert, pour les étudiants qui ne sont pas encore prêtres. En1933, l’Assemblée générale des évêques décide que chaque séminaire prendra le nom du pape sous le pontificat duquel il a été fondé : celui qui a été créé en1879 prend donc l’appellation de Léon XIII, tandis que le nouveau prend celle de Pie XI. Incidemment, la construction d’une galerie couverte au pied d’une façade, le long de la Garonnette, permet de découvrir le rempart gallo-romain et différentes sculptures11.

  • 12 Il fonde en1933 L’Amitié guérinienne.

8Les professeurs de l’Institut catholique sont toujours connus pour la qualité de leurs travaux. L’abbé Zéphirin Carrière (1876-1974) enseigne la chimie ; ses recherches portent sur l’acoustique et la mécanique physique. L’abbé Élie Decahors (1895-1961), auteur d’une thèse sur Maurice de Guérin12, est chargé des cours de littérature française, que suivent également des étudiants extérieurs à l’établissement. Le père Frédéric-Marie Bergounioux (1900-1983), franciscain, qui a étudié les chéloniens fossiles du Bassin aquitain, enseigne la géologie.

  • 13 Il avait aussi travaillé à l’Escola occitana avec Prosper Estieu et Antonin Perbosc.
  • 14 E. Nègre, « Le chanoine Joseph Salvat », Chronique n° 3,1937, p. 9.
  • 15 Collège d’Occitanie, « Documentation sur l’abbé Salvat. Notices biographiques », DA 303.

9En1937, l’abbé Joseph Salvat est chargé de cours, puis maître de conférences de langue et littérature occitanes. Dix ans auparavant, il avait fondé à Castelnaudary, avec le poète et instituteur Prosper Estieu13, le Collège d’Occitanie, destiné à permettre l’enseignement de la langue d’Oc en cours du soir, qui deviennent ensuite des cours par correspondance. La même année, il est nommé majoral du Félibrige. Directeur depuis1925 de la revue bilingue Lo Gai Saber14, il plaide en faveur de l’occitan dans les concours de l’Académie des Jeux floraux, qui le reçoit mainteneur en1930. Il organise également des cours de catalan par correspondance et prononce des causeries à Radio-Toulouse15. En1940, le Collège d’Occitanie est transféré à Toulouse, à l’Institut catholique.

10L’abbé Aimé-Georges Martimort (1911-2000) a étudié au petit et au grand séminaire de Toulouse. De 1932 à 1935, il suit des cours à la faculté des lettres et à l’Institut catholique. Ordonné prêtre à Toulouse en1934, il soutient sa thèse de doctorat sur La défense de la déclaration de 1682 par Bossuet, sous la direction du père Louis Saltet. Mgr de Solages et Mgr Saliège décident alors de l’envoyer à Rome, où il poursuit sa formation à l’École des bibliothécaires et à l’Institut pontifical d’archéologie chrétienne. À son retour, pour la rentrée de 1938, il devient conservateur de la bibliothèque de l’Institut catholique. Solages lui confie également la chaire d’histoire de la liturgie, nouvellement créée.

11L’abbé René Jacobé de Naurois (1906-2006), cousin du recteur, suit les cours de philosophie pendant un an, puis de théologie pendant trois ans. Il est ordonné prêtre à Toulouse en1936. Après avoir obtenu sa licence de sciences, de lettres et de philosophie, il s’engage dans une recherche qui va motiver bientôt son départ pour Berlin et la suite de ses choix. De 1933 à 1939, il se rend en Allemagne chaque année pour travailler à sa thèse sur Feuerbach. De fin1937 à juillet1939, il habite Berlin, où il est aumônier pour les Français. Il a notamment l’occasion de rencontrer Otto Abetz. D’emblée, il informe son cousin, son archevêque et son diocèse de ce qu’il voit et met en garde contre le nazisme, dans des conférences à des groupes de jeunes, dès1937.

12Une série de conférences, les Vendredis de l’Institut, s’ajoute aux autres formes de communication de l’établissement, qui est également à l’occasion un lieu de rassemblement pour les groupes d’Action catholique.

13Pendant l’année universitaire1939-1940, la plupart des cours ont lieu au grand séminaire, une grande partie des locaux de l’Institut catholique ayant été réquisitionnée pour servir d’hôpital complémentaire spécialisé dans les maladies de la peau et les maladies vénériennes. Cependant, par la suite, les facultés de l’établissement permettent aux étudiants d’y trouver un enseignement profane comme l’enseignement des facultés canoniques. Avec la Seconde Guerre mondiale, l’Institut catholique voit augmenter considérablement le nombre de ses étudiants.

Un pôle de la Résistance

« Toulouse ou l’honneur de l’Église »

  • 16 J. Amad, Bruno de Solages, Clément Mauriès, « Billets de Christianus », « La Vie intellectuelle », (...)
  • 17 Ibid., p. 151-152.

14Dès les années 30, l’Institut catholique de Toulouse est un lieu d’accueil et de refuge pour les opposants aux régimes totalitaires et les persécutés. Opposé aux idées de l’Action française, Bruno de Solages s’intéresse aux problèmes internationaux et met en garde contre les totalitarismes. Il affirme que l’Église ne doit pas rester passive si l’État va à l’encontre de la doctrine chrétienne16. Dans l’un de ses billets parus dans La Vie intellectuelle, il présente ceux qui fuient les persécutions, « Russes, Italiens, Juifs, Allemands, Sarrois, Basques, Catalans »17. Ce sont ceux qu’il accueille à l’Institut catholique, de même que des Roumains, des Hongrois et des Polonais. Certains, comme le philosophe allemand antinazi Dietrich von Hildebrand – avant que Solages, en lien avec Edmond Michelet, n’organise son convoyage et celui d’autres réfugiés –, trouvent un emploi dans l’établissement : Hildebrand y enseigne sa discipline aux séminaristes. D’autres, comme le journaliste catalan Domenec Pallerola ou Elisabeth Kamke, inscrite parmi les étudiants sous le nom de Mademoiselle Cabrit, deviennent employés à la bibliothèque aux côtés de l’abbé Martimort. Plusieurs d’entre eux viennent consulter les ouvrages comme chercheurs, tel Julien Benda, qui loge dans les combles et consulte les œuvres complètes de Voltaire, ou Clara Malraux, qui demande conseil au recteur pour faire baptiser sa fille. Jean Cassou, Étienne Borne, Vladimir Jankélévitch (à qui Solages a fourni de faux papiers), Georges Friedmann font partie de ceux qui fréquentent le lieu régulièrement. Le bibliothécaire et le recteur rencontrent également à plusieurs reprises Jean-Pierre Vernant et Ignace Meyerson.

15Charles d’Aragon a évoqué la venue dans l’établissement d’un étudiant russe, rencontré par Georges Friedmann :

  • 18 Ch. d’Aragon, La Résistance sans héroïsme, Paris,1977, p. 172.

Georges Friedman [sic] était encore à Toulouse ; il s’était procuré, Dieu sait comment, un intellectuel soviétique et le promenait dans la ville des Capitouls. Ce penseur marxiste avait quelque chose de cosmopolite dans l’accent, la démarche et le langage.
À peine moins visible qu’un Persan à la cour de Versailles, il s’arrêtait en pleine rue pour nous dépeindre sa vision du futur. L’avenir, selon lui, appartenait aux empires, à l’Union soviétique et aux États-Unis, aux super-puissances comme on dit ailleurs. Comme tous les clandestins d’alors, il avait du goût pour les demeures prélatrices. Nous l’accompagnâmes, Friedman et moi, chez Monseigneur de Solages18.

16Des étudiants juifs sont inscrits dans les différentes facultés, et leur nombre dépasse celui prévu par le numerus clausus.

17En lien avec Suzanne Dobelmann, bibliothécaire en chef de la Bibliothèque municipale, Solages devient le président du Comité du Fonds européen de secours aux étudiants.

  • 19 Ph. Joutard, « Toulouse ou l’honneur de l’Église », L’Histoire, n° 250, janvier 2001, p. 21-22.

18Ce sont ces activités que Philippe Joutard a présentées, dans leurs grandes lignes, dans un article intitulé « Toulouse ou l’honneur de l’Église »19. L’Institut catholique de Toulouse est alors un pôle important de la Résistance spirituelle et intellectuelle, en relation avec les différents réseaux de Résistance, au cœur d’une région où ont été installés plusieurs camps d’internement.

19À l’occasion de la rentrée solennelle de1942, le secrétaire général, l’abbé Xavier Ducros, présente, à mots couverts, l’accroissement de l’effectif des étudiants et les activités de l’établissement :

  • 20 Chronique n° 4, octobre-décembre1942, p. LXXIX.

Pour une part, cette augmentation (qui se manifeste depuis plusieurs années) est due à l’afflux des réfugiés que la guerre a chassés de leurs foyers, et aussi de tant de jeunes gens qui, sans avoir subi cette suprême épreuve, s’orientent vers Toulouse, plus accessible pour eux que telle ou telle autre ville universitaire vers laquelle ils se seraient dirigés en temps normal. À tous, notre vieille maison a fait un accueil dont ils ont bien senti, je crois, ce qu’il contenait de dévouement attentif et de sollicitude affectueuse. Elle a trouvé, cette vieille maison, dans ses traditions de charité, le secret d’aider bien des détresses, de réconforter bien des tristesses, de rendre espoir à plus d’un découragement : elle a pour ainsi dire dilaté ses murs pour faire place aux Séminaristes qui n’ont plus de Séminaire. Quand on pourra faire le bilan de ces choses, il apparaîtra que l’une des caractéristiques de la vie de l’Institut, en ces sombres jours, aura été son effort pour alléger quelque chose de la souffrance née de nos malheurs. Mais le recrutement normal augmente aussi, « preuve du rayonnement de [l’]Institut » dont les Évêques protecteurs veulent qu’il soit un foyer d’influence intellectuelle catholique.20

Échanges de vues

20Des conférences organisées à la bibliothèque, en petit comité, permettent aux intellectuels réfugiés de poursuivre et de communiquer leurs recherches.

  • 21 L. Hamon, Vivre ses choix, Paris, 1991, p. 96.- Fiches d’inscription de1941 et1942, faculté des let (...)

21La présence de tous ces professeurs donne lieu à des échanges intellectuels fructueux, et si les étudiants profitent de leur enseignement, le recteur s’entretient également avec eux ; il continuera à correspondre avec plusieurs d’entre eux après la Libération. Léo Hamon s’inscrit aux cours de Solages, à la suite d’une conversation avec lui sur la pensée du père Teilhard de Chardin21. Bergsonien, Solages s’intéresse aux travaux de Jankélévitch. Il utilisera plus tard ses travaux de recherches entrepris pendant la guerre avec des employés de la bibliothèque (notamment sur la Somme théologique de saint Thomas d’Aquin).

22Les thèmes des conférences laissent transparaître les opinions des professeurs sur les problèmes de l’heure, soit par le choix du sujet, soit par des allusions ou des parallèles entre les différentes époques.

  • 22 B. de Solages, Discours interdits, Paris,1946,127 p.

23Plusieurs discours de rentrée solennelle de Bruno de Solages sont censurés. Il y présente Ponce Pilate comme le représentant de l’armée occupante, s’élève contre l’antisémitisme en rendant hommage à Bergson, et répond à ceux qui lui présentent Pétain comme un homme providentiel que Judas en était un aussi. Admirant le cardinal Mercier, qu’il avait rencontré plusieurs fois, il n’hésite pas à condamner le régime de Vichy, qu’il présente comme illégitime jusque devant ses fonctionnaires. Ne voulant rien devoir au gouvernement en place, il refuse la reconnaissance d’utilité publique pour son établissement. Il affirme, concernant ceux qui doivent partir au Service du Travail Obligatoire, qu’ils peuvent intérieurement s’y opposer22.

24Il constitue un modèle pour ses étudiants, dont plusieurs s’engagent dans la Résistance, notamment l’équipe Témoignage chrétien. Plusieurs étudiants juifs sont aussi engagés dans la Résistance.

  • 23 G. Passerat, « Les liens entre l’Institut catholique de Toulouse et le diocèse de Montauban,1939- 1 (...)

25Bruno de Solages, son cousin René de Naurois et les séminaristes venant du diocèse de Montauban ont, par leur témoignage et leurs conseils, joué un grand rôle dans la prise de conscience de Mgr Saliège et de l’évêque de Montauban Mgr Théas, et donc dans leur engagement et leurs déclarations23.

  • 24 R. de Naurois, Aumônier de la France libre, Paris, 2004, 287 p.

26René de Naurois, après avoir mis en garde à l’École des cadres d’Uriage contre le nazisme, est devenu aumônier du couvent toulousain de Notre-Dame de la Compassion en juin1941. Il fréquente la librairie de Silvio Trentin, est membre des réseaux « Liberté » et « Combat ». Il aide lui aussi les persécutés et se fait remarquer le16 juin1942 en chantant la Marseillaise, lancée par Jean Cassou et André Hauriou, place du Capitole où ils manifestaient contre la tenue d’une conférence du propagandiste Friedrich Grimm. Après une perquisition, il obtient de Mgr Saliège l’autorisation de partir en Angleterre. Il franchit clandestinement les Pyrénées, traverse l’Espagne, rejoint Londres et devient l’aumônier du commando Kieffer, avec lequel il débarque le 6 juin1944 à Ouistreham24.

  • 25 J.-M. Lustiger, Le Choix de Dieu. Entretiens avec J.-L. Missika et D. Wolton, Paris,1987, p. 126.

27L’abbé Decahors dirige, avec un professeur de la faculté d’État, André Ferran, la revue Pyrénées. Pierre Bertaux, le futur commissaire de la République, fait partie du comité de lecture, lorsqu’il n’est pas emprisonné avec les membres de son réseau. Les travaux de cartographie du père Bergounioux lui permettent de servir d’aumônier et de lien pour différents maquis du Lot. À la Libération, lors du rassemblement populaire chrétien, place du Capitole, il représente l’Église de Toulouse aux côtés du commissaire de la République et de l’archevêque25.

Déportés d’honneur

28Il y a bien aussi à l’Institut catholique de Toulouse des maréchalistes et des pétainistes, mais pas de collaborateurs. Les problèmes sont venus de l’extérieur. À la fin de l’année1942, l’abbé Sorel prévient Mgr Saliège et ses confrères de l’Institut que quatre prêtres risquent d’être arrêtés : le chanoine Gèze, Mgr de Solages, les abbés Martimort et de Naurois. Solages, qui figurait déjà auparavant sur une liste de résistants à arrêter et qui avait reçu des menaces de mort, sait qu’il est en danger.

29Des membres de la Gestapo ont repéré les activités de l’établissement. L’abbé Martimort, recherché, part travailler dans le diocèse de Valence sous le nom de Georges Martin.

  • 26 P.-M. Théas, « Mes prisons et leurs premiers lendemains, juin-décembre1944 », cité dans S. Guinle-L (...)

30À l’annonce du Débarquement en Normandie, Solages préfère mettre les étudiants en vacances afin d’éviter des arrestations massives. Le 9 juin1944, des agents de la Gestapo arrivent à l’Institut catholique. Ils ont arrêté l’abbé Carrière, parti dire la messe à la Daurade. Le concierge prétexte que les autres prêtres sont également partis dire la messe, mais les abbés Salvat et Decahors et Mgr de Solages préfèrent se rendre et sont arrêtés. Le père Bergounioux s’enfuit et trouve refuge chez le docteur Parent. Les professeurs arrêtés sont conduits à la prison Saint-Michel. S’y trouvent déjà notamment l’ancien président du Conseil Albert Sarraut, le dirigeant de La Dépêche Jean Baylet, le directeur de la banque Courtois de Viçose, le recteur de l’académie Robert Deltheil, l’évêque d’Agen Mgr Rodié, le maire de Toulouse Haon, le lieutenant-colonel Contensou et le président de chambre à la cour d’appel Fau. L’évêque de Montauban rejoint peu après les notables toulousains. Solages voit qu’il lui est reproché d’être « hostile à l’Allemagne », d’après l’inscription portée sur sa fiche après l’interrogatoire. Chaque professeur se plonge dans des lectures liées à son domaine de recherches et des conférences commencent à s’organiser pour passer le temps : Solages parle de l’Écriture sainte, Mgr Rodié de l’étymologie, le recteur Deltheil des mathématiques26.

  • 27 E. Decahors, Pèlerins de bagne, Toulouse,1946, p. 34.

31Le15 juin, ces personnalités-otages sont conduites à la gare Raynal d’où un train les amène à Compiègne, au camp de Royallieu, où elles arrivent le 19 juin. Une partie d’entre elles, dont les professeurs de l’Institut catholique, sont ensuite déportées en Allemagne le15 juillet. Du18 juillet1944 au12 avril1945, ils sont considérés comme des « déportés d’honneur » au camp de concentration de Neuengamme. D’abord traités comme les autres déportés, ils bénéficient ensuite de la part du commandant en chef du camp de ce que l’abbé Decahors appelle un « repêchage »27, où ils retrouvent leurs vêtements, leurs bréviaires, et sont conduits dans un bloc où ils sont rassemblés. Un emplacement entre les baraques est surnommé la place du Capitole (et ils inventent également des rues de Cahors, d’Agen, d’Albi…). Tous les dimanches après-midi, les déportés toulousains se réunissent sur cette place et forment l’École de la Croix jaune – celle qui figurait sur leurs vêtements –, fondée par l’abbé Salvat. Des conférences et une chorale sont organisées. Bruno de Solages suit les cours de mathématiques que lui donne le recteur Deltheil, mathématicien de formation.

32Après leur libération, ils reviennent à Toulouse entre le19 et le 22 mai1945, et reprennent ensuite leurs enseignements. En l’absence du recteur, l’Institut catholique a été géré par le secrétaire général, l’abbé Ducros. Solages utilise les cours de mathématiques qu’il a suivis en déportation pour ses travaux sur les Évangiles synoptiques.

Science et foi

Les liens de l’Institut catholique avec les universités

  • 28 Ph. Wolff, Les Toulousains dans l’histoire, Toulouse,1984, p. 426.

33Membre de l’Académie des Jeux floraux et de la Société toulousaine de philosophie, dont il s’occupe, le recteur de l’Institut catholique de Toulouse est également vice-président des Semaines sociales de France de1945 à1956. Membre de1947 à1955 du Conseil supérieur de l’Éducation nationale, il est en contact avec les autres universités. En1948, il est fait docteur ad honorem de l’Université de Montréal. Bruno de Solages devient également aumônier de la Paroisse universitaire, qui réunit les enseignants catholiques des écoles publiques28.

34Il souhaitait réaliser, avec des théologiens comme le père Congar, un traité de théologie qui n’a pas pu être rédigé.

35Si le chancelier se plaint des vocations qui commencent à manquer, le nombre des étudiants, notamment dans les facultés d’enseignement profane, permet de maintenir les activités de l’établissement.

36Les étudiants bénéficient des différents courants de pensée, des croisements entre les différentes disciplines qu’opèrent leurs professeurs et en tout premier lieu le recteur. Ils travaillent également en contact avec les autres universités.

37En1951, sous l’impulsion de Georges Hahn en accord avec le recteur, est organisée l’Université internationale des Pyrénées, tenue pendant l’été à Ustaritz. Réunissant une quarantaine d’intervenants sur quatre semaines, elle présente à un auditoire international, principalement composé d’étudiants, les grands problèmes contemporains.

La pensée teilhardienne et sa diffusion à Toulouse

38Comme Mgr Duilhé de Saint-Projet l’avait fait avant lui, Bruno de Solages discute avec les savants qu’il connaît des théories de l’Évolution. Il a rencontré Pierre Teilhard de Chardin en1928. Sa lecture de l’œuvre du jésuite et les interrogations qu’elle suscite sont à l’origine de leur correspondance et de leur amitié. Solages, acquis aux idées du paléontologue, l’incite à rédiger plusieurs de ses textes, comme l’ouvrage intitulé Comment je crois, tandis que Teilhard lui confie, en toute confiance, ses réflexions.

39Solages fait partie des premiers théologiens à parler de ce savant. Il introduit la pensée teilhardienne dans la Ville rose, puis entreprend de la diffuser, avec l’appui de son archevêque, Mgr Saliège, et des professeurs de l’Institut, notamment le géologue Bergounioux.

40En1939, Teilhard présente ses recherches à Toulouse, dans des conférences auxquelles assistent l’archevêque et son ami :

  • 29 Chronique n° 2, avril-juin1939, p. LXV.

Après ses interventions à la Société de Philosophie et à la Faculté des Lettres, le paléontologiste [sic] fait un cours de Géologie à l’Institut sur le Quaternaire de Chine et l’Extrême-Orient. Le 2 février, le lendemain, il a donné dans la grande salle de l’Institut, devant un très nombreux public, une conférence sur les recherches préhistoriques en Birmanie.29

41Teilhard rencontre à cette occasion le père Bergounioux, qui s’intéresse à ses recherches et à la découverte du Sinanthropus Pekinensis. Les conversations du paléontologue avec le recteur de l’Institut catholique de Toulouse l’aident dans ses travaux.

Débats théologiques et prélats toulousains

42Alors que la diffusion des écrits du savant pose problème, Solages tente d’y remédier en y faisant participer les étudiants du séminaire Pie XI, auxquels il demande de copier les textes de Teilhard. Il se rend régulièrement à Rome et écrit aux prélats susceptibles d’aider à la publication des œuvres de Teilhard. Les débats suscités par la pensée du jésuite soulèvent notamment la question de l’Évolution et des rapports entre science et foi. Il souhaite également empêcher la condamnation de son ami, en mettant en avant le fait qu’il faut éviter ce qui serait une nouvelle affaire Galilée.

43Le réseau qui s’est créé pour la défense de Teilhard et de ses idées, avec l’aide de scientifiques comme l’abbé Breuil ou Max-Henri Bégouën, est donc lié à l’Institut catholique et à son recteur ; grâce à eux, Toulouse a été le premier centre de diffusion de la pensée teilhardienne.

44Solages fait en1947, année où il se trouve engagé dans plusieurs débats théologiques, le premier exposé public de la pensée teilhardienne dans son discours sur « La pensée chrétienne face à l’Évolution ». Rome est donc particulièrement attentive aux échos des prises de position des membres de l’Église toulousaine. Le contenu du texte, son retentissement, et ses démarches à Rome pour défendre son ami lui valent quelques inimitiés. Il trouve un appui parmi ses correspondants romains comme le cardinal Tisserant ou Mgr Louis de Courrèges d’Ustou, avec qui il avait étudié au grand séminaire de Saint-Sulpice et qu’il avait retrouvé à Toulouse ; après avoir été, depuis1935, l’évêque auxiliaire de Mgr Saliège, ce dernier était devenu recteur de Saint-Louis des Français à Rome, de1945 à1947, avant d’être nommé évêque de Montauban.

45Bruno de Solages a voulu présenter une synthèse de la pensée de Teilhard de Chardin, la faire comprendre, publier ses œuvres du vivant de son ami. Après sa mort le10 avril1955, le recteur et ses confrères de l’Institut catholique de Toulouse continuent de diffuser sa pensée. Une mise en garde du Saint-Office, parue dans L’Osservatore romano du 30 juin-1er juillet1962, exhorte :

  • 30 Texte du « monitum » cité par R. d’Ouince, Un prophète en procès, Teilhard de Chardin. T. 1, Teilha (...)

tous les Ordinaires et Supérieurs d’Instituts religieux, les Recteurs de Séminaires et les Présidents d’universités à défendre les esprits, particulièrement ceux des jeunes, contre les dangers des ouvrages du Père Teilhard de Chardin et de ses disciples.30

  • 31 Témoignage de l’abbé M. Baurier, le10 janvier 2007.

46Le directeur du séminaire Pie XI déclare alors aux étudiants que les œuvres du père Teilhard de Chardin sont interdites dans les bibliothèques de séminaires, mais pas dans celles des séminaristes…31

47La même année s’ouvre le concile Vatican II. Des amis de Bruno de Solages y participent, comme le père de Lubac ou le père Congar. Mgr Martimort, le bibliothécaire de l’Institut, fait partie des experts du concile comme consulteur des congrégations des Rites, du Culte divin, des Sacrements. Le recteur n’a pas été désigné pour en faire partie, mais il rédige un « votum » au nom de l’Institut catholique. Cependant, le13 juin1964, il est reçu par le pape Paul VI qui l’assure de son admiration et de son estime.

  • 32 La plupart de ses ouvrages sont publiés aux Éditions Privat, puis chez Erès, quand Georges Hahn a o (...)

48En 1963, alors que Bruno de Solages séjourne dans les Pyrénées où il se ressource pendant les vacances et fait de l’alpinisme, il tombe gravement malade. Le contrecoup de sa déportation l’amène à démissionner de sa charge un an avant la date qu’il avait prévue pour son départ. En 1964, il est remplacé par Mgr Xavier Ducros. Il continue ensuite de publier des ouvrages sur les Évangiles et la théologie32.

49Le rectorat de Bruno de Solages a permis à l’Institut catholique de Toulouse de se développer et d’accroître son rayonnement, aussi bien par ses activités et son enseignement que par ses prises de position face aux problèmes de l’époque. Tout au long de son rectorat, entre1932 et1964, l’établissement a été à la fois le reflet et l’acteur de la vie de l’Église de Toulouse, et est apparu comme tel pour le reste de l’Église mais aussi pour les intellectuels contemporains attentifs à ce qui se faisait à Toulouse.

Notes

1 J.-G. Saliège, « Discours de S. Exc. Mgr Saliège, archevêque de Toulouse », Semaine catholique de Toulouse, n° 47, 23 novembre1941, p. 746-747.

2 Discours sur le thème « Études scientifiques et études religieuses ».

3 Il y est arrivé en1931, pour enseigner la théologie fondamentale et l’apologétique.

4 M. Greslé-Bouignol (dir.), Les Tarnais, dictionnaire biographique, Albi,1996, p. 301-303.

5 Il avait auparavant passé deux de ses années de scolarité à Toulouse, à Saint-Stanislas et au Caousou (en sixième et en cinquième). C. Nastorg, « Éléments biographiques », dans Monseigneur Bruno de Solages (1895-1984 [sic], Chronique n° 1, supplément au Bulletin de Littérature ecclésiastique, Institut catholique de Toulouse,1985, p. 3.

6 Cette figure est évoquée, avec celles d’autres prélats, dans M. Manière, Ecclesia tolosana, le clergé de Toulouse aux xixe et xxe siècles, Toulouse,1984, p. 110.

7 Nous reprenons ici la notice de C. Nastorg, « Historique », dans Annuaire 1988-1989, Chronique n° 4,1988, p. 3-11.

8 Z. Carrière, « L’École supérieure des sciences au cours des cinquante dernières années », Chronique n° 2,1949, p. XXXIX.

9 M.-J. Lagrange, La Méthode historique, Paris,1903.

10 « La science pour l’action », 100 ans de catholicisme social, Les Semaines sociales de France, guide des sources, Archives municipales de Lyon, 2004, p. 11 et193.

11 G. Baccrabère, « Mgr de Solages et l’hôtel de la Fonderie », dans Monseigneur Bruno de Solages. Liberté et Résistance, colloque organisé par l’Institut catholique de Toulouse,13-15 décembre1996, Bulletin de Littérature ecclésiastique, t. IC1/2, janvier-juin1998, p. 255-256. Ces sculptures sont désormais conservées au Musée archéologique de l’Institut catholique de Toulouse. C’est de même lors de l’agrandissement du bâtiment qu’a été découvert la cimetière des Clarisses datant du xive siècle (J. Mompha, ibid., p. 252).

12 Il fonde en1933 L’Amitié guérinienne.

13 Il avait aussi travaillé à l’Escola occitana avec Prosper Estieu et Antonin Perbosc.

14 E. Nègre, « Le chanoine Joseph Salvat », Chronique n° 3,1937, p. 9.

15 Collège d’Occitanie, « Documentation sur l’abbé Salvat. Notices biographiques », DA 303.

16 J. Amad, Bruno de Solages, Clément Mauriès, « Billets de Christianus », « La Vie intellectuelle », 1932-1940, mémoire de maîtrise d’histoire sous la direction de P. Cabanel, Université de Toulouse-Le Mirail,1995, p. 151.

17 Ibid., p. 151-152.

18 Ch. d’Aragon, La Résistance sans héroïsme, Paris,1977, p. 172.

19 Ph. Joutard, « Toulouse ou l’honneur de l’Église », L’Histoire, n° 250, janvier 2001, p. 21-22.

20 Chronique n° 4, octobre-décembre1942, p. LXXIX.

21 L. Hamon, Vivre ses choix, Paris, 1991, p. 96.- Fiches d’inscription de1941 et1942, faculté des lettres, carton D à L, Institut catholique de Toulouse, Service de la documentation.

22 B. de Solages, Discours interdits, Paris,1946,127 p.

23 G. Passerat, « Les liens entre l’Institut catholique de Toulouse et le diocèse de Montauban,1939- 1945 », dans Monseigneur Théas, évêque de Montauban. Les Juifs, les Justes, Toulouse, 2003, p. 31- 38.

24 R. de Naurois, Aumônier de la France libre, Paris, 2004, 287 p.

25 J.-M. Lustiger, Le Choix de Dieu. Entretiens avec J.-L. Missika et D. Wolton, Paris,1987, p. 126.

26 P.-M. Théas, « Mes prisons et leurs premiers lendemains, juin-décembre1944 », cité dans S. Guinle-Lorinet, Pierre-Marie Théas, un évêque à la rencontre du xxe siècle, Tarbes-Toulouse,1993, p. 465.

27 E. Decahors, Pèlerins de bagne, Toulouse,1946, p. 34.

28 Ph. Wolff, Les Toulousains dans l’histoire, Toulouse,1984, p. 426.

29 Chronique n° 2, avril-juin1939, p. LXV.

30 Texte du « monitum » cité par R. d’Ouince, Un prophète en procès, Teilhard de Chardin. T. 1, Teilhard de Chardin dans l’Église de son temps, Paris,1970, p. 220.

31 Témoignage de l’abbé M. Baurier, le10 janvier 2007.

32 La plupart de ses ouvrages sont publiés aux Éditions Privat, puis chez Erès, quand Georges Hahn a ouvert cette maison d’édition.

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