1La grande enquête nationale lancée par Dominique Barjot sur les patrons du Second Empire a longtemps laissé de côté les capitaines d’industrie du Sud et plus particulièrement les Toulousains1. Ces derniers apparaissent comme les victimes d’un raisonnement téléologique qui conclut trop vite à leur médiocrité à partir d’un constat dressé au xx^e siècle. Quant aux études portant sur le xix^e siècle proprement dit, elles se révèlent particulièrement sévères dans leur analyse du dynamisme industriel toulousain. François Crouzet2, puis Jacques Godechot3, ne font que constater l’inexistence du grand patronat toulousain au cœur du siècle de la révolution industrielle. Les élites locales auraient préféré investir exclusivement dans la terre et la ville ne comporterait tout au mieux qu’un grand nombre d’artisans sans grande ambition. Mais l’absence de preuves n’est pas la preuve de l’absence. Ainsi, les petites unités dispersées qui constituent l’essentiel du tissu industriel de la ville rose4 n’ont laissé que de rares traces dans les archives comme dans le paysage urbain.

2La période du Second Empire a très peu été étudiée à Toulouse. Elle est victime d’un double ostracisme, celui prononcé par les historiens de la Troisième République dans le sillage de Victor Hugo ou d’Émile Zola, et celui organisé inconsciemment pendant longtemps par les auteurs toulousains proches des milieux radicaux et socialistes. Ainsi, le chapitre rédigé par Jacques Godechot pour la première histoire de Toulouse publiée chez Privat en 1974, consacre davantage de pages aux trois jours de la Commune toulousaine qu’aux dix-huit années du règne de Napoléon III5.

3À ces lacunes historiographiques s’ajoute un accès difficile et tardif aux sources. Les archives privées s’avèrent rares, en effet, les patrons, surtout les plus petits, écrivent très peu. Quant aux archives des établissements, elles ont souvent disparu à l’occasion d’un changement de localisation ou de propriétaire. Enfin, les entreprises familiales qui subsistent se montrent généralement très peu enclines à ouvrir leurs livres de compte, même anciens. Parallèlement, les archives publiques sérielles comportant des indications nominatives – recensements, déclarations de successions, actes de sociétés, faillites – sont protégées par une interdiction de consultation centenaire. Les mêmes difficultés caractérisent l’accès aux actes notariés, amplifiées parfois par les réticences des notaires à déposer leurs archives. Les dossiers sur les patrons du Second Empire ne sont donc devenus pleinement accessibles qu’à partir des années 1970, c’est-à-dire dans le prolongement de mai 68. Le nombre de thèses consacrées à des membres de ce groupe social demeure alors très faible, et les historiens s’appuient plutôt sur des données quantitatives obtenues grâce au dépouillement des enquêtes statistiques. Ces dernières sont intéressantes, mais elles laissent de côté les petits établissements.

4À partir du milieu de la décennie 1970, la situation évolue. L’IHMC (Institut d’histoire moderne et contemporaine), créé en 1978, envisage dès ses débuts une prosopographie des élites françaises. Plus précisément, la parution en 1984 du Dictionnary of Business Biography britannique de D. Jeremy a déclenché un mouvement similaire en France avec une grande enquête initiée par Dominique Barjot et François Caron sur la période du Second Empire. Les premiers résultats sur la Normandie, le Maine et l’Anjou sont publiés en 1988. Puis, un volume sur le Nord paraît en 1989, et en 1991, le volume trois de la collection est consacré à la Franche-Comté, autre terre d’industrie. Au total, l’enquête couvre déjà une dizaine de régions, dont celle de Bordeaux, mais le Midi toulousain n’est pas encore traité. L’équipe 1 du laboratoire Framespa s’est attelée à cette tâche importante qui couvre huit départements. Dans un premier temps, de nombreux éléments ont été rassemblés sur le patronat de la ville de Toulouse proprement dite, remettant en cause certains poncifs sur sa médiocrité et sa pusillanimité6. En réalité, ce patronat a été victime de sa diversité, de l’absence de grandes réussites extraordinaires et de l’extinction assez rapide de plusieurs familles majeures. C’est en particulier le cas du filateur Edmond de Planet, des Destrem, fabricant de papier peint, et de l’imprimeur sur étoffe Jean-Jacques Josserand. Mais en se détachant de tout raisonnement téléologique, une pesée globale de ces patrons sous le Second Empire révèle son importance.

Un groupe hétérogène mais de plus en plus influent

5Indiquer les contours de ce groupe constitue une première étape essentielle avant d’en mesurer le poids dans la société toulousaine de l’époque où la terre demeure médiatrice des rapports sociaux.

Définition d’un corpus représentatif

6La notion de « patron » au xix^e siècle demeure très floue, elle ne repose pas sur des critères juridiques ou statistiques bien établis. Ainsi, un simple travailleur en chambre avec un ou deux apprentis peut s’appeler « patron ». On assiste alors au recours à des définitions empiriques, variables selon les régions étudiées dans cette collection d’ouvrages consacrée aux patrons du Second Empire. Retenir les cent plus importants peut paraître un peu artificiel et arbitraire, mais c’est la solution appliquée dans le Nord, en Normandie et à Marseille, cette démarche présente l’avantage de la simplicité. Le nombre d’ouvriers peut constituer un autre critère, le seuil minimal de 200 a été avancé, mais il est trop bas pour le textile et trop élevé pour les industries mécaniques, la brasserie ou le luxe. De plus, ce dernier secteur pose la question du travail dispersé souvent prédominant au milieu du xix^e siècle en France. Le niveau de fortune, avec un seuil situé à un million de francs-or dans le cas lyonnais, n’offre pas non plus toutes les garanties d’une représentativité parfaite. En effet, il s’agit le plus souvent de la fortune au décès, or celle-ci n’est que l’aboutissement de fluctuations parfois importantes avec des cessions d’actifs en fin de vie. Enfin, le chiffre d’affaires peut être un indicateur intéressant, un seuil de 500 000 francs minimum en 1860, établi en début d’enquête, avait été retenu. Son application se révéla délicate, parfois faute de données, mais aussi parce que certains historiens de l’économie lui préfèrent les notions de bénéfice ou de valeur ajoutée beaucoup plus significatives du dynamisme d’une entreprise capitaliste.

7En fait, ne retenir que les grands patrons selon des critères quantitatifs peut engendrer une représentation faussée de la réalité industrielle d’une région. Ainsi, Jean-Luc Mayaud et Claude-Isabelle Brelot ont bien démontré la nécessité de prendre en compte les petits patrons de l’horlogerie en Franche-Comté7. Le même problème se pose pour Paris où une nébuleuse d’ateliers dispersés font de cette ville la capitale de la mode et du luxe. À une moindre échelle, l’analyse du patronat toulousain suscite des difficultés similaires.

8Le critère de la notoriété peut également être retenu, il permet d’étudier quelques modestes capitaines d’industrie appartenant à des branches locales essentielles comme la chapellerie, la chaussure ou la fabrication des voitures hippomobiles dans le cas toulousain. En effet, la participation à la vie politique locale, ou à celle d’institutions représentatives comme les chambres de commerce, laisse des traces plus abondantes dans les sources. Mais l’historien doit rester prudent face aux discours, ainsi, Edmond de Planet est un homme reconnu pour ses qualités d’inventeur et d’administrateur municipal, mais sa carrière d’industrielle se révèle médiocre8. Il apparaît donc nécessaire d’adopter une démarche prudente, associant quantitatif et qualitatif, afin d’approcher la réalité complexe du monde encore mal connu des entrepreneurs de la ville rose.

Croiser les critères et les adapter au cas toulousain

9Dans un premier temps, force est de constater l’absence de très grands dirigeants à Toulouse, en dehors de l’État, sous le Second Empire. Aucun patron du secteur privé n’est mentionné comme employant plus de deux cents ouvriers, y compris dans une source qui leur est très favorable : les comptes rendus des Expositions des Beaux-Arts et de l’industrie9. Ces derniers n’attribuent que 200 ouvriers au plus important des capitaines d’industrie toulousains de l’époque, Jean-Jacques Josserand, imprimeur sur étoffe et sur mouchoirs, installé quai de Tounis. Au total, seulement une quinzaine d’établissements privés approchent ou dépassent le seuil des 100 employés pendant cette période. Mais, parallèlement, il existe une multitude de petits patrons et de petites patronnes dans des secteurs très variés comme la carrosserie, la chaussure, la mode, la chapellerie, la chemiserie etc.

10Ces patrons ont des origines très diverses, certains viennent de l’extérieur comme Joseph Manuel, teinturier de Smyrne dans l’Empire ottoman10, ou Josserand arrivé de Lyon11, ou encore Joseph Fouque né à Moustiers12. D’autres ont un solide ancrage toulousain, en particulier de Planet13, Huc14 ou Gesta15, et tous les petits ou presque. Enfin, les régions proches fournissent également des industriels. Bonnet16, fondeur en cuivre, est originaire de Tarbes, Joseph Fort17, filateur de coton, est né à Samatan dans le Gers, tandis que Jean Destrem18 a ses racines à Fanjeaux dans l’Aude.

11Un point commun semble cependant exister entre ces capitaines d’industrie, la plupart possèdent un savoir-faire, mais disposent de très peu de capitaux au départ. Ils réussissent donc des ascensions rapides en faisant preuve d’innovation technique et d’esprit d’initiative. Ainsi, Georges Manuel et ses fils développent une teinturerie de coton rouge selon un procédé oriental, le « rouge d’Andrinople »19. D’abord dépendants du filateur Plohais entre 1801 et 1805, ils s’en émancipent et importent des machines d’Angleterre et d’Alsace. Les Destrem, fondeur en cuivre, descendent d’un chaudronnier et d’un charretier. Les ancêtres de Louis Victor Gesta sont des petits marchands de bois, des « stéreurs », Louis Victor rompt alors avec la tradition familiale pour fonder une vaste manufacture de vitraux d’art. Toutefois, il existe quelques dynasties, en particulier les Virebent dont l’ancêtre était ingénieur-architecte de la ville de Toulouse à la fin du xviii^e siècle, ce qui a facilité son passage à une activité industrielle dans la briqueterie mécanisée puis les décors moulés en série grâce à des presses et à la plinthotomie20.

12Une grande diversité règne donc, mais ces hommes partagent deux idées fortes qu’ils développent de manière récurrente lors des discours des expositions : l’amour de la technique et le sentiment de vivre à une époque charnière où l’innovation ouvre de grandes perspectives. Louis XVI se déclarait volontiers « mécanicien », Louis-Philippe et Guizot croyaient au dynamisme de la bourgeoisie, mais c’est Napoléon III qui s’intéresse le plus à l’économie en s’entourant de saint-simoniens comme Michel Chevalier ou les frères Pereire. De plus, la conjoncture s’avère favorable, le Second empire est porté par la phase A du cycle Kondratiev qui court du début des années 1850 à 1873 ; le pouvoir fait alors l’apologie des industriels, ces hommes neufs que l’on a trop souvent méprisés jusque-là comme le souligne Saint-Simon dans sa Parabole21.

L’influence croissante des patrons toulousains

13En premier lieu, les industriels sont devenus les principaux employeurs de la cité, car Toulouse n’est plus exclusivement une ville de gens de justice et de négociants, entourés d’une myriade de domestiques. Sous le Second Empire, une part majeure de la population travaille dans les industries, petites et moyennes, et non plus dans l’artisanat. L’appellation « artisan » doit être réservée à des travailleurs manuels, plutôt isolés, assumant la totalité de la fabrication d’un objet destiné à une commercialisation très locale22.

14Or, justement, les patrons toulousains des années 1850 et 1860 regardent de plus en plus vers un marché au moins national. Ainsi, les 12 000 chapeaux de feutre en poils de lapin produits chaque jour à Toulouse, en 1863, dans une quarantaine d’entreprises s’appuyant sur une division poussée du travail dispersé dans la ville, ne peuvent pas se contenter du marché régional. Ces chapeaux s’écoulent sur l’ensemble de l’espace français, en Espagne, en Afrique du Nord et, pour certains, en Amérique latine. Ce dernier continent apparaît aussi comme un débouché et un espace d’approvisionnement en cuivre pour la fonderie Mather23.

15Ces entrepreneurs participent également de plus en plus à la vie politique et culturelle. Ainsi, Jacques Mather préside le Tribunal de commerce au milieu des années 1850, puis son fils aîné David lui succède24. Un peu plus tard, Antoine Firmin Destrem, teinturier, devient président du Conseil des prud’hommes de Toulouse de 1865 à 1875. Cette charge, réservée jusque-là aux négociants, échoit désormais à un industriel. Les dons aux œuvres deviennent, pareillement, l’affaire des manufacturiers. Ceux-ci se comportent en nouveaux évergètes à l’image de l’imprimeur sur étoffe Jean-Jacques Josserand, du quai de Tounis, qui laisse 110 000 francs à diverses églises et surtout à l’hospice de la Grave25. Toutefois, il existe des entrepreneurs beaucoup plus influents dans la ville rose à cette époque.

Grandes figures de l’industrie toulousaine

Le riche itinéraire d’Edmond de Planet

16Edmond de Planet domine ce groupe. Il est né en 1808 à Toulouse où son grand-père était Capitoul, mais son père et ses oncles sont surtout propriétaires dans le canton de Castanet, en particulier à Pechbusque26. Son itinéraire symbolise le basculement vers une société toulousaine nettement plus industrielle et technicienne. Il fait des études scientifiques et se passionne pour les chiffres, l’hydraulique et la mécanique27. Il voyage en Angleterre en 1847 où il séjourne dix-huit mois et visite les pays noirs du Lancashire28. Cette pérégrination s’apparente à de l’espionnage industriel car entre temps il a racheté, dès 1833, la filature Plohais dans le quartier des Amidonniers29. Il souhaite la développer en rapportant de Grande-Bretagne des plans de machines qu’il a lui-même recopiés. Mais sa filature brûle en 1854 et elle n’est pas reconstruite.

17Edmond de Planet s’implique alors dans la vie municipale, acceptant une mission d’observation à l’Exposition universelle de Paris en 185530. Ses écrits abondants et les nombreux témoignages que l’on possède sur lui révèlent son culte du progrès technique et de « la machine qui facilite la vie de l’homme »31. Parallèlement, Edmond de Planet est un membre très actif de la Chambre de commerce pour laquelle il rédige de nombreux rapports, entre autres sur l’établissement de magasins généraux avec warrants32 ou sur les sociétés anonymes. C’est également un inventeur qui se présente volontiers comme « mécanicien », en particulier avec son ventilateur enfermé dans un tambour et destiné à mécaniser le processus de projection des poiles de lapins pré-encollés sur les formes des chapeaux afin de constituer le feutre33. Il décrit aussi des machines agricoles et assiste à de nombreux concours34. En 1849 il apparaît comme conseiller municipal de la ville de Toulouse, et de 1865 à 1870 il est adjoint au maire35. Edmond de Planet participe assidûment et activement à toutes les séances du conseil – trois absences en 150 réunions – et il prend fréquemment la place du maire absent afin de présider cette institution36. En 1867, il est fait chevalier de la Légion d’honneur37. Il meurt en 1891 en laissant une fortune modeste évaluée à 167 000 francs38. Edmond de Planet n’était donc pas un grand industriel triomphant, mais plutôt un « industrialiste » actif qui analyse finement, de l’intérieur, la situation industrielle toulousaine.

Des artistes versés dans l’industrie

18Selon Edmond de Planet, la grande usine à l’anglaise s’avère très faiblement représentée à Toulouse39. À l’opposé, toujours selon ses observations, les activités liées à la mode, à la décoration, à l’ameublement et à l’art y sont omniprésentes et peuvent encore y progresser. Les faits lui donnent raison et l’on peut citer deux autres grandes figures locales du Second Empire qui illustrent cette originalité industrielle.

19Tout d’abord, Louis Victor Gesta, né en 1828, fils de stéreur, fonde en 1852, sur l’allée Louis Napoléon (actuelles allées Jean-Jaurès), une manufacture spécialisée dans la production de vitraux peints40. Très vite, il se voit confié la réalisation de quatorze verrières de la chapelle des carmes de Bagnères-de-Bigorre. Puis il travaille pour tout le sud de la France et installe ses œuvres dans seize villes différentes. Il développe un nouvel établissement plus moderne, en 1862, dans le faubourg Arnaud-Bernard. Les commandes affluent désormais de toute la France, d’Espagne et du Vatican. En 1877, il calcule qu’il a réalisé des vitraux pour plus de 7 000 églises41. Il meurt en 1894, mais ses descendants, en particulier ses trois fils, entrent en conflit et l’affaire périclite42.

20Le destin des Virebent est également exceptionnel43. Le fondateur de la dynastie, Jacques-Pascal, né en 1746, est architecte de la ville de Toulouse à partir de 178244. À son décès, en 1830, c’est le troisième de ses cinq fils, Auguste, qui développe la briqueterie familiale de Launaguet au nord de Toulouse45. Cette dernière a été autorisée en 1829. En 1831, les frères Virebent dépose un brevet d’invention pour « un nouveau genre de fabrication de briques taillées par des procédés mécaniques »46. Ce procédé, associant l’usage de presses et d’emporte-pièces (plinthotomie)47, autorise la production en grandes séries de briques puis de décors de jardins et de façades. Les dessins réalisés sont d’abord simples et de petite taille, le plus souvent ce sont des feuilles d’acanthe ou des oves. Auguste Virebent ajoute l’utilisation des moules à ces premières techniques, ceci permet de produire en grand nombre des statues à partir d’un seul modèle. En 1833, l’entreprise emploie une cinquantaine d’ouvriers et de sculpteurs qui réalisent plus de 800 000 pièces par an. L’établissement se dote d’une maison d’exposition à Toulouse, rue Foubastard, et d’un catalogue imprimé présentant les ornements en terre cuite. Auguste décède en 1857, mais sa réputation est désormais européenne ; ainsi, lors de l’exposition toulousaine de 1858, un stand entier est dédié à ses productions et des observateurs sont venus de Stuttgart pour étudier ses procédés de fabrication48. Ce succès stimule la création, en 1855, d’une autre entreprise de décors en terre cuite près du cimetière de Terre-Cabade, celle des Giscard49. Gaston Virebent succède à son père à la tête de la manufacture. Architecte et céramiste, il propose des œuvres d’art en carreaux de faïences. En 1874, il réalise le tympan de la Dalbade50.

21Mais au-delà de ces grands noms passés à la postérité, il existe des anonymes comme le carrossier Henri Mercier, le chemisier Flandin, le fabricant de chaussures Achille Roquemartine51 ou l’ébéniste Vital Fiquet52 qui connaissent des réussites industrielles tout aussi brillantes. S’appuyant sur de solides savoir-faire et organisant habilement le travail dans la ville, ils contribuent à la prospérité toulousaine qui fait bondir la population de 93 000 habitants en 1851 à près de 150 000 en 1886.

22Toulouse n’est donc pas une ville industrielle au sens classique du terme, c’est-à-dire textile, minière, ou sidérurgique, mais elle participe bien à l’essor manufacturier du Second Empire. Ses acteurs ont surtout été victimes d’une historiographie faisant le constat de l’absence de descendants dans beaucoup de cas, et concluant trop vite à une médiocrité initiale du patronat local.