1Dans les années 1970, de nombreuses fosses-dépotoirs médiévales et modernes ont été découvertes lors les travaux de terrassement effectués pendant la reconstruction du quartier Saint-Georges. Leur comblement a livré à Georges Baccrabère et à ses collaborateurs un abondant mobilier constitué pour l’essentiel de céramiques2. La plupart sont des rejets d’origine domestique, les autres des résidus de l’activité des potiers qui, pendant l’Antiquité et au Moyen Âge, étaient installés dans ce quartier3.

2Ce mobilier, entreposé dans les locaux de l’Institut Catholique, a été transféré en 2007 au Centre de Documentation et d’Étude du Service de Recherches archéologiques de Midi-Pyrénées où il a été classé puis reconditionné. Cette opération a été accompagnée par l’inventaire et l’étude des céramiques d’époque moderne provenant des centres potiers fonctionnant alors en Midi-Pyrénées, de Giroussens (Tarn)4 et de l’ensemble Cox-Lomagne notamment5. Elle a permis de compléter les données réunies depuis 2001 dans le cadre d’une opération de prospection thématique sur les ateliers du « groupe de Cox » et, aussi, de constater la présence, parmi les céramiques des xvi^e, xvii^e et xviii^e siècles, de pièces attribuables à des centres potiers situés notamment dans l’arrière pays marseillais et en Italie, Toscane et Ligurie.

3Les données ainsi réunies ont été complétées par l’examen de céramiques recueillies dans les années 1940-50 par le céramologue toulousain Félix Mathieu ou issues de gisements situés dans d’autres quartiers de l’agglomération6. Le mobilier, en cours d’étude, provenant du remplissage du puits public de la place Saint-Étienne remployé comme dépotoir après son abandon en 1649 a été également utilisé.

Productions de l’ensemble Cox-Lomagne

4Vers le milieu du xvi^e siècle, des potiers d’origine étrangère viennent s’installer dans plusieurs villages de Midi-Pyrénées, de Lomagne notamment (Cox, Montgaillard, Lavit, Gariès et Maumusson). Les raisons de leur venue ne sont pas exactement établies mais en ce qui concerne Cox (Haute-Garonne), il semble bien qu’elle soit due au fait qu’un artisanat de la poterie existait déjà. Ces nouveaux arrivants répondent à la transformation des habitudes alimentaires qui s’opère alors en réalisant des formes différentes de celles jusque là en usage. Ils les agrémentent de divers types de décor, le plus souvent peints, non pratiqués par les potiers locaux.

5Le marché toulousain est rapidement inondé par la vaisselle provenant des ateliers de Lomagne et surtout de Cox dont la réussite commerciale est due pour une part à la mise en place d’un système de vente indirecte par l’intermédiaire de « traiginiers » ou rouliers7. Elle s’explique surtout par une production dont la qualité contraste avec celle, relativement médiocre, des artisans locaux. Installés dans le faubourg Saint-Étienne8, ces derniers fournissent surtout des céramiques à usage culinaire assez lourdes et simplement glaçurées.

6Pendant la seconde moitié du xvi^e siècle, une part importante des céramiques à décor peint de l’ensemble Cox-Lomagne vendues à Toulouse est constituée par des écuelles tronconiques. Leur décor a pour particularité d’être réparti sur deux registres (planche 3, fig. 1). Des plats, des assiettes creuses tronconiques et des jattes de ce profil ou hémisphériques sont également proposés aux acheteurs (planche 3, fig. 2-3). Ces céramiques utilisées pour la présentation et la consommation des aliments sont en pâte blanche. Elles ont subi une double cuisson et leur décor fait appel à des oxydes métalliques (manganèse, cuivre et cobalt) posés sur engobe blanc. Une glaçure plombifère sert de couverte.

7Pour la cuisson des aliments, les potiers fournissent en quantité des marmites globulaires à lèvre triangulaire fortement inclinée vers l’intérieur et des coquemars dont certains présentent le même type de lèvre. Leur face interne est revêtue d’une glaçure plombifère par saupoudrage (planche 3, fig. 4-6)

8Dans le courant du xvii^e siècle, la vaisselle de table se diversifie avec, notamment, l’apparition sur le marché de nouveaux modèles d’assiettes plates et creuses et de plats parfois de grande taille (planche 3, fig. 7-8 et planche 4, fig. 9). Certaines de ces pièces, sans doute moins coûteuses, sont dépourvues de décor.

9Il en va de même pour les écuelles, de forme hémisphérique désormais (planche 4, fig. 10-11). Lorsqu’il existe, leur décor couvrant et le plus souvent géométrique fait parfois place aux monogrammes IHS et AM entrelacés (planche 4, fig. 11).

10Ces ateliers fournissent également des bols au décor rayonnant. Ils ne comportent parfois que quelques filets tracés en vert et des rangées de tirets ou de points. Ils proposent également aux acheteurs réchauffe-plats avec trois ou quatre supports d’abord pointus (planche 4, fig. 12), puis en forme de champignon, diverses formes de pichets et de cruches (planche 5, fig. 13-14).

11Au cours de la seconde moitié du xvii^e siècle, l’argile blanche est abandonnée pour de l’argile rouge et les formes deviennent plus lourdes. Les décors peints finissent par se réduire à quelques points et traits rehaussés de vert (planche 5, fig. 15).

12Les marmites continuent d’arriver en grand nombre de Lomagne. Leur allure générale reste la même mais leur lèvre triangulaire est creusée d’une cannelure à l’extérieur (planche 5, fig. 16).

13Au xviii^e siècle, les céramiques de table sont dépourvues de décor peint. Assez lourdes, elles sont simplement revêtues d’une glaçure jaune sur engobe blanc. Sur l’aile de certains plats et assiettes, une fleur de lis est réalisée par estampage (planche 6, fig. 17). Elles sont parfois plusieurs, placées côte à côte. Les écuelles, de plus petite taille qu’auparavant, se raréfient. La forme des marmites reste inchangée.

14Bien que la fouille d’un four curieusement installé au-dessus d’un dépotoir de potier du xviii^e siècle et datable de la fin de ce siècle ou du début du suivant apporte la preuve de la réalisation à Cox d’assiettes imitant les faïences brunes des ateliers d’Albisola dites aussi « terres de Gênes », il n’a pas été établi jusqu’ici que cette production apparemment marginale des ateliers coxéens (planche 6, fig. 18) ait été commercialisée à Toulouse.

Ateliers de Giroussens (Tarn)

15Dans le premier quart du xvi^e siècle sans doute – la première mention est de 1535 – des potiers s’établissent en bordure de la forêt qui, aujourd’hui encore, occupe une grande partie du territoire de Giroussens. Faute peut-être d’un système de commercialisation efficace, leurs productions, en pâte rouge exclusivement, n’ont que peu pénétré le marché toulousain et se sont surtout vendues dans l’Albigeois.

16Deux assiettes du xvii^e siècle appartenant au lot 35 de la rue Paul-Vidal proviennent de Giroussens. Leur profil est semblable et leur aile porte la même empreinte de sceau rappelant ceux des plats en argent ou étain (planche 6, fig. 19). À peu près contemporaine des précédentes, une assiette de la fosse 2 de la rue Paul Vidal conserve en partie son décor floral (planche 6, fig. 20).

17Dans la seconde moitié du xvii^e siècle, Giroussens propose des céramiques au décor peint simplifié. Pour deux plats de la fosse 35 de la rue Paul-Vidal, celui de l’aile est constitué de simples feuilles vertes et jaunes disposées transversalement (planche 7, fig. 21). Ce motif se retrouve sur un plat daté de 1671 conservé au musée Paul-Dupuy à Toulouse.

18Au xviii^e siècle, les céramiques de Giroussens continuent de parvenir à Toulouse, toujours en petite quantité. Il s’agit d’écuelles avec une spirale tracée en vert sur le fond (planche 7, fig. 22) et surtout d’assiettes et de plats dont l’aile comporte un simple trait en zigzag ou une succession d’S imbriqués formant torsade (planche 7, fig. 23-24). La partie centrale du bassin est souvent agrémentée d’une spirale parfois accompagnée de taches vertes ou brunes. Le jaune de cobalt a cessé d’être utilisé.

Productions languedociennes

19Dans le courant du xvii^e siècle, les céramiques originaires du Languedoc font leur apparition à Toulouse.

Ateliers de Saint-Quentin-la-Poterie (Gard).

20Les céramiques produites alors par les ateliers de Saint-Quentin-la-Poterie, dans la vallée de l’Uzège, sont en argile réfractaire blanche. L’intérieur porte une glaçure plombifère jaune vif sur engobe blanc. Deux coquemars globulaires et un manche cylindrique creux provenant d’une fosse de l’Hôtel Saint-Jean-de-Jérusalem présentent ces caractéristiques (planche 8, fig. 25, n^o 1-3). Il en est de même pour un troisième coquemar, au profil plus anguleux, extrait du comblement d’une mare en bordure du port Saint-Sauveur, sur le Canal du Midi (planche 8, fig. 25, n^o 4)9.

Ateliers de Meynes (Gard)

21L’attribution au centre potier de Meynes dans le Gard10 peut être proposée pour des céramiques à décor d’engobe blanc sur fond rouge dont tout un lot, composé d’assiettes creuses et de plats, a été découvert dans le comblement de la mare du port Saint-Sauveur.

22Les assiettes sont de forme simple. Elles possèdent une large aile inclinée à 45° et terminée le plus souvent par une lèvre arrondie. Leur pied est débordant. Elles sont parfois simplement glaçurées mais la plupart présentent un décor réalisé avec un engobe blanc selon une technique particulière dite « au verre de lampe ». Lorsqu’elle est bien maîtrisée, cette technique permet l’obtention de cercles réguliers. À l’intérieur, des gouttes d’engobe souvent rehaussées de vert forment des rosettes. Parfois, des rosettes s’intercalent entre les cercles (planche 8, fig. 26). Les mêmes motifs que sur les assiettes figurent sur le marli des plats mais une ligne ondée est tracée à l’engobe blanc sur leur aile étroite. Une assiette provenant d’un de ces ateliers a été trouvée lors des fouilles, en bordure du canal du Midi, de l’atelier du faïencier Théophile Collondre dont la période d’activité se situe entre 1732 et 1750 environ11.

23À côté de ces pièces relativement soignées figurent des assiettes sur lesquelles le décor de cercles et de points est plus malhabile, presque grossier. Alors que la glaçure est directement posée pour les pièces de bonne qualité, un engobe brun a ici été appliqué sans soin, avant la réalisation du décor et la pose de la glaçure. Ces assiettes témoignent de l’existence d’un second choix ou, peut-être, de l’imitation des productions languedociennes par des potiers installés à Toulouse (planche 8, fig. 27).

24De l’engobe a été également utilisé pour le décor, en partie rayonnant, d’une assiette à glaçure brun rouge de la fosse 2 de la rue Paul-Vidal (planche 9, fig. 28). Elle provient peut-être d’un atelier de Meynes tout comme les pièces suivantes : une assiette creuse à paroi de profil courbe et décor moucheté blanc sur fond brun rouge (planche 9, fig. 29) ; une jatte (planche 9, fig. 30) et un plat (planche 9, fig. 31) dont le décor marbré à la barbotine brune présente des traces diffuses de couleur verte.

Atelier d’Anduze (Gard)

25À la fin du xvii^e siècle, les propriétaires d’hôtels particuliers font appel aux vases horticoles d’Anduze pour agrémenter cours et jardins12 (planche 9, fig. 32 à droite). Des fragments d’un de ces vases figurent dans la fosse 2 de la rue des Pénitents Blancs. Sa pâte est brun rouge et des bandes verticales de glaçure colorées en vert, brun clair et brun manganèse se succèdent sur sa face externe (planche 9, fig. 32).

Ateliers de l’Huveaune (Bouches-du-Rhône)

26Un fragment de cruche trouvé place d’Occitanie renvoie aux produits languedociens de la seconde moitié du xvii^e siècle et, peut-être, à ceux des ateliers de l’Huveaune dans l’arrière pays marseillais13. Sa face externe, revêtue d’une épaisse glaçure jaune, présente une applique en forme de fleur de lis (planche 10, fig. 34).

Productions italiennes

Ateliers de Montelupo (Toscane)

27Une assiette en faïence d’un dépotoir de la rue Paul-Vidal (lot 37) témoigne de la présence, à la fin du xvii^e siècle, de productions de Montelupo. La spirale jaune au centre du bassin est entourée de feuilles de chêne tracées en brun et vert clair (planche 9, fig. 33). Il s’agit du témoignage le plus occidental de productions jusqu’ici attestées en Provence, à l’Hôtel-Dieu de Marseille notamment14.

28En fait, les productions toscanes parviennent à Toulouse dès le premier quart du xvi^e siècle. Une assiette trouvée en 1973 lors de fouilles place Saint-Jacques en apporte la preuve15. Son attribution à Montelupo est rendue possible par les deux éléments décoratifs utilisés pour le registre de son aile (ovale avec losange curviligne et fleuron) et pour le registre intermédiaire (triangles à bords festonnés) (planche 10, fig. 35). Ce décor se retrouve notamment sur une assiette creuse remontée de l’épave de la Lomelina coulée en 1516 dans la rade de Villefranche-sur-Mer16.

Ateliers de la côte ligure

29À partir de la première moitié du xvii^e siècle, les ateliers de la côte ligure et, notamment, ceux d’Albisola ont dans une large mesure participé à l’approvisionnement de Toulouse. Après un transport par mer jusqu’aux ports languedociens dont Sète, la vaisselle de terre ligurienne arrive sans rupture de charge à Toulouse en empruntant le canal du Midi. Une ordonnance prise par les Capitouls le 21 avril 1731 autorise les marchands génois à « vendre en tout temps leur fayance sur les toises du canal, même de la mettre dans les magazins à condition néanmoins qu’ils ne pourront la vendre que sur les toises ». Cette concurrence mettra en danger les manufactures toulousaines mais aussi l’ensemble Cox-Lomagne qui, nous l’avons vu, s’essouffle dans la seconde moitié du xvii^e siècle.

Faïence stannifère à décor de palmettes bleues

30Productions attestées à Albisola par des déchets de cuisson17, des assiettes à décor de palmettes traitées en bleu sur fond d’émail stannifère figurent dans le mobilier provenant de deux gisements toulousains.

31Il ne subsiste qu’un fragment d’une des pièces qui appartient au lot 34 de la rue Paul-Vidal. Sa face externe a la particularité d’être décorée d’arcatures (planche 10, fig. 37). Une seconde pièce apporte des informations sur le décor du bassin pour l’essentiel occupé par un losange aux lignes courbes comportant un motif étoilé à huit branches au centre et une série de traits superposés dans les angles (planche 10, fig. 36). Ce décor rappelle celui d’une assiette trouvée lors des fouilles de la Place Villeneuve-Bargemon à Marseille. Deux assiettes à décor de palmettes ont été remontées de l’épave Saint-Honorat I, incendiée en 1637 à proximité des îles de Lerins18.

Faïence blanche

32Au xviii^e siècle, les ateliers d’Albisola et de Savone distribuent une faïence caractérisée par une pâte mal cuite de couleur beige clair et par une couverte stannifère blanche en général fort épaisse qui, seule, lui confère une certaine solidité. Le bleu est utilisé pour son décor mais certains éléments sont parfois en vert. Cette production appelée « faïence blanche ou grise » est surtout représentée par des assiettes dont l’aile, large et concave sur le dessus, se termine par une lèvre arrondie. À l’intérieur, un talus la sépare du bassin. Une frise de triples points bleus associée à un ou deux filets dont un parfois vert ou, moins souvent, une sorte de dentelles également traitée en bleu agrémentent leur aile. Un motif floral est placé au centre du bassin sur deux assiettes trouvées au n^o 11 de la rue du Languedoc (planche 10, fig. 38-39). On retrouve sur l’une d’elles le motif, alors en vogue, de la tulipe. Un bouquet plus développé et de composition symétrique décore le bassin d’une assiette appartenant au mobilier du xviii^e siècle extrait de la fosse 39 du quartier Saint-Georges (planche 10, fig. 40). Plusieurs de ces assiettes en faïence blanche ont été trouvées dans un contexte datable des années 1750-1800 au cours des fouilles effectuées place Esquirol en 1992-9319.

33Une frise de points groupés en triangle et associés à un filet vert s’observe également sur un fragment de la partie supérieure d’un pot de petite taille trouvé en 1942 dans le quartier de la Daurade et conservé au musée du Vieux-Toulouse (planche 10, fig. 41).

Céramiques à glaçure brune

34À la fin du xvii^e et, surtout, au xviii^e siècle, les ateliers d’Albisola produisent des céramiques à pâte fine de couleur rouge, glaçurées au plomb sur les deux faces et décorées sous couverte de « larges traits ondulants » au brun de manganèse. Ces réalisations dites « à taches noires » sont abondamment exportées en Provence mais aussi en Charente, à Saint-Malo ou au Canada20. Quelques assiettes appartenant à cette production ont été trouvées à Toulouse.

Production orientale

35Une tasse en porcelaine orientale avec décor floral bleu figurait dans le remplissage d’une des fosses de l’Hôtel Saint-Jean-de-Jérusalem, parmi un mobilier céramique de la seconde moitié du xvii^e siècle (planche 11, fig. 42).

Céramiques de provenance indéterminée

36Nous terminerons par la présentation de pièces dont le lieu de fabrication reste à déterminer. La première est un plat en pâte blanche de petit diamètre faisant partie d’un lot de céramiques livrées par la fosse 33 de la rue Paul-Vidal. Datable du xvii^e siècle, elle se caractérise par un fond convexe, une aile oblique s’épaississant vers une lèvre redressée de profil triangulaire. L’oxyde de manganèse a été utilisé pour son décor peint réalisé sans engobe. Sur l’aile, des ocelles partiellement colorées en vert alternent avec des séries de traits. Sur le bassin, un pigeon est de profil, tourné vers la droite, l’aile visible est colorée en vert (planche 11, fig. 43).

37Trois tessons ne se raccordant pas proviennent d’une assiette creuse retirée de la fosse 47 du quartier Saint-Georges. Elle est en pâte brun rouge avec décor peint brun, vert et bleu. Sur l’aile, une série de traits en dents de scie déterminent des triangles occupés par un demi-fleuron du côté externe, par deux spirales formant un V et un demi-cercle bordé de traits rayonnant de l’autre. Le contexte indique le xvii^e siècle (planche 11, fig. 44).

38La même fosse a fourni un tesson provenant de l’aile d’un grand plat (diam. 39 cm) dont la pâte est brun rouge en surface, gris clair en profondeur. Un élégant rinceau bleu rehaussé de brun constitue l’élément principal de son décor réalisé sur engobe. Il pourrait s’agir d’une majolique italienne mais plusieurs défauts paraissent indiquer un essai de fabrication à Toulouse même. Des fragments d’argile rouge venant de la paroi du four ou, plus probablement, de la gazette dans laquelle la céramique était placée pendant sa cuisson adhèrent en plusieurs points de sa surface. Sa glaçure, mal répartie, est terne en certains endroits. Elle a de plus été endommagée par des bulles d’air (planche 11, fig. 45).

39Les recherches ne sont pas suffisamment avancées pour qu’il soit possible d’évaluer avec précision l’importance commerciale de chacun des lieux de production extérieurs à Toulouse qui ont pu être identifiés. Il serait pour cela nécessaire d’examiner l’ensemble du matériel céramique d’époque moderne découvert dans l’agglomération toulousaine et notamment celui provenant des interventions pratiquées par l’INRAP. La prépondérance des ateliers de l’ensemble Cox-Lomagne, écrasante aux xvi^e et xvii^e siècles, s’amenuise progressivement au cours du siècle suivant alors que s’amplifient les importations italiennes et, dans une moindre mesure, languedociennes. Un réseau commercial efficace mais aussi la facilité de transport qu’offre le Canal du Midi après 1680 expliquent le succès commercial grandissant des céramistes ligures. Ce succès, rendu plus manifeste encore par l’absence de leurs homologues espagnols, est aussi la conséquence de la médiocrité des céramiques réalisées par les potiers toulousains et de la baisse progressive de qualité de celles des ateliers de l’ensemble Cox-Lomagne.