Toulouse, une métropole méridionale
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Petits et grands serviteurs de la cité : les officiers municipaux de Toulouse du xiiie au xvie siècle
Résumé
Le Bas Moyen Âge voit la mise en place progressive, au sein de la maison commune de Toulouse, de toute une administration de plus en plus nombreuse et spécialisée. Chargée en particulier d’assurer la continuité de l’action des capitouls dont le renouvellement était annuel, elle laisse apparaître une nette hiérarchie des fonctions que souligne l’analyse des gages qui y étaient liés. Parmi les grands officiers, le greffier du consistoire s’affirme progressivement comme le plus important des serviteurs de la cité.
Texte intégral
- 1 Liberty and Political Power in Toulouse (1050-1250), New York, Columbia University Press, 1954, XII (...)
- 2 « Registres d’impôts et vie économique à Toulouse sous Charles VI », Annales du Midi, t. LVI, 1944- (...)
- 3 J.-H. Mundy a entre autre montré le passage du notariat comtal au notariat consulaire vers la fin d (...)
- 4 Philippe Wolff, « Une administration municipale au travail : Toulouse », dans Werner Paravicini et (...)
- 5 Citons par exemple Camille Rivain, Notice sur le consulat et l’administration consulaire d’Aurillac (...)
- 6 René Fédou, Les hommes de loi lyonnais à la fin du Moyen Âge. Étude sur l’origine de la classe de r (...)
1Lorsqu’on analyse les études sur la Toulouse médiévale, force est de constater que l’histoire économique et sociale a largement pris le pas sur l’histoire institutionnelle. Des travaux fondateurs de John Mundy1 pour les xiie et xiiie siècles à ceux de Philippe Wolff2 pour les xive-xve siècles, il n’est fait que très rarement mention de l’organisation administrative de la ville. Tout au plus trouvons-nous dans les œuvres du premier quelques pages sur le notariat consulaire3 et dans celles du second un seul article consacré à ce sujet, et qui s’avère très général4. Tout se passe en fait comme si l’histoire institutionnelle de Toulouse se limitait aux marches les plus hautes de l’édifice administratif communal, celles des élus de l’universitas. Cette tendance de la recherche n’est d’ailleurs pas propre à Toulouse, et rares sont les monographies qui y dérogent5. Seul le personnel des chancelleries municipales, et en particulier le monde des conseillers juridiques des édiles, semble avoir suscité quelque intérêt à la suite des travaux de René Fédou6.
2Pourtant comment concevoir qu’une ville ne fonctionne qu’avec des représentants dont le mandat n’est que d’une année ? Si ceux-ci orientent la politique de la cité et sont à la tête de son administration, que feraient-ils en effet sans les conseils avisés de leurs assesseurs, de leurs syndics ou de leurs notaires, sans la gestion rigoureuse de leurs trésoriers et sans le dévouement de l’ensemble des agents chargés de l’exécution de leurs décisions ? Tous ces officiers (hormis le responsable des finances, pour éviter toute dérive) présentent pour eux et pour la ville un avantage : même s’ils doivent être nommés chaque année par les nouveaux consuls/capitouls, ils font preuve d’une extrême stabilité dans leur office et effectuent parfois au sein de l’administration municipale de véritables carrières. Il y a bien sûr une hiérarchie dans ces offices, et le crieur public ne peut rivaliser en salaire comme en honneurs avec un assesseur. Ce sont tous ces aspects que les riches séries comptables des Archives municipales de Toulouse vont nous permettre d’aborder ici, sans aucune prétention d’exhaustivité mais en souhaitant que d’autres recherches viennent bientôt enrichir ce dossier.
3Nous venons d’aborder les sources, et il est vrai que si nous nous en tenons aux « grands » textes concernant l’organisation administrative de Toulouse au Moyen Âge, nous n’y glanons que peu de renseignements.
- 7 AA 1/73 [toutes les cotes citées dans cet article proviennent des Archives municipales de Toulouse] (...)
- 8 AA 1/73, fol. 91 : Cum stabilimenta singulis annis a consulibus tolosanis facta seu posita, propter (...)
4Pour la période comtale, un seul document officiel nous est parvenu. Il date de 1227 et nous apprend que les consuls ordonnent qu’à l’avenir quatre notaires, deux de la cité et deux du bourg, devraient tenir des livres des « établissements », c’est-à-dire des registres d’ordonnances consulaires7. Cette décision était entre autre dictée par un constat très critique du fonctionnement de l’administration communale, qui pointait en particulier la négligence des consuls et des notaires antérieurs8.
- 9 AA 34/7, copiées dans AA 3/4.
- 10 Nous nous permettons ici de renvoyer à notre thèse soutenue en janvier 2007 : Formes et enjeux d’un (...)
- 11 Ibid., t. 2, p. 19-20.
5Les lettres patentes du roi Philippe III, données à Nîmes au mois d’octobre 1283, ne nous fournissent pas plus de matière9. Le sujet principal concerne les élections consulaires, et un paragraphe y mentionne simplement que deux notaires seront nommés par les consuls pour tenir le greffe de leur cour criminelle. Une décennie plus tard, en 1295 exactement, la première transcription officielle d’un procès-verbal d’élection dans le tout nouveau « grand livre » de la ville10 nous permet cependant de préciser l’organisation de la haute administration municipale. Elle comportait alors quatre assesseurs (deux pour la cité et deux pour le bourg), deux syndics (un pour la cité et un pour le bourg), douze notaires (six pour la cité et six pour le bourg), deux notaires criminels (un pour la cité et un pour le bourg) et enfin trois autres notaires de la « petite cour » (curia pauqua ou parva, dont les compétences sont mal connues) – (deux pour la cité et un pour le bourg)11, soit pas moins de vingt-trois juristes dès cette époque pour conseiller les consuls, rédiger tous leurs actes et représenter la ville dans les nombreux procès qu’elle intentait ou qu’on lui faisait. Le trésorier n’apparaît dans ces listes (lacunaires, il faut le noter) qu’en 1303-1304. Ces officiers sont en quelque sorte le « noyau dur » de l’administration communale, la garde rapprochée des consuls, celle dont les noms vont être chaque année tracés en belles lettres sur les feuillets enluminés de ce qui deviendra au tournant des xive-xve siècles le premier « Livre des Histoires » de Toulouse.
- 12 Sur cette affaire, voir FF 57 à 60 ; voir aussi Histoire générale de Languedoc [désormais HGL], 3e (...)
- 13 AA 3/229.
- 14 AA 3/10.
6La crise municipale créée par l’affaire Aymeric Bérenger en 133212 va entraîner une nouvelle réorganisation. Les lettres patentes de Philippe VI de février 133613 instaurent en particulier la nomination de deux trésoriers (un pour la cité et un pour le bourg) au lieu d’un seul. Une nouvelle représentativité entre les deux noyaux de la ville voit aussi le jour à cette occasion (huit consuls pour la cité, quatre pour le bourg), représentativité que l’on retrouve dans la nomination des assesseurs, au nombre de trois (deux pour la cité, un pour le bourg). Le serment extrêmement détaillé des capitouls de cette période nous fournit d’utiles renseignements sur la charge délicate des trésoriers et sur l’organisation du notariat municipal14. Les premiers avaient pour tâche essentielle de faire rentrer dans les caisses municipales las talhas, rendas e totz los emolumens de l’année ; ils ne pouvaient cependant engager aucune dépense sans le mandement des 12 capitouls, ou au moins de 8 d’entre eux, qui étaient d’ailleurs responsables sur leurs propres deniers du bon fonctionnement de la trésorerie. Ces officiers de finance devaient prêter serment à leur entrée en fonction et rendre compte de leur gestion dans le mois suivant la fin de leur année d’activité. À l’instar des capitouls, ils ne pouvaient être reconduits dans leur fonction qu’au bout d’un délai de 6 ans minimum. La chancellerie municipale, quant à elle, apparaît très structurée : nous trouvons deux notaires au criminel, l’un nommé par les capitouls de la cité et l’autre par ceux du bourg, et deux autres pour la cort petita, choisis de la même manière ; quant aux douze « tabliers » de la maison commune dédiés aux causes civiles, ils avaient à leur tête huit notaires créés par les capitouls de la cité et les quatre autres par ceux du bourg.
- 15 AA 3/253.
- 16 AA 3/254.
- 17 AA 3/253, Art. 3 : (…) « l’un des deux notaires sera contraroleur e[t](s) sera tenutz de enregistre (...)
- 18 Ibid., Art. 15 : « Item que le notaire du consistoire de ladite maison ait et soit tenuz doresenava (...)
7En 1390, l’autorité royale intervient encore de manière règlementaire. Nous sommes à l’époque où l’on fixe uniformément le nombre des consuls en Languedoc à quatre. Les instructions et ordonnances du conseil du roi, des gens des comptes et trésoriers de Languedoc « sur le fait des capitouls de la ville de Tholouse » du 24 avril de cette année-là règlent dans le détail d’un côté la gestion, en particulier financière, des affaires communes15, et d’autre part les gages et avantages en nature de chacun des officiers de la maison de ville16. L’organisation administrative générale y est abordée : il n’y aura plus qu’un trésorier unique, deux assesseurs (un pour la cité et un pour le bourg) et deux syndics (idem). Deux notaires prennent une place prééminente dans l’administration municipale : l’un (le « contrerôleur » ou contrôleur) devient le garant de la bonne tenue de la trésorerie17, et l’autre (notaire du consistoire) des décisions des capitouls et des conseils de la ville comme de l’enregistrement des privilèges18.
8Mais c’est le second document [voir annexe] qui va nous arrêter quelques instants, car il nous fournit une liste complète des officiers tant supérieurs que subalternes de la maison commune, comme d’ailleurs de certains autres personnages extérieurs à celle-ci mais recevant également des émoluments de la part des capitouls. Le tableau qui suit, dans lequel nous avons essayé de réorganiser hiérarchiquement les données du document, se révèle particulièrement instructif. Nous y notons tout d’abord la disparition du nombreux corps de notaires présent au début du siècle, au profit des seuls greffier du consistoire et notaire de la trésorerie. On y remarque également la nette disparité entre les salaires des juristes et ceux des officiers subalternes, ainsi qu’entre les juristes de la maison commune et ceux qui sont délégués auprès des autres cours de la ville. On y voit enfin que ce dispositif administratif permet de contrôler l’ensemble des fonctions essentielles de la ville : la sécurité (capitaine du guet et soldats, guetteur, artilleur), l’alimentation de la population (peseurs de pâtes, affineur du poids, gardes des halles), l’information (messagers, crieur, trompettes) et surtout la défense des privilèges (assesseurs, syndics, notaires et tous les officiers œuvrant dans les différentes cours de la ville). Nous reviendrons plus loin sur les avantages en nature, dont les robes, qui représentaient un complément substantiel aux salaires perçus et ne manquaient pas de conférer à leurs bénéficiaires un signe visible de leur pouvoir.
9Pour autant, cette réglementation très pointilleuse semble n’avoir été appliquée que peu de temps. Dès 1400-1401, nous retrouvons deux trésoriers, trois ans plus tard trois assesseurs puis quatre en 1412-1413. Au tout début du xvie siècle, ces derniers atteignent même le nombre de six alors qu’en 1507 apparaît la fonction d’assesseur honoraire que l’on confie à Nicolas Bertrand. Parallèlement le nombre des syndics augmente également, en même temps qu’une spécialisation se dessine dans leur corps. Outre les deux principaux syndics de la maison commune dont les noms se retrouvent sur le « Livre des Histoires », ainsi que les trois autres qui sont détachés respectivement auprès du sénéchal, du viguier et de l’officialité, un procureur au parlement apparaît dans les années 1450 et un syndic chargé des « offices mécaniques » en 1525-1526. En 1497-1498, enfin, un grade supérieur est créé : celui de « syndic et solliciteur », confié à partir de l’année suivante à celui qui sera le grand réformateur de l’administration municipale dans les années 1520, Pierre Salamonis.
- 19 Arch. dép. Haute-Garonne, Ms 17, fol. 28v°.
- 20 II 625, fol. 154 ; Germain de La Faille indique (Annales de la ville de Toulouse…, Toulouse, Colomy (...)
- 21 BB 269, fol. 53 ; La Faille précise (Annales, t. 2, p. 13-14) : « Ce fut aussi en cette année qu’on (...)
- 22 BB 269, fol. 53-v°.
- 23 Il est nommé pour la « garde de papiers et visitation des privilieges » et reçoit un salaire de 12 (...)
10De nouvelles fonctions font également leur apparition dans les premières décennies du xvie siècle. En 1509-1510, devant les attaques récurrentes de la peste, les capitouls instituent « deux chirurgiens pour proceder aux pestiferés, et les firent loger en maison privée »19, puis en 1515-1516 un capitaine de la santé20. On retiendra ensuite que l’année 1518-1519 fut particulièrement fertile dans le domaine administratif : les capitouls organisèrent d’une part la « famille du guet », qui serait désormais reconnaissable par les casaques aux armes de Toulouse que ses trente hommes porteraient21, et instaurèrent d’autre part quatre « réveilleurs » chargés d’arpenter les rues de la ville « toutes les nuitz depuis une heure jusques à cinq criant avec son de cloche : “Reveilhés-vous qui dormés, priés Dieu pour les trepassés”22 ». En dernier lieu, nous ne saurions oublier que c’est en 1525-1526 que le syndic et solliciteur Jean Balard devint officiellement le premier archiviste en titre de Toulouse, lui qui avait été chargé dès 1519 de la grande « réformation » de ce secteur23.
11Les comptes de ces années 1510-1520 nous donnent d’ailleurs l’occasion de dresser un nouveau tableau de l’administration municipale d’alors, qui fait apparaître un certain nombre de petits emplois dont nous ne pouvons situer précisément la création.

- 24 CC 1882.
Tableau des rémunérations payées sur le budget communal24 (1518-1519)
12Ce tableau doit être complété par un certain nombre de considérations. La première concerne l’apparente faiblesse des gages des syndics par rapport aux autres juristes de la chancellerie municipale. Il faut savoir que, outre leur salaire, tous ces hommes de droit touchaient régulièrement des rémunérations pour tous les travaux d’écriture ou les déplacements qu’ils étaient amenés à faire dans le cadre de leurs fonctions. La deuxième a trait aux deux capitaines de la ville, celui de la peste et celui du guet, dont les gages à première vue importants leur servaient en fait à payer directement un certain nombre de « faux frais » inhérents à leur charge. Il en était d’ailleurs de même pour les deux gardes du pont de la Daurade, pour le trésorier et pour le « verguier » de la maison commune, sorte de surintendant chargé d’entretenir l’ensemble des locaux et d’y assurer entre autres l’éclairage. On remarque enfin, dans l’échelle de ces salaires, la prééminence du greffier des capitouls qui apparaît clairement comme le personnage le plus important de la haute administration municipale.
13Si les gages que ces officiers touchaient nous permettent d’établir une hiérarchie entre eux, d’autres éléments plus visibles établissaient également une certaine distinction. C’est le cas de la livrée qui leur était attribuée à l’image des robes, manteaux et chaperons des capitouls.
- 25 BB 273/5, fol. 8v°, 9, 10 et 11.
- 26 BB 273/4 et 4v° ; celle de 1392-1393 le présente cependant avec des revers de manches de couleur ég (...)
- 27 La première mention spéciale dans les comptes de l’achat de 5 pams d’escarlata pour la confection d (...)
- 28 CC 2344, n° 24.
- 29 CC 2347, n° 34 (1498-1499) ; CC 2350, n° 121 (1500-1501).
14Il faut attendre le milieu du xve siècle pour en connaître un certain détail, les comptes du siècle précédent ne nous donnant que des sommes globalisées pour l’ensemble des officiers. Parmi les agents de la haute administration, seul le trésorier est gratifié d’un élément vestimentaire distinctif : le chaperon de couleur rouge. Nous en avons conservé une représentation sur les enluminures ornant les chroniques de 1409-1410, 1438-1439, 1440-1441, 1442-1444 et 1446-144725. Il semble que cette spécificité date du tournant des xive et xve siècles, les images de 1392-1393 et 1393-139426 ne la faisant pas apparaître27. En 1493-1494, ce chaperon devient violet28, et à la fin du siècle, le trésorier se voit également doté d’une robe de drap mescla de Perpignan dont le prix à la canne est nettement plus élevé que celui des subalternes29.
- 30 Ibid., fol., 26v°.
- 31 CC 2341, n° 42.
- 32 CC 2343, n° 93.
- 33 CC 2344, n° 87.
- 34 CC 2347, n° 34.
15En fait, les officiers qui bénéficient surtout d’un signe extérieur visible et coloré sont les hommes de terrain, c’est-à-dire les agents d’exécution et de surveillance de la ville. En 1454-1455, les trois ménétriers, les deux trompettes, le messager, le crieur, le guetteur et le portier de la maison commune se voient ainsi vêtus de drap vert e rosat d’Angleterre30, et cette mi-partition rouge et verte reste leur signe identitaire pendant plusieurs décennies. Il faut attendre la fin du xve siècle pour qu’on assiste à une certaine personnalisation de ces livrées : en 1489-1490, si le verguier/portier, le garde de la Pierre, les cinq ménétriers et les huit sergents sont gratifiés de drap vert et violet de Bourges, le messager et le cuisinier reçoivent du tissu uni vert alors que le crieur doit se contenter de mescla de Toulouse31. En 1491- 1492, le rouge semble être à la mode : le verguier du Gai savoir et le cuisinier reçoivent chacun deux cannes de drap uni de cette couleur, alors que tous leurs collègues (ménétriers, garde de la Pierre, peseur des pâtes, verguier de la maison commune) reçoivent du drap mi-parti rouge et vert ; seuls les sergents conservent le violet et vert32. En 1495-1496, les ménétriers et le verguier sont habillés de rouge et de jaune33, alors qu’en 1498-1499, le vert revient en force : la mi-partition vert-clar (blanc ?) distingue les sergents, le garde de la Pierre et le peseur des pâtes, le drap vert-rosat est réservé aux ménétriers et au verguier de la maison commune, alors que le vert uni habille le crieur, le messager et le verguier du Gai savoir34.
16Mais derrière ces données brutes, nous trouvons des hommes et des familles qui ont occupé la scène politico-administrative de Toulouse durant tout le bas Moyen Âge et dont nous allons maintenant tenter d’analyser le rôle et l’importance dans chacun des offices municipaux.
Les grands officiers
- 35 Si l’on prend cependant en compte la totalité des 657 familles que nous avons identifiées comme aya (...)
- 36 On y retrouve les grands noms de la noblesse toulousaine : les Ysalguier en premier (52 consuls), l (...)
17L’étude prosopographique du personnel de la maison commune fait clairement apparaître une main mise des grandes familles à la fois sur le capitoulat et sur les grands offices, en particulier juridiques35. Seule une douzaine d’entre elles n’assumèrent que la plus haute charge, à l’exclusion de toute autre responsabilité au sein de l’administration municipale36.
18En examinant maintenant celles qui occupèrent, en plus des charges capitulaires, le plus grand nombre de fonctions d’officiers municipaux, on s’aperçoit que nous rencontrons souvent les mêmes noms : les Auribail (34 capitouls) et les Pagèze (33 capitouls) fournissent en priorité le corps des trésoriers (respectivement 10 et 8), les Nogaret (19 capitouls) et les Gaillac (14 capitouls) celui des assesseurs (14 et 13) juste derrière les Lazens. Toutefois, nous croisons d’autres familles dont les membres ne sont qu’occasionnellement élus au capitoulat mais s’avèrent être des professionnels des offices municipaux. Les Lazens que nous venons d’évoquer ne peuvent se prévaloir que de trois années aux plus hautes charges, mais en comptent dix-neuf comme assesseurs. Les Gilbert, capitouls à neuf reprises, furent vingt-quatre années syndics. Les Timbaud, qui n’eurent dans leur rang qu’un capitoul, furent nommés trois fois assesseurs et dix-neuf fois syndics ou procureurs de la maison commune. Encore faut-il prendre en compte le fait que nos listes d’officiers demeurent largement lacunaires et que nous n’avons pas voulu extrapoler certaines données. Il est en effet quasiment certain qu’un assesseur, ou un syndic, n’abandonnait ses fonctions que pour devenir capitoul ou quitter définitivement la maison commune. On peut donc penser qu’entre temps il les assumait chaque année dans la fourchette de dates extrêmes que nous possédons.
- 37 Ces statistiques portent sur la période 1295-1532 et totalisent le nombre d’années de présence dans (...)
19Si l’on dresse la liste des plus importantes de ces grandes familles37, nous pouvons plus précisément voir leur poids dans la gestion de la ville.
- 38 C’est d’ailleurs ce que mentionne l’archiviste Jean Balard fils dans son inventaire de 1560 en se b (...)
- 39 Il ne deviendra capitoul qu’en 1535-1536, après une longue carrière de greffier du consistoire.
20Plusieurs constatations s’imposent à la lecture de ces chiffres. Le monde des assesseurs, tout d’abord, se divise clairement en deux groupes : celui des grandes familles capitulaires (Nogaret, Gaillac, Embry) d’un côté, et celui des grands serviteurs de la cité qui se voient récompensés de temps à autre par la charge capitulaire de l’autre. Les syndics, quant à eux, mis à part les Gilbert et les Gilabert, y accèdent plus épisodiquement. Il est vrai qu’entre ces deux groupes de juristes, une hiérarchie des grades existait également : les assesseurs se recrutaient essentiellement chez les docteurs38 ou licenciés, alors que les syndics n’étaient majoritairement que bacheliers. Et si, proportionnellement, il n’y a que peu d’assesseurs qui n’aient jamais connu les honneurs capitulaires, les listes de syndics font apparaître de véritables carrières purement administratives. Ce fut le cas de celles de Jean Merlin (1367-1388), de Jacques Raynaud (1431-1468), de Sans Doblet (1486-1515), de Pierre Salamonis (1498-1521)39 ou encore de Jean Balard (1509-1525).
21Quant à la charge de trésorier, on voit bien qu’elle était souvent réservée aux familles politiques les plus puissantes. Si l’on excepte quelques juristes, c’étaient essentiellement des marchands et des changeurs qui occupaient cet office. Sur la totalité de ceux que nous avons pu identifier entre 1304 et 1532, seuls 10 % environ n’ont pas connu les honneurs capitulaires. C’est dire que la charge était stratégique et qu’elle ne pouvait être confiée qu’à des fidèles. Parmi ces grands financiers, je détacherai Guillaume d’Aiguesplas, dont la carrière permet de suivre l’alternance exceptionnelle des divers offices qu’il occupa en une vingtaine d’années.
1497-1498 |
Capitoul |
1498-1499 |
Trésorier |
1502-1503 |
Trésorier |
1504-1505 |
Capitoul |
1506-1507 |
Trésorier |
1507-1508 |
Trésorier |
1510-1511 |
Trésorier |
1511-1512 |
commis du trésorier |
1512-1513 |
commis du trésorier |
1513-1514 |
commis du trésorier |
1514-1515 |
Capitoul |
1515-1516 |
Trésorier |
1516-1517 |
commis du trésorier |
1517-1518 |
Trésorier |
1518-1519 |
commis du trésorier |
Tableau de la carrière de Guillaume d’Aiguesplas
22Il faudrait d’ailleurs poursuivre plus avant qu’il n’est possible dans le cadre de cette communication l’analyse de l’ensemble des données dont nous disposons, afin d’étudier plus finement le déroulement de toutes ces carrières. La règle générale semble cependant être qu’il faille avoir été capitoul pour devenir trésorier, mais que les juristes devaient faire leurs armes comme assesseurs ou syndics avant d’être élus à la plus haute charge de la cité.
23Nous nous arrêterons en dernier lieu sur les deux offices les plus importants de la chancellerie municipale : le notaire ou greffier du consistoire et celui de la trésorerie. Ici encore, l’on décèle une permanence significative du personnel chargé de ces fonctions stratégiques.
- 40 Sauf bien sûr les années où ils accédaient au capitoulat.
- 41 Voir notre thèse Formes et enjeux d’une mémoire urbaine…, t. 1, p. 104-106.
- 42 AA 3/253 : « Item que le notaire du consistoire de ladite maison ait et soit tenuz doresenavant de (...)
24Parmi ceux qui furent chargés d’enregistrer et d’authentifier les actes financiers de la ville, nous détacherons Jean de Fortassin qui assuma cette charge de 1367 à 1393, ses successeurs Pierre de Guilhamat de 1393 à 1424, Guillaume de Maurienc de 1427 à 1439, Pierre Sage entre 1464 et 1496, et enfin Bernard de Gresino de 1504 à 1526. Quant aux greffiers du consistoire, ils ne sont que sept à assumer ces fonctions entre 1367 et 153240 : Pierre Bel (1367-1388), Bernard Faure (Fabri) (1389-1424), André du Grès (de Gresio) (1424-1463), Guillaume du Peyrou (Peyronis de Fraxino) (1464-1492), Étienne Teillet (1493-1510), Guillaume du Puy (de Podio) (1510-1522) et enfin Pierre Salamonis (1522-1532). Véritables chefs de la chancellerie municipale, chargés entre autres choses de rédiger les chroniques annuelles du « Livre des Histoires »41, ils avaient pour tâche depuis l’ordonnance royale de Nîmes de 1390 de tenir des registres pour les délibérations, les privilèges, les décisions du conseil du roi et la correspondance active des capitouls42. C’était donc sur eux que reposait avant tout la continuité des affaires municipales et on comprend mieux dès lors l’exceptionnelle durée de leur carrière.
Les officiers subalternes
25Au-dessous de cette haute administration, nous avons vu que l’on trouvait un certain nombre d’agents chargés de l’exécution des décisions municipales ou affectés à des tâches de surveillance et de contrôle. Il est difficile, en raison des lacunes de la documentation, de préciser l’apparition ou la disparition de certaines de ces fonctions, mais nous pouvons cependant fournir quelques éléments précis.
- 43 CC 1845, p. 129.
- 44 CC 1846, p. 107-110.
- 45 Ibid.
- 46 Voir par exemple CC 1871 (1488-1489) et CC 1874 (1497-1498).
- 47 CC 1863 (1450-1451).
- 48 CC 1864 (1454-1455).
- 49 CC 1871 (1488-1489).
26C’est ainsi que nous savons que dès 1337-1338 Toulouse possédait six peseurs (pesaires) ou affineurs de poids (afinaires) : deux localisés au poids des Carmes, un à celui du Bazacle et trois autres à celui de la Daurade43. Nous les retrouvons encore en 134344, mais ils disparaissent de la comptabilité au xve siècle. Dans ce secteur de la surveillance du ravitaillement et de l’alimentation, quatre gardes sont affectés à la même époque au marché aux grains de la Pierre45. Un siècle et demi plus tard, une seule personne assurera cette charge46. Pour surveiller plus particulièrement le monde de la boulangerie, nous trouvons au milieu du xve siècle un affineur du poids des pâtes47 ainsi que trois peseurs de ces mêmes pâtes48. Ce dernier office sera également confié à un seul personnage dans les années 148049.
- 50 CC 1872, p. 31.
- 51 Jules Chalande, Histoire des rues de Toulouse, t. III, n° 388, p. 20-21.
- 52 CC 1875.
- 53 CC 1880.
27Outre les offices classiques propres à de nombreuses autres communautés (musiciens, crieur, messager), Toulouse se dota à partir de 1493-1494 d’un cuisinier municipal en la personne de Peyre Colhac, alias Vinagre50, qui donna certainement son nom à une petite rue du quartier Saint-Georges51. Dans les premières années du xvie siècle, nous voyons également apparaître un exécuteur de la haute justice appointé par les capitouls52 ainsi qu’un artilleur attitré en 1513-151453. Il faut cependant avouer que le silence de nos sources sur la personnalité, les attributions, les droits et les devoirs de tous ces officiers subalternes ne nous permet pas d’avoir une vision claire sur ces serviteurs de l’ombre.
- 54 II 625 fol. 138.
- 55 BB 269, fol. 53 : « Et parce qu’il y avoit plusieurs mauvais garnimens que soubz preteste qu’ilz se (...)
28Seul le capitaine du guet nous est un peu mieux connu. Il est vrai que cette charge revêtait une extrême importance dans les périodes troublées du bas Moyen Âge et de la Renaissance. C’est ce qui explique peut-être qu’entre 1453 et 1456 on nomma à cette fonction un ancien capitoul, Jean d’Arzas alias Molart, de même qu’entre 1502 et 1506 elle fut confiée à noble Dominique Goux qui accèdera au capitoulat quelques années plus tard. La chronique de l’année 1515-1516 nous en apprend un peu plus sur ses fonctions : « L’an mil cinq cens et quinze, les seigneurs capitoulz eslirent ung cappitaine du guet qui estoit gentilhome et extraict de noble lignée nommé Jean Faverii, lequel leur promist de fere le guect par toute la ville de Tholose avec son lieutenant et autres gens despuys la nuict cloze jusques à l’aube du jour et ce pour la somme de troys cens livres tournois degaigée checune année54. » La troupe que ce capitaine commandait, la « famille du guet », dont le nombre semble avoir varié dans le temps, fut fixée à 30 en 1518-1519 et dotée de casaques rouges portant les armes de la ville brodées afin de pouvoir les reconnaître aisément. Certains malfaiteurs avaient en effet alors commis de nombreux crimes sous couvert de leur soi-disant appartenance à ce corps55.
29Comme on le voit au terme de ce survol, les capitouls disposaient au début du xvie siècle d’une administration relativement nombreuse et bien organisée, qui garantissait à la fois la tranquillité quotidienne des citoyens et la continuité de l’action municipale. Mais de nombreuses pistes restent encore à explorer. La première concerne le rôle exact de ces juristes-conseillers et leur implication aux côtés des premiers magistrats de la cité. Le dépouillement des délibérations, l’étude des délégations et ambassades auprès des États ou du roi ou l’analyse des affaires municipales portées devant le parlement permettraient certainement de mieux cerner leurs interventions et leur poids dans les décisions municipales comme dans la défense des intérêts et des privilèges de la ville. L’étude fine des élites toulousaines au travers des registres de notaires que mène actuellement Véronique Lamazou-Duplan et son équipe fourniront également de précieux renseignements sur les réseaux familiaux mais aussi administratifs qui furent tissés à l’époque. Quant aux « petits » officiers, ces acteurs méconnus mais indispensables de la gestion de la ville, ils ne resteront souvent que de simples noms dans des mandats de paiement ou dans des registres de comptes.
Annexes
Annexe
Nîmes, 24 avril 1390.- Ordonnances sur le paiement des officiers de la ville.
Arch. mun. Toulouse, AA 3/254
Instructions et ordenances faites sur le paiement des officers de ladicte ville.
1. Premierement, les capitoulx de Tholouse chascun prendra doresenavant en lo comensament du capitulat cinq canes de drap de France et pour foulreures et garnemens de leurs robes chascun vint frans, et chascun moys deux torches de cire chascune pesant quatre livres ; et en la feste du Cors de Dieu une torche de cinq livres ; et en la feste de la Nativité Nostre Seigneur chascun deux livres de confitures et deux livres de doubleaux de cire et non plus.
2. Item seront en ladicte ville deux ancesseurs seulement, c’est assavoir l’un de la cité et un de bourc, desquielz un chascun prendra pour sa pention cent francs d’or et de torches et espices come l’un des capituliers.
3. Item seront deux scindicz, un de la cité et l’autre de bourc, desquielx deux chascun d’iceulx prendra chascun an pour sa portion [=pension] cinquante frans d’or et la moitié de tortiz et espices comme l’un des capituliers.
4. Item le trésorier haura chascun an pour sa pention sexante e diz frans d’or et de torches et espices comme un capitulier.
5. Item deux notaires au service des capituliers, un que registre le consistoire de ladicte mayson et l’autre qui sera contreroleur qui gouverne la tresorerie d’icelle mayson, desquels chascun prent autant comme l’un des scindicz devandiz.
6. Item le jutge des apellations de Tholouse, conservateur des leudes et peages de ladicte ville, reçoit et prent chascun an pour sa pention quarente frans d’or.
7. Item le procureur des povres prisonniers de la mayson commune de Tholouse prent pour sa pention chascun an vint frans.
8. Item le portier de la maison comune de Tholouse prent chascun an pour sa pention vint frans d’or et un tonel de vin, deux quartons de blé et une robe du priz de six franx d’or.
9. Item la cride et corneur de la ville de Tholouse prent chascun an pour sa pention diz frans d’or, deux quartons de blé et une robe come dessus.
10. Item deux trompeurs et deux menestriers, desquiels chascun prent pour sa pention chascun an cinq frans d’or, deux quartons de blé et une robe du priz de six frans.
11. Item sont deux messagiers desquelz un chascun prent cinq frans, un tonel de vin, deux quartons de blé et une robe de six franx.
12. Item l’artilhier de la ville de Tholouse ha pour sa pention quatre frans d’or, un tonel de vin, deux quartons de blé, e[t] pour robe six franx.
13. Item la gaite de Tholouse prent et reçoit de pention par an huyt frans d’or, deux quartons de blé et pour robe six frans.
14. Item sont deux sergens de crims de la maison commune de Tholouse, dont chascun prent pour pention six frans.
15. Item une garde de blé de la pierre Saint-Peire [Saint-]Giraut ha de pention huyt frans.
16. Item deux gardes de la hale du poisson fres de Tholouse chascun ha chascun an de pention six frans.
17. Item quatre peseurs de paste des bolongies de Tholose chascun ha de pention six franx.
18. Item quatre chantres de la chapelle de la mayson comune de Tholouse chascun ha de pention six florins.
19. Item le convent des Augustins pour messes celebrer en la chapelle de ladicte maison han de pention . vii. frans.
20. Item le procureur des crims en la cort du viguier de Tholouse pour requerir les prisonniers huyt frans.
21. Item le scindic substituit en la cort du seneschal et des appeaulx de Tholose prent chascun an pour sa pention dix frans.
22. Item le notaire ordinaire en la court de monseigneur le seneschal pour les besoignes de la ville dix frans.
23. Item le scendic substituit en la court de monseigneur l’official de Tholouse prent de pentio[n] chascun an dix frans.
24. Item le scelleur de la court dudit seneschal pour sceller et collationner lettres et procès de ladicte ville dix frans.
25. Item le scelleur de la court du viguier de Thoulouse pour semblable chose . iiii. frans.
26. Item le notaire des appeaux qui tient les causes de la leude et des peatges dix frans.
27. Item l’afineur des poiz des boulongiers de Tholose . iiii. quartons de blé.
28. Item sont deux jutges de la petite court de Tholouse desquelz chascun prent de pention huyt frans.
29. Item est en ladite ville un home avec trente homes qui garde la cité de nuyt auquel est acoustumé de donner pour luy et pour ces compaignons pour leurs gatges par an . iiic. frans.
30. Item por dons extraordinaires que se font à diverses personnes estranges en un an quan[d] viennent à la cité pour autres comptes .vc. frans.
31. Item que les quatre capitoulx qui à present sont et ceulx que pour lo temps à venir seront en l’institution et entrée de leurdit capitulat seront tenuz de jurer et faire serement aux sans Evangelis de Dieu ès mains dudit seneschal et s’il n’estoit ou pais ès mains dudit viguier de Thoulose de tenir et garder et faire tenir et garder de point en point et sans enfraindre ces presentes instructions et ordenances et toutes les autres ordenances faictes par le roy notre seigneur sur le fait dudit capitoulat ; et ou cas que lesdiz capitoulx ou aucuns des officiers et personnes de ladicte ville dont dessus est faicte mention seroient trouvez faisans le contraire ilz l’amenderont d’amende arbitraire au dit et ordenance dudit seneschal et du conseilh du roy estant en ladicte ville, et ou cas que ledit seneschal ne seroit oudit paiz au dit et ordenance dudit viguier et conseilh selon la qualité du meffait.
Donné à Nymes en la chambre des comptes estant illec le . xxiiiie. jour d’avril l’an mil . iiic. iiiixx. et diz.
Collatio facta fuit cum minuta retenta in camera compotorum apud Nemausum existente.
D. de Triguy
Collatio facta cum originali rotulo
B. Fabri ; Guilhamati
Notes
1 Liberty and Political Power in Toulouse (1050-1250), New York, Columbia University Press, 1954, XIII-402 p.- « Charity and social work in Toulouse, 1100-1250 », Traditio, vol. XXII, 1966, p. 203- 287.- The repression of Catharism at Toulouse. The Royal Diploma of 1279, Toronto, Pontifical Institute of Mediaeval Studies, 1985, 336 p. [Studies and Texts, 74].- Men and women at Toulouse in the age of the Cathars, Toronto, Pontifical Institute of Mediaeval Studies, 1990, 235 p.- Society and government at Toulouse in the age of the Cathars, Toronto, Pontifical Institute of Mediaeval Studies, 1997, 528 p.
2 « Registres d’impôts et vie économique à Toulouse sous Charles VI », Annales du Midi, t. LVI, 1944-1946, p. 5-66.- Commerces et marchands de Toulouse (vers 1350-vers 1450), Paris, Plon, 1954, 711 p.- Les « estimes » toulousaines des xive et xve siècles, Toulouse, s. n., 1956, 335 p. [Bibliothèque de l’Association Marc Bloch de Toulouse. Documents d’Histoire méridionale].- « Structures sociales et morphologies urbaines à Toulouse, xiie-xviiie siècles », dans Mélanges A. Gieysztor, 1976, p. 641-654.- « La noblesse toulousaine : essai sur son histoire médiévale », dans Philippe Contamine (dir.), La noblesse au Moyen Âge, xie-xve siècles. Essais à la mémoire de Robert Boutruche, Paris, PUF, 1976, p. 153-174 [rééd. dans Regards, p. 213-231] ; Regards sur le Midi médiéval, Toulouse, Privat, 1978, 541 p.
3 J.-H. Mundy a entre autre montré le passage du notariat comtal au notariat consulaire vers la fin du xiie siècle, et le développement de la chancellerie municipale dans les premières décennies du xiiie siècle : voir J.-H. Mundy, Liberty and Political Power in Toulouse (1050-1250), p. 115-121.
4 Philippe Wolff, « Une administration municipale au travail : Toulouse », dans Werner Paravicini et Karl-Ferdinand Werner (dir.), Histoire comparée de l’administration (ive-xviiie siècles), Actes du XIVe colloque historique franco-allemand (Tours, 27 mars-1er avril 1977), München, Artmis Verlag Zürich und München, 1980, p. 422-428, pl. h.-t. [Beihefte der Francia, vol. 9].
5 Citons par exemple Camille Rivain, Notice sur le consulat et l’administration consulaire d’Aurillac du xiiie au xvie siècle, Aurillac, 1874, 185 p.- Étienne Delcambre, Une institution municipale languedocienne. Le consulat du Puy-en-Velay, des origines au xvie siècle. Le Puy-en-Velay, Impr. de la Haute-Loire, 1933, VII-207 p. [Publications de la Société des Études locales, n° 13], ou plus récemment Albert Rigaudière, Saint-Flour ville d’Auvergne au bas Moyen Âge. Étude d’histoire administrative et financière, 2 vol., Paris, Presses Universitaires de France, 1982, 1013 p. [Publications de l’Université de Rouen].
6 René Fédou, Les hommes de loi lyonnais à la fin du Moyen Âge. Étude sur l’origine de la classe de robe, Lyon, Annales de l’Université de Lyon, 1964, 15-XXIV-526 p., ill.- Albert Rigaudière, « Hiérarchie socioprofessionnelle et gestion municipale dans les villes du Midi français au bas Moyen Âge », Revue historique, n° 269, 1983, p. 25-68 (repris dans Id., Gouverner la ville au Moyen Âge, Paris, Anthropos, 1993, p. 167-214).- Id., « L’essor des conseillers juridiques des villes dans la France du bas Moyen Âge », Revue historique de Droit français et étranger, t. 62, 1984, p. 361-390 (repris dans Id., Gouverner la ville au Moyen Âge, p. 215-251).
7 AA 1/73 [toutes les cotes citées dans cet article proviennent des Archives municipales de Toulouse], transcrit dans Roger Limouzin-Lamothe, La commune de Toulouse et les sources de son histoire (1120-1249). Étude historique et critique suivie de l’édition du cartulaire du Consulat, Toulouse, Privat, Paris, Didier, 1932, p. 405-406.
8 AA 1/73, fol. 91 : Cum stabilimenta singulis annis a consulibus tolosanis facta seu posita, propter incuriam aut negligentiam consulum et notariorum eorumdem, penes eosdem notarios inscripta remanerent neque in libris publicis scriberentur, immo oblivionis nebula tegerentur.
9 AA 34/7, copiées dans AA 3/4.
10 Nous nous permettons ici de renvoyer à notre thèse soutenue en janvier 2007 : Formes et enjeux d’une mémoire urbaine au bas Moyen Âge : le premier « Livre des Histoires » de Toulouse (1295- 1532), thèse de doctorat en histoire médiévale, sous la direction de Michelle Fournié, université de Toulouse-Le Mirail, 2007, 5 vol.
11 Ibid., t. 2, p. 19-20.
12 Sur cette affaire, voir FF 57 à 60 ; voir aussi Histoire générale de Languedoc [désormais HGL], 3e éd., Privat, t. IX, p. 481-483, et en particulier la note 1 sur le récit qu’en fait la chronique apocryphe de Guillaume Bardin ; on trouvera ce récit dans HGL, t. X, Preuves, c. 38-42.
13 AA 3/229.
14 AA 3/10.
15 AA 3/253.
16 AA 3/254.
17 AA 3/253, Art. 3 : (…) « l’un des deux notaires sera contraroleur e[t](s) sera tenutz de enregistrer toute la recepte e[t] despense de ladicte ville » (…) ; Art. 17 : « Item que le notaire de la tresorerie qui y aura nom de contraroleur comme dessus ait doresenavant [à] escrire et enregistrer en un livre toutes les debtes que la cité doit de present et devra de cy en avant en grans et bonnes marges et espaces » ; Art. 18 : « Et puys après metre au pié de un chascun nom touz les paiemens à faire à eulx, desqueulx retiegne public instrument et iceulx registrent en un livre ouquel nul autre que luy ne escrive ; et en un autre livre ledit notaire escrive et enregistre toutes les oblies, censes, rentes et revenues d’icelle cité et les solutions et paiemens à faire d’icelle ; et en un autre livre escrive toutes les tailhes ou aucunes aides indites par lesdiz capituliers et la cause pour quoy toutes les autres aides ou charges comme le souquet ou autrement par yceulx par autorité roial à imposer en ladicte cité et les somes qu’ilz ont eu d’iceulx. »
18 Ibid., Art. 15 : « Item que le notaire du consistoire de ladite maison ait et soit tenuz doresenavant de enregistrer touz les conseilz qui se feront en ladite mayson en un livre et en un autre livre registrer les privilegis et lettres de ladite mayson et escripre et registrer les instrumens qui ont esté et seront au conseilh et escripre les lettres closes que se tramettent au roy notre sire ou autre part. »
19 Arch. dép. Haute-Garonne, Ms 17, fol. 28v°.
20 II 625, fol. 154 ; Germain de La Faille indique (Annales de la ville de Toulouse…, Toulouse, Colomyes, 1701, p. 2) : « Cette année Toulouse fut affligée de la peste ; et ce mal, comme il arrive presque toujours, fut suivi de la famine. Pour remédier à la peste, on fit de grands règlemens ; et ce fut alors qu’on institua cet officier de l’Hôtel de ville qu’on nomme le capitaine de la santé. On l’appella de ce nom parce qu’on lui donna un nombre de gardes ou de soldats pour l’exécution des fonctions de sa charge, dont la principale estoit de renfermer les pestiférez et de les empêcher de sortir de leurs maisons. »
21 BB 269, fol. 53 ; La Faille précise (Annales, t. 2, p. 13-14) : « Ce fut aussi en cette année qu’on fixa la main-forte des capitouls, que le vulgaire appelle la famille du guet. (…). Et l’on fit une retenue de trente soldats, à qui l’on donna des casaques rouges avec des écussons aux armes de la ville. »
22 BB 269, fol. 53-v°.
23 Il est nommé pour la « garde de papiers et visitation des privilieges » et reçoit un salaire de 12 £ (BB 71 p. 15).
24 CC 1882.
25 BB 273/5, fol. 8v°, 9, 10 et 11.
26 BB 273/4 et 4v° ; celle de 1392-1393 le présente cependant avec des revers de manches de couleur également rouge.
27 La première mention spéciale dans les comptes de l’achat de 5 pams d’escarlata pour la confection du capayro du trésorier ne date que de 1454-1455 (CC 1864, fol. 26v°).
28 CC 2344, n° 24.
29 CC 2347, n° 34 (1498-1499) ; CC 2350, n° 121 (1500-1501).
30 Ibid., fol., 26v°.
31 CC 2341, n° 42.
32 CC 2343, n° 93.
33 CC 2344, n° 87.
34 CC 2347, n° 34.
35 Si l’on prend cependant en compte la totalité des 657 familles que nous avons identifiées comme ayant accédé au capitoulat entre 1295 et 1532, 97 ont connu au moins un trésorier, 89 un assesseur et 57 seulement un syndic.
36 On y retrouve les grands noms de la noblesse toulousaine : les Ysalguier en premier (52 consuls), les Rouaix (35), les Palais (31), les Morlanes (27), les Garrigues (21), les Villeneuve (18), les Quimbal (15), les Pins (13), les Toulouse (13), les Signier (12), les Benezeyt (11) et les Mauriac (10).
37 Ces statistiques portent sur la période 1295-1532 et totalisent le nombre d’années de présence dans chacune des fonctions.
38 C’est d’ailleurs ce que mentionne l’archiviste Jean Balard fils dans son inventaire de 1560 en se basant sur les listes du premier « Livre des Histoires » : « Assesseurs le temps jadis estoient esleuz et creez des docteurs. »
39 Il ne deviendra capitoul qu’en 1535-1536, après une longue carrière de greffier du consistoire.
40 Sauf bien sûr les années où ils accédaient au capitoulat.
41 Voir notre thèse Formes et enjeux d’une mémoire urbaine…, t. 1, p. 104-106.
42 AA 3/253 : « Item que le notaire du consistoire de ladite maison ait et soit tenuz doresenavant de enregistrer touz les conseilz qui se feront en ladite mayson en un livre et en un autre livre registrer les privilegis et lettres de ladite mayson et escripre et registrer les instrumens qui ont esté et seront au conseilh et escripre les lettres closes que se tramettent au roy notre sire ou autre part. ».
43 CC 1845, p. 129.
44 CC 1846, p. 107-110.
45 Ibid.
46 Voir par exemple CC 1871 (1488-1489) et CC 1874 (1497-1498).
47 CC 1863 (1450-1451).
48 CC 1864 (1454-1455).
49 CC 1871 (1488-1489).
50 CC 1872, p. 31.
51 Jules Chalande, Histoire des rues de Toulouse, t. III, n° 388, p. 20-21.
52 CC 1875.
53 CC 1880.
54 II 625 fol. 138.
55 BB 269, fol. 53 : « Et parce qu’il y avoit plusieurs mauvais garnimens que soubz preteste qu’ilz se disoint estre au capitaine du guet abusoint ainsy et s’amusoint à voler la nuit, on fist choix de trente hommes habillés de casaques aux armes de la ville pour l’accompagner. »
Table des illustrations
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Légende | Tableau des rémunérations en argent et en nature payées sur le budget communal (1390) |
URL | http://books.openedition.org/pumi/docannexe/image/33731/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 140k |
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Légende | Tableau des rémunérations payées sur le budget communal24 (1518-1519) |
URL | http://books.openedition.org/pumi/docannexe/image/33731/img-2.jpg |
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Légende | Tableau des 10 grandes familles d’assesseurs |
URL | http://books.openedition.org/pumi/docannexe/image/33731/img-3.jpg |
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Légende | Tableau des 10 grandes familles de syndics |
URL | http://books.openedition.org/pumi/docannexe/image/33731/img-4.jpg |
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Légende | Tableau des 10 grandes familles de trésoriers |
URL | http://books.openedition.org/pumi/docannexe/image/33731/img-5.jpg |
Fichier | image/jpeg, 28k |
© Presses universitaires du Midi, 2009