Un clocher, un donjon et l’agneau pascal. Toulouse au reflet de ses sceaux (xiiie siècle)
p. 241-255
Résumés
À partir de quatre empreintes de sceaux, surgit peu à peu l’image sigillaire de la ville que ses élites ont voulu produire au cours du XIIIe siècle. Réalités topographiques, juridiques et politiques transparaissent à travers une représentation duelle : deux bâtiments emblématiques de la capitale comtale évoquent le bourg et la cité. Mais l’image ne peut être séparée de la légende qui l’accompagne et du contexte même de l’histoire locale : chevaliers urbains et bourgeois marchands se pensent à travers une pratique du scellement qui est l’émanation d’une autorité capitulaire n’excluant pas la tutelle des princes raimondins.
Starting from four imprints of seals, little by little the sillographic image of the city that its elites wanted to produce, came together over the course of the 13th century. Topographical, juridical, and political realities show through a dual representation: two emblematic buildings of the comital capital evoke the bourg and the city. However, the image cannot be separated from the legend which accompanies it and of course of the local historical context: urban knights and bourgeois merchants envisioned themselves through a practise of sealing which was the emanation of capitulary authority –which did not exclude the guardianship of the Raimondin princes.
A partir de cuatro impresiones de sellos surge poco a poco la imagen silográfica de la ciudad que las elites de la misma quisieron forjar a lo largo del siglo XIII. Realidades topográficas, jurídicas y políticas se dejan ver en una representación dual: dos edificios emblemáticos de la capital condal evocan el burgo y la ciudad. Sin embargo, la imagen no se puede separar de la leyenda que la acompaña y del propio contexto de la historia local: los caballeros urbanos y los mercaderes burgueses se conciben a través de una práctica de sellar que resulta ser la emanación de una autoridad capitular que no excluía la tutela de los príncipes raimundinos.
Texte intégral
1Tenter d’approcher une ville par une frêle image de cire pourrait paraître bien téméraire alors que diverses représentations iconographiques peuvent aisément atteindre cet objectif1. Il ne faut pas oublier que le sceau produit un document figuré particulièrement bien daté lorsqu’il est encore attaché à la charte qu’il valide et que, en l’occurrence, ce symbole fort constitue l’une des premières images médiévales de Toulouse. Il s’agit également d’une figuration singulière de l’agglomération, une expression de sa personnalité morale, construite et pensée par son élite de notables, catégorie qui s’apparente alors à une oligarchie composée à la fois de chevaliers urbains, de bourgeois marchands, d’hommes d’argent et de seigneurs fonciers, vivant à Toulouse même ou dans la campagne environnante2. Les empreintes étudiées sont appendues à des actes consulaires : en conséquence, le type adopté renvoie à l’appropriation symbolique que les édiles réalisent, et à l’image qu’ils veulent donner de l’espace sur lequel ils entendent exercer leur autorité. C’est donc le sceau comme signe d’un certain discours qu’il s’agit d’appréhender ici.
2Le corpus repose sur un ensemble de quatre empreintes conservées aux Archives nationales, datant du xiiie siècle et du début xive siècle pour la dernière. Cette série sigillaire peut sembler bien modeste mais elle offre, en fait, une sémiologie assez riche qui permet d’approcher la volonté politique et les choix symboliques des magistrats toulousains3. Cette pratique du scellement s’inscrit, enfin, dans une chronologie bien circonscrite. L’apparition du sceau urbain dans la zone méridionale touche d’abord la région rhodanienne (Arles en 1180 ; Avignon en 1189) et le Rouergue (Millau en 1187)4. Elle est à mettre en relation avec la diffusion du droit écrit et l’établissement des consulats : le sceau révèle une autorité juridique qui s’exprime pleinement avant le tournant du xiiie siècle. Celle que vont manifester les magistrats municipaux de la capitale du comté de Toulouse renvoie à leur histoire propre et au contexte local5.
La ville close en ses remparts
3La première attestation matérielle d’un sceau urbain à Toulouse est datée du début du xiiie siècle. L’empreinte est attachée à une lettre d’avril 1211 que les consuls envoient au roi d’Aragon, Pierre II, pour lui décrire les méfaits commis par les croisés dirigés par Simon de Montfort6. Cette mention initiale ne marque pas de retard chronologique : Périgueux possède déjà une matrice depuis 1204, mais Montpellier ne le fera qu’à partir de 1218, Narbonne l’année suivante, et Béziers en 1226. Toutefois, la ville se voit dotée d’un sceau une cinquantaine d’années après son seigneur : le comte Raimond V (1149-1194) scelle ses chartes au moins depuis 11567.
4Sur cette galette de cire d’environ 60 mm de diamètre, la légende de l’avers est maintenant disparue ; seule demeure une partie du mot CIV[ITATIS]. À partir des empreintes postérieures, on peut proposer la lecture suivante : [S. CONSUL(um)] CIV[ITATIS TOLOSE ET SUBURBII]. Cette énonciation indiquait bien qu’il s’agissait du sceau des consuls de la cité et du bourg, à savoir les deux noyaux topographiques dans lesquels se reconnaissent les nouvelles élites patriciennes de la ville8. Ceux-ci sont projetés dans l’espace concret par deux monuments emblématiques, l’un civil et fortifié, que l’on peut identifier comme étant le château Narbonnais, dont on perçoit une tour d’angle9. Cette forteresse, qui est aussi le palais des comtes, s’élevait à l’extrémité sud de la cité, prenant appui sur la porte monumentale et les deux tours à talon qui permettaient de passer dans le rempart du Haut-Empire10. L’autre bâtiment, religieux, possède une silhouette un peu stylisée mais l’on peut voir en ses trois étages ajourés une évocation de la basilique Saint-Sernin, autour de laquelle s’était constitué le bourg, au nord de la ville11. Il est singulier de noter que l’on figure ici une orientation nord-sud qui correspond au cardo maximus du site antique. C’est également la voie arlésienne du chemin de Saint-Jacques, ancien tronçon de la via Domitia, qui est indirectement signalée à travers la représentation de la grande entrée de la ville, la porte Narbonnaise, desservant le principal axe de circulation de l’agglomération, lequel mène, en passant par le castrum de la Porterie, au célèbre sanctuaire, à la fois lieu de culte et de pèlerinage. L’image de la ville de Toulouse est déterminée par cette carraria maior qui traverse de part en part la cité et le bourg, ligne qui ne divise pas mais qui, tel un cordon ombilical, unit toute la population urbaine.
5L’avers montre également que la ville est déposée dans un écrin de pierre qui fait le tour du grand sceau. La protection militaire et religieuse de la communauté se confond dans cette sorte de cercle magique qui comprend l’ensemble du sanctuaire fortifié. Ce rempart commun, dont la figuration détermine les limites du territorium à défendre, a assuré matériellement sa fonction protectrice dans un contexte qui, dans la seconde moitié du xiie siècle, fut celui de la grande guerre méridionale, conflit qui opposa les Raimondins au roi d’Aragon et au roi d’Angleterre12. Malgré d’importants sièges, Toulouse ne fut jamais prise, en raison même de l’étendue de son enceinte. D’un point de vue symbolique, tours et courtines rappellent l’existence des trois kilomètres de muraille antique qui, depuis le ier siècle, entourait la cité. Mais il faut surtout y voir une représentation assez classique de la ville médiévale qui manifeste son unité juridique à travers l’image du rempart qui exprime par la clôture l’ensemble des franchises reconnues au sein de l’agglomération. L’enceinte signifie la base matérielle de l’identité urbaine, la part des libertés qui y ont été concédées ainsi que la communauté d’intérêts qui unit les habitants à un corps politique au nom de l’universitas13. Elle opère une démarcation vis-à-vis de l’extérieur, une dialectique intra foras qui renforce le sentiment d’appartenance sociale collective. L’horizon spatial est doté de limites, il définit les besoins de l’oligarchie naissante qui valorise une communauté corporalis. Derrière les quatre tours hérissées de créneaux et les merlons dissuasifs qui les encadrent, la cité et le bourg ne font plus qu’un. Cette composition indique d’ailleurs la belle évolution du bourg Saint-Sernin qui, pouvu d’un fossé et d’une muraille aux parois de bois et de terre dans les années 114014, accède ainsi à une véritable reconnaissance territoriale en se trouvant intégré à l’ensemble de l’agglomération15. Le bourg médiéval s’est hissé au même niveau que sa grande sœur, la cité antique.
6La présence de l’enceinte commune est particulièrement rare sur la bordure intérieure des sceaux méridionaux : sur les empreintes de la ville de Marmande en 1244, elle permet de présenter un rabattement de plan assez original dans une configuration sensiblement différente16. Placées sur le pourtour du champ du sceau, les murailles de Toulouse en épousent la forme parfaite inscrivant la ville dans un cercle, schéma qui n’est pas sans évoquer les représentations symboliques de la Jérusalem céleste qui ornent certains manuscrits et cartes du monde de ce temps. Située sur une des voies du chemin de Saint-Jacques, Toulouse est figurée comme une ville idéalement ronde, parfaitement enclose dans la plénitude de ses vénérables murailles. Offrant une projection architecturale sans rapport aucun avec son aspect réel, elle apparaît néanmoins comme un écho de la Ville sainte, une visio pacis qui est la destination rêvée du pèlerinage suprême : « Jérusalem est la capitale à l’échelon de la Chrétienté et de ce fait sert de matrice aux autres villes »17.
7Enfin, derrière l’image de la cohésion, cette muraille exprime aussi une réalité sociale et politique de la Toulouse du début du xiiie siècle. Le groupe des magistrats municipaux, secondé de probi homines, est proche du pouvoir comtal ; figurent encore en son sein des milites urbani qui sont des vassaux du prince pour qui ils tiennent les tours et quelques portes du rempart quand ils n’en sont pas, parfois, propriétaires de facto. Cette situation explique la présence des murs sur la matrice : le traitement graphique de l’organisation de la protection physique de la ville permet d’évoquer leur rôle de défense armée et de guet. Le pouvoir seigneurial de certains chevaliers ayant intégré les rangs du consulat repose aussi sur les péages qu’ils détiennent à proximité de l’agglomération, ce qui leur permet de contrôler divers droits sur les transits marchands. Le motif du rempart symbolise leur assise politique dans la ville, qu’ils soient installés dans le bourg ou dans la cité ; il manifeste leur volonté de se distinguer de la campagne environnante que la milice communale vient tout juste de mater18.
Les consuls et l’agneau de paix
8Dans le champ du revers, occupant l’espace circulaire, figure l’agneau pascal orné d’un nimbe crucifère. Au bout d’une longue hampe, il soutient de l’antérieur droit une croix grecque qui n’est autre que la croix de Toulouse dite alors crotz ramondenca19. La légende, sévèrement mutilée20, porterait Sigillum capituli nobilium Tolose, d’après ce que l’on peut lire sur les empreintes postérieures21.
9Le message délivré par les édiles est un appel à la paix et à la concorde, thèmes qui s’inscrivent dans le sillage du mouvement de paix régionale garantie par les grands féodaux à la fin du xiie siècle22. En mettant un terme aux conflits qui, tout au long du xiie siècle, ont opposé Toulouse à l’Aragon et à l’Aquitaine, le comte Raimond VI (1195-1222) offre aux acteurs du monde économique les conditions d’une circulation sans entrave des hommes et des biens23. Le Toulousain peut enfin envisager de vivre dans la quiétude. Depuis plus d’un siècle, associé à la croix figurant sur l’avers, PAX est écrit en toutes lettres sur le revers des monnaies comtales (deniers et oboles) frappées à Toulouse sous le principat de Raimond IV (1088-1105)24. L’autorité émettrice entend la promouvoir et faire régner l’ordre sur ses terres. Car la paix, manifestation de l’ordre divin, associe étroitement harmonie et justice, droit d’appliquer la loi que le collège municipal est en mesure d’établir depuis 1189. Elle doit donc orienter dans leurs démarches ceux qui prétendent exercer le pouvoir au sein de la ville et aux alentours. Le gouvernement au nom des concitoyens doit s’effectuer dans une atmosphère de concorde et de confiance, condition nécessaire au bon développement des activités commerciales d’une ville en plein essor démographique. Toulouse se rêve exemplaire. En outre, cette image semble correspondre au message de l’Église romaine qui développe alors un discours sur la paix, associée à la foi, qui pourrait se transformer en terribles menaces pour toute communauté récalcitrante25. L’agneau pascal rappelle que Toulouse est une bonne ville catholique qui souhaite se tenir à l’écart de ses errements hétérodoxes26. Le saint oviné du consulat est l’écho de l’avers en majesté du sceau comtal : tout comme lui, il signifie que la justice et le pouvoir sont indissociables de la paix, la loi commune garantit entente et sécurité à l’intérieur des murs27. De son côté, la croix de Toulouse doit être perçue comme une preuve de l’attachement de la ville aux comtes raimondins avec qui elle se confond en faisant devenir siennes les armoiries que ces derniers portent sur leurs écus depuis le milieu du xiie siècle28. Toulouse se distingue des autres. À Narbonne, en 1219, le revers des sceaux du bourg et de la cité est également orné de l’Agneau de Dieu, à la différence près que celui-ci, comme à Béziers en 1226, porte une croix pattée de facture classique29. Quant à la légende, elle demeure fidèle au registre religieux énoncé par l’image : Agnus Dei qui tollis peccata mundi dona nobis pacem. Celle de Toulouse renvoie explicitement au contexte local : sceau du chapitre des nobles de Toulouse. Elle exprime l’existence d’une institution collégiale sans omettre les agents humains qui la composent.
10L’apparition d’un sceau capitulaire, signe le plus tangible de la personnalité juridique du corps constitué par la pluralité des citoyens, est à mettre en rapport avec la composition sociale des élites au début du xiiie siècle. À partir de 1202-1203, la direction des affaires urbaines se voit renouvelée en raison de l’arrivée de nouveaux membres originaires de catégories liées au monde du négoce ou enrichis par des investissements financiers et immobiliers ou encore appartenant aux familles de seigneurs fonciers installés à la périphérie de l’enceinte urbaine. Grâce à leur puissance économique et à leur influence, le contrôle des organes dirigeants de la ville leur est nécessaire pour acquérir un surcroît de notabilité30. Les motivations de ce patriciat revivifié se font rapidement sentir. Tout d’abord, avec la rédaction soignée, en double exemplaire, du cartulaire de la ville, œuvre de prestige que le notaire Guilhem Bernard compose en huit mois (février-septembre 1205) pour les magistrats du bourg et de la cité31. Le chapitre consulaire acquiert un nouveau statut et décide donc de conserver la mémoire de ses droits et de ses actes. Cette période correspond aussi à une politique d’aménagement de la ville32, dont l’achèvement d’une série d’acquisitions immobilières (environ une dizaine) destinées à établir et à construire la maison commune, attestée en mai 121233. Cette entreprise est réalisée à un moment où le commun collège affiche ses prétentions politiques : il met un terme à une agressive campagne militaire contre les communautés des localités environnantes afin de faire de Toulouse un véritable centre régional de négoce, avec l’adhésion et l’aide militaire des plus grands noms de la chevalerie urbaine34. Tout en jouant, par ailleurs, la carte de la modération et de la soumission avec l’Église. La menace d’une intervention romaine dans l’affaire albigeoise se fait pressante et les consuls préfèrent prendre les devants : le 13 décembre 1203, au nom de tous les habitants, ils jurent aux légats du pape de sauvegarder la paix, ce qui leur permet de conserver usages et libertés35. Le large développement du droit savant dans les milieux consulaires explique, en partie, ce désir de paix avec Rome comme avec les voisins immédiats des citadins36. C’est dans cet esprit, qui mélange à la fois conquêtes et règlements pacifiques des tensions, qu’il faut inscrire cette pax tolosana. La réalisation d’une matrice qui manifeste l’existence juridique et l’expression d’un pouvoir qu’entend affirmer une ville double a sans doute été conçue peu de temps après la confection des deux cartulaires, à la fin de 1205 ou au début de 120637. À travers le sceau, le multiple peut devenir un. Les vingt-quatre magistrats municipaux, dont quelques juristes, ont souhaité faire réaliser une matrice qui évoque la topographie double, ancienne et récente, d’une ville en pleine mutation sociale, une agglomération qui en se présentant unie derrière ses murs, veut offrir la paix. Même si, à l’intérieur de l’enceinte, des antagonismes se dessinent à travers l’établissement de deux confréries aux idées sensiblement opposées. À la veille de la croisade contre les Albigeois, la confrérie blanche créée dans la cité par l’évêque Foulque s’en prend aux usuriers et aux hérétiques ; la réplique vient du bourg à travers la fondation d’une confrérie noire38. Quelques combats de rues et de multiples destructions matérielles viennent temporairement ébrécher la paix et l’harmonie sociales annoncées sur les deux faces du sceau consulaire.
Une emblématique en voie de cristallisation
11Dans un laps de temps assez court, en un peu moins de dix ans, les édiles se dotent d’une nouvelle matrice. En avril 1214, l’empreinte appendue à leur promesse d’obéir à Pierre de Bénévent, légat pontifical nommé depuis peu dans l’affaire des Albigeois, laisse percevoir un premier changement dans la dimension : ce deuxième grand sceau, d’un diamètre de 75 mm, est d’une taille plus ample que le précédent. La légende étant entièrement brisée, il est difficile de gloser sur son énoncé, on peut sans doute supposer qu’il était identique au précédent.
12Sur l’avers, l’accent est mis, une fois de plus, sur la distribution des monuments emblématiques de la ville qui semble offrir un espace équilibré correspondant à la perfection idéale de sa situation politique et sociale. On perçoit assez bien le volumineux porche de Saint-Sernin, les bras du transept et, surmontant la croisée de celui-ci, la base du clocher avec ses deux premiers étages de baies géminées. Toutefois, il est à noter que la position de l’édifice religieux est inversée dans le nouveau schéma, comme si les deux bâtiments n’étaient pas sur le même plan : cette configuration correspondrait-elle à un changement de rapport de force au sein du consulat toulousain ? Les magistrats, dans le contexte de la croisade, ont-ils voulu mettre en exergue les insignes reliques de l’évêque-martyr aux dépens de la forteresse princière, symbole d’une autorité qui attirait trop la suspicieuse attention de Rome ? Quant au château Narbonnais, sa physionomie semble plus complète : il s’articule autour d’un solide donjon à baies géminées, dont la silhouette vient, avec le clocher de Saint-Sernin, équilibrer la verticalité de la composition. Doté de tours latérales (il faut restituer celle qui manque en raison du bris de la cire), la résidence comtale se présente sous la forme d’un palais-forteresse39. L’intégration des deux tours à talon de la porte antique dans l’architecture générale du château Narbonnais n’est pas sans rappeler une pratique identique qui voit le nouveau castrum des comtes de Barcelone, dans la seconde moitié du xiie siècle, s’adosser au parement intérieur de la muraille antique et incorporer deux de ses tours dans sa nouvelle organisation40.
13Le mauvais état de conservation de l’empreinte ne permet pas de savoir si le rempart commun est encore représenté à cette date. Il semblerait qu’il ne figure plus sur le pourtour de l’empreinte : cette absence serait-elle à mettre en relation avec les événements de la croisade ? La sévère défaite subie par la milice communale dans la plaine ensanglantée de Muret, le 12 septembre 1213, a-t-elle entraîné un changement d’attitude, les consuls devant alors négocier seuls avec les vainqueurs ? La ville, qui fait l’objet d’un interdit, cherche à se réconcilier de la meilleure façon avec les représentants de l’Église romaine. L’absence de murailles donne l’impression d’une ville ouverte, d’apparence moins belliqueuse. Le sceau vient d’ailleurs confirmer la promesse du collège consulaire de livrer des otages au légat et de ne fournir aucune aide au comte Raimond VI et à son fils, malgré la fidélité qui leur est due. Pour la première fois, le consulat de Toulouse se désolidarise de son prince, ce qui pourrait également expliquer la position en retrait du château Narbonnais. Pour autant, il ne s’agit pas encore d’évoquer le démantèlement de la ville, il ne sera prononcé que quelques mois plus tard, lors du quatrième concile œcuménique du Latran, en novembre 1215. Enfin, doit-on y percevoir une éventuelle intervention du vainqueur de Muret, Simon de Montfort, et de son allié le plus zélé, l’évêque Foulque ? Il n’est pas improbable que tous deux aient supervisé la réalisation d’une nouvelle matrice41, symbole ô combien puissant du pouvoir urbain incarné par des édiles un peu trop rétifs…
14En bien meilleur état, le grand sceau de février 1243 a laissé une empreinte d’une belle dimension (85 mm). L’avers porte en légende [S.] CONSULUM U[RBIS] TOLOS[E ET SUBURBII]42. Rejoignant la formule usitée dans les actes de la pratique, la cité se définit dorénavant comme une u r b s43. La dualité topographique d’un centre urbain ancien est à nouveau affirmé par l’image, elle prend une forme quasi définitive à ce moment précis. Le château Narbonnais, qui a retrouvé la position initiale de 1211, adopte la silhouette classique et stéréotypée de la forteresse à la façade extérieure maçonnée. C’est une masse imposante dont l’aspect fortifié est rendu par trois élévations crénelées : figurent deux tours d’angle et le donjon placé au centre de la courtine. Il s’agit là d’une représentation sigillaire conventionnelle pour désigner le château. La basilique Saint-Sernin présente, quant à elle, sa façade occidentale dans laquelle s’ouvre un portail d’entrée à double arcature, surmonté d’une galerie d’arcades en plein cintre. Derrière elle, s’élève un clocher crucifère à quatre niveaux de baies géminées44 ; les deux tourelles ornées de croix évoquent les deux bras du transept sur lequel il s’élève. Pas d’ambiguïté ici sur l’absence des murailles, elle s’explique par les événements récents de la croisade : la paix de Meaux-Paris signée en avril 1229 entérine le démantèlement des fortifications et le comblement des fossés de la ville, traité dont les clauses sont confirmées lors de la paix de Lorris, après l’échec de la révolte du comte Raimond VII contre Louis IX en 1242. Ce sont ces mêmes articles que les consuls toulousains s’engagent à respecter lorsqu’ils appendent leur sceau à cet acte de février 1243.
15Au revers, demeure l’agneau pascal à la croix ramondenque, accompagné de la légende initiale : sceau du chapitre des nobles de Toulouse. Il est indéniable que, depuis le début du xiiie siècle, la charge consulaire est à considérer, d’après les édiles eux-mêmes, comme une fonction noble ou du moins qui réunit une élite patricienne qui se perçoit comme noble parce que remplissant une noble tâche45. Cette qualité, qu’il ne faut pas concevoir comme une prédisposition naturelle ou héritée, est nécessaire pour gouverner, elle exprime une souveraineté collective de la ville pensée par son propre corps capitulaire. Elle manifeste donc l’aspiration de celui-ci à l’auto-gouvernement, aptitude qui s’explique par sa récente histoire : issus de la curia comitis du xiie siècle, les consuls sont fils et héritiers de leurs seigneurs, les comtes de Toulouse. Même si on observe un changement au sein de la composition sociale du collège, la culture politique de ses membres est essentiellement aristocratique ou prétend l’être car depuis les origines du mouvement consulaire, les magistrats municipaux ont toujours eu conscience d’être une émanation directe du pouvoir comtal.
16La dernière empreinte du grand sceau, datée de 1303, garde le même format de 85 mm. Le mode de représentation demeure inchangé, à quelques détails près pour chaque bâtiment, notamment pour Saint-Sernin qui voit son clocher gratifié d’un cinquième étage, ce qui correspond aux aménagements effectués dans la décennie 1270-1280 pour donner à cette tour une verticalité toute septentrionale46. À l’instar des deux types, le contenu de la légende est immobile. Tous les éléments qui vont constituer, à partir du xive siècle47, les armes de la ville sont présents sur cette empreinte, à l’exception des fleurs de lis qui vont symboliser le rattachement de la ville et du comté à la couronne de France. C’est effectivement ce que l’on peut percevoir sur le sceau secret de la fin du Moyen Âge. Une empreinte de cire rouge de 45 mm, récemment restaurée, offre un aperçu de ces armoiries en 143848. La légende, S. S[ECRETU]M CAPITULI URBIS ET SUBURBII THOLOSE, continue de fonctionner comme un écho des deux monuments emblématiques de la ville. Présents sur une seule face, ils encadrent symboliquement l’agneau qui tourne sa tête nimbée en arrière pour regarder la croix de Toulouse. En chef, figurent les cinq fleurs de lis du royaume de France.
Une image singulière
17Le choix monumental des édiles ne concerne pas seulement les sceaux, il touche d’autres signes manifestes de leur autorité sur la ville comme, par exemple, les poids municipaux. La première émission datée, celle de 1239, s’inspire directement des représentations sigillaires en adoptant la silhouette du château Narbonnais à l’avers et celle de Saint-Sernin au revers, alors que la légende porte seulement la mention livra de Tolosa, sans faire référence au bourg et à la cité49. Ce type de figuration ne laisse guère de place à l’agneau nimbé portant la croix ramondenque, absent de marque dans ce discours consulaire. À l’évidence, comme on le voit encore sur une enluminure du Commentaire des coutumes de Toulouse (1296)50, la ville s’identifie à travers deux constructions emblématiques de son paysage architectural qui constituent l’incarnation unitaire de la communauté des habitants.
18Une telle représentation, où apparaissent simultanément deux monuments imposants et reconnaissables, est assez rare sur les sceaux méridionaux. À Narbonne, autre ville double, durant tout le xiiie siècle, le bourg et la cité ont chacun leur propre matrice, même si les types sigillaires sont similaires pour chaque sceau51. Ici deux autorités politiques se font face de part et d’autre de l’Aude : le vicomte et l’archevêque. Ce n’est pas le cas à Toulouse où l’évêque ne semble pas avoir un poids équivalent : le pouvoir économique et social de l’abbé de Saint-Sernin est nettement supérieur à celui du prélat, d’ailleurs la nouvelle basilique éclipse par sa taille la vieille cathédrale romane52. La dualité emblématique vise donc à exprimer la dualité topographique, tout en jouant sur la polysémie des symboles : Toulouse est à la fois une ville comtale et un important centre de pèlerinage. En même temps, passé et présent se mélangent à travers l’image de la basilique et du palais. Le château comtal est construit sur un vestige antique, la porte Narbonnaise ; l’évêque Saturnin est devenu un martyr célèbre, sacrifié en 250 de notre ère sur le temple de la triade capitoline. Gloire de la ville et objet de vénération, le tombeau du saint abrite également les reliques d’un autre évêque toulousain, saint Exupère, protecteur militaire de Tolosa qu’il sauva du siège des Vandales en 40853. La basilique n’a pas qu’un rôle religieux, elle participe à la protection tutélaire du bourg et de la cité confondus, dessinant une sorte de géographie du politique et du sacré. Par conséquent, il ne s’agit pas d’opposer le château à la basilique ou le bourg à la cité ; dans l’histoire sociale et politique de la ville, il existe un lien civique entre le bourg et l’autorité princière : c’est lui qui est le cadre choisi pour les serments qui, à Saint-Pierre-des-Cuisines, unissent le comte à sa ville et à ses consuls54. En raison même des nombreux privilèges économiques et commerciaux qui ont été accordés, l’alliance est la norme des relations entre le prince et les notables. Elle prend d’ailleurs tout son sens à travers la croix ramondenque qui est adoptée par les consuls comme armoiries municipales. Croix du Christ et des comtes, elle devient également croix de Toulouse. Ce capital emblématique partagé renforce la nature du contrat qui part du centre pour venir irriguer la périphérie. Le siège du pouvoir comtal n’est pas qu’agrégé symboliquement au bourg et à Saint-Sernin : pendant la croisade contre les Albigeois, dynastes et patriciens font directement appel aux armes spirituelles que sont saint Sernin et saint Exupère55. Les vénérables reliques sont certes invoquées pour la défense des lieux mais aussi parce que c’est autour d’elles que s’est construit un discours identitaire centré sur le saint et l’évêque, médiateur du sacré.
19À travers leur volonté de manifester par le sceau l’identité urbaine et l’unanimité du corps social, les consuls affirment aussi la supériorité des élites, constituées d’un vivier de notables et de dominants de l’argent dont un Pierre Maurand ou un Pons de Capdenier sont les plus spectaculaires représentants. Les membres du consulat se confondent dans une ploutocratie qui joue la carte de l’unité. Certes, Toulouse est une ville double qui, lorsque la première matrice a été conçue et élaborée, contient d’autres faubourgs comme celui de Saint-Cyprien56. Mais dans le discours sigillaire, n’ont été retenus que les espaces politiques qui identifient et contiennent un consulat qui s’est structuré autour des deux pôles majeurs de la ville. Ainsi, les édiles ont écarté d’autres schémas bien connus par ailleurs57. L’option du type topographique se distingue des représentations choisies par les cités de Nîmes et d’Avignon dans lesquelles les magistrats, drapés à l’antique, figurent en pied ou en buste. D’autres, pour attester du sérieux de leur charge, sont assis, en pleine délibération, comme à Figeac. Il est à noter également que la prédilection première et définitive des Toulousains n’est pas celui du pont ou de la Garonne : on sait le rôle insignifiant de l’environnement et du paysage dans la plupart des villes du Midi, motif écarté au profit du thème, nettement plus récurrent, de l’enceinte ou du castrum58.
20Une dernière possibilité s’offrait : évoquer la ville en tant que siège épiscopal en reproduisant le profil de la cathédrale Saint-Étienne, et lui associer la silhouette de la maison commune. Cependant, au début du xiiie siècle, ces deux bâtiments faisaient l’objet de grands chantiers et la maison consulaire ne possédait pas de campanile ou de beffroi59. Par la suite, le palais communal ne vint jamais contester le choix sigillaire initial. Enfin, réunir en une seule vue d’ensemble la cathédrale et le château des Raimond, l’episcopatus et le comitatus, cela serait apparu comme une maladroite redondance qui déclinait l’origine d’une unique partie du consulat, celui de la cité, oubliant au passage les forces vives du bourg.
21À la fois forme d’existence et de reconnaissance, « le sceau est une présence ; il est une image substantielle, investi de ce dont il gère l’absence »60. L’inanité physique des dirigeants laisse place à un « corps durable du pouvoir » dont la permanence est le maître-mot61. Cette cristallisation du pouvoir se manifeste par la volonté de mettre en scène l’unité des deux composantes géographiques du collège municipal. Si, en vertu de raisons spirituelles aisées à comprendre, le choix de la basilique Saint-Sernin paraît s’imposer pour désigner le bourg, reste à déterminer la présence du château Narbonnais. L’autorité politique du consulat comme héritier de la coseigneurie mise en place au cours du xiie siècle a déjà été soulignée, il est fort probable que, dans le cadre de leurs assemblées délibératives, les consuls se retrouvaient alors aux côtés du comte, dans sa résidence fortifiée. Ayant conscience de cette histoire commune, qui est à l’origine de leur légitimité politique, ils continuent de l’entretenir. Les expéditions menées par la milice urbaine dans l’arrière-pays toulousain ont été accomplies avec le soutien et la bénédiction de Raimond VI qui y trouve un intérêt certain62. Dans le cadre de cette familiarité constante avec le prince, les groupes dominants de la ville ont été amenés à voir et à manipuler le sceau des comtes. Or, depuis 1171, Raimond V en arbore un nouveau sur lequel il figure en majesté, montrant ostensiblement une reproduction miniaturisée du château Narbonnais63. Selon les résultats des fouilles récemment menées par J. Catalo, la résidence raimondine connaît d’importants aménagements dont le terme aurait eu justement lieu vers 1170 quand la porte antique devient fortification comtale64. Signe matériel et immobile du pouvoir dynastique, et également lieu de détention des prisonniers, la forteresse qui figure sur le sceau municipal est l’expression d’une dialectique de l’alliance entre la ville et le comte, également signifiée sur la première page du cartulaire de la cité65. La culture éminemment aristocratique du corps capitulaire fait que les consuls s’identifient à la « capitale » légitimante du comté et au pouvoir du prince dont ils détiennent une forme de délégation et à qui ils doivent l’obtention de leurs plus importantes libertés. Leur choix sigillaire, largement influencé par le type comtal, exprime aussi la recherche de la protection temporelle et laïque de ces seigneurs, associée à la protection spirituelle du saint tutélaire et renforcée, via la présence de l’agneau pascal porteur de la croix, par la protection suprême : celle du Christ.
22Inutile de s’interroger sur le degré de participation et le mouvement d’intériorisation des récepteurs au programme qui leur est imposé par les autorités émettrices. Le type sigillaire choisi par les consuls toulousains connut une belle destinée. Il est à l’origine des armoiries de la ville : la triple association de l’agneau pascal contourné, de Saint-Sernin et du château Narbonnais définit et personnalise l’identité municipale. À partir de 1875, les rues de la ville sont ornées de plaques en fonte émaillées dont l’angle supérieur gauche porte la fameuse triade toulousaine. Aujourd’hui, celles-ci se font rares, elles sont inexorablement remplacées par un autre symbole, moins toulousain que politique : la croix dite de Toulouse. Mais à chaque mois de décembre, quelques observateurs avertis pourront chercher des yeux, place Wilson, sur la cime d’un grand conifère, la silhouette familière de l’agneau nimbé, la tête dirigée vers la hampe ornée de la croix ramondenque66.
Notes de bas de page
1 F. Bordes, « Les remparts et les ponts » ; « La ville et ses symboles », dans Toulouse, parcelles de mémoire. 2000 ans d’histoire urbaine au regard de 8 siècles d’archives municipales, catalogue d’exposition, Toulouse, 2005, p. 94-126.
2 Ph. Wolff, Commerces et marchands de Toulouse (vers 1350-vers 1450), Paris, 1954, p. 6-33.- J.-H. Mundy, Liberty and Political Power in Toulouse, New York, 1954, p. 67-73.- Th.-N. Bisson, « Pouvoir et consuls à Toulouse (1150-1205) », dans Les sociétés méridionales à l’âge féodal. Hommage à Pierre Bonnassie, Toulouse, 1999, p. 197-202.
3 B. M. Bedos-Rezak, « Medieval Identity : a Sign and a Concept », The American Historical Review, 2000, vol. 105, p. 1488-1533.
4 J.-L. Chassel, « L’usage du sceau au xiie siècle », dans Le xiie siècle. Mutations et renouveau en France dans la première moitié du xiie siècle, éd. F. Gasparri, Paris, 1993, p. 70.- M. de Framond, « Aux origines du sceau de ville et de juridiction : les premiers sceaux de la ville de Millau », Bibliothèque de l’École des Chartes, t. 147, 1989, p. 87-122.
5 Notion somme toute assez contestable, les comtes de Toulouse commencent à peine à en faire leur lieu de résidence principale (L. Macé, Les comtes de Toulouse et leur entourage, xiie-xiiie siècles. Rivalités, alliances et jeux de pouvoir, Toulouse, 2000, p. 164-166).
6 B. Bedos, Corpus des sceaux français du Moyen Age. T. 1. Les sceaux des villes, Paris, 1980, p. 503, n° 686 et 686 bis, « appendu à un acte sans date [xiiie siècle] » d’après l’auteur de ce corpus. Voir également F. Bordes, ouv. cité, p. 113-115.
7 L. Macé, ouv. cité, p. 295.
8 Vicomte de Juillac Vignoles, « Dissertation critique sur les armoiries de la ville de Toulouse », Mémoires de la Société impériale archéologique du Midi de la France, 1861-1865, p. 225-254.- E. Roschach, « Étude sigillographique sur les Archives communales de la ville de Toulouse », Mémoires de l’Académie impériale des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse, t. IV, 1866, p. 36-67.- C. Dumas de Rauly, « Sur les sceaux des capitouls de Toulouse au xiiie siècle », Bulletin de la Société archéologique du Midi de la France, 1886, p. 14.
9 Le château Narbonnais représenté sur le sceau de Raimond VI (avril 1204) a une silhouette quelque peu différente du sceau consulaire de 1205-1211 : celui du comte semble s’articuler autour de la porte Narbonnaise et du donjon princier alors que le modèle adopté par le consulat obéit davantage au stéréotype classique de la forteresse à trois tours.
10 J. Catalo, « Emblématique du pouvoir. Le château Narbonnais de Toulouse », Archéopages, lettre d’information de l’INRAP. Sur la réutilisation des sites antiques pour l’établissement des résidences princières, voir A.-L. Napoléone, « Les demeures aristocratiques des villes méridionales à l’époque romane », Les Cahiers de Saint-Michel de Cuxa, 2005, t. XXXVI, p. 103-116.
11 Ces trois étages correspondent à l’état antérieur à la surélévation gothique du clocher (H. Pradalier, « Saint-Sernin de Toulouse au Moyen Âge », Congrès Archéologique de France, Paris, 2002, p. 271).
12 Ch. Higounet, « Un grand chapitre dans l’histoire du xiie siècle : la rivalité des maisons de Toulouse et de Barcelone pour la prépondérance méridionale », dans Mélanges Louis Halphen, Paris, 1951, p. 313-322.- G. Pradalié, « Les comtes de Toulouse et l’Aquitaine (ixe-xiie siècles) », Annales du Midi, 2005, n° 249, p. 5-23.
13 P. Michaud-Quentin, « Universitas ». Expression du mouvement communautaire dans le Moyen Âge latin, Paris, 1970.- J. Cherry, « Imago Castelli : the depiction of castles on medieval seals », Château Gaillard, n° XV, 1992, p. 83-90.- L. Macé, « Sigillum consilii : les villes de Moyenne Garonne et leurs sceaux (xiiie-xive siècles) », dans Hommes et pays de Moyenne Garonne, Congrès des fédérations historiques de Midi-Pyrénées et du Sud-Ouest, Toulouse, 2005, p. 99-108.
14 G. Pradalié, « La ville des comtes (xe-xiiie siècle) », dans M. Taillefer (dir.), Nouvelle histoire de Toulouse, Toulouse, 2002, p. 69.
15 Sur l’importance de l’acte d’enclore, essentiel pour créer la ville, voir B. Cursente, « Les villes de fondation du royaume de France », dans I Borghi nuovi, Cuneo, 1993, p. 45.
16 L. Macé, art. cité, p. 101.- B. Bedos, ouv. cité, n° 387 et n° 388, p. 304.
17 Cl. Gauvard, « Marqueurs sociaux et symboliques des capitales : rapport introductif », dans Les villes capitales au Moyen Âge, XXXVIe congrès de la Société des Historiens médiévistes de l’enseignement supérieur public (SHMESP), Paris, 2006, p. 293.
18 G. Pradalié, art. cité, p. 81-82.
19 La Chanson de la croisade albigeoise, éd. E. Martin-Chabot, Paris, 1961, t. I, laisse 109, v.5, p. 242- 243.
20 Seules demeurent les lettres […]ILIU[…] (B. Bedos, ouv. cité, n° 686 bis, p. 503).
21 Restitution effectuée, sur le sceau de 1243, par E. Roschach, Histoire graphique de l’ancienne province de Languedoc, Toulouse, 1905, p. 318, n° 211.
22 R. Bonnaud-Delamare, « La convention régionale de paix d’Albi de 1191 », dans Paix de Dieu et guerre sainte en Languedoc au xiie siècle, Cahiers de Fanjeaux, n° 4, 1969, p. 91-101.
23 L. Macé, ouv. cité, p. 33-34.
24 De Toulouse à Tripoli. La puissance toulousaine au xiie siècle (1080-1209), catalogue d’exposition du Musée des Augustins, Toulouse, 1989, p. 207-208.
25 M. Zerner, « Le negotium pacis et fidei ou l’affaire de paix et de foi. Une désignation de la croisade albigeoise à revoir », dans R. M. Dessì (éd.), Prêcher la paix et discipliner la société. Italie, France, Angleterre (xiiie-xve siècle), Turnhout, 2005, p. 63-102.
26 J.-H. Mundy, « Noblesse et hérésie. Une famille cathare : les Maurand », Annales ESC, 29, 1974, p. 1211-1223.
27 B. M. Bedos-Rezak, « Du modèle à l’image : les signes de l’identité urbaine au Moyen Âge », dans M. Boone, É. Lecuppre-Desjardins et J.-P. Sosson (éd.), Le verbe, l’image et les représentations de la société urbaine au Moyen Âge, Anvers-Apeldeoorn, 2002, p. 189-205.
28 Quelques villes méridionales reprennent sur leurs sceaux les armes de leurs seigneurs : c’est le cas de Béziers et de Martel (L. Macé, « Par le tranchant, la rave et l’hermine. Pouvoir et patronyme : les sceaux des Trencavel (xiie-xiiie siècles) », Cahiers de Civilisation Médiévale, t. 202, p. 115-116 et « Le nom de cire. Jalons pour une enquête sur les sceaux vicomtaux du Midi (xiie-xiiie siècles) », dans Vicomtes et vicomtés dans l’Occident médiéval, colloque d’Albi, Toulouse, 2008, p. 315.
29 B. Bedos, ouv. cité, Narbonne : n° 488 bis, p. 367 ; n° 491 bis, p. 370 ; n° 492 bis, p. 371 ; Béziers, n° 123 bis, p. 121 ; n° 125 bis, p. 123. Il en est de même à Carcassonne en 1303 (n° 174 bis, p. 159). Sur le lien avec la paix de Dieu, voir M. Aurell, « La chevalerie urbaine en Occitanie (fin xe-début xiiie siècle) », dans Les élites urbaines au Moyen Âge, actes du XXVe congrès de la SHMESP (1996), Paris-Rome, 1997, p. 101-102.
30 M. Berthe, « Les élites urbaines méridionales au Moyen Âge (xie-xve siècles) », dans La maison au Moyen Âge dans le Midi de la France, actes des journées d’étude de Toulouse, 19-20 mai 2001, Mémoires de la Société archéologique du Midi de la France, hors-série, 2002, p. 21-40.
31 F. Bordes, « Les cartulaires urbains de Toulouse (xiiie-xvie siècles) », dans Les cartulaires méridionaux, Paris, École des Chartes, 2006, p. 217-238.
32 P. Marquez, Recentering the City : Urban Planning in Medieval Toulouse in the Early Thirteenh Century, Phd. diss. (dir. S. Epstein), University of Colorado, 1999.
33 L. Macé, Catalogues raimondins (1112-1229). Actes des comtes de Toulouse, ducs de Narbonne et marquis de Provence, Sources de l’histoire de Toulouse, Toulouse, 2008, acte n° 405.
34 P. Marquez, « Urban Diplomacy : Toulouse and its Neighbors in the Twelfth and Thirteenth Centuries », Viator, 2002, t. XXXIII, p. 87-99.- J. Petrowiste, « Le consul, le comte et le marchand : commerce et politique à Toulouse au seuil du xiiie siècle », Annales du Midi, 2005, n° 251, p. 291- 321.
35 F. Lifshitz, « Le serment de fidélité de la ville de Toulouse (1203) : quelques notes sur un texte et sa transmission », Annales du Midi, 1985, n° 172, p. 427-433.
36 J. Petrowiste, art. cité, p. 305-306.- M. Berthe, art. cité, p. 28-33.
37 Sur la question de la date d’apparition des premières empreintes, voir B. Bedos-Rezak, « Le sceau médiéval et son enjeu dans la diplomatique urbaine en France », dans W. Prevenier et Th. de Hemptinne (éd.), La diplomatique urbaine en Europe au Moyen Âge, Louvain, 2000, p. 23-44.
38 Chronique de Guillaume de Puylaurens, éd. J. Duvernoy, Paris, 1976, ch. XV, p. 64-67.
39 M. Prin et J. Rocacher, Le château Narbonnais. Le Parlement et le Palais de Justice de Toulouse, Toulouse, 1991.
40 J. Beltrán de Heredia Bercero, « Les élites locales et la formation du centre de pouvoir à Barcelone. Un exemple de continuité (ive-xiiie siècle) », Les Cahiers de Saint-Michel de Cuxa, t. XXXVI, 2005, p. 165-166.
41 Comme le montre une empreinte de 1217, Simon de Montfort n’a pas hésité, sans doute peu de temps après le concile de Latran IV, à reprendre, quasiment à l’identique, la représentation en majesté des comtes de Toulouse (L. Macé, ouv. cité, p. 300).
42 B. Bedos, ouv. cité, n° 687, p. 504. Comme les Bénédictins du xviiie siècle (Cl. Devic et J. Vaissète, Histoire Générale de Languedoc, 1re éd., Toulouse, 1745, t. 5 pl. VIII, n° 1), B. Bedos a lu ville dans la légende de l’avers mais une analyse attentive de l’empreinte nous permet de restituer le substantif urbis, à l’instar de ce qu’avait déjà observé E. Roschach (ouv. cité, n° 211, p. 318).
43 Dans les cartulaires du Bourg et de la Cité, de 1141 à 1279, la formule majoritairement employée est urbs Tolosa et suburbium, le terme villa désignant l’ensemble de la communauté urbaine (Ph. Wolff, « Civitas et burgus. L’exemple de Toulouse », dans Regards sur le Midi médiéval, Toulouse, 1978, p. 203).
44 La surélévation du clocher serait antérieure aux premiers travaux réalisés à la fin du xiiie siècle pour ajouter à la tour romane deux niveaux gothiques (H. Pradalier, art. cité, p. 273).
45 À la fin du xiiie siècle, Arnaud Arpadelle, professeur de droit toulousain et auteur du Commentaire des coutumes de Toulouse, écrit : « C’est à bon droit que les consuls de Toulouse doivent, en raison de leur dignité, être appelés nobles » (H. Gilles, « Être capitoul », dans Images et fastes des capitouls de Toulouse, catalogue d’exposition, Toulouse, 1990, p. 21).
46 H. Pradalier, art. cité, p. 298.
47 F. Bordes, ouv. cité, p. 111 et p. 152-153.
48 F. Bordes, ouv. cité, p. 116-117. Une autre empreinte de la même année est mentionnée par B. Bedos, ouv. cité, n° 690, p. 506 ; la lecture de la légende est à corriger.
49 F. Bordes, ouv. cité, p. 106-110.
50 F. Bordes, ouv. cité, p. 93.
51 B. Bedos, ouv. cité, n° 488 à 493, p. 367-372.
52 G. Pradalié, ouv. cité, p. 74.
53 F. Bordes, ouv. cité, p. 54.
54 Serment de Raimond V le 6 janvier 1189, de Raimond VI le 6 janvier 1195, de Raimond VII le 21 septembre 1222 (Macé, Catalogues raimondins, n° 220, 263, 490). L’établissement participe activement à la vie publique : à trois reprises (1163/65, 1176, 1181-82), un de ses prieurs, Étienne de Montbarla, fut consul du bourg (P. Cabau, « L’épitaphe d’Étienne de Montbarla, prieur de Saint-Pierre-des-Cuisines († 8 février 1182) », dans L’ancienne église Saint-Pierre-des-Cuisines à Toulouse, Mémoires de la Société archéologique du Midi de la France, 1988, t. XLVIII p. 165).
55 Au début de juin 1218, juste après son arrivée dans la ville assiégée, Raimond le fils du comte de Toulouse, se rend aussitôt au mostier del baro sent Cerni « qui jamais n’a voulu ni ne désire la compagnie des Français ». Un an plus tard, le même prince et les consuls décident, à l’issue d’un conseil, « d’exposer, sous la maîtresse voûte qui supporte le beau clocher, le corps de saint Exupère, entouré de lumières et de candélabres. Ce fut un digne et saint évêque de Toulouse ; il protège et réconforte tous ses héritiers » (La Chanson de la croisade albigeoise…, Paris, 1961, t. III, laisse 201, v. 64-66, p. 162-163 ; laisse 213, v. 95-98, p. 300-301). Le 10 avril 1226, alors que le roi Louis VIII décide d’intervenir militairement dans l’affaire albigeoise, une ordonnance consulaire prévoit d’allouer une somme de 10 sous tolsas à la confrérie chargée d’entretenir le luminaire brûlant devant l’autel de saint Exupère afin que « Dieu et le seigneur Jésus-Christ, par l’intercession de la bienheureuse Vierge Marie, du bienheureux Exupère évêque et des autres saints, protègent la Ville et le Bourg de tout mal, de tout péril, de tout attaque ennemie » (ibidem, n. 2).
56 Sur la rive gauche de la Garonne, le faubourg Saint-Cyprien est un noyau urbain qui, depuis la seconde moitié du xiie siècle, commence à se développer entre les rues desservant les accès au Pont-Vieux et au Pont-Neuf (H. Molet, « Le quartier Saint-Cyprien au Moyen Âge », Mémoires de la Société archéologique du Midi de la France, 2006, t. LXVI, p. 265-268). Pour Saint-Michel, voir la communication de D. Paya dans le présent volume.
57 B. Bedos-Rezak, « Towns and Seals : Representation and Signification in Medieval France », dans Form and Order in Medieval France. Studies in Social and Quantitative Sigillography, Aldershot, 1993, p. 35-47.
58 L. Macé, « Sigillum consilii… », p. 103-104.
59 O. Testard, « La vieille nef de la cathédrale de Toulouse et ses origines méridionales », Mémoires de la Société archéologique du Midi de la France, 1999, t. LIX, p. 73-91. La maison commune (maizo cominal) est mentionnée dans la Canso, dans un épisode relatif à l’automne 1216 (La Chanson de la croisade albigeoise…, Paris, 1957, t. II, laisse 174, v. 2, p. 218-219).
60 B. Bedos, « Le sceau médiéval et son enjeu… », p. 42.
61 Cl. Gauvard, art. cité, p. 290.
62 J. Petrowiste, art. cité, p. 310-315.
63 L. Macé, ouv. cité, p. 295.
64 J. Catalo, art. cité.
65 L. Macé, « Pouvoir comtal et autonomie consulaire à Toulouse : analyse d’une miniature du xiiie siècle », Mémoires de la Société archéologique du Midi de la France, 2002, t. LXII, p. 51-59.
66 Au plafond de la salle des Illustres, le peintre Jean-Paul Laurens a repris ce symbole pour évoquer la victoire de Toulouse : l’agneau pascal terrasse le lion (Simon de Montfort) de sa hampe crucifère, la pointe traversant la gueule du fauve vaincu. Sur le mur sud de cette pièce, dans une autre scène, celle de la catapulte qui est à l’origine de la mort du chef des croisés, la trompette de la mort qui sort des nuages brandit un étendard orné des armoiries de la ville.
Auteur
-
Laurent Macé
Maître de conférences à l’université de Toulouse II-Le Mirail (mace@univ-tlse2.fr).
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