1Le Grand-Hôtel, édifice bien connu des Toulousains, est aujourd’hui en cours de rénovation après de longues années de déshérence. Cet hôtel, construit par la Société Immobilière Grenobloise Toulousaine (SIGT) à l’orée du xx^e siècle, est un des représentants de l’architecture dite « haussmannienne », mise en place le long des percées de la rue Alsace-Lorraine et du premier tronçon de la rue de Metz. Le Grand-Hôtel est construit lors de la réalisation de la seconde partie de la rue de Metz, opération dans laquelle la SIGT finance la construction de onze édifices. L’architecture « haussmannienne » traditionnelle se caractérise par de longs alignements de façades dont l’horizontalité est accentuée par les balcons filants du premier et du dernier étage. Les travées sont serrées et régulières, le décor se concentre autour de la porte et des angles. La brique claire est fortement utilisée, dans le but d’imiter la pierre employée à Paris. Mais cette architecture répétitive engendre une monotonie qui suscite une opposition croissante, que ce soit chez les architectes ou les édiles. En 1897, au moment où vont être construits la plupart des immeubles du deuxième tronçon de la rue de Metz, la municipalité assouplit les règlements d’urbanisme en autorisant les saillies sur les façades pour donner aux nouveaux édifices « un caractère plus artistique et original, par la construction de tourelles, balcons, etc. afin d’éviter que les nouvelles rues à construire aient le caractère monotone et triste d’une architecture trop uniforme »1. Avant d’aborder les particularités de l’architecture des immeubles de la SIGT et du Grand-Hôtel, il est bon de rappeler le contexte de sa construction : les conditions de réalisation de la percée du second tronçon de la rue de Metz, son insertion dans le tissu ancien et le processus de formation du nouvel espace urbain.

L’ouverture du second tronçon de la rue de Metz

Le contexte général du projet des percées

2Les percées toulousaines ont été à l’origine de nombreux débats, parfois très houleux, entre les Toulousains. Elles ont fait l’objet d’affrontements politiques incessants cristallisant le courant d’opposition au régime de Napoléon III et ont connu au fil des municipalités des avancées ou des arrêts momentanés. En conséquence, l’élaboration du projet et le percement des nouvelles voies se sont étirées sur plus d’une cinquantaine d’années.

3La décision de principe d’ouvrir de nouvelles rues est prise par le conseil municipal en janvier 18572 et se concrétise par l’adoption du projet de l’ingénieur Maguès en 18643. Comme pour de nombreuses villes à la même époque, la raison principale est d’améliorer les conditions de circulation dans le centre ville et de faciliter plus particulièrement l’accès à la nouvelle gare, en fonction depuis peu de temps. Le projet d’Urbain Maguès propose le percement de deux grandes voies orthogonales traversant la ville ancienne : l’une, l’actuelle rue d’Alsace-Lorraine, double la rue marchande historique et parcourt la ville du nord au sud, l’autre, la rue de Metz, mène de la Garonne aux boulevards, d’ouest en est.

4Le tracé des voies proposé par Maguès a évolué. La modification la plus notable concerne l’ouverture de la rue du Languedoc vers la place du Salin où, pour des raisons d’économie, la municipalité a préféré ne pas modifier le tracé de l’ancienne voie et a préconisé le réalignement ponctuel des façades.

Le prolongement de la rue de Metz

5Le 25 mars 1893, la Ville de Toulouse prend la décision de percer le second tronçon de la rue de Metz allant du musée des Augustins à la porte Saint-Étienne. Elle prévoit conjointement de dégager les abords du musée et de supprimer la rue de la Colombe4. Le manque de financement entraîne des remaniements du projet : l’ouverture d’une rue menant à la place Saint-Étienne et le réalignement des rues latérales sont abandonnés.

6La ville est contrainte d’acheter 50 % de terrain supplémentaire par rapport à son estimation car un grand nombre de propriétaires a demandé l’expropriation totale de leur parcelle comme le leur permet la loi du3 mai 1841. La municipalité, ne désirant pas s’occuper de la revente des surplus des terrains qu’elle considère soumise à trop d’aléas (délais de revente trop longs et prix de vente trop bas), décide de faire appel à un concessionnaire pour mettre en œuvre l’extension de la rue de Metz.

La Société Immobilière Grenobloise Toulousaine (SIGT)

7En juillet 1894, la Ville passe un premier traité avec Bernard Deffès et Cie qui s’engage à racheter les terrains non utilisés pour la voie publique et à édifier, sur ces emplacements, des constructions en bordure de rue semblables à celles de la rue d’Alsace-Lorraine5. Fin décembre 1895, au moment de la vente du premier lot d’immeubles, la ville rompt les engagements avec la compagnie concessionnaire, celle-ci n’ayant pu rassembler les fonds nécessaires à leur paiement6. Deux mois plus tard, Bernard Deffès présente au maire deux entrepreneurs, les constructeurs de la nouvelle gare Saint-Jean à Bordeaux : Bertrand Baron et Jean Bouche. Un nouveau traité est alors signé en mars 18967. Un an plus tard, Deffès, Baron et Bouche forment la SIGT, société anonyme dont les statuts sont déposés chez maître Lescot à Grenoble. Aux termes du traité Baron et Bouche, la SIGT achète l’intégralité des terrains fin novembre 1897. Cette transaction permet à la SIGT d’obtenir 60 % de l’aménagement de la rue de Metz (fig. 20).

État des lieux : transformation urbaine

Avant la percée

8Avant la percée, cette partie de la ville est constituée de quatre grands îlots et d’un plus petit. Ils se distinguent par une proportion importante de grandes parcelles (plusieurs de plus de 1 000 m²) se développant au centre et un nombre moins élevé de petites parcelles qui se situent en bordure des rues. L’habitat se caractérise par des édifices en briques8 d’une hauteur moyenne de deux étages surmontés par un étage de comble. Ce secteur abrite d’anciens hôtels parlementaires datés majoritairement du xviii^e siècle. Peu de propriétés semblent nouvellement construites. Une distinction est à faire pour la rue de la Colombe qui a conservé un aspect plus médiéval avec un parcellaire en lanière et dont 11 édifices des 15 expropriés sont en pans de bois. Ces immeubles sont considérés insalubres par la municipalité.

9Dans le cadre de la percée, 48 propriétaires sont touchés par les expropriations : 24 ont été expropriés en totalité (fig. 21), 11 ont demandé une extension d’expropriation et 13 ont choisi de conserver leur propriété malgré la diminution de la surface de leur parcelle9.

Après la percée

10Après la percée, la nouvelle voie s’étend sur une longueur de 410 m. Sa largeur a été limitée à 15 mètres comme la rue d’Alsace-Lorraine malgré quelques propositions plus ambitieuses allant jusqu’à 19 m. Cet aménagement a fait disparaître la rue de la Colombe, a divisé la rue des Arts et la rue Boulbonne et a interrompu la rue Malaret : la rue a traversé deux îlots et en a bordé deux autres faisant passer leur nombre de 5 à 8 dont 1, composé d’un seul édifice a été créé.

11Les polygones roses du plan (fig. 22) représentent les terrains achetés à la ville par la SIGT, augmentés à trois endroits des achats effectués par cette société auprès de particuliers afin de rendre viables certaines parcelles trop étroites. La taille de ces polygones indique que l’appel à un concessionnaire a favorisé le regroupement parcellaire. Ce remembrement a généré la réalisation d’un habitat type : de grands immeubles bâtis en continuité. Dans un second temps, le nombre de parcelles hors des polygones roses et la petite taille de certaines retiennent l’attention.

12Cette situation permet d’évoquer le manque de planification urbaine et d’ambition de la ville à ce moment là. En effet, l’idée de la percée suppose le remaniement du tissu urbain par la démolition puis la reconstruction d’un paysage grâce à des éléments architecturaux. L’étude du plan souligne que le remembrement parcellaire est, dans cette partie des percées, la conséquence directe des demandes d’extension d’expropriation faites par 25 % des propriétaires touchés par l’ouverture de la rue de Metz. Il n’y a pas eu dans ce cas là de véritable désir de renouvellement urbain, comme30 ans auparavant, lors de l’ouverture de la première partie de la rue d’Alsace-Lorraine. En effet, le traité signé à cette époque entre la ville et le concessionnaire Caunes, préconisait l’achat de bandes de terrain supplémentaire de 8 mètres de profondeur, de part et d’autre, de la nouvelle rue pour permettre une architecture monumentale, symbole de la ville moderne10.

13Dans le cas du prolongement de la rue de Metz, l’assurance de réaliser une grande partie des travaux de construction dans un temps réduit semble avoir primé, avant tout, dans le désir de faire appel aux concessionnaires ; Baron et Bouche s’étaient engagés sur un délai de 6 ans.

14La percée du second tronçon de la rue de Metz a une place à part dans l’histoire des percées toulousaines. De la même façon, l’architecture des immeubles de rapport et du Grand-Hôtel, construits sur les parcelles acquises par la SIGT, s’éloigne des modèles traditionnels haussmanniens.

L’architecture des immeubles de la SIGT rue de Metz et le Grand-Hôtel

Les immeubles de la SIGT rue de Metz

15Demartiny et Coutavos, originaires de Grenoble, sont les architectes qui signent les plans des immeubles de la SIGT, exceptés ceux du Grand-Hôtel. Deux types d’édifice sont construits par ces architectes : d’une part des immeubles qui ont leur façade sur toute la longueur de l’îlot et d’autre part des immeubles correspondant à une seule parcelle.

Les immeubles à l’échelle de l’îlot : 27-29, 30-34 et 36-40, 41, 43 et 62 rue de Metz

16Le rassemblement de parcelles effectué par la SIGT engendre des constructions monumentales dont la façade sur rue couvre toute la longueur de l’îlot. Les deux grands immeubles (30-32-34 et36-38-40 rue de Metz) sont construits selon le même système (fig. 23) : les façades, longues de près de 90 mètres, sont ordonnancées et organisées autour d’une symétrie dont l’axe est la grande porte cochère. L’animation de la façade est créée par l’alternance de balcons continus et de balconnets et par la mise en place de travées plus importantes, distinguées des autres par un balcon en pierre et couronnées par une lucarne. Les élévations restent régulières mais les contrastes entre travées confèrent à l’immeuble un rythme et une verticalité nouvelle, on est loin de la ligne se déroulant à perte de vue créée par les balcons continus de la rue d’Alsace-Lorraine. La sculpture est peu présente, on la trouve seulement sur les consoles des balcons, au dessus des fenêtres en faible relief et sur les travées principales. Ce qui distingue ces deux immeubles est l’emploi de la pierre sur toute la façade pour l’un alors que l’immeuble du deuxième moulon utilise en alternance la pierre et la brique, rappelant le style Louis XIII, en vogue à la fin du xix^e siècle.

17L’immeuble du troisième moulon (27-29 rue de Metz) reprend le même système d’ordonnance régulière dans lequel l’horizontalité est rompue par des travées en saillie sur la rue et mises en valeur par l’emploi de la pierre alors que le reste de la façade est en brique. La sculpture est ici uniquement présente sur ces travées.

18Les immeubles des 41, 43 et 62 rue de Metz, de moindre envergure, sont très semblables : le rez-de-chaussée et l’entresol sont en pierre et ornés d’un bossage, les étages sont en brique, seuls les encadrements de fenêtres sont en pierre. Ici, c’est la travée de la porte d’entrée qui est mise en valeur.

Les immeubles à l’échelle d’une parcelle : 42, 54, 56 bis, 60 bis

19C’est dans les immeubles plus petits que les architectes font preuve d’une plus grande originalité. Le n° 54 s’inscrit encore dans un modèle haussmannien avec le bossage du premier étage et les balcons filants ; mais avec le n° 56, nous ne sommes plus là dans les caractéristiques haussmanniennes, la simplification des formes entraînant une mise en œuvre de la façade résolument moderne.

20L’emploi important de la pierre de taille qui caractérise les immeubles de la SIGT est dû au fait que les architectes sont originaires d’une région riche en pierre mais aussi à la prééminence des modèles nationaux. Le président de la SIGT indique son « projet d’édifier rue de Metz des maisons réunissant les derniers progrès de la solidité et du confort, telles qu’elles se construisent aujourd’hui à Paris, à Lyon et dans toutes les grandes villes. […] Spécialement en ce qui concerne la pierre de taille, nous avons pensé qu’il était convenable de substituer la pierre dure à la brique dans une partie de la construction, notamment dans les piliers »11.

21L’utilisation de la brique claire est pratiquement abandonnée et la brique rouge traditionnelle fait un retour en force, créant avec la pierre des jeux de polychromie qui rompent la symétrie des façades et fait référence au style Louis XIII (36-38-40 et 60 bis rue de Metz). L’éclectisme se manifeste aussi dans les bossages continus dérivés du classicisme français. L’influence de l’Art nouveau est également présente par petites touches dans le décor : les ferronneries des balcons (42, 43 et 62 rue de Metz) et la sculpture (27-29 rue de Metz). Sur une base classique, dérivée de l’haussmannisme, les architectes introduisent des variations dans les ordonnances. Les immeubles de la SIGT rue de Metz sont à la fois les représentants d’une architecture sérielle, due aux contraintes de ce type de construction : bâtir vite et à moindre coût pour rentabiliser l’investissement et d’une architecture plus libre, dans laquelle les contraintes réglementaires se sont assouplies.

22À l’intérieur de cet ensemble, le Grand-Hôtel se distingue dans la mesure où il le seul édifice de la SIGT construit par un toulousain mais également par les conditions qui ont présidé à sa création et par son architecture.

Le Grand-Hôtel

La société du Grand-Hôtel

23La Société anonyme du Grand-Hôtel est fondée en 1900 par l’architecte Barthélemy Guitard et Miral, hôtelier à Toulouse. Guitard et Miral veulent créer un grand hôtel aménagé avec tout le luxe et le confort des hôtels modernes mais dont l’importance permettra de recevoir les voyageurs au prix des hôtels ordinaires. Cette idée séduit les actionnaires qui n’hésitent pas à investir leurs capitaux. Guitard et Miral apportent à la société les études préliminaires, les projets, les plans et les démarches réalisés pour la constitution de ladite société. Guitard et Miral n’apportent pas d’argent mais des idées et dans le cas de Miral, une possible clientèle12. En conséquence, la rémunération des deux fondateurs est uniquement basée sur le résultat de l’entreprise, par une participation de 10 % aux bénéfices13.

24La société anonyme du Grand-Hôtel et la SIGT s’associent pour mener à bien cette entreprise. La construction de l’hôtel est menée rondement et dès la fin mars 1901, les premiers clients séjournent rue de Metz14. Miral est nommé directeur de l’hôtel pendant 3 ans par la société15. Le ralliement d’Emmanuel Tivollier à la société anonyme garantit le succès de l’entreprise. Tivollier, entrepreneur réputé dans la fabrication et la commercialisation de pâté, ferme à la même époque son hôtel rue Alsace-Lorraine : il entre dans la société 6 mois après l’ouverture de l’hôtel en lui vendant sa clientèle, permet l’exploitation de son nom et recommande par courrier la nouvelle adresse du « Grand-Hôtel et Tivollier »16 à sa clientèle issue de la « bonne société ».

L’architecture du Grand-Hôtel

25L’architecte Barthélemy Guitard, initiateur du projet, dessine les plans du Grand-Hôtel en 1899. C’est un architecte bien implanté dans la région. Après des études remarquées à l’école des beaux-arts de Toulouse, il suit à Paris les cours de l’architecte Jules André. Il connaît rapidement une carrière florissante et réalise un grand nombre d’immeubles privés dont certains très prestigieux comme l’hôtel du journal Le Télégramme (1896) ou encore la chambre de commerce (1911-1920). Avec le Grand-Hôtel, Guitard se lance dans la construction d’un type d’édifice nouveau pour lui. L’hôtel de voyageurs a vu sa typologie se fixer avec la construction du Grand-Hôtel du Louvre en 1855 par Armand, Pellechet, Hittorff et Rohault de Fleury17. Le développement du chemin de fer, du commerce et des échanges sous le Second Empire entraîne l’apparition de ce nouveau type de bâtiment.

26Le Grand-Hôtel est construit autour de trois cours intérieures et forme une masse imposante. Il s’élève sur sept niveaux. Le béton est utilisé pour les maçonneries des fondations et du sous-sol18. Les façades, d’une longueur totale de 75 m, sont réalisées majoritairement en pierre comme tous les édifices érigés par la SIGT, la brique amenant une touche décorative par la polychromie (fig. 24). Les élévations sont rythmées par des balcons en fonte de style rocaille supportés par de grandes consoles sculptées. Le Grand-Hôtel est le seul édifice de la SIGT qui possède une rotonde d’angle, motif architectural prestigieux lui permettant de se démarquer des autres immeubles de la rue. La sculpture est également plus présente, en particulier dans la travée de l’entrée, soulignée par un grand balcon en pierre. Enfin, sous la corniche à modillons se trouvent des cartouches qui renferment un décor de fleurs qui semble être en céramique émaillée et qui rappelle les œuvres de Gaston Virebent. L’éclectisme est ici bien représenté : aux motifs architecturaux dérivés de l’haussmannisme s’ajoutent des emprunts à la Renaissance et quelques notes de l’Art nouveau.

27À l’intérieur, le rez-de-chaussée est articulé autour du hall central qui distribue les espaces de représentation et de sociabilité (fig. 25). Il est couvert d’une verrière zénithale décorée de feuillages et de fleurs, ornement rare à Toulouse du fait de son coût. Les murs sont parés de guirlandes de fruits et de fleurs stuqués. Au milieu du hall, une terrasse, fermée par une balustrade en marbre rouge, dessert les salons ornés d’une cheminée en marbre.

28L’hôtel comptait environ 150 chambres et une cinquantaine de salons ou de cabinets particuliers. Il abritait également un restaurant et une salle des fêtes accueillant les mondanités toulousaines. Le restaurant, comme le laisse apercevoir une carte postale ancienne, était habillé de boiseries sculptées dans un style Art nouveau plus prononcé. Les chambres étaient meublées par la maison Lapersonne. Elles possédaient un lit à baldaquin tendu de tissu de velours, un lavabo de toilette en marbre. Les chambres principales étaient situées en façade, celles de second ordre prenaient jour sur les trois cours intérieures. Deux ascenseurs et des monte-charges desservaient l’édifice et tout l’hôtel était éclairé par des lustres électriques19. En 1905, cinq boutiques sont aménagées le long de la rue de Metz. Elles accueillaient entre autre un coiffeur, un garage automobile et un bureau de poste et télégraphe.

L’évolution du bâtiment

29L’hôtel est agrandi sur la rue Boulbonne par l’annexion, dans la première moitié du xx^e siècle, d’une parcelle étroite qui permet d’accéder à la salle des fêtes par un escalier en bois monumental dont les balustres de la rampe d’appui portent un motif Art nouveau.

30Durant la Seconde Guerre mondiale, deux étages sont transformés en bureaux, le restaurant en dépôt de matériel, la salle des fêtes en dortoir, le garage en poste de garde et le hall en chapelle ardente. Tous ces bouleversements amènent les propriétaires à rénover entièrement l’édifice dès la fin de la guerre, dans un style bien ancré dans les années 50. En particulier le décor « 1900 » de la salle des fêtes est abandonné au profit d’une peinture de Maurice Mélat, réputé par ailleurs pour ses décors de théâtre20.

31Le fonds de commerce est exploité par la famille Castelle à partir de 1920 jusqu’en 1974, date à laquelle le Grand-Hôtel ferme ses portes. En 1978, le centre hospitalier de Toulouse-Purpan se porte acquéreur du bâtiment mais le revend la même année au conseil général de la Haute-Garonne. Le département y installe à partir de 1980 les services de la réglementation de la préfecture et de la direction des affaires sanitaires et sociales (DASS). L’édifice subit alors des transformations importantes : une cafétéria prend la place de l’ancienne salle de restaurant au rez-de-chaussée, au premier étage, la salle des fêtes est remplacée par la salle de conférence. Mais le système distributif autour des trois cours a été conservé et les bureaux aux étages se sont installés dans les anciennes chambres de l’hôtel. Certains des éléments décoratifs les plus importants, parfois très abîmés comme la verrière du hall, sont toujours en place.

32En 2001, le collectif d’artistes « Mix’Art Myris » emménage sans autorisation dans le bâtiment nouvellement acquis par le rectorat21 et, en septembre 2006, la ville de Toulouse acquiert l’édifice auprès du ministère de l’Éducation nationale.

33Aujourd’hui propriété de la ville, le Grand-Hôtel va être réaménagé pour accueillir des boutiques et des logements.

34Le Grand-Hôtel est caractéristique de cette nouvelle architecture de loisir qui se développe à cette époque dans les lieux de villégiature. L’hôtel devient un véritable palais, vaste composition caractérisée par l’ampleur des espaces de réception22. Le Grand-Hôtel est une des grandes réalisations de Guitard et connaît très vite un vif succès : en 1909, l’architecte reçoit la médaille de l’architecture privée par la société centrale des architectes français qui vante les qualités architecturales et distributives de l’hôtel. Construites dans le contexte haussmannien des percées, les constructions édifiées sur les terrains de la SIGT sont tributaires de cette architecture mais elles s’en éloignent par le jeu des ornements et l’animation de la façade.