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Médecine et médecins à Toulouse au siècle des Lumières

 | 
Didier Foucault
, 
Pierre C. Lile

II – Tâtonnements vers une nouvelle médecine

Jean Fronton (1685-1774) et le début de la chirurgie obstétricale à Toulouse

Camille Sans

Texte intégral

  • 1 Taillefer (Michel), Vivre à Toulouse sous l’Ancien Régime, Paris, Perrin, 2000, p. 131.
  • 2 Brignone (Caroline), École royale de chirurgie de Toulouse, thèse de médecine soutenue à Toulouse, (...)

1Aux xviieet xviiiesiècles, les débats scientifiques sortent des facultés pour s’étendre aux académies et aux collèges royaux ; le monde savant est alors en pleine ébullition. Les changements touchent la communauté des chirurgiens-barbiers. Ces derniers voient leur groupe se scinder en deux. En effet, « la communauté passe en 1668 de la tutelle du premier barbier du roi à celle du premier chirurgien »1. Le monde chirurgical se veut plus instruit. Le métier de chirurgien quitte le cadre artisanal pour accéder au statut de profession plus scientifique2, témoignage évident d’un désir de se distinguer. Signe de ce changement, le chirurgien cherche à s’imposer dans l’univers des accouchements, jusque là strictement féminin. En France, dès le XVIe et le XVIIe siècles, certains d’entre eux commencent à s’intéresser à l’obstétrique ; les plus connus sont Ambroise Paré (1510-1590), Jacques Guillemeau (1550-1609) ou encore François Mauriceau (1637-1709).

2Jean Fronton s’inscrit dans ce sillage. Il naît à Toulouse en 1685, pendant cette période de renouveau scientifique et alors que s’ouvre le siècle des Lumières. Il meurt dans cette même ville en 1774, âgé de 89 ans ; 89 ans consacrés à son art : la chirurgie.

  • 3 Le texte de cette contribution s’appuie sur l’étude réalisée dans le cadre d’un mémoire de maîtrise (...)

3La lecture de ses manuscrits (rapports détaillés de ses visites, de ses réunions...), archivés à l’Académie des sciences de Toulouse, nous offre la possibilité de dresser le portrait du chirurgien et de mieux appréhender sa place au sein de la communauté scientifique de la ville. L’étude de la vie de Fronton est également intéressante à plusieurs titres : elle permet d’étudier la pratique chirurgicale à Toulouse, de mesurer le dynamisme de la cité du point de vue médical, tout en analysant le nouvel intérêt qui s’y manifeste pour la science obstétricale3.

Le parcours d’un chirurgien toulousain renommé

Devenir chirurgien

4Ses premiers pas dans la chirurgie, Fronton les fait à Toulouse. D’abord dans la maison familiale : son père est chirurgien royal et c’est donc tout naturellement qu’il se dirige vers cet art.

  • 4 Arch. mun. Toulouse, B 1937, « Lettre patente du roi », 1691, p. 159-161.

5Bertrand Fronton a en effet été nommé chirurgien royal à Toulouse, suite aux édits de mars 1691 et de février 1692, créant des offices de chirurgiens jurés dans chacune des communautés du royaume4. C’est sûrement lui qui a donné à son fils le goût pour cette discipline. Du moins lui a-t-il permis d’en apprendre tôt les rudiments. Gardeil, auteur d’un éloge de Jean, explique qu’il aimait suivre son père dans les hôpitaux de la ville et que les repas familiaux servaient de « cours d’apprentissage ».

  • 5 Ac. des sciences de Toulouse, 80145-4, Gardeil, « Éloge de M. Fronton », 1778.

Dans la maison paternelle, le jeune Fronton etoit tous les jours a portée de recevoir des leçons importantes sur l’exercice de la chirurgie. Son père qui etoit fort occupé se plaisait aux heures de repas et dans ses momens de loisirs a luy developper les premiers principes de son art5.

  • 6 Elle deviendra l’Académie.

6Sa famille et sa belle-famille appartiennent au monde médical. Ainsi son beau-père est Antoine Sage, apothicaire et cofondateur de la Société des sciences6. Son beau frère est Bernard Peyronnet, chirurgien. Si on se penche sur le réseau relationnel de Fronton, on observe d’autres liens, avec des personnalités locales particulièrement, comme par exemple Bertrand Carbonnel ou Jean-Baptiste Fajoz ; tous deux procureurs au parlement de Toulouse. Cet entourage a probablement facilité sa réussite ultérieure.

7Mais cette renommée, il la doit certainement beaucoup à la maîtrise de son art, acquise lors de plusieurs années d’apprentissage. À la mort du père, Fronton quitte Toulouse pour gagner les rangs de l’armée de Louis XIV, alors engagée dans la guerre de Succession d’Espagne. Les trois premières années, il est simple soldat. Puis, il est nommé aide chirurgien major. Le voilà alors prêt à apprendre les rudiments de la chirurgie : quel meilleur endroit que le front pour acquérir une telle expérience ? Beaucoup de chirurgiens ont vécu ce même parcours qui est doublement utile. D’une part ils apprennent leur métier et le travail dans l’urgence ; d’autre part, ils reçoivent la reconnaissance du public, qui voit alors l’utilité de cet art.

  • 7 Le Collège royal de chirurgie n’a ouvert qu’en 1750.

8Mais Fronton a soif de connaissances et souhaite compléter son savoir. Il se rend alors à Paris : il y reste trois ans (de 1716 à 1719). Malheureusement, nous ne savons pas dans quel établissement il s’est perfectionné. Il bénéficie donc d’un grand choix et a pu suivre les cours du Collège royal ou bien les démonstrations de l’hôtel-Dieu ou du Jardin du roi7.... Quand il retourne à Toulouse, en 1720, il doit alors officialiser son art en accédant à la maîtrise. Son chef-d’œuvre consiste à décrire les muscles de l’abdomen.

9Aux vues de son parcours jusqu’à sa maîtrise, Fronton s’inscrit dans son temps, tant sa formation est proche de celle de la majorité des chirurgiens du royaume.

Vers la renommée

10En accédant à la maîtrise, Fronton intègre la communauté des chirurgiens jurés de la ville. Il en devient, à cause de son investissement personnel, un des membres éminents. Participant aux nombreuses querelles qui rythment son existence, il prend part à plusieurs procès intentés par ou contre lui.

  • 8 Arch. dép. Haute-Garonne, E 1162, « Registre des délibérations des maîtres chirurgiens de la ville (...)
  • 9 Arch. dép. Haute-Garonne, E 1158, « Petit registre de septembre, délibérations prises de 1738 à 173 (...)

11Signe évident de la reconnaissance de la communauté, dès 1728, Jean Fronton en est élu prévôt pour un an. Le 26 mars 1735, « de voix unanime le sieur Jean Fronton [est nommé] maitre chirurgien juré pour la charge de greffier »8. Il doit alors participer aux rassemblements des maîtres chirurgiens et noter les délibérations. Il achète sa charge trois cents livres9 ; elle lui appartient jusqu’à sa mort et n’est pas héréditaire. Le 7 mai 1758, compte tenu de son grand âge et des difficultés qu’il a pour écrire, il délègue sa charge de greffier à un greffier d’office.

12En 1734, Fronton a été nommé accoucheur juré de la ville de Toulouse par les capitouls. Ce titre vient couronner ses efforts. En effet, ses multiples déplacements pour des interventions ont nourri sa réputation. Il devient alors le premier chirurgien juré pensionné par la cité. La délibération du conseil des capitouls du 11 septembre 1734, définit les fonctions qui lui sont attribuées :

  • 10 Arch. mun. Toulouse, BB 49, « Délibérations des capitouls de 1729 à 1735 », p. 224

Monsieur Bouvrer avocat capitoul en chef du consistoire a dit que ce conseil a été assemblé pour y proposer quatre points.
Le premier point est pour seavoir s’il ne conviendroit pas au bien du public d’établir un accoucheur juré qui sera pensionné par la ville pour secourir gratuittement les femmes enceintes reconnues pauvres, dans les accidents qui peuvent survenir lors de leur accouchement.
[…] Sur le premier pôint il a été délibéré qu’il est de l’intérêt public de nommer un accoucheur juré aux gages de la ville pour secourir gratuittement les femmes enceintes reconnues pauvres dans le cas ou l’experience des sages-femmes n’est pas suffisante et attendu que la capacité en experience du sieur Fronton chirurgien juré et accoucheur sont connues il est prié de se charger de ce soin moienant une rétribution annuelle de trois cents livres à la charge par led. sieur Fronton de ne quitter jamais la ville sans un congé de Mrs les capitouls10.

13La délibération indique qu’il « doit intervenir en cas d’accouchement difficile ». Il ne se substitue donc pas à la sage-femme. Leurs rôles sont complémentaires. Mais c’est déjà une étape vers la présence masculine auprès des femmes enceintes, qui illustre une volonté politique d’améliorer les accouchements et manifeste un réel attachement de la municipalité pour les problèmes de natalité

14Autre moment important de la carrière de Fronton, son admission à l’Académie des sciences, dont il devient le directeur en 1760. Par cette nomination, la chirurgie acquiert, au sein de la société savante, une authentique dignité scientifique et Fronton prend une place pleine et entière dans cette communauté d’érudits propre au temps des Lumières. Pour lui, l’académie est un outil de savoir et d’échanges avec d’autres confrères. Il n’est, là encore, en rien différent de ses pairs. Tout au long des années vouées à cette institution, il y communique le récit de ses expériences ou y discourt sur des cas dont il a ouïe dire. L’ensemble de ses écrits répertoriés représente trente mémoires, soit plus de 10 % de la production académique totale.

  • 11 Arch. dép. Haute-Garonne, E 1151, « Registre des inscriptions des étudiants en chirurgie qui suivai (...)
  • 12 Arch. dép. Haute-Garonne, E 1161, « Registre des délibérations des maîtres chirurgiens, de 1757 à 1 (...)

15Enfin, l’activité scientifique de Toulouse dans le domaine chirurgical reçoit une reconnaissance officielle, en 1761, avec la création de l’École royale de chirurgie. Fronton s’y voit offrir la chaire d’accouchement. Il peut alors partager son érudition et former de nouveaux chirurgiens à sa spécialité. Il participe ainsi activement à la modernisation de l’obstétrique dans la ville. Les registres des inscriptions aux cours d’accouchement mentionnent le nombre d’étudiants inscrits : 132 en 1763, 116 en 1764, 87 en 1765 et 105 en 176611. Le 10 avril 1765, alors qu’il vient d’atteindre les 80 ans, Fronton est remplacé par Bacquier12.

16Le parcours professionnel de Fronton prouve qu’une ville comme Toulouse est pleinement partie prenante dans le développement général des sciences. Acteurs scientifiques comme politiques y encouragent la chirurgie moderne et plus particulièrement l’obstétrique.

17Quelles sont les conséquences d’un tel contexte dans la pratique de cet art ?

L’exercice des fonctions de chirurgien-accoucheur

Un chirurgien spécialisé dans l’obstétrique

18Fronton, tout en refusant d’être barbier, marque le début de l’obstétrique à Toulouse en terme de spécialité pour les chirurgiens.

  • 13 Ac. des sciences de Toulouse, 79997-3, « Sur un cas singulier et même avantageux arrivé à un marcha (...)
  • 14 Ac. des sciences de Toulouse, 79997-3, « Dissertation sur la maladie épidémique qui a régné et qui (...)
  • 15 Ac. des sciences de Toulouse, 79997-4, « Observation anatomique sur un empième », 5 juillet 1753, p (...)

19Certes, sa formation le conduit à pratiquer une chirurgie plus générale. Ses écrits traitent de la goutte13 ou de l’épidémie qui frappe Toulouse en 175214. Dans le mémoire consacré à un enfant né avec l’anus clos, il consigne des observations sur d’autres cas de même nature ou se rapportant à des femmes nées avec l’utérus clos, rencontrés durant sa carrière. Il effectue aussi divers soins chirurgicaux, comme ceux prodigués à un chaudronnier atteint d’une tumeur à la poitrine, dont il est question dans son Observation anatomique sur un empième15.

  • 16 Ac. des sciences de Toulouse, Fronton, 79997-tome 2, « Sur un accouchement contre-nature occasionné (...)

20Toutefois, reflet d’un temps où de plus en plus de chirurgiens s’intéressent à l’obstétrique, jusqu’alors le domaine presque exclusif des matrones et des sages-femmes, il écrit, en 1747, que « les accouchements sont [sa] principale préoccupation »16. Cette activité occupe en effet une place prépondérante dans le travail de Fronton. Elle représente 86 % de ses interventions. En 1760, il aurait déjà effectué 1032 accouchements difficiles, soit un toutes les deux semaines ! S’il a su s’imposer au chevet des femmes enceintes, c’est qu’il représente l’ultime recours : ses écrits montrent qu’il est appelé au dernier moment, quand le savoir-faire des matrones ou des sages-femmes est dépassé. Ce constat atteste que la réputation de Fronton est bien établie, mais minimise la portée des progrès de l’obstétrique, science moderne qui n’en est encore qu’à ses balbutiements.

21D’où vient le choix de Fronton de se spécialiser dans l’art d’accoucher ? Plusieurs possibilités concomitantes apparaissent. Fronton s’inscrit dans un temps où la question de la génération agite les milieux scientifiques et où de grands noms, comme Dionis ou Mauriceau, représentent cette nouvelle vague de chirurgiens accoucheurs. S’ajoute à cela la volonté d’écarter les matrones, qui exercent cet art sans aucunes connaissances et sont à l’origine de nombreux accidents. Enfin, indique Gardeil dans son éloge, quand Fronton a été de retour à Toulouse suite à son séjour à Paris, il a dû faire ses preuves. Clémen, un autre praticien toulousain, y bénéficiait déjà d’une solide renommée. Il se peut, qu’après quelques accouchements réussis, il ait été régulièrement appelé aux chevets des femmes enceintes. Dès son arrivée, il se serait ainsi forgé une réputation de bon accoucheur.

Le diagnostic et la cure

22Que cela soit pour des soins de chirurgie générale ou obstétricale, Fronton procède de la même manière auprès des patients ou des parturientes. Il effectue un diagnostic grâce à un entretien préliminaire pour découvrir les causes du mal. Puis, chaque soin commence par une palpation des parties à soigner. Enfin, il prend le pouls, regarde la langue...

23Que serait l’obstétrique sans le toucher, sans l’utilisation de la main ? Il semble que, dans cet univers essentiellement féminin, il soit difficile d’examiner une patiente. Pourtant ses écrits montrent qu’il vérifie que le col est assez dilaté pour le passage de l’enfant. Il n’hésite pas non plus à introduire sa main pour tourner l’enfant s’il se présente mal. Il va au-delà des réticences de certains. En 1736, il aide une femme enceinte, dont l’enfant est mort en son sein, depuis trois mois. Fronton nous a laissé une description de son examen :

  • 17 Le mot est employé souvent comme équivalent du mot utérus, ce terme a longtemps désigné l’ensemble (...)
  • 18 Ac. des sciences de Toulouse, Fronton, 80086-14, « Observation d’un enfant mort qui resta trois moi (...)

Reconnoissant a mon arrivée que les douleurs tendoient a un accouchement prochain je m’aprochay du lit ou elle etoit couchée, et ayant examiné son ventre ma surprise fut des plus grandes de trouver que bien loin qu’il eut augmenté de volume il avoit au contraire diminué considérablement depuis trois mois que je ne l’avois pas vue ; les douleurs ayant augmenté de plus en plus je creus devoir lexaminer autrement et tacher de reconnoitre par ce moyen s’il etoit possible. La posture en laquelle l’enfant se presentoit, je ne peus au premier examen reconnoitre avec certitude quelle etoit la partie que je trouver etant encore trop eloigné pour pouvoir la distinguer au vray, quoy que je trouvasse avec mon doigt un corps d’un relief assés considerable, fort uny, ayant assés de resistance sans cependant de duretté ; ce qui me mit dans le doute si c’etoit une partie des fesses ou bien le ventre de l’enfant, ne pouvant porter mon doigt assés en avant pour en avoir les signes distinct ; mais après quelques autres douleurs reiterées, ce corps ayant un peu plus avancé je distinguay auvray et reconnus que ce netoit autre chose que les menbranes poussées par les eaux, a la verité tres tendues et très epaisses. Je les laissay alors engager de plus en plus dans le passage jusques même quelles sortirent hors la vulves et alors, les ayant dechirées et introduit ma main droite dans le col externe de la matrice17, je rencontray une main de l’enfant et, l’ayant repoussée et tourné led. enfant, je leus par les pieds18.

24Parfois, la main seule ne suffit pas, il doit alors s’aider d’instruments chirurgicaux, comme les sondes, les ciseaux, les scalpels, les crochets…

25La deuxième étape des soins est la phase thérapeutique. Celle-ci consiste en des pratiques purement chirurgicales (saignées, opérations...) et en des prescriptions de décoctions médicamenteuses. Ces traitements, ont été élaborés grâce à son expérience et suivent la doctrine humorale, qui tend à pallier les déséquilibres de certains fluides corporels. Quand il la juge nécessaire, l’opération chirurgicale est choisie. Dans les différents cas rapportés, Fronton fait le plus souvent appel à un confrère pour le seconder.

  • 19 Porter (R.), « Les stratégies thérapeutiques », in Grmek (Mirko), Histoire de la pensée médicale en (...)

26La saignée, quant à elle, est très répandue, qu’elle soit préventive ou thérapeutique. C’est l’intervention la plus courante réalisée par les chirurgiens. « La popularité des purges et des saignées venait de l’idée profondément enracinée, que la maladie est une conséquence de la "pléthore", excès local ou généralisé des humeurs »19. Fronton n’hésite pas à saigner des femmes enceintes pour les soulager.

  • 20 Lebrun (François), Se soigner autrefois. Médecins, saints et sorciers aux 17e et 18e siècles, Paris (...)

27La purge est également un acte commun. « La purgation relève de la même médecine évacuante et constitue un remède aussi employé que la saignée »20. Il existe deux manières de purger un malade : les lavements et les boissons vomitives ou laxatives. Fronton prescrit un lavement, suite aux actes chirurgicaux ou à un accouchement. Cette injection liquide est introduite dans les intestins ou l’utérus.

  • 21 Désigne des emplâtres, des cataplasmes, et autres remèdes extérieurs qui s’appliquent sur la partie (...)

28Il existe d’autres moyens thérapeutiques fréquemment employés. On trouve des régimes, qui sont bien souvent constitués de bouillons dits « apéritifs ». Le recours à ceux-ci est quasiment systématique. L’alimentation est mise en relation avec le rétablissement du malade ; il faut qu’elle soit facile à digérer et rapide à éliminer. Enfin, dans le cas de plaies à résorber, il utilise des remèdes extérieurs ; ce sont les topiques21. Fronton prescrit notamment des cataplasmes à poser sur la partie infectée. Ces compresses sont imbibées d’extraits de plantes variant selon le mal à guérir.

L’ondoiement

29Fronton pratique l’obstétrique dans l’urgence et dans les cas les plus difficiles. Cela peut le conduire à endosser un autre rôle, à caractère religieux pour l’occasion.

  • 22 Laget (Mireille), « La naissance aux siècles classiques. Pratique des accouchements et attitudes co (...)

30Une fois la mère délivrée, la mission du chirurgien n’est en effet pas toujours terminée. La survie du bébé demeure précaire. Pour sauver l’enfant de la mort spirituelle, à défaut de lui assurer la vie, il faut l’ondoyer dès la sortie du ventre maternel. Ce baptême, administré en catastrophe, est réduit à l’ablution d’eau accompagnée de paroles sacrées22.

  • 23 Ac. des sciences de Toulouse, 79997-6, « Mémoire sur les dangers de la l’extirpation de la matrice (...)

31Le cas se présente en 1730, lorsqu’ il assiste une femme de vigneron dans une intervention laborieuse. Il écrit à ce sujet : « Je finis l’accouchement par les pieds d’un enfant en vie que j’avois ondoyer sur les reins avant son entière sortie »23. Fronton préfère pratiquer ainsi, plutôt que de risquer qu’il périsse sans avoir été baptisé.

Les rapports avec les autres acteurs de la santé

  • 24 Goubert (Jean-Pierre), « L’art de guérir. Médecine savante et médecine populaire dans la France de  (...)

32Fronton pratique durant une période de bouleversement du monde médical. Il appartient à une génération qui cherche à moderniser la chirurgie, qui critique les charlatans, et notamment les matrones. Ces « chirurgiens éclairés »24 ont parfois des difficultés à partager leurs expériences, car il faut combattre l’obscurantisme de certain. Cependant, l’exemple du chirurgien toulousain prouve que la collaboration entre les différents métiers de la santé est non seulement possible, mais indispensable à la guérison du patient.

33Ainsi, si Fronton trouve du soutien auprès de certains confrères, sa volonté d’être un chirurgien-obstétricien qui s’émancipe de l’empirisme traditionnel des matrones, le place souvent en porte-à-faux vis-à-vis du reste du monde soignant…

De sévères critiques à l’encontre des sages-femmes

34Lors de ses visites, Fronton est amené à rencontrer des sages-femmes et à découvrir leurs pratiques.

  • 25 « Sur un accouchement contre nature », op. cit.

35Comme ses contemporains, il est souvent outré de leur manque de savoir-faire et dénigre ces personnes qui exercent sans aucune formation scientifique. Il pense qu’elles « agissent sans règle et sans avoir la moindre connaissance de la structure de la partie sur laquelle elles opèrent »25. Il les accuse de ne pas savoir réagir dans les cas difficiles, car elles ignorent pourquoi l’accouchement se déroule mal et comment éviter la mort de la parturiente.

  • 26 Goubert (Jean-Pierre), op. cit., p. 922.

36Fronton n’est pas le seul à s’opposer aux matrones. En effet, il appartient à un nouveau type de savant masculin qui, selon Jean-Pierre Goubert, « s’affirme supérieur, entend se réserver l’exercice d’un art, lui-même issu d’un savoir réputé supérieur : ainsi s’explique entres autres, la masculinisation de l’image du thérapeute dans le discours des chirurgiens éclairés […] et la multiplication des médecins accoucheurs et des chirurgiens démonstrateurs d’accouchement. »26. À cette époque, la majeure partie des hommes de sciences se soulève contre ces pratiques. C’est au même moment que Madame du Coudray, pour répondre à ces critiques, fait son tour de France pour former les sages-femmes.

37Un tel contexte qui a très certainement aidé Fronton à se faire accepter au chevet des parturientes – alors que pendant longtemps, dans cette affaire de femmes, même le curé ne s’aventurait pas ! – et à obtenir le soutien des autorités politiques de la ville.

Des relations parfois houleuses avec les hommes de l’art et le monde savant

38Pourtant, de telles nouveautés ne plaisent pas à l’ensemble de ses confrères.

  • 27 Ac. des sciences de Toulouse, 79997-7, « Mémoire sur des tumeurs carcinomateuses de l’utérus », 19  (...)
  • 28 Arch. dép. Haute-Garonne, E 1160, « Registre de la communauté des chirurgiens jurés de Toulouse », (...)

39Quand Fronton n’exerce pas dans le cadre de sa mission municipale, il est confronté à la concurrence des autres hommes de santé. Comme dans toute pratique libérale, il faut se créer une clientèle et la préserver. En 1750, il rapporte, devant l’académie, ses difficultés à éloigner des chirurgiens de famille, alors même qu’il a été appelé par le patient27. Ce chevauchement des compétences entraîne souvent la mort du malade. À l’inverse, il arrive que Fronton soit lui-même devancé auprès de ses propres patients. En 1733, il se plaint devant la communauté d’un maître apothicaire, le sieur Demode, qui a opéré des yeux un de ses malades, sans aucune autorisation28.

40Les postes-clés de la ville sont également soumis aux rivalités. Ainsi, Fronton convoitait la place de chirurgien à l’hôtel-Dieu, mais c’est Clémen qui l’a obtenue.

41Outre la concurrence, Fronton doit affronter l’obscurantisme de certains. Le contact rapproché entre la parturiente et le chirurgien-accoucheur est encore rare. Les femmes en couche son réticentes à dévoiler leur intimité et à accepter un homme à leur côté, quand des siècles de traditions ont imposé d’autres femmes. Mais les connaissances des accoucheurs les rassurent et elles arrivent à surmonter leur pudeur. Aussi les réserves ne viennent-elles pas toujours des milieux populaires. Des scientifiques ont parfois bien du mal à écouter un discours concernant l’anatomie féminine, même au sein de l’académie ! Fronton le déplore et, en faisant preuve de sens de la répartie, il attaque ceux – on reconnaîtra aisément des membres du clergé – qui ont sur la matière l’esprit trop obtus :

  • 29 Ac. des sciences de Toulouse, 79997-2, « Observation anatomique sur un placenta qui après un avorte (...)

Quelques personnes de cette Académie m’ont pourtant fait pressentir que ce je traitais dans mes mémoires alarmaient la pudeur de quelques un des membres qui la composent, à cause du caractère dont ils sont revêtus. Après avoir réfléchi sur cet avis, je crû devoir les qualifier de pusillanimes par des raisons très solides. Dans la plupart des académies, il y a ordinairement des personnes revêtues de ce même caractère, et néanmoins ces compagnies s’occupent sans exception de toutes les observations que la chirurgie et l’anatomie peuvent leur fournir. Comment ce qui n’est pas point indécent pour un corps d’académiciens pourrait il l’être singulièrement pour quelques uns des membres qui la composent. En un mot leur délicatesse serait outrée et même injurié aux autres academiciens29.

42N’est-ce pas là un bel exemple d’un esprit éclairé par les lumières de la raison ?

Des collaborations fructueuses

43Les témoignages sont cependant nombreux d’une interaction entre Fronton et différents acteurs de la santé ; que ces derniers le réclament ou bien qu’il ait lui-même besoin de leur aide. Il existe donc une certaine réciprocité entre eux, nécessaire au bon exercice de l’art médical.

  • 30 Ac. des sciences de Toulouse, 79997-5, « Observation au sujet d’un enfant malle qui naquit avec le (...)

44Dans ses mémoires, Fronton signale souvent que le chirurgien de famille ou la sage-femme du quartier se sont rendus au chevet de la parturiente bien avant lui. La fréquence avec laquelle ceux-ci sollicitent ses services, quand leur savoir n’est plus suffisant, révèle le recours courant à un premier type d’entraide et d’échange d’expériences. Par exemple, en 1756, M. Villars, qualifié par Fronton de « chirurgien confrère30 », est appelé auprès d’un enfant né avec l’anus clos et contraint à excréter par la bouche. Ignorant comment il doit procéder, il a recours à Fronton. Tous deux opèrent brillamment l’enfant, en incisant la membrane bouchant l’anus.

45De la même manière, si Fronton travaille ordinairement seul, dans les cas les plus difficiles il n’hésite pas à convoquer ses confrères. Devant l’inconnu et pour garantir les meilleurs chances de guérison, il préfère partager ses connaissances, notamment avec d’autres chirurgiens, membres de l’Académie des sciences, auxquels il s’associe le plus souvent. Il en va de la sorte lors de son intervention auprès d’une dame souffrant d’une déchirure post-natale allant du vagin à l’utérus :

  • 31 Ac. des sciences de Toulouse, 80086-15 et 79997-3, « Observation au sujet d’une déchirure tant au v (...)

Cette dame me dit fort poliment, si je voulés bien permettre qu’on joignit a mes conseils, ceux de Monsieur Cleman mon confraire, pourqui il avois aussi beaucoup de confiance ; veû qu’il l’avoit opére et gueri d’une fistulle a l’anus.
Je repondis autant qu’il me feut possible a cette politesse, en luy disant que non seulement il pouvait faire appeler led. Sieur Clemans qui etoit fort mon amy, mais même tel autres chirurgien quil jugeroit a propos, parceque mon principal but etoit de contribuer autant quil dependre de moy a l’avantage et au soulagement de la maladie. […]
Nous convenimes ensemble d’examiner les observations de Mauriceau fameux accoucheur, et les opérations de Dionis sur cette partie pour [s’] instruire parfaitement, si l’un ou l’autre faisoie mention d’une pareille observation, et en mesme temps les moyens dont ils se seroient servis pour y remédier31.

46Dans la pratique, l’entraide ne se conçoit pas uniquement au sein de la communauté des chirurgiens. D’autres corps de métiers de santé sont impliqués.

  • 32 Gelfand (Toby), Professionalizing modern medicine – Paris surgeons and medical science and institut (...)
  • 33 « Mémoire sur des tumeurs carcinomateuses… », op. cit.
  • 34 Ac. des sciences de Toulouse, Fronton, 80086-19, « Observation d’un fœtus de quatre mois et demi tr (...)

47La coopération a lieu principalement avec les médecins ; chacun possédant son propre domaine de compétence. Les études de Toby Gelfand montrent que les relations entre les médecins et les chirurgiens, longtemps délicates, tendent à s’améliorer tout au long du XVIIIe siècle32. Les écrits de Fronton le confirment. En 1728, il est confronté au cas d’une tumeur dans l’utérus. Il sait qu’il doit opérer sa patiente, mais prend soin, avant, de réunir plusieurs confrères pour assurer la réussite de l’opération. Sont présents, M. Gouaze, médecin de la paroisse de la malade, le sieur Clémen, chirurgien ordinaire de l’hôtel-Dieu et M. Peyronnet, chirurgien33. En 1735, le cas exceptionnel de la présence d’un fœtus dans la trompe droite d’une femme morte, conduit plusieurs personnalités à l’autopsie : M. Rouirch, docteur en médecine, qui prend part à la dissection, ainsi que M Saintes, lieutenant du premier chirurgien du roi, et d’autres confrères34

48En 1743, c’est toutefois avec l’aide d’une sage-femme que Fronton autopsie une femme enceinte ; ce qui indique que le chirurgien ne nourrit pas que du mépris à l’égard des membres de cette profession…

49La dissection est donc souvent matière à réunion. Elle intéresse tous les corps de la santé, qui améliorent ainsi leurs connaissances.

Lecture des modernes et démarche expérimentale

50Ce renouveau dans la pratique s’appuie sur des connaissances solides que Fronton confronte quotidiennement avec les enseignements de son expérience de chirurgien.

Le rejet de l’autorité des anciens

  • 35 Ac. des sciences de Toulouse, 80086-10, Fronton, « Sur un accouchement de quatre enfants », 1er fév (...)
  • 36 Ac. des sciences de Toulouse, « Réponse à une dissertation en forme de lettre… », op. cit, et 80086 (...)
  • 37 « Sur un accouchement de quatre enfants », op. cit.
  • 38 Ibidem.
  • 39 L’ovisme, désigne une théorie, largement répandue du XVIIe au XIXe siècle, qui considère que les pa (...)

51L’autorité des anciens est restée longtemps incontestée dans le domaine scientifique. Pourtant, elle diminue dés la fin du XVIIe siècle, parallèlement à la diffusion de nouvelles valeurs intellectuelles. Dans un exposé sur la génération, Fronton montre qu’il s’inscrit dans ce courant35. Expliquant les différentes théories qui ont été avancées, il revient sur les auteurs antiques, tels qu’Hippocrate36, Galien37 et Aristote38, qui pensent que les hommes sont vivipares et non ovipares : sortant vivants du corps de la mère, ils ne proviendraient pas d’un œuf. Fronton les réfute pour prouver que l’ovisme est la seule théorie possible39. Cela le conduit à affirmer que la femme joue dans la génération un rôle bien plus important que celui qu’on lui accorde depuis l’Antiquité.

La connaissance des grands noms de la médecine moderne

52Les références de Fronton aux auteurs modernes sont multiples, depuis les plus célèbres jusqu’aux chirurgiens et médecins locaux. Ses lectures nombreuses et diversifiées portent sur des spécialités indispensables et complémentaires, comme l’anatomie, la chirurgie et la médecine.

  • 40 Ibidem.
  • 41 Ibidem.
  • 42 « Observation… sur un empième », op. cit.
  • 43 « Dissertation dans laquelle on réfute… », op. cit.
  • 44 Ibidem.
  • 45 « Sur un accouchement de quatre enfants », op. cit.
  • 46 « Observation… sur un empième », op. cit.

53Sur les questions de chirurgie générale, il a lu le traité d’anatomie du grand Vésale40 (1514-1564) ; le médecin Spon41 (1609-1684) ; Bartholin42 (1616-1680), professeur d’anatomie à Copenhague ; Bohn43 (1640-1718), professeur de médecine et doyen de Leipzig ; Pechelin44 (1646-1706), médecin ; Delaunay45, médecin du début du XVIIIe siècle, Ledran46, maître en chirurgie de Paris, qui le renseigne entre autre sur les empyèmes…

  • 47 « Observation d’un fœtus de quatre mois et demi… », op. cit.
  • 48 « Dissertation dans laquelle on réfute… », op. cit.
  • 49 Harvey (William), Exercitationes de generatione animalium, 1651. Voir Roger (Jacques), Les sciences (...)
  • 50 « Sur un accouchement de quatre enfants », op. cit.
  • 51 Ac. des sciences de Toulouse, « Dissertation dans laquelle on réfute… », op. cit, et 80086-13, « Ré (...)
  • 52 Laget (Mireille), op. cit, p. 962.
  • 53 « Réflexion sur un mémoire de M. Recolin… », op. cit.
  • 54 « Sur un accouchement de quatre enfants », op. cit.
  • 55 « Réponse à une dissertation… », op. cit..
  • 56 François (Bayle), Histoire anatomique d’une grossesse de 25 ans, avec les figures qui représente le (...)

54Sur la génération et sur l’obstétrique, il connaît les recherches de Dionis47 (1650-1718), un des plus célèbres chirurgiens-accoucheurs de l’époque moderne, qui anime des cours d’anatomie au Jardin Royal. Il précise même avoir consulté une de ses planches. Il cite Harvey48 (1578- 1657), connu pour sa description de la circulation du sang, mais aussi précurseurs de l’ovisme, en affirmant que tous les êtres vivants proviennent d’un œuf49. Il connaît les recherches de Mauquest de La Motte50 (1655-1737), chirurgien-accoucheur. Il admet ses qualités d’accoucheur, mais conteste sa théorie de la double semence. Il cite aussi François Mauriceau51 (1637-1709), considéré comme le premier accoucheur spécialisé52. Fronton s’insurge contre son ignorance des différentes parties de l’anatomie féminine et ne voit pas en lui un bon accoucheur53. Enfin, il évoque Hartsoeker54 (1656-1725), fervent « animaculiste ». Il a travaillé également sur des auteurs locaux comme François Bayle55 ; il a notamment lu son étude sur « une grossesse de vingt-cinq ans »56.

Des outils de connaissances propres aux Lumières : les périodiques et la correspondance

55Fronton complète ses connaissances par la lecture de périodiques comme le Mercure de France ou le Journal des savants. Ces publications permettent aux provinciaux d’accéder aux nouvelles théories qui, le plus souvent, s’élaborent dans la capitale. Son utilisation des articles de presse est double. D’une part, il insère leur contenu dans ses propres recherches pour justifier ses théories ; ce qui révèle un réel esprit scientifique et un effort de réactualisation des connaissances. D’autre part, l’académie toulousaine lui demande un travail de réflexion sur la publication des nouvelles théories, qu’il présente ensuite en séance.

  • 57 Taillefer (Michel), Une Académie interprète des lumières, l’Académie des sciences inscriptions et b (...)

56Il échange également avec ses confrères des autres villes une correspondance régulièrement. Le genre épistolaire est propre à l’esprit académique. Le partage du savoir est nécessaire. Comme la lecture des périodiques, il est la base du nouvel esprit scientifique. Fronton entretient des rapports avec Paris, en envoyant des mémoires à l’Académie royale de chirurgie. Ses efforts sont récompensés en 1732 : alors qu’il n’est qu’un jeune chirurgien, l’académie décide d’imprimer dans ses registres deux observations concernant des ulcères dans la matrice. Parallèlement, il est en contact avec des confrères de la région par les mémoires de chirurgiens ou de médecins des environs, qui parviennent à l’académie toulousaine et qui relatent des expériences hors du commun. Fronton correspond également avec d’autres grandes villes. Michel Taillefer souligne, par exemple, ses liens avec Goulard Thomas, démonstrateur d’anatomie au collège de chirurgie de Montpellier57.

La pratique de l’autopsie

57Les connaissances de Fronton ne proviennent pas seulement de lectures théoriques. Elles sont le fruit d’une pratique longtemps tenue en suspicion : l’autopsie. Fronton autopsie la majorité des personnes qui décèdent des suites de leur maladie, si la famille lui en donne l’autorisation. Il se place ainsi dans la lignée des nouveaux chirurgiens qui jettent les bases de l’anatomopathologie pour mieux guérir leurs malades. Il ouvre, par exemple, des femmes mortes en couche ou les personnes décédées des suites de l’épidémie de 1751, et constate les effets internes. Il dissèque également les enfants mort-nés.

  • 58 Vigroux (Jean-Marie), Le XVIIIe siècle époque clé de la chirurgie française, p. 93.
  • 59 Ibidem.

58Grâce aux dissections, Fronton peut « confronter les résultats de l’étude anatomique et du compte rendu de l’observation des signes cliniques »58. Par la suite, il peut mieux diagnostiquer une pathologie. Sans avoir recours aux observations anatomiques qui ne pourraient se faire qu’après la mort du patient59 et en s’appuyant sur les seuls signes cliniques, il se donne les moyens d’analyser les symptômes d’une maladie pour en déterminer les causes.

Fronton au cœur des débats scientifiques du XVIIIe siècle

59Fervent défenseur de l’ovisme, comme la majorité des académiciens, Fronton pense que tous les êtres vivants proviennent d’un œuf. Chez les êtres humains, ce dernier est contenu dans la matrice de la femme avant le coït. Fronton adhère donc à la doctrine oviste, mais reste conscient qu’elle soulève des zones d’ombre, qu’il cherche à éclaircir. Il se pose alors deux questions, la première est de savoir si l’animal est contenu en raccourci dans la semence du mâle ou bien dans l’œuf de la femelle, la seconde est de connaître qu’elle route tient la semence du mâle pour parvenir à l’ovaire.

  • 60 « Sur un accouchement de quatre enfants », op. cit.
  • 61 Ibidem.

60L’idée de Fronton concernant la première question est que le fœtus est contenu en petit dans l’œuf de la femme. La semence de l’homme ne lui sert que de nourriture, elle « ne fait que développer et vérifier les parties qui y sont désignées »60. Quant à la seconde question, il affirme que « l’esprit séminal de l’homme est transmis aux ovaires […] au moyen des trompes de Fallope »61 et non, comme le pensent certains, par les voies de la circulation du sang. Dans ses nombreuses visites, il a eu l’occasion d’ausculter des femmes qui ne pouvaient pas avoir d’enfant. Leur examen gynécologique a révélé un vagin clos. Ce qui conduit Fronton à croire que l’esprit séminal masculin ne passe pas par la voie de la circulation pour rejoindre les ovaires, mais bien par le vagin ; sinon ces femmes auraient pu procréer.

  • 62 « Observation d’un fœtus de quatre mois et demi… », op. cit.
  • 63 Académie des sciences de Toulouse, 79997-3, « Dissertation au sujet de trois enfants que l’auteur d (...)

61Il explique que la fécondation se fait au niveau des trompes, ce qu’il a pu confirmer par des dissections, qui ont révélé la présence d’œuf dans cet organe62. Les nombreux accouchements qu’il a pratiqués viennent renforcer ce que Fronton considérait déjà comme vrai. En 1749, il discourt sur le cas des grossesses extra-utérines. Pour lui, « les œufs en se détachant de l’ovaire n’avoient pas été saisis par le pavillon de la trompe et que de conséquence n’ayant peû enfiler le conduit de cette même partie étoit tombés dans la cavité de l’abdomen au lieu de descendre dans l’utérus »63. Ainsi le fœtus a pu se développer hors de la matrice, sans le sperme ; ce qui renforce le système oviste.

  • 64 « Observation… sur un empième », op. cit.

62Enfin, pour Fronton, les autres zones d’ombre sont le fait de Dieu. Selon lui, au lieu de chercher à tout comprendre sur la reproduction, il faut se contenter « d’admirer les ressources infinies de la nature, sans vouloir à toute outrance les pénétrer, de même que les routes qu’elles tiennent pour se dégager du fardeau qui la surcharge. C’est une bonne mère qui prend grand soin de ses enfants »64. Ainsi, il juge que le corps humain, tout comme la vie, est régi par Dieu : « Dieu l’a voulu ainsi » et seul l’être suprême connaît les secrets de la génération !

  • 65 « Sur un accouchement de quatre enfants », op. cit.

63Pour résumer la pensée de Fronton sur le développement embryonnaire, nous pouvons noter que selon lui, le fœtus est « contenu en petit dans l’œuf de la femme »65. Cet œuf possède de quoi former le placenta et, ainsi, permettre la viabilité de l’enfant dans le ventre de sa mère. La femme est donc primordiale dans la procréation, puisqu’elle possède à l’avance l’enfant à venir et c’est elle qui lui fournit de quoi se développer et se nourrir durant les neuf mois de sa grossesse. Il réfute l’idée qu’il se nourrit par la bouche. Pour lui le cordon ombilical remplit ce rôle. Mais, là encore, Fronton admet que Dieu tient un rôle particulier dans la génération ; c’est notamment lui qui décide du jour de la naissance.

64Sa connaissance des auteurs contemporains montre la place prépondérante que revêtent la recherche et la documentation dans la démarche de Fronton. Nous voyons bien là le signe d’un esprit scientifique qui a su se dégager de l’autorité des anciens. L’ensemble de ses échanges et ses lectures correspond bien à l’esprit des Lumières. Il utilise tous les supports de connaissances propres à cette période. Fronton ne cesse tout au long de sa carrière de confronter les grandes théories à sa pratique. Il cherche toujours à démontrer et à comprendre.

La question de la césarienne

  • 66 Gélis (Jacques), La sage-femme ou le médecin : une nouvelle conception de la vie, Paris, 1988, p. 3 (...)

65Comme la question de la génération occupe le devant de la scène dans les débats théoriques des scientifiques, la césarienne, soulève, des discussions de chirurgie pratique. Elle crée des divergences au sein des chirurgiens qui cherchent à savoir si cette opération est utile ou meurtrière. Elle reste, au XVIIIe siècle, une intervention d’exception, même pour ceux qui la préconisent66.

66Discutant la position d’un confrère, Fronton écrit : « Je la jugerais toujours comme tres cruelle, tres dangereuse pour la mere, et tres incertaine à l’égard de l’enfant », d’autant que « les cas ou l’accouchement par les voyes ordinaires est impossibles sont des plus rares et qu’en consequence l’opération de la césarienne n’a pas besoin d’être aussi souvent pratiquée qu’il le pense ». Puis, il énonce les différentes raisons pour lesquelles il s’y oppose. Premièrement, l’incision effectuée pour sauver l’enfant altère les « ligaments communs et les muscles de l’abdomen ». Ensuite, ce sont les intestins qui s’abîment. En effet, « les intestins trouvant une issue libre, se portent au dehors, et sont frappés par consequent par l’air, enemy mortel des viceres ». De plus, la mère, comme l’enfant subissent les douleurs d’une telle opération ; celles-ci pouvant entraîner la mort. Enfin, l’utérus étant gorgé de sang lors des grossesses, la mère encourt l’hémorragie. Ainsi, il conclut : « quoique l’operation cesarienne soit possible. Il est très rare qu’elle soit absolument necessaire lorsque les femmes grosses ont le bonheur d’être secourues par un chirurgien expert ».

67Si Fronton s’oppose à la césarienne sur les femmes vivantes, il considère qu’elle est également inutile sur les femmes mortes, « parce que la circulation du sang cessant dans la mère, elle cesse aussi dans l’enfant, et cette circulation mutuelle tenant tant qu’il est renfermé dans l’utérus, il perd bientot la vie ». De toute façon il ne peut pas croire qu’un enfant puisse naître autrement que par les voies naturelles.

Conclusion

  • 67 « Observation au sujet d’une déchirure… », op. cit.
  • 68 Lebrun (François), op. cit., p. 21.

68La biographie du Toulousain Fronton, fils d’un d’un chirurgien royal et lui-même praticien réputé dans sa ville prouve que sa profession était une passion. Son engagement dans la chirurgie obstétricale est total et le conduit à des responsabilités éminentes : greffier de la communauté des chirurgiens jurés de Toulouse, directeur de l’Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres, accoucheur de la ville et, enfin, premier professeur royal chargé des cours d’obstétrique. C’est pour lui un impératif que le corps médical, mu par un grand altruisme, approfondisse sa connaissance du corps humain pour sauver des vies. Le chirurgien doit se dévouer entièrement à la science : « Je n’ai jamais eu d’autre vûe que l’utilité publique »67, explique Fronton. Cette nouvelle façon de penser la chirurgie révèle combien le monde médical est influencé par la philosophie des Lumières. À partir de la deuxième moitié du XVIIIe siècle, les chirurgiens, en particulier, en partagent l’optimisme68.

  • 69 Ibidem.

69Au travers des écrits de Fronton, nous observons les changements qui s’opèrent dans la communauté des chirurgiens de Toulouse, à l’instar de ce que connaît alors la chirurgie française. Comme les autres praticiens du royaume, Fronton cherche à s’éloigner du charlatanisme. Pour lui, le chirurgien doit être avant tout un homme de science. Il s’inscrit donc dans le nouveau groupe de chirurgiens « éclairés ». Il peut même être considéré comme le précurseur, à l’échelle toulousaine, de cette mutation puisque, comme l’indique Michel Taillefer, il est le premier à « renoncer définitivement au rasoir » et qu’« en 1755, dix de ses confrères ont suivi l’exemple »69. En se spécialisant dans l’obstétrique, il illustre parfaitement l’émancipation des chirurgiens à l’égard des anciennes pratiques empiriques.

70Fronton n’est pas seulement un praticien, il est aussi un théoricien. Il participe aux différents débats scientifiques, tels ceux sur la génération ou sur la césarienne. Ses différentes lectures (auteurs anciens ou contemporains, revues…), ainsi que ses correspondances, lui permettent d’élaborer des réflexions sur les divers systèmes qui ont cours au XVIIIe siècle. Son savoir, largement ouvert aux idées nouvelles, n’est toutefois pas original. Ses conceptions reflètent les théories les plus répandues. C’est un homme éclectique, qui soigne, autopsie, s’interroge et enseigne.

  • 70 Académie des sciences de Toulouse, Fronton, 79997- 3, « Mémoire sur une petite chienne danoise qui (...)

71Malgré ces indéniables qualités, Fronton n’est pas encore un « chirurgien éclairé » accompli. Un de ses écrits est l’exemple des limites de ce nouveau statut que les chirurgiens sont en train d’acquérir. En effet, en 1749, Fronton discourt devant les académiciens toulousains, sur le cas d’« une petite chienne danoise qui fit trois chiens qui avaient la tête et le bec d’un perroquet »70. Il ne doute à aucun moment de la véracité des faits. Il explique que le propriétaire de la chienne avait également un perroquet, et que les deux animaux ont ainsi donné vie à une espèce extraordinaire. Est-ce de la crédulité ou une foi sans égale au pouvoir de la nature ?

72Jacques Gélis, travaillant sur des carnets d’un chirurgien de Reims, a mis en évidence que le nord de la France suivait les évolutions parisiennes du temps des Lumières. Les écrits de Fronton montrent que Toulouse participe également à ce renouvellement scientifique de l’univers chirurgical.

Notes

1 Taillefer (Michel), Vivre à Toulouse sous l’Ancien Régime, Paris, Perrin, 2000, p. 131.

2 Brignone (Caroline), École royale de chirurgie de Toulouse, thèse de médecine soutenue à Toulouse, 1990, p. 7.

3 Le texte de cette contribution s’appuie sur l’étude réalisée dans le cadre d’un mémoire de maîtrise d’histoire : Sans (Camille), Jean Fronton, chirurgien-accoucheur de la ville de Toulouse, Université de Toulouse-Le Mirail, 2003.

4 Arch. mun. Toulouse, B 1937, « Lettre patente du roi », 1691, p. 159-161.

5 Ac. des sciences de Toulouse, 80145-4, Gardeil, « Éloge de M. Fronton », 1778.

6 Elle deviendra l’Académie.

7 Le Collège royal de chirurgie n’a ouvert qu’en 1750.

8 Arch. dép. Haute-Garonne, E 1162, « Registre des délibérations des maîtres chirurgiens de la ville de Toulouse, de 1714 à 1736 », délibération du 26 mars 1735.

9 Arch. dép. Haute-Garonne, E 1158, « Petit registre de septembre, délibérations prises de 1738 à 1739 ».

10 Arch. mun. Toulouse, BB 49, « Délibérations des capitouls de 1729 à 1735 », p. 224

11 Arch. dép. Haute-Garonne, E 1151, « Registre des inscriptions des étudiants en chirurgie qui suivaient les cours d’accouchements du sieur Fronton, professeur royal, de 1763 à 1766 ».

12 Arch. dép. Haute-Garonne, E 1161, « Registre des délibérations des maîtres chirurgiens, de 1757 à 1767 », délibération du 10 avril 1766.

13 Ac. des sciences de Toulouse, 79997-3, « Sur un cas singulier et même avantageux arrivé à un marchand (M. Vier à la trinité) de cette ville, atteint des attaques de goutte », 4 mars 1751, p. 273-278.

14 Ac. des sciences de Toulouse, 79997-3, « Dissertation sur la maladie épidémique qui a régné et qui règne encore à Toulouse et aux environs », 15 juin 1752, p. 442-449, et 79997-tome 4, « Réponse à une dissertation en forme de lettre donnée au public le 8 juillet 1752 par un docteur en médecine du voisinage de cette ville sur la cause de la maladie épidémique qui a régné à Toulouse pendant le cours de l’année 1752 », 8 mars 1753, p. 159-166.

15 Ac. des sciences de Toulouse, 79997-4, « Observation anatomique sur un empième », 5 juillet 1753, p. 243-246.

16 Ac. des sciences de Toulouse, Fronton, 79997-tome 2, « Sur un accouchement contre-nature occasionné par des tumeurs qui s’étoient formées à la matrice », 10 mai 1747, p. 144-145.

17 Le mot est employé souvent comme équivalent du mot utérus, ce terme a longtemps désigné l’ensemble formé par l’utérus et le vagin.

18 Ac. des sciences de Toulouse, Fronton, 80086-14, « Observation d’un enfant mort qui resta trois mois dans le sein de sa mère », 15 mars 1736.

19 Porter (R.), « Les stratégies thérapeutiques », in Grmek (Mirko), Histoire de la pensée médicale en Occident, Paris, Le Seuil, 1996, t. 2, p. 201.

20 Lebrun (François), Se soigner autrefois. Médecins, saints et sorciers aux 17e et 18e siècles, Paris, Temps Actuels, 1983, p. 65.

21 Désigne des emplâtres, des cataplasmes, et autres remèdes extérieurs qui s’appliquent sur la partie affligée et douloureuse.

22 Laget (Mireille), « La naissance aux siècles classiques. Pratique des accouchements et attitudes collectives en France aux XVIIe et XVIIIe siècles », Annales ESC, 1977, p. 964.

23 Ac. des sciences de Toulouse, 79997-6, « Mémoire sur les dangers de la l’extirpation de la matrice et de l’opération de l’opération de la paracentes pratiquée sur des femmes grosses », 26 janvier 1758.

24 Goubert (Jean-Pierre), « L’art de guérir. Médecine savante et médecine populaire dans la France de 1790 », Annales ESC, 1977, p. 923.

25 « Sur un accouchement contre nature », op. cit.

26 Goubert (Jean-Pierre), op. cit., p. 922.

27 Ac. des sciences de Toulouse, 79997-7, « Mémoire sur des tumeurs carcinomateuses de l’utérus », 19 février 1750, p. 144-152.

28 Arch. dép. Haute-Garonne, E 1160, « Registre de la communauté des chirurgiens jurés de Toulouse », délibération du 20 janvier 1733.

29 Ac. des sciences de Toulouse, 79997-2, « Observation anatomique sur un placenta qui après un avortement de cinq mois a séjourné pendant trois semaines entière dans l’utérus », 11 août 1748, p. 398-405

30 Ac. des sciences de Toulouse, 79997-5, « Observation au sujet d’un enfant malle qui naquit avec le fondement clos », 26 février 1756, p. 173-178.

31 Ac. des sciences de Toulouse, 80086-15 et 79997-3, « Observation au sujet d’une déchirure tant au vagin qu’au rectum de Madame *** épouse d’un conseiller au parlement de cette ville », 19 février 1749.

32 Gelfand (Toby), Professionalizing modern medicine – Paris surgeons and medical science and institutions in the 18th century, Londres, Greenwood press, 1980, p. 149.

33 « Mémoire sur des tumeurs carcinomateuses… », op. cit.

34 Ac. des sciences de Toulouse, Fronton, 80086-19, « Observation d’un fœtus de quatre mois et demi trouvé dans la trompe droite de la matrice », remis le 27 octobre 1735 à M. Caner pour en faire un mémoire, 25 p.

35 Ac. des sciences de Toulouse, 80086-10, Fronton, « Sur un accouchement de quatre enfants », 1er février 1748.

36 Ac. des sciences de Toulouse, « Réponse à une dissertation en forme de lettre… », op. cit, et 80086-12, « Réfutation de diverses opinion contraires à la saine pratique des accouchements », 10 février 1752.

37 « Sur un accouchement de quatre enfants », op. cit.

38 Ibidem.

39 L’ovisme, désigne une théorie, largement répandue du XVIIe au XIXe siècle, qui considère que les parties essentielles des organismes vivants préexistent à la fécondation dans un œuf ; ce dernier terme pouvant être employé pour désigner l’embryon à un stade précoce ainsi que le follicule ; l’ovule n’étant pas encore découvert.

40 Ibidem.

41 Ibidem.

42 « Observation… sur un empième », op. cit.

43 « Dissertation dans laquelle on réfute… », op. cit.

44 Ibidem.

45 « Sur un accouchement de quatre enfants », op. cit.

46 « Observation… sur un empième », op. cit.

47 « Observation d’un fœtus de quatre mois et demi… », op. cit.

48 « Dissertation dans laquelle on réfute… », op. cit.

49 Harvey (William), Exercitationes de generatione animalium, 1651. Voir Roger (Jacques), Les sciences de la vie dans la pensée française au XVIIIème siècle, Paris, Albin Michel, (1963) 1987.

50 « Sur un accouchement de quatre enfants », op. cit.

51 Ac. des sciences de Toulouse, « Dissertation dans laquelle on réfute… », op. cit, et 80086-13, « Réflexion sur un mémoire de M. Recolin qui a été inséré dans le Mercure de France du mois de décembre 1758 », lu le 14 février 1759, 13 p. Ce document existe en mémoire recopié sous la cote : 79997-7/8, p. 1-6.

52 Laget (Mireille), op. cit, p. 962.

53 « Réflexion sur un mémoire de M. Recolin… », op. cit.

54 « Sur un accouchement de quatre enfants », op. cit.

55 « Réponse à une dissertation… », op. cit..

56 François (Bayle), Histoire anatomique d’une grossesse de 25 ans, avec les figures qui représente les divers états et les attitudes de cet enfant, Toulouse, 1678.

57 Taillefer (Michel), Une Académie interprète des lumières, l’Académie des sciences inscriptions et belles lettres de Toulouse au XVIIIe siècle, Paris, Édition du CNRS, 1984, p. 265.

58 Vigroux (Jean-Marie), Le XVIIIe siècle époque clé de la chirurgie française, p. 93.

59 Ibidem.

60 « Sur un accouchement de quatre enfants », op. cit.

61 Ibidem.

62 « Observation d’un fœtus de quatre mois et demi… », op. cit.

63 Académie des sciences de Toulouse, 79997-3, « Dissertation au sujet de trois enfants que l’auteur de ce mémoire trouva dans la cavité du ventre de trois femmes de Toulouse », 12 juin 1749, p. 69-73.

64 « Observation… sur un empième », op. cit.

65 « Sur un accouchement de quatre enfants », op. cit.

66 Gélis (Jacques), La sage-femme ou le médecin : une nouvelle conception de la vie, Paris, 1988, p. 362.

67 « Observation au sujet d’une déchirure… », op. cit.

68 Lebrun (François), op. cit., p. 21.

69 Ibidem.

70 Académie des sciences de Toulouse, Fronton, 79997- 3, « Mémoire sur une petite chienne danoise qui fit trois chiens qui avaient la tête et le bec d’un perroquet », 30 janvier 1749, p. 21-22.

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Université de Toulouse (UTM)

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