Les cadres institutionnels de la médecine à Toulouse au siècle des Lumières
p. 35-99
Texte intégral
1La connaissance de l’encadrement médical d’une société à un moment donné de son histoire est un sujet dont l’intérêt et la portée dépassent largement le seul cadre de l’histoire de la médecine (lato sensu). L’enjeu, en l’occurrence, est de tenter de cerner le degré de médicalisation de cette société, lequel peut être tenu comme un révélateur significatif de sa situation sanitaire, certes, mais aussi économique, sociale et culturelle. En effet, à travers ce prisme, ce sont bien des attitudes face au corps (sain et malade), à la vie et à la mort qui sont susceptibles de se dévoiler. Dans cette optique, pour l’historien de la ville attaché à la compréhension des évolutions sociales à l’œuvre dans l’aire urbaine, l’étude de l’encadrement médical n’est pas une fin en soi (en cela, le spécialiste de l’histoire urbaine se démarque de l’historien de la médecine) mais un moyen – parmi d’autres – de mieux cerner « sa » population citadine qui se pose dès lors comme une masse de malades en puissance (quand elle n’est pas avérée en temps d’épidémie).
2Pour ce faire, il nous paraît indispensable de développer une approche globale de l’encadrement médical de la ville visant à le saisir à travers ses multiples et diverses composantes. Cela implique qu’on considère sans exclusive les divers niveaux d’analyses constitués par les dimensions savantes, sociales, institutionnelles – via la prise en compte, d’une part, des établissements hospitaliers ainsi que les structures sanitaires (publiques et privées), mais aussi les établissements d’enseignements médicaux existant dans la ville ; et d’autre part, des organismes professionnels (corporations) structurant les professions médicales –, et légales. Extensive, cette approche du monde médical requiert qu’on ne se limite pas aux seuls praticiens patentés de la médecine, en prenant aussi en compte, non seulement les professions qu’on qualifie aujourd’hui de paramédicales, mais encore ceux que Jean-Pierre Goubert appelle les « marginaux de la thérapeutique » (charlatans, empiriques et autres rebouteux)1. Si l’idée d’inscrire l’histoire médicale dans un dépassement des approches sectorielles des professions de santé n’est pas nouvelle2, force est de constater que rares sont encore les travaux qui se sont inscrits dans cette veine3, du moins en ce qui concerne la période moderne.
3C’est cette démarche heuristique qui est au principe de notre travail sur l’encadrement médical de Toulouse, capitale du Languedoc, durant le dernier siècle de l’Ancien Régime4. À défaut de pouvoir traiter ici cette ample sujet sous tous ses aspects5, nous avons pris le parti de nous borner à une présentation de son volet institutionnel qu’on considèrera à l’exclusion des cadres corporatifs des professions médicales et des structures d’assistance charitables qui ont été largement balisés par l’historiographie toulousaine6.
4Même ainsi limité, il s’agit là d’une facette importante de la question tant il est vrai que, avec la création de l’université et en son sein de la Faculté de médecine d’une part7, et le pullulement des institutions hospitalières d’autre part8, Toulouse s’est imposé dès le Moyen Âge comme l’un des principaux centres médicaux du sud du royaume. Dès cette époque, les professions médicales, médecins en tête9, y prospérèrent grâce à l’importante clientèle que leur fournissait non seulement la population de la quatrième ville du royaume, mais encore les nombreux « étrangers » de passage. Cet héritage médiéval s’est perpétué sous l’Ancien Régime. Même si elle n’a jamais été l’une des fonctions première de la ville, la dimension médicale n’en constitue pas moins un paramètre non négligeable pour comprendre et la vocation de métropole provinciale de Toulouse, et certains aspects de son évolution sociale et culturelle.
Les structures institutionnelles
5L’histoire des établissements hospitaliers et, dans une moindre mesure, d’enseignement est certainement le volet de l’histoire médicale toulousaine qui a fait l’objet du plus grand nombre de travaux jusqu’à présent, ce qui se vérifie tout particulièrement pour l’époque moderne10. Cette production permet de se faire une bonne idée de leur situation au siècle des Lumières, même si un certain nombre de zones d’ombres subsistent.
Les établissements hospitaliers
6L’organisation hospitalière de Toulouse, à l’instar de celle du royaume11, a connu une notable évolution sous l’Ancien Régime, caractérisée par une réduction du nombre des institutions et, ce faisant, une concentration des moyens, laquelle eut pour pendant et corollaire une sécularisation de l’administration des établissements subsistants mise en œuvre sur fond de graves difficultés financières.
7Cette évolution s’est articulée autour de deux temps forts. Le premier eut lieu au début du XVIe siècle12. Le 26 février 1505, le Parlement de Toulouse enregistra un arrêt portant sur la réforme des hôpitaux de la ville qui se trouvèrent réduits à cinq, soit : l’hôpital Saint-Jacques du Bout du Pont, l’hôpital Saint-Jacques du Bourg, l’hôpital du Taur, l’hôpital du Saint-Esprit et l’hôpital Sainte-Catherine. Placés sous la tutelle de l’hôpital Saint-Jacques (ce n’est qu’en 1554 qu’il prit le nom de Maison de Dieu ou hôtel-Dieu)13, ils étaient régis par « une même administration, le Conseil des hôpitaux, où figurent les divers représentants des corps constitués de la ville, mais surtout ceux de la municipalité et du Parlement »14. L’hôpital Saint-Sébastien (ou San Subra)15, construit à l’instigation du capitoulat (qui s’en réserva la direction) – grâce à des dons privés – entre 1508 et 1514 pour recevoir les pestiférés, accueillit, à partir de 1530, les pauvres valides étrangers à la ville (et, à partir de 1543, l’excédent des pauvres de l’hôpital Saint-Jacques).
8Le second temps fort de l’histoire hospitalière toulousaine se situe en 1647, lorsque les capitouls accédèrent à la demande d’Arnaud Baric16 de lui confier l’hôpital Saint-Sébastien pour en faire un hôpital général. Le Conseil de ville entérina cette décision le 21 mars 1647 en plaçant l’institution sous le vocable de Saint-Joseph de la Grave17. « Il fut dressé des statuts qui furent approuvés par délibération du 27 juillet suivant18, et registrés par arrest [du Parlement] du 22 février 1648. La reine Anne d’Autriche approuva cet etablissement par une lettre de cachet du mois de novembre 1647. Louis XIV l’autorisa par des premieres lettres patentes du mois d’octobre 1658 »19. Ainsi, la création de l’hôpital général Saint-Joseph de la Grave marquait-elle une réelle innovation qui plaçait la capitale languedocienne à la pointe d’un mouvement qui ne tarda pas à faire tache d’huile. Neuf ans plus tard, en effet, était fondé l’hôpital général de Paris dont le succès allait motiver l’édit du mois de juin 1662 qui ordonnait la création d’un hôpital général dans chaque ville et bourg du royaume.
9« À la différence du Mans, de Dijon ou de Grenoble où hôtel-Dieu et hôpital général furent réunis à la fin du XVIIesiècle », Toulouse garda deux hôpitaux distincts comme, par exemple, « à Blois, à Tours et à Orléans »20. Cette situation s’expliquait par les missions différentes assignées à chacun de ces établissements.
10Par définition, l’hôtel-Dieu accueillait exclusivement les malades, l’hôpital général avait, quant à lui, une vocation d’assistance plus marquée car il était essentiellement destiné aux pauvres de tous âges21. Depuis 1647, l’hôpital général était avant tout un refuge accueillant les plus démunis qui n’avaient plus d’autre lieu où aller. On y trouvait donc les enfants abandonnés ou pauvres (sevrés et jusqu’à ce qu’ils soient en état de travailler, soit de 2 à 14 ans pour les garçons et de 2 à 12 ans pour les filles)22, les invalides, les vieillards ainsi que les insensés qui y recevaient le gîte et le couvert en échange de leur travail (pour ceux qui était en état de travailler). Seuls étaient autorisés à y vivre ceux qui avaient un certificat de pauvreté et qui pouvaient justifier d’une résidence depuis cinq ans au moins dans l’une des paroisses du diocèse de Toulouse où il n’existait pas d’hospice et qui payaient la taille en Languedoc. L’hospice pouvait aussi recevoir les mendiants arrêtés par le guet et la maréchaussée. Cette vocation carcérale fut renforcée par la création d’un « quartier de force », où étaient détenues les prostituées en bonne santé, mais aussi les filles ou femmes incarcérées sur lettres de cachet. Dès l’origine donc, l’hôpital général de Toulouse fut tout à la fois un refuge, un orphelinat, un dépôt de mendicité et une prison.
11En 1681, dans le cadre de la politique de renfermement des pauvres menée par la monarchie23, afin de remédier aux abus qui s’étaient glissés dans l’administration et la gestion de la Grave, un règlement lui fut donné par le roi le 6 avril, lequel ne remettait pas en question la vocation de l’institution24. En 1730, les individus atteints de scorbut, de mal vénérien et les femmes enceintes furent désormais dirigés vers l’hôtel-Dieu pour y être soignés et y passer leur convalescence. C’est donc de cette époque que date le quartier de force de l’hôpital toulousain qui comptait dix-huit lits à la fin de l’Ancien Régime. Auparavant, cet hôpital avait connu un premier élargissement de sa clientèle, en 1504, avec les enfants abandonnés en bas âge qu’il devait entretenir jusqu’à ce qu’ils soient sevrés25. Un quartier pour les malades atteints de la maladie de la pierre fut ouvert au XVIIe siècle (sans doute en 1633)26. En 1693, grâce à un don qui lui fut fait à cette fin par Jean de Rudelle, chanoine et grand chantre à Saint-Étienne, il accueillit les incurables27. À la fin de l’Ancien Régime, ce quartier comptait 41 places (21 pour les hommes et 20 pour les femmes). À partir du printemps 1754 (soit lorsque Toulouse devint ville de garnison28), un quartier spécial fut affecté aux soldats malades, ce qui n’alla cependant pas sans mal tant les directeurs de l’établissement y étaient opposés29. Ainsi les deux institutions hospitalières étaient-elles étroitement complémentaires.
12Sans nous attarder sur l’organisation, les personnels et le mode de fonctionnement administratif qui étaient sensiblement identiques pour les deux institutions hospitalières, considérons leurs services de santé et personnels soignants tels qu’ils se présentaient à la fin de l’Ancien Régime30.
Hôtel-Dieu | La Grave |
2 médecins | 1 médecin |
1 intendant de chirurgie | |
1 chirurgien-major | 1 chirurgien-major |
2 garçons chirurgiens (aides-major) | 1 garçon chirurgien |
élèves en chirurgie | élèves en chirurgie |
24 sœurs grises | 13 soeurs grises |
2 nourrices (au moins) 400 nourrices à la campagne31 |
|
2 chirurgiens lithotomistes | |
1 accoucheur des pauvres |
13Du fait des vocations respectives de chacune des institutions, le personnel médical de l’hôtel-Dieu était beaucoup plus nombreux que celui l’hôpital général de la Grave (document 1). Cela étant, les fonctions de ces personnels ne différaient guère d’un établissement à l’autre. Nommés en assemblée générale à la pluralité des voix sur la présentation de trois sujets proposés par le trésorier de l’institution, les deux médecins de l’hôtel-Dieu32 étaient astreints à deux visites quotidiennes des malades (à 7 et 15 heures en été, 8 et 16 heures en hiver), chacun prenant en charge un quartier de l’hôpital. En temps ordinaire, c’étaient quelques deux cents patients qu’ils devaient soigner. Ils étaient aussi tenus d’ausculter toute personne se présentant à l’hôpital afin de déterminer si elle pouvait y être admise. Pour les épauler et prodiguer des soins spécifiques, la municipalité leur adjoignit un, puis deux chirurgiens lithotomistes ainsi qu’un accoucheur des pauvres33.
14Ce n’est qu’en 1765 que l’hôpital général fut pourvu d’un médecin afin de soigner sur place les pauvres malades que refusait d’admettre l’hôtel-Dieu . En effet, jusqu’alors, la direction de l’hôpital général refusa obstinément d’avoir un médecin permanent, se contentant des services d’un chirurgien. Anne Casteran a relevé que ce médecin était « tenu de venir assidûment dans la maison pour prodiguer ses soins aux officiers et aux prêtres dans l’établissement. Il n’est nullement question de la santé des pauvres mendiants enfermés »34.
15Nommé à vie de la même façon que les médecins, l’intendant de chirurgie était pourvu d’un service restreint se limitant à deux visites hebdomadaires afin d’ausculter les plaies des blessés. Il jouait ainsi le rôle de consultant et de conseil auprès du chirurgien-major (ou chirurgien ordinaire) qu’il pouvait remplacer en cas d’absence de ce dernier. Chargé d’administrer les ordonnances prescrites par les médecins et de faire les pansements, les saignées, mais aussi la toilette des malades les plus gravement atteints (pour les hommes exclusivement), le chirurgien-major faisait aussi office de médecin de garde. À cette fin, il était logé gratuitement dans une maison appartenant à l’institution hospitalière située non loin de celle-ci. Des garçons chirurgiens (en théorie : deux à l’hôtel-Dieu, un seul à la Grave) l’aidaient dans ses multiples tâches quotidiennes, lesquels trouvaient dans cette activité un moyen d’acquérir gratuitement la maîtrise en chirurgie au terme d’un nombre variable d’années d’exercice35. Il pouvait, en outre, s’entourer d’élèves, « externes » avant la lettre, qui trouvaient là une opportunité de se former aux méthodes chirurgicales à la fois beaucoup plus vite et, semble-t-il, plus complètement que chez un maître chirurgien de la ville36. Cela étant, l’on ne sait pratiquement rien de leur activité au sein de l’hôpital. De même que ses collègues, le chirurgien-major pouvait exercer en dehors de l’hôpital pourvu que cela n’affectât pas son service. Il était choisi parmi les garçons chirurgiens après examen devant la communauté des maîtres chirurgiens de la ville. Après dix ans d’exercice à l’hôpital et un nouvel examen de ses capacités, il obtenait de la part des capitouls la maîtrise en chirurgie, ce qui en faisait un poste particulièrement convoité.
16Installées en 1647 à Toulouse où elles prirent en charge l’éducation des pauvres des maisons de charité des paroisses de la ville en s’impliquant aussi dans l’œuvre du Bouillon des pauvres37, les Filles de la Charité, ou « sœurs grises » (ainsi dénommées en raison de leur habit), se virent confier le service des malades de l’hôtel-Dieu Saint-Jacques en 1689 à l’instigation de l’archevêque de Toulouse, Jean-Baptiste-Michel Colbert. Le roi approuva cette initiative et ordonna aux capitouls de payer à l’hôtel-Dieu 10.000 livres « pour que les sœurs puissent s’établir et acheter des meubles »38. Dès le début de l’année 1690, les sœurs grises étaient à l’œuvre à la plus grande satisfaction du capitoulat. Selon les règlements de l’hôtel-Dieu, elles étaient « employées chacune selon son talent, aux différentes occupations de la Maison, pour le service des hospitalisés, selon la volonté et la prudence de leur supérieure ». Omniprésentes dans l’hôpital, elles étaient affectées aux multiples et diverses tâches d’entretien et de service mais ne pouvaient administrer les soins prescrits aux malades qu’aux seuls femmes et enfants. Rares et disparates, les éléments d’informations les concernant corroborent les observations de Marie-Claude Dinet-Lecomte qui a mis en évidence non seulement l’importance du rôle de ces religieuses dans la vie des institutions hospitalières de cette époque, mais encore la réelle qualité des services qu’elles dispensaient39.
17Ce rapide panorama ne serait pas complet si l’on ne faisait état des empiriques auxquels les directions respectives des deux établissements hospitaliers ne répugnaient pas d’ouvrir leurs portes, au moins jusqu’à la fin du XVIIe siècle40. En effet, elles ne faisaient pas de difficulté pour mettre quelques malades à la disposition d’individus déclarant détenir des remèdes secrets guérissant telle ou telle maladie afin qu’ils éprouvent l’efficacité de ces traitements. Dans la plupart des cas, il s’agissait d’empiriques de passage à Toulouse qui prétendaient surtout – semble-t-il – guérir la teigne. Mais ces remèdes secrets pouvaient aussi concerner d’autres maladies telles que les écrouelles (1683), le « mal caduc » (1687) ou la petite vérole (1699). Lorsque les soins se révélaient efficaces, on gratifiait ceux qui les avaient prodigués, comme cet opérateur qui, en 1683, reçut 10 livres de l’hôtel-Dieu pour avoir soigné des pauvres atteints des écrouelles. L’hôtel-Dieu alla jusqu’à s’attacher les services de deux femmes qui soulageaient les malades atteints de la teigne. Les registres de délibérations de l’établissement signalent, en 1685, l’embauche d’une jeune femme dont la mère travaillait déjà dans l’hôpital au service de ces malades ; après le décès de cette dernière qui lui avait appris ses remèdes, sa fille prit sa succession. Notons que, contrairement à d’autres hôpitaux, comme celui d’Albi par exemple41, l’on ne trouve pas trace de rebouteux dans ceux de Toulouse (ni, d’ailleurs, parmi les personnes engagées à des fins médicales par le capitoulat42).
18Les travaux récents n’ont pas démenti les réflexions que formulait François Buchalet en 1904 à propos de cet encadrement hospitalier qui notait : « assez complet, en somme, le service médical de l’hôtel-Dieu, malgré quelques plaintes de la direction, rares d’ailleurs, semble avoir été de plus généralement consciencieux. Différents faits en témoignent. Le 23 février 1757, M. Imbert, docteur et professeur de médecine de l’Université de Montpellier, chargé par le roi d’inspecter les hôpitaux de Provence, Roussillon et Languedoc, écrit aux directeurs pour leur témoigner sa satisfaction au sujet des soins donnés aux malades. Une seconde inspection en 1783 leur est tout aussi favorable [...]. Quant à l’hôpital de la Grave, [...] médecins et chirurgiens semblent avoir été recrutés [...] avec grand soin »43.
19Si, à l’instar des contemporains, l’on peut s’accorder sur la qualité de l’encadrement médical des hôpitaux toulousains – à une époque où les grands hôpitaux faisaient l’objet de critiques très sévères –, il n’en demeure pas moins que ces effectifs paraissent faibles pour faire face aux besoins des populations fréquentant ces institutions. On sait qu’à l’aube de la Révolution, l’hôtel-Dieu accueillait « ordinairement quatre cens malades, quelquefois cinq cens »44, alors que la population de la Grave explosait, ainsi qu’on peut en juger d’après le document 2. Ainsi que pouvaient le lire les Toulousains dans l’Almanach historique de la province de Languedoc pour l’année 1790 : « cet hôpital entretient et nourrit ordinairement près de 2.500 personnes, de tout âge, dont 1.200 enfans trouvés ». Mais, quelqu’importante soit-elle, la distorsion entre l’encadrement médical et la clientèle hospitalière ne semble pas anormale pour l’époque, tant il est vrai « qu’il n’y a pas alors de corrélation entre le nombre d’hospitalisés et le nombre d’employés »45.
20Quelle qu’ait pu être la qualité des soins administrés, il y a tout lieu de croire que leur efficacité était grandement réduite par les mauvaises conditions d’hygiène qui entretenaient une morbidité latente importante. L’humidité, générée par la proximité de la Garonne et aggravée par ses débordements répétés, d’une part, les dégradations importantes causées par les crues, d’autre part47, conditionnaient l’état d’insalubrité et de vétusté des bâtiments, que les administrations des hôpitaux avaient le plus grand mal à entretenir du fait de l’état calamiteux de leurs finances (l’hôpital général fit faillite en 1760). Comme dans tous les hôpitaux de l’époque qui étaient affligés par « toutes les plaies du paupérisme »48, la promiscuité faisait des ravages car il n’était pas rare que 4 ou 5 malades occupent le même lit ; situation dénoncée tout au long du XVIIIe siècle et qui n’évolua positivement qu’à partir du milieu des années 178049. L’importance de la mortalité dans les hôpitaux toulousains, et surtout à l’hôtel-Dieu, rend bien compte de la gravité du problème et de sa perduration. Cela étant, pour autant que l’on puisse en juger, les conditions de vie, les soins prodigués et la mortalité qu’on observe dans les établissements hospitaliers toulousains ne dépareillent pas avec ce qu’on rencontre dans le royaume à la même époque50.
Les établissements d’enseignement : Faculté de médecine et École royale de chirurgie
21« L’Université de Toulouse, doyenne de France après celle de Paris » rappelait fièrement Alex Coutet51, ne fut jamais réputée que pour ses facultés de théologie et de droit qui s’imposèrent comme autant d’éléments constitutifs de l’image et de l’identité de la cité palladienne. Même si « la faculté de Médecine de Toulouse (fut), après celle de Paris, la plus ancienne du Royaume »52, elle ne faisait pas moins figure de « parente pauvre de l’Université »53. C’est très exactement le contraire qui se passa à Montpellier : sa faculté de médecine s’imposa très tôt comme la première de province après celle de Paris54. Ainsi, depuis le XVIe siècle au moins, la faculté toulousaine vécut-elle dans l’ombre de sa rivale montpelliéraine.
22Contrairement à une certaine vulgate55, l’étude de l’évolution des effectifs de cette faculté a permis à Patrick Ferté de mettre en évidence que, malgré la modicité de son recrutement, elle n’avait rien à envier de ce point de vue à sa rivale montpelliéraine pendant la première moitié du XVIIIe siècle. « Ce ne fut qu’à partir du milieu du XVIIIe siècle que l’ascension montpelliéraine, irrésistible, évinça définitivement sa voisine toulousaine qui, avec sa vingtaine de nouveaux [étudiants] bon an mal an, ne représentait qu’un peu plus du quart de la pépinière médicale du royaume »56. C’est ce que confirme la thèse d’Hélène Berlan qui constate une augmentation constante des effectifs d’étudiants de la faculté montpelliéraine au cours du XVIIIe siècle, bien supérieure à celle qu’on trouve à Toulouse. En effet, durant la période 1707-1716, il y eut en moyenne 30,6 inscrits par an à Montpellier ; entre 1747 et 1756, on passe à 59,1 inscrits pour atteindre 71,7 inscrits par an entre 1777 et 178657. Alors que Montpellier s’impose comme le premier pôle d’enseignement médical du royaume après Paris, à Toulouse la moyenne annuelle des nouvelles inscriptions d’étudiants en médecine passe de 14,6 étudiants à 20,3 entre 1758 et 1787. Si elle est donc moins forte et moins rapide qu’à Montpellier, cette augmentation n’en demeure pas moins significative. Ainsi, s’il est vrai que, « lentement mais sûrement », la faculté de médecine montpelliéraine s’est bien « évertu (ée) à capter la clientèle étudiante du royaume » et que « la faculté de Toulouse [en fit] les frais la première »58, force est de constater que cette dernière s’est somme toute mieux défendue que ne semble le penser Hélène Berlan.
23Si l’impulsion de cette évolution peut être cherchée dans la suppression, en mai 1751, de la faculté de Médecine de l’Université de Cahors, qui accordait des diplômes de complaisance, et sa réunion à celle de Toulouse59, il est clair que cet événement ne suffit pas à expliquer les résultats qu’on enregistre. La qualité de l’enseignement dispensé à Toulouse par cinq professeurs (se répartissant l’enseignement de : la médecine pratique ; la chimie, la matière médicale et la botanique ; l’anatomie et la chirurgie ; la physiologie ; enfin, la pathologie et la thérapeutique), est un paramètre qu’il faut prendre en compte.
24À partir de 1773, sous l’impulsion de Jean-Baptiste Gardeil, la faculté améliora progressivement sa discipline intérieure, la qualité des cours et les conditions d’enseignement. Ainsi fut-elle, « contrairement à ce que l’on croit généralement, […] très prospère, dans ses dernières années [de l’Ancien Régime], et jouissait d’une réputation de bon aloi »60. De fait, sur les seize facultés de médecine du royaume en activité à la veille de la Révolution, celle de Toulouse comptait parmi les cinq, après Paris, Montpellier, Strasbourg et Reims, « qui gardaient une importance indiscutable »61. Cette situation était déjà celle qu’on observait au XVIIe siècle62. On peut donc s’accorder sur le fait que la faculté toulousaine sut maintenir son rang et son niveau sous l’Ancien Régime alors même qu’elle devait faire face à une concurrence de plus en plus sévère.
25Il demeure, néanmoins, que les Toulousains sont bien absents du panthéon de la médecine des Lumières. Ceux qui acquirent quelque renom, à l’instar de Jean Astruc63 ou, plus tardivement, Dominique Larrey64, durent s’expatrier pour poursuivre leurs belles carrières65, comme l’avaient fait bien avant eux Augier Ferrier, médecin de Catherine de Médicis, ou Antoine du May, médecin de la reine Margot, et tant d’autres encore. Ceux qui restèrent ne déméritèrent pas pour autant, ce dont témoignent leur active contribution aux travaux de l’Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse66 et les publications de certains d’entre eux.
26À défaut de briller, le peu qu’on en sait encore laisse entrevoir un monde médical ouvert aux avancées du siècle, ce qu’illustre le cas de l’inoculation de la variole67. Après quelques expériences précoces et isolées demeurées sans lendemain, la pratique de l’inoculation s’est développée d’abord lentement au sein des seules couches supérieures de la société avant de se diffuser plus largement. En 1772, la méthode fut expérimentée à plus grande échelle suscitant sur le moment inquiétudes et polémiques. Ces dernières semblent s’être vite apaisées. Lorsqu’il fut à nouveau question de l’inoculation à Toulouse dix ans plus tard, ce fut à propos d’une opération de vaccination massive d’enfants déshérités qui atteste que l’usage était bien entré dans les mœurs, contrairement à ce qui se passait à la même époque dans d’autres villes comme Montpellier par exemple, et sans même parler des zones rurales où le préjugé de la population contre ce traitement était tenace. S’il est vrai que la pratique de l’inoculation est restée un phénomène ponctuel et limité à quelques régions dans la France d’Ancien Régime, Toulouse doit être comptée parmi ces dernières, ce qui revient à la placer dans le peloton de tête des villes des Lumières à cet égard, position qu’elle ne parvint pas à maintenir après la Révolution.
27Si l’on se tourne vers le monde des chirurgiens, l’on aboutit à des observations finalement assez similaires. L’enseignement médico-chirurgical, qui s’était notablement étendu durant la première moitié du XVIIIe siècle68, bénéficia le 29 août 1761 de la création, hors de l’université, d’une école royale de chirurgie69. Elle comptait initialement cinq professeurs démonstrateurs pour assurer les cours de principes (théorie), d’anatomie, de maladie des os, d’accouchements et d’opérations. En 1764 fut créé un cours de matières médico-chirurgicales.
28Depuis son ouverture solennelle, le 4 mai 1762, cet établissement rencontra un franc succès si l’on en croit l’équipe des professeurs qui l’animaient. Selon eux, en effet, leur école – dont les cours étaient publics et gratuits –, n’avait « cessé de faire des progrès par le grand nombre de ses élèves qui se porte à environ trois cents, par la rigueur des essais et examens qui s’y font »70. Cette fierté ainsi affichée n’était pas infondée tant il est vrai que l’attractivité de l’École royale de chirurgie de Toulouse était bien réelle. C’est ce qui ressort de la comparaison avec les effectifs des étudiants de l’école de chirurgie qui ouvrit ses portes à Bordeaux en 176071. Mais il n’est point d’attractivité sans rayonnement. Si l’on en croit Bertrand Bécane, le rayonnement de son établissement était de notoriété publique puisque, parmi la « quantité d’étudians venus de toute part, nombre occupent des premieres places dans les hopitaux de Monpélier, Bordeaux et ailleurs »72.
29Tout porte cependant à croire que l’École royale de chirurgie n’a pas pu donner toute sa mesure tant furent importantes et récurrentes les difficultés matérielles et financières qu’elle rencontra. La raison essentielle de ces problèmes est à chercher dans les tiraillements, qui sont très vite apparus pour ne plus cesser jusqu’à sa disparition en 1793, entre la communauté des maîtres chirurgiens de la ville, propriétaire et bailleur de fonds de l’établissement, et le corps professoral qui cherchait à s’émanciper de cette tutelle73. Cette zizanie eut pour principale conséquence de priver l’école des financements dont elle avait besoin pour son bon fonctionnement et, surtout, pour l’acquisition d’un local approprié à sa mission où elle puisse se fixer. Aussi ses déménagements successifs ont-ils rythmé l’histoire de cet établissement.
30Ces difficultés ont certainement joué pour brider le développement de cet établissement d’enseignement chirurgical, voire lui nuire. C’est ce qui transparaît lorsqu’on considère la fréquentation annuelle du cours d’obstétrique74, dont on sait qu’il assurait une formation de qualité, s’appuyant sur l’utilisation d’une « machine que l’Académie de Chirurgie de Paris a approuvée »75, qui était assez réputée pour que les États de Béarn sollicitent l’école toulousaine (et non celle de Bordeaux) afin qu’elle organise un concours pour sélectionner des professeurs qui pourraient enseigner aux sages-femmes béarnaises76. Les données disponibles – qu’on sait lacunaires pour les années 1774 à 1778 et 1785-1786 – entre 1763 et 1788 montrent que ce cours connut un franc succès durant la première décennie de cet enseignement puisque, à l’exception de l’année 1765, l’on y dénombrait toujours plus de cent inscrits, avec des pics à plus de 135 étudiants77. À partir de 1772, se produit un effondrement des effectifs, qui passent en dessous de la barre des 40 étudiants et resteront entre une trentaine et une quarantaine jusqu’en 1786. Durant les années 1787 et 1788, l’on constate une augmentation sensible du nombre d’inscrits, qui peine cependant à dépasser les 60 étudiants.
31Les maîtres chirurgiens et les professeurs de l’École royale de chirurgie de Toulouse n’ont pas plus marqué l’histoire de leur art que leurs confrères médecins. Comme ces derniers, ils ont cependant eu à cœur de s’inscrire dans la dynamique qui caractérise leur discipline à la fin du XVIIIe siècle78, ce dont témoigne la création sans lendemain, en 1787, d’une académie de chirurgie sur le modèle parisien79.
32S’il s’avère malaisé d’apprécier la situation des établissements d’enseignements médicaux toulousains au siècle des Lumières c’est, d’abord, parce que bien des zones d’ombres subsistent, notamment en ce qui concerne la Faculté de médecine et ses enseignements ; c’est aussi parce que leur histoire durant cette période n’a pas été aussi linéaire qu’on a pu l’écrire ; les dernières décennies de l’Ancien Régime apparaissant comme des temps difficiles après une période plutôt faste ; c’est, enfin, parce qu’on a peut-être trop tendance à la jauger à l’aune montpelliéraine, qui n’est sans doute pas le meilleur étalon qu’on puisse prendre, tant il est vrai qu’on met ainsi sur le même plan des structures qui ne jouaient pas dans les mêmes catégories. Pour filer cette métaphore sportive, l’on peut constater que, dans un environnement qui ne leur était pas particulièrement favorable, les médecins et chirurgiens toulousains sont parvenus à se maintenir dans le peloton de tête de leurs disciplines respectives au siècle des Lumières, mais sans ne jamais en occuper les avant-postes.
Les structures sanitaires de l’hôtel de ville
33Jusqu’à la fin du XXe siècle, les municipalités n’ont occupé le plus souvent que la portion congrue dans les études portant sur la santé publique à l’époque moderne. À défaut de pouvoir développer ici une analyse circonstanciée des raisons pouvant expliquer cette situation, l’on se bornera à quelques constats nécessairement lapidaires. Le fait est qu’à la notable exception de ceux qui se sont attachés à l’histoire hospitalière et aux épidémies de peste, rares sont les historiens du fait médical (lato sensu) à avoir pris en compte l’action des municipalités et de leurs personnels dans ce domaine. De leur côté, les historiens des municipalités, longtemps focalisés sur l’analyse purement institutionnelle et juridique de ces administrations, ont négligé bien des facettes de leurs activités, et le cas de la santé, comme celui de la police, en sont de bons exemples.
34Le cas particulier de Toulouse et de son capitoulat qui, de toutes les anciennes institutions locales est assurément celle qui a alimenté le plus grand nombre de travaux jusqu’à présent, illustre jusqu’à la caricature les travers de cette façon de considérer l’histoire des anciennes municipalités. C’est ainsi, par exemple, que Jean-Pierre Soula s’était cru autorisé à affirmer que « les capitouls ne s’occupaient guère de la santé publique » et, d’ajouter qu’il comprenait « mal pourquoi ils maintenaient dans le département des charges cette rubrique […] sans objet »80. Dans ces conditions, l’on comprend mieux pourquoi l’historiographie française a longtemps pu survaloriser l’action de l’autorité royale et de ses représentants provinciaux en matière sanitaire au détriment de celle des municipalités81. C’est donc sur ce volet méconnu tant de l’histoire municipale que de l’histoire toulousaine qu’il faut nous pencher maintenant en brossant l’état d’une question qu’on ne prétend cependant pas épuiser ici.
Les capitouls et le conseil de santé
35Tout au long de l’époque moderne, le capitoulat a développé en son sein une organisation sanitaire et médicale visant à tenter de répondre aux besoins de la population dans ce domaine. Au sommet se plaçaient les huit capitouls élus pour un an qui pouvaient s’appuyer sur le Corps de bourgeoisie, composé des anciens capitouls continuant à œuvrer au sein de l’hôtel de ville.
36En vertu de leur quasi omnipotence en fait de police – terme qu’il faut entendre dans l’acception la plus extensive et la plus vague qui était la sienne avant la Révolution82 –, les capitouls en charge avaient toute autorité pour traiter au quotidien les problèmes qui se posaient sur tout le ressort de leur juridiction (ville, faubourgs et « gardiage » ou « banlieue »), dont ceux à caractère sanitaire et/ou médical. Il n’est pas vain de rappeler ici que les capitouls avaient une conception très paternaliste de cette police, toute imprégnée de valeurs chrétiennes, dont l’objet et la finalité étaient d’assurer le bonheur des « vrais » Toulousains83. Pour ce faire, ils devaient prendre toutes les mesures préventives qui s’imposaient dans tous les domaines engageant la sécurité et la santé de la population, via notamment leur production réglementaire, et ne pas hésiter à sanctionner les contrevenants en les traduisant devant leur tribunal de police après avoir constaté leurs infractions.
Les capitouls et les questions sanitaires et médicales
37Dans l’organisation du capitoulat, les questions sanitaires et/ou médicales ne faisaient pas l’objet d’un secteur particulier, clairement individualisé et dont aurait eu la charge l’un des huit capitouls. De fait, nonobstant la « justice », elles se trouvaient inégalement ventilées dans ces trois autres fonctions traditionnelles des capitouls qu’étaient : la police, les réparations et les hôpitaux.
38Chacune de ces quatre fonctions était exercée par deux capitouls qui se les répartissaient le jour même de leur prise de fonctions, lors de la séance dite du « département des charges ». C’étaient « la multitude et la variété des matières dont les capitouls connoissent [qui avait] introduit depuis très-long-temps l’usage de se partager les fonctions »84 de la sorte. Mais, précisait-on,
cette distribution de travail n’est cependant pas exclusive. Les capitouls ont tous une égale autorité sans autre supériorité pour le Chef [du Consistoire] que la présidence [des délibérations]. Ils s’aident mutuellement dans leurs fonctions, et en délibèrent dans l’occurrence85.
39Ainsi étaient-ils, en théorie, égaux entre eux. Chacun possédait les mêmes pouvoirs et prérogatives que les autres et ce, dans tous les domaines. De ce fait, ils étaient en quelque sorte interchangeables selon les besoins du moment et les disponibilités des uns et des autres. Qui plus est, avec le pervertissement du système électoral et l’absentéisme des capitouls, se développa, à partir de la fin du XVIIe siècle, ce qui eut pour conséquence de rendre souvent caduque cette répartition traditionnelle du service municipal. À bien des égards, la répartition des charges était donc une fiction, la spécialisation des capitouls ne répondant nullement à la réalité de l’exercice de leur magistrature. Il demeure, néanmoins, que cette répartition quadripartite servit de cadre général aux activités des magistrats municipaux jusqu’aux réformes du capitoulat des années 1780 qui les firent disparaître.
40« Le principal devoir des Magistrats préposez à l’exercice de la Police consiste à maintenir le bon ordre et la tranquillité, à prévenir les maux qui peuvent arriver, et à remedier selon les regles de la prudence à ceux qui sont déjà arrivez, et à en empêcher le cours »86. Cependant, les capitouls en charge de la police ne devaient pas seulement veiller à l’ordre public, mais aussi exercer une « autorité bienfaisante » sur leurs concitoyens87. Voici pourquoi il n’y a pas lieu de s’étonner de trouver sous la plume de l’annaliste de 1732 qu’ils devaient « s’occuper principalement des moyens de conserver la santé des habitans »88. Si les questions sanitaires entraient donc dans leur domaine de compétences, ce n’était qu’en tant qu’elles relevaient d’un de ces « onze objets principaux de la police » retenus par Nicolas Delamare dans son célèbre Traité de la police89. Cette police sanitaire recouvrait tout à la fois l’hygiène publique, la surveillance des métiers commercialisant des produits alimentaires et médicamenteux, ainsi que toutes les mesures pour lutter contre des épidémies. C’est bien ce qu’explicite l’une des rares définitions de cette police sanitaire sous l’Ancien Régime qu’on trouve dans le Mémoire sur l’administration de la police en France de Jean-Baptiste-Charles Le Maire, qui s’inscrivait dans la lignée de Delamare lorsqu’il écrivait :
Il y a des règles établies pour la conservation de ce bien, le plus précieux dont les hommes puissent jouir, et pour prévenir tout ce qui peut y porter préjudice. Les principaux objets réunis sous ce titre sont les devoirs prescrits aux nourrices mercenaires pour la santé des enfants qui leur sont confiés ; ce qui doit être généralement observé pour entretenir la salubrité de l’air, empêcher sa corruption, pour conserver la pureté des eaux des rivières, des fontaines et des puits ; ce qui est prescrit sur le commerce des vivres, afin qu’il n’en soit débité ni consommé que de bonne qualité ; la capacité des médecins, chirurgiens, apothicaires ; la défense aux charlatans et autres personnes non approuvées d’exercer ces professions, de composer, débiter ni administrer aucuns remèdes ; en un mot, de se mêler en aucune manière du traitement des maladies ; enfin, tout ce qu’il est nécessaire de faire observer et exécuter pour arrêter et faire cesser les maladies épidemiques et populaires, et prévenir la contagion90.
41Les capitouls chargés des réparations étaient aussi amenés à intervenir dans les domaines sanitaires et médicaux. De fait, la fonction dite des « réparations » était particulièrement étendue. Ce terme générique recouvrait deux grands secteurs d’activités. Le premier concernait l’entretien des biens patrimoniaux de la ville, qu’ils soient de nature mobilière ou immobilière. L’important parc immobilier de la ville nécessitait fréquemment des travaux de réfection et donc une attention soutenue de la part des magistrats municipaux. Le second grand secteur d’activités que recouvrait la fonction des « réparations » concernait tout ce qui touchait à la voirie tant dans la ville intra muros que dans le gardiage. La police de la voirie embrassait alors tout à la fois : l’hygiène et la salubrité publique et le service de la voirie proprement dit91. Les attributions des capitouls chargés des réparations se trouvaient ainsi chevaucher celles de leurs collègues chargés de la police.
Les capitouls chargés des hôpitaux
42Par rapport aux trois autres fonctions traditionnelles du capitoulat qui embrassaient l’ensemble du territoire de la juridiction du capitoulat et comprenaient de multiples objets, celle dite des hôpitaux paraît beaucoup plus étroite et restreinte dans la mesure où elle ne concernait que l’hôtel-Dieu Saint-Jacques et l’hospice Saint-Joseph de la Grave. L’existence de cette fonction témoigne de l’importance qu’attachait le capitoulat aux établissements hospitaliers, ce que les chroniqueurs de l’hôtel de ville ne se privaient pas de rappeler à l’occasion. Ainsi, par exemple, peut-on lire dans les Annales manuscrites de l’année 1739 que le conseil de ville avait « été attentif de tous les tems a pourvoir aux besoins des deux hôpitaux de cette ville »92. Observons que cet attachement n’était en rien une particularité toulousaine tant il est vrai qu’on le retrouve à l’identique dans toutes les villes où les municipalités étaient impliquées dans l’administration des établissements hospitaliers93.
43À la tête de l’administration de chacune des deux institutions hospitalières se trouvait, comme dans tous les hôtels-Dieu et hôpitaux généraux du royaume, une direction collégiale composée de deux catégories de directeurs : les directeurs nés et les directeurs (ou « intendants ») élus (à vie, d’où leur nom de « perpétuels »)94. Les deux capitouls chargés des hôpitaux comptaient parmi la première catégorie d’administrateurs perpétuels, qualité qu’ils partageaient avec les représentants des autres corps constitués de la ville. Depuis la réforme de 1681, outre les capitouls, l’assemblée des directeurs-nés se composait de : l’archevêque – qui présidait les assemblées –, du premier président du parlement (ou, en son absence, le plus ancien des présidents à mortier), le doyen et le sous-doyen des conseillers laïcs au parlement, ainsi que des doyens des conseillers clercs, des avocats et procureurs généraux, auxquels s’ajoutait le juge mage de la sénéchaussée95. Cette direction collégiale se réunissait en assemblées générales quatre fois par an, lors des « Quatre temps »96 (des assemblées extraordinaires pouvaient se tenir entre ces quatre temps) au cours desquelles étaient débattus les questions financières, le contentieux, les points de règlements ou encore les élections aux principales charges de l’hôpital, et, notamment, celles des vingt-quatre directeurs (ou intendants) nommés à vie composant le bureau de direction chargé de l’administration quotidienne des deux établissements. Notons que les capitouls pouvaient participer activement aux réunions bihebdomadaires de ces bureaux où l’on trouvait d’anciens capitouls.
44L’importance des assemblées générales des Quatre temps dépassait la seule vie des établissements hospitaliers. En effet, leur composition en faisait aussi autant de temps forts de la vie politique toulousaine où pouvaient s’exprimer les rapports de force entre les représentants des principales institutions de la ville. On comprend donc pourquoi les capitouls avaient à cœur de s’y montrer très assidus, ce que les chroniqueurs des Annales manuscrites de la ville pointaient régulièrement (comme, par exemple, en 1705 ou en 1738).
45À défaut d’avoir approfondi cette question, toutes les études consacrées à l’histoire des établissements hospitaliers toulousains se font l’écho de tensions et de querelles ouvertes tant entre ces deux établissements, qu’entre ces derniers et le capitoulat. Le caractère récurrent, voire la virulence de ces contentieux, en font un élément constitutif important de l’histoire de ces deux hôpitaux à l’époque moderne. Le fond du problème – mais qui n’est probablement pas le fin mot de toutes choses – semble avoir tenu en ceci que le capitoulat, qui était à l’origine de leur construction et prenait en charge une part non négligeable de leur budget, n’acceptait pas de ne pas les contrôler totalement. Ainsi, par exemple, au mois de mai 1662, les capitouls rappelèrent aux directeurs de la Grave « qu’aucune décision importante ne pourra être prise sans eux »97. Dans l’un des nombreux mémoires qu’ils rédigèrent contre la direction de cet hôpital, ils écrivaient, en 1722 : « Toulouse est assurement la seule ville du royaume qui est aux prises depuis quarante ans avec son hopital du royaume où le magistrat fondateur et patron n’est pas reconnu, respecté et obéi »98.
46Pour parvenir à imposer son droit de regard sur l’administration et la gestion financière de l’hôtel-Dieu et de l’hospice de la Grave, le capitoulat multiplia les querelles et les procès. Régulièrement, à la moindre opportunité, des contestations s’élevaient avec les directeurs des deux hôpitaux, qu’il s’agisse de la propriété des bâtiments, de la gestion financière et du montant de l’allocation attribuée par l’hôtel de ville, des enfants abandonnés, ou encore de la gestion du quartier de force et de la détention des femmes débauchées – que les capitouls y faisaient conduire de leur autorité et où ils entendaient qu’elles soient retenues sous bonne garde –, etc. Nul doute que cette politique d’obstruction systématique n’ait pesé sur les institutions hospitalières toulousaines au siècle des Lumières. Il reste cependant à déterminer dans quelle mesure.
47Stratégique pour le capitoulat, la fonction des hôpitaux apparaît comme la moins astreignante de toutes les missions qu’avaient à remplir les capitouls. C’est vraisemblablement la raison pour laquelle, lorsqu’on savait que des magistrats municipaux ne rempliraient pas leurs fonctions (notamment les non résidents nommés par faveur au capitoulat), on leur attribuait les hôpitaux99. C’est aussi pourquoi certains historiens du capitoulat, considérant que leurs fonctions se bornaient à paraître à quatre assemblées générales et « à accorder annuellement des subventions et des pensions »100, ont jugé que le rôle de ces capitouls était « minime »101. Mais c’est là faire bien peu de cas de la polyvalence des capitouls.
48Si tous les capitouls étaient donc susceptibles d’intervenir dans les questions sanitaires et médicales, c’étaient surtout ceux chargés de la police et, dans une moindre mesure semble-t-il, ceux chargés des réparations qui s’en occupaient au quotidien, les capitouls chargés des hôpitaux n’intervenant quasiment pas dans ce secteur contrairement à ce qu’on aurait peut-être pu croire.
49Le traitement des matières médicales et hygiéniques n’était pas la chose la plus simple pour les magistrats municipaux. En effet, rares étaient ceux qui avaient de réelles compétences dans ces matières. De fait, sur 298 capitouls d’origine roturière identifiés entre 1715 et 1790, Grégory Barbusse n’a recensé que cinq individus exerçant une profession médicale102, ce qui s’explique au demeurant fort bien par les règles électorales et les pratiques coutumières de l’hôtel de ville qui privilégiaient très largement les hommes de loi103. Les capitouls avaient ainsi grandement besoin d’être entourés pour prendre les mesures appropriées dans ces domaines.
Le Conseil de santé
50Au milieu du XIVe siècle apparaissent au sein des municipalités des grandes villes italiennes des commissions sanitaires chargées de superviser la lutte contre l’épidémie et (mais pas partout) la police sanitaire de la cité104. Selon Giorgio Cosmacini, les offices de santé italiens étaient « exemplaires » ; de sorte qu’ils furent « imités dans toute l’Europe dès la seconde moitié du XVIe siècle »105. En fait, le mouvement s’amorce un peu plus tôt puisque de telles cellules de crise sont créées en Espagne dès la première moitié du XVIe siècle et se développent rapidement (ainsi, à Barcelone, la Junta del Morbo106). Mais, c’est bien dans le courant de la seconde moitié du XVIe siècle que, sous le vocable de « conseil » (ou « bureau ») de santé, de tels organismes commencèrent à voir le jour dans les municipalités de villes françaises telles que « Lyon en 1564, Nîmes en 1586 ou Amiens en 1596 »107. À Bordeaux, la première réunion d’un bureau de santé date du 16 décembre 1604108.
51Il faut attendre la terrible épidémie de peste de 1628-1631 pour trouver mention de ce genre d’organisme à Toulouse109. On ne peut donc manquer de constater le caractère tardif de cette création dans la capitale languedocienne, sans pour autant pouvoir expliquer les raisons de ce retard. Notons cependant que Toulouse est loin d’être la seule ville dans ce cas. Par exemple, à Narbonne110 et à Béziers111, c’est aussi à l’occasion de la peste qui se déclare à l’automne 1628 que furent institués des bureaux de santé. Bien d’autres exemples pourraient être avancés112, qui accréditent l’idée que ce type d’organisme sanitaire ne s’est généralisé dans la France méridionale qu’à partir de cette épidémie ; ce qui tend à relativiser le retard toulousain.
52Contrairement à bien des villes d’Italie du Nord, d’Espagne ou du Levant113, les bureaux de santé n’étaient que temporaires en France114, ne se réunissait qu’en cas de nécessité absolue, pour prévenir ou faire face à une épidémie grave et disparaissait lorsque tout danger était écarté. Tel fut aussi le cas à Toulouse, où il est acquis que le Bureau de santé ne fut convoqué après 1631 qu’à deux reprises, et chaque fois en cas de peste, soit en 1652-1653115 et 1720-1722116. Quand on songe au nombre d’épidémies et de catastrophes naturelles qui touchèrent parfois très durement la capitale languedocienne à l’époque moderne, l’on ne peut manquer d’être étonné par la rareté de ces convocations.
53L’explication est peut-être à chercher dans la lourdeur de cet organisme, mais il est probable que d’autres paramètres entrèrent en ligne de compte. Ainsi, lors de l’épidémie de fièvre miliaire qui frappa la ville durant la seconde quinzaine du moi de mai 1782 en provoquant un véritable vent de panique, les capitouls ne jugèrent pas opportun de réunir le Conseil de santé alors qu’ils avaient toutes les raisons de le faire. Le silence des sources nous condamne à formuler des hypothèses pour expliquer ce parti pris. Parmi ces dernières, l’on peut avancer l’idée que les magistrats municipaux ne souhaitèrent pas impliquer dans cette affaire le parlement (dont les principaux représentants étaient membres de droit de l’organisme sanitaire), avec lequel ils étaient alors à couteaux tirés. On peut aussi penser que leur choix fut dicté par un souci d’efficacité et voir là une conséquence de la réflexion engendrée par l’épizootie de 1774-1775 sur l’organisation des secours. De fait, en gardant entre leurs seules mains le contrôle des opérations de lutte contre l’épidémie, il était sans doute plus facile aux capitouls d’agir rapidement en renforçant la cohésion de leur action. Quoiqu’il en soit, la suette de 1782 scella la disparition du Conseil de santé au sein des organes traditionnels de l’administration municipale.
54S’il est vrai, comme le relevait Léonard Lallemand, que la composition des bureaux de santé variait à l’infini117, celui de Toulouse apparaît comme l’un des plus nombreux et des plus lourds qu’il nous ait été donné de rencontrer dans nos lectures. Initialement, il se composait du Conseil de Bourgeoisie dans sa quasi totalité (le sénéchal, le viguier n’en faisaient pas partie), ce qui représentait une trentaine d’individus118, et du Conseil des Seize dans son entier119, soit au total près de cinquante personnes (par comparaison, le bureau de santé de Bordeaux ne compta jamais plus de douze membres au XVIIe siècle)120. Le Conseil de santé était donc un Conseil de Bourgeoisie élargi, qui devait se réunir trois fois par semaine, afin d’aviser sur les mesures qu’il convenait de prendre pour faire face à l’épidémie. Notons qu’en 1720-1722, alors que la peste sévissait en Provence, le Conseil des Seize, sans que l’on sache si cela tenait au caractère relatif du danger ou à un souci d’efficacité, semble n’avoir eu qu’un rôle consultatif121.
55Comme toutes les instances de l’hôtel de ville, le Bureau de santé fonctionnait en s’appuyant sur une commission composée de douze membres, choisis parmi les anciens capitouls et les conseillers du parlement, qui était la véritable cheville ouvrière de cet organisme. En effet, il revenait aux commissaires de veiller à la mise en œuvre et à la bonne exécution des décisions prises pour lutter contre l’épidémie. Ils faisaient aussi office d’interface entre le Bureau de santé, le capitaine au fait de la santé et les personnels médicaux employés par la ville… dont on aura noté l’absence dans cette structure sanitaire d’exception. Aussi n’est-il pas vain d’indiquer qu’une telle situation n’est en rien une singularité toulousaine, tant il est vrai qu’elle se retrouve dans bien d’autres villes dotées de conseils de santé122.
56Si, au XVIIe siècle, le Conseil de santé eut à mener une action de terrain pour organiser la lutte contre la maladie et endiguer la propagation du mal123, au XVIIIe siècle, à l’occasion de la peste de Provence (1720- 1722)124, son action fut seulement préventive (il est vrai que la ville, protégée par l’imposant cordon sanitaire qui enserrait la Provence, ne fut jamais menacée)125. Elle n’en fut pas moins importante pour maintenir les mesures de quarantaine de la ville et organiser la surveillance de ses portes126. En ce sens, son rôle participa de l’administration de la police de la ville pendant deux ans, illustrant en cela l’idée de Michel Foucault selon laquelle, sous l’Ancien Régime, « il ne saurait y avoir de médecine des épidémies que doublée d’une police »127.
57Pléthorique, plus politique et administratif que sanitaire et médical, le Bureau de santé n’était donc pas la structure la mieux adaptée à la gestion d’une crise. C’est ce que semblent avoir compris les contemporains qui n’y eurent recours qu’exceptionnellement.
Le capitaine au fait de la santé, rouage essentiel de l’administration municipale
58La Peste noire (1346) vit l’apparition de capitaines de la santé dans certaines villes, telles que Montpellier128. Cependant, comme pour les conseils de santé, ce n’est que bien plus tardivement qu’on vit ces officiers de santé se généraliser dans les municipalités, phénomène qu’on observe dans la France méridionale durant les premières décennies du XVIe siècle129.
59À Toulouse, c’est lors d’une épidémie de peste survenue en 1515 que fut créé par le capitoulat la fonction de capitaine au fait de la santé130. Germain de La Faille nous apprend qu’« on l’appella de ce nom parce qu’on lui donna un nombre de gardes ou de soldats pour l’exécution des fonctions de sa charge, dont la principale estoit de renfermer les pestiférez et de les empêcher de sortir de leurs maisons »131. Ce qui n’était à l’origine – semble-t-il – qu’un poste temporaire ne tarda pas à se pérenniser (à une époque qui reste à préciser) à la faveur du retour récurrent des épidémies (notamment de peste en 1520, 1521, 1522, 1529, 1549, 1557, 1559, etc.), les capitouls adoptant ainsi une pratique qui se généralisait dans les grandes villes132. Le capitaine au fait de la santé prit alors rang parmi les officiers de l’hôtel de ville, qualité qu’on peut assimiler à celle d’un actuel « chef de service » ayant des subalternes sous ses ordres.
60En l’absence de règlement du capitoulat fixant ses attributions, l’on peut néanmoins tenter de les cerner à travers les documents dans lesquels le capitaine au fait de la santé apparaît (soit, pour l’essentiel, les actes réglementaires des capitouls et des pièces comptables du trésorier de la ville). De fait, l’on ne dispose que de peu de textes émanant directement des capitaines au fait de la santé et, au premier chef, des procès-verbaux qu’ils étaient habilités à dresser. Cette déperdition documentaire interdit donc de cerner le rythme de l’activité de ces officiers de l’hôtel de ville (remarque qui vaut aussi pour leurs commis)133.
61Le premier constat qui émerge des données collectées est que le titre qu’ils portaient rend mal compte de leurs attributions. En effet, contrairement à ce qui semble avoir été le cas dans la plupart des villes où il existait des officiers de santé municipaux, il s’avère non seulement que les capitaines au fait de la santé toulousains n’avaient aucune activité proprement médicale, mais encore que le volet sanitaire de leur travail était loin d’épuiser leurs activités, cas de figure qui se retrouve à Montpellier134. C’est donc l’étendue de leur champ de compétences et la diversité de leurs activités qui s’imposent à l’observation.
62Pour clarifier autant que faire se peut une situation quelque peu confuse, on peut distinguer les fonctions des capitaines au fait de la santé selon qu’on était ou non en temps d’épidémie. Ce faisant, dans l’optique qui est présentement la nôtre, nous nous attacherons plus particulièrement à leurs attributions sanitaires et hygiéniques.
Les attributions du capitaine au fait de la santé en temps d’épidémie
63Dès lors que les capitouls avaient décrété « l’état d’urgence » face à une épidémie, l’action du capitaine au fait de la santé était conditionnée par la lutte contre le mal. Les observations de Sylvie Mouysset formulées à propos du Rouergue (à travers les cas des villes de Rodez, Villefranche-de-Rouergue et de Millau) peuvent tout aussi bien s’appliquer au cas de la capitale languedocienne – comme de bien d’autres villes – en pareille situation lorsqu’elle explique qu’« au sein de l’ordre sanitaire, la distinction est simple : le conseil de santé est l’organe de décision, et à ce titre détient l’initiative de toutes les mesures prises en matière d’hygiène publique, tandis que les capitaines de santé et leurs compagnies sont l’organe d’exécution et doivent obéir aux ordres prescrits par consuls et conseillers réunis »135. Sur le terrain, il avait la responsabilité de faire appliquer les décisions du Conseil de santé.
64À Toulouse comme, semble-t-il, partout ailleurs136, la première tâche du capitaine au fait de la santé consistait à « empêcher les malades atteints de la peste de communiquer avec les autres citoyens » ; et voilà pourquoi dans un acte de l’année 1551, il est appelé « capitaine de la santé et de la peste »137. Ainsi, outre son implication dans la mise en œuvre des mesures d’assainissement de la ville et de désinfection des maisons de pestiférés, était-il plus particulièrement affecté à la gestion de la quarantaine imposée aux personnes contaminées – ou suspectées de l’être – qui étaient cantonnées au pré des Sept Deniers138. Tel fut bien le cas lors de l’épidémie de 1652-1653139. Sous son autorité, les gardes de santé devaient assurer la surveillance de ce lieu et distribuer la nourriture aux malades140. Notons que, contrairement à ce qui était le cas dans d’autres villes – Narbonne, par exemple141 –, le capitaine au fait de la santé n’était pas chargé de mener d’enquêtes pour identifier des individus contaminés se trouvant dans la ville. De fait, cette tâche incombait aux chirurgiens et aux médecins142. Précisons encore qu’il n’a pas été trouvé trace d’une quelconque relation entre ces derniers et notre officier municipal.
65Cette action sanitaire du capitaine au fait de la santé et de ses commis ne s’observe qu’à l’occasion des épidémies de peste et lorsque le Conseil de santé était convoqué. Curieusement, on ne les voit jamais à l’œuvre lorsque la ville était touchée par d’autres épidémies. De la même façon, on constate qu’ils n’apparaissent jamais lorsqu’il s’agissait de lutter contre un événement catastrophique (inondations, incendies). Mais peut-être ne s’agit-il là que d’un effet déformant de notre documentation qui s’avère bien avare en informations sur l’organisation des secours et les comportements des contemporains en pareilles circonstances. C’est du moins ce qu’incite à penser le seul document qui fourni l’exception confirmant la règle dans notre corpus. Il s’agit de la brochure que firent imprimer les capitouls au lendemain de l’inondation catastrophique du 17 septembre 1772 afin de relater leur action en cette circonstance143. Il y est fait mention à plusieurs reprises du rôle actif joué par Vital Ramond durant la crue qui, après avoir tenu informé les capitouls de la montée des eaux, eut pour mission d’organiser l’évacuation des habitants menacés par la Garonne. Rien n’indique dans ce texte qu’il s’agissait là d’une innovation. Quoiqu’il en soit, on peut rester sur l’idée selon laquelle l’aspect sanitaire du rôle des capitaines au fait de la santé se réduisait finalement à peu de choses.
Les attributions du capitaine au fait de la santé en temps ordinaires
66En temps ordinaires, les attributions du capitaine au fait de la santé embrassaient le champ de l’une des quatre fonctions traditionnelles des capitouls qu’on désignait sous le vocable de « réparations ». Nous avons vu que ce terme générique recouvrait deux grands secteurs d’activités.
67Le premier concernait l’entretien des biens patrimoniaux de la ville, quelle qu’en soit la nature. Le capitaine au fait de la santé faisait ainsi office d’intendant général de l’hôtel de ville, qualité qu’il faut entendre, ici encore, dans l’acception la plus extensive qui soit. De fait, de l’inspection de l’état des édifices appartenant à la ville à l’achat d’un simple fifre pour la fanfare du guet, il devait avoir l’œil sur tout ce qui appartenait en propre à la municipalité ainsi qu’à tous les types de matériels nécessaires à son fonctionnement. Son rôle consistait donc à se tenir au fait de l’état des biens et matériels tant pour prévenir les dégradations, que pour remédier à toute détérioration ou destruction, mais encore à pourvoir à l’approvisionnement des fournitures en tout genre nécessaires aux capitouls ainsi qu’à toutes les catégories de personnels de l’hôtel de ville (par exemple, il avait aussi en charge l’entretien du matériel et des postes de garde de la compagnie du guet et de la garde bourgeoise144). Le moindre détail requérait son attention et son intervention comme, par exemple, l’achat « de 12 pans de tafettas pour couvrir les tableaux du livre de l’histoire de M. Cammas, peintre »145. Ainsi, d’un registre à l’autre, le relevé des pièces comptables intéressant le capitaine au fait de la santé prend rapidement l’allure d’un inventaire à la Prévert. Aussi ne s’étonne-t-on pas de le trouver parfois mentionné avec un titre à rallonge, comme en 1701 où il était désigné comme : « capitaine au fait de la santé, inspecteur des réparations publiques et nettoiement des rues, inspecteur des ormeaux du quai »146.
68Relevons encore que, outre le service de la messagerie du Capitole147, le capitaine au fait de la santé supervisait les manifestations publiques du capitoulat, qu’il s’agisse des exécutions publiques148, des festivités ou toute autre cérémonie (comme par exemple, les obsèques royales célébrées à Toulouse). Ainsi, les pièces à l’appui des comptes du trésorier de la ville témoignent-elles que l’organisation matérielle des cérémonies publiques accaparait une partie de son temps, qu’il s’agisse des élections des capitouls pour lesquelles il s’occupait de la location des chevaux pour la cérémonie de la cavalcade, de la préparation des banquets donnés à l’hôtel de ville – et notamment de la buvette –, de l’achat de bouquets de fleurs offerts par les capitouls à l’Académie des Jeux Floraux, de l’achat des fagots de bois et de la paille pour les feux de joie, etc. C’est en considérant ce seul volet des fonctions du capitaine au fait de la santé que Pierre Lunel parlait de « factotum nécessaire » de l’hôtel de ville pour le désigner149. Mais ses attributions ne se limitaient pas là.
69Le second grand secteur d’activités que recouvrait la fonction des « réparations » concernait tout ce qui touchait à la voirie lato sensu. C’est à ce titre que le capitaine au fait de la santé avait en charge la police de la voirie150. Ce faisant, son action était tout à la fois préventive et répressive en vertu de son pouvoir de dresser des procès-verbaux contre les contrevenants à la réglementation municipale. Ainsi que le rappelaient régulièrement les ordonnances de police, il devait en premier lieu veiller à la propreté des rues en s’assurant que les particuliers balayent tous les jours devant leur porte et qu’ils ne laissent ou jettent aucun détritus dans la rue qui puisse devenir une entrave à la circulation ou une source de pestilences. Il devait aussi s’assurer que les tombeliers (i.e. entrepreneurs privés ayant pris à bail le nettoiement d’un quartier) s’acquittent ponctuellement de leurs obligations. Il avait encore en charge la surveillance des fossés mayraux que les riverains devaient récurer régulièrement. Enfin, sa vigilance devait se porter sur l’état de la voirie, notamment celui du pavé des rues. Pour ce faire, il procédait régulièrement à des tournées d’inspection dans la ville.
70Relevait aussi de la compétence du capitaine au fait de la santé tout ce qui touchait à la police de la construction et plus largement du bâtiment. Ainsi devait-il surveiller les nouvelles constructions et vérifier qu’elles respectaient l’alignement de la rue et surtout, qu’elles n’empiétaient pas, de quelque façon que ce soit, sur la voie publique. Il devait être encore vigilant à l’égard des maisons qui menaçaient « une chute prochaine » et prendre les dispositions nécessaires pour parer à toute éventualité. De la même façon, il devait procéder à des visites domiciliaires visant à constater l’état des cheminées et des fours afin de prévenir le risque d’incendie.
71Garant de l’hygiène et de la sécurité publique, le capitaine au fait de la santé devait surveiller la qualité des produits de consommation approvisionnant les marchés publics et les commerces d’alimentation. Aussi faisait-il régulièrement des tournées à la Halle de la Pierre ou à celle au Poisson ainsi qu’aux affachoirs. Dans le même but, il était aussi amené à intervenir dans les faubourgs pour faire des inspections151.
72La limite entre la police de l’hygiène et celle des métiers proprement dite devenait ainsi très floue. Entre autres exemples, un procès-verbal de Vital Ramond, en date du 18 avril 1771, atteste de cette confusion. Les bayles du corps des chevrotiers se plaignirent au capitaine au fait de la santé qu’« au prejudice des ordonnances de police et notamment a celle de 1763, il arrive journellement un monopole par la plupart de leurs maitres, qui vont aux portes et avenues de la ville arrer et acheter clandestinement au prejudice du public et de leur corps, tous les agnaux, que certains trafiquants vendent »152. Ayant été averti que ce jour là un grand nombre d’agneaux devaient arriver par la porte Saint-Cyprien, le capitaine de la santé s’y rendit en compagnie des bayles et put vérifier la véracité du délit.
73La vue impressionniste à laquelle nous condamne l’état de la documentation permet de saisir un officier municipal qui, tel un pompier courant d’un incendie à un autre, faisait son possible pour être présent sur tous les fronts relevant de ses nombreuses attributions. Pour épauler leur officier de santé dans ses multiples tâches, les capitouls ne nommèrent jamais un second officier mais ils lui adjoignirent quatre commis dits, eux aussi, « au fait de la santé » (attestés au milieu du XVIe siècle153). Au début des années 1780, leur nombre fut réduit à deux. Le rôle de ces commis demeure en partie obscur. En effet, ils apparaissent rarement dans nos documents qui montrent un capitaine au fait de la santé agissant soit seul, soit entouré de commis au fait de la police avec, le cas échéant, quelques soldats du guet. Outre leur rôle d’inspection des rues de la cité, on sait que ces commis pouvaient être conduits à veiller à l’application d’une peine infamante154.
74Outre ces subalternes, concurremment au juge au fait de la police, le capitaine au fait de la santé devait « veiller à ce que les commis de la police parcourent fréquemment leurs quartiers et dressent des verbaux contre les contrevenans »155. De fait, les commis au fait de la police agissaient souvent, leurs procès-verbaux en font foi, sous les ordres de l’officier de terrain qu’était le capitaine de santé. Bien qu’aucun document ne permette de l’établir formellement, il est probable que les employés municipaux chargé de la maintenance de biens publics (tels les gardes des places, des fontaines, des radeaux) ainsi que les balayeurs étaient placés sous son autorité, ou du moins qu’il devait veiller à ce qu’ils s’acquittent bien de leur travail. il apparaît ainsi que le capitaine au fait de la santé occupait une place cardinale entre les capitouls et nombre de leurs « suppôts »156.
L’évolution des attributions du capitaine au fait de la santé
75Avec le temps, la charge de travail du capitaine au fait de la santé n’a cessé de s’alourdir dans tous les domaines, du fait, notamment, de l’augmentation de la population (et, par voie de conséquence, des problèmes d’hygiène publique), du développement de l’activité du capitoulat et de l’accroissement et la diversifications des équipements de la ville (comme, par exemple, les matériels de lutte contre les incendies). Ce fut notamment le cas après que les capitouls ont décidé d’observer l’édit de 1697 portant que toutes les villes du royaume devaient se doter de lanternes publiques157. Il revint alors au capitaine au fait de la santé la charge de s’occuper de cet éclairage public, ce qui consistait notamment à approvisionner les dizeniers en chandelles au fur et à mesure des besoins et à se tenir informé, par leur entremise, des dégradations qui étaient faites aux lanternes publiques et à veiller à leur remplacement. Régulièrement, en compagnie des entrepreneurs de l’entretien des lanternes, il faisait des tournées dans la ville afin d’inventorier les lanternes cassées ou dégradées.
76Jusqu’à la fin du XVIIe siècle les attributions du capitaine au fait de la santé n’ont cessées de s’étendre. Au XVIIIe siècle, par contre, on observe une évolution inverse. Les capitouls semblent avoir reconnu (le fait n’est jamais exprimé dans nos documents) que leur officier de santé ne pouvait plus assumer seul ses multiples fonctions alors que la cité voyait sa population augmenter et ses besoins croître. À partir de 1719, ils créèrent de nouveaux emplois municipaux, créations qui revenaient, de fait, à soulager ou à décharger le capitaine au fait de la santé d’une partie de son travail. Ainsi, le premier mars 1719, deux postes d’inspecteurs au nettoiement des rues furent-ils institués, soit « deux officiers de police et preposés especialement et uniquement pour ce fait sans qu’on les puisse employer a autre usage pour dresser les verbaux des contraventions »158. Bien qu’aucun texte ne le spécifie, ces inspecteurs furent probablement placés sous la tutelle hiérarchique du capitaine au fait de la santé qui put désormais se contenter de contrôler l’action de ses subalternes dont il avait à rendre compte devant les capitouls, ainsi que le rappelaient régulièrement les ordonnances de police relatives à la police de la voirie159. Cela ne signifie pas pour autant qu’il était dispensé de tout service sur la voie publique, comme l’attestent certains procès-verbaux de police160.
77Une quinzaine d’années plus tard, le capitoulat créa un poste d’ingénieur des travaux publics de la ville (plus tard dénommé « directeur des travaux publics » ou « architecte de la ville »)161. Cet officier municipal était chargé, en lieu et place du capitaine au fait de la santé, de la police du bâtiment et de l’entretien des chemins et des fossés mayraux162 avec, dans ce cas, le capitaine au fait de la santé163. Il est fort probable que l’embauche d’un vétérinaire, en 1782164, le dégagea des problèmes causés par les animaux dans la ville165.
78À travers la création de ces quelques emplois spécialisés au sein du personnel municipal, nous saisissons de façon ponctuelle une évolution plus générale qui caractérise l’administration capitulaire qui a valorisé la spécialisation des tâches au XVIIIe siècle166. Ce processus de professionnalisation a donc rejailli sur les attributions du capitaine au fait de la santé sans qu’on puisse en mesurer les incidences réelles. On peut cependant observer que, si les capitouls ont démembré les attributions de police sanitaire de leur officier de santé, ils n’ont pas touché à son rôle d’intendance au sein de l’hôtel de ville qui est ainsi devenu sa fonction première au siècle des Lumières.
79Responsable de l’hygiène publique, de la police sanitaire et intendant général de l’hôtel de ville, pour ne pas dire « homme à tout faire des capitouls », le capitaine au fait de la santé a occupé au sein du capitoulat une place beaucoup plus importante que celle que l’historiographie de cette institution lui a reconnu jusqu’à maintenant. De fait, même si bien des aspects de ses activités nous échappent encore, c’est un personnage clef de l’administration municipale qu’on découvre avec cet officier municipal aux multiples facettes. Dans l’optique qui est présentement la nôtre, nous resterons sur l’idée qu’il ne participait directement à l’encadrement médical de Toulouse que de façon ponctuelle (soit lors des épidémies et de certaines catastrophes) mais sans jamais lui être totalement étranger compte tenu de son rôle en matière d’hygiène publique, même si ce volet de ses activités s’est contracté dans le courant du XVIIIe siècle. En quelques décennies, en effet, ses attributions ont évolué plus vite que durant les deux siècles précédents.
Les professionnels de la santé au service du Capitoulat
80Un nombre important d’individus travaillait au service de la ville. Ce personnel municipal se composait de trois grandes et inégales catégories : les salariés, les contractuels et les assermentés (par exemple, les dizeniers). L’augmentation significative des effectifs qu’on enregistre durant le dernier siècle de l’Ancien Régime, et singulièrement à partir du milieu du XVIIIe siècle, n’a pas modifié le ratio de ces différentes catégories de personnels qui est resté très déséquilibré. Ainsi, malgré une croissance notable de ses effectifs, le groupe des contractuels est-il resté largement minoritaire.167
81On trouve dans cette catégorie de personnel des individus ayant des compétences professionnelles spécialisées dont pouvait avoir besoin plus ou moins ponctuellement le capitoulat à des fins très diverses. Il les employait à temps partiel, leur laissant le droit de continuer par ailleurs leur métier. Ce faisant, l’on peut établir un distinguo entre, d’une part, ceux dont les contrats étaient reconduits – par tacite reconduction – d’une année sur l’autre et qui apparaissent ainsi comme autant de « permanents » au sein de l’hôtel de ville, et d’autre part, ceux qui étaient chargés de missions temporaires qu’on peut assimiler à des vacataires. Rétribués par la ville (ils figurent dans les comptes de dépenses ordinaires du trésorier de l’hôtel de ville), ils n’étaient cependant pas intégrés au personnel municipal proprement dit. Ainsi n’apparaissaient-il pas dans les manifestations publiques aux côtés des capitouls et de leurs employés. C’est parmi ces contractuels qu’on trouve les professionnels de la santé.
Les personnels de santé permanents
82Au regard de l’évolution générale des personnels contractuels du capitoulat durant le dernier siècle de l’Ancien Régime, il s’avère que les capitouls ont nettement privilégié deux secteurs d’activités : l’enseignement et la médecine. Dans ce dernier cas, l’on constate un réel effort de recrutement, caractérisé par un souci de diversifier les disciplines médicales mobilisées au service de la ville (document 4).
Médecins et chirurgiens ordinaires de la ville
83L’engagement de médecins et/ou de chirurgiens par les municipalités se développe dans l’Europe méridionale à partir du milieu du XIVe siècle169. La pratique se diffuse lentement par la suite à la faveur du développement des institutions hospitalières, d’une part, et des retours périodiques de la peste, d’autre part ; les deux phénomènes étant liés. Ce faisant, comme pour le capitaine au fait de la santé, de temporaires ces emplois se sont pérennisés avec le temps. Cette évolution générale se retrouve dans le cas toulousain où ses modalités restent cependant à étudier.
84Les médecins dits « ordinaires » qu’employait le capitoulat étaient ceux-là même qui étaient affectés au service de l’hôtel-Dieu et, à partir de 1765, de La Grave170. Ponctuellement, les capitouls pouvaient les solliciter pour des tâches extra hospitalières. En l’occurrence, ils étaient chargés de faire « le rapport des blessures et ouvertures des cadavres qu’il y avait lieu de faire dans les procédures » (criminelles)171. C’est ainsi, par exemple, que la première expertise de la dépouille de Marc-Antoine Calas, effectuée sur la « scène de crime », a été faite par Jean-Pierre Latour, professeur royal en médecine, « ordinaire de l’hôtel Dieu », et par les maîtres chirurgiens Antoine Pleyronnel et Jean-Pierre Lamarque172. Cependant, les rapports d’expertises médico-légales qui nous sont parvenus montrent qu’ils n’avaient pas l’exclusivité de cette pratique, le capitoulat ayant régulièrement recours aux chirurgiens jurés, voire à leurs confrères de la ville173.
85Selon Victor Fons, un médecin de l’hôtel de ville « devait aussi soigner les prisonniers détenus dans les prisons municipales »174. Mais, pas plus que les chercheurs qui se sont penchés sur l’histoire des prisons toulousaines175, nous n’avons trouvé de trace de cette obligation de service qui aurait dû être fort astreignante du fait de l’état de délabrement et d’insalubrité dans lequel le capitoulat laissait végéter sa prison. Le fait peut s’expliquer en ceci que cette tâche incombait traditionnellement aux surintendants de la confrérie de la Miséricorde qui devaient pourvoir à « la norriture, traictemens et medicamens » des prisonniers malades176. Par contre, il est acquis qu’un médecin et un chirurgien s’occupaient de la prison du parlement177.
86Il n’est sans doute pas vain d’observer que rien n’indique que les médecins ordinaires de la ville – comme d’ailleurs les chirurgiens – aient pu à voir quelque chose de particulier avec le reste du nombreux personnel de l’hôtel de ville ; que ce soit lors des recrutements (point donc de « visite médicale » à cette occasion) ou en d’autres circonstances178. Ce constat permet d’apprécier à sa juste mesure la petite innovation que les capitouls introduisirent le 1er septembre 1770 dans le service du médecin ordinaire en le chargeant de faire une visite médicale des femmes qui voulaient s’inscrire au Bureau d’adresse municipal pour les nourrices qu’ils venaient de créer et de vérifier la qualité de leur lait179. Il y a lieu de croire que c’était là la première modification apportée aux obligations de service de ces médecins depuis, au moins, 1647.
87Les chirurgiens de peste n’ayant laissé que des traces ténues dans les archives du capitoulat, ils demeurent peu et mal connus180. C’est notamment le cas en ce qui concerne leurs activités et, plus particulièrement, celles menées en dehors des périodes d’épidémies.
88Les toutes premières années du XVIe siècle furent marquées à Toulouse par des poussées de pestes (été 1502 ; été 1505 ; été 1506-janvier 1507). Ces épidémies récurrentes poussèrent les capitouls à créer, en 1508, l’hôpital Saint-Sébastien, autrement dénommé : des Pestiférés. En 1510, ils lui « destinerent deux chirurgiens pour proceder aux pestiferés et les firent loger en maison privée »181. Germain de La Faille précise qu’ils recevaient chacun « une pension de cent francs tous les ans »182.
89Émoluments élevés et logement de fonction rendaient les postes de chirurgiens pro peste très attractifs, ce qui ne manqua pas de provoquer des tiraillements au sein de la communauté des maîtres chirurgiens de la ville. Les choses s’envenimèrent au point que le Parlement fut contraint d’intervenir le 17 mars 1525 par le biais d’un arrêt fixant les obligations respectives des parties prenantes183. Le capitoulat devait désormais engager deux maîtres chirurgiens payés 300 livres par an, « tant en temps de peste que de santé, qui devaient être réglés en quatre termes, durant l’année, commençant ès jour de leur réception. Ces deux experts et expérimentés au fait de ladite peste » devaient avoir été préalablement élus par leurs pairs au sein de leur communauté. À travers les interventions du parlement qui se succédèrent jusqu’à la peste de 1628-1632, Jean Barbot a montré que ces postes restèrent des objets de contentieux durant un siècle, soit au sein de la communauté des maîtres chirurgiens, soit entre cette dernière et le capitoulat184. La situation semble s’être normalisée par la suite sur la base d’un statu quo ante, soit l’arrêt de 17 mars 1525.
90Tant que les capitouls redoutèrent la menace de la peste, ils gardèrent deux chirurgiens visiteurs jurés à leur service avec des gages annuels de 300 livres pour les années marquées par une épidémie et seulement 100 pour les années sans. On sait que, mis à part la peste de Provence de 1720-1722, la dernière poussée de peste bubonique dans l’Europe du Nord-Ouest se situe entre les années 1663 et 1670, la France étant touchée entre la fin de l’année 1669 et le mois de février 1670185, épidémie qui n’affecta que les provinces du Nord et du Nord-Ouest186. Le caractère limité de cette épidémie, l’efficacité des mesures prophylactiques prises à cette occasion et le constat de la disparition de la peste dans le Haut-Languedoc depuis 1653 poussèrent les capitouls à se croire autorisés à faire des économies en réduisant de moitié les gages des deux chirurgiens pro peste, à partir de l’année 1673, au grand dam de ces derniers187.
91Au début du XVIIIe siècle (à une date qui reste à préciser), le capitoulat supprima l’un de ces deux postes, de sorte qu’il n’y eut plus qu’un chirurgien visiteur juré jusqu’à la Révolution, jouissant de 50 livres d’émoluments annuels. Cependant, nous allons voir que la disparition de ce poste ne tarda pas à être compensée par la création d’un nouvel emploi de chirurgien, en l’occurrence spécialisé en obstétrique.
Le chirurgien lithotomiste
92En 1633, les capitouls décidèrent de pensionner un chirurgien lithotomiste, spécialiste du traitement de la maladie de la pierre, cataractes et descentes de boyaux, décision qui ne fut ratifiée par le Conseil du roi qu’en 1671188. Sa fonction consistait à pratiquer à l’hôtel-Dieu « l’opération de la taille et de la sonde sur les nombreux pauvres atteints de la pierre, si les médecins jugent à propos qu’elle soit faite »189. En 1686, Jean-Baptiste Raisin (parfois orthographié : Rezin), lithotomiste, « taillant au grand appareil et guérissant toute sorte de carnosités », recevait 800 livres par an et était logé aux frais de la ville. Il tenait boutique comme les autres chirurgiens »190. Joseph Rigoul lui succéda en 1723 avec les mêmes droits et privilèges191. Quelques mois après sa nomination, la municipalité lui adjoignit Isaac Lamarque, lequel ne percevait que 300 livres de gages annuels192. Ainsi y eut-il désormais deux lithotomistes au service de la ville.
93Isaac Lamarque étant décédé le 28 juin 1748, son fils aîné fut nommé à la place. Rigoul exerça son art jusqu’à sa mort, survenue le 2 septembre 1757, non sans connaître quelques tiraillements avec la municipalité qui se fit tirer l’oreille pour lui acquitter ses gages193. « Le 2 septembre 1757, le chirurgien Lamarque ayant demandé d’être admis et reçu en survivance à la place de chirurgien lithotomiste occupée par Rigoul, et son frère cadet ayant demandé à se substituer à lui-même pour la deuxième place de lithotomiste, le Conseil de Bourgeoisie, après discussion, fit droit à leur requête »194. Contrairement à ses aînés, ce Lamarque cadet ne se borna pas à exercer son art mais eut à cœur de l’approfondir avec des recherches expérimentales, ainsi qu’il l’exposait dans la lettre qu’il écrivit à l’intendant, le 28 juin 1775, pour lui faire valoir ses nombreux travaux et les publications qui en résultèrent et demander une indemnité à titre de gratification195. Restons sur le fait que la famille Lamarque accapara la fonction de lithotomiste196, pratique qui était assez courante au sein du personnel municipal tant il est vrai que les capitouls aimaient à fidéliser de la sorte leurs employés.
L’accoucheur juré de la ville
94En 1734, le capitoulat innova en créant un poste d’accoucheur juré, « pour secourir gratuitement les femmes enceintes reconnues pauvres, dans le cas où l’expérience des sages-femmes n’est pas suffisante »197. Certains documents précisent qu’il devait traiter les femmes (pauvres) « tant de la ville que des hôpitaux »198. Obligation lui était faite de résider à Toulouse qu’il ne pouvait quitter sans une autorisation des capitouls. En contrepartie de ses services, il percevait un traitement annuel de 300 livres.
95Si l’on peut voir dans la création de ce poste une illustration à la fois des avancées du savoir obstétrical et de l’émergence d’une sensibilité nouvelle à l’égard de la prime enfance au siècle des Lumières199, sa motivation (que les documents ne précisent pas) est à chercher ailleurs. En l’occurrence, elle nous ramène à ce phénomène majeur de l’histoire sociale du XVIIIe siècle qu’est l’inflation des abandons d’enfants lié à l’explosion des naissances illégitimes200, tout particulièrement prononcé dans les grandes villes telles que Toulouse201. En l’absence de données statistiques pour la capitale languedocienne, les informations qu’on peut glaner sont concordantes pour mettre en évidence que la seconde moitié des années 1720 fut marquée par une aggravation du phénomène, qui alla crescendo durant le début de la décennie suivante202 pour exploser durant les dernières décennies de l’Ancien Régime203. Cette situation posa problème aux autorités qui tentèrent de trouver des solutions204. La création du poste d’accoucheur juré de la ville apparaît ainsi comme le point d’orgue médical de toute une série de mesures réglementaires et financières.
96Le choix des capitouls se porta sur Jean Fronton. Fils de Bertrand, chirurgien juré de la ville, il acquit sa maîtrise en chirurgie en 1720, alors qu’il avait 34 an, et s’était taillé depuis une solide réputation dans l’art obstétrical dont il avait fait sa spécialité205.
97Au fil du temps, les relations entre le chirurgien et la municipalité se dégradèrent, les capitouls lui reprochant de ne pas s’acquitter correctement de ses obligations. Nous ne croyons pas prendre trop de risques en avançant l’hypothèse que ces récriminations étaient, en fait, un chantage du capitoulat sur leur employé. De fait, ce dernier s’activait à gravir les échelons au sein de sa corporation, laquelle était en conflit avec la municipalité depuis la fin du XVIIe siècle afin d’échapper à sa tutelle. Ce n’est donc probablement pas un effet du hasard si les rapports entre Fronton et les capitouls se détériorèrent en 1737 au point qu’ils envisagèrent de supprimer sa pension, soit alors même que le chirurgien devenait greffier de sa communauté (fonction qu’il exerça jusqu’en 1753). Sans que l’on connaisse le fin mot de cette affaire, les choses rentèrent finalement dans l’ordre et, durant une dizaine d’années, il n’y eut plus de problèmes. Durant cette période, Fronton poursuivit ses travaux sur l’art des accouchements qui lui ouvrirent, en 1747, les portes de la classe d’anatomie de l’Académie royale des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse où il eut à cœur de se distinguer.
98Jean Fronton semble avoir eut une forte personnalité empreinte d’une certaine vanité qui lui valut de nouveaux ennuis. En 1750, il ne se privait pas de faire état devant ses confrères de l’Académie de ses difficultés professionnelles avec certains de ses confrères chirurgiens de la ville qui lui disputaient ses patients. L’année suivante, la très haute opinion qu’il se faisait de lui-même le poussa à tenter d’obtenir le doublement de ses gages. Devant la fin de non recevoir que lui opposèrent les capitouls, il en appela à l’intendant206. Excédés, les magistrats municipaux contre-attaquèrent en nommant une commission pour déterminer s’il n’y avait pas lieu de supprimer sa pension de 300 livres (façon policée d’envisager sa révocation). Les trois commissaires n’eurent, semble-t-il, pas de mal à établir qu’il ne faisait « aucun accouchement gratis, et ne donn[ait] aucun secours aux pauvres d’autant plus sûrement qu’il n’allait jamais à l’Hôtel Dieu »207.
99La situation de Jean Fronton était donc des plus délicates lorsque survint, au printemps 1752, une crise épidémique – dont la nature reste à éclaircir (paludisme ?) – qui devait rapidement prendre des proportions catastrophiques. En effet, ce fut non seulement la crise la plus importante que connut Toulouse au XVIIIesiècle, mais encore de l’une des plus graves crises de surmortalité de son histoire, et certainement, avec 5.498 décès en 1752 (soit au moins 11 % de la population de la ville), de la crise la plus importante de l’époque moderne après l’épidémie de peste de 1628- 1631208. Il y a lieu de croire que Fronton s’employa énergiquement à soulager les innombrables malades qui se pressaient à l’hôtel-Dieu. Ce faisant, il étudia scientifiquement l’étrange maladie, lui consacrant deux mémoires qu’il présenta à l’Académie royale des sciences, inscriptions et belles-lettres de la ville. Les capitouls surent reconnaître le zèle et le dévouement de leur accoucheur des pauvres en le maintenant dans ses fonctions. De son côté, le chirurgien abandonna ses prétentions salariales, de sorte que les choses rentrèrent dans l’ordre… Pour un temps du moins.
100En effet, le bouillonnant chirurgien ne tarda pas à s’attirer de nouveaux ennuis. Au sein de sa communauté, il s’érigea en « chef des opposants à l’enregistrement d’une déclaration du roi concernant la chirurgie »209 en distribuant dans tout le ressort du parlement de Toulouse des mémoires contre Germain Pichault de La Martinière, premier chirurgien du roi, dans lesquels ce dernier était « traité sans menagement »210. Il ne se priva donc pas de porter plainte contre Jean Fronton qui fut condamné par lettres de cachet, en novembre 1752, à être exilé à vingt lieues de Toulouse, dans l’élection de Villefranche (-de-Lauragais). À peine avait-il quitté la ville que le contrôleur général recevait nombre de représentations pour obtenir sa grâce, lesquelles mettaient en avant « qu’il est tres bon accoucheur et même l’unique a Toulouse »211. On ignore les suites de cette affaire, mais il y lieu de croire qu’après avoir communiqué à l’intendant le mémoire justificatif qui lui avait été demandé212, Fronton ne fut pas long à regagner son foyer. Le fait est que le capitoulat n’eut pas à se soucier de trouver un autre accoucheur des pauvres.
101Jusqu’en 1766, Jean Fronton ne fit plus parler de lui à l’hôtel de ville. Il est probable qu’en avançant en âge, il trouva un accommodement avec les capitouls pour le soulager d’une partie de son service à l’hôpital. En effet, une délibération particulière de l’administration de l’hôtel-Dieu du 3 mai 1766, faisant suite à « une discussion entre deux garçons chirurgiens » qui donna lieu à leur exclusion de l’établissement, indique que les accouchements étaient « faits, soit personnellement par Taillards, chirurgien-major, à défaut de lui, par Villars, intendant en chirurgie, soit encore par Fronton »213. C’est là la dernière fois qu’on le trouve mentionné en qualité d’« accoucheur juré de la ville ».
102Le 29 décembre 1782, les commissaires du roi nommés pour assainir les finances de la ville rendirent une ordonnance dans laquelle ils proposaient de supprimer la pension de l’accoucheur des pauvres214. Les capitouls s’y opposèrent et nommèrent peu de temps après Noël Villars, professeur à l’école de chirurgie de la ville, en qualité d’accoucheur des pauvres, avec les mêmes gages annuels que ses prédécesseurs215. Mais la ville négligea de lui verser ses gages pendant les trois années qui suivirent au terme desquelles il adressa une requête aux capitouls pour qu’ils lui règlent ce qu’ils lui devaient. Ces derniers nommèrent à leur habitude une commission dont le rapport fut entendu lors de la séance du Conseil politique du 21 juillet 1786216. Le marquis de Thésan appuya chaudement la requête de l’accoucheur dont il louait l’activité ; aussi le Conseil politique fit-il droit à la réclamation du sieur Villars et garantit ses gages à l’avenir217.
103De tous les employés médicaux de l’hôtel de ville, l’histoire des accoucheurs des pauvres fut la plus mouvementée. Le fait tient tant aux personnalités qu’aux difficultés financières de la municipalité. Quoi qu’il en soit, ce ne furent donc pas les raisons qui manquèrent aux capitouls pour supprimer ce poste. Ils n’en firent pourtant rien, allant jusqu’à s’opposer aux commissaires du roi qui le jugeaient superflu. Cette attitude témoigne d’une réelle sensibilisation du capitoulat aux questions sanitaires et sociales relatives aux accouchements.
Le professeur vétérinaire de la ville
104La dernière création d’une pension pour un poste médical par le capitoulat marqua une réelle innovation. Dans le courant de l’année 1782, il décida d’embaucher un vétérinaire. Les motivations des capitouls n’étant pas précisées dans nos sources, l’on ne saurait dire ce qui, de leur souci de mettre leur ville au diapason de son temps218 ou de la crainte de l’épizootie toujours présente dans les esprits depuis 1774, emporta leur décision. Il y a cependant tout lieu de croire que la rage qui menaçait la ville et ses environs ne fut pas étrangère à la création de ce nouveau poste219.
105Le capitoulat s’adjoignit les services de Pierre Bullion qui venait de recevoir son brevet de professeur de l’École royale vétérinaire de Paris (20 mars 1781)220 et exerçait depuis mars 1781 à l’école vétérinaire d’Alfort en qualité de professeur des forges221. Il fut ainsi le premier vétérinaire diplômé à s’installer à Toulouse. Malheureusement, l’indigence de la documentation ne permet pas de cerner la mission et les activités de ce vétérinaire municipal. Les bribes d’informations collectées autorisent seulement à lever quelque peu le voile sur ce pionnier de l’art vétérinaire à Toulouse.
106Gagné aux idées prophylactiques des Lumières, Pierre Bullion fut admis, peu de temps après son installation, dans la loge toulousaine de l’Encyclopédique. On sait qu’il y animait les travaux de son comité d’agriculture en communiquant le fruit de ses recherches personnelles et en menant diverses expériences d’agronomie222. En 1784, au grand soulagement des capitouls, il œuvra efficacement pour enrayer le départ d’une épidémie de morve en faisant abattre les bêtes contaminées, mais aussi en parvenant à en traiter quelques-unes223.
107À la même époque, comme nombre de ses confrères dans le royaume224, il s’aliéna les maréchaux-ferrants de la ville pour des raisons que nos sources ne précisent pas mais qu’on peut aisément deviner. En effet, on sait qu’avant l’apparition des vétérinaires, les soins des animaux entraient dans les attributions de ces artisans225. Les maréchaux-ferrants virent d’un très mauvais œil la concurrence que leur faisait Pierre Bullion au point de se liguer pour lui faire un procès dans le but déclaré de le chasser de la ville. Ainsi que l’écrivait M. Chauliac, capitoul, à l’intendant, ils seraient parvenus à leurs fins si la municipalité n’avait fait bloc derrière son « professeur vétérinaire » et, surtout, si elle n’avait consenti d’importants efforts pour s’attacher durablement ses services. En l’occurrence, en 1785, non seulement les capitouls doublèrent son salaire, qui passa de 300 à 600 livres, mais encore ils acceptèrent de le loger aux frais de la ville (dans une maison remise à neuf à cette occasion pour quelques 3.000 livres). Monsieur Chauliac soulignait que « c’est beaucoup de faire avec tant de besoin une si forte depense » ; et le capitoul d’expliciter :
Mais on tient beaucoup a conserver ce sujet. On est encore effrayé des suites des malheurs de l’epizootie et on le sera longtemps pour ne pas desirer d’assurer l’etablissement d’un professeur veterinaire dans un pays ou les marechaux sont si ignorants.
108Pierre Bullion avait tout lieu d’être satisfait. Dans la hiérarchie des personnels du capitoulat, avec son logement de fonction et son salaire, il se trouvait placé au même rang que les officiers de l’hôtel de ville (mais sans en avoir le titre). Il put donc continuer à exercer son art sereinement. C’est ainsi qu’on le retrouve au printemps 1787, paré du titre de « professeur de l’École vétérinaire », dressant un procès-verbal à la suite d’un accident de la circulation où une ânesse fut estropiée à cause d’une collision avec un carrosse226.
109S’il fut le premier, Pierre Bullion ne fut pas le seul vétérinaire à venir s’installer dans la capitale languedocienne à la fin de l’Ancien Régime. Il eut au moins un autre confrère, en la personne de Jean Morette qui apparaît, dans un procès-verbal daté du 1er juillet 1784, en qualité d’artiste vétérinaire, habitant de Toulouse227. Ces deux hommes furent probablement les seuls représentants de leur corps qu’ait connu le Midi toulousain avant la création, au mois de janvier 1793, d’une école vétérinaire secondaire à Toulouse, appelée à disparaître quelques années plus tard228.
110Au bout du compte, on retrouve, dans le cas particulier des personnels médicaux employés par le capitoulat les grands traits qui caractérisent l’évolution générale des employés de la ville229 avec, au XVIIIe siècle, une augmentation globale des effectifs et une diversification des qualifications de ces médecins. Aussi peut-on dire que le capitoulat fit de réels efforts pour améliorer le service sanitaire de la ville tout au long des deux derniers siècles de l’Ancien Régime.
Le recours à des praticiens « vacataires »
111Pour appréhender les personnels médicaux embauchés par le capitoulat pour une durée déterminée, nous reprendrons la distinction entre les périodes « normales » et les temps d’épidémie.
En temps d’épidémie
112Lorsqu’une ville était touchée par une épidémie de peste, l’un des premiers soucis des magistrats municipaux était de trouver des médecins ou des chirurgiens « spécialisés » dans le traitement de cette maladie et, quand il ne s’en trouvait pas – ou ne s’en trouvait plus – sur place, d’en faire venir d’autres villes à cet effet. C’est ainsi que des médecins toulousains pouvaient être sollicités par des consulats aux abois qui s’arrachaient leurs services. Par exemple, lors de l’épidémie de peste de Villefranche-de-Rouergue de 1627, il fallut « chercher des chirurgiens pour traitter les malades. On envoya à Tolose, à Caors et en plusieurs autres lieux, particulièrement s’adressa[-t-]on a quelques uns qui s’estoient autrefois employés en pareille maladie : en leur refus Monsieur Nuejoul fut prié d’aller à Lyon d’où il nous amena le sieur Buisson et deux parfumeurs quelques temps après on en recevra deux de la famille du sieur Hieronimo grand opérateur de Tolose »230.
113Les maîtres chirurgiens de la capitale languedocienne n’étaient pas moins sollicités et monnayaient leurs services à prix d’or. Par exemple, le contrat passé le 15 octobre 1631 entre Charles Purpan et les consuls de la ville d’Albi nous apprend qu’en contre-partie des soins qu’il s’engageait à donner, il recevrait « 120 livres pour chacun mois, un logis condécent pour sa demeure ainsi que pour son assistant, avec meubles nécessaires et de plus, lui feront fournir le bois pour son chauffage, les chandelles »231. Il semble cependant que les chirurgiens étaient surtout employés par les petites communautés qui n’avaient pas les moyens de s’offrir les services d’un médecin. Ce fut, par exemple, le cas de la communauté de Pinsaguel, qui employa en 1629 maître Cardaillac, « maître chirurgien de peste de la ville de Tolose »232.
114Les capitouls furent amenés à agir de même à l’occasion de la terrible épidémie de peste qui, entre le 2 novembre 1628 et la fin de l’année 1631, décima la population toulousaine dans des proportions que l’historiographie toulousaine a bien sous-estimée jusqu’à présent. À défaut de données statistiques utilisables, l’on peut se faire une vague idée de l’ampleur de cette catastrophe démographique à travers les témoignages impressionnistes des contemporains qui, de façon certainement exagérée, parlaient de 60.000 morts entre les mois de novembre 1628 et avril 1630, 50.000 pour les seules années 1630-1631, les capitouls évaluant quant à eux le nombre total de victimes à plus de 80 000 morts ( !). Tout porte donc à croire que, du fait de son exceptionnelle durée et de sa virulence, cette épidémie fut la plus grande mortalité qu’ait connue la capitale languedocienne à l’époque moderne.
115Dans ce contexte d’apocalypse, le capitoulat dut rapidement faire face aux décès ou aux départs des chirurgiens pro peste qu’il employait et à l’impossibilité de leur trouver des remplaçants dans le corps médical local233. En effet, les médecins et les maîtres chirurgiens furent parmi les premiers à déserter Toulouse, malgré les ordres réitérés du capitoulat et du parlement leur interdisant de partir et leur enjoignant de regagner la ville dans les meilleurs délais. C’est ce qui explique pourquoi, deux semaines à peine après que l’épidémie se soit déclarée, les capitouls n’eurent pas d’autre alternative que d’embaucher, le 15 novembre 1628, Nella Glacan, médecin irlandais recommandé par les pères capucins. En 1631, ils décidèrent « d’accorder dix à douze maîtrises aux compagnons chirurgiens à condition qu’ils exercent leur ministère pendant la peste »234. Au lendemain de cette terrible poussée pesteuse, craignant le retour du fléau, le 16 juin 1633, ils s’attachèrent les services d’un médecin d’Orthez nommé Jean Pontacq235.
116Après 1653, la peste épargna la capitale languedocienne qui fut dès lors surtout victime de crises de subsistances. Quant aux épidémies qui touchèrent la ville, elles n’avaient plus rien à voir avec les flambées pesteuses du premier XVIIe siècle de sorte que le capitoulat ne fut plus confronté à une pénurie de personnel médical. L’exception qui confirme cette règle se produisit à l’occasion de la suette miliaire qui frappa Toulouse dans la seconde quinzaine du mois de mai 1782236.
117Cette épidémie provoqua un vent de panique générale dans la population – une « grande peur » avant la lettre – qui se mit à déserter massivement la ville, parlementaires en tête. Plus de 20.000 personnes quittèrent précipitamment la ville, selon le subdélégué. Contrairement à ce qu’ils avaient pu faire par le passé, les professionnels de la médecine restèrent sur place pour soigner leurs concitoyens tombés malades par milliers (soit plus de 8.000, selon les capitouls), alors que la faculté de médecine se mobilisait pour trouver un traitement. Cela n’empêcha pas les capitouls de solliciter l’aide de l’intendant afin qu’il leur envoie rapidement un médecin au fait de cette maladie, ce qu’il fit. Monsieur Fouquet, médecin de l’hôpital militaire de la citadelle de Montpellier, fut ainsi dépêché à Toulouse où il pratiqua des autopsies avec ses collègues qui leur permirent de trouver un traitement efficace (consistant en abondantes saignées). Quant à la permission de faire venir trois « cooperateurs etrangers » afin d’épauler leurs confrères toulousains débordés par le nombre de malades, que les magistrats municipaux avaient demandée au commissaire départi, elle fut rendue caduque par le reflux rapide de l’épidémie.
En temps ordinaires
118Les capitouls pouvaient aussi s’attacher les services de praticiens en dehors des périodes d’épidémie et, ce faisant, avoir recours à des « empiriques », pourvu que leurs traitements et/ou leurs remèdes aient fait la preuve de leur efficacité. C’est ce qu’ils firent en 1644 avec le dénommé Joseph Balsamo, originaire de Sicile, qui se prétendait gentilhomme, chevalier de l’ordre de Sainte-Croix, et opérateur et distillateur du roi (de France)237. Il était l’inventeur d’une huile médicinale aux vertus curatives quasiment universelles qui avaient, à ses dires, prouvé son efficacité à maintes reprises un peu partout en Europe et en France. Dans ses lettres de naturalité qu’il fit enregistrer par le Parlement de Toulouse le 11 mai 1637, on apprend qu’il vivait depuis quatorze ans en France et avait fait sa résidence dans la capitale languedocienne, où il comptait passer le reste de sa vie. Le 7 avril 1644, le Conseil de Bourgeoisie eut à statuer sur la requête que venait de lui présenter « le sieur Balzamo, opérateur en distillation, homme assez cogneu dans la ville à cause de la rareté de son excellent huile ». Ce dernier demandait à la municipalité qu’elle lui octroie sa lettre d’habitanage mais « avec les mesmes advantaiges que les autres villes luy ont donné ». En l’occurrence, outre le droit de bourgeoisie, il réclamait d’être exempté du paiement des « impôts locaux » ainsi que du service de la garde bourgeoise et de « toutes autres charges publiques ». Qui plus est, il voulait que la ville « luy passe quelque petit fonds, offrant de l’employer en œuvres pies en donnant aux pauvres de l’Hospital ou autres nécessiteux de la ville plus que ledit fondz ne scauroit monter ». Les capitouls accédèrent à toutes ces demandes. Dans la lettre d’habitanage qu’ils lui remirent le 26 avril 1644, ils précisèrent que toutes les exemptions étaient octroyées à vie. De plus, ils lui accordèrent un privilège d’exclusivité fort appréciable de nature à lui garantir son moyen de subsistance. En effet, il ne serait plus « permis ni loisible a aucuns revendeurs d’huiles ni autres empiriques opérateurs étrangers, de tenir chambre ni boutique dans ladite ville, ni monter sur le théâtre pour vendre aucuns huiles ni drogues sans le consentement dudit sieur Balsamo, et après qu’il les aura visité et vérifiés ». Ainsi le capitoulat s’attachait-il durablement cet opérateur sans débourser un sou.
119Dans le courant du XVIIIe siècle, nous n’avons trouvé la trace que deux « praticiens » itinérants embauchés par le capitoulat pour prodiguer des soins à la population. En 1738, le sieur Lapujade, chirurgien de passage à Toulouse, y « fit des cüres qui tenoient du prodige »238. Le succès remporté par ce chirurgien lui attira les foudres de la communauté des maîtres chirurgiens qui lui intenta un procès pour l’empêcher d’exercer son art. « Les capitouls qui craignoient de le perdre luy firent pressentir qu’on luy sentiroit bon gré s’il prenoit des moyens efficaces pour se fixer et exercer ses tâlens en ville ». Fort de la protection du capitoulat, le sieur Lapujade se fit recevoir maître dans la communauté toulousaine, ce qui eut pour effet d’aplanir immédiatement le contentieux. « La ville reconnoissante de la deference qu’il avoit eu d’y fixer son sejour delibera de luy donner 1.800 livres pour les fraix de sa reception, mais par un exces de generosité il ne voülut que le debourcé montant a la somme de quinse cens livres ». La somme n’en demeurait pas moins fort coquette pour l’époque, aussi aimerait-on en savoir davantage sur la « cure miracle » de ce chirurgien et le nombre de patients qu’il traita. Ce sont là nos seules informations sur le sieur Lapujade.
120Un cas quasi identique se présenta en 1764. Le 17 août, les capitouls décidèrent d’accorder au sieur Beranger, oculiste, une pension annuelle de 500 livres, « a cause de ses cures merveilleuses », et à condition qu’il réside trois mois par an dans la ville et y soigne gratuitement les pauvres239. De cette cure « merveilleuse » et des soins prodigués par le sieur Béranger durant son séjour toulousain, nous ne savons malheureusement rien.
121Lorsque les circonstances l’imposaient ou que l’opportunité se présentait de trouver des traitements efficaces, les capitouls n’hésitaient pas à recourir ponctuellement aux services de médecins ou de chirurgiens étrangers à la ville, voire d’empiriques ayant fait leurs preuves. Pour ce faire, ils étaient prêts à débourser des sommes importantes. Cette attitude pragmatique releva cependant toujours de l’exception et alla en se raréfiant avec le temps jusqu’à quasiment disparaître au XVIIIe siècle. Elle n’en illustre pas moins, à sa façon, le souci qu’avait le capitoulat de veiller à la santé des populations dont il avait la charge.
Conclusion
122Avec ses deux grands hôpitaux, sa faculté de Médecine et son école de chirurgie, auxquels il conviendrait d’ajouter ses nombreux foyers d’assistance charitable médicalisés, Toulouse était dotée de structures médicales comparables à celles des autres grandes métropoles provinciales du royaume sous l’Ancien Régime. Autrement dit, dans la hiérarchie médicale du pays, la capitale languedocienne se plaçait parmi les grands centres médicaux, sinon parmi les principaux, comme c’était déjà le cas à l’époque médiévale.
123Pour autant que l’on puisse en juger, par delà leur diversité, les évolutions et les difficultés que connurent les structures hospitalières et éducatives provinciales furent plus ou moins synchrones et plus ou moins prononcées selon les cas, mais, au final, assez similaires durant les deux derniers siècles de l’Ancien Régime. Quelques fondées qu’elles aient pu être, les déplorations des directeurs des hôpitaux de la capitale languedocienne, comme les plaintes des professeurs de la Faculté de médecine et de l’Ecole royale de chirurgie sur les problèmes de leurs établissements respectifs doivent être ainsi relativisées afin de ne pas noircir des tableaux qui n’ont, au demeurant, guère besoin de l’être. Malgré les zones d’ombre qui demeurent, l’on est donc fondé à considérer le cas toulousain comme représentatif de la situation des grands centres médicaux du pays sous l’Ancien Régime (Paris excepté).
124Il est clair que, contrairement à leur rivale montpelliéraine, la médecine et la chirurgie toulousaines n’ont guère brillé aux XVIIe et XVIIIe siècles. Mais l’on ne saurait pour autant les décrier ni minimiser par trop leur contribution aux avancées du savoir médical. De fait, à défaut d’en avoir été à la pointe, elles surent rester au diapason des progrès de leur temps. Aussi nous apparaissent-elles à l’image de François Bayle, tel que le campe Didier Foucault quand il écrit qu’il fut « l’un des bons seconds rôles qui déterminent, dit-on, une grande part de la qualité de la pièce et donnent aux premiers rôles la possibilité d’exprimer la plénitude de leur talent auprès d’un large public »240.
125Les médecins et les chirurgiens ne furent pas les seuls acteurs de cette pièce tant il est vrai que les capitouls y jouèrent un rôle essentiel. Effectivement, partie prenante de leurs attributions (notamment en fait de police), leur action en matière sanitaire et médicale fut loin d’être aussi négligeable que ce qu’on a pu croire. De fait, l’on peut créditer le capitoulat d’avoir fait de réels efforts pour développer et améliorer le service sanitaire de la ville tout au long des XVIIe et, surtout, XVIIIe siècles, tout en se montrant soucieux de retenir dans leur ville, et à leur service, des praticiens compétents quitte à y mettre le prix. Ce faisant, ils surent l’adapter aux besoins de la population, ce qu’illustre, au début du XVIIIe siècle, le remplacement d’un poste de chirurgien visiteur juré par celui d’accoucheur juré. Au bout du compte, et pour autant que l’on puisse en juger en l’état actuel de l’historiographie, les structures sanitaires du capitoulat, pour modestes qu’elles puissent paraître, n’avaient rien à envier à ce qu’on pouvait trouver dans d’autres métropoles provinciales avant la Révolution.
126Ainsi l’étude du cas toulousain démontre-t-elle qu’on ne saurait – plus – écrire l’histoire du passé médical sans y intégrer le rôle des institutions municipales (ce qui se vérifie jusque et y compris pour les petites villes241), et ce faisant, qu’on ne peut – plus – prétendre à une bonne intelligence de l’histoire des municipalités (et, par voie de conséquence, celle des localités dont elles avaient la charge) en occultant leur action en matières médicale et sanitaire.
Notes de bas de page
1 Goubert (J.-P.), « Les “marginaux de la thérapeutique” en France à la fin du XVIIIe siècle », in Les marginaux et les exclus dans l’histoire, paru dans les Cahiers de Jussieu, 1979, n° 5, p. 333-353.
2 Olivier Faure – notamment – a défendu cette idée ; cf. Histoire sociale de la médecine (XVIIIe-XXe siècles). Paris, 1994 ; voir aussi : Goubert (J.-P.), Initiation à une nouvelle histoire de la médecine, Paris, 1998, Brockliss (L.), Jones (C.), The Medical World in Early Modern France, Oxford, 1997.
3 Par exemple : Havelange (C.), Les figures de la guérison (XVIIIe-XXe siècle) : une histoire sociale et culturelle des professions médicales au pays de Liège, Liège, 1990.
4 Ce travail a été initié dans le cadre de notre doctorat (cf. Policer la ville. Toulouse, capitale provinciale au siècle des Lumières, thèse d’histoire nouveau régime, Univ. de Toulouse-Le Mirail [désormais : U.T.M.], 1997, 3 vol.) auquel nous nous permettons de renvoyer pour les compléments d’informations qui ne peuvent apparaître ici.
5 On trouvera dans notre thèse précitée une présentation de l’évolution des professions de santé ainsi que de la question des empiriques. Ce travail fera l’objet d’une réactualisation dans le cadre d’une prochaine publication.
6 Voir : Bonnet (R.), Pouvoirs publics et paupérisme à Toulouse au XVIe siècle, 1500-1562, mémoire de maîtrise d’histoire, U.T.M., 1980 ; Bouron (M.), Indigence et politique sociale à Toulouse, des années 1780 à 1800, mémoire de maîtrise d’histoire, U.T.M., 1990 ; Buchalet (F.), L’assistance publique à Toulouse au XVIIIe siècle, thèse de lettres, Faculté de Toulouse, 1904 ; Cattan (L.), Les dons et legs charitables dans les testaments toulousains de la seconde moitié du XVIIe siècle (1750-1791), mémoire de maîtrise d’histoire, U.T.M., 1998 ; Contrasty (J.), « Les foyers toulousains d’enseignement et de bienfaisance détruits par la Révolution », Revue Historique de Toulouse, t. XXI, 1934, p. 165-185 ; Durtois (K.), Mendiants et vagabonds au XVIIe siècle à Toulouse, mémoire de maîtrise d’histoire, U.T.M., 1994 ; Lavigne (L.), La pauvreté et la mendicité à Toulouse entre 1650 et 1750, mémoire de maîtrise d’histoire, U.T.M., 1991 ; Pradelle (J.), « Les maisons de charité de Toulouse (1703-1903) », Mémoires de l’Académie des Sciences, Inscriptions et Belles Lettres de Toulouse, 12e série, t. XII, 1933, p. 217- 240 ; Raybaud (L.-P.), « Le bureau de la Miséricorde à Toulouse au XVIIe et XVIIIe siècles », Mélanges Aubenas, Montpellier, 1974, p. 665-682 ; Roques (G.), L’assistance publique à Toulouse de 1789 à 1797, D.E.S. de lettres, Faculté de Toulouse, 1947 ; Saint-Charles (L.), « Les enfants abandonnés, exposés, les orphelins dans les diverses maisons de charité de Toulouse », Mémoires de l’Académie des Sciences, Inscriptions et Belles Lettres de Toulouse, 8e série, t. IX, 1887, p. 438-515.
7 Sur la question, voir Caubet (C.), La faculté de Médecine de Toulouse, Toulouse, 1887 ; et Gerber, « La faculté de Médecine et de Pharmacie », in 1229-1929. L’Université de Toulouse. Son passé son présent, Toulouse, 1929, p. 136-143. Gruber (A.), Vergne (J.-C.), L’enseignement et la vie médicale à Toulouse au XVIIIe siècle, thèse de médecine, Faculté de médecine de Toulouse, 1983.
8 On en compte une trentaine entre le XIe et le XIIIe siècle. Voir la cartographie donnée par Jacques Freixinos, Les hôpitaux de Toulouse. Mille ans d’histoire, Toulouse, 1999, p. 35-36.
9 Wolff (Ph.), « Recherches sur les médecins de Toulouse aux XIVe et XVe siècles », in Actes du 97e Congrès national des sociétés savantes, Nantes, 1972. Paris, 1979, p. 531-549.
10 Pour un aperçu général de l’état de cette production – quoique lacunaire en ce qui concerne les travaux universitaires – à la fin des années 1980, voir le fascicule XIII (Santé, salubrité, hygiène) de la Bibliographie toulousaine d’André Hermet (Toulouse, 1992). On trouvera dans les notes infrapaginales qui suivent des éléments de réactualisation à ce travail toujours fort utile.
11 Pour s’en tenir aux ouvrages de synthèse, voir : Imbert (J.) (dir.), Histoire des hôpitaux en France, Toulouse, 1982 ; Imbert (J.), Le droit hospitalier de l’Ancien Régime, Paris, 1993 ; et en dernier lieu : Hickey (D.), Local Hospitals in Ancien Regime France. Rationalization, Resistance, Renewal, 1530-1789, Montréal, 1997.
12 Sur la question, outre les monographies sur l’hôtel-Dieu et la Grave, voir : Brunet (J.-J.), Les hôpitaux de Toulouse de 1515 à 1555, D.E.S. de Lettres, Faculté de lettres de Toulouse, 1969 ; Godfroy (R.), Les hôpitaux de Toulouse en 1540, D.E.S. de lettres, Faculté de lettres de Toulouse, 1969. À réactualiser avec : Bonnet (R.), Pouvoirs publics et paupérisme à Toulouse au XVIe siècle…, op. cit., p. 94-153.
13 Pour cette période, l’étude la plus complète sur cette institution est : Ribère (D.), L’Hôtel-Dieu Saint-Jacques de Toulouse de 1565 à 1600, mémoire de maîtrise d’histoire, U.T.M., 1982.
14 Ferré (M.), L’hospice général Saint-Joseph de la Grave à Toulouse au XVIIe siècle (1647-1663), mémoire de maîtrise d’histoire, U.T.M., 1981, p. 100.
15 Pour éviter toute confusion, précisons qu’il s’agit de l’hôpital Saint-Joseph de la Grave (nom qui ne lui fut donné qu’en 1647).
16 Sur ce personnage : Shibano (M.-M.), « Arnaud Baric, missionnaire apostolique : un prêtre toulousain en guerre contre la pauvreté, la peste et les jésuites (vers 1607-1668) », in Annales du Midi, t. C, 1988, n° 182, p. 153-180.
17 Begouen (Comte), « État de l’hôpital général de la Grave vers 1648 », in Bulletin de la Société Archéologique du Midi de la France, 1912, n° 41, p. 385-389. À réactualiser et compléter avec : Durtois (K.), Mendiants et vagabonds au XVIIe siècle à Toulouse, mémoire de maîtrise d’histoire, U.T.M., 1994, p. 61-68 ; Dutil (L.), « À propos du renfermement des pauvres à Toulouse », Bulletin de Littérature Ecclésiastique, t. III, 1952, p. 42-44 ; Lavigne (L.), L a pauvreté et la mendicité à Toulouse entre 1650 et 1750, mémoire de maîtrise d’histoire, U.T.M., 1991, p. 181-187 ; et surtout : Ferré (M.), L’hospice général Saint-Joseph de la Grave à Toulouse au XVIIe siècle…, op. cit. La thèse d’Anne Castéran – L’hôpital général Saint-Joseph de la Grave de Toulouse aux XVIIe et XVIIIe siècles (1647-1796), thèse d’histoire nouveau régime, U.T.M., 1999, 2 vol. – n’apporte rien de neuf sur cette question.
18 Arch. municipales de Toulouse [désormais : A.M.T.], GG 958, 27 juillet 1647. Reglemens faits en Conseil de Bourgeoisie sur l’etablissement d’un hopital, sous le nom et invocation du glorieux Saint Joseph, pour être executés provisoirement dans l’hopital Saint Sebastien de la Grave, pour la nourriture des pauvres, ensuite de la permission accordée par la Cour de Parlement d’assembler ledit Conseil a l’effet d’examiner lesdits reglemens ; et iceux depuis autorisés par ladite cour par son arrêt [du 22 février 1648].
19 Arch. départementales de l’Hérault [désormais : A.D.H.], C 580. 1er septembre 1750, Reponse aux eclaircissemens demandés par Mgr le Controlleur general, pour l’hôpital general St Joseph de la Grave de la ville de Toulouse [par les directeurs de cet hôpital].
20 Dinet-Lecomte (M.-C.), « Recherche sur la clientèle hospitalière aux XVIIe et XVIIIe siècles : l’exemple de Blois », in Revue d’Histoire Moderne et Contemporaine, t. XXXIII, 1986, n° 3, p. 349.
21 Sur la terminologie des anciens établissements hospitaliers, voir : Jeorger (M.), « La structure hospitalière de la France sous l’Ancien Régime », Annales E.S.C., 1977, n° 5, p. 1026-1027.
22 L’étude la plus complète demeure : Saint-Charles (L.), « Les enfants abandonnés, exposés, les orphelins dans les diverses maisons de charité de Toulouse », Mémoires de l’Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, 8e série, t. IX, 1887, p. 484-510.
23 Sur cette question bien connue, voir notamment : Sassier (P.), Du bon usage des pauvres. Histoire d’un thème politique (XVIe-XXe siècle), Paris, 1990 ; Schnapper (B.), « La répression du vagabondage et sa signification historique du XIVe au XVIIIe siècle », Revue d’Histoire du Droit Français et Etranger, 1985, n° 2, p. 143-157.
24 A.M.T., AA 301, f° 172, 6 avril 1681, Déclaration du Roy portant reglement pour l’hôpital general de Toulouse, registrée au Parlement le 7 mai 1681. À considérer à la lumière de l’étude de R.Toujas, « La lutte contre la mendicité à la fin du XVIIe siècle : l’établissement d’hôpitaux généraux dans la province ecclésiastique de Toulouse », Actes du 97e Congrès national des sociétés savantes, Limoges, 1977, Paris, 1978, t. I, p. 390-392 et 394-395.
25 Sur la question : Saint-Charles, op. cit., p. 453-483 ; à compléter avec : Pinel (C.), Les enfants abandonnés à l’Hôtel-Dieu Saint-Jacques de Toulouse dans la seconde moitié du XVIIIe siècle (1761-1790), mémoire de maîtrise d’histoire, U.T.M., 1990.
26 Année où les capitouls s’attachèrent les services d’un chirurgien lithotomiste ; cf. infra.
27 Galabert (F.), « L’établissement des incurables et la construction de l’aile gauche de l’Hôtel-Dieu au XVIIIe siècle », Bulletin de la Société Archéologique du Midi de la France, 1924, n° 46, p. 143-149.
28 Laffont (J.-L.), « Une échéance longtemps repoussée : Toulouse, ville d’étape », in Histoire et défense, 1998, n° 38, p. 45-67.
29 Dans la lettre qu’il écrivit le 8 mai 1754 au commandant militaire de la province, M. de Lapeyrouse l’informait de la situation : « Je pûs seulement hier faire assembler Mrs les directeurs de l’Hôtel Dieu. Ils font toujours des difficultés a recevoir les soldats attaqués du scorbut. Nous discutames beaucoup la dessus. Ils se parent qu’ils n’ont point de local et que les sœurs ne veulent point les servir. Je n’ay pas eté touché de ces deux raisons parce que l’Hôtel Dieu est assés grand pour trouver une chambre pour les separer des autres. Je crois les sœurs obligées à soigner tous les malades qu’on leur presentent d’autant mieux que ceux qui sont dans l’hopital general attaqués de ce mal y sont envoyés pour y etre soignés ce qui me confirme a croire qu’ils sont obligés a recevoir les soldats de la garnison… » Le 22 mai suivant, M. de Lapeyrouse faisait savoir à son correspondant montpelliérain que « Messieurs de l’Hôtel Dieu seront obligés de recevoir les soldats attaqués de scorbut malgré toutes les difficultés qu’ils font » ; A.D.H., C 6592.
30 Sauf indication contraire, ce développement reprend les informations données par : Goldshild (J.), Un hôpital général sous l’Ancien Régime, l’hôpital de la Grave à Toulouse, op. cit. ; Guyader (J.), La vie de l’Hôtel-Dieu Saint-Jacques de Toulouse : administration et assistance aux malades depuis sa réorganisation par Louis XV (1749) jusqu’aux mesures révolutionnaires (1792), thèse de droit, Université des Sciences Sociales de Toulouse, 1973, p. 16-19 ; et en dernier lieu par : Julien (P.), Être médecin à Toulouse (fin XVIIe-début XVIIIe siècle), mémoire de maîtrise d’histoire, U.T.M., 2002 ; l’essentiel de ce travail a été publié dans les Cahiers du Centre d’Étude d’Histoire de la Médecine, n° 12, 2005 (voir p. 18-22).
31 D’après A.D.H., C 580, 1777, Réponse des administrateurs de l’Hotel Dieu aux demandes contenues dans la lettre de M. l’intendant a son subdélégué a Toulouse le 6 novembre 1777 et communiquée a l’Hotel Dieu.
32 Ainsi que le rappelle Pascale Julien, « à l’exception des années 1673-1680 et 1692-1709 durant lesquelles François Bayle et François Lambert ont exercé seuls cette charge, l’Hôtel-Dieu emploie deux médecins » (op. cit., p. 31).
33 Sur lesquels nous reviendrons ultérieurement.
34 Casteran (A.), op. cit., t. I, p. 169.
35 Pour un état des connaissances, voir : Baudet (M.), Le corps des chirurgiens toulousains de la fin du XVIIe siècle à 1793, mémoire de maîtrise d’histoire, U.T.M., 1997, p. 67-69 et p. 110- 112.
36 Huard (P.), « L’enseignement médico-chirurgical », Enseignement et diffusion des sciences en France au XVIIIe siècle, Paris, 1964, p. 197-198.
37 Sur cet aspect de leur activité, voir les éclairages donnés par B. Deydier : Les congrégations charitables de Toulouse (XVIIe-XVIIIe siècles), mémoire de maîtrise d’histoire, U.T.M., 1997.
38 Guyader (J.), op. cit., p. 166-167. Voir les précisions de l’auteur sur les oscillations du nombre de sœurs à l’hôtel-Dieu, entre 20, à la fin du XVIIe siècle, et 25, un siècle plus tard.
39 Dinet-Lecomte (M.-C.), « Les religieuses hospitalières dans la France moderne : une même vocation dans une multitude d’instituts », Revue d’Histoire de l’Église de France, t. LXXX, 1994, n° 2, p. 195-216, et « Implantation et rayonnement des congrégations hospitalières dans le Sud de la France aux XVIIe et XVIIIe siècles », Annales du Midi, t. CIV, 1992, n° 197, p. 19-42.
40 Nous synthétisons ici les données livrées par : Casteran (A.), op. cit., t. I, p. 169 et Julien (P.), op. cit., p. 42. Les travaux portant sur les hôpitaux toulousains au XVIIIe siècle ne font pas état de cette question.
41 Lemaire (C.), Pauvreté et assistance dans la ville d’Albi à la fin du XVIIe siècle et au XVIIIe siècle, mémoire de maîtrise d’histoire, U.T.M., 2000, p. 57-58.
42 Contrairement à d’autres villes, comme Chinon par exemple où, le 25 août 1713, le corps de ville embaucha le nommé François Loizeau, « rhabilleur », lequel remettait « toutes sortes de fractures du corps humain », pour qu’il « rhabille les fractures des pauvres sans aucune rétribution » ; Grimaud (H.), « Un rebouteur municipal à Chinon (1713) », in Bulletin de la Société Archéologique de Touraine, t. X, 1985, p. 245-246.
43 Buchalet (F.), L’assistance publique à Toulouse au XVIIIe siècle, op. cit., p. 84-85.
44 A.M.T., 3 Q 1. Mémoire abrégé et situation de l’Hôtel Dieu de Toulouse, présenté par l’administration de cet hôpital à Messieurs les administrateurs du département de la Haute-Garonne, le [blanc] décembre 1790, Toulouse, Pijon, 1790, p. 3 ; reproduit par : Adher (J.), Département de la Haute-Garonne. Recueil de documents sur l’assistance publique dans le district de Toulouse de 1789 à 1800, Toulouse, Paris, 1918, p. 11. Le document précise que « dans les années d’épidémies l’on y en a compté plus de huit cens ».
45 Rochaix (M.), Les questions hospitalières de la fin de l’Ancien Régime à nos jours. Paris, 1996, p. 43.
46 Graphique tiré de : Castéran (A.), L’hôpital général Saint-Joseph de la Grave…, op. cit., t. I, p. 288. Les données fournies par R. Lauga (cf. Consommation et mode de vie à l’hôpital de la Grave à Toulouse de 1680 à 1750, mémoire de maîtrise d’histoire, U.T.M., 1975, pp. 45-51), selon lesquelles la Grave reçut dans les années 1780-1789 une moyenne de 81 individus par an paraissent fantaisistes.
47 Sur cette question : Laffont (J.-L.), « Les inondations de la Garonne à Toulouse au XVIIIe siècle », in Du fleuve ravageur au fleuve domestique. Transformations de l’environnement et aménagement dans un bassin fluvial à risque : la Garonne pyrénéenne en amont du Tarn (1750-1950), Toulouse, 1991, p. 134-158 ; et : « La ville et la catastrophe au siècle des Lumières : Toulouse et les inondations de la Garonne », in Météorologie et catastrophes naturelles dans la France méridionale à l’époque moderne, actes du colloque du Centre d’histoire moderne et contemporaine de l’Europe méditerranéenne et de ses périphéries, Université Paul Valéry, 20-21 mars 1992, Montpellier, 1993, p. 129-158.
48 Rochaix (M.), Les questions hospitalières…, op. cit., p. 28.
49 Dans la lettre qu’il écrivit à son supérieur le 4 novembre 1786, M. Ginisty, subdélégué de l’intendant à Toulouse, indiquait qu’on était en train de construire à l’hôtel-Dieu « un corps de batiment pour executer la clause du testament de Mademoiselle Dejean de la Bastide qui a institué cet hôpital, a la charge de faire construire une salle, de maniere que les malades ne fussent dorénavant qu’un dans chaque lit », A.D.H., C 525.
50 À titre de comparaison, parmi une abondante production (dont on peut suivre l’évolution à travers la Revue d’Histoire des Hôpitaux), bornons-nous à citer ces travaux méconnus qui renvoient les mêmes échos : Caubet (J.-F.), L’hôpital d’Albi, 1750-1789, mémoire de maîtrise d’histoire, U.T.M., 1974 ; Chouaky (H.), Les hôpitaux de Tarbes sous l’Ancien Régime, mémoire de maîtrise d’histoire, U.T.M., 1986 ; Deguilhem-Langlet (S.), L’enfermement à l’hôpital d’Agen de la fin du XVIIe siècle jusqu’à la Révolution, mémoire de maîtrise d’histoire, U.T.M., 1983 ; Héliès (J.-C.), Aperçu historique sur les hôpitaux de Carcassonne, des origines à la fin du XIXe siècle, thèse de médecine, Université Paul Sabatier, Toulouse, 1976 ; Radix (M.), L’hôpital général Saint-Jacques de Cahors au XVIIIe siècle, mémoire de maîtrise d’histoire, U.T.M., 1984 ; Raynal (A.), L’hôpital général de Rodez sous le règne de Louis XIV, mémoire de maîtrise d’histoire, U.T.M., 1987 ; Raynaud (S.), Mortalité paroissiale, mortalité hospitalière. Carcassonne, XVIIIe siècle, mémoire de maîtrise d’histoire, Université de Perpignan, 1996 ; Salségnac (Y.), Les hôpitaux narbonnais au XVIIIe siècle, mémoire de maîtrise d’histoire, Université de Perpignan, 1997.
51 Coutet (A.), Toulouse, ville artistique, plaisante et curieuse, Toulouse, 1926, p. 259. L’auteur rappelait que « l’École de Médecine, dès qu’elle eut pris assez d’importance pour se séparer des autres écoles, s’était installée rue des Lois (1600) ; les bâtiments, qui tombaient en ruines, furent réédifiés en 1732 ».
52 Almanach historique de la ville de Toulouse, Toulouse, F. Baour, 1780, p. 66.
53 Ferté (P.), L’Université de Toulouse aux XVIIe et XVIIIe siècles. Étude quantitative de la population étudiante de ses trois facultés supérieures de 1679 à la Révolution, thèse de 3e cycle d’histoire, U.T.M., 1979, 2 vol., t. I, p. 90.
54 Bonnet (H.), La Faculté de médecine de Montpellier, huit siècles d’Histoire et d’éclat, Montpellier, 1992 ; Dulieu (L.), La médecine à Montpellier du XIIe au XXe siècle, Paris, 1990.
55 Wolff (P.) (dir.), Histoire de Toulouse, Toulouse, 1967, p. 365.
56 Ferté (P.), L’Université de Toulouse aux XVIIe et XVIIIe siècles..., op. cit., t. I, p. 92.
57 Berlan (H.), Faire sa médecine au XVIIIe siècle : recrutement et devenir professionnel des étudiants montpelliérains (1707-1789), thèse d’histoire nouveau régime, Université Paul Valéry, Montpellier-III, 2000, 7 vol.
58 Berlan (H.), « La formation médicale au XVIIIe siècle : l’exemple de Montpellier », in Liame, 2004, n° 13, 207, p. 9-38 ; cf. p. 13.
59 Ferté (P.), L’Université de Cahors au XVIIIe siècle (1700-1751). Toulouse, 1975. Voir aussi, du même : « Vénalité et trafic de grades à l’Université de Cahors au XVIIIe siècle », in Bulletin de la Société des Etudes Littéraires, Scientifiques et Artistiques du Lot, 1978, pp. 11-19.
60 Gerber, « La faculté de Médecine et de Pharmacie », op. cit., p. 158.
61 Huard (P.), « L’enseignement médico-chirugical », op. cit., p. 172. En son temps, le docteur Pifteau avait déjà relevé qu’au début de la Révolution, la moitié seulement des facultés de médecine était en activité. « Dans le rapport que Fourcroy présenta à la Convention le 7 frimaire an III, Toulouse vint au troisième rang, après Paris et Montpellier » ; Pifteau (Dr P.), Les maistres cirugiens et barbiers de Tholose…, op. cit., p. 49.
62 Lebrun (F.), Se soigner autrefois. Médecins, saints et sorciers aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, 1995, p. 27.
63 Jean Astruc (1684-1766) fit une grande carrière : docteur en médecine (Montpellier, 1703), professeur à l’Université de Toulouse (chaire d’anatomie, 1710) puis de Montpellier (1717), inspecteur des eaux minérales de Languedoc (1721), médecin ordinaire du Régent, le duc d’Orléans (1725), premier médecin du roi de Pologne, électeur de Saxe (1728), médecin consultant de Louis XV (1730), professeur du Collège Royal (1731), membre de l’Académie des Sciences (1743) ; il fut aussi capitoul (1731, chargé des hôpitaux ; dispensé de service). On lui doit plusieurs ouvrages (parmi lesquels : Tractatus therapeuticus, Genevea, 2e éd., 1750 ; Traité des maladies des femmes, où l’on a tâché de joindre à une théorie solide la pratique la plus sûre et la mieux éprouvée. Avec un catalogue chronologique des médecins qui ont écrit sur ces maladies, Avignon, 1763, 3 vol. ; éd. revue et augmentée, Paris, Lyon, 1763-1765, 5 vol. ; rééd., Paris, 1770, 2 vol.) mais son nom reste surtout attaché à son célèbre Art d’accoucher réduit à ses principes, où l’on expose les pratiques les plus sûres et les plus usitées dans les differentes especes d’accouchemens. Avec l’histoire sommaire de l’art d’accoucher, et une lettre sur la conduite qu’Adam et Eve dûrent tenir à la naissance de leurs premiers enfans, Paris, 1766 ; rééd., Paris, 1785.
64 Plusieurs études ont été consacrées aux Larrey. Voir en dernier lieu l’ouvrage de P. Vayre, Les Larrey. Dominique, Hippolyte et les autres, Paris, 2005.
65 Jean Castex formulait un constat similaire à propos des chirurgiens « pyrénéens » (cf. « Médecins et chirurgiens dans les Pyrénées au siècle des Lumières », in Saint-Gaudens et sa région, Actes du XXXVe congrès de la Fédération des Sociétés Savantes Languedoc-Pyrénées-Gascogne, Saint-Gaudens, 1980, Saint-Gaudens, Revue de Comminges, t. XCIV, 1981, p. 265-279 ; cf. p. 276).
66 Taillefer (M.), Une académie interprète des Lumières. L’Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse au XVIIIe siècle. Paris, 1984, p. 198-203.
67 Laffont (J.-L.), « L’introduction et le développement de la pratique de l’inoculation à Toulouse à la fin de l’Ancien Régime », in l’Auta, 1999, n° 642, p. 5-13 ; n° 643, p. 35-43.
68 Voir sur ce point : Pifteau (Dr P.), Les maistres cirurgiens et barbiers de Tholose en 1544 avec des notes sur l’émancipation des chirurgiens, Toulouse, 1899, p. 44-45.
69 Brignone (C.), L’École Royale de Chirurgie de Toulouse (1761-1793), thèse de Médecine, Faculté de Médecine de Toulouse, 1990.
70 A.D.H., C 4723, pièce 64, s.d. [1784 ou 1785], Requête des professeurs démonstrateurs royaux du collège de chirurgie de Toulouse [les sieurs Bécane, Bagnier, Frizac, Bosc et Villars] aux Etats de Languedoc.
71 On y a dénombré 384 immatriculations d’étudiants entre 1760 et 1783 ; voir : Massé (C.), « Le pays bordelais, terre d’accueil pour les chirurgiens entre les XVIe et XVIIe siècles », in Les Pyrénées dans une Aquitaine terre d’accueil, terre d’exil, actes du XLVIe congrès d’études régionales de la Fédération Historique du Sud-Ouest, Oloron-Sainte-Marie, 19- 20 mars 1994, Bordeaux, 1996, p. 225-239 ; cf. p. 235). Mais, si la population estudiantine bordelaise fut sensiblement plus nombreuse que celle de Toulouse, il convient de relativiser cela en gardant présent à l’esprit que Bordeaux était alors l’une des villes du royaume qui connaissait la plus forte expansion et qu’elle pouvait se prévaloir d’une population (autour de 85.000 habitants vers 1780 alors que la capitale languedocienne abritait quelques 54.000 habitants), d’un bassin démographie et à d’une aire d’influence économique sans communes mesures avec ceux de Toulouse ; voir Poussou (J.-P.), Bordeaux et le Sud-Ouest aux XVIIe et XVIIIe siècles. Croissance économique et attraction urbaine, Paris, 1983.
72 Archives nationales, H1 1105, pièce 401, 30 septembre 1786, Lettre de M. Becane au baron de Breteuil, contrôleur général.
73 Baudet (M.), Le corps des chirurgiens toulousains…, op. cit., p. 141-146.
74 Le cours d’accouchement fut assuré par les professeurs Fronton père (1762-1770) ; Vaissières (1771-1779) ; Baquier – ou Vaquier – (décembre 1779-1792).
75 Le 8 avril 1780, l’on décida de remplacer ce mannequin en achetant un exemplaire du « fantôme d’obstétrique » utilisé par Madame Ducoudray pour ses démonstrations ; Barbot (J.), Les chroniques de la faculté de médecine de Toulouse du XIIIe au XXe siècle, Toulouse, 1905, 2 vol., t. I, p. 389 et 393, Gélis (J.), « Les accoucheurs dans la France méridionale », in Andréani (R.), Michel (H.), Pelaquier (E.) (éd.), Naissance, enfance et éducation dans la France méridionale du XVIe au XIXe siècle. Hommage à Mireille Laget, actes du colloque du Centre d’histoire moderne et contemporaine de l’Europe méditerranéenne et de ses périphéries, Université Paul Valéry, 15-16 mars 1996, Montpellier, 2000, p. 31-58.
76 Desplat (C.), « L’encadrement médical dans le ressort de l’intendance d’Auch et de Pau au XVIIIe siècle », in Annales du Midi, t. C, 1988, n° 184, p. 459-475 ; cf. p. 471.
77 Laffont (J.-L.), « Sages-femmes et cours d’accouchement à Toulouse sous l’Ancien Régime », in Andréani (R.), Michel (H.), Pelaquier (E.) (éd.), op. cit., p. 76-78 ; voir le graphique 2, p. 78.
78 Cosme (L.-P.), « Les maîtres en chirurgie de Dijon dans la seconde moitié du XVIIIe siècle », in Annales de Bourgogne, t. LXIV, 1992, nos 254-255, p. 81-101 ; Gelfand (T.), « Deux cultures, une profession : les chirurgiens français au XVIIIe siècle », in Revue d’Histoire Moderne et Contemporaine, t. XXVII, 1980, p. 468-484 ; Goubert (J.-P.), « Entre Ancien Régime et Révolution les chirurgiens vus par eux-mêmes (1790-1791) », in Physiologie et médecine des Lumières, n° de la revue XVIIIe siècle, 1991, n° 23, p. 119-128.
79 Baudet (M.), Le corps des chirurgiens toulousains…, op. cit., p. 148-149.
80 Soula (J.-P.), L’administration capitulaire à Toulouse de 1700 à 1715, thèse de droit, Faculté de Droit de Toulouse, 1949, p. 127.
81 Laffont (J.-L.), « Ville et santé publique sous l’Ancien Régime. Le cas de Toulouse », in Goger (J.-M.), Marty (N.) (éd.), Cadre de vie, équipement, santé dans les sociétés méditerranéennes, actes du colloque du Pôle Européen de Montpellier organisé sous l’égide du Centre de Recherche Historique sur les Sociétés Méditerranéennes, Université de Perpignan, 20 novembre 1999, Perpignan, 2006, p. 15-31.
82 Voir notamment Durand (B.), « La notion de police en France du XVIe au XVIIIe siècle », in Stolleis (M.), Harter (K.), Schilling (L.) (éd.), Policey im Europa des Frühen neuzeit, Francfort, 1996, p. 163-211 ; Laffont (J.-L.), Policer la ville..., op. cit., t. I, p. 36-42 ; Napoli (P.), « Police » : la conceptualisation d’un modèle juridico-politique sous l’Ancien Régime », in Droits. Revue française de théorie juridique, 1994, n° 20, p. 183-196 ; 1995, n° 21, p. 151-160.
83 Laffont (J.-L.), « La conception de la police et de son exercice selon les magistrats municipaux de Toulouse sous l’Ancien Régime », in Revue Internationale de Criminologie et de Police Technique, 1999, n° 3, p. 338-361.
84 A.M.T., AA 314, f° 75, Mémoire fait en 1766 concernant l’administration de la ville de Toulouse, p. 3.
85 Ibid.
86 A.M.T., BB 160, f° 136 (ou : BB 166, f° 117 ; A.D.H.-G., 101 B 248). 19 août 1754, Ordonnance de police portant réglement pour le maintien de l’ordre, la tranquilité et la sureté des habitans de laditte ville.
87 A.M.T., BB 283, f° 622 ; Annales manuscrites de l’année 1755. Voir Laffont (J.-L.), « Les capitouls chargés de la police à Toulouse sous l’Ancien Régime », in Milliot (V.) (dir.), Être policier : les métiers de police(s) en Europe, XVIIIe-XXe siècle, actes du colloque international de Caen, 6-8 mars 2007 ; à paraître.
88 A.M.T., BB 283, f° 307, Annales manuscrites de l’année 1732.
89
Delamare (N.), Traité de la police, ou l’on trouvera l’histoire de son établissement, les fonctions et les prérogatives de ses magistrats (...) on y a joint une description historique et topographique de Paris avec un recueil de tous les statuts et réglements des six corps des marchands et toutes les communautez des arts et métiers (continuation du Traité par Anne Leclerc du Brillet), Paris, M. Brunet, Hérissant, 1705-1719-1722-1738, 4 vol. Delamare faisait entrer dans la police de la santé quatre grandes rubriques, soit les :
1 / Règlements pour les nourrices et les recommanderesses.
2 / Règlements pour la salubrité de l’air, la propreté des fontaines, puits et rivières.
3 / Règlements pour la bonne qualité des vivres, celle du vin, de la bière, et autres boissons, celle des remèdes.
4 / Règlements pour les maladies épidémiques et contagieuses.
90 Gazier (A.), « La police de Paris en 1770. Mémoire inédit composé sur ordre de G. de Sartine sur la demande de Marie-Thérèse », in Mémoire de la Société d’Histoire de Paris et de l’Ile-de-France, t. V, 1878, p. 14.
91 Laffont (J.-L.), « La voirie toulousaine et son assainissement sous l’Ancien Régime », in Assainissement et salubrité publique dans la France méridionale (fin du Moyen Age et époque moderne), actes de la table ronde de l’Université de Clermont II, février 2001, parus dans Siècles. Cahiers du Centre d’Histoire « Espaces et Cultures » de l’Université Blaise Pascal, 2001, n° 14, p. 91-110.
92 A.M.T., BB 283, f° 406, Annales manuscrites de l’année 1739.
93 Par exemple : Maillard (J.), La vie municipale à Angers de 1657 à 1789, Angers, 1984, 2 vol., t. II, p. 105-108.
94 Pour plus de détails, on peut se reporter à : Buchalet (F.), L’assistance publique à Toulouse au XVIIIe siècle, op. cit., p. 55-61 ; les travaux ultérieurs sur les hôpitaux toulousains n’ont pas apporté d’informations nouvelles sur ce point.
95 Jusqu’en 1681, ce conseil d’administration ne comptait, outre les capitouls, que le premier président du parlement, le procureur général et le juge mage en la sénéchaussée.
96 Soit le jour de l’An, le jour des Cendres, le premier dimanche de mai et à la mi-août.
97 « En février 1666, le registre des délibérations du Conseil de Bourgeoisie rapporte que suivant et conformément aux statuts et réglements de l’hôpital, ses directeurs sont tenus et obligés de rendre compte à Messieurs les capitouls, chaque premier samedi du mois, de tout ce qui aura été fait dans le courant du mois. Dans tous les documents retrouvés et dépouillés, aucun règlement concernant l’hôpital ne fait mention de cette obligation » ; Castéran (A.), L’hôpital général Saint-Joseph de la Grave…, op. cit., t. I, p. 91.
98 A.M.T., GG 960, 1722, Mémoire pour la ville de Toulouse contre l’hôpital Saint-Joseph de la Grave.
99 Ainsi, en 1753, le chroniqueur des Annales indiquait-il : « La direction des hopitaux à Messieurs de Laroche et Maigret capitouls titulaires qui n’ayant pas parus en cette ville, nous ont laissé tout le detail de ce soin » ; A.M.T., BB 283, f° 580.
100 Soula (J.-P.), L’administration capitulaire à Toulouse de 1700 à 1715, op. cit., p. 129.
101 Roques (H.), L’administration municipale de Toulouse de 1693 à 1699, thèse de droit, Faculté de Droit de Toulouse, 1907, Toulouse, 1908, p. 151.
102 Barbusse (G.), Le pouvoir et le sang. Les familles de capitouls de Toulouse au siècle des Lumières (1715-1790), thèse d’histoire nouveau régime, U.T.M., 2004, 2 vol., t. I, p. 192.
103 Laffont (J.-L.), Policer la ville…, op. cit., t. I.
104 Cipola (C.M.), Public healt and the medical profession in the Renaissance, Cambridge, 1976.
105 Cosmacini (G.), Soigner et réformer. Médecine et santé en Italie de la grande peste à la Première Guerre mondiale, Paris, 1987, p. 123.
106 « La consolidacion de la Junta del Morbo, como comision permanente, fue tardia con respecto a algunos de los ejemplos italianos […]. No parece probable, sin embargo, que con anterioridad a 1556, y ya de forma definitiva a partir de 1565, su cifra quedara constituida de forma regular por ocho miembros que eran eligidos anualmente », Betran Moya (J. L.), « La consolidacion de la viutena del Morbo en la ciudad de Barcelona (1650- 1660) », in Actas del Tercer Congrés d’Historia moderna de Catalunya, Universitat de Barcelona, 1993, Barcelona, Pedralbes, t. XIII, 1993, n° 13, 2 vol., t. I, p. 634. Voir aussi : Betran (J. L.), La peste en la Barcelona de los Austrias, Lleida, 1996, p. 223.
107 Coste (L.), « Bordeaux et la peste dans la première moitié du XVIIe siècle », in Annales du Midi, t. CX, 1998, n° 224, p. 467.
108 Ibid.
109 Nous n’avons pas identifié de mention antérieure, pas plus que les chercheurs qui se sont penchés sur le capitoulat au XVIe siècle : Barbe (J.), Une année de vie municipale : Toulouse en 1554 d’après le registre du Consistoire BB 96, D.E.S. de lettres, Faculté de Lettres de Toulouse, 1959 ; Dedieu (J.-P.), Administration municipale et vie quotidienne de Toulouse entre 1559 et 1562, d’après les registres municipaux, mémoire de maîtrise d’histoire, U.T.M., 1970 ; Monségur (M.-D.), Quelques aspects de l’administration municipale et de la vie quotidienne à Toulouse entre 1557 et 1562, d’après les registres municipaux, mémoire de maîtrise d’histoire, U.T.M., 1970 ; Perroud (M.-H.), Aspects de la vie quotidienne et municipale à Toulouse au milieu du XVIe siècle, mémoire de maîtrise d’histoire, U.T.M., 1970 ; ou sur les institutions hospitalières et charitables : Bonnet (R.), Pouvoirs publics et paupérisme à Toulouse au XVIe siècle…, op. cit.. Nous avons cherché en vain le travail de M. Dufour, La peste à Toulouse (1558-1562), D.E.S. de lettres, Faculté de Lettres de Toulouse, 1971.
110 Favatier (L.), « La vie municipale à Narbonne au XVIIe siècle. Les pestes et le bureau de santé », in Bulletin de la Commission Archéologique de Narbonne, t. II, 1893, p. 241-355 ; t. III, 1894, p. 37-126, 183-286. Voir aussi : Espuna (S.), La peste à Narbonne de 1628 à 1631, mémoire de maîtrise d’histoire, Université de Perpignan, 1996, p. 13.
111 Soucaille (A.), « Recherches sur les anciennes pestes ou contagions à Béziers », in Bulletin de la Société Archéologique, Scientifique et Littéraire de Béziers, 2e série, t. XII, 1882, p. 89.
112 Soula (A.), La peste dans l’Ouest du Haut-Languedoc de 1620 à 1660, mémoire de maîtrise d’histoire, U.T.M., 1969, 2 vol., t. I, p. 156-157. Gomot (H.) Chroniques de Riom. La peste noire de 1631, Riom, 1874, p. 5-6.
113 Hildesheimer (F.), « La protection sanitaire des côtes françaises au XVIIIe siècle », in Revue d’Histoire Moderne et Contemporaine, t. XXVII, 1980, p. 443-467. Voir aussi, du même auteur : Le bureau de santé de Marseille sous l’Ancien Régime. Le renfermement de la contagion, Marseille, 1980.
114 Mouysset (S.), La peste en Rouergue au XVIIe siècle, Toulouse, 1992, p. 89-92. Chapalain-Nougaret (C.), « Nantes et la peste de Marseille : un exemple de protection sanitaire municipale sur les côtes du Ponant (1720-1723) », in Actes du XCe Congrès national des sociétés savantes, Montpellier, 1985, Paris, 1985, t. I, fasc. 2, p. 151-167. Pour une vue plus générale (quoique fortement marquée par l’exemple marseillais qui ne concerne pas le cas toulousain) : Hildesheimer (F.), « Prévention de la peste et attitudes mentales en France au XVIIIe siècle », in Revue Historique, 1981, n° 537, p. 65-79. Plus synthétiques sont les données fournies par l’auteur dans ses manuels pour l’enseignement supérieur : La terreur et la pitié. L’Ancien Régime à l’épreuve de la peste. Paris, 1990, p. 50-56 (ces éléments sont repris dans : Fléaux et société, de la Grande peste au choléra. XIVe-XIXe siècle, Paris, 1993).
115 Le conseil de santé est établi le 13 juillet 1652 ; Lavigne (L.), La pauvreté et la mendicité à Toulouse entre 1650 et 1750, op. cit., p. 127.
116 Lorsque, le 7 août 1720, le Conseil de Bourgeoisie délibéra de réformer le Conseil de santé (on parlait de « création d’un Bureau de santé »), il fut arrêté que ce serait « conformement a ce qu’il fut pratiqué dans les années 1628 et 1652 » ; A.M.T., BB 74, fos 47-48v°.
117 Lallemand (L.), Histoire de la charité, tome IV, Les temps modernes (du XVIe au XIXe siècle). Paris, 1910, p. 87.
118 Le Conseil de Bourgeoisie était exclusivement composé de membres de droit parmi lesquels, outre les représentants de la municipalité (soit les huit capitouls en exercice, le syndic de la ville et quatre assesseurs) parmi lesquels les anciens capitouls pouvaient figurer (en nombre variable), on comptait des représentants du parlement, au premier rang desquels le premier président (entouré de deux ou trois conseillers de la Grand’Chambre, du procureur général du roi et de deux avocats généraux), et les représentants du roi réunissant les principaux officiers des institutions judiciaires royales de la ville (le sénéchal, le viguier et le juge mage).
119 Émanation du Conseil Général de la ville, créé en 1515 et institutionnalisé en 1524, le Conseil des Seize disparaît en tant que tel en 1741 à la suite de la réforme de l’administration financière de la ville engagée cette même année. Composé de seize bourgeois chargés d’assister les capitouls dans la gestion financière de la ville, la mission première de ce conseil était de veiller à la régularité de la reddition des comptes du trésorier et à l’exactitude de sa comptabilité. Ce faisant, il agissait comme une commission permanente chargée de l’audition des comptes de la ville, œuvrant dans le cadre du Bureau des Comptes ainsi élargi. Dès lors, le rôle de cet organisme se bornait à statuer sur le travail de cette commission (Conseil des Seize) en décidant de donner ou non quitus au trésorier de la ville lors de la reddition de son compte annuel. Les attributions du Conseil des Seize débordèrent très vite le seul cadre de l’audition des comptes du trésorier pour s’étendre à tous les domaines relatifs à la gestion financière de la ville sur lesquels ils conseillaient les capitouls.
120 Coste (L.), « Bordeaux et la peste dans la première moitié du XVIIe siècle », op. cit., p. 467.
121 Ce point n’est pas très clair si l’on en juge d’après les délibérations du Conseil de santé. Ainsi, par exemple, les Seize n’apparaissent pas dans la délibération du 20 septembre 1720 concernant les maisons et endroits susceptibles de servir de lieux de quarantaine (A.M.T., BB 47, f° 53 ; une copie se trouve en GG 1010). Notons que le chroniqueur des Annales manuscrites de l’année 1721 n’est pas très explicite sur ce point, en mettant les membres du Conseil des Seize sur le même rang que les commissaires ; A.M.T., BB 283, f° 131.
122 Voir, par exemple, Bertrand (P.), Pouvoir municipaux et société à Limoux sous Louis XIV (1650-1680), mémoire de maîtrise d’histoire, U.T.M., 1990, 2 vol., t. I, p. 164-168.
123 Voir à cet égard : Soula (A.), La peste dans l’Ouest du Haut-Languedoc de 1620 à 1660, op. cit., t. I, p. 156-159. Pour des compléments d’information : Cammartin (C.), 1628-1632. Quatre ans de la vie sociale, économique et politique de Toulouse, D.E.S. de lettres, Faculté de Lettres de Toulouse, 1973, p. 58-76. On peut se dispenser de consulter Prodigue (N.), La peste à Toulouse et le pré des Sept Deniers pendant les épidémies de 1628-1632 et 1652-1653, thèse de médecine, Université Paul Sabatier de Toulouse, 1985.
124 Carrière (C.), Courdurié (M.), Rebuffat (F.), Marseille, ville morte. La peste de 1720, Marseille, 1968, Marseille, rééd. revue et augmentée, 1988 ; Gafarelly (P.), Duranty (Marquis de), La peste de 1720 à Marseille et en France, d’après des documents inédits, Paris, 1911 ; Biraben (J.-N.), Les hommes et la peste en France et dans les pays européens et méditerranéens, Paris, 1975, t. I, p. 230-305.
125 Cette action a été étudiée par R. Sicard, Toulouse et ses capitouls sous la Régence, thèse de droit, Faculté de Droit de Toulouse, 1952, Toulouse, 1953, p. 72-75. Laure Lavigne apporte quelques compléments d’information ponctuels sur ce point (cf. La pauvreté à Toulouse entre 1650 et 1750, op. cit., p. 123-125).
126 Assurer une telle surveillance n’était pas chose simple, d’autant qu’un conflit s’éleva entre le capitoulat et le Parlement à ce propos ; A.M.T., GG 1010, Mémoire pour les capitouls de Toulouse au roi, s.d. [1721].
127 Foucault (M.), Naissance de la clinique, Paris, 1975, p. 25.
128 Dulieu (L.), « La peste à Montpellier », in Études sur l’Hérault, 1984, nos 5-6, p. 14.
129 Ainsi, par exemple, à Béziers, la première mention d’un capitaine de la santé date de l’épidémie de peste de 1521. Soucaille (A.), « Recherches sur les anciennes pestes ou contagions à Béziers », op. cit., p. 75. Autres exemples dans Biraben (J.-N.), Les hommes et la peste en France…, op. cit., t. II, p. 139.
130 Fons (V.), « L’organisation municipale à Toulouse du temps des capitouls », in Recueil de l’Académie de Législation de Toulouse, t. XXVI, 1878, p. 19-84 ; cf. p. 64 ; Roques (H.), L’administration municipale de Toulouse de 1693 à 1699, op. cit., p. 112 ; Bordes (F.), Formes et enjeux d’une mémoire urbaine au Bas Moyen Age : le premier « livre des histoires » de Toulouse (1295- 1532), thèse d’histoire nouveau régime, U.T.M., 2006, t. I, p. 132, t. II, p. 326.
131 La Faille (G. de), Annales de la ville de Toulouse depuis la réunion de la Comté de Toulouse à la couronne avec un abrégé de l’ancienne histoire de cette ville et un recueil de divers titres et actes pour servir de preuves ou d’éclaircissement à ces Annales, Toulouse, Colomyez, 1701 (2de éd.), t. II, p. 2. Relevons que les capitouls le désignaient en 1515 comme le « cappitaine de la peste » ; voir Bordes (F.), Formes et enjeux d’une mémoire urbaine au Bas Moyen Age…, op. cit., t. II, p. 326.
132 Biraben (J.-N.), Les hommes et la peste en France…, op. cit., t. I, p. 140.
133 Pour des raisons qui tiennent aux déficits des archives policières – et notamment celles du greffe de la police de l’hôtel de ville où les déficits sont patents –, d’une part, aux principes de classement adoptés par les archivistes au XIXe siècle, d’autre part, les actes produits par le capitaine au fait de la santé se trouvent éparpillés au hasard des différentes séries DD (police de la voirie), HH (police des métiers) et FF (police divers). À travers les factures qu’il remettait au trésorier de la ville ou des mandements que ce dernier dressait pour le faire rembourser, qui sont conservés dans la série des pièces à l’appui des comptes (A.M.T., série CC), on peut saisir certaines facettes des nombreuses activités de cet officier municipal. Nous avons là une illustration ponctuelle, mais bien représentative, des problèmes que pose l’exploitation des archives du capitoulat.
134 Dulieu (L.), « La peste à Montpellier », op. cit., p. 14.
135 Mouysset (S.), La peste en Rouergue au XVIIe siècle, Toulouse, 1992, p. 91.
136 Par exemple : Ricalens (H.), Prévention et traitement de la peste à Castelnaudary, du début du règne de François Ier à la Régence. Toulouse, 1998, p. 37 ; Roumégoux (M.-J.), « La peste de 1631 à Albi », in Bulletin de la Société des Sciences, Arts et Belles Lettres du Tarn, 1994, nelle série, n° XLVIII, p. 351-415 ; cf. p. 388 ; Fouquet (Y.), Pauvreté et assistance au XVIIe siècle. Le cas exemplaire de Chambéry, Chambéry, 1986, p. 87.
137 Fons (V.), « L’organisation municipale à Toulouse du temps des capitouls », op. cit., p. 64.
138 Prodigue (N.), La peste à Toulouse et le pré des Sept Deniers pendant les épidémies de 1628-1632 et 1652-1653. thèse de médecine, Université Paul Sabatier de Toulouse, 1985.
139 Ramet (H.), Histoire de Toulouse, Toulouse, 1935, réimp., Toulouse, 1994, p. 474.
140 Tâche pour laquelle ils estimèrent d’ailleurs ne pas être assez payés en 1653. A.M.T., BB 35, f° 84v°. Voir Lavigne (L.), La pauvreté et la mendicité à Toulouse…, op. cit., p. 128.
141 Espuna (S.), La peste à Narbonne de 1628 à 1631, op. cit., p. 83.
142 Soula (A.), La peste dans l’Ouest du Haut-Languedoc…, op. cit., t. I, p. 161.
143 Verbal concernant l’inondation arrivée à Toulouse le 17 septembre 1772, Toulouse, chez Me J.A.M.M.B. Pijon, s.d. [18 octobre 1772]. Ce texte est publié en annexe de l’ouvrage de M. Champion, Les inondations en France depuis le VIe siècle jusqu’à nos jours, Paris, 1858-1864, 6 vol., t. IV, pièce n° 278, p. CXC-CCX. De nombreux exemplaires originaux de cette brochure ont été conservés, par exemple : A.M.T., DD 152.
144 A.M.T., CC 2800, fos 65-66, 28 juillet 1771. EE 66.
145 A.M.T., CC 2762, f° 109, 28 juillet 1740, Estat de plusieurs frais pour le capitaine au fait de la santé.
146 Soula (J.-P.), L’administration capitulaire à Toulouse…, op. cit., p. 72.
147 Lunel (P.), Pouvoir municipal et gestion financière : Toulouse au XVIIe siècle, thèse de droit, Université de Toulouse I, 1976, 2 vol., t. I, p. 97.
148 C’est ainsi, par exemple, que le 22 mars 1762, le sieur Ramond, capitaine au fait de la santé, fut remboursé de la somme de 45 livres 14 sols « qu’il a employée pour l’exécution du sieur Calas pere, condemné par arret du Parlement du 9 du courant a la question ordinaire et extraordinaire, rompu vif, brulé et les cendres jettées au vent » ; A.M.T., CC 2724, Mandement du 22 mars 1762.
149 Lunel (P.), Pouvoir municipal et gestion financière : Toulouse au XVIIe siècle, op. cit., p. 97 ; l’auteur « empruntait » le terme à J.-P. Soula (cf. L’administration capitulaire à Toulouse de 1700 à 1715, op. cit., p. 72).
150 Laffont (J.-L.), Policer la ville…, op. cit., t. I.
151 Par exemple, le 20 décembre 1779, « Vital Ramond le pere, capitaine de santé, Jean Guillaume Ramond fils, Bernadet et Lagarde, commis de police, sur la denonce faitte ce matin qu’il etoit arrivé cette nuit plus de 80 moutons attaqués de la clavelée et gattés, dans une ecurie du fauxbourg Montaudran apartenant au sieur Baric, fournisseur, nous nous y sommes transporté de suite » ; A.M.T., HH 29.
152 A.M.T., HH 29. Vital Ramond remplaça, le 21 juillet 1751, le sieur Bourguignon qui ne pouvait plus assurer ses fonctions (A.M.T., BB 239, f° 38). Il occupa ce poste jusqu’en 1791.
153 Fons (V.), « L’organisation municipale à Toulouse du temps des capitouls », op. cit., p. 64.
154 A.M.T., AA 28/161, 22 avril 1695, Arrêt de la grand’chambre du Parlement de Toulouse condamnant un boucher à être mis au carcan sur la place de la Daurade pendant toute la durée du marché.
155 A.M.T., BB 168, 23 avril 1766, Ordonnance concernant la propreté des rues, f° 108, art. VI. Disposition rappelée, entre autres exemples, dans l’ordonnance du 23 avril 1770 concernant la propreté des rues : A.M.T., BB 168, p. 105.
156 Terme générique désignant les employés subalternes de l’hôtel de ville.
157 Laffont (J.-L.), « Éclairer la ville : des lanternes aux réverbères à Toulouse au siècle des Lumières », in Toulouse, une métropole méridionale : 20 siècles de vie urbaine, actes du congrès de la Fédération des Sociétés historiques et savantes de Midi-Pyrénées, Toulouse, 14-16 juin 2007, Toulouse, Méridiennes, 2009, t. I, p. 65-85.
158 A.M.T., AA 28/273. Peu de temps plus tard, les capitouls recrutaient effectivement deux « commis et officiers pour le nettoyement des rues pour soulager les capitouls ». Le 29 mars, les nommés François Auguillon et Simon Duprat prêtaient serment ; A.M.T., FF 530.
159 Par exemple, ponctuant leur ordonnance de police du 23 avril 1766 « concernant la propreté des rues », les capitouls enjoignaient « au capitaine de la santé d’assurer l’exécution de la présente ordonnance ; et en conséquence, de veiller à ce que les commis de la police parcourent fréquemment leurs quartiers, et dressent des verbaux contre les contrevenans » ; A.M.T., BB 168, f° 108, art. VIII. Cette injonction se retrouve au début de la Révolution ; voir l’art. XXXVIII des Arrêtés concernant le nettoiement des rues et les moyens d’y maintenir la propreté, la salubrité et le bon ordre, A.M.T., 1 I 53, 27 novembre 1792.
160 Citons, à titre d’illustration, ce procès-verbal de voirie dressé par Vital Ramond, « procédant a la verification du pavé des rues », daté du 17 mars 1780 ; A.M.T., DD 233, fos 123-127.
161 Le premier ingénieur fut l’élève de Guillaume Cammas, Pierre-Antoine Lebrun qui entra vraisemblablement en fonction lorsque son maître devint le peintre de la ville, en 1736.
162 « Enjoignons à l’ingénieur de la Ville de vérifier exactement les contraventions qui pourront être commises à la présente ordonnance, et d’en dresser procès-verbal, pour y être statué ainsi qu’il appartiendra, et aux officiers commis de la police de dénoncer audit ingénieur lesdites contraventions » ; Ordonnance de police concernant la voyrie, art. XXI, A.M.T., BB 160, f° 255, 6 février 1759.
163 Précision donnée par l’article CXVII de l’Ordonnance générale sur la voirie du 10 novembre 1769, A.M.T., DD 234 (ou DD 235 ; DD 236 ; 5 S 364).
164 Sur ce vétérinaire, cf. infra.
165 Laffont (J.-L.), « L’animal dans la ville à l’époque moderne. Le cas de Toulouse », in Marandet (M.-C.) (dir.), L’homme et l’animal dans la société méditerranéenne, actes du colloque du Pôle Européen de Montpellier organisée sous l’égide du Centre de Recherche Historique sur les Sociétés Méditerranéennes, Université de Perpignan, Perpignan, 20 novembre 1998, Perpignan, 2000, p. 187-251.
166 Laffont (J.-L.), Policer la ville…, op. cit., t. I.
167 Il ne s’agit ici que de personnels permanents car il n’y avait pas de vacataires en exercice lors des périodes de sondages retenues.
168 Les documents pouvaient préciser qu’il était « cirugiens de peste et contagion », « visiteur-juré au fait de la contagion », « chirurgien juré obligé de servir le public en cas de contagion », « chirurgien pour les rapports en cas de contagion », « chirurgien pour les visites, rapports et vérifications », et, plus laconiquement au XVIIIe siècle, « chirurgien pour les rapports ordonnés ».
169 Shatzimiller (J.), « Médecins municipaux en Provence, Catalogne et autres régions de l’Europe méridionale (1350-1400) », in Les sociétés urbaines en France méridionale et en Péninsule ibérique au Moyen Age, op. cit., p. 329-336.
170 Cf. supra.
171 Fons (V.), « L’organisation municipale à Toulouse du temps des capitouls », op. cit., p. 74.
172 Document publié par Coquerel (A.), Jean Calas et sa famille. Étude historique d’après les documents originaux, suivie de pièces justificatives et des lettres de la sœur A.-J. Fraisse de la Visitation, Genève, reprint, 1970, p. 341-343.
173 A.D.H.-G., sous-série 101 B.
174 Fons (V.), « L’organisation municipale à Toulouse du temps des capitouls », op. cit., p. 74.
175 Voir en dernier lieu : Pommet (V.), Les prisons de Toulouse. Continuité et réforme de 1750 à 1827, mémoire de maîtrise d’histoire, U.T.M., 1996 ; et Bouso (C.), Prisons et prisonniers à Toulouse pendant la Révolution. Organisation et fonctionnement de la répression durant la Terreur, mémoire de maîtrise d’histoire, U.T.M., 1989. Ces études ne dispensent pas de consulter les travaux plus anciens consacrés aux prisons toulousaines, et singulièrement, en ce qui concerne le cas qui nous occupe présentement, à Armieux (Dr), « La prison du Capitole. Étude d’hygiène rétrospective », in Mémoires de l’Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, t. VII, 8e série, 1885, p. 55-82.
176 Statuts de la confrérie de la Miséricorde établie à Toulouse pour le soulagement des pauvres prisonniers l’an 1570, et règlement du bureau de la Miséricorde rétabli par arrêté de M. le Préfet de la Haute-Garonne l’an 1807, Toulouse, 1818, p. 14.
177 On sait qu’en 1785, le président de la Tournelle du parlement de Toulouse fit des démarches auprès du au contrôleur général afin d’élever les honoraires du médecin et du chirurgien des prisons de cette cour, de 75 livres que chacun d’eux percevaient annuellement à 300 livres pour le médecin et à 250 livres pour le chirurgien (d’après : A.D.H., C 1785).
178 Au regard de l’apparente indigence des salaires de la plupart des officiers et des suppôts de l’hôtel de ville, il n’était pas aberrant de se demander s’ils pouvaient bénéficier d’avantages en nature tels que les services des médecins et/ou des chirurgiens ordinaires de la ville.
179 Laffont (J.-L.), « Le bureau d’adresse des nourrices de Toulouse au XVIIIe siècle », in l’Auta, 1997, n° 624, p. 80-89.
180 C’est ce qui explique l’indigence de l’historiographie locale les concernant. Les coups de sondes donnés dans le riche fonds de la communauté des maîtres chirurgiens de la ville conservé aux A.D.H.-G. (E 1149 à 1179) n’ont pas été très heureux sur ce point. Il ne fait cependant guère de doute qu’une exploration plus systématique de ces archives permettra de mieux cerner l’histoire de ces chirurgiens de peste.
181 Bordes (F.), Formes et enjeux d’une mémoire urbaine au Bas Moyen Age…, op. cit., t. II, p. 301- 302.
182 La Faille (G. de), Annales de la ville de Toulouse…, op. cit., t. I, p. 303.
183 Cet arrêt est reproduit par J. Barbot (cf. Les chroniques de la faculté de médecine de Toulouse..., op. cit., t. I, p. 411).
184 Ibid., t. I, p. 411-1413.
185 Pour être plus exact, des cas de peste furent signalés à Saint-Malo en 1663 et Toulon en 1664. Mais, dans les deux cas, l’épidémie put être jugulée par les mesures de quarantaine prises immédiatement par les autorités. Elle est à nouveau signalée à Calais et à Arques à la l’automne 1665. En 1666, seule Dunkerque est touchée. À la fin de 1667, l’épidémie reprend sa progression vers le sud, de Coutrai vers Lille, de Bruxelles et Mons vers Valenciennes et Cambrai. Dès lors, elle progresse, à la faveur des déplacements de troupes à l’occasion de la guerre de Dévolution.
186 Sur la question : Revel (J.), « Autour d’une épidémie ancienne : la peste de 1666-1670 », in R.H.M.C., t. XVII, 1970, n° 4, p. 953-983.
187 Lavigne (L.), La pauvreté et la mendicité à Toulouse entre 1650 et 1750, op. cit., p. 129-130.
188 Sur les médecins (ou « opérateurs ») lithotomistes, et pour plus de détails : Guyader (J.), La vie de l’Hôtel-Dieu Saint-Jacques..., op. cit., p. 140-149.
189 Ibidem, p. 142.
190 Barbot (J.), Les chroniques de la faculté de médecine de Toulouse..., op. cit., t. I, p. 414. Sur ce médecin, voir Gerber (C.), « Un lithotomiste toulousain du XVIIe siècle pratique l’opération de la taille à Montpellier et devient chirurgien en chef des hôpitaux de Toulouse », in Toulouse médical, t. XXIV, 1924, n° 7, p. 182-192 ; et, du même, « Jean-Baptiste Raisin (1649-1717) », in Toulouse médical, t. XXV, 1925, n° 3, p. 30-42.
191 A.M.T., DD 69, 13 janvier 1723, Contrat d’engagement [expédition] du sieur Joseph Rigoul, médecin et lithotomiste, par la ville de Toulouse. Une copie de cet acte est jointe à la requête du sieur Rigoul présentée aux capitouls le 18 mars 1735 (A.M.T., GG 945). Selon les documents et, après eux, selon les auteurs, cet individu est dénommé Nigoul ou Rigoul. Précisons que, selon J. Guyader (cf. La vie de l’Hôtel-Dieu Saint-Jacques..., op. cit., p. 141), Rigoul aurait succédé à son maître (le sieur Raisin) après la mort de ce dernier survenue le 4 juin 1717 ; ce qu’infirment nos informations.
192 A.M.T., DD 69, 7 juin 1723. Contrat d’engagement [expédition] du sieur Izaac Lamarque, médecin et lithotomiste par la ville de Toulouse.
193 A.M.T., GG 945, 18 mars 1735. Requête du sieur Rigoul, médecin et lithotomiste, pour être maintenu dans ses droits quant à la pension qu’il reçoit de la ville en qualité de lithotomiste.
194 Barbot (J.), Les chroniques de la faculté de médecine de Toulouse..., op. cit., t. i, p. 414.
195 A.D.H.-G., C 2065.
196 Gerber (C.), « La dynastie des Lamarque », in Toulouse médical, t. XXVII, 1926, n° 22, pp. 691-707.
197 A.M.T., B 49, f° 224v°. 11 septembre 1734. Délibération du Conseil de Bourgeoisie. Nous reprenons ici, en les réactualisant, les premières données sur l’accoucheur juré que nous avions pu exposer ailleurs. Laffont (J.-L.), « Sages-femmes et cours d’accouchement à Toulouse sous l’Ancien Régime », op. cit.
198 A.M.T., BB 50, 1740.
199 Cette question est bien connue grâce aux travaux de M. Laget (cf. notamment : Naissances. L’accouchement avant l’âge de la clinique, Paris, 1982) et, surtout, à l’abondante production que lui a consacrée J. Gélis (cf. notamment : L’arbre et le fruit. La naissance dans l’Occident moderne. XVIe-XIXe siècle, Paris, 1984, et La sage-femme ou le médecin. Une nouvelle conception de la vie, Paris, 1988. À prolonger et réactualiser sur l’histoire de l’enfance avec, principalement : Becchi (E.), Julia (D.) (dir.), Histoire de l’enfance en Occident, t. II, « Du XVIIIe siècle à nos jours », Paris, 1998 ; et Bardet (J.-P.), Luc (J.-N.), Robin-Romero (I.), Rollet (C.) (dir.), Lorsque l’enfant grandit, entre dépendance et autonomie, actes du colloque de Paris, septembre 2000, Paris, 2003.
200 Parmi une abondante bibliographie, voir notamment : Capul (M.), Abandon et marginalité. Les enfants placés sous l’Ancien Régime, Toulouse, 1989 ; Beauvalet-Boutouyries (S.), Naître à l’hôpital. Paris, 1999 ; Boswell (J.), Au bon coeur des inconnus. Les enfants abandonnés de l’Antiquité à la Renaissance, Paris, 1993 ; Enfance abandonnée et société en Europe, XIVe-XXe siècle., actes du colloque international de Rome, 30-31 janvier 1987, Paris, 1991 ; Lallemand (L.), Histoire des enfants abandonnés et délaissés. Études sur la protection de l’enfance aux diverses époques de la civilisation, Paris, 1885.
201 Sur cette question, outre les travaux de C. Pinel et L. Saint-Charles déjà cités, voir : Lasmezas (P.), Les enfants abandonnés dans la région de Toulouse sous la Révolution, mémoire de maîtrise d’histoire, U.T.M., 1989. À prolonger avec : Denat (H.), Filles séduites et amour illicites : l’illégitimité à Toulouse et dans la région toulousaine au XVIIIe siècle, mémoire de maîtrise d’histoire, U.T.M., 1990 ; Wandelmer-Santisteban (C.), L’illégitimité à Toulouse à travers les procédures des capitouls à la fin du XVIIIe siècle (1769-1790), mémoire de maîtrise d’histoire, U.T.M., 2000.
202 L’éclairage toulousain montre ainsi que les contemporains ressentirent durement la poussée du début du règne de Louis XV. C’est ce qu’on vérifie pour d’autres villes. À Bayonne, par exemple, Philippe Bonetti observe que les autorités municipales « délibérèrent en 1732 au sujet du vice et [de] la débauche [qui] n’a jamais éclaté sy ouvertement » et des moyens à définir pour remédier à cette situation (cf. « Abandon d’enfants et niveaux de culture à Bayonne au XVIIIe siècle », in Annales du Midi, t. XCIX, 1987, n° 178, p. 165).
203 Le taux d’abandons connus en pourcentage du nombre de naissances enregistrées est passé d’une moyenne de 10 % dans la première moitié du siècle à une moyenne de 17 % dans la seconde, avec des taux systématiquement supérieurs à 20 % dans les dernières décennies et dépassant même parfois le seuil de 25 % pour l’ensemble de la population de la ville. Autrement dit, à la fin du XVIIIe siècle, un enfant toulousain sur quatre avait été notoirement abandonné. Dans les quartiers pauvres, le taux atteignait 39,9 %, et même dans les paroisses riches, il se situait généralement aux alentours de 15 %. Wolff (P.) (dir.), Histoire de Toulouse, op. cit., p. 338-340.
204 L’administration de l’hôtel-Dieu révisa sa réglementation en matière d’accueil des femmes enceintes et d’enfants illégitimes (le règlement de 1705 fut revu et précisé en 1723, le 21 novembre 1728 et le 18 mai 1732), milita pour obtenir une augmentation de son budget pour nourrir ces enfants (chose acquise le 20 août 1728 avec une allocation de 1.500 livres pour dix ans), tout en tentant de limiter le nombre admissions, ce qui n’alla pas sans provoquer des tiraillements avec le capitoulat, mais aussi des tensions avec l’hôpital de la Grave. Dans ce dernier, une crèche fonctionnait depuis 1729, mais en 1734, « le nombre des enfants ayant augmenté, on songe à agrandir le quartier et à accroître le nombre des servantes » ; Saint-Charles (L.), « Les enfants abandonnés, exposés, les orphelins dans les diverses maisons de charité de Toulouse », op. cit., p. 488.
205 Outre la contibution de Camille Sans dans le présent volume, voir, de la même historenne : Jean Fronton, chirurgien-accoucheur de la ville de Toulouse (1685-1774), mémoire de maîtrise d’histoire, Université de Toulouse-Le Mirail, 2003. Sauf indication contraire, nous nous appuyons ici sur ce travail et celui de M. Baudet, Le corps des chirurgiens toulousains…, op. cit.
206 A.M.T., BB 43, f° 803, 10 septembre 1751, Délibération du Conseil de Bourgeoisie.
207 Ibid.
208 Laffont (J.-L.), Policer la ville…, op. cit., t. II. À titre de comparaison, le nombre de victimes de la peste de 1652-1653 s’éleva à quelques 4.000 individus ; celui des victimes de la crise de 1693 fut de 3.357 morts (ce qui représentait au moins 7,3 % de la population toulousaine de l’époque).
209 Il n’est pas précisé de quel texte il s’agit ; il est probable que c’étaient les lettres patentes du 31 décembre 1750 portant règlement sur l’agrégation des maîtres en chirurgie qui étaient visées par Fronton.
210 A.D.H., C 113, 22 novembre 1752, Lettre de M. de Saint-Florentin à l’intendant.
211 Ibid.
212 A.D.H., C 113, 13 décembre 1752, Lettre [brouillon] de Jean-Emmanuel de Guignard, vicomte de Saint-Priest, intendant de Languedoc, à M. de Saint-Florentin pour lui adresser le mémoire de Fronton.
213 Guyader (J.), La vie de l’Hôtel-Dieu Saint-Jacques..., op. cit., p. 149.
214 A.M.T., BB 58, f° 25.
215 Sur cet accoucheur, voir : Perroud (C.), « Les Villars. Histoire d’une famille toulousaine », in Revue des Pyrénées, t. XXV, 1913, p. 151-162.
216 A.M.T., BB 261, Tableau de l’administration municipale pour l’année 1786, p. 92-93 ; cette intervention est partiellement reproduite par E. Lamouzèle, Essai sur l’administration de la ville de Toulouse à la fin de l’Ancien Régime (1783-1790) d’après les procès-verbaux du Conseil général et du Conseil politique et des commissaires, Paris, 1910, p. 78.
217 Selon J. Guyader cette pension n’aurait été rétablie qu’en 1789 (cf. La vie de l’Hôtel-Dieu Saint-Jacques..., op. cit., p. 157).
218 Selon Philippe Delvit, « en quinze ans (1771-1786), l’art vétérinaire se diffuse très largement en Languedoc » (cf. « Prévention et action : les lois municipales et économiques de Languedoc, des Lumières pour la province », in Goger (J.-M.), Marty (N.) (éd.), Cadre de vie, équipement, santé dans les sociétés méditerranéennes, op. cit., p. 67-82 ; appréciation qui nous semble quelque peu exagérée.
219 Laffont (J.-L.), « La rage dans le Midi toulousain sous l’Ancien Régime », in Revue de Médecine Vétérinaire, t. CL, 1999, n° 6, p. 525-534.
220 Les A.M.T. conservent une expédition de ce brevet sous la cote AA 33/17.
221 D’après Olivier Gerbeau qui indique que ce dauphinois, né en 1751, avait fait « ses études d’abord à Luis puis à Alfort » (cf. « Le besoin de vétérinaires et la création d’Écoles vétérinaires secondaires dans la France rurale à la fin du XVIIIe siècle », in L’homme, l’animal domestique et l’environnement du Moyen Âge au XVIIIe siècle, Nantes, 1993, p. 219-232).
222 Taillefer (M.), La franc-maçonnerie toulousaine sous l’Ancien Régime et la Révolution, 1741- 1799, Paris, 1984, p. 138 et p. 228.
223 Le développement qui suit s’appuie sur les informations livrées par la Lettre de M. Chauliac, capitoul, à l’intendant, A.D.H.-G., C 2069, 15 février 1785, f° 9, et le Tableau de l’administration de la ville de Toulouse pour l’année 1785, A.M.T., BB 260, p. 117.
224 Huard (P.), « L’enseignement médico-chirurgical », op. cit., p. 206.
225 Bressou (C.), Histoire de la médecine vétérinaire, Paris, 1970 ; Leclainche (E.), Histoire illustrée de la médecine vétérinaire, Paris, 1955, 2 vol. Sur l’antagonisme entre les vétérinaires et les « empiriques », dont nous avons ici un exemple précoce, voir les travaux de R. Hubscher, Les maîtres des bêtes. Les vétérinaires dans la société française (XVIIIe-XXe siècle), Paris, 1999 ; « Regards croisés et préjugés vétérinaires et paysans. XIXe-XXe siècles », in Antoine (A.) (éd.), Campagnes de l’Ouest. Stratigraphie et relations sociales dans l’histoire, actes du colloque de Rennes, 1999, Rennes, 1999, p. 134-151.
226 A.M.T., FF 557. C’est, à ce jour, sa dernière occurrence dans notre documentation.
227 A.M.T., FF 560. Nous n’avons pas trouvé d’autre indication sur cet individu.
228 On doit à Olivier Gerbeau le peu que l’on sait sur cette école qui est la première de ce type identifiée à ce jour. Elle devait accueillir 36 élèves « répartis selon les besoins des districts et, si possible, choisis parmi les fils de maréchaux-ferrants ». Comme toutes les écoles vétérinaires secondaires, elle « ne reçut la moindre subvention de la part d’un Ministre de l’Intérieur qui, à l’époque, était aussi chargé de l’enseignement vétérinaire », de sorte qu’elle ferma ses portes en 1798 (cf. « Le besoin de vétérinaires et la création d’écoles vétérinaires secondaires dans la France rurale à la fin du XVIIIe siècle », op. cit., p. 225- 226). Ce n’est qu’en 1825 que fut créée l’École royale vétérinaire de Toulouse.
229 Laffont (J.-L.), Policer la ville…, op. cit., t. I.
230 Montlauseur (Durand de), Manifeste de ce qui s’est passé en la maladie de la peste à Villefranche-de-Rouergue, Tolose, Colomiez, 1629, p. 26, cité par : Mouysset (S.), La peste en Rouergue…, op. cit., p. 91.
231 Roumégoux (M.-J.), « La peste de 1631 à Albi », op. cit., p. 373.
232 Soula (A.), La peste dans l’Ouest du Haut-Languedoc de 1620 à 1660, op. cit., t. I, p. 161. Voir aussi : Granier (R.), « La peste à Cordes et dans ses alentours du XVIe au XVIIIe siècle », in Gaillac et le pays Tarnais, actes du XXXIe congrès de la Fédération des Sociétés académiques et savantes Languedoc-Pyrénées-Gascogne, Gaillac, 21-23 mai 1976, Albi, 1977, p. 29-36.
233 Nous nous appuyons principalement ici sur le travail d’A. Soula, La peste dans l’Ouest du Haut-Languedoc de 1620 à 1660, op. cit., t. I, p. 119-121.
234 Cammartin (C.), 1628-1632. Quatre ans de la vie sociale, économique et politique de Toulouse, op. cit., p. 62. A. Soula constate que plus de douze maîtrises furent accordées en 1631.
235 Ibarcq (S.), « Un médecin orthézien en faveur à Toulouse au XVIIe siècle », in Revue Historique et Archéologique du Béarn et du Pays Basque, t. II, 1911, p. 184-185.
236 Pour plus de détails : Laffont (J.-L.), Policer la ville..., op. cit., t. II.
237 Ce développement est tributaire de : Desazars de Montgailhard (Baron), « Un homonyme et un précurseur de Joseph Balsamo à Toulouse, sous Louis XIII », in Mémoires de l’Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, t. XIII, 1913, p. 143- 161.
238 A.M.T., BB 283, f° 394, Annales manuscrites de l’année 1738. Les citations non référencées renvoient à ce document.
239 A.M.T., BB 284, f° 29, Annales manuscrites de l’année 1764.
240 Foucault (D.), « François Bayle (1622-1709). Un médecin novateur à Toulouse au temps de Louis XIV », in Médecine et philosophie au XVIIe siècle. François Bayle. Textes choisis et commentés par D. Foucault, Toulouse, 1997, p. 2.
241 S’il en était besoin, la démonstration en a été faite à grande échelle par C. Lamarre (cf. Petites villes et fait urbain au XVIIIe siècle. Le cas bourguignon, Dijon, 1993, p. 380 et s.).
Auteur
Université de Perpignan-Via Domitia
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