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Vivre et mourir en temps de guerre de la préhistoire à nos jours

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Patrice Foissac

Préface

Jean-Marc Vayssouze-Faure

Texte intégral

1Que lʼoccasion me soit ici donnée de saluer la venue des nombreux congressistes présents dans notre ville : soyez-y chez vous. Lʼopportunité pour moi de remercier la Société des Etudes du Lot, organisatrice de lʼévènement et en particulier lʼaction de ses membres et de son président, Patrice Foissac. Investie au service de la mémoire et de lʼhistoire, de la culture et du local, la Société des Etudes du Lot est une institution de la ville de par la richesse de ses recherches et ses décennies dʼexistence.

Cahors originelle

2Le site de notre Ville se prête de tout temps à la protection et à lʼépanouissement de ses habitants. La renommée de Cahors commence avec la guerre des Gaules où les Cadourques sʼillustrent comme les derniers opposants aux légions romaines et à Jules César. La civilisation gallo-romaine qui sʼensuivit enrichit régulièrement notre patrimoine avec son lot de découvertes : temple sous le site actuel de la maternité, amphithéâtre sous le parking et dʼautres peut-être… Ces mises à jour récentes ont permis de revoir le plan et la configuration de notre cité originelle sur lʼensemble de la boucle.

Cahors au fil des siècles

3Situés en marge du Royaume ou des provinces limitrophes, le Quercy et sa capitale, Cahors, sont âprement disputés et déchirés au cours de leur histoire et subissent des influences variables : entre Roi des Francs et comte de Toulouse, entre Rois de France et dʼAngleterre lors de la Guerre de Cent Ans (ancienne Guyenne anglaise), entre pouvoir clérical et civil pour lʼadministration de la Ville, entre protestants et catholiques (qui vaut la prise de Cahors par Henri de Navarre, futur Henri IV), entre officiers du fisc royal et paysans (nombreuses révoltes populaires)… Ces quelques exemples, non exhaustifs, illustrent le titre du congrès des sociétés savantes organisé par la Fédération historique de Midi-Pyrénées, « Vivre et mourir en temps de guerre de la Préhistoire à nos jours : Quercy et régions voisines ».

4De ces périodes de crise ou de guerre, la Ville de Cahors en a conservé les stigmates ou les cicatrices, tant dans lʼarchitecture ou le plan dʼurbanisme que dans la toponymie. La Ville présente des monuments et des éléments architecturaux défensifs, présents ou disparus : 3 ponts ouvrés et composés de tours, des remparts au nord, un chemin de guet, une barbacane, une Tour des Pendus… monuments devenus aujourdʼhui, pour lʼexistant, des atouts pour lʼattractivité du territoire et le tourisme. Mais la Ville porte également des ouvrages ou des plaques en lʼhonneur de ses enfants morts pour la patrie : un des plus anciens et assez rares monuments aux morts de la guerre de 1870, situé sur la place naguère éponyme, « Mobiles », soldats ayant combattu les Prussiens. La présence de ce monument, dans notre Ville et dans cette région, est sans doute accentuée par la figure locale et nationale de Léon Gambetta, co-fondateur de la IIIe République et ministre du gouvernement de « Défense nationale », échappé de Paris en ballon dont sa statue cadurcienne montre la direction. Le monument aux morts des guerres du XXe siècle, 14-18, 39-45, Indochine et Algérie, ou des plaques, ponctuelles sur des immeubles ou des noms de rue, honorent la mémoire des victimes de ces guerres et des combattants de la Résistance.

Cahors aujourdʼhui et demain ou lʼesprit de reconquête

5Cette Ville dont nous héritons et que nous administrons porte encore les marques de cette histoire : un secteur sauvegardé aux accents italiens (suite aux embellissements effectués par les Cahorsins, banquiers et marchands liés au pape Jacques Duèze, Jean XXII), compris dans les limites de lʼancien mur défensif de la ville médiévale, un pont et une cathédrale situés sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle inscrits, ainsi que ses monuments, au patrimoine mondial de lʼhumanité.

6Cet héritage, lié à notre riche histoire, non seulement nous devons le perpétuer mais également le faire fructifier et retrouver un rayonnement international grâce à quelques atouts qui nous permettent de développer un véritable art de vivre que dʼaucuns nous envient :

  • depuis le Moyen Âge, le vin de Cahors est exporté vers lʼAngleterre, aujourdʼhui le malbec, cépage originaire du Lot, avant de sʼimplanter en Argentine, a été planté en Crimée sous le nom de Kagor, pour le plaisir des Tsars et comme vin de messe des orthodoxes russes ;
  • la seconde guerre mondiale a aussi, par contrecoup, contribué à créer un mouvement international pacifiste, initié par Garry Davis et par un autre pape, celui du surréalisme, André Breton, installé dans la région après lʼinauguration de la 1ère route mondiale de la paix, de « Cahors Mundi » à Saint Cirq-Lapopie, et inscrit Cahors dans un réseau de villes appartenant au Mouvement des Citoyens du Monde ;
  • le rayonnement intellectuel, économique, depuis lʼuniversité créée sous Jean XXII, est aujourdʼhui à retrouver par un développement des filières dʼenseignement supérieur, par lʼessor dʼentreprises dʼenvergure internationale comme celle du groupe qui porte le nom de la Ville, présente sur plusieurs continents.

7Il nous revient, modestement mais sincèrement, par une mobilisation au quotidien faite de vérité et de constance, de cultiver ces atouts et cet art de vivre, fondés aussi sur la truffe, la gastronomie, le patrimoine…, pour assurer un développement pérenne de ce territoire tant apprécié de tous. Le renforcement dʼune fierté dʼappartenance marquée par la certitude que notre ville dispose dʼune notoriété bien au-delà de celle que les Cadurciens imaginent, contribuera à nʼen pas douter à construire le Cahors de demain. Un Cahors riche dʼun passé somptueux et résolument ouvert sur lʼavenir.

Auteur

Maire de Cahors
Président du Grand Cahors

© Presses universitaires du Midi, 2013

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