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Le Rouergue au tournant de l’an mil

 | 
Frédéric de Gournay

Troisième partie. Le Rouergue Féodal (xie-xiie siècles)

Chapitre 12. Essor et limites de l’habitat groupé

Texte intégral

1Le Rouergue connaissait depuis le Xe siècle au moins une forte croissance démographique, comme en témoigne la multiplication des terroirs. Cette croissance se traduit par un certain regroupement de l’habitat, phénomène perceptible à partir de 1050. Un regroupement qui se traduit, entre autres, par l’enchâtellement.

1. Tendance au regroupement.

  • 1 LMSF II, 1 : quidam burgensis illius ville Barnardus, quem Porcellum cognomine dicunt.
  • 2 Vicus : LMSF I, 1 ; I, 3. Villa : LMSF II, 5.
  • 3 Mention ignorée par J. F. NIERMEYER, Mediae latinitatis lexicon minus, s. v. burgensis.

2Entre 1015 et 1020, Bernard d’Angers rédige le récit d’un miracle de guérison survenu à un certain Gerbert. Celui-ci avait perdu un œil lors d’une rixe sur la place de l’abbatiale de Conques (ante plateam templi) avec “un bourgeois de cette villa” (quidam burgensis illius ville) du nom de Bernard Pourcel1. C’est là notre premier témoignage sur le regroupement de l’habitat en Rouergue : villa ne désigne plus un terroir, libre ou domanial, mais une agglomération ; plus précisément, un bourg monastique, qualifié tantôt de villa, tantôt de vicus par l’écolâtre d’Angers2. C’est aussi l’une des premières attestations du terme burgensis en Occident3. L’évolution sémantique du vieux terme villa est pour nous le premier indice d’un regroupement de l’habitat.

Les prodromes : villae constructae (vers 1060)

  • 4 Conques, n° 553 (1031-1060).
  • 5 Conques, n° 92 (923) : vinea mea quem ego cum labore edificavi ; n° 298 (v. 1000) : ipsa v (...)
  • 6 Conques, n° 3 (1061-1065).
  • 7 Conques, n° 63 (1060-1065), 66 (1065-1087).
  • 8 Gellone, n° 464 (1077-1099), 463 (20 mai 1106).

3Entre 1031 et 1060, Rigal et Étienne de Miermont donnent à Conques quatre mas à Lacalm, ubi villa constructa est de Bella Calme4. C’est le premier exemple d’une expression promise à un certain succès : villa constructa, villa edificata. Si l’expression vineam edificare renvoyait au défrichement, à la conquête des terroirs5, villa constructa semble bien désigner une agglomération en cours de formation. C’est le cas à Rignac, où les seigneurs de Belcastel mentionnent totam villam quae hodie est et postea hedificata fuerit (1061-1065)6. C’est aussi le cas en Toulousain : pour aménager une sauveté à Cassanie Galterio, un certain Gauzbert donne aux moines de Conques qui modo ibi habitant et postmodum habitaturi sunt un terrain délimité par des croix et villam quae modo ibi est et in antea edificata fuerit (1061- 1065) ; dans cette forêt de Bouconne où “il n’y avait aucune occupation humaine, si ce n’est les brigands rodant dans les bois”, Dodon de Samatan donne à Conques son alleu, scilicet domos et ortos et villam qui edificaturi erant inibi supervenientes hommes : bref, un terrain ouvert à la colonisation, une agglomération en puissance, ou plutôt en cours de formation, car déjà le labeur des moines y avait “construit” une église et “édifié” la villa correspondante (1065-1087)7. Faisons la part de l’exagération : cette villa qui deviendra Sainte-Foy-de-Peyrolières n’était peut-être pas un désert avant l’arrivée des moines de Conques ; il n’en reste pas moins que “construire” une villa consiste à fonder un village, avec ses maisons, son finage et son église. En 1077-1099, Hugues Heldebert donne à Gellone ses droits (bannum, usaticum) sur les pinèdes et rouvraies de la villa Solatico (Soulages) ad villam Solaticam bastiendam ; en 1106, Rigal de Compeyre donne in supradicto manso de la Vais séria… villare ubi villa edificetur, quant magnum et quant amplum ab abitatoribus fieri poterit8.

  • 9 Conques, n° 13 (1061-1065). La Besse, comm. de Villefranche-de-Panat.
  • 10 Conques, n° 14 (1062), 15 (1060).
  • 11 Conques, n° 11 (1031-1059) : illos homines qui de aliis parrochiis pro amore Dei et sancta (...)
  • 12 Conques, n° 204 (1065-1087).
  • 13 Conques, n° 462 (1061-1108, Nauviale) : omnes mansiones quae in ipsa villa factae fuerint  (...)
  • 14 Conques, n° 462 : de illis qui deforis parrochia venerint, tota septdtura sit sanctae Fide (...)
  • 15 Conques, n° 572 (1060) : des apendaries situées in burgo vetulo de Persia doivent un cens (...)

4D’autres indices révèlent une multiplication des habitats groupés dans la seconde moitié du XIe siècle. En 1061-1065, on mentionne le bourg de La Besse, totum burgum qui ibi est et erit9 ; à Clairvaux, on restaure en 1060-1062 un ancien vic détruit (vicum dispersum atque confractum), et les milites des deux châteaux qui le surplombent jurent de ne commettre aucune agression, ni dans le bourg et les maisons qui y seront faites (nec in ipso burgo nec in mansionibus que fuerint illic factae ), ni contre les hommes et les marchands (mercatores) qui se rendront au marché10. Un autre marché est mentionné à Prades-de-Salars un peu plus tôt (1031- 1059), en même temps qu’une “vieille église” (ecclesiam nostram de Pradas quae vocatur antiqua ) – ce qui en implique une nouvelle – et l’arrivée probable d’habitants venant d’autres paroisses s’y installer “pour l’amour de Dieu et de sainte Foy”11. Revenons à Clairvaux : quelque temps après l’acte de restauration, Arnaud Rodoard cède ses droits dans la paroisse, en prévision d’une installation de gens venant de la paroisse voisine de Bruéjouls, si autem de parrochia de Varojol venerint manere hommes ad Bonam Vallem12. A Nauviale comme à Golinhac, les chartes évoquent les maisons qui seront construites dans la villa13, et à Nauviale comme à Prades et à Clairvaux, on envisage l’arrivée de nouveaux habitants14. En 1060, on mentionne le “vieux bourg” de Perse, burgo vetulo de Per sia, ce qui paraît impliquer le développement d’une nouvelle agglomération plus proche du pont d’Espalion15.

Les formes du regroupement

  • 16 Conques, n° 14 (1062) : antiquis enim diebus fuit fundatum quoddam monasterium in honore s (...)

5Villa, vicus : les termes désignant le regroupement des hommes n’ont rien de nouveau, sauf peut-être burgus. C’est que les agglomérations du XIe siècle ne sont pas toujours apparues ex nihilo, loin s’en faut : Espalion s’est développé près de l’ancien vic de Perse, Clairvaux serait un ancien bourg monastique16. Il y eut bien mouvement de regroupement, sensible à partir de 1050, mais ses modalités sont diverses, et souvent difficiles à déceler. Il est cependant possible d’esquisser une typologie sommaire des habitats groupés.

  • 17 LMSF III, 20 ; Conques, n° 16 (1079-1087).
  • 18 Gellone, n° 161 (15 avril 1133). En 1126, une autre charte mentionne la villa que vocatur (...)

61. Les anciens vies. Certaines bourgades routières construites sur les voies romaines ont décliné au point de s’effacer (Cranton, Saint-Mémory, La Vaissière), alors que d’autres prospèrent, mieux situées par rapport aux nouveaux axes de circulation. Tel est le cas de Millau, au passage du Tarn, famosissimus vicus dans les années 1030 ; un demi-siècle plus tard, l’un des covicomtes de Millau partageait avec ses frères la leude de la villa Ameliavensis17, et en 1133 son petit-neveu Bérenger Raimond, comte de Provence, parle de “sa” ville de Millau, villa mea que vocatur Amilaus18. Autre vic en plein essor : Perse, dédoublé par le développement d’Espalion.

  • 19 Translatio metrica, 13 : ad urbem Conchacensium (AA. SS., Octobre, t. III, p. 291).

72. Les bourgs monastiques. Là encore, aucun vocabulaire spécifique. Conques est tantôt qualifié de vicus, tantôt de villa par les Miracles de sainte Foy ; la Translation en vers en fait même une ville, urhs Conchacensium19. Nant et Clairvaux faisaient partie de cette catégorie, mais nous ne sommes guère renseignés à leur égard.

  • 20 Ch. HIGOUNET, “Observations…” (1950), p. 134.
  • 21 F. de GOURNAY, Les Documents... (1992), p. 145 (carte) et pp. 146-147 (liste des sauvetés)
  • 22 Conques, n° 399 (1060-1065) : Les Infruts, comm. de La Couvertoirade ; n° 462 (1061-1108)  (...)
  • 23 Malbouzon, Lozère (Conques, n° 443, v. 1105 : De salvetate apud Gabalitanum) ; Malesagne, (...)
  • 24 J.-L. BOUDARTCHOUK, Le peuplement rural... (1989), p. 255.
  • 25 J.-P. CHAMBON, “L’agencement spatial et fonctionnel...” (1999), pp. 106-112.

83. Les sauvetés. Charles Higounet soulignait que le mouvement des sauvetés et bastides s’était arrêté “aux lisières occidentales et méridionales du Rouergue”, prenant comme exemple Naucelle, peut-être sauveté de Bonnecombe20. La sauveté est en effet un phénomène essentiellement aquitain : sur les dix-sept sauvetés de Conques, dix sont situées à proximité de la Garonne, dont huit en Toulousain21. Mais six autres sont dans le Massif Central, dont quatre en Rouergue : Les Infruts (après 1065), Nauviale (1061-1108), Maleville (1099-1144) et Prades-de-Salars (1108-1144)22 ; les deux autres étant situées encore plus loin vers le nord-est, en Gévaudan (Malbouzon) et en Auvergne (Malesagne)23. Cette extension du phénomène des sauvetés vers le nord-est est corroborée par la toponymie, en Rouergue (La Salvetat-Peyralès ; La Salvetat-des-Carts, comm. de Najac) comme en Haute-Auvergne (Saint-Mamet-la-Salvetat). Jean-Luc Boudartchouk voit en Montsalvy une “sauveté atypique”24. Avant d’être une bastide, Villeneuve était une sauveté de Moissac, fondée à la suite de la donation d’Ozil de Morlhon (1053). Avant d’être une sauveté, Nauviale (Nova Villa) était le domaine de fonction d’un viguier carolingien25.

  • 26 LMSF III, 21 : omnia sua intra murorum predicte ecclesie ambitum coacervaverunt, et nichil (...)
  • 27 LMSF IV, 26.

9Sainte-Foy de Conques avait joué un rôle pionnier dans la genèse des sauvetés. En Bas-Languedoc, Bernard le Velu vient assiéger le château de Loupian et il dévaste la campagne environnante (premier quart du XIe siècle) ; la réaction des paysans est de mettre “tous leurs biens” (omnia sua) à l’intérieur des murs entourant l’église de Pallas (intra murorum... ecclesie ambitum), et notamment leur bétail et leur foin26. Protection symbolique, mais dont l’Anonyme de Conques souligne l’efficacité surnaturelle : deux milites ayant violé la protection du sanctuaire, l’un ne peut faire avancer son cheval, l’autre meurt violemment par la suite. Autre prieuré de Conques, Belmont en Quercy était pareillement un refuge pour les circumpositi coloni lors des guerres entre milites (deuxième quart du XIe siècle)27 .

  • 28 Conques, n° 416 (s. d.) : omnes locales de mansionibus ipsius œcclesiae pertinentibus.
  • 29 V. FRÉZAL, Enquete archéologique… (1991).

104. Autres habitats ecclésiaux. Dès la première moitié du XIe siècle, une charte signale une petite agglomération à Arjac, qui n’est pas une sauveté, mais un ancien chef-lieu de viguerie. Plus que d’un vic d’origine gallo-romaine – la vallée du Dourdou n’était pas un axe de communication –, on aurait là un habitat ecclésial atypique : les maisons se sont groupées autour de l’église28. D’autres habitats similaires ont été recensés dans la région de Conques, à Montignac, Noailhac et Saint-Cyprien29.

  • 30 L. LECIEJEWICZ et alii, “Sur le Lévezou...” (1970). Aujourd’hui, il ne reste plus à Saint- (...)

11Fouillé dans les années 1960 par des archéologues polonais, le site de Saint-Jean-le-Froid relève de cette catégorie. Il s’agit d’un ancien village d’altitude (985 m.) du Levézou, prieuré de Moissac de 1059/1071 à 1282 ; durant cette période de deux siècles, il comptait de 20 à 30 habitants, sans compter les 5 à 10 moines du prieuré, tous réunis autour de l’église romane dédiée à saint Jean-Baptiste. Le site n’a livré aucune trace d’activité agricole (outils, silos à blé), mais de nombreuses traces d’une activité textile (laine) et surtout métallurgique (fer). En 1282, Saint-Jean-le-Froid devient possession des évêques de Rodez ; le village s’enferme dans un rempart en pierre et décline rapidement – dès le XIVe siècle, l’habitat se déplace plus à l’est, le site des XIe-XIIIe siècles est déserté et l’église romane tombe en ruine30.

  • 31 A. DEBORD, “Châteaux et société...” (1988 / 1990), pp. 16-17.
  • 32 G. DURAND, “Les châteaux du Rouergue méridional...” (1999), p. 130.
  • 33 Cf. Aline DURAND, “Les systèmes de culture...” (1995), p. 180 : “là où le manse perdure en (...)

125. L’habitat castral en Rouergue. André Debord faisait remarquer que les châteaux rouergats des Xe-XIIIe siècles n’étaient pas toujours entourés d’une agglomération31. Plus récemment, Geneviève Durand situe au XIIe siècle la concentration de l’habitat “autour de certains châteaux” du Rouergue méridional32. D’une manière générale, le Rouergue ne fait guère figure de pays d’incastellamento33.

  • 34 C’est la prudente hypothèse d’André DEBORD, op. cit., p. 17.

13De fait, ce n’est pas en Rouergue qu’on trouverait l’équivalent des chartes ad castellim faciendum du Latium. Les villae constructae qui se multiplient depuis la seconde moitié du XIe siècle sont situées bien loin des châteaux : Rignac, à 5 km de Belcastel ; Prades-de-Salars, à 10 km de Camboulas ; La Besse, à 6 km de Peyrebrune ; Arjac et Nauviale, à bonne distance du Cayla et de Combret... à l’inverse, de nombreux châteaux sont restés isolés : Ban-Castel, Belfort, Bonne, Gozon, La Britouyre, Malemort, Peyrelade, Peyroles... certes leur habitat subordonné a pu disparaître au cours des siècles34, mais inversement, là où il est attesté (Aubin, Castelmary, Najac) cet habitat peut être tardif. L’isolement de nombreux châteaux rouergats s’explique d’abord par leur fonction même de repaires, par leur site escarpé et parfois vertigineux ; allons plus loin : parce que ces repaires de milites étaient violemment répulsifs pour le reste de la population.

  • 35 LMSF IV, 17.
  • 36 Belfort, comm. d’Almon-les-Junies.
  • 37 Si l’on prend à la lettre les termes de Bernard d’Angers, super sublimam cristam, le châte (...)
  • 38 Pour reprendre la formule religieuse introduisant les donations : Locum sacrum sancti Salv (...)
  • 39 LMSF I, 22; III, 17.

14Prenons l’exemple de Belfort : son seigneur Hector, ferus incumbator, est “trop proche” du vic de Conques (Conchacensi vico nimis inheret) : il ronge les terres de l’abbaye et trucide ses famuli. S’il se rend au sanctuaire, c’est pour courtiser sa maîtresse (domina sua) à l’abri des regards indiscrets35. Trop proche de Conques ? 6,5 km à vol d’oiseau, nettement plus par la route, et de l’autre côté des gorges du Dourdou. Trop proche pour les moines et leurs tenanciers, certainement ; Belfort n’est plus aujourd’hui qu’une ferme isolée sur un versant36. Voyons ce qu’il en est à Conques même. Le pieux Raimond III, bienfaiteur de l’abbaye, envisage-t-il de faire construire un château pour rétablir son autorité sur les nobles de la région ? Ce château qui aurait dominé le bourg d’assez loin37 est présenté par les moines – et leur porte-parole Bernard d’Angers – comme une catastrophe, une menace de destruction : Raimundus quoque comes Rotenensium... ad destructionem inclite ville super sublimam cristam que monasterio imminet castellum facere minitaretur... si id sibi fas fuisset efficere, graviter status loci atque ordo permutaretur. Destruction du bourg, subversion du “lieu sacré” de Conques (locus sacer38) : heureusement, sainte Foy veillait, et par une mort préventive elle empêcha le comte de perdre par un tel forfait le bénéfice de sa piété. L’abbaye et son bourg ne pouvaient tolérer la proximité d’un château. Même l’oppidulum d’Austrin se trouvait à quelque distance, alors qu’il le tenait sub ditione monachorum ; quant à la tour de Siger, elle fut soufflée par une tempête à la grande satisfaction des moines39. En cette première moitié du XIe siècle, Conques était une sorte d’habitat anticastral.

  • 40 LMSF III, 15 (même époque que III, 14, c’est-à-dire sous l’abbatiat de Girbert : de 996 à  (...)
  • 41 AD BdR, 1H 36, n° 169 (1058) : ecclesia sancti Caprasii que antiquissima parrochia circum (...)
  • 42 S. CAMPECH, L. MACÉ, “Le prieuré roman de Castelnau-Pégayrolles” (1994).

15Quelques indices suggèrent cependant une amorce de regroupement castral en certains endroits, et ce dès le XIe siècle. Un jeune homme qui s’était évadé d’un château pourtant vertigineux doit se cacher sous des fagots pour échapper à ses poursuivants : Querebatur enim ab omni rustica et castrensi multitudine, que ad mercimonia exequenda convenerat illo die. “Pour échanger des marchandises” : l’expression suggère la distinction entre rustici et castrenses, plutôt que leur identification, mais elle montre assez le rôle rassembleur des marchés, et laisse entendre que les gens du château pouvaient faire nombre. La scène se serait déroulée vers l’an mil40. En 1058, dans la vallée de la Sorgue, un texte signale que l’antique paroisse de Saint-Caprais, dont dépendaient les trois châteaux environnants (Versols, Lapeyre et Montalègre), est désertée depuis quelque temps (ad heremum redacta ) en raison des chapelles construites dans lesdits châteaux41. On ne saurait réduire ce texte à quelque déploration nostalgique du type Ubi sunt... Il est remarquablement sobre, et son affirmation trouve une confirmation archéologique à Castelnau-Pégayrols, où la construction du prieuré victorin (Saint-Michel) a suscité le développement d’un bourg castral excluant l’ancienne église paroissiale (Sainte-Marie), située en contrebas. Le château s’élève lui-même sur une roque dominant le promontoire de l’église paroissiale, mais l’enceinte du bourg date du bas Moyen Age42.

  • 43 Sylvanès, n° 375 (1169) : donamus... nostram partent domorum, quas habebamus simul in cast (...)
  • 44 L. ALBARET, “Le siège de Sévérac...” (1995), p. 60.
  • 45 Illi autem de burgo receperunt se in superiorem munitionem : in summitate siquidem cujusda (...)
  • 46 Pierre des VAUX-DE-CERNAY, Historia Albigensis, 538-541.

16Le regroupement de l’habitat autour de certains châteaux s’est amplifié à partir du XIIe siècle. C’est alors qu’une charte de Sylvanès évoque les habitations (domus ) sises in castello de Creissel43. En 1214, Sévérac comprenait déjà une forteresse au sommet (munitio ) et un bourg en contrebas (burgum inferius ), d’ailleurs fortifié44 ; les Croisés de Guy de Montfort prirent le bourg par surprise à l’aube du 13 novembre, et les habitants se réfugièrent in superiorem munitionem. Pierre des Vaux-de-Cemay précise que ce bourg s’étendait du haut en bas du versant, a munitione illa per descensum montis ad ima45. Alors commença un siège de plus de quinze jours entre les Croisés (bourg) et les hommes de Déodat de Sévérac (forteresse) ; celui-ci ne consentit à rendre sa place qu’en raison du manque de vivres, et non sans fixer ses conditions à Simon de Montfort qui était venu prêter main-forte à son frère46.

  • 47 M. BOURIN-DERRUAU, Villages médiévaux…, t. 1, p. 139 et p. 141.

17Le Rouergue a donc connu son incastellamento, lui aussi ; seulement, cet incastellamento n’a pas fait disparaître le manse et l’habitat dispersé. Il s’annonce dès le XIe siècle, et s’amplifie au XIIe siècle : avec un certain retard par rapport au Bas-Languedoc, où le phénomène bat son plein entre 1070 et 117047.

  • 48 MOLINIER, “La sénéchaussée de Rouergue…” (1883). Il admet une moyenne de 5,5 personnes par (...)
  • 49 En italique, les paroisses qui ne sont pas désignées comme castra par la liste de 1341.

18En 1341, la liste exhaustive des paroisses de la sénéchaussée de Rouergue, éditée par Auguste Molinier, recensait 578 paroisses regroupant un total de 50 125 feux, soit une moyenne de 86,7 feux par paroisse (ce qui équivaudrait à 477 habitants)48. Parmi ces paroisses, 52 castra regroupaient 7 232 feux, soit une moyenne de 139 feux par castrum (765 habitants). Certaines de ces agglomérations castrales remontent très probablement aux XIe et XIIe siècles49 :

  • Aubin (205 feux en 1341)
  • Bozouls (244)50
  • Brusque (215)
  • Capdenac (300)
  • Castelnau-Pégayrols, Castrumnovum de Levesone (65)
  • Combret (196)
  • Cornus (82)
  • Entraygues (250)
  • Maleville (340)
  • Najac (800)
  • Parisot (280)
  • Peyreleau (96)
  • Peyrusse (700)
  • Pont-de-Camarès (280)
  • Rodelle (148)51
  • Salles-la-Source, CM/M ejus mandamento (350)
  • Sévérac-le-Chāteau (307)
  • 52 Conques, n° 556 (mars 1099-1108) : illam nostram ecclesiam que vocatur sanctus Saturninus (...)
  • 53 Molinier, n° 274 (172 feux).
  • 54 Molinier, n° 232 : Castrumnovum de Peirelesio cum ejus pertinentiis et cum villa de Pradin (...)
  • 55 Molinier, n° 400 : Castrum Villelonge cum parrochia de Cabanes.
  • 56 Molinier, n° 426 : Villa S. Romani de Tarno, sub cujus parrochia est castrum de Auriaco et (...)
  • 57 Molinier, n° 564 : Hommes castri de Auriaco. Autour de son château en ruines, Auriac est r (...)
  • 58 Molinier, n° 429 : Villa Sancti Affricani, in qua est una parrochia, et infra dictam parro (...)

19Cette liste tardive peut être utilisée à titre rétrospectif pour prendre la mesure de l’enchâtellement rouergat, de sa réalité comme de ses limites. Alors qu’en 1099- 1108 la chapelle castrale de La Roque-Valzergues dépendait du vieux vic de Saint-Saturnin-de-Lenne et de son église52, la situation s’est inversée en 1341 : parrochia Ruppisvallissergie et de Sancto Saturnino, que est in eadem parrochia53. Mais bien des castra ne regroupaient qu’une minorité de la population paroissiale : ainsi, Castelnau-Peyralès n’atteignait 240 feux qu’avec ses importantes annexes (Pradinas, Albagnac, Jouels, Castanet, Brodairolis)54 ; le castrum isolé de Villelongue comptait 70 feux grâce à la paroisse de Cabanès55 ; la villa de Saint-Rome-de-Tam comptait 322 feux en incluant le castrum d’Auriac56, alors que celui-ci ne comptait que 77 feux57 ; la villa de Saint-Affrique atteignait 930 feux, mais le castrum de Caylus ne comptait – en incluant divers mas – que 24 feux58.

Du mas au village

  • 59 Molinier, n° 565 : Habitatores mansi de Busaco cum parrochia Sancti Romani de Sernone...5  (...)
  • 60 AD Av., G 621 (9 septembre 1194).
  • 61 J.-L. DARDÉ, Dictionnaire... (1868). Lavencas, Les Maires et Vergonhac, comm. de Saint-Geo (...)
  • 62 ACLP, n° 110 (v. 1166) : Et aquesta vila sobredicha per nom Drulla es bastida el capmas Gu (...)
  • 63 ACLP, n° 110 : el capmas de Rinnac. Rignac était villa hedificata en 1061-65 (Conques, n°  (...)
  • 64 DARDÉ, Dictionnaire... (1868) recense en Aveyron 5 “Cammas” auxquels s’ajoute 1 village dé (...)

20Les quelques mas comptabilisés dans la liste de 1341 n’étaient plus des exploitations familiales, mais sans doute des hameaux : celui de Bussac comptait 5 feux, et il était recensé séparément (paroisse de Saint-Rome-de-Cernon)59. L’évolution est perceptible dès le XIIe siècle. En 1194, Raimond de Levézou et Guilhem de Luzençon réservent leurs droits de justice sur les hommes de trois mas proches de la villa de Saint-Georges : Lavencas, Les Maires et Vergonhac60. Si les deux dernières localités comptaient en 1868 respectivement 17 et 13 habitants, Lavencas atteignait à cette date le chiffre de 60 habitants61. Vers 1166, une charte nous apprend que la vila de Drulhe était “construite” sur le capmas Guillelmenc et deux autres terres ; cette vila devait déjà désigner un habitat groupé, un véritable village62. Ainsi donc, les capmas ont pu donner naissance à des villages (la même charte mentionne le “capmas de Rignac”63), ce qui expliquerait pourquoi les capmas ont laissé si peu de traces toponymiques64 : en bourgeonnant pour former un village, le capmas lui donnait le nom de son terroir (Drulhe), pas son nom spécifique (Guillelmenc) ni son nom générique (Cammas, Le Cammas).

  • 65 J.-Cl. HÉLAS, “Le manse en Gévaudan au milieu du XVe siècle” (1990) : “La plupart du temps (...)

21La transformation du mas en hameau se retrouve en Gévaudan : à la fin du Moyen Age, les terres du mas deviennent le finage d’un hameau divisé en plusieurs pagésies, mais le cadre ancien préserve son individualité : le hameau garde le nom de l’ancien mas, alors que les pagésies sont toujours restées anonymes65.

  • 66 Molinier, n° 566 (1341) : vilatgium de Agassaco (Aguessac). AD Av., G 595 (1390) : vilatgi (...)
  • 67 Louis LEMPEREUR, “Le cimetière barbare du Grandmas (Aveyron)”, Bulletin archéologique du C (...)

22Comment désigner cette nouvelle réalité, l’habitat paysan groupé ? L’appellation actuelle tardera à s’imposer : le terme de “village” n’apparaît en Rouergue qu’au XIVe siècle66, et l’on continuera longtemps à parler de mas pour désigner des hameaux ou même des villages. Au XVIIe siècle, Foyssac, qui comptait au moins 40 feux, et une chapelle transformée en cure en 1584, supplante définitivement Vareilles et prend significativement le nom de Grandmas67.

Émergence du cadre paroissial

  • 68 Elles n’en existaient pas moins : au Vie siècle, Grégoire de Tours mentionne la quinzaine (...)
  • 69 LMSF I, 1 : ad ecclesiam hujus barrochie... que ab antiquo Spariacus vocabatur.
  • 70 Chirac, II (1074) : Curières, cant. de Laguiole. Conques, n° 204 (1065-1087) : Bruéjouls, (...)

23La paroisse n’était pas un cadre de référence pour les scribes des IXe et Xe siècles, qui situaient villae et terroirs à l’intérieur de circonscriptions civiles68. La situation change au XIe siècle. Dès son premier récit (1013), Bernard d’Angers cite la paroisse d’Espeyrac69. Mais c’est la seconde moitié du siècle qui voit la promotion du cadre paroissial : Saint-Loup (1031-1060), Vaureilles, Saint-Martin de Canals (1061-1065), Curières (1074), Anglars et Compolibat (1061-1108), Bruéjouls (1065-1087), Saint-Cyprien (1087-1108), Souyri (1087-1108), Neuviale (1108-1125)70. Phénomène contemporain d’une reprise en main des paroisses par les autorités ecclésiastiques, mais qui participe du regroupement de l’habitat rural.

2. Développement de la vie urbaine.

  • 71 1200 feux pour la Cité, 1000 pour le Bourg, 100 pour le Monastère Saint-Sernin.
  • 72 Bonneval, n° 70 (1185), 81 (v. 1190).
  • 73 Bonneval, n° 125 et 126 (1202) : in vico sancti Justi.
  • 74 AD Av., 3G 399 (Breu del borg sancti Stephani, s. d.).
  • 75 AD TG, A 64 n° 1 (1161) : cives ab illo sacramento quodfecerant comiti absolvantur. AD Av. (...)
  • 76 AD Av., IG 479 (1195) : portalli usus quod est inter ecclesiam sancti Stephani et hospital (...)

24Sur les 578 localités énumérées par la liste de 1341, 48 dépassaient 200 feux, dont 11 comptaient plus de 400 feux : Rodez (2300)71, Saint-Antonin (1709), Millau (1400), Saint-Affrique (930), Najac et Villeneuve (800 chacune), Villefranche (780), Conques (730), Peyrusse (700), Ambeyrac (500) et Rieupeyroux (430). Certaines de ces agglomérations sont apparues au XIIIe siècle (Villefranche, Peyrusse) mais bien d’autres sont antérieures. C’est naturellement le cas de Rodez, Rutene villa (1185), civitatis Ruthene (v. 1190)72, déjà divisée en plusieurs quartiers comme ceux de Saint-Just (vicus sancti Justi, 1202)73 et de Saint-Étienne (borg sancti Stephani, XIIe siècle)74 . Mais le véritable clivage ruthénois opposait la Cité au Bourg, ainsi que leurs habitants respectifs, cives et burgenses. Mentionnés dès 1161, les premiers sont alors déliés du serment qu’ils devaient au comte, et en 1177 ils obtiennent avec l’évêque le droit de fortification dans la Cité75 ; en 1195, l’arrangement conclu entre le comte et l’évêque ordonne que le portail qui séparait les deux moitiés de la ville soit commun aux cives et aux burgenses, “pour que l’accès en soit ouvert à tous en temps de paix”. Ce checkpoint était situé entre l’église Saint-Étienne et l’hôpital du Pas76.

  • 77 Conques, n° 16 (1079-1087).
  • 78 Bonneval, n° 76 (1189) : apud Amiliavum vel in ejus districtu.
  • 79 A.-R. CARCENAC, Les Templiers du Larzac... (1994), p. 174 ; d’après l’étude de Philippe WO (...)

25Ce qui est plus nouveau, c’est la promotion urbaine du vic de Millau : elle remonte sans doute au XIe siècle (villa Ameliavensis77) et se poursuit au XIIe siècle sous la domination barcelonaise. La ville avait son district, mentionné en 1189, soit deux ans après l’obtention de sa charte consulaire78. Elle comptait 1697 feux en 1280, 1835 en 1309, soit une population probable – en affectant à ces chiffres un coefficient 4 – de 6788 et 7340 habitants respectivement, ce qui fait de Millau une ville relativement importante pour le XIIIe siècle79.

  • 80 Aniane, n° 200 (XIIe s.) : I sester d’anona a mesura d’Amelau ; ACLP,n° 122 (v. 1170): la (...)
  • 81 ACLP, n° 122 (vers 1170) : .II. eminas de civada et I. de froment a mesura de Saint Africa (...)
  • 82 Conques, n° 564 (XIIe s., censier du pain) : Locus de Marinescas, VI sestarios mensura Vil (...)
  • 83 Bonneval, n° 51 (1183) : sex sexteria siliginis ad mensuram Glaisole ; n° 93 (1194), 99 (1 (...)

26Les mesures de capacité locales témoignent à leur manière de cet essor du fait urbain. Elles se multiplient au XIIe siècle : mesures de Millau80, de Saint-Affrique81 ; mesure de Villeneuve, alors sauveté de Moissac82 ; des localités plus modestes avaient aussi leurs propres mesures : Laguiole, Perse, Sainte-Eulalie-d’Olt83.

27C’est le mouvement communal qui traduit le plus nettement l’essor des sociétés urbaines en Rouergue. La chronologie des premières chartes de franchises est assez significative : Saint-Antonin (1140-1144), Millau (1187), Bourg de Rodez (1195/1201) ; l’universitas de Conques n’a obtenu sa charte qu’en 1289. Comme le nouveau droit romain, le droit municipal s’est d’abord imposé au sud-ouest et au sud-est.

Les premiers privilèges municipaux du Rouergue

  • 84 AD TG, E ter 47 (partie droite d’une charte-partie). Éd. Robert LATOUCHE, “La coutume orig (...)
  • 85 ACLP, n° 41,1. 4-6, 47... Cette formule n’est pas sans rappeler celle qui désignait au mêm (...)
  • 86 ACLP, n° 41,1. 16-20 : Et asseguram totz los habitadors d’eissa la vila Sant Antoni de tot (...)

28La charte originale des coutumes de Saint-Antonin, en langue d’oc, ne prévoit aucune organisation municipale84. Elle résulte d’un arbitrage rendu par les évêques de Rodez et de Toulouse entre les vicomtes et les “hommes de la villa Sancti Antonini” (li ome d’esta villa)85, et se présente comme deux séries de concessions : celles des trois vicomtes Isarn, Guilhem Jourdain et Pierre ; celles des habitants. Ces concessions portent notamment sur l’exercice de la justice seigneuriale et sur le marché de la ville. Ainsi, les vicomtes s’engagent à ne pas prélever plus de dix sous pour les droits de justice sur toutes les affaires qui leur seront portées, ainsi que deux sous pour leur viguier, excepté les cas d’homicide, d’adultère, de cambriolage “et ceux qui par colère auront frappé quelqu’un de l’épée”86. Cette charte traduit un rapport de forces très tôt favorable aux habitants de la ville, et ne reflète aucune influence de ce droit justinien que Saint-Antonin commençait à connaître.

  • 87 AM Millau, AA 13 (copie du début du XIIIe s.). Éd. : J.-M. CARBASSE, “La charte consulaire (...)
  • 88 Consulatum eos firmum ita volumus habere… concedimus namque sigillum comune consulibus et (...)
  • 89 Item constituimus ut captus vel capta in adulterio non currat de nocte sed de die et ne re (...)
  • 90 Si l’on en croit la copie tardive d’un arrangement conclu entre la collégiale de Montsalvy (...)

29La charte consulaire de Millau est datée de Gérone, le 1er avril 1187 ; accordée par Alfonse, “roi d’Aragon, comte de Barcelone et marquis de Provence”, elle est souscrite par l’archevêque Bérenger de Tarragone et Raimond de Caldes, doyen et diacre de Barcelone87. Comme à Saint-Antonin, le texte commence par exempter les habitants de la queste, mais ici la ville obtient une organisation municipale : le consulat, doté d’un sceau qui compte au nombre des plus anciens sceaux municipaux du Midi ; la ville pourra porter les couleurs royales aragonaises, ce qu’elle a fait jusqu’à ce jour88. La justice criminelle est réglementée, les banalités du four et du moulin réduites, et l’une des dispositions impose la “course” aux hommes et femmes pris en flagrant délit d’adultère ; c’est par Millau que cette pratique d’origine pyrénéenne et catalane se serait diffusée dans le Midi, où elle devait devenir le châtiment ordinaire de ce délit au XIIIe siècle89. Les consuls de Millau sont les premiers attestés en Rouergue, si l’on excepte le cas très incertain d’Aubin où des parceriers cossols seraient mentionnés dès 115290.

  • 91 BN, Doat 169, f° 96-97. Éd. : BAILLAUD et VERLAGUET, Coutumes et privilèges du Rouergue, t (...)
  • 92 Et aquest dos fo fachs en la claustra de Sanh Amans, en presencia dels clergues e dels cav (...)

30A Rodez, la charte accordée en 1201 par le comte Guilhem aux habitants du Bourg se présente comme une confirmation des privilèges accordés par ses père et frère, Hugues II et Hugues 11191. Elle aussi commence par exempter les habitants de la tolte (tolta ni forsa) ; puis elle exempte marchands et artisans des péages et usages (pezatgue ni uzatgue ) à l’entrée et au sortir de Rodez, ainsi qu’en plusieurs localités plus ou moins proches (Bozouls, Rodelle, Souyri, Camboulas, Prades et Montrozier) et dans un rayon de quatre lieues autour de Rodez. On pourra construire librement (francament) sur tous les terrains vierges (per tots aquels lox noelars), sous réserve d’une albergue d’un cavalier par maison construite à l’intérieur des murs ou dans les fossés (dins los murs ni dins los valats ). Le comte autorise le droit d’héritage (las causas dels morts tornon als heres drechurieyramen). Il s’engage à tenir ces privilèges à perpétuité, sans tromperie (ses engan ), en touchant les Évangiles, comme s’il prêtait serment (ho tenrem...) ; mais sa charte se présente comme un “don” fait au cloître de Saint-Amans, en présence des clercs, des cavallers, des bourgeois et du commun peuple (comunal ) du Bourg92. La dernière disposition mentionne des prud’hommes (Ihi prohome da Rodes).

  • 93 AM Rodez (Bourg), AA 1, n° 1 (original, parch.). Éd. : BAILLAUD et VERLAGUET, Coutumes et (...)
  • 94 (8) E totz hom queis mude el Borc de Rodes, que i estia francx . V. ans de tollta e de tai (...)
  • 95 (9) E totz hom que faza testament a sa fi, que sia tengutz, e se moria a mort descoffessa, (...)
  • 96 Et aquest dos fo faigz ella claustra Sancti Amanz, em prezenza dels clergues e dels cavali (...)
  • 97 Conques. n° 478.
  • 98 AE Rodez, Conques, n° 2. Éd. J. BOUSQUET, “Les plus anciens privilèges communaux de Conque (...)
  • 99 AD Av., J 331 (mai 1250). Éd. J. BOUSQUET, op. cit., appendice II.
  • 100 In cujus rei testimonium, nos dictas abbas et conventus et cellerarius sigillorum nostroru (...)
  • 101 AD Av., 4H 5 (1259 ; copie notariée de 1316) : testibus... magistro Hugone de Nova Ecclesi (...)
  • 102 C. COUDERC, “Les privilèges municipaux de Conques” (1899), pièce n° V, pp. 384-392. Tout a (...)

31La confirmation de ces privilèges par le successeur de Guilhem, Henri Ier (1214), s’est faite dans le même cadre, mais elle précise les “bonnes coutumes” (bonas costumas) des habitants du Bourg93. Elles comprennent l’exemption de la tolte, ou plutôt sa limitation (ne pas en imposer plus de trois en trois ans), l’exemption de péage dans un rayon de quatre lieues autour de Rodez, esters solament de carnatgue, la limitation de l’albergue... les nouveaux habitants du Bourg de Rodez seront “francs de tolte ou de taille” pendant cinq ans ; ceux qui voudront déménager du Bourg pourront le faire en toute sécurité, et avec tous leurs biens94. Le comte Henri précise le droit de succession : la liberté de léguer à ses parents par testament95. Il renonce aux questes et albergues sur la terre et les mas des cavaliers et prud’hommes du Bourg. Il permet à ces prud’hommes de “lever des consuls” (levar cossols ), pourvu que soient sauves la seigneurie et la fidélité due au seigneur (salva la seinnoria e fezelltat dell seinnor). Henri s’engage à tenir le contenu de sa charte, “de bonne foi et sans tromperie” (per bona fe e ses engan o tenrem per totz temps) en touchant “corporellement” les Évangiles : là encore, on retrouve le cérémonial du serment pour ce “don” effectué au cloître de Saint-Amans en présence des clercs, des cavallers, des bourgeois et du comunal du Bourg de Rodez96. A Conques, la renommée de l’abbaye devait longtemps éclipser le bourg qu’elle avait engendré : vers 1100, l’inventaire de la mense conventuelle le mentionnait au beau milieu des mas et capmas (Burgo de Concas cum ipso mercado)97. Tout change au XIIIe siècle : le mouvement communal se manifeste au cœur de l’alleu de sainte Foy, force montante qui contraindra finalement l’abbé à concéder une charte de franchises. Entre 1218 et 1231, un accord conclu entre l’abbé Vézian et les habitants nous apprend l’existence de prud’hommes (proomes) et surtout de “consuls de Conques”, cosols da Couchas ; déjà apparaît le terme comunal98. Certes lesdits consuls reconnaissent Vézian per abat e per seinnor : c’était bien le moins ! Cette seigneurie ne tardera pas à faiblir : en 1250, l’abbé Hugues de Panat renonce à imposer aliquas tallias, quistas seu vexationes sur Conques ou ses habitants99, renonciation solennisée par les sceaux des deux parties : ceux des dignitaires de l’abbaye, mais aussi celui de l’universitas, qui s’est imposée comme partenaire à part entière100. Neuf ans plus tard, elle obligera le même abbé à consulter quatre probi homines choisis en son sein (qui sint communitatis) pour toutes les affaires intéressant la ville de Conques ; l’acte qui devait être rédigé par le “notaire public de la ville de Conques”, Hugues de Neuvéglise, sera finalement transcrit par son lointain successeur Guilhem Delpech101. Les événements se précipitent en 1288-1289 et, le 26 février 1289, l’abbé Raimond du Four doit accorder une charte de franchises à l’universitas des habitants de Conques102.

  • 103 AD Av., 2E 67-39(1271).
  • 104 AD Av., 2E 67 -39 (1277) ; LMSF II, 1.

32Ainsi donc, la communauté laïque (comunaltat de la vila de Conchas103) a imposé ses droits à la communauté religieuse, son droit municipal à la seigneurie de l’abbé comme à la puissance sacrée de sainte Foy : deux ou trois siècles plus tôt, ces insolents consuls auraient été promptement engloutis cum Dathan et Abiron ! Mais le “lieu sacré” de Conques avait depuis longtemps donné naissance à un bourg, et à 250 ans de distance le borzes de la vila de Conchas qui rédige son testament (1277) rappelle le burgensis illius ville qui se battait devant l’abbatiale104.

Notes

1 LMSF II, 1 : quidam burgensis illius ville Barnardus, quem Porcellum cognomine dicunt.

2 Vicus : LMSF I, 1 ; I, 3. Villa : LMSF II, 5.

3 Mention ignorée par J. F. NIERMEYER, Mediae latinitatis lexicon minus, s. v. burgensis.

4 Conques, n° 553 (1031-1060).

5 Conques, n° 92 (923) : vinea mea quem ego cum labore edificavi ; n° 298 (v. 1000) : ipsa vinea cum caput manso Matefredus edificet...

6 Conques, n° 3 (1061-1065).

7 Conques, n° 63 (1060-1065), 66 (1065-1087).

8 Gellone, n° 464 (1077-1099), 463 (20 mai 1106).

9 Conques, n° 13 (1061-1065). La Besse, comm. de Villefranche-de-Panat.

10 Conques, n° 14 (1062), 15 (1060).

11 Conques, n° 11 (1031-1059) : illos homines qui de aliis parrochiis pro amore Dei et sancta Fide ad istam ecclesiam venerint. Autres versions du même acte : n° 10, 12, 461.

12 Conques, n° 204 (1065-1087).

13 Conques, n° 462 (1061-1108, Nauviale) : omnes mansiones quae in ipsa villa factae fuerint ; n° 527 (1097) : de omnibus mansionibus quae factae fuerint in villa de Goliniaco.

14 Conques, n° 462 : de illis qui deforis parrochia venerint, tota septdtura sit sanctae Fidei et ad monachos.

15 Conques, n° 572 (1060) : des apendaries situées in burgo vetulo de Persia doivent un cens identique.

16 Conques, n° 14 (1062) : antiquis enim diebus fuit fundatum quoddam monasterium in honore sancti Petri apostoli inter castra Panatensium et Cassaniensium, sed supercrescente zizania confractum atque destructum diebus multis in magna egestatœ permansit ; n° 15 (1060) : advenit in unum vicum dispersant atque confractum qui fuit ab holim locus dedicatus in honore Domini et sancti Petri.

17 LMSF III, 20 ; Conques, n° 16 (1079-1087).

18 Gellone, n° 161 (15 avril 1133). En 1126, une autre charte mentionne la villa que vocatur Amellau (Gellone, n° 440).

19 Translatio metrica, 13 : ad urbem Conchacensium (AA. SS., Octobre, t. III, p. 291).

20 Ch. HIGOUNET, “Observations…” (1950), p. 134.

21 F. de GOURNAY, Les Documents... (1992), p. 145 (carte) et pp. 146-147 (liste des sauvetés).

22 Conques, n° 399 (1060-1065) : Les Infruts, comm. de La Couvertoirade ; n° 462 (1061-1108) : Nauviale ; n° 544 (1108-1144) : Prades-de-Salars ; n° 560 (1099-1144) : Maleville.

23 Malbouzon, Lozère (Conques, n° 443, v. 1105 : De salvetate apud Gabalitanum) ; Malesagne, comm. des Ternes, Cantal (ibid., n° 498, 1108-1125).

24 J.-L. BOUDARTCHOUK, Le peuplement rural... (1989), p. 255.

25 J.-P. CHAMBON, “L’agencement spatial et fonctionnel...” (1999), pp. 106-112.

26 LMSF III, 21 : omnia sua intra murorum predicte ecclesie ambitum coacervaverunt, et nichil extra preter tuguria sua reliquerunt.

27 LMSF IV, 26.

28 Conques, n° 416 (s. d.) : omnes locales de mansionibus ipsius œcclesiae pertinentibus.

29 V. FRÉZAL, Enquete archéologique… (1991).

30 L. LECIEJEWICZ et alii, “Sur le Lévezou...” (1970). Aujourd’hui, il ne reste plus à Saint-Jean-le-Froid (comm. de Salles-Curan) qu’une ferme et les ruines d’une chapelle construite au XVIIe siècle sur les décombres de l’église romane.

31 A. DEBORD, “Châteaux et société...” (1988 / 1990), pp. 16-17.

32 G. DURAND, “Les châteaux du Rouergue méridional...” (1999), p. 130.

33 Cf. Aline DURAND, “Les systèmes de culture...” (1995), p. 180 : “là où le manse perdure encore au XIIe siècle et où le castrum n’a pas su rassembler, ni même sans doute polariser l’habitat”.

34 C’est la prudente hypothèse d’André DEBORD, op. cit., p. 17.

35 LMSF IV, 17.

36 Belfort, comm. d’Almon-les-Junies.

37 Si l’on prend à la lettre les termes de Bernard d’Angers, super sublimam cristam, le château en projet aurait été construit sur le Puech del Rat (561 m.), à plus de 250 m au-dessus de l’abbatiale, et à près d’un kilomètre de distance.

38 Pour reprendre la formule religieuse introduisant les donations : Locum sacrum sancti Salvatoris Conchas monasterii qui est constructus in honore Domini, ubi sanctus Vincencius et sancta Fides tumulati requiescunt in corpore... (Conques, n° 92, 923) ; Locum sacrum sanctae Dei æcclesiae quae est constructus super alveum Dordonis... (n° 90, fin du Xe s.).

39 LMSF I, 22; III, 17.

40 LMSF III, 15 (même époque que III, 14, c’est-à-dire sous l’abbatiat de Girbert : de 996 à 1004). Le récit mentionne deux châteaux : Servières et la forteresse anonyme, super Caucasam rupem sita, dont le jeune homme s’est échappé.

41 AD BdR, 1H 36, n° 169 (1058) : ecclesia sancti Caprasii que antiquissima parrochia circum jacentum trium castrorum fuit, et propter capellas que in eisdem castellis constructe sunt aliquanto tempore ad heremum est redacta. De fait, il ne reste plus trace de cette paroisse Saint-Caprais qui s’étendait au fond de la vallée, entre les châteaux de Versols, Lapeyre et Montalègre (comm. de Versols-et-Lapeyre, cant. de Saint-Affrique).

42 S. CAMPECH, L. MACÉ, “Le prieuré roman de Castelnau-Pégayrolles” (1994).

43 Sylvanès, n° 375 (1169) : donamus... nostram partent domorum, quas habebamus simul in castello de Creissel.

44 L. ALBARET, “Le siège de Sévérac...” (1995), p. 60.

45 Illi autem de burgo receperunt se in superiorem munitionem : in summitate siquidem cujusdam montis sita erat munitio, burgum vero forinsecum a munitione illa per descensum montis ad ima protendebatur (Historia Albigensis, 539).

46 Pierre des VAUX-DE-CERNAY, Historia Albigensis, 538-541.

47 M. BOURIN-DERRUAU, Villages médiévaux…, t. 1, p. 139 et p. 141.

48 MOLINIER, “La sénéchaussée de Rouergue…” (1883). Il admet une moyenne de 5,5 personnes par feu (pp. 459-461), ce qui semble bien élevé. Un tel coefficient donnerait pour le Rouergue plus de 300 000 habitants en 1341 (52 823 feux d’après le ms. lat. 12 814 de la BN, f° 146 ; 50 125 d’après le ms. nouv. acq. lat. 185, calcul refait par A. Molinier, auxquels s’ajoutent nobles, clercs et indigents, ce qui aboutit au chiffre de 308 600 – à comparer aux 413 826 habitants de l’Aveyron en 1876 ; 427 511 en tenant compte des communes détachées au profit du Tam-et-Garonne en 1808, ou du Lot : Capdenac, Cuzac, Ournes).

49 En italique, les paroisses qui ne sont pas désignées comme castra par la liste de 1341.

50 Avec la paroisse d’Aboul.

51 Ruthinela (baylie de La Roque-Valzergues) comptait 148 feux avec ses quatre paroisses annexes (Molinier, n° 323), alors que le castrum de Ruthemola, non identifié (baylie de Peyrusse ; Molinier, n° 94) comptait à lui seul 120 feux. La liste n’aurait-elle pas recensé deux fois Rodelle par erreur ?

52 Conques, n° 556 (mars 1099-1108) : illam nostram ecclesiam que vocatur sanctus Saturninus cum capello de castello de Roca que pertinet ad eandem ecclesia. Le vicus Sudiriacus (Saint-Saturnin) est attesté en juin 906 (AD Av., 3G 300 n° 6).

53 Molinier, n° 274 (172 feux).

54 Molinier, n° 232 : Castrumnovum de Peirelesio cum ejus pertinentiis et cum villa de Pradinessio et de Albinhaco et de Joelhs, de Castaneto et de Brodairolis.

55 Molinier, n° 400 : Castrum Villelonge cum parrochia de Cabanes.

56 Molinier, n° 426 : Villa S. Romani de Tarno, sub cujus parrochia est castrum de Auriaco et plures alii mansi cum tota parrochia.

57 Molinier, n° 564 : Hommes castri de Auriaco. Autour de son château en ruines, Auriac est resté jusqu’à ce jour une petite agglomération bien distincte de Saint-Rome-de-Tam.

58 Molinier, n° 429 : Villa Sancti Affricani, in qua est una parrochia, et infra dictam parrochiam est castrum de Caslucio, et mansi de Monnarguas, de Salsone. de Roqueta, de Nogairolis et de Bassaco... sunt infra dictam villam 930 f., et in dictis Castro et mansis 24 f.

59 Molinier, n° 565 : Habitatores mansi de Busaco cum parrochia Sancti Romani de Sernone...5 f. Saint-Rome-de-Cemon comptait 51 feux (n° 528). Bussac, au nord de Saint-Rome (carte de Cassini).

60 AD Av., G 621 (9 septembre 1194).

61 J.-L. DARDÉ, Dictionnaire... (1868). Lavencas, Les Maires et Vergonhac, comm. de Saint-Georges-de-Luzençon.

62 ACLP, n° 110 (v. 1166) : Et aquesta vila sobredicha per nom Drulla es bastida el capmas Guillelmenc et ella Britolia et e l ’Engorgadenc.

63 ACLP, n° 110 : el capmas de Rinnac. Rignac était villa hedificata en 1061-65 (Conques, n° 3).

64 DARDÉ, Dictionnaire... (1868) recense en Aveyron 5 “Cammas” auxquels s’ajoute 1 village dénommé “la Cammazie”, contre 439 toponymes formés sur “Mas”.

65 J.-Cl. HÉLAS, “Le manse en Gévaudan au milieu du XVe siècle” (1990) : “La plupart du temps, un hameau se contenta de remplacer l’unique ferme qui se trouvait au centre du terroir et, dans un cadre ancien qui n’avait pas bougé, plusieurs exploitations se développèrent”.

66 Molinier, n° 566 (1341) : vilatgium de Agassaco (Aguessac). AD Av., G 595 (1390) : vilatgium. Ce vocable est formé comme homaticum, homagium, terme tardif remplaçant hominium après la Croisade albigeoise. Le terme de “village” apparaît aux XIIIe-XIVe siècles dans d’autres régions méridionales, dans l’Entre-deux-Mers : in locis seu villagiis, 1289 (Archives Historiques de la Gironde, t. 10, n° 53), en Bazadais : lou bilatge, 1314 (ibid., t. 3, n° 53), en Lauragais : in villagiis... de Perenchis, de Godovilla, 1317 (Jean RAMIÈRE de FORTANIER, Chartes de Franchises du Lauragais, thèse, Toul, 1939, n° 16).

67 Louis LEMPEREUR, “Le cimetière barbare du Grandmas (Aveyron)”, Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques et scientifiques, 1914. Grandmas et Vareilles, comm. de Mouret.

68 Elles n’en existaient pas moins : au Vie siècle, Grégoire de Tours mentionne la quinzaine de "diocèses” qui composaient l’évêché d’Arisitum (Historia Francorum V, 5).

69 LMSF I, 1 : ad ecclesiam hujus barrochie... que ab antiquo Spariacus vocabatur.

70 Chirac, II (1074) : Curières, cant. de Laguiole. Conques, n° 204 (1065-1087) : Bruéjouls, comm. de Clairvaux ; n° 334 (1031-1060) : Saint-Loup, comm. de Causse-et-Diège ; n° 370 (XIe s.) : Vaureilles ; n° 399 (1061-1065) : Saint-Martin de Canals, comm. de Cornus ; n° 430 (1061-1108) : Anglars-Saint-Félix et Compolibat ; n° 510 (1087-1108) : Saint-Cyprien, cant. de Conques ; n° 511 (1087-1 108) : Souyri, comm. de Salles-la-Source ; n° 536 (1108-1125) : Neuviale. comm. de Parisot (Tam-et-Garonne).

71 1200 feux pour la Cité, 1000 pour le Bourg, 100 pour le Monastère Saint-Sernin.

72 Bonneval, n° 70 (1185), 81 (v. 1190).

73 Bonneval, n° 125 et 126 (1202) : in vico sancti Justi.

74 AD Av., 3G 399 (Breu del borg sancti Stephani, s. d.).

75 AD TG, A 64 n° 1 (1161) : cives ab illo sacramento quodfecerant comiti absolvantur. AD Av., IG 479 (1177) : episcopus et cives licenciam habeant faciendi valla per civitatem.

76 AD Av., IG 479 (1195) : portalli usus quod est inter ecclesiam sancti Stephani et hospitale pauperum sit comunis civibus et burgensibus, ita ut sine contrarietate tempore pacis omnibus pateat aditus.

77 Conques, n° 16 (1079-1087).

78 Bonneval, n° 76 (1189) : apud Amiliavum vel in ejus districtu.

79 A.-R. CARCENAC, Les Templiers du Larzac... (1994), p. 174 ; d’après l’étude de Philippe WOLFF sur les registres fiscaux des archives municipales de Millau, “Trois études de démographie médiévale...”, in Regards sur le Midi Médiéval (1978), pp. 353-361. La population de Millau devait décliner dès la première moitié du XIVe siècle (1541 feux en 1346) avant de s’effondrer par suite de la Grande Peste (918 feux en 1353).

80 Aniane, n° 200 (XIIe s.) : I sester d’anona a mesura d’Amelau ; ACLP,n° 122 (v. 1170): la vinna de Martel. VIL erninas comolas de froment a mesura d’Ameillau.

81 ACLP, n° 122 (vers 1170) : .II. eminas de civada et I. de froment a mesura de Saint Africa... .I. emina de froment a mesura de Saint Africa et altra de civada a mesura d’Ameillau...

82 Conques, n° 564 (XIIe s., censier du pain) : Locus de Marinescas, VI sestarios mensura Ville Nove.

83 Bonneval, n° 51 (1183) : sex sexteria siliginis ad mensuram Glaisole ; n° 93 (1194), 99 (1196).

84 AD TG, E ter 47 (partie droite d’une charte-partie). Éd. Robert LATOUCHE, “La coutume originale de Saint-Antonin...” (1920/1922) ; Clovis BRUNEL, ACLP, t.I (1926), n° 41, pp. 47-51.

85 ACLP, n° 41,1. 4-6, 47... Cette formule n’est pas sans rappeler celle qui désignait au même moment les châtelains du pays de la Selve, li ric ome d’esta terra (la Selve, P 1 ; v. 1150).

86 ACLP, n° 41,1. 16-20 : Et asseguram totz los habitadors d’eissa la vila Sant Antoni de totz los plaiz los quals e nostra ma placitaverint que ja de negu re non aiam por .X. sol. justizia, el veguers d ’aquels que plaigar fara e sa ma non aia por .II. sol. exceptis homicidis, et illis qui cum uxore alterius deprehensi fuerint in adulterio, et latronibus in œcclesia Sancti Antonini vel in aliis domibus deprehensis in furto, et exceptis il lis qui aliquem irati gladio percusserint.

87 AM Millau, AA 13 (copie du début du XIIIe s.). Éd. : J.-M. CARBASSE, “La charte consulaire de Millau...” (1987/1988).

88 Consulatum eos firmum ita volumus habere… concedimus namque sigillum comune consulibus et comuni cum suscriptione nostra et sua, et etiam vexillum nostrum. La précocité du sceau municipal millavois est soulignée par A.-R. CARCENAC, Les Templiers du Larzac... (1994), p. 175 et note 3, d’après Martin de FRAMOND, Sceaux rouergats du Moyen Age (1982), p. 30.

89 Item constituimus ut captus vel capta in adulterio non currat de nocte sed de die et ne redimatur crimen illius peccunia et ne pro reatu mariti uxor non rea damnum sequatur, nec pro uxore rea maritus non reus aliquod dampnum incurrat. D’après J.-M. CARBASSE, on tient là un “exemple typique d’emprunt juridique consécutif à une domination politique” (p. 141), celle des comtes de Barcelone sur Millau.

90 Si l’on en croit la copie tardive d’un arrangement conclu entre la collégiale de Montsalvy et les nobles parceriers cossols am tota la communautat deldit Albin (19 décembre 1152), conservée aux Archives de l’hôpital de Villefranche (série B, case 6, liasse n° 10). Éd. : Henri DESCROZAILLE, Étude historique sur les Hōpitaux, Aumōnes, Charités, Œuvres de Bienfaisance de la ville d’Aubin, Rodez, Carrère, 1911, pp. 112-114. Il est bien difficile de faire fond sur un texte aussi modernisé dans la forme, et de tradition incertaine.

91 BN, Doat 169, f° 96-97. Éd. : BAILLAUD et VERLAGUET, Coutumes et privilèges du Rouergue, t. I (1910), pp. 99-101.

92 Et aquest dos fo fachs en la claustra de Sanh Amans, en presencia dels clergues e dels cavaliers e dels borzes e del comunal del dih Borc.

93 AM Rodez (Bourg), AA 1, n° 1 (original, parch.). Éd. : BAILLAUD et VERLAGUET, Coutumes et privilèges du Rouergue, t.I (1910), pp. 101-103.

94 (8) E totz hom queis mude el Borc de Rodes, que i estia francx . V. ans de tollta e de taillada de seinnor. (10) E se negus hom dell Borc se volia mudar ell ’autre loc, deu s’en annar salls et segurs ab totas sas causas per tōt nostre poder.

95 (9) E totz hom que faza testament a sa fi, que sia tengutz, e se moria a mort descoffessa, que sas causas tornesson a sos parens.

96 Et aquest dos fo faigz ella claustra Sancti Amanz, em prezenza dels clergues e dels cavaliers e dels borzes e del comunal del dich Borc de Rodes.

97 Conques. n° 478.

98 AE Rodez, Conques, n° 2. Éd. J. BOUSQUET, “Les plus anciens privilèges communaux de Conques...” (1961/1963), appendice III.

99 AD Av., J 331 (mai 1250). Éd. J. BOUSQUET, op. cit., appendice II.

100 In cujus rei testimonium, nos dictas abbas et conventus et cellerarius sigillorum nostrorum munimine presentem paginam duximus roborandam, et nos dicta Universitas ipsam paginam sigilli nostri munimine pariter duximus roborandam.

101 AD Av., 4H 5 (1259 ; copie notariée de 1316) : testibus... magistro Hugone de Nova Ecclesia, tunc publico notario villae Conquensis et totius mandamenti ; qui praedictis interfuit et notam praesentis accepit ; et cum dictus notarius morte preventus non potuisset praedictam notam in formant publicam redegisse, ego Guillemmus de Podio notarius publicus villae Conquensis et totius mandamenti inveni praedictam notam in proprio libro seu registre praedicti notarii… Le premier notaire connu à Conques est B. de Neuvéglise (1256-1259). Attesté de 1259 à 1271, son successeur Hugues de Neuvéglise instrumente une nouvelle fois en 1281 ; il vivait encore en 1284 (F. de GOURNAY, Les Documents écrits..., 1992, p. 103).

102 C. COUDERC, “Les privilèges municipaux de Conques” (1899), pièce n° V, pp. 384-392. Tout au long de sa phase militante, combattante (1250-1289), le mouvement communal de Conques a pris ce nom d’Universitas qui recouvre l’ensemble des habitants laïcs dressés contre la domination de l’abbé.

103 AD Av., 2E 67-39(1271).

104 AD Av., 2E 67 -39 (1277) ; LMSF II, 1.

© Presses universitaires du Midi, 2004

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