L’abbaye cistercienne de Grandselve
|Quatrième Partie. Une abbaye industrieuse
Chapitre 1. Un équilibre agro-pastoral
Texte intégral
- 1 J.B. Mahn, L’ordre cistercien et son gouvernement des origines au milieu du XIIIe siècle (1098-1265 (...)
1La vie quotidienne des habitants de l’abbaye était pourvue du nécessaire, mais tout était conçu dans une austérité où les superflus n’étaient pas pris en compte. Les moines blancs, comme les avaient appelés leurs contemporains, devaient leur surnom au tissu de leurs vêtements, laine non teinte et si possible travaillée au monastère. La tunique et la coule sont serrées par une ceinture de cuir, et les souliers sont de cuir également. Le coucher est non moins spartiate : une simple paillasse sur des planches suffit et l’on dort tout habillé. La nourriture est tout aussi simple : 6 mois de jeûne sans dispense, le poisson étant cependant accepté. L’ordinaire est composé d’un plat de légumes cuits à l’eau, de pain et de fruits. Voici une vie bien frugale, telle que la décrit J.B. Mahn d’après le Petit Exorde et les Usus antiquiores 1.
- 2 J’ai pris avec le temps une position beaucoup plus tranchée sur l’utilisation du terme autarcie. Lo (...)
2Les frères devaient assurer les produits de leur subsistance et pourvoir à l’exercice de la charité, mais leurs besoins ne paraissent pas considérables. Peut-on aussi parler d’une volonté d’autarcie2, l’abbaye fonctionnant en système économique clos et produisant tout ce qu’il lui fallait ? La documentation sert à voir comment cet objectif a pu se réaliser ; elle donne aussi un aperçu du monde économique d’alors, les productions qui étaient réalisées dans cette région de la Gascogne et du Toulousain. Les redevances en nature sont riches d’enseignement sur ce point, la dîme aussi quand elle était perçue ; et en fait, plutôt que de considérer l’activité économique de l’abbaye, il est plus souhaitable de voir sa place dans l’économie méridionale de son temps.
SUR LES TERRES DE LABOUR
3Les terres cultivées fournissent les produits nécessaires aux besoins de la communauté monastique, c’est-à-dire alimentaires et vestimentaires.
Les différentes cultures
4A la base de la production agricole, car à la base de l’alimentation, se trouvent les blés, le pluriel recouvrant l’ensemble des céréales sans en préciser l’espèce. Toutes les granges produisaient des grains, tout au moins pour celles qui nous étaient les mieux connues, c’est-à-dire celles qui sont situées dans la vallée de la Garonne, et autour de l’abbaye.
- 3 9994 f°47v°.
- 4 9994 f° 135 v°.
- 5 11008 f° 193 v°.
- 6 108 H 46 f° 10.
- 7 108 H 56 f° 212.
- 8 108 H 56 f° 418.
- 9 9994 f° 40.
- 10 108 H 46 f° 11.
- 11 9994 f° 145 v°.
- 12 108 H 46 f° 11.
- 13 108 H 56 f° 199 v°.
- 14 108 H 46 f° 11.
- 15 Doat 78 f° 287.
- 16 9994 f° 130 v°.
- 17 108 H 56 f° 418.
- 18 11008 f° 196 v°.
- 19 108 H 56 f° 212.
5Peut-on être plus précis ? Le froment, céréale noble par excellence, était largement répandu à Lassale3, très présent à Vieilaigue4, cultivé aussi à Larra5, Bouillac6, Nonas7 et Lescout8. Mais on trouve aussi sur le même champ l’association de froment et seigle, le méteil (mixtura), universellement répandue : elle est composée en général de 3 parts de seigle pour une de blé. Le seigle est parfois cultivé seul, comme à Lassale9, Bouillac10. Cela est assez peu fréquent, et cette céréale bien adaptée aux sols pauvres, n’a finalement qu’une place réduite dans l’ensemble des productions céréalières, aussi préfère-t-on lui associer le froment. Plus significative est la culture de l’avoine, liée à l’élevage des chevaux. Elle est implantée sur quelques zones : Vieilaigue dès le XIIe siècle11, Bouillac12 et Nonas13. On peut enfin citer au XIIIe siècle, l’orge à Bouillac14 et le millet à Vieilaigue15. Les rapports entre les différentes céréales sont difficilement discernables, et si on se réfère aux redevances, on a à Vieilaigue moitié froment et moitié méteil16, à Lescout 2/3 froment et 1/3 méteil17, moitié-moitié à Larra18 à Bouillac et à Nonas19. Ce critère n’est pourtant pas suffisant pour savoir dans quelque proportion elles étaient réellement produites.
- 20 De Bernard, Comptes de l’abbaye de Grandselve à la fin du XVIIIe siècle, Arch. départ. Tarn-et-Garo (...)
6Si l’on compare une telle répartition avec celle des productions de l’abbaye à la fin du XVIIIe siècle, on s’aperçoit que les caractères généraux n’avaient guère changé20 : même équilibre entre le froment et le méteil pour la partie au nord de l’abbaye, prépondérance du froment à Lescout, rôle très important du blé froment à Lassale. Les différences essentielles résident dans l’extension considérable de l’avoine, et le développement du millet près de Montech, aux temps modernes (carte n° 15).
7Il n’est bien sûr pas possible d’effectuer la moindre évaluation des quantités produites, ni les rendements obtenus sur les terres.
- 21 108 H 56 f° 294.
- 22 108 H 46 f° 44.
- 23 O. de Saint-Blanquat, « Sur l’établissement de deux bastides aux portes de Toulouse en 1303 », Recu (...)
- 24 108 H 46 f° 10.
- 25 108 H 46 f° 12.
- 26 108 H 46 f° 44.
8L’alimentation était complétée par d’autres cultures très peu mentionnées, et pourtant largement répandues : ce sont les légumes. On ne sait s’ils étaient produits en champs ou en jardins. Pour ce qui est des fèves, il se pourrait que ce fut en champs, comme à Villenaysague21. Par contre, on trouvait des jardins au Colombat, dans la grange de Terride, exploités par les habitants de Cologne22 ainsi que dans les banlieues de Toulouse23. Légumes et fèves sont signalés à Bouillac24, Comberouger25, Cologne26 au titre de la dîme, mais sans plus de précision.
- 27 108 H 21 na 47, en 1317.
- 28 J. Blanc, L’abbaye de Lagrasse au Moyen Age (1278-1502), thèse de IIIe cycle, Toulouse, 1978, manus (...)
- 29 Les connaissances apportés par l’archéologie ont été remarquables ; voir en particulier M.P. Ruas, (...)
9Par contre, dans un bail passé avec des jardiniers de Fronton pour un jardin à la porte Pouzonville, les redevances en nature portaient sur la fourniture de quarante perches d’ail, quarante raies de poireaux et trente enjambées d’oignons27. De plus, ils devaient apporter aux moines choux, épinards, persil, fèves, pois chiches et radis. On peut se faire ainsi une meilleure idée de l’ordinaire des moines, qui corrobore ce que J. Blanc a pu étudier pour l’abbaye de Lagrasse28 ; aux légumes ci-dessus nommés s’ajoutaient les courges et laitues. L’alimentation associait ration de pain et portions de légumes29.
10La vie du monastère dépendait, plus indirectement de quelques cultures complémentaires. Le foin était utilisé dans le cadre d’une économie pastorale. On retrouve les prés pratiquement partout, et ils affectionnaient particulièrement les humides fonds de vallée, les bords de la Garonne et les zones mal drainées. Aussi la production d’herbage devait-elle être particulièrement abondante à Lassale, près de Verdun, de Vieilaigue, et près de Calcassac. Et nous avons constaté que l’abbaye reçut des prés, lors de la constitution de ses domaines.
- 30 108 H 56 f° 184.
- 31 108 H 56 f° 440.
- 32 108 H 56 f° 378 et suivants.
11Il est cependant plus remarquable de noter les efforts qu’elle a déployés pour augmenter les surfaces consacrées aux herbages. De nombreux baux à accensement prévoient l’obligation pour le preneur de faire un pré sur la terre concédée. Et les exemples sont nombreux, correspondant aux régions mises en valeur dans la seconde moitié du XIIIe siècle : Puyvidal30, Pest31, et surtout Gilhac où les concessions portaient sur 16,5 arpents32.
- 33 108 H 46 f° 44.
- 34 108 H 46 f° 10.
- 35 108 H 46 f° 12.
- 36 Arch. municip. Montech, Liste des possessions des Bernardins de Grandselve à Montech.
12Quelques plantes textiles sont citées, à nouveau à l’occasion de dîmes : il s’agit du lin et du chanvre que l’on cultive à Cologne33, à Bouillac34 et à Comberouger35, Elles étaient favorisées par la présence des cours d’eau, nécessaires au traitement des fibres végétales. Il est possible que le chanvre ait été récolté à Lassale ; cela est suggéré par l’existence d’un toponyme à la fin du XVIIIe siècle : au sud de la métairie de l’Aulherie (l’honneur de Gravèle au XIIe siècle), passait le chemin de Las Caneberes, que la Garonne a actuellement englouti36.
- 37 Jardins et vergers en Europe occidentale (VIIIe-XVIIIe siècles), Flaran 9, Auch, 1989.
13Le paysage agricole serait inachevé sans la présence des arbres fruitiers et de la vigne. L’arboriculture apparaît peu dans les textes, sauf à l’occasion de quelques redevances, mais souvent un arbre fruitier est cité comme élément de repère topographique, ce qui fournit quelques indications sur les espèces cultivées37
- 38 108 H 18 n° 9, 13 mars 1307. A moins qu’il ne s’agisse d’une bergerie.
14Le noyer occupait une place de tout premier plan : il était utilisé pour ses fruits, mais également comme principale source d’oléagineux et sans doute en menuiserie, et en teinture. L’abbaye lui portait un intérêt certain puisqu’elle obtint des redevances variant entre le tiers et la moitié des fruits. Pour Grenade, la part fut réduite au 1/5e. Au XIIIe siècle, faire la liste des lieux où sont plantés les noyers équivaut à nommer tous les endroits habités tant l’arbre est commun : Bouillac, La Graulet, Comberouger, Puyvidal, Saint-Salvy, Nonas, Bréville, Lescout, Gilhac, Bagnols, Larra, Grenade. L’huile devait être produite dans une huilerie, et l’on peut penser que Grandselve en avait au moins une. L’examen de la toponymie a montré, à l’ouest de Nonas, dans une zone inculte au XIIe siècle, un lieu-dit la Houlerie, qui pourrait être l’« oüelherie » de Nonas, telle qu’elle est citée au début du XIVe siècle38. Beaucoup de noms de lieux sont encore les signes de l’extension large du noyer au Moyen Age (Nogaye, Nouyes, Nogarolis, Noguer Anar au nord de Vieilaigue, etc.).
- 39 108 H 56 f° 441 v°.
- 40 108 H 56 f° 244.
- 41 108 H 56 f° 343.
- 42 108 H 56 f° 340.
- 43 108 H 56 f° 149.
15Parmi les autres arbres fruitiers cultivés pour l’alimentation, le poirier semble occuper un rang appréciable, et l’abbaye percevait la moitié des poires de l’honneur de Pest39. Le poirier de Gauzinhac servait de borne40. Les pommiers auraient-ils été beaucoup plus rares puisqu’on ne les trouve que trois fois41 ? Enfin quelques espèces moins courantes terminent la liste des arbres fruitiers : les sorbiers42, et un néflier43. En ce qui concerne ce dernier, il est un peu regrettable de ne le voir que sur l’inventaire fait au XVIIe siècle. Nous n’avons pas le terme latin du XIIIe siècle et comme l’espèce a été introduite en Occident à cette date, sa présence précoce en Toulousain serait assez exceptionnelle.
- 44 108 H 56 f° 175 v°.
- 45 Doat 79 f° 308.
16On peut se demander quelle était la place exacte du châtaignier. Il y a là un décalage très net entre les textes et la toponymie : les châtaigniers ne sont mentionnés qu’une seule fois près de Saint-Salvy44, et c’est donc la seule châtaigneraie connue. Par ailleurs, un lieu est appelé, au XIIIe siècle, « Castagner » non loin de la grange Larra45, Cela est vraiment très peu si l’on compare à la floraison sur les cartes actuelles, mais aussi sur celle de Cassini des Cassagne, Castagnère, Cassagnale, etc. Faut-il croire que l’arbre n’avait conquis que postérieurement au XIIIe siècle la place qu’il occupe maintenant ? Il aurait été l’achèvement de la mise en valeur des terres, s’adaptant bien aux régions plutôt déshéritées.
- 46 108 H 56 f° 296 v°.
- 47 Doat 76 f° 332.
- 48 Doat 76 f° 135 v°.
- 49 Doat 76 f° 83.
- 50 C. Puig, Les campagnes roussillonnaises au Moyen Age : dynamiques agricoles et paysagères entre le (...)
17Il ne faut pas négliger l’olivier. Une terre située près de Verdun s’appelait au XIIIe siècle Bosc Olivier, ou du moins c’est ainsi que la nomme l’inventaire du XVIIe siècle46. Il est cependant impossible de savoir si c’est en rapport avec le prénom, attesté par ailleurs, ou l’arbre. Dans ce dernier cas, on aurait une extension très occidentale de son domaine cultural, peu probable d’ailleurs pour des raisons climatiques, mais pas impossible. Par contre, il y avait les terres catalanes et languedociennes. L’abbaye avait là quelques domaines et de nombreuses pièces de terre, et se montrait aussi bien intéressée par les plantations que par les revenus en olives et en huile. Une considérable donation du milieu du XIIe siècle l’avait mise en possession d’une dizaine d’oliveraies dans les basses plaines du Roussillon47. Mais aussi une garrigue près de Saint-Hippolyte devait être plantée en oliviers48. Mais surtout, en 1158, Pere Amath donnait une terre pour faire une maison où les moines résideraient quand ils viendraient récolter leurs olives. L’abbaye lui concéda la terre, Pere ferait le mas, effectuerait les travaux et à n’importe quelle heure que les moines arriveraient pour faire la cueillette, il leur laisserait la maison libre jusqu’à ce que l’huile soit faite, et il resterait au service de Grandselve à perpétuité49. Ce texte très intéressant permet d’évoquer les moines faisant le trajet vers le Roussillon, y séjournant, et repartant avec l’huile fabriquée50.
- 51 108 H 36 : 11 et 21 juin 1466.
18La grange de Coursan avait sans doute aussi des oliviers, si l’on en croit un document du XVe siècle : à cette date, l’emphytéote devait envoyer les arrérages d’une redevance en huile à l’abbaye. Le texte est tardif par rapport à la période considérée, mais la longévité de l’arbre permet l’anticipation, et de plus, les terres proches du Massif de la Clape étaient particulièrement aptes à porter de telles cultures51.
- 52 108 H 56 f° 105 v° : en 1209.
- 53 108 H 56 f° 125 v° : en 1190.
- 54 9994 f° 192 v° : en 1163.
- 55 108 H 56 f° 243 v° : en 1184.
- 56 108 H 56 f° 247 : en 1191.
- 57 108 H 56 f° 345 : en 1215.
- 58 108 H 56 f° 351 : en 1208.
- 59 108 H 56 f° 283 : en 1166.
19La vigne complète l’association des cultures méditerranéennes. Bien implantée sur les rebords des terrasses et les pentes des coteaux ensoleillées, elle a une prédilection pour l’exposition au Sud-Est et n’est pas rebutée par des sols peu fertiles et caillouteux. Cela explique que dès la formation du temporel de l’abbaye au XIIe siècle, divers vignobles aient été donnés ou vendus. Les principaux se trouvaient dans la grange Lassale, soit entre Combes et Saint-Cry, à Castelnau-d’Estrétefonds, à la Voulte, à Gojac. Là, plusieurs parcelles plantées en vignes permettent de parler de vignobles. Mais de nombreuses petites vignes plus ou moins isolées, profitaient de bonnes conditions : Bouillac52, Beaupuy53, Nonas54, Pamville55, Ricancelle56, tous lieux proches de l’abbaye ; Mauzas57 et Varanhas58 en Lomagne ; et Dieupentale, à l’Est de la Garonne59.
20Le vignoble de l’abbaye était donc important. Il est vrai que, contrairement aux usages cisterciens, les abbayes de la filiation de Cadouin, dont Grandselve avait fait partie, avaient conservé le droit de laisser boire du vin par les moines, mais surtout par les convers, avec modération évidemment.
Le système cultural
21Une telle énumération de cultures est le propre de la polyculture ancienne, représentative des productions au Moyen Age, mais dont il faut bien remarquer qu’elle a subsisté en Aquitaine et en Toulousain. Le poids des conditions naturelles explique en partie cette permanence, et cette diversité obligatoire.
22Le relief introduit des paysages morcelés sans vastes unités géoéconomiques. Les granges, ainsi qu’il a été vu, peuvent être établies sur le fond de la grande vallée alluviale de la Garonne, comme Lassale, à l’abri des inondations moyennes ; ou bien le long des petits cours d’eau, à flanc de vallée, comme Larra sur la Save, ou Nonas sur le Lambon ; enfin sur les plateaux, mais toujours près d’une vallée, comme Aussiac près du Burgaud. Dans tous les cas, la topographie rassemble des éléments très variés et complémentaires : coteau et vallon, vallée et plateau.
23Cela entraîne aussi bien des variations d’exposition au soleil, que de sols, tout à fait considérables. Si pratiquement toutes les exploitations se sont implantées au versant ensoleillé et tout spécialement vers le Sud-Est, leurs terroirs s’étendaient à cheval sur les deux versants. Dans le fond des vallées, un mauvais drainage des eaux crée des zones parfois semi marécageuses, alors que la surface des plateaux et collines se dessèche très rapidement. Les céréales s’adaptent mieux aux terres sèches tandis que les prés occupent les terres humides, ainsi que le lin et le chanvre. Les arbres peuvent se développer en tout lieu.
- 60 F. Taillefer, Le Midi Toulousain, Paris, 1978, p. 172.
- 61 Ch. Higounet, « Le régime seigneurial et la vie rurale dans la commanderie du Burgaud », AM, 1934, (...)
24La pédologie renforce ce morcellement. Toute cette partie de la moyenne Garonne est formée d’un soubassement de molasse, aquitanienne-stampienne composée d’argiles de marnes, et de minces bancs calcaires60. Sur la molasse, dans la plaine alluviale et la basse terrasse de la rive droite garonnaise, se sont déposés des sables, graviers et cailloux. La moyenne terrasse à gauche du fleuve a accumulé dépôts sableux et parfois limoneux. Or les domaines de l’abbaye s’étendaient essentiellement sur les deux formations géologiques. La molasse argileuse affleure au flanc des vallées qui ont entaillé les dépôts. Plus au Sud et à l’Ouest, de Beaumont à Larra, commencent les alluvions anciennes de la Lomagne et de Bouconne. On trouve essentiellement deux types de sols : le terrefort, argileux, collant, fluant, lourd à travailler mais assez riche ; la boulbène avec ses sols légers dépourvus de calcaire, faciles à travailler. Si elle est composée surtout de limons comme près de Grandselve, Saint-Sardos, ce sont de bons sols, mais si ce sont des cailloutis comme près du Burgaud, dans la plus grande partie de la Lomagne et dans toute la Bouconne, les sols sont très médiocres. Sur ces terres ingrates, la lande et la forêt s’étaient largement maintenues61. En conséquence, on constate les trois aptitudes fondamentales pour les possessions de l’abbaye ; elle est à la « frontière », à la charnière entre les pays gascons et les pays languedociens et il n’est donc pas étonnant que parfois elle se soit intégrée à la vie gasconne, parfois à la vie languedocienne, n’étant finalement ni l’une ni l’autre. Au contraire, ses dispositions variées lui donnaient ouverture vers l’Ouest et vers l’Est.
- 62 D. Faucher, « Polyculture ancienne et assolement biennal dans la France méridionale », Revue géogra (...)
25La diversité des cultures est aussi rendue nécessaire par l’instabilité du climat. En effet, dans le Midi, les changements sont souvent brutaux et rapides et le moindre décalage dans le temps d’un caractère par ailleurs normal peut entraîner des répercussions très fâcheuses : la sécheresse d’été trop précoce détruira les blés, et un automne trop longtemps pluvieux interdira les labours. Les récoltes sont spécialement fragiles. De plus, on ne peut cultiver que des blés d’hiver car les blés de printemps n’ont pas le temps d’arriver à maturité avant l’été, alors qu’à cette période végétative, le blé a particulièrement besoin d’humidité. Les géographes ont montré que, pour le paysan, la polyculture est alors un moyen de limiter les dégâts possibles, de s’assurer contre les caprices du climat en divisant les risques62.
26En fonction des nombreux facteurs de diversification, relief, sols, climats, on comprend mieux à la fois l’enchevêtrement des parcelles tel qu’il est manifeste à Lassale ou Vieilaigue, et la nécessité de s’installer à proximité de terroirs différents et complémentaires.
- 63 Idem, p. 244.
- 64 J.A. Brutails, Etude sur la condition des populations rurales du Roussillon au Moyen Age, Paris, 18 (...)
27L’association des productions était-elle pratiquée sur un même champ ? C’est à peu près certain en ce qui concerne l’union des cultures et de l’arboriculture. Arbres fruitiers et céréales, vigne aussi, se mêlaient sur la même surface, et cette pratique a été constatée aussi bien en Provence, qu’en Bas-Dauphiné, Quercy, Agenais et Bordelais63. Elle était certaine en ce qui concerne le Roussillon : les jardins mentionnés par les documents, appelés hortas en Catalogne, portaient poireaux, choux, navets mais aussi céréales, oliviers et vigne64.
- 65 G. Sicard, « Les techniques rurales en pays toulousain aux XIVe et XVe siècles d’après les contrats (...)
28Les méthodes culturales proprement dites restent totalement inconnues, aussi bien en ce qui concerne l’outillage employé, que les techniques et les travaux journaliers et saisonniers. Pour cela, il faut se reporter à l’étude de G. Sicard pour les XIVe et XVe siècles, à partir des termes des contrats de métayage65. Il y a en effet fort peu de probabilités que des transformations radicales aient eu lieu. Par contre, l’association des cultures pose un problème qui est celui de l’alternance sur un même champ, et de son rythme.
29On considère que l’assolement biennal était généralisé dans la France méridionale, cycle à deux temps qui faisait alterner une année de culture (grains essentiellement) et une année de jachère « morte ». L’impossibilité de réaliser une sole de blés printaniers entravait l’assolement triennal.
- 66 Doat 78 f° 287 et suivants.
- 67 Doat 78 f° 293 v° : (...) Frater IV. de Bersaco (...) vidit habere, et tenere et explectare domui p (...)
30En 1239, Bertrand de Coubirac est amené à arbitrer un conflit entre l’abbaye, et Raymond vicomte de Dieupentale, Guilhem vicomte, Bernard Belfort et Jean Augurerius. Plusieurs terres sont litigieuses et surtout l’une située approximativement à Tournefeuille, entre les rivières Marguestaud et Saint-Pierre. Il est fait appel à des témoins, en l’occurrence 41 frères sont entendus66 et ils décrivent ce qu’ils ont vu depuis plus de quarante ans sur cette terre. Nous apprenons ainsi que parfois l’abbaye exploita la terre, parfois ce fut Odon Franqui en son nom, payant l’agrier et portant les gerbes à la grange de Vieilaigue. Les récoltes obtenues sont énumérées au fur et à mesure des dépositions : les blés, c’est-à-dire le froment, l’avoine et le millet, également le foin. A cela s’ajoute le pâturage d’un petit bétail, des porcs plus spécialement et Grandselve avait en ces lieux des cabanes. Frère Guilhem de Berzac déclare que, depuis quarante ans et plus, il a vu l’abbaye y avoir cabanes, y travailler avec ses bœufs et moissonner vingt fois, ce qui nous permettrait de conclure à un assolement biennal. Mais le frère suivant A. Rapacius ajoute, concernant ce même laps de temps, que les grains étaient coupés par deux fois et le pré par deux fois67, si on interprète ainsi l’expression per duas vices. Cela conduirait à un assolement quadriennal avec deux années de culture et deux années de jachère, améliorée puisque faite en gardant des prés. Un tel rythme serait assez exceptionnel.
- 68 G. Sicard, Les techniques rurales..., p. 85 : il a trouvé blé-jachère – pastel-jachère.
31D’autre part il faut remarquer la variété des céréales cultivées : on peut donc supposer que la succession a porté sur froment-avoine, suivie ensuite d’une jachère à herbages utilisée dans le cadre de l’élevage, soit que l’on récolte du foin, soit que des animaux y pâturent pendant deux ans, puis froment-millet-jachère. A moins qu’il ne s’agisse d’un curieux rythme quadriennal tel que G. Sicard l’a détecté à la fin du XVe siècle, et qui est en fait un cycle biennal mais avec rotation des cultures68, ce qui donnerait froment-jachère-céréale secondaire-jachère.
- 69 108 H 56 f° 298 v° : le 18 février 1310.
- 70 108 H 56 f° 355.
32Cependant, la documentation mentionne aussi un rythme ternaire qui mérite l’attention. Deux textes rappellent l’obligation de semer de trois ans en trois ans. Le premier de 1310 est un bail à fief sur une terre à Saint-Gratiant, près de Verdun : le couple de preneurs doit consacrer 1,5 cartonnade de terre à élever une métairie, avoir une aire, un jardin, une vigne et un bois, le reste, soit 8,5 cartonnades, devant être cultivé, et semé de 3 ans en 3 ans69. L’agrier est de 1/9e, ce qui correspondrait à une terre à défricher. Le deuxième, lors d’un conflit entre l’abbaye et les habitants de Beaumont-de-Lomagne, rappelle à ceux-ci, en 1369, qu’ils étaient tenus de semer de 3 ans en 3 ans70. Peut-on parler d’assolement triennal ?
- 71 D. Faucher, « L’assolement triennal en France », dans La vie rurale vue par un géographe, Toulouse, (...)
33Les deux actes manquent de précision, mais il y a peu de chances qu’il s’agisse du schéma classique comportant blé d’hiver, céréale secondaire puis jachère, quoique ce système ait existé dans quelques noyaux de la France du Sud, îlots dans les Alpes du Sud et les Pyrénées. D. Faucher a fait remarquer que ces régions étaient des pays d’élevage où les possibilités de fumure étaient très abondantes71. Cet aspect n’est d’ailleurs pas impossible pour les terres de Grandselve où l’élevage, nous le verrons, était notable. Mais le terme d’ensemencer laisse penser que les champs n’étaient cultivés qu’un an sur trois, ce qui n’est certes pas le sens habituel d’assolement triennal. Il faudrait alors en conclure que la terre restait inculte deux ans sur trois. Pareille vacance est très élevée et ne pourrait s’expliquer que par le caractère très médiocre des sols : cela n’est cependant pas le cas près de Verdun ni de Beaumont-deLomagne. Ou bien on peut penser que les difficultés d’un défrichement repoussaient le rythme des semences à trois ans, mais une telle obligation ne serait guère valable à Beaumont, presque un siècle après la fondation de l’agglomération ; ou bien enfin, les deux années de repos étaient une nécessité pour un élevage important et qui avait besoin de nombreuses terres de pâturage.
34Il est possible aussi que le terme d’ensemencer ait été réservé au produit noble, c’est-à-dire la céréale. Par contre, la jachère « morte » ne signifiait pas forcément l’absence totale de cultures : on pouvait alors faire pousser choux, fèves et pois, « menus grains » nécessaires à l’alimentation, qui débordaient ainsi le cadre limité des jardins. Le reste du cycle pouvait être occupé par la pâture.
35Le système cultural intégrait donc, à l’intérieur de son rythme, des temps réservés au repos de la terre, mais par là même au pacage des animaux et associait étroitement les activités agricoles et pastorales.
LES TERRES DE PARCOURS ET LES EAUX
36Terres incultes ne voulaient pas dire terres sans rapport pour l’abbaye. Lorsqu’il ne peut cultiver, l’homme se souvient d’une économie de cueillette, de déprédation, qui consiste à prendre ce qui est nécessaire sans reconstituer la capacité de production.
Terres en friche et forêts
37La rotation des cultures laissa la terre parfois totalement en repos et la végétation naturelle repoussait, temporairement, même dégradée. Par ailleurs, les terres cultivées étaient entourées de friches, landes, bruguières (de fougères), bouzigues etc., mauvaises terres impropres à l’exploitation ou anciens terroirs retournés à l’état sauvage. Les forêts enfin, avec leurs feuilles et leur riche sous-bois, achevaient ce tableau du monde végétal.
- 72 D. Cazes, L’abbaye de Grandselve, maîtrise, Toulouse, 1973, manuscrit, p. 62.
- 73 M. Pradalier-Schlumberger, Toulouse et le Languedoc, la sculpture gothique, PUM, Toulouse, 1998.
- 74 G. Plaisance, « Les cisterciens et la forêt », Revue du bois, 1955, t. 10, p. 8
38Les cisterciens n’avaient pas négligé cet aspect agreste de la nature, au contraire, et l’on en a les signes dans la décoration des chapiteaux. Dans un style sobre et très dépouillé, ce ne sont pas les travaux de tous les jours qui sont représentés, mais des éléments végétaux. Sur ceux de Grandselve qui subsistent, se succèdent les feuilles de fougères, des feuilles disposées en arêtes de poisson le long d’une tige droite, des feuilles lisses et nervées à limbe découpé, peut-être même de figuier72. On a une véritable flore, très naturaliste tout à fait semblable à celles de nombreux autres édifices gothiques du XIIIe siècle73. Le sens de l’observation s’allie à une connaissance profonde du monde environnant. On ne sait pas si l’habitude de nommer les arbres était répandue à cette époque, mais ce caractère était nettement manifesté dans les repères topographiques. Faut-il rappeler, comme G. Plaisance le fait, ce mot de saint Bernard : « Les arbres t’apprendront davantage que les livres »74 ?
- 75 9994 f° 29 v° : le 7 mars 1167, l’autorisation est donnée par Unaud de Pech Usclad, Guilhem Odon so (...)
39Ces terres apparemment peu productives avaient en fait des ressources nombreuses et variées. La fourniture du bois était l’une d’entre elles, et les utilisations de celui-ci multiples. Bois de chauffage, non pour les moines eux-mêmes, mais pour les cuisines, les ateliers ; écorces pour les cordes et le tannage des peaux, cendres enrichissant les sols, bois également pour les forges. On fabriquait du charbon de bois : ainsi lorsque Grandselve reçut l’usage de la forêt de Galganta, au nord de Lassale, il était dit qu’elle pouvait faire du charbon de bois75. Par ailleurs, les échalas de vignes, les merrains des tonneaux ainsi que leurs cercles, les vannes de chenal, les pieux des chaussées et des digues, les clayonnages divers, les clôtures, les roues, cuves et pressoirs, les ponts et charrettes, les auges et une bonne partie de la vaisselle de même que l’outillage étaient en bois.
- 76 9994 f° 25 v° : le 28 juin 1165, l’autorisation est donnée par Raymonde Ameilence de Bretes et Guil (...)
- 77 108 H 56 f° 191 v° : compromis du 12 avril 1276 entre l’abbaye et les habitants de Brivecastel.
40Le bois d’œuvre était aussi recherché car l’abbaye a dû faire face à un nombre important de constructions : les bâtiments d’exploitation, d’habitation n’étaient peut-être pas entièrement élevés en bois, mais les charpentes, elles, l’étaient. Et il fallait de beaux troncs de chêne pour débiter fermes, chevrons et arbalétriers. La forêt de Galganta, composée de chênes, donnait trois arbres par an à l’abbaye après un lot de 4 la première année76. De multiples autorisations de pâturage étaient accompagnées de celles de couper le bois et par contre, lorsque, au XIIIe siècle, l’abbaye négocia que les troupeaux du voisinage viennent paître dans ses forêts, elle accepta que les gens prennent du bois pour leur propre usage, mais leur interdit de le vendre77.
- 78 Doat 78 f° 181 : don d’Odon et Guilhem de Sirac, en octobre 1207.
- 79 Doat 77 £0 178 : le 7 mai 1188, c’est un avertissement de Guilhem Arnaud de Cots.
41Il y avait d’autres richesses que le bois. Des bêtes sauvages vivaient là et l’abbaye obtint des droits de chasse. Ainsi, en 1207, les seigneurs de Sirac lui autorisèrent la chasse par toutes leurs terres et lui donnèrent les droits pesant dessus, dont le quartier de viande par pièce abattue ; pareille autorisation était valable non seulement pour les moines, mais pour leurs envoyés78. La présence de bêtes sauvages paraît assez générale, bien que les espèces ne soient pas citées. Aussi la chasse était-elle parfois nécessaire. On se servait de pièges et lorsqu’on donna à l’abbaye la permission de pâturer dans des bois, on demandait à être prévenu à l’avance de l’arrivée des troupeaux afin d’indiquer où se trouvaient les pièges79.
- 80 9994 f° 211 : le 25 juillet 1188. Le bois de Balsonne était exclu de l’autorisation d’usage du bois
42Dans les bois vivaient également des essaims sauvages d’abeilles, fort prisées pour la cire et le miel. Et l’on comprend que Raymond de Toulouse ait fait préciser dans un droit d’usage de ses forêts près de Nonas que l’abbaye avait son accord pour prendre du bois de construction, mais qu’en ce qui concerne les abeilles, elle ne devait pas les prendre80. Il y avait donc des essaims sauvages qui étaient capturés pour être élevés domestiquement.
- 81 108 H 56 f° 191 v°.
- 82 11008 f° 223 : en août 1189, Amardo avait ces honneurs en gage de ses beaux-parents depuis 32 ans. (...)
43L’utilisation majeure était rarement le pâturage, car les terres portaient herbages, feuilles, faînes, châtaignes et surtout les glands. Lorsque l’abbaye octroyait le droit de pâturage à une communauté villageoise voisine, elle avait garde d’interdire d’emporter les glands81. Ainsi, Amards donna à l’abbaye le droit de pâturage dans ses honneurs de Pibrac, Saint-Jean et Gorgalderio, il accorda en même temps les herbes, les feuilles, et le bois à brûler qui seraient indispensables aux animaux et aux pâtres et gardiens qui séjourneraient là82.
- 83 A. Corvol-Dessert (éd.), Les forêts d’Occident du Moyen Age à nos jours, Flaran 24, PUM, Toulouse, (...)
44Il est difficile et même impossible d’établir la proportion des terres de labour et des terres de parcours dans les domaines de l’abbaye. Elle est déjà très variable d’une grange à une autre, et de plus, le défrichement avait entamé la couverture forestière et limité la surface des terres hermes. Pourtant l’abbaye se trouvait à la tête de milliers d’hectares de terres incultes mais propices à l’élevage et pouvait donc entretenir de larges troupeaux. On peut d’ailleurs se demander si, au lieu de pousser très activement les défrichements, elle n’a pas préféré conserver ses forêts, tout autant aussi dans le cadre d’une économie pastorale nettement développée83.
L’élevage
45Sa place vient aussi de la multiplicité des besoins qu’il était appelé à couvrir. L’habillement était assuré par la production de laine et de cuir. Les travaux agricoles pouvaient se faire en utilisant des animaux de trait, bœufs et chevaux. L’élevage était en outre un excellent moyen d’obtenir de la fumure et les deux techniques de la stabulation et du parcours sur les champs en jachère autorisaient un certain engraissement des terres cultivées et de meilleurs rendements. Nous ne pouvons cependant mesurer la précision de ceux-ci puisque les données numériques sont pratiquement inexistantes.
- 84 A. Van den Bosch, « Le mystère de l’incarnation chez Saint Bernard », Cîteaux, 10,1959, p. 85- 92,1 (...)
- 85 108 H 56 f° 39 v°.
46Reste l’aspect consommation et surtout de chair. Les habitudes cisterciennes prohibaient toute absorption de viande et les exigences du jeûne étaient très rigoureuses sur ce chapitre, contrairement à ce qui se faisait chez les autres bénédictins, et les Clunisiens. Peut-on mettre cette interdiction en rapport symbolique avec le développement de la christologie chez saint Bernard et l’insistance qu’il mit sur le mystère de l’incarnation84 ? Les malades, seuls, avaient droit à quelques portions de viande. Pourtant des auteurs soulignaient que les productions de viande étaient notables et que tout, certes, n’était pas vendu. On peut donc se demander si, dans la réalité quotidienne, ne s’était pas maintenue la distinction entre viandes rouges et viandes blanches. Jusqu’au XXe siècle dans bien des campagnes françaises, une poule au pot ou un morceau de lard dans la soupe ou des saucisses n’ont jamais été considérés comme de la viande. Seuls bœuf et mouton avaient droit à pareille appellation. Cette différence se trouve en partie confirmée par un texte du XIIIe siècle : une bulle du pape Honoré III en 1219 exempte l’Ordre de Cîteaux de toute imposition payable aux légats du Saint Siège et veut que lorsque ceux-ci iront dans les abbayes cisterciennes, ils soient seulement nourris « des viandes régulières sans aucun usage de chair »85. Voilà qui donne à penser sur l’interdiction totale de consommation de viande.
47Les besoins de Grandselve étaient importants mais les possibilités locales tout à fait en mesure d’y répondre. Les surfaces utilisables pour les activités pastorales s’étendaient considérablement, mais en plus, la variété des sols et de leur couverture végétale favorisait la diversification des espèces élevées. Les zones basses, humides, naturellement couvertes d’herbes portaient bovins et chevaux : nauses et îles bordant la Garonne, prés le long des rivières étaient tout désignés pour cet élevage. Les bois de chênes se révélaient tout particulièrement propices au panage des porcs, et ils étaient nombreux sur la rive droite de la Garonne et sur la terrasse moyenne de la rive gauche. Les terres de plateau, plus médiocres qualitativement et quantitativement et les landes de la moyenne terrasse, convenaient à la frugalité des moutons. Il faut cependant remarquer que, même en été, ces parcours ne se brûlaient pas trop au soleil et pouvaient continuer à être fréquentés sans qu’on ait besoin d’aller chercher beaucoup plus loin des pâturages plus verts et plus gras. Les chèvres enfin, capables de s’adapter à n’importe quelles conditions alimentaires n’avaient que l’embarras du choix. L’abbaye pouvait donc aisément élever toutes les espèces possibles.
- 86 Doat 76 f° 344 : ce sont les conditions de révision du cens sur les dîmes de la grange Lassale, don (...)
- 87 Doat 76 f° 388 : il s’agit d’un accord passé le 13 août 1168 entre l’abbaye de Grandselve et celle (...)
48Les textes citent les bœufs dans leur principale utilisation qui est le travail. Tantôt une surface est mesurée en paire de labourage, tantôt une terre ne paiera plus de cens tant qu’elle ne sera pas cultivée par le travail des bœufs et leur labour86. Ils sont mentionnés pour les granges de Lassale et de Larra87 et ces deux domaines avaient effectivement de nombreux prés dans des zones humides.
- 88 9994 f° 125 : en août 1165, Guilhem de Toalha obtient un cheval en paiement de terres et droits par (...)
- 89 9994 f° 147 v°.
- 90 108 H 56 f° 204 v°, donné à Raymond Arnaud de Bourret, avec 50 sous morlans.
- 91 9994 f° 194, en juin 1164.
- 92 9994 f° 55 : en 1175.
49Les chevaux et autres animaux de trait étaient élevés sur les propriétés. Mais on ne les voit paraître que comme rémunération d’une donation par charité et souvent il s’agit de jeunes animaux (ou bien de femelles) ce qui tendrait à prouver la réalité de cet élevage. Les chevaux vont aux seigneurs du voisinage et les cas en sont divers88. Mais ce sont aussi des juments89, des poulains90, une ânesse91. On ajoute même que tel cheval vaut vingt sous92. Là encore les granges de Lassale, Larra, celles de Lomagne, étaient tout à fait aptes à pratiquer cet élevage. Par contre, il est impossible de savoir si les chevaux servaient aux travaux agricoles. Il n’y a pas d’exemple en ce sens, ce qui n’est pas un critère en la matière. Peut-être étaient-ils employés uniquement à la traction des charrettes et autres véhicules. Ils étaient présents au XIIe siècle, sans doute davantage au XIIIe, si on en juge d’après l’extension de la culture de l’avoine.
- 93 9994 f° 76 : aux 6 moutons était ajouté un setier de froment, donnés à Roger de Montech, le 15 nove (...)
- 94 11008 f° 214.
- 95 De Bernard, Comptes de Grandselve..., p. 26.
- 96 9994 f° 188 v° : le 8 janvier 1161.
- 97 9994 f° 283 v°.
50Les moutons furent les grands absents de la documentation. Alors que les dispositions géographiques naturelles, mais aussi l’orientation économique générale de l’Ordre cistercien pouvaient laisser supposer des troupeaux très importants, alors qu’on pouvait imaginer les moines ayant remplacé la pérégrination par le lent voyage derrière le bétail, ce fut presque le silence des textes. Les ovins sont signalés trois fois et la laine deux fois. Il faut donc supposer que cette activité dont le développement fut remarquable au XIIIe siècle s’intégra parfaitement à son milieu et, ne suscitant pas de contestation, est demeurée très mineure au niveau de la rédaction des chartes. Six moutons furent donnés en contrepartie d’une donation de terre à Lassale93, mais ils n’étaient sans doute pas élevés là. Par contre les terres incultes de Larra offraient de vastes espaces, s’étendant même jusqu’à la forêt de Bouconne94 et à la veille de la Révolution, la métairie d’Aussiac continuait à fournir les quantités de laine utiles à l’abbaye95. Enfin la grange de Nonas élevait aussi des moutons96 et un aspect complémentaire s’y ajouta : à la fin du XIIe siècle, Riscle de Verdun et Raymond Poitevin son fils accordèrent à l’abbaye une voie pour passer à travers leur terre jusqu’à la Garonne et, sur les terres et sables qui bordent le fleuve, les moines pourraient rester et laver leur laine97.
- 98 9994 f° 29 v°.
- 99 11008 f° 214.
- 100 Doat 78 f° 287 : longue controverse entre le vicomte de Dieupentale et l’abbaye sur la possession d (...)
- 101 9994 f° 25 v°.
51Les porcs étaient très communs et on les retrouve plus particulièrement à Lassale98 et à Larra99, au nord de Vieilaigue près de la rivière Marguestaud100. Si l’abbaye menait ses porcs dans la forêt de Galganta, elle devait verser comme cens un porcelet par an101.
- 102 108 H 46 f° 59 : le texte est de 1324.
- 103 108 H 56 f° 141 v°, en avril 1190.
52Les chèvres étaient si peu objets de considération, mais en même temps si largement répandues que, ici encore, elles ne sont pratiquement pas mentionnées par les documents. Tout au plus sait-on qu’il y en avait à Lassale102, qu’on en rassemblait dans une maison près du Lambon103 vers Comberouger.
- 104 108 H 56 f° 107 v° : en 1296, c’est un compromis avec le syndic des habitants de Bouillac sur les d (...)
- 105 108 H 56 f° 375, en 1274, les consuls de la ville déclarent que Grandselve est leur seigneur.
- 106 108 H 56 f° 107 v° : elle est payée en 1296 par Guilhem Arnaud de Bols et Guilhem de Saint-Flour.
53Les volailles, enfin, sont connues au titre des redevances seigneuriales : chaque « feu allumant » de Bouillac104 de Gilhac105 devait fournir chaque année une géline destinée à l’infirmerie de Grandselve. La dîme procurait aussi oisons et poulets, comme à Bouillac106. Mais il est certain que cette activité était beaucoup plus fréquente et que chaque casal, chaque grange, avait son poulailler et sa basse-cour. Y avait-il aussi un colombier et des pigeons ? Cela est très probable.
- 107 108 H 46 f° 59.
- 108 11008 f° 214.
54Globalement, on peut différencier les zones d’élevage en deux : le gros bétail à l’est de la Garonne et le petit à l’ouest : cela correspondrait aussi à une différence de terme car dans le premier cas ce sont les animalia qui dominent et dans l’autre pecores ou pecudes. Mais prépondérance n’est pas exclusivité et pour deux granges bien connues, il y a association de plusieurs animaux : bœufs, chevaux, chèvres et porcs à Lassale107, moutons et porcs à Larra108.
- 109 11008 f° 129 v° : 3 septembre 1162.
- 110 108 H 56 f° 140 : 17 octobre 1178.
- 111 108 H 46 f° 7 : à Bellesserre, Arnaud est en même temps vacher et procurateur de l’abbaye, le 8 oct (...)
- 112 Doat 78 f° 377.
- 113 Doat 78 f° 421.
- 114 Doat 78 f° 237 : en mars 1228, c’est Aton de Saint-Antonin.
55Quelques bâtiments spécialisés étaient édifiés comme la maison des moutons, c’est-à-dire la bergerie de Larra, qui ne se trouvait d’ailleurs pas à côté de la grange, mais plus au Nord, près de Lobavila109 et qui est attestée dès 1162 ; la maison des chèvres avait même reçu le nom de Craberie110. Un personnel spécialisé formé de laïcs mais aussi de frères a déjà été examiné et il convient de rappeler les vachers111, bouviers112, le maître porcher de Lassale113 et le maître des moutons114.
56L’activité pastorale était telle sur les terres de l’abbaye que celle-ci n’a peut-être pas souhaité développer davantage ses cultures, assurée de meilleurs rendements grâce aux fumures, et de revenus importants grâce aux divers produits de cet élevage.
- 115 P.F. Ruppert, « Meditatio-Ruminatio », Collectanea O.C.R., 1977, p. 87.
57Les cultures et l’élevage faisaient partie intégrante de la vie monastique, composant un même rythme lent. Les comparaisons se multiplient dans les œuvres de saint Bernard et une des plus caractéristiques est certainement celle de la méditation et de la rumination, qu’il n’avait certes pas inventée, mais qui lui était tout spécialement familière115.
Les eaux
- 116 Doat 79 f° 288 : le grangier de Bagnols indiquera aux habitants de Castelnau-d’Estrétefonds où le b (...)
58Les droits d’usage comportent le plus souvent l’autorisation d’utiliser les eaux. Cela est parfaitement compréhensible quand on a des troupeaux pour qui il est vital de boire, quitte d’ailleurs à apporter quelques restrictions et à préciser l’endroit où les bêtes sont autorisées à boire116. Mais en général, cela n’est pas mentionné.
59Les rivières étaient peuplées de poissons et leur capture permettait de varier l’ordinaire du monastère. Les moulins établis le long du cours comportaient dans leur système hydraulique une partie en avant destinée à devenir réservoir à poissons. Tout un système de pieux, estacade, digue assurait la retenue de l’eau. La chaussée est appelée paxeria, c’est-à-dire paisselle dans les textes du XIIIe siècle, et marguils les réservoirs dans l’inventaire du XVIIe siècle. On peut être certain que chaque moulin de terre avait sa paisselle, ce qui fait un grand nombre étant donné celui des moulins. Mais quelques textes apportent des informations complémentaires.
- 117 108 H 56 f° 299 v° : en 1319.
- 118 108 H 56 f° 295 v° : en 1251 et le bail était conclu pour 10 ans.
- 119 108 H 56 f° 264 v° : en 1304.
60La Garonne était une zone privilégiée pour l’établissement de ces pêcheries. L’abbaye en avait toute une série le long des berges du fleuve. Certaines sont connues par les baux à cens du début du XIVe siècle. Une paisselle est située à l’embouchure de la Nadesse et un habitant de Verdun en prend la moitié moyennant 12 s’ 6 d. toulzas de cens117. Une autre se trouve près de l’île de Villenaysague ; le contrat prévoit d’ailleurs que le cens sera de 6 s. morlans, mais de 2 s. de plus si les preneurs attachent le réservoir aux terres de l’abbaye118. Les eaux devaient être fort riches dans cette région, car les baux portant sur les terres de cette île comportaient souvent une clause restrictive : le bailleur se réservait la possibilité d’installer des paisselles, ou bien de reprendre le réservoir inféodé pour établir lui-même un moulin et réservoir. Près de Verdun, au bord de l’île Masenque, le contrat était conclu pour 29 années et il s’agissait, pour les deux pêcheurs de Verdun, partenaires de l’abbaye, d’y faire un marguil à poisson ; le cens était important, d’un montant de 16 s. toulzas, et complété par la fourniture de 100 anguilles119.
- 120 Doat 78 f° 127 : le 3 mars 1199.
- 121 108 H 53 : le texte de 1279 est inclus dans un procès du XVIIIe siècle.
61Mais l’abbaye avait elle-même pris un réservoir en fief, d’un intérêt capital si on en juge d’après le conflit qui l’opposa au bailleur, l’abbaye de Mas-Grenier. Dès la fin du XIIe siècle, elle avait obtenu une place pour faire d’un rivage à l’autre de la Garonne une paisselle servant pour la pêche. Le bail ajoutait que si un jour elle prenait du poisson pour une valeur supérieure à 3 d., elle devait en donner le quart au monastère de Mas-Grenier120. L’ensemble moulin-paisselle fut édifié à Pieulel. Lors de la vaste transaction établie avec le roi Philippe III la question des moulins et paisselles fut soulevée et il fut prévu que l’abbaye conserverait ses paisselles ; par contre, elle perdit l’île de Tilhium, en amont de Bourret et la paisselle qui se trouvait dessus. Mais elle gardait les différents moulins et paisselles qui étaient sur la berge du côté de la grange Lassale121.
- 122 108 H 46 f° 59.
62La dernière information était apportée lors d’un accord avec Jean, frère du roi, en 1324. La date pose d’ailleurs un problème car ni le roi d’Angleterre ni le roi de France n’ont de frère appelé Jean à ce moment-là. Il donnait 22 marguils dans la Garonne, au territoire de Lassale, construits ou à construire122. Evidemment on ne sait si pareille promesse fut suivie d’effet. La production ne fut sans doute pas suffisante car les nombreuses exemptions de péages mentionnent la présence de poissons salés en provenance de Bordeaux. La consommation devait être considérable.
- 123 A. Dupont, « L’exploitation du sel sur les étangs de Languedoc », AM, 1958, p. 9.
- 124 108 H 46 : texte de juin 1466. Antoine Seguier, marchand de Narbonne avait acquis la grange de Cour (...)
- 125 B. Barrière, « Les granges de l’abbaye cistercienne d’Obazine aux XIIe et XIIIe siècles », Actes du (...)
- 126 Abbé L. Grillon, « Le prieuré des Touches et l’exploitation du sel par l’abbaye de Dalon », AM, 196 (...)
- 127 S. Lebecq, « Les cisterciens de Vaucelles en Flandre maritime au XIIIe siècle », Revue du Nord, 197 (...)
63Si l’on abandonne l’eau douce pour l’eau salée des possessions languedociennes, un produit fondamental pour l’économie médiévale était obtenu : le sel. La grange de Coursan, proche de la Mer Méditerranée, était établie au bord d’une zone lagunaire et marécageuse qui s’avançait de plusieurs dizaines de kilomètres à l’intérieur des terres. De nombreux étangs d’eau plus ou moins saumâtre n’étaient pas encore asséchés et, le vent et le soleil aidant, une série de marais salants longeait le littoral. Les salines de la région de Narbonne étaient connues dès le IXe siècle par de nombreux contrats123 : près de Narbonne, de Vinassan, Capestang, Sérignan, Montady, donc très près de Coursan. Sans doute y en avait-il à Coursan même. Un texte du XVe siècle signale que l’emphytéote qui exploitait la grange devait des redevances en huile, mais également en sel124. On peut légitimement penser que le domaine, en sus de ses jardins et oliveraies, s’intéressait aussi à l’extraction du sel. Le cas n’est pas rare d’une abbaye possédant une grange salinière fort éloignée de son noyau central. Celui d’Obazine est connu125, de Dalon126, de Vaucelles également127. Il est cependant l’indication de la volonté à la fois de chercher les ressources fondamentales, et d’intégrer les différentes données dans un vaste ensemble économique où les parties forment un tout cohérent, un organisme vivant.
64Les produits du sol et des eaux étaient transformés par certaines industries. Le terme n’est pas pris dans son sens économique car celui d’artisanat convient infiniment mieux, mais dans celui d’activités de métiers.
LES INDUSTRIES DOMESTIQUES
65Les moines et leurs aides pratiquaient aussi des travaux, dérivés de l’agriculture en ce qu’elles utilisaient des matières premières comme le cuir, le bois, la laine, mais aussi en ce qu’elles étaient le prolongement des différentes activités agricoles du monastère et complétaient la couverture des besoins de la communauté, par exemple avec l’argile et le métal.
Les industries alimentaires
66Tellement quotidiennes et habituelles qu’elles n’apparaissent pas au niveau de la documentation et qu’on en est réduit à quelques hypothèses.
67La récolte de blés entraînait toute la meunerie. Dans ce domaine, il semble tout au contraire que l’abbaye ait développé une capacité de production nettement supérieure à ses besoins ; c’était un secteur de pointe qui sera étudié par ailleurs. Les fours assuraient la continuité dans la transformation. Mais là, les renseignements manquent. On peut être assuré que chaque grange avait son four ; l’abbaye elle-même avait le sien, à l’intérieur des bâtiments claustraux (carte n° 16).
- 128 M. Méras, « L’abbaye de Grandselve à la fin du XVIIe siècle », MSAMF, 1965, p. 101.
68Les troupeaux, entre autres produits, fournissaient de la viande qui, en principe n’était pas consommée. La quantité de sel importée chaque année, permet de penser que la pratique des salaisons était largement répandue. Y avait-il un alambic comme au XVIIe siècle128 ? Pourquoi pas, le cuivre ne manquait pas grâce aux métaux venus par la Garonne.
Peaux et fibres textiles
69Ces matières premières étaient utilisées dans l’habillement, mais pas exclusivement.
- 129 108 H 56 f° l17 v°.
- 130 108 H 56 f° 118 : il s’agit de Frère Guilhem Bernard.
- 131 Doat 77 f° 89. Le texte se trouve également dans le cartulaire de Saint-Sernin et est cité par F. G (...)
- 132 Doat 76 f° 337 : il se trouvait aussi dans un autre recueil de documents cité par R. Rumeau, « Le g (...)
70Les peaux étaient travaillées pour obtenir des cuirs destinés à divers usages : chaussures, ceintures, courroies de toutes sortes, harnais. L’abbaye, dans son personnel, avait un maître cordonnier129 et un maître corroyeur130 au XIIIe siècle. Les souliers sont indiqués en 1173. Hugues, évêque de Toulouse et abbé de Saint-Sernin, exempte Grandselve des dîmes et prémices de ses travaux dans la grange Lassale ; elle devra verser 3 s. toulzas de cens à Saint-Sernin et donner au chapelain de l’église de Lassale, quand il y en aura un, un demi-carton de froment, un demi de méteil, une tunique et des chaussures de la sorte qu’on fait à Grandselve131. Cette activité explique un document unique dans toutes les sources concernant l’abbaye et qui, globalement, est un contrat d’apprentissage, même s’il n’en a pas les caractères juridiques. En 1165, Guilhelme de Vieilaigue et ses enfants donnent leur part et leur droit sur un casal à Vieilaigue ; l’abbaye les associe à ses œuvres spirituelles, leur donne 15 s. morlans de charité, une couverture valant 2 s. et surtout promet de faire apprendre au fils Jean le métier de cordonnier132.
- 133 Anne Bondeelle-Souchier, Bibliothèques cisterciennes dans la France médiévale. Répertoire des abbay (...)
71Le travail des peaux permettait aussi la fabrication de parchemins, fréquente dans les monastères cisterciens. Dans les activités intellectuelles des moines, la copie sur parchemin et la confection de volumes étaient répandues. On ne sait pas vraiment si la transformation de la peau se faisait dans l’abbaye, mais la probabilité en est très élevée, puisqu’elle posséda une importante bibliothèque avec des manuscrits133.
- 134 M. Méras, « La bibliothèque de l’abbaye de Grandselve au début du XVIIIe siècle », AM, 1961, p. 93.
- 135 R. Trilhe, « La bibliothèque et le trésor du collège cistercien de Saint Bernard de Toulouse en 149 (...)
- 136 L.J. Lekai, « Le Collège de Saint Bernard de Toulouse au Moyen Age (1280-1533) », AM, 1973. p. 263.
72Un inventaire du début du XVIIIe siècle comptabilisait 75 manuscrits, traitant essentiellement de théologie et de philosophie, sans compter des missels enrichis de figures134. Au Collège Saint Bernard, un inventaire de la fin du XVe siècle révélait l’existence de 50 volumes environ dont la liste a été établie par R. Trilhe135. Cinq au moins étaient le produit d’achats136. Et le reste ?
- 137 HGL, t. VI., p. 124.
- 138 Bibliothèque Nationale, manuscrit latin 9444.
73Des moines ont également composé des psautiers et il y en a eu deux exemples ; Raymond fils de Guillaume VII de Montpellier, moine à Grandselve, avait réalisé un psautier qu’il légua à la cathédrale d’Agde dont il était devenu évêque137. D’autre part, un moine avait rédigé un missel pour la grange de Vieilaigue, sur lequel fut mentionné le passage du pape Clément V138.
- 139 Ce sont les cartulaires qui ont servi de sources prépondérantes (9994, 11008, 11009, 11010, 11011).
74Enfin, les parchemins ont aussi servi pour les archives : l’abbaye ne s’est pas montrée avare dans la rédaction des chartes, souvent en plusieurs exemplaires, écrites largement et clairement. La confection des cartulaires à la fin du XIIe siècle et au XIVe siècle utilisa également les peaux ainsi traitées139.
- 140 9994 f° 10 : en 1147, Arnaud de Montech et Guilhelme sa femme donnent leur terre près de la couture (...)
- 141 Doat 78 f° 127 : en 1198, Guilhem Robert était alors abbé de Saint Pierre-de-Cour.
- 142 Doat 77 f° 89.
75Les vêtements étaient produits par l’artisanat textile. Là encore peu de renseignements car cette activité ne posait guère de problèmes. L’abbaye fabriquait des draps avec lesquels étaient exécutées, au minimum, des tuniques140, des capes, peut-être des couvertures. L’accord de 1173 avec l’abbé de Saint-Sernin prévoyait que tunique et cape seraient faites dans les draps qu’elle tissait141. Les matières utilisées ne manquaient pas puisqu’elle produisait ou obtenait grâce aux dîmes, la laine, le chanvre et le lin. Le travail était, entre autres opérations, effectué dans des moulins à parer les tissus et le cas était prévu lors d’un contrat avec l’abbaye de Mas-Grenier : cette dernière inféodait un moulin à Grandselve, auprès de la Garonne, et si des draps y étaient parés, elle se réservait la possibilité d’y faire apprêter les siens142.
- 143 M. Méras, L’abbaye de Grandselve.. MSAMF, 1965, p. 107.
- 144 108 H 46 f° 44 : les autres spécifications portaient sur les blés, les légumes, les fèves, le vin, (...)
- 145 Ph. Wolff, Commerces et marchands de Toulouse (vers 1350- vers 1450), Paris 1954, p. 246.
- 146 Idem, p. 247.
76Il existait au XVIIe siècle, dans l’abbaye et au-dessus du four, un moulin à soie et un moulin à canevas, mais évidemment, on ne sait pas s’ils étaient là au Moyen Age143. Il est sûr, par contre, qu’elle s’intéressa très tôt aux plantes tinctoriales. Un document donne des renseignements sur ce point. En 1297 lors de modifications apportées à la perception de la dîme, il est dit que les habitants de Cologne doivent fournir rubre, rodorius, et pastellum 144. Il s’agit de trois colorants fondamentaux obtenus à partir de plantes cultivées près de Cologne, à Terride. Le rubre, le rouge, est appelé roie dans les registres notariaux toulousains145. Il s’agit de la garance dont la racine rougeâtre servait à préparer une teinture rouge. Le rodorius est un arbuste, le rodoul, dont les feuilles donnaient une couleur noire pour la teinture. Enfin le pastel, beaucoup plus célèbre, procurait un colorant bleu grâce à ses feuilles et à ses tiges. Au XIVe siècle, il était largement cultivé en Lauragais et une partie de l’Albigeois146, et il l’était également dès la fin du XIIIe siècle dans cette partie de la Lomagne.
77La fabrication textile fut-elle suffisante ? Il n’y a guère de moyens de le savoir. Il y a de fortes chances pour que ce fut le cas au XIIe siècle. Mais le siècle suivant mérite réflexion : en effet, au fil des exemptions de péages octroyés le long de la Garonne, une denrée provient de Bordeaux, et ce sont des draps, ainsi que du linge. Il est possible qu’au XIIIe siècle, les besoins aient été très importants (nombre de moines, aumônes, hospitalité) et que la production de l’abbaye n’y ait plus suffi. Elle n’avait pas cherché à orienter dans cette direction le développement de ses activités.
Le bois, le métal et l’argile147
- 147 P. Benoît, « L’espace industriel cistercien. A la lumière des exemples bourguignons et champenois » (...)
78Ainsi qu’il a été vu, les usages du bois étaient multiples dans la vie quotidienne, l’activité économique et la construction. Il n’y a cependant aucune mention du travail du bois, tant par les scieries que par la menuiserie ou l’ébénisterie. Seule la construction est indiquée. La toponymie révèle la présence d’un four à chaux, au bord de la vallée de la Nadesse, au nord de l’abbaye. Mais il n’y a pas la moindre référence par ailleurs pouvant prouver qu’il existait dès le Moyen Age.
- 148 D. Cazes, « Le chevet de l’église abbatiale de Grandselve d’après les fouilles », BSATG, 1979, p. 7 (...)
- 149 La mention de ces vitraux se trouve dans le testament de Centulle I, comte d’Astarac, en 1230, text (...)
- 150 B. Dusan, « Carreaux incrustés de l’abbaye de Grandselve », Revue archéologique du Midi de la Franc (...)
- 151 F.G. Dreyfus, « L’industrie de la verrerie en Bas-Languedoc, de Colbert à la Révolution industriell (...)
79Encore moins de renseignements pour le verre. Des débris de vitraux ont été découverts à faible profondeur dans la terre du site, datés du XIIIe siècle148. On ne sait où ils ont été fabriqués149. L’existence de carreaux à surface vitrifiée faits à Grandselve, laisse supposer qu’ils ont pu être réalisés près de l’abbaye150. Industrie prospère au XIIIe siècle, la verrerie disposait sur place des matières premières nécessaires : la silice, la chaux, un alcali (qui peut être le suint des moutons, les cendres, les lies de soutirage) et beaucoup de combustible, en l’occurrence le bois151. Le mélange obtenu était fondu dans un four à bois, puis travaillé. L’archéologie permettra peut-être d’avancer ce que les textes taisent.
- 152 108 H 56 f° 83 : février 1199.
80Le travail des métaux est mieux connu, mais cela est très relatif ! L’abbaye ne disposait pas de mines, du moins d’après ce qui est connu. Elle se livrait donc à des importations de métaux qui étaient déjà semi-ouvrés. Les exemptions de péage le long de la Garonne mentionnent des importations, venant du port de Bordeaux, de cuivre, d’étain, de plomb surtout, mais aussi de fer. Un texte plus curieux peut laisser perplexe : en 1199 Calcasau de Montfavens donnait à l’abbaye l’autorisation de faire paître son bétail, de se servir des bois ; et en plus donnait petram ferralem dans tout son honneur et sa terre152. Double difficulté sur le produit et le lieu. L’expression latine, conservée dans le texte français du XVIIe siècle, correspond-elle au minerai de fer ? Le nom de lieu n’a pu être identifié, tel quel, dans de nombreux départements. Pourrait-il s’agir, par bizarrerie linguistique de Montferrier dans l’Ariège, proche de Montségur, où des mines de marbre, de talc et de cuivre étaient connues, mais hélas pas de fer. Des informations supplémentaires restent donc à trouver.
- 153 C. Verna, Les mines et les forges des cisterciens en Champagne méridionale et en Bourgogne du Nord (...)
- 154 R. Fossier, « L’activité métallurgique d’une abbaye cistercienne : Clairvaux », Revue d’histoire de (...)
- 155 J. Schneider, « Fer et sidérurgie dans l’économie européenne du XIe au XVIIe siècle », dans Le fer (...)
81Il est peu probable qu’ait existé, à proximité de Grandselve, des forges dites catalanes mais ce n’est pas impossible153. Le charbon de bois nécessaire était en effet obtenu et il suffisait de le faire brûler à côté du minerai dans un creuset en maçonnerie. Le fer recueilli n’avait plus qu’à être martelé par de lourds marteaux pour serrer la texture et éliminer les scories154. Mais les quelques mentions de forge font davantage référence à la forge de village, le fèvre transformant les barres et lingots en nombreux objets, instruments agricoles, marteaux, haches, clous et fers à chevaux155. Pas de forge hydraulique ni de moulin à fer.
- 156 108 H 56 f° 127, en 1314.
- 157 108 H 56 f° 144 : 16 avril 1325.
82Si les deux bastides de Beaumont-de-Lomagne et de Grenade avaient fours, bancs et tables, des forges n’étaient pas prévues dans le paréage. Il y en avait une à Beaupuy, qui appartenait aux seigneurs du lieu156. Une transaction de 1325 avec Odon de Terride adjugeait à l’abbaye la possession des forges et fours de Comberouger, Puyvidal, Rojols, Coulomé « ainsi qu’il était accoutumé »157. La forge de Puyvidal se trouvait certainement au lieu-dit La Forge sur la carte de Cassini, actuellement en ruine. Elle était à quelques centaines de mètres de la petite agglomération, sur la colline, au milieu des bois qui portent encore nettement les traces géométriques des défrichements.
- 158 F. Galabert, « Mobilier de l’abbaye de Grandselve en 1790 », BSATG, 1900, p. 325.
- 159 108 H 46 f° 11, le 10 mai 1278.
83Deux autres forges sont connues : l’une se trouvait à l’abbaye même et elle était dehors, en face de la grande porte d’entrée158. La dernière était à Bouillac. En 1278, les habitants de ce village reconnaissaient que Grandselve était leur seigneur, qu’ils lui devaient pour cela cens et dîmes, mais surtout ils promettaient de ne pas faire les objets de fer ailleurs qu’à la forge du monastère à Bouillac159. Cette clause apporte une distinction entre les différentes forges : la plupart sont des forges banales qui appartiennent à l’abbaye mais où elle ne travaille pas. Celle qui était située devant ses bâtiments constituait le cadre de son activité métallurgique.
84Le fer n’était pas le seul métal travaillé puisqu’il y avait aussi le cuivre, l’étain et le plomb. Les utilisations domestiques étaient nombreuses, mais ces métaux servaient aussi dans la construction (toiture, chenaux, etc.). L’or et l’argent furent-ils travaillés ? L’existence du trésor d’orfèvrerie permet de poser la question. Dès le XIXe siècle, les historiens ont émis l’hypothèse que le travail avait été fait à Grandselve, et pourquoi pas, par Grandselve.
- 160 M. Méras, « L’abbaye cistercienne de Grandselve ressuscite grâce à des fouilles récentes », Archeol (...)
- 161 M. Méras, « Le trésor de l’abbaye de Grandselve », Monuments historiques, 1956, p. 230.
85Les chasses étaient d’argent et de vermeil sur une âme de noyer, les clochers en cuivre, le reliquaire de la Sainte Epine était de vermeil et cuivre doré160. M. Méras les a datés de la seconde moitié du XIIIe siècle. Atelier monastique ou école toulousaine ? Au moins pour le reliquaire de la Sainte Epine, l’auteur incline vers l’hypothèse du travail à l’abbaye161. Le débat reste ouvert pour les spécialistes d’histoire de l’art car l’étude économique ne montre pas d’arrivée d’argent ou d’or, encore qu’à nouveau, ce ne soit pas une certitude, preuve en est la « cloche de Lescout ».
- 162 Mgr X. Barbier de Montault, « L’inscription de la Grange Lescou (Tarn-et-Garonne) », BSATG, 1884, p (...)
86Dans une dépendance de cette grange, a été découverte au milieu du XIXe siècle, une brique portant une inscription en relief pouvant servir de matrice : il s’agit de la salutation mariale, inscrite ensuite sur une cloche. D’après la forme des caractères, Monseigneur X. Barbier de Montault la date des années 1300, et estime que c’est une règle de fondeur. Or cette activité se faisait à proximité du lieu de destination qui fournissait métal, bois et tous les engins nécessaires. Les travailleurs de la grange se rendaient alors au travail et en revenaient au rythme de l’Angélus dont la propagation s’est faite durant cette période. Il y a donc de fortes chances pour que la cloche ait été fondue à Lescout162.
- 163 P. Benoît, D. Cailleaux, Moines et métallurgie dans la France médiévale, AEDEH, 1991.
87Cet aspect rappelle que l’abbaye seule n’était pas concernée par les activités artisanales, mais l’ensemble des granges, c’est-à-dire plus d’une vingtaine d’unités de production. Or les sources font totalement défaut en ce domaine163.
88Les affleurements de molasse aux pentes des plateaux fournissaient de bons gisements d’argile que l’on pouvait façonner et utiliser : les productions domestiques restent inconnues, mais les possibilités étaient très nombreuses dans le bâtiment.
- 164 D. Cazes, L’abbaye de Grandselve..., dactyl., p. 50.
89La fabrication de briques fut très importante. Elles avaient un aspect très caractéristique : grosses briques assez massives, épaisses de 7 centimètres, remarquable matériau de construction. Cela explique qu’à la Révolution, lorsque l’abbaye fut vendue, elle fut transformée en carrière et un vent de démolition ne laissa pas la moindre brique entière sur le site de l’église et des bâtiments claustraux. Par contre, la brique se retrouve aisément dans les maisons du voisinage. Des fouilles ont révélé sous le carrelage de l’église abbatiale un lit de pose de grosses briques avant d’atteindre le sable et les graviers qui chaussaient le sol164.
- 165 Idem, p. 5. V. Stauner, « Cadre normatif et réalité des sites cisterciens : la notion de salubrité (...)
- 166 M. Méras, L’abbaye cistercienne de Grandselve ressuscite..., p. 48.
- 167 Les carreaux de Belleperche, abbaye cistercienne proche de Grandselve, ont été présentés par J.M. G (...)
90Nous ne savons rien en ce qui concerne les tuiles elles-mêmes. Des canalisations étaient également faites en terre cuite et des éléments en ont été découverts dans les champs voisins, entre la source située sur le coteau Sud et le monastère, apportant l’eau nécessaire165. Mais la réalisation la plus spectaculaire fut certainement celle d’un carrelage. Les carreaux étaient confectionnés selon une technique connue à l’époque et le carré a 12 cm de côté et 3 cm d’épaisseur. Sur la terre humide, un moule en bois ou en métal imprime en creux le motif ornemental. Dans le creux ainsi réalisé, on remplissait d’une terre plus claire, beige ressortant sur l’ocre roux de l’argile, Après cuisson, un enduit destiné à vitrifier permettait de donner éclat et solidité au carreau166. D. Cazes a pu décrire l’agencement et les motifs de ce carrelage surtout orné de feuilles et fleurs stylisées, et de variations géométriques sur le cercle, la croix et le carré (planche n° 12). Ce carrelage a été installé sans doute vers le milieu du XIIIe siècle167
- 168 D. Cazes, L’abbaye de Grandselve..., p. 49.
- 169 De Bernard, Comptes de Grandselve..., p. 42.
- 170 1 G 394, Inventaire des recettes du cardinal de La Valette.
- 171 J.P. Claverie, Notes historiques et renseignements divers sur la ville de Grenade (Haute-Garonne) e (...)
- 172 108 H 56 f° 298 : le 23 janvier 1309, Arnaud et Pierre Maurel, habitants de Verdun prennent à cens (...)
91Briques, carreaux et tuiles étaient faits sur place. Leur cuisson s’est effectuée dans un four à briques qui a été trouvé à une centaine de mètres au nord de l’église contenant encore une brique vitrifiée, comme l’étaient les autres168. D’autres tuileries sont répertoriées, mais pour une période plus tardive et on ne sait si elles existaient dès le XIIIe siècle au moment des grands efforts de construction. Ce sont celles d’Aiguebelle et celle du monastère, l’une au nord du plateau de la forêt de Grandselve, la dernière au rebord du plateau au sud de l’abbaye. Elles sont indiquées sur la carte de Cassini et dans les comptes de l’abbaye au XVIIIe siècle169. Or, elles n’apparaissent pas au XVIIe siècle, ce qui laisse subsister un doute170. Celle de Grenade, au contraire, est attestée. Elle était sise au quartier Saint Bernard dans la ville et appartenait au monastère171. Dans l’inventaire des recettes du Cardinal de La Vallette au XVIIe siècle, elle consacrait 6 000 tuiles par an aux réparations de l’abbaye. Un texte prévoit même l’installation d’une tuilerie par des tenanciers à Bosc Olivier, sur le chemin de Saint-Sardos, au début du XIVe siècle172.
92Il semble donc que l’abbaye ait produit la plus grande partie des matériaux nécessaires à l’édification de ses bâtiments. Le programme de construction était d’ailleurs très lourd aux XIIe et XIIIe siècles.
Les constructions
- 173 Bibliothèque Municipale de Toulouse, manuscrit 152. Le texte a été publié par l’abbé Quilhot, « Deu (...)
- 174 Doat 76 f° 14 : le 10 janvier 1141.
- 175 D. Cazes, L’abbaye de Grandselve..., p. 20-22.
- 176 D. Cazes, L’abbaye de Grandselve... : l’église..., p. 63.
93Y a-t-il des références incontestables de la construction d’édifices ? Elles sont rares. Elles permettent d’éclairer la chronologie et les techniques de construction, mais il faut surtout avoir recours à l’archéologie. La grande abbatiale du XIIIe siècle a été précédée par une église qui est presque totalement inconnue. Elle est mentionnée incidemment à travers deux textes. Une lettre de l’évêque de Toulouse, Amiel, sollicite l’aide du roi d’Angleterre, Henri Ier, pour l’édification de l’église et des bâtiments claustraux173, ce qui situe la lettre avant 1135. A ce texte déjà publié, la collection Doat apporte une précision. En 1141, l’abbé Bertrand vend toutes les oblies qui avaient été données par Benoît Arnaud pour la somme de 100 sous morlans et celle-ci a été consacrée à la construction de l’église174. Il y a donc bien une église élevée avant le milieu du XIIe siècle. Des travaux sont aussi signalés à partir de 1249 et D. Cazes a fait l’analyse des sources et des problèmes chronologiques posés175, et il a conclu à la phase terminale de la construction vers cette date176. Seules des fouilles ultérieures apporteront peut-être des éléments supplémentaires d’appréciation.
- 177 11008 f° 130 : le 30 décembre 1162.
- 178 9994 f° 83 : le 15 décembre 1182.
94Les mentions de grange sont nombreuses, mais il s’agit plutôt du domaine, de l’exploitation agricole. Les bâtiments eux ne sont pas datés sauf dans deux cas : Larra et Bagnols. A Larra, on apprend que Guilhem Adémar a donné le pâturage et l’usage dans son honneur près de la Save, du côté où la grange de Larra est construite, et c’était en 1162177. En ce qui concerne Bagnols, en 1182 Donat de Caraman accorde l’autorisation de prendre du bois pour construire les maisons de la grange178. On a du mal à imaginer que l’exploitation qui existait avant 1142 ait attendu 40 ans avant de commencer à élever des bâtiments. On peut penser que le texte de 1182 fait référence à une extension des édifices, mais lesquels et pour quelle fonction ? Les renseignements sur les activités économiques en ces lieux sont très peu nombreux et seuls sont connus quelques vignes, prés et noyers.
- 179 G. Leblanc, « La Grange Lassale. Etude historique et archéologique d’une "grange" cistercienne », D (...)
- 180 A. Dimier, « Granges, celliers et bâtiments d’exploitation cisterciens », Archeologia, n° 74, 1974, (...)
95La construction d’un bâtiment rencontrait plusieurs solutions architecturales. Les matériaux en usage étaient surtout la brique et le bois. On pourrait concevoir des murs élevés en brique, les planchers et la charpente étant en bois. A Lassale, les murs très épais à la base avec 2,90 mètres étaient montés en brique crue au rez-de-chaussée avec parement intérieur et extérieur de briques cuites, parement de briques cuites à l’extérieur du premier étage, et briques cuites au deuxième étage179. Les planchers en bois reposaient sur des poutres mais la portée était telle (car l’édifice se présentait comme une pièce unique de 30 mètres par 19 mètres) qu’il avait fallu établir deux épines de 5 piliers, séparant la pièce en 3 nefs. Les piliers étaient de bois, chêne en l’occurrence, ainsi que la charpente du toit. L’entrée était surmontée d’une haute tour bâtie en brique cuite, qui l’enjambait et la protégeait grâce à un mâchicoulis intérieur : G. Leblanc estime qu’elle est du XIVe siècle. La date du reste de la grange n’est pas établie. Sans doute fut-elle édifiée au XIIIe siècle. C’est un exemple remarquable de grange fortifiée. On constate une même conception à Terride. La grange n’a pas été étudiée archéologiquement et a été partiellement transformée en maison de maître, mais il subsiste la porte d’entrée : c’est une grande porte charretière défendue par deux mâchicoulis géminés saillant sur la tour de défense. A partir de ces deux cas, on ne peut cependant conclure que toutes les granges de Grandselve étaient fortifiées. Tout au plus peut-on faire la comparaison avec la grange fortifiée de Fontcalvi, dépendance de Fontfroide, abbaye-fille de Grandselve180 mais qui a des contreforts alors que Lassale n’en a pas.
- 181 108 H 37.
- 182 108 H 46 f° 76 : en 1198, Arnaud de Lalande et Bartholomé Ferius ont vendu à l’abbaye une maison de (...)
96Un plan de la fin du XVe siècle apporte d’autres éléments architecturaux181. La grange Lassale est partiellement représentée car le document est tronqué en plein milieu de la tour de la grange. Il a été vu qu’à côté du grand bâtiment étaient répartis d’autres édifices, petites maisons sans étage élevées avec des colombages : les poutres entrecroisées dans les murs sont très visibles, mais on ne sait pas de quoi ceux-ci étaient faits, par ailleurs, entre la charpente des pans de murs. A Auvillar, l’abbaye avait acheté de nombreuses maisons. Deux d’entre elles, acquises à la fin du XIIe siècle sont identifiées en tant que constructions, mais les renseignements sont maigres : l’une est en pierre et l’autre en bois182.
- 183 R. Rumeau, Monographie de Grenade, Toulouse, 1879, p. 81-82, articles 20-21.
97La composition des bâtiments est signalée en partie, par le texte de paréage fondant la ville de Grenade183. Les granges de Vieilaigue et de Larra avaient des enclos, des cours et des maisons ; celle de la Voulte enclos, et maisons ; enfin celle de Bélesta, maisons et cours. Une disposition globale est commune : la grange proprement dite était située sur le bord d’une cour ; divers bâtiments d’exploitation se groupaient tout autour, ainsi que cela se retrouve encore à Coursan, et un mur de clôture entourait l’ensemble des bâtiments, les séparant des champs environnants.
- 184 M. David-Roy, « Les granges monastiques en France aux XIIe et XIIIe siècles », Archeologia, n° 58, (...)
- 185 G. Leblanc, La grange Lassale..., p. 127.
- 186 A. Dimier, « Granges, celliers et bâtiments d’exploitation cisterciens », Archeologia, n° 65, 1973, (...)
98Le grand édifice de l’exploitation servait surtout à engranger les blés et l’on constatait à Lassale une disposition fréquente dans de nombreux bâtiments agricoles cisterciens : sur le plan basilical de la halle, il y avait une nef centrale réservée au passage des chariots, les bas-côtés servant au stockage184. Peut-être la grange servit-elle uniquement aux blés, et l’existence d’un silo à grains à l’angle Nord-Est en serait une confirmation185 ; peut-être la grande salle était-elle divisée en plusieurs pièces pour diverses destinations. En tout état de cause, mis à part ces deux caractères originaux (construction en brique et fortifications), la grange Lassale ressemblait à de nombreux édifices cisterciens, fonctionnelle dans la mesure où elle était bien adaptée à son environnement économique186.
- 187 D. Cazes, Le chevet de l’église abbatiale..., p. 82. J.M. a fait la synthèse de nos connaissances a (...)
99Le principal problème archéologique posé par l’art de bâtir est celui de l’église abbatiale au XIIIe siècle. Les documents la concernant sont peu nombreux, peu explicites, et partiellement faux. D. Cazes a déjà critiqué le plan proposé par J. Jouglar au XIXe siècle, et la documentation existante. Dans ses articles, il a fait le point de la progression des fouilles, en particulier pour le chevet. En l’état actuel, la restitution propose un chevet plat, de type bernardin, accompagné de trois chapelles en retrait placées sur le transept méridional. Cette organisation accentuerait la filiation architecturale entre Grandselve et Santés Creus déjà remarquée pour la grande rose187. Y avait-il famille artistique comme il y avait famille spirituelle ? En tout cas, les solutions techniques étaient communes.
- 188 G. Passerat, « Description de l’abbaye de Grandselve au début du XVIIe siècle », BSATG, 1976, p. 49 (...)
100G. Passerat a publié un document du XVIIe siècle qui serait une description, assez concise d’ailleurs, de l’abbaye188. Une comparaison globale est faite avec Saint-Sernin. Or les deux chevets, d’après les dernières publications, seraient très différents. La ressemblance viendrait alors de l’existence de collatéraux que le plan de J. Jouglar ne montrait pas et d’un vaste transept. Une pièce nouvelle peut être versée à ce dossier toujours ouvert. Il s’agit d’un plan rectifié de Grandselve au 1/1000e, trouvé au Fonds de la Société Archéologique de Tarn-et-Garonne, dans les documents du chanoine Gayne et très aimablement communiqué par l’abbé G. Passerat. Il aurait été dessiné par F. Pottier, à la suite de fouilles effectuées à la fin du XIXe siècle ou au début du XXe siècle, et constitue la planche n° 13. Une comparaison s’impose avec le plan de J. Jouglar : celui de F. Pottier reprend les dispositions générales, mais apporte de nombreuses précisions ou corrections sur l’attribution des différents éléments : noviciat, bibliothèque, quartier des convers. Les principales modifications concernent la partie méridionale des bâtiments : la répartition des cours, la place du grand réfectoire, l’existence d’un ancien palais abbatial sous une zone de décharges. Il faut cependant reconnaître que la concordance avec le texte du XVIIe siècle met en défaut les mesures. Aucun des deux plans ne satisfait pleinement les mensurations données. Encore faudrait-il que ces dernières soient justes, ce qui n’est pas non plus certain. En ce qui concerne l’église, le plan de Pottier allonge l’édifice, introduit une double colonnade intérieure dans la nef déterminant ainsi deux bas-côtés comme à Saint-Sernin, indique 11 travées au lieu de 7 et surtout transforme le chevet en plaçant sur chaque transept une chapelle et une absidiole plus profonde.
- 189 D. Cazes, « Recherches archéologiques sur l’abbaye de Grandselve », dans B. Chauvin (dir.), Mélange (...)
101Mais en mettant en rapport ce plan avec les découvertes archéologiques, les différences se manifestent : chevet plat et non polygonal, trois chapelles et non deux. Il paraît donc assez nécessaire de poursuivre les fouilles pour éclairer les nombreux points obscurs et les derniers travaux de D. Cazes ont fourni quelques réponses189.
- 190 D. Cazes, Sculptures de l’abbaye de Grandselve et de la cathédrale Saint Etienne de Toulouse au XII (...)
102L’érection d’une telle abbatiale n’a été possible que pour une communauté prospère, disposant à la fois d’outils de productions et de revenus suffisants. L’existence du trésor d’orfèvrerie en est une preuve supplémentaire. Les sculptures faites en un marbre provenant vraisemblablement des Pyrénées ont vraisemblablement été réalisées sur place190. Elles reprennent aussi le thème cher aux cisterciens des « feuilles d’eau » (planche n° 14).
CONCLUSION
- 191 Ch. Higounet, « Une carte agricole de l’Albigeois vers 1260 », AM, 1958, p. 68.
103L’étude des diverses productions obtenues par l’abbaye dans le cadre de ses exploitations agricoles appelle quelques remarques. La base est une polyculture céréalière qui répartit suivant les terroirs, froment, méteil, seigle, avoine, orge et millet. Les nombreuses granges produisaient dans des proportions différentes ces diverses céréales et si une localisation quantitative n’est pas possible à cause de l’insuffisance de la documentation, une répartition qualitative a été tenté (carte n° 17) qui cartographie les principales productions agricoles). Elle fait apparaître l’étroite adaptation entre les sols et les cultures : froment du terrefort, seigle des sols plus pauvres, et des boulbènes décalcifiées. Ch. Higounet avait pu faire la même constatation pour l’Albigeois au milieu du XIIIe siècle191. On pourrait compléter avec l’installation de prés sur les zones humides et semi marécageuses, de vignes sur les pentes ensoleillées et d’arbres fruitiers en association avec les cultures sur les champs. La totalité des terres était loin d’être cultivée et l’abbaye disposait, avec les jachères, les terres en friche et les forêts de vastes zones de parcours et de pâturage.
104L’élevage fut donc notablement développé et là encore, la diversité des sols et de leur couverture végétale favorisait la présence des bovins et chevaux sur les prés à l’est de la Garonne, les porcins grâce aux forêts de chênes, les ovins sur les landes et forêts de la moyenne terrasse à l’ouest de la Garonne.
105Cet égal développement des cultures et de l’élevage justifie sans doute la faible extension du seigle. Céréale des sols médiocres, elle n’était pas vitale pour Grandselve qui produisait par ailleurs froment et méteil à suffisance. Or, là où elle aurait pu pousser, des troupeaux pâturaient, avec plus de profit. Cet équilibre explique aussi l’assolement, ou plutôt les assolements trouvés : biennal, mais peut-être aussi avec deux années de culture et deux années de jachère ; triennal, avec deux années de jachère. Pour arriver à un tel rythme des cultures, il faut assurément ne pas avoir de problèmes d’approvisionnement en céréales, et avoir, en conséquence, privilégié l’élevage.
- 192 P. Tucoo-Chala, Gaston Fébus et la vicomté de Béarn (1343-1391), Bordeaux 1959, p. 231.
- 193 M. Berthe, Le comté de Bigorre. Un milieu rural au bas Moyen Age, Paris, 1976.
106Comparons avec les régions voisines étudiées. P. Tucoo-Chala a fait la synthèse des travaux déjà réalisés192. En Béarn, l’élevage l’emportait nettement sur les cultures, et presque partout. En Bas-Quercy (selon les travaux de R. Latouche), il était secondaire. En Comminges, il était important, mais passait après les cultures (selon Ch. Higounet). En Béarn, le rapport était proche de celui du Roussillon qui élevait cependant en plus des chèvres (d’après J. Brutails). Les travaux de M. Berthe sur le comté de Bigorre ont montré une polyculture céréalière de subsistance, mais pas forcément à base pastorale193. Comment peut-on situer Grandselve dans ce contexte ? L’équilibre agro-pastoral se faisait surtout en faveur de l’élevage comme en Béarn et Roussillon, mais la polyculture céréalière était loin d’être médiocre. Par contre, au cours du XIIIe siècle, l’abbaye a très largement développé l’élevage, en faisant « une activité de pointe », spéculative. Il se pourrait, encore faudrait-il le préciser, que ce fut un caractère de l’abbaye et non de la Gascogne toulousaine tout entière.
- 194 M.J. Larenaudie, « Les famines en Languedoc aux XIVe et XVe siècles », AM, 1952, p. 30-31.
107Y eut-il des crises de subsistance ? La documentation est notablement insuffisante en ce domaine. Tout au plus peut-on remarquer l’apparition de rémunérations en céréales à partir de 1164-1165, et avec un maximum entre 1175 et 1180. Mais cela est trop peu pour conclure à une crise frumentaire au cours de cette période. Quant aux famines du XIVe siècle, les sources n’en portent pas la moindre trace, à moins que l’on puisse considérer la rédaction du cartulaire 11010, récapitulant les exemptions de péages sur la Garonne, comme le souci de conserver une voie libre en des temps où le commerce des grains était particulièrement essentiel. Et pourtant les mauvaises récoltes se succédèrent ; 1302, 1303, 1304, 1310, 1329, 1332, 1336194.
108Il n’est pas exclu que le mouvement de fondation des bastides et autres centres de population, à des périodes de pression démographique et de besoins alimentaires accrus, n’ait favorisé la conversion, à la fin du XIIIe siècle, de zones d’élevage en zones de culture. Cela est particulièrement net pour Beaumont et Gilhac, Nonas, Grenade. Le domaine pastoral proche de l’abbaye s’est réduit, mais l’abbaye y a gagné en redevances en nature et en revenus.
109Peut-on, en fin de compte, parler d’autarcie ? Une vision classique de l’économie cistercienne, comme d’ailleurs de l’économie seigneuriale, mais pour des causes différentes, en fait un monde clos, autosuffisant selon une volonté déterminée par les fondateurs. Loin de la foule, la communauté monastique évitait tout contact avec l’extérieur et produisait, si possible, tout ce qu’il lui fallait. C’est vrai aussi à Grandselve : tous les besoins vitaux, alimentation, habillement, habitation, travail, mais aussi l’aumône et l’assistance étaient couverts. On peut seulement rappeler les importations de draps, de métaux et de poissons. L’abbaye pouvait même réaliser des dépenses somptuaires comme la construction de la grande abbatiale du XIIIe siècle.
110Mais quand on considère à la fois l’étendue géographique des domaines, et leurs grandes possibilités de diversification, le terme d’autarcie perd réellement son sens. L’abbaye a produit tout ce qui se faisait à l’époque dans sa région, chaque exploitation s’adaptant au mieux des virtualités locales d’une région qui n’en manquait pas. Et quand ce n’était pas suffisant, le sel arrivait du domaine languedocien et l’huile d’olive du Roussillon. Grandselve a instauré, délibérément semble-t-il, une remarquable complémentarité de ses ressources, s’orientant de plus vers une spécialisation et une rentabilité accrue lorsque cela était faisable. Ses larges horizons géographiques, de la Méditerranée à l’Atlantique, du Massif Central aux Pyrénées, ne pouvaient qu’accentuer son évolution vers un autre type d’économie, où les problèmes de subsistance ne se posaient plus, mais ceux de profit et de rentabilité.
Notes
1 J.B. Mahn, L’ordre cistercien et son gouvernement des origines au milieu du XIIIe siècle (1098-1265), Paris, 1951, p. 48.
2 J’ai pris avec le temps une position beaucoup plus tranchée sur l’utilisation du terme autarcie. Loin des situations de très fortes contraintes géographiques qui enferment des populations dans une impossibilité de vie de relations, ce que dit autarcie, je préfère désormais des termes plus exacts économiquement et idéologiquement d’auto-suffisance ou auto-subsistance.
3 9994 f°47v°.
4 9994 f° 135 v°.
5 11008 f° 193 v°.
6 108 H 46 f° 10.
7 108 H 56 f° 212.
8 108 H 56 f° 418.
9 9994 f° 40.
10 108 H 46 f° 11.
11 9994 f° 145 v°.
12 108 H 46 f° 11.
13 108 H 56 f° 199 v°.
14 108 H 46 f° 11.
15 Doat 78 f° 287.
16 9994 f° 130 v°.
17 108 H 56 f° 418.
18 11008 f° 196 v°.
19 108 H 56 f° 212.
20 De Bernard, Comptes de l’abbaye de Grandselve à la fin du XVIIIe siècle, Arch. départ. Tarn-et-Garonne, manuscrit 266, vers 1958, p. 23.
21 108 H 56 f° 294.
22 108 H 46 f° 44.
23 O. de Saint-Blanquat, « Sur l’établissement de deux bastides aux portes de Toulouse en 1303 », Recueil de l’Académie de Législation, t. 1, p. 167.
24 108 H 46 f° 10.
25 108 H 46 f° 12.
26 108 H 46 f° 44.
27 108 H 21 na 47, en 1317.
28 J. Blanc, L’abbaye de Lagrasse au Moyen Age (1278-1502), thèse de IIIe cycle, Toulouse, 1978, manuscrit, p. 208.
29 Les connaissances apportés par l’archéologie ont été remarquables ; voir en particulier M.P. Ruas, Productions agricoles, stockage et finage en Montagne Noire médiévale : le grenier castral de Durfort (Tarn), MSH, Paris, 2002.
30 108 H 56 f° 184.
31 108 H 56 f° 440.
32 108 H 56 f° 378 et suivants.
33 108 H 46 f° 44.
34 108 H 46 f° 10.
35 108 H 46 f° 12.
36 Arch. municip. Montech, Liste des possessions des Bernardins de Grandselve à Montech.
37 Jardins et vergers en Europe occidentale (VIIIe-XVIIIe siècles), Flaran 9, Auch, 1989.
38 108 H 18 n° 9, 13 mars 1307. A moins qu’il ne s’agisse d’une bergerie.
39 108 H 56 f° 441 v°.
40 108 H 56 f° 244.
41 108 H 56 f° 343.
42 108 H 56 f° 340.
43 108 H 56 f° 149.
44 108 H 56 f° 175 v°.
45 Doat 79 f° 308.
46 108 H 56 f° 296 v°.
47 Doat 76 f° 332.
48 Doat 76 f° 135 v°.
49 Doat 76 f° 83.
50 C. Puig, Les campagnes roussillonnaises au Moyen Age : dynamiques agricoles et paysagères entre le XIIe et la première moitié du XIVe siècle. Thèse, Toulouse, 2003, manuscrit.
51 108 H 36 : 11 et 21 juin 1466.
52 108 H 56 f° 105 v° : en 1209.
53 108 H 56 f° 125 v° : en 1190.
54 9994 f° 192 v° : en 1163.
55 108 H 56 f° 243 v° : en 1184.
56 108 H 56 f° 247 : en 1191.
57 108 H 56 f° 345 : en 1215.
58 108 H 56 f° 351 : en 1208.
59 108 H 56 f° 283 : en 1166.
60 F. Taillefer, Le Midi Toulousain, Paris, 1978, p. 172.
61 Ch. Higounet, « Le régime seigneurial et la vie rurale dans la commanderie du Burgaud », AM, 1934, p. 329.
62 D. Faucher, « Polyculture ancienne et assolement biennal dans la France méridionale », Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest, V, 1934, p. 247.
63 Idem, p. 244.
64 J.A. Brutails, Etude sur la condition des populations rurales du Roussillon au Moyen Age, Paris, 1891, p. 21. C. Puig, Les campagnes roussillonnaises....
65 G. Sicard, « Les techniques rurales en pays toulousain aux XIVe et XVe siècles d’après les contrats de métayage », AM, 1959, p. 82-86.
66 Doat 78 f° 287 et suivants.
67 Doat 78 f° 293 v° : (...) Frater IV. de Bersaco (...) vidit habere, et tenere et explectare domui praedictae quadraginta annos, et plus in bona tenezone sine fadia juris, et vidit ibi cabanas, et taillia, et vidit ibi praedictam domum laborare cum eorum boves, et ipse taillavit ibi viginta vices. Frater A. Rapacius (...) vidit ibi segare blados per duas vices domui praedictae per suos, et vidit pratum segare per duas vices quod est prope Ecclesiam de Maneitvila (...).
68 G. Sicard, Les techniques rurales..., p. 85 : il a trouvé blé-jachère – pastel-jachère.
69 108 H 56 f° 298 v° : le 18 février 1310.
70 108 H 56 f° 355.
71 D. Faucher, « L’assolement triennal en France », dans La vie rurale vue par un géographe, Toulouse, 1962, p. 56.
72 D. Cazes, L’abbaye de Grandselve, maîtrise, Toulouse, 1973, manuscrit, p. 62.
73 M. Pradalier-Schlumberger, Toulouse et le Languedoc, la sculpture gothique, PUM, Toulouse, 1998.
74 G. Plaisance, « Les cisterciens et la forêt », Revue du bois, 1955, t. 10, p. 8
75 9994 f° 29 v° : le 7 mars 1167, l’autorisation est donnée par Unaud de Pech Usclad, Guilhem Odon son frère et Aladars son fils.
76 9994 f° 25 v° : le 28 juin 1165, l’autorisation est donnée par Raymonde Ameilence de Bretes et Guilhem son fils.
77 108 H 56 f° 191 v° : compromis du 12 avril 1276 entre l’abbaye et les habitants de Brivecastel.
78 Doat 78 f° 181 : don d’Odon et Guilhem de Sirac, en octobre 1207.
79 Doat 77 £0 178 : le 7 mai 1188, c’est un avertissement de Guilhem Arnaud de Cots.
80 9994 f° 211 : le 25 juillet 1188. Le bois de Balsonne était exclu de l’autorisation d’usage du bois.
81 108 H 56 f° 191 v°.
82 11008 f° 223 : en août 1189, Amardo avait ces honneurs en gage de ses beaux-parents depuis 32 ans. Grandselve lui versa 52 sous melgoriens pour le droit octroyé. Si le gage était remboursé avant 8 ans, Amardo rendrait les 52 sous à l’abbaye. Passé ce temps, il les conserverait.
83 A. Corvol-Dessert (éd.), Les forêts d’Occident du Moyen Age à nos jours, Flaran 24, PUM, Toulouse, 2004.
84 A. Van den Bosch, « Le mystère de l’incarnation chez Saint Bernard », Cîteaux, 10,1959, p. 85- 92,165-77, 245-67.
85 108 H 56 f° 39 v°.
86 Doat 76 f° 344 : ce sont les conditions de révision du cens sur les dîmes de la grange Lassale, données par Hélie et Arnaud Bonnesvignes en 1172.
87 Doat 76 f° 388 : il s’agit d’un accord passé le 13 août 1168 entre l’abbaye de Grandselve et celle de La Capelle.
88 9994 f° 125 : en août 1165, Guilhem de Toalha obtient un cheval en paiement de terres et droits par lui donnés.
89 9994 f° 147 v°.
90 108 H 56 f° 204 v°, donné à Raymond Arnaud de Bourret, avec 50 sous morlans.
91 9994 f° 194, en juin 1164.
92 9994 f° 55 : en 1175.
93 9994 f° 76 : aux 6 moutons était ajouté un setier de froment, donnés à Roger de Montech, le 15 novembre 1181.
94 11008 f° 214.
95 De Bernard, Comptes de Grandselve..., p. 26.
96 9994 f° 188 v° : le 8 janvier 1161.
97 9994 f° 283 v°.
98 9994 f° 29 v°.
99 11008 f° 214.
100 Doat 78 f° 287 : longue controverse entre le vicomte de Dieupentale et l’abbaye sur la possession de terres près du Marguestaud en 1238.
101 9994 f° 25 v°.
102 108 H 46 f° 59 : le texte est de 1324.
103 108 H 56 f° 141 v°, en avril 1190.
104 108 H 56 f° 107 v° : en 1296, c’est un compromis avec le syndic des habitants de Bouillac sur les dîmes, prémices et carnelage.
105 108 H 56 f° 375, en 1274, les consuls de la ville déclarent que Grandselve est leur seigneur.
106 108 H 56 f° 107 v° : elle est payée en 1296 par Guilhem Arnaud de Bols et Guilhem de Saint-Flour.
107 108 H 46 f° 59.
108 11008 f° 214.
109 11008 f° 129 v° : 3 septembre 1162.
110 108 H 56 f° 140 : 17 octobre 1178.
111 108 H 46 f° 7 : à Bellesserre, Arnaud est en même temps vacher et procurateur de l’abbaye, le 8 octobre 1211.
112 Doat 78 f° 377.
113 Doat 78 f° 421.
114 Doat 78 f° 237 : en mars 1228, c’est Aton de Saint-Antonin.
115 P.F. Ruppert, « Meditatio-Ruminatio », Collectanea O.C.R., 1977, p. 87.
116 Doat 79 f° 288 : le grangier de Bagnols indiquera aux habitants de Castelnau-d’Estrétefonds où le bétail doit s’abreuver auprès de l’Hers.
117 108 H 56 f° 299 v° : en 1319.
118 108 H 56 f° 295 v° : en 1251 et le bail était conclu pour 10 ans.
119 108 H 56 f° 264 v° : en 1304.
120 Doat 78 f° 127 : le 3 mars 1199.
121 108 H 53 : le texte de 1279 est inclus dans un procès du XVIIIe siècle.
122 108 H 46 f° 59.
123 A. Dupont, « L’exploitation du sel sur les étangs de Languedoc », AM, 1958, p. 9.
124 108 H 46 : texte de juin 1466. Antoine Seguier, marchand de Narbonne avait acquis la grange de Coursan des emphytéotes Pierre Pradat et sa femme. Le vicomte de Narbonne prétendait que les censives et autres droits de la grange lui appartenaient ; et Seguier demandait à l’abbé de Grandselve d’intervenir puisque la grange était de la directe de l’abbaye. L’abbé en profitait pour réclamer les arrérages de sel et d’huile dus.
125 B. Barrière, « Les granges de l’abbaye cistercienne d’Obazine aux XIIe et XIIIe siècles », Actes du Congrès des Sociétés du Centre, Languedoc-Pyrénées-Gascogne et Sud-Ouest, Tulle 1964, Bulletin de la Société des Lettres, Sciences et Arts de la Corrèze, 1966. t. 70, p. 33-51.
126 Abbé L. Grillon, « Le prieuré des Touches et l’exploitation du sel par l’abbaye de Dalon », AM, 1963, p. 311-319.
127 S. Lebecq, « Les cisterciens de Vaucelles en Flandre maritime au XIIIe siècle », Revue du Nord, 1972, t. 54, p. 371-384.
128 M. Méras, « L’abbaye de Grandselve à la fin du XVIIe siècle », MSAMF, 1965, p. 101.
129 108 H 56 f° l17 v°.
130 108 H 56 f° 118 : il s’agit de Frère Guilhem Bernard.
131 Doat 77 f° 89. Le texte se trouve également dans le cartulaire de Saint-Sernin et est cité par F. Galabert, « Le cartulaire de Saint Sernin de Toulouse et les églises de notre diocèse », BSATG, 1888, p. 282. C. Douais, Cartulaire de l’abbaye Saint Sernin de Toulouse (844-1200), Toulouse 1887, p. 471-472.
132 Doat 76 f° 337 : il se trouvait aussi dans un autre recueil de documents cité par R. Rumeau, « Le grand livre bleu de Grandselve », BSATG, t. XXVIII, 1900, p. 95, qui, d’ailleurs, donne pour Doat la référence du f° 837 au lieu de 337.
133 Anne Bondeelle-Souchier, Bibliothèques cisterciennes dans la France médiévale. Répertoire des abbayes d’hommes, CNRS, Paris, 1991.
134 M. Méras, « La bibliothèque de l’abbaye de Grandselve au début du XVIIIe siècle », AM, 1961, p. 93.
135 R. Trilhe, « La bibliothèque et le trésor du collège cistercien de Saint Bernard de Toulouse en 1491 », BSATG, 1912, p. 223-237.
136 L.J. Lekai, « Le Collège de Saint Bernard de Toulouse au Moyen Age (1280-1533) », AM, 1973. p. 263.
137 HGL, t. VI., p. 124.
138 Bibliothèque Nationale, manuscrit latin 9444.
139 Ce sont les cartulaires qui ont servi de sources prépondérantes (9994, 11008, 11009, 11010, 11011).
140 9994 f° 10 : en 1147, Arnaud de Montech et Guilhelme sa femme donnent leur terre près de la couture donnée par le comte de Toulouse, contre 15 sous caorsins, une tunique et une cape.
141 Doat 78 f° 127 : en 1198, Guilhem Robert était alors abbé de Saint Pierre-de-Cour.
142 Doat 77 f° 89.
143 M. Méras, L’abbaye de Grandselve.. MSAMF, 1965, p. 107.
144 108 H 46 f° 44 : les autres spécifications portaient sur les blés, les légumes, les fèves, le vin, le lin et le chanvre.
145 Ph. Wolff, Commerces et marchands de Toulouse (vers 1350- vers 1450), Paris 1954, p. 246.
146 Idem, p. 247.
147 P. Benoît, « L’espace industriel cistercien. A la lumière des exemples bourguignons et champenois », dans L. Pressouyre (dir.), L’espace cistercien, Paris, 1994, p. 378-390 ; Ch. Hetzlen, R. de Vos, Monachisme et technologie dans la société médiévale du XIe au XIIIe siècle, Cluny, 1994.
148 D. Cazes, « Le chevet de l’église abbatiale de Grandselve d’après les fouilles », BSATG, 1979, p. 78.
149 La mention de ces vitraux se trouve dans le testament de Centulle I, comte d’Astarac, en 1230, texte publié par J.J. Monlézun, Histoire de la Gascogne, Auch, 1849, rééd par Ed. Lacomme, Gers, 1987, p. 336-338.
150 B. Dusan, « Carreaux incrustés de l’abbaye de Grandselve », Revue archéologique du Midi de la France, 1866-1867, t. I, p. 33-37.
151 F.G. Dreyfus, « L’industrie de la verrerie en Bas-Languedoc, de Colbert à la Révolution industrielle du XIXe siècle », AM, 1951, p. 45.
152 108 H 56 f° 83 : février 1199.
153 C. Verna, Les mines et les forges des cisterciens en Champagne méridionale et en Bourgogne du Nord au XIIe-XVe siècle, AEDH/Vulcain, 1995 ; id., Le temps des moulines : fer, technique et société dans les Pyrénées centrales (XIIIe-XVIe siècle), Publications de la Sorbonne, Paris, 2001.
154 R. Fossier, « L’activité métallurgique d’une abbaye cistercienne : Clairvaux », Revue d’histoire de la sidérurgie, t. 2,1961, p. 10-11.
155 J. Schneider, « Fer et sidérurgie dans l’économie européenne du XIe au XVIIe siècle », dans Le fer à travers les âges, Annales de l’Est, mémoire n° 16, Nancy, 1956, p. 120.
156 108 H 56 f° 127, en 1314.
157 108 H 56 f° 144 : 16 avril 1325.
158 F. Galabert, « Mobilier de l’abbaye de Grandselve en 1790 », BSATG, 1900, p. 325.
159 108 H 46 f° 11, le 10 mai 1278.
160 M. Méras, « L’abbaye cistercienne de Grandselve ressuscite grâce à des fouilles récentes », Archeologia, mai-juin 1971, p. 48-49.
161 M. Méras, « Le trésor de l’abbaye de Grandselve », Monuments historiques, 1956, p. 230.
162 Mgr X. Barbier de Montault, « L’inscription de la Grange Lescou (Tarn-et-Garonne) », BSATG, 1884, p. 292.
163 P. Benoît, D. Cailleaux, Moines et métallurgie dans la France médiévale, AEDEH, 1991.
164 D. Cazes, L’abbaye de Grandselve..., dactyl., p. 50.
165 Idem, p. 5. V. Stauner, « Cadre normatif et réalité des sites cisterciens : la notion de salubrité dans les abbayes du Midi de la France », dans Siècles, 14, Assainissement et salubrité publique en Europe méridionale (fin du Moyen Age, époque moderne). Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand, 2001, p. 7-21.
166 M. Méras, L’abbaye cistercienne de Grandselve ressuscite..., p. 48.
167 Les carreaux de Belleperche, abbaye cistercienne proche de Grandselve, ont été présentés par J.M. Garric, « Belleperche au sud de la Garonne », Dossiers d’archéologie, n° 234, juin-juillet 1998, p. 14-15 ; plus largement voir A. Tridant, Les carreaux de pavement de la forteresse médiévale de Blanquefort (Gironde), Publications du GAHBLER, Blanquefort, 2005.
168 D. Cazes, L’abbaye de Grandselve..., p. 49.
169 De Bernard, Comptes de Grandselve..., p. 42.
170 1 G 394, Inventaire des recettes du cardinal de La Valette.
171 J.P. Claverie, Notes historiques et renseignements divers sur la ville de Grenade (Haute-Garonne) et les communes de ce canton, Toulouse, 1875, p. 58.
172 108 H 56 f° 298 : le 23 janvier 1309, Arnaud et Pierre Maurel, habitants de Verdun prennent à cens 10 sétérées de terre à Bosc Olivier. Ils peuvent bâtir une métairie, un jardin et une aire dans les deux premières sétérées, une tuilerie, et tenir du bétail à laine et des chèvres.
173 Bibliothèque Municipale de Toulouse, manuscrit 152. Le texte a été publié par l’abbé Quilhot, « Deux lettres concernant l’abbaye de Grandselve », BSATG, t. XV, 1887, p. 200-201.
174 Doat 76 f° 14 : le 10 janvier 1141.
175 D. Cazes, L’abbaye de Grandselve..., p. 20-22.
176 D. Cazes, L’abbaye de Grandselve... : l’église..., p. 63.
177 11008 f° 130 : le 30 décembre 1162.
178 9994 f° 83 : le 15 décembre 1182.
179 G. Leblanc, « La Grange Lassale. Etude historique et archéologique d’une "grange" cistercienne », Dixième Congrès d’Etudes de la Fédération des Sociétés Académiques et Savantes, Languedoc-Pyrénées-Gascogne à Montauban, 1954, Montauban 1956, p. 129. Nous lui empruntons tous les éléments concernant la grange car celle-ci n’existe plus actuellement.
180 A. Dimier, « Granges, celliers et bâtiments d’exploitation cisterciens », Archeologia, n° 74, 1974, p. 51.
181 108 H 37.
182 108 H 46 f° 76 : en 1198, Arnaud de Lalande et Bartholomé Ferius ont vendu à l’abbaye une maison de pierre et toutes ses appartenances ; et Arnaud vendait aussi une maison de bois avec ses appartenances.
183 R. Rumeau, Monographie de Grenade, Toulouse, 1879, p. 81-82, articles 20-21.
184 M. David-Roy, « Les granges monastiques en France aux XIIe et XIIIe siècles », Archeologia, n° 58, 1973, p. 54. Plus récemment, l’étude des granges de Chaalis a recherché ces bâtiments construits par les cisterciens avec un soin si particulier : F. Blary, Le domaine de Chaalis. XIIe-XIVe siècles, CTHS, Paris, 1989.
185 G. Leblanc, La grange Lassale..., p. 127.
186 A. Dimier, « Granges, celliers et bâtiments d’exploitation cisterciens », Archeologia, n° 65, 1973, p. 52-63 ; n° 74, 1974, p. 47-57.
187 D. Cazes, Le chevet de l’église abbatiale..., p. 82. J.M. a fait la synthèse de nos connaissances actuelles dans « Les bâtiments et le plan de l’abbaye de Grandselve », dans L’abbaye cistercienne de Grandselve. Contributions à son histoire, SATG, Montauban, 1998, p. 9-32.
188 G. Passerat, « Description de l’abbaye de Grandselve au début du XVIIe siècle », BSATG, 1976, p. 49-50.
189 D. Cazes, « Recherches archéologiques sur l’abbaye de Grandselve », dans B. Chauvin (dir.), Mélanges à la mémoire du père Anselme Dimier, t. 5, Pupillin, 1982, p. 227-264.
190 D. Cazes, Sculptures de l’abbaye de Grandselve et de la cathédrale Saint Etienne de Toulouse au XIIIe siècle, au musée des Augustins, Toulouse, 1974.
191 Ch. Higounet, « Une carte agricole de l’Albigeois vers 1260 », AM, 1958, p. 68.
192 P. Tucoo-Chala, Gaston Fébus et la vicomté de Béarn (1343-1391), Bordeaux 1959, p. 231.
193 M. Berthe, Le comté de Bigorre. Un milieu rural au bas Moyen Age, Paris, 1976.
194 M.J. Larenaudie, « Les famines en Languedoc aux XIVe et XVe siècles », AM, 1952, p. 30-31.
Table des illustrations
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Titre | Carte n° 15 : Les productions agricoles |
URL | http://books.openedition.org/pumi/docannexe/image/28573/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 43k |
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Titre | Carte 16 : Les implantations artisanales |
URL | http://books.openedition.org/pumi/docannexe/image/28573/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 35k |
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Titre | Planche n° 12 : Carreaux du pavement de l’abbatiale. Clichés Froidure. |
URL | http://books.openedition.org/pumi/docannexe/image/28573/img-3.jpg |
Fichier | image/jpeg, 97k |
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Titre | Planche n° 13 : Plan rectifié de Grandselve, probablement dessiné par F. Pottier |
URL | http://books.openedition.org/pumi/docannexe/image/28573/img-4.jpg |
Fichier | image/jpeg, 88k |
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Titre | Planche n° 14 : Chapiteaux de l’abbatiale. Clichés Froidure. |
URL | http://books.openedition.org/pumi/docannexe/image/28573/img-5.jpg |
Fichier | image/jpeg, 72k |
© Presses universitaires du Midi, 2006