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Villages pyrénéens

 | 
Maurice Berthe
, 
Cursente Benoît

Églises et châteaux dans la structuration de l’habitat

Le rôle de l’église dans la structuration de l’habitat sur le versant français des Pyrénées

L’exemple du Conflent

Aymat Catafau

Texte intégral

  • 1 On se reportera surtout aux deux publications dirigées par Michel Fixot et Elizabeth Zadora-Rio, L’ (...)
  • 2 P. Bonnassie, « Les sagreres catalanes ; la concentration de l’habitat dans le "cercle de paix" des (...)
  • 3 Voir Morphogenèse du village médiéval (IXe-XIIe siècles), dir. G. Fabre, M. Bourin, J. Caille, A. D (...)
  • 4 Selon l’expression, maintenant adoptée, créée par Dominique Baudreu et Jean-Paul Cazes dans « Le rô (...)

1L’accent a été mis depuis quelques années sur le rôle joué par l’église dans la naissance du village1. En Catalogne, la fonction du périmètre de paix autour de l’église a été soulignée2 et une plus grande attention a été accordée aux formes villageoises elles-mêmes3. Il était donc tentant de tourner les yeux vers les montagnes et leurs villages pour y mener l’enquête et si possible y faire le bilan de la relation entre église et habitat. La tâche proposée par le titre de cette contribution aurait dû amener à un survol de tout l’arc pyrénéen, sur le versant français. Mais en l’absence d’études de secteur préalables, il n’était pas question de tenter une synthèse : j’ai donc choisi de me limiter à une vision détaillée de quelques exemples pris en Conflent (Pyrénées-Orientales), sans m’interdire des comparaisons (Ariège, Hautes-Pyrénées, fig. 1). Il importait en revanche de considérer plus largement les relations entre église et habitat (au-delà du « village »), et sans les limiter à la forme des « villages ecclésiaux »4.

  • 5 Benoît Cursente, Des maisons et des hommes. La Gascogne médiévale, PUM, Toulouse, 1998.

2Comprendre le rôle de l’église dans la morphogenèse des villages pyrénéens nécessite de prendre en compte la relation entre les formes conservées de l’habitat (villages agglomérés, éclatés, habitat dispersé), la situation de l’église (au centre de l’habitat, en bordure du noyau villageois ou isolée), et les autres facteurs d’évolution du village (château, marché, chemins, « maisons dominantes5 »). Mais l’étude des formes conservées doit être aussi modulée par la tentative de retrouver l’occupation antérieure, en particulier médiévale, par les textes, les anciens cadastres, l’observation de terrain, voire l’archéologie : premières mentions dans les sources, lieux habités disparus, églises disparues ou liées à un habitat disparu, événements politiques, militaires, démographiques ayant eu un impact sur l’habitat.

Fig. 1 : Localisation des principaux villages cités

Fig. 1 : Localisation des principaux villages cités

Informatisation : Cécile Gloriès

3Utiliser la situation actuelle du bâtiment ecclésial pour opérer un classement typologique des villages pyrénéens exige une extrême prudence : telle église isolée était liée à un habitat aujourd’hui disparu, telle autre en situation extérieure au village fut autrefois le noyau de regroupement d’un premier village, aspiré ensuite par un pôle castral voisin. Il convient donc de se méfier d’une utilisation impressionniste des formes conservées. Cependant, la distribution des églises par rapport aux lieux habités et la place de l’église par rapport aux noyaux villageois agglomérés (emplacement central, marginal, extérieur, voire éloigné) sont des éléments qui, confrontés aux informations des textes et de l’archéologie (datation des bâtiments ou vestiges d’occupation), peuvent éclairer les étapes du processus de structuration de l’habitat : dispersion originelle, condensation villageoise, déplacements éventuels.

4On peut proposer après ces précautions une approche typologique :

  • un cas typique de regroupement villageois autour de l’église (Marquixanes, dans la partie basse du Conflent) ;

  • l’exemple d’une vallée (vallée de Conat) où les églises témoignent d’un peuplement dense aux Xe-XIIIe siècles, mais où le château est venu réorganiser en partie l’habitat (moyen Conflent) ;

  • l’exemple d’un village où l’église (pas plus que le château) ne joue de rôle structurant pour l’habitat : Evol en haut Conflent.

Dans la partie basse du Conflent, l’église comme pôle structurant de l’habitat : la cellera de Marquixanes

  • 6 Voir dans ce volume la communication de Jordi Bolòs, et les études de Carles Fochs et Josep Canal, (...)

5Sur les deux versants des Albères, à l’est des Pyrénées, le mot cellera (au pluriel celleres) désigne le quartier spécifique des celliers, bâtis à l’origine sur l’espace sacré entourant l’église. Au XIe s., dans l’ancien diocèse d’Elne, le terme est interchangeable avec celui de sagrera, plus fréquent au sud, dans la Catalogne vieille. On peut toutefois noter qu’en Ampurdan et dans la Garrotxa6, le mot cellera désigne plutôt l’ensemble bâti autour de la sagrera originelle, aux XIIIe-XVe siècles.

  • 7 Cette protection est confirmée par le synode de Paix et Trêve de Toulouges en 1027, « neque aliquis (...)
  • 8 Voir la carte de localisation des celleres, dans Aymat Catafau, Les celleres et la naissance du vil (...)

6Ces celleres, nées de la recherche de la protection religieuse au temps de la féodalisation de la société7, ont joué un rôle prépondérant dans la structuration de l’habitat concentré de la plaine du Roussillon, entre Corbières au nord et Albères au sud, ainsi que dans le Vallespir (vallée du Tech) et la partie basse du Conflent (vallée de la Têt)8.

7L’exemple de Marquixanes illustre bien ce phénomène. Il est révélateur de l’évolution qu’ont connue ces celleres, par leur fortification et par la mainmise qu’y ont exercée les seigneurs ecclésiastiques et laïcs dans les siècles qui ont suivi leur mise en place.

  • 9 Pierre Ponsich, Limits historics..., Terra nostra, n° 37, Prades, 1980, p. 109.
  • 10 ADPO, série H, 141/2, dit « Inventaire d’Agullana », fol. 3 r°.
  • 11 Voir P. Bonnassie, « Les sagreres catalanes... », op. cit., p. 72 – 73 et A. Catafau, Les celleres. (...)

8Marquixanes apparaît dans nos sources en 1025 (Matrechexanas)9. Le village est situé sur une petite butte qui domine à 286 m la vallée de la Têt, sur sa rive droite. Le finage villageois, sur 474 ha, prend en écharpe la partie sud de la vallée, depuis le lit de la Têt jusqu’aux hauteurs des premiers contreforts du Canigou, au-dessus du village. En 1035, quand la « villa et parrochia de Marchexane » sont données par le comte de Cerdagne Guifred à Saint-Martin-du-Canigou10, son territoire comprend trois villares : Joncet, Favars et Avellanet. Autour de son église, sur le cimetière, ont été établis, sans doute dès cette époque, des celliers de dépôt des récoltes, selon la chronologie qui a pu être établie pour la Catalogne et le Roussillon11. Mais c’est seulement plus d’un siècle après qu’un document y mentionne la cellera.

  • 12 Bernard Alart, Cartulaire manuscrit (C.M.), t. VIII, p. 249 – 253, Médiathèque de Perpignan : « Et (...)
  • 13 On peut rappeler la corrélation entre mas et cellier dans la cellera, A.. Catafau, « La cellera et (...)
  • 14 De même, au XIVe siècle, le prieur d’Espira de Conflent possède une cuve, probablement dans un cell (...)
  • 15 ADPO, série H, 141/2, dit « Inventaire d’Agullana », fol. 11 r°, « quod possit construere fortitudi (...)
  • 16 A. Catafau, Les celleres..., op. cit., p. 72 – 100.

9En effet, en 1176, l’abbé de Saint-Martin du Canigou donne à Guillaume, seigneur d’Eus, un mas, les maisons de ce mas, des cens dus sur des moulins et deux celliers situés « in cellaria de Marechexanis »12. De ces deux celliers, l’un est de la taille du cellier de Saint-Martin, le second est de celle des autres. Plusieurs éléments suggèrent que cette cellera est un espace anciennement et fortement structuré sur lequel veille l’abbaye de Saint-Martin du Canigou, seigneur du lieu. Coexistent au sein de la cellera des celliers de tailles différentes : celui de l’abbaye et un de ceux donnés au seigneur d’Eus sont probablement plus grands, les autres, celliers courants, ordinaires, de taille plus réduite, doivent être les celliers correspondant aux exploitations rurales, les mas13. L’espace est régulièrement loti, avec des parcelles de taille différente selon la catégorie sociale de leur possédant, et selon des besoins de stockage différents14. En 1172, quand le roi Alphonse d’Aragon accorde un privilège à l’abbé de Saint-Mairtin-du-Canigou lui permettant de construire une fortification à Marquixanes15, il s’agit sans aucun doute de mettre en défense la cellera. Conformément à une évolution bien illustrée par ailleurs16, la cellera devient le cœur fortifié du village.

  • 17 ADPO, 12 J 25, n° 225.
  • 18 B. Alart, C.M., t. III, p. 218, Inventaire d’Agullana, n° 121.
  • 19 B. Alart, C.M., t. III, p. 273, source : mairie de Vinça.

10En 124517, le roi Jacques d’Aragon permet à l’abbé de Saint-Martin de construire un castrum dans la paroisse de Marquixanes. La terminologie de ces privilèges royaux nous permet de retrouver ces deux espaces emboîtés : une cellera s’est constituée autour de l’église, fortifiée sous le nom fréquent de forcia ou fortitudo, puis un village s’étant développé autour d’elle, il est lui-même fortifié et appelé castrum. En 1351, Pierre IV, roi d’Aragon, accorde à l’abbé l’autorisation de rebâtir le castrum de Marquixanes18, sans doute après les destructions occasionnées par la guerre entre Majorque et Aragon, en 1344. Cependant, en 1389, dans le capbreu des possessions de Sainte-Marie de Comeilla-de-Conflent19, un jardin touche au cimetière, et une treille, au même endroit, est « sous l’église ». L’espace environnant le noyau originel est en partie non bâti, peut-être après les abandons du XIVe siècle.

  • 20 « no pot entrar en dita força ahont es situada dita yglesia », B. Alart, C. M., t. F, p. 479 – 480, (...)
  • 21 D’après le bail à façon que passe la fabrique avec les maîtres maçons chargés de l’ouvrage, B. Alar (...)

11Marquixanes a conservé durant l’époque moderne et contemporaine sa cellera à la fois en tant que fortification et comme lieu spécifique de dépôt des récoltes dans des celliers. Au seizième siècle, les portes sont fermées par le consul de la ville pour interdire au nouveau curé d’entrer dans la força où se trouve l’église20. Au XVIIe siècle, l’aménagement de deux chapelles collatérales et d’une sacristie oblige la fabrique à détruire deux celliers adjacents à l’église21.

Fig. 2 : Marquixanes, d’après le plan cadastral du XIXe s.

Fig. 2 : Marquixanes, d’après le plan cadastral du XIXe s.

Informatisation : Cécile Gloriès

  • 22 Selon la matrice cadastrale, ADPO, 1016W211-212.

12Le cadastre révèle que ce premier noyau villageois est constitué, encore au début du XIXe siècle, presque exclusivement de celliers22 (fig. 2). Quelques aspects typiques des celleres s’y retrouvent : de très petites parcelles bâties, disposées contre le mur de l’église ou de part et d’autre d’une ruelle unique très étroite qui ouvre à l’ouest par une porte fortifiée sur la placette caractéristique des entrées de celleres. L’espace libre de constructions au sud-est de l’église était occupé par le premier cimetière. On distingue autour de ce premier noyau, un second et un troisième cercle de maisons, s’enroulant autour du « fort ». L’accès à ces rues nouvelles a été lui aussi protégé par des fortifications, un porche subsiste au bout de la ruelle située à l’est du plan. Cette deuxième fortification du village élargi est peut-être celle de 1245. L’intérieur de la cellera est encore en partie occupée par des constructions non habitées, des granges ou des remises agricoles.

  • 23 L’acte de consécration d’Urgell, bien que sa datation initiale (819) doive être repoussée de plus d (...)
  • 24 Victor Farias relève par exemple neuf consécrations d’églises portant mention de l’espace in circui (...)
  • 25 D’après l’étude de Frédéric Guédon, L’occupation du sol au Moyen Âge dans le canton de Tarbes-Nord, (...)
  • 26 Florence Guillot, Fortifications, pouvoirs, peuplement en Sabarthès (haute Ariège) du début du XIes (...)

13On peut pour conclure sur ce cas, relever qu’il est situé dans la partie la plus basse du Conflent, au point de contact entre le monde pyrénéen et la plaine côtière, en position donc « limitrophe » par rapport à l’axe montagnard. Les formes de villages « ecclésiaux » (celleres, sagreres, ou autres) ne semblent pas se retrouver dans la partie la plus haute de la chaîne, bien que le maillage paroissial ait été très tôt mis en place23 et que les actes de consécration mentionnent les cimetières24. Dans une situation « marginale » par rapport à l’axe pyrénéen se trouve aussi le village d’Ibos (Hautes-Pyrénées), situé en piémont, dans les environs immédiats de Tarbes25, qui dans le cadastre et la topographie villageoise conserve la marque d’un « village ecclésial » classique qu’éclairent des textes médiévaux et modernes. Par opposition, le Sabarthès (haute Ariège) se caractérise par l’absence de villages de type « ecclésial »26.

En moyen Conflent, habitat disparu, regroupement au pied du château et rôle des églises : les vallées de Conat-Urbanya-Nohèdes

  • 27 On peut observer encore les traces d’un ingénieux système de petites bennes coulissant sur des câbl (...)

14En amont de Prades, la vallée de la Têt se resserre, et à hauteur de Ria, le torrent pyrénéen reçoit l’apport des eaux de la rivière « El Callau », née de la convergence des rivières d’Urbanya et de Nohèdes, à Conat (dérivé de Condate, « confluent » ?). Au débouché de la vallée, l’altitude est de 420 m, le village de Conat est à 511 m, Urbanya à 856 m, Nohèdes à 970 m. Le Roc Nègre domine Nohèdes à plus de 2400 m. La superficie totale des vallées, plus de 6000 ha, est divisée entre ces trois communes actuelles, la montagne de Nohèdes en occupant à elle seule la moitié. Leurs ressources au siècle dernier étaient essentiellement agricoles : élevage, culture des légumes, des pommiers et de la vigne, en terrasses, sur la soulane orientée au sud27, plus le bois et la métallurgie du fer.

  • 28 On pourra se reporter à mon étude du peuplement du Conflent aux Xe-XIIe siècles, dans Catalunya rom (...)
  • 29 Rocha de Salimans sur la carte IGN. Ce toponyme, cité dès 1082, s’il ne conserve pas à coup sûr la (...)

15L’étude de l’unité valléenne comme entité de vie, d’activité et de peuplement s’impose pour saisir la réalité de la structuration de l’habitat. Avant l’an mil des indices montrent une occupation dense, représentative de la situation illustrée par les premières mentions de lieux habités en Conflent28 : quatre lieux de peuplement y sont cités, dont trois dès le IXe s. Au total, au XIIIe s., on compte six paroisses (Urbanya, Nohèdes, Conat, Nabilles, Llugols, Belloch), plus deux lieux habités avec église (Cruce, Eroles) et cinq lieux d’habitat sans église (Arlettes, Betllans, Montella, Martiach, Marsach), auxquels il faut ajouter le château de Conat et sa chapelle castrale, plus la rocha de Sexman citée en 108229.

  • 30 Les vestiges conservés : une partie de la nef et le chevet laissent apparaître une construction ass (...)
  • 31 C. R., vol. VII, Conflent, respectivement p. 400, 490 et 540.
  • 32 Bien que situé sur le territoire actuel de la commune de Villefranche, Belloch fait partie, d’un po (...)
  • 33 Llugols est aujourd’hui situé sur le territoire de la commune de Ria-Sirach.
  • 34 P. Ponsich, notice Ria, dans Le Pays Catalan, Jean Sagnes dir., t. II, p. 1028.

16Actuellement, l’ancien village d’Eroles (à environ 700 m d’altitude), mentionné en 1268, a totalement disparu, mais son église se trouve à peine à 200 m de celle de Llugols30. Il ne subsiste plus de l’église Sainte-Croix (640 m) que de maigres ruines, et rien du hameau (locum) qui existait là au Xe s. Par contre trois églises romanes, dont l’architecture est datée des XIIe et XIIIe siècles31, sont bien conservées : Sainte-Marguerite de Nabilles (870 m), Saint-Christophe de Llugols (700 m) et Saint-André de Belloch (863 m), aujourd’hui isolées, alors qu’elles étaient centres paroissiaux au Moyen Âge, correspondant à des lieux habités dont le nom leur est resté associé. On peut noter qu’elles se trouvent toutes à mi-pente ou au sommet des versants sud et nord des vallées. Cette situation, héritière d’une époque de « montagne-refuge », est devenu un handicap au moment où les vallées montagnardes sont moins autarciques et où le réseau des chemins de fond de vallée est le nouveau fixateur de l’habitat. Les territoires des versants les moins accessibles deviennent alors presqu’exclusivement des terrains de pacage. Auprès de Saint-André de Belloch32 on peut observer encore les vestiges d’aménagements (rues empierrées, fondations de maisons, restes de quelques bâtiments en élévation) qui témoignent de l’existence d’un village sur l’emplacement duquel seuls deux ou trois mas ont subsisté par la suite. Ce village se trouvait orienté au sud, au pied de l’église qui occupait la partie la plus élevée, regardant vers le fond de la vallée de Conat. Rien ne semble indiquer une forme de regroupement ecclésial, et on n’observe aucune trace du cimetière. Une disposition analogue se retrouve encore auprès de l’église Saint-Christophe de Llugols33 où un habitat assez lâche subsistait au XIXe s. sous la forme de cinq maisons séparées entre elles, à deux cents mètres à l’est de l’église. Le castrum de Llugols, en 1267, est probablement une fortification privée, une famille de ce nom étant citée au XIIe siècle34. Il semble s’être trouvé près des maisons, à l’écart de l’église.

  • 35 Le mur sud, près du portail, daterait du XIe siècle, C. R., vol. VII, p. 398 – 399.
  • 36 Cf. A. Catafau, Les celleres..., p. 343 sqq.
  • 37 En 1349, les probi homines de la vallée de Conat obtiennent du roi Pierre d’Aragon une remise d’ame (...)
  • 38 Ainsi de l’ancienne paroisse de Nabilles, et des lieux de Llugols, Eroles, Arlettes et Betllans, qu (...)

17L’image du peuplement conservée au XIXe s. doit être considérée comme la résultante des évolutions démographiques de la fin du Moyen Âge (crises et dépopulation font basculer les anciens villages perchés au dessous d’un seuil critique qui ne leur permet plus de subsister comme entités indépendantes), et des transformations économiques évoquées ci-dessus. Mais, tout au moins pour la partie basse de la vallée, il faut y adjoindre le rôle déterminant de la seigneurie de Conat, qui a fixé l’habitat villageois au pied de son château. La vallée est en effet dès la deuxième moitié du XIe s. aux mains d’une famille de Salto, qui prête serment pour la Rocha de Sexman et l’honnor de Connad. La « famille de Conat » s’unit ensuite à celle de Paracolls (vallée voisine, à l’est) et possède au XIIIe siècle une part des dîmes de la vallée (Arlettes, Eroles, Urbanya). Le castellum de Conad est mentionné en 1168, avec son chapelain et sa chapelle castrale Sainte-Marie-Madeleine. Il se trouve en situation d’éperon, à l’exact confluent des deux rivières, sur un piton rocheux dont le seul côté non abrupt a été retaillé de main d’homme pour créer un fossé creusé dans la roche. C’est sur la pente orientée au sud-est que s’étage le petit village de Conat, dont l’église paroissiale Saint-Jean se trouve distante d’une centaine de mètres, et en situation tout à fait différente, au-dessus d’un premier méandre du Callau. Le cimetière et quelques constructions jouxtent l’église Saint-Jean, dont la première mention tardive (XIIe s.) doit être en partie corrigée par une datation architecturale plus ancienne35. On peut évoquer au sujet de la situation de cette église celles de Saint-Vincent de Ria, à quelques centaines de mètres en aval de la butte portant le château et le village, ou de Saint-Vincent d’Eus, en aval de Prades, où le regroupement au pied du château a fait disparaître un habitat antérieur, voisin de l’église36. À Conat un pareil phénomène d’incastellamento a pu entraîner l’absorption d’un noyau antérieur situé auprès de l’église. L’attraction du pôle castral, contrôlant les chemins de communication entre montagne et Conflent, se traduit dans la dénomination de la vallée (vallis de Conato à partir du XIVe s.37) et par le fait que la population d’un certain nombre de lieux habités d’existence ancienne n’est plus comptée distinctement de celle de Conat ou de Ria dans les recensements de feux fiscaux de la fin du XIVe siècle38.

Fig. 3 : Nohèdes, d’après le plan cadastral du XXe s.

Fig. 3 : Nohèdes, d’après le plan cadastral du XXe s.

Fig. 4 : Urbanya, d’après le plan cadastral du XXe s.

Fig. 4 : Urbanya, d’après le plan cadastral du XXe s.

Informatisation : Cécile Gloriès

  • 39 Voir les plans des villages tirés de G. Wursteisen et Z. Knyszewski, L’architecture traditionnelle (...)

18Les églises de Nohèdes et d’Urbanya occupent une position extérieure, marginale, en bordure du village39 : les maisons y sont groupées par îlots, par moulons, séparés les uns des autres par des rues (fig. 3 et 4). L’église et son cimetière sont, comme les maisons du village, situés dans un îlot, en aval de l’agglomération, en extrémité : en situation remarquable, très détachée, ils indiquent le village comme centre paroissial, mais ne structurent pas l’habitat.

19Les conclusions que l’on peut tirer de cet exemple sont nombreuses :

  • les vallées sont densément occupées avant le XIIIe s. ;

  • l’habitat de versant et d’altitude y est plus fragile par la suite (8 disparitions – dont trois centres paroissiaux – sur 13 lieux habités) ;

  • les églises n’ont pas joué un rôle durable de fixateur de l’habitat, l’espace de paix n’y structure pas la topographie villageoise ;

  • le château, comme celui de Conat, a pu dans ce contexte regrouper la population au détriment de pôles antérieurs (peut-être en partie ecclésiaux) et restructurer les finages selon le modèle de l’incastellamento ;

  • la morphologie de deux des cinq lieux d’habitat actuels, en haut des vallées, rappelle des formes plus archaïques, où l’église occupe une place décentrée. Ce sont des exemples typiques de villages « pyrénéens ».

Fig. 5 : Evol, d’après le plan cadastral du XXe s.

Fig. 5 : Evol, d’après le plan cadastral du XXe s.

Fig. 6 : Evol (haut Conflent) (d’après Wursteisen-Knyszewski, Conflent, 1984, p. 18)

Fig. 6 : Evol (haut Conflent) (d’après Wursteisen-Knyszewski, Conflent, 1984, p. 18)

Informatisation : Cécile Gloriès

Un exemple de village de type montagnard : Evol, en haut Conflent

  • 40 Selon Véronique Izard cette forge n’est citée qu’à partir du XVIe siècle, « Cartographie successive (...)
  • 41 Document n° 52, 878, R. d’Abadal, Com neix i com creix un gran monastir pirinenc abans de l’any mil (...)

20En amont d’Olette, sur la rive gauche de la Têt s’ouvre la vallée d’Evol séparée de celle de Nohèdes par le puissant massif du Mont Coronat. Au confluent de la rivière d’Evol et de la Têt, l’altitude est de 615 m, la vallée atteint 1500 m dans sa partie supérieure, entourée de sommets qui dépassent 2000 m. Sur les 3000 ha de la vallée l’habitat est éclaté en trois pôles : Evol, à 815 m, à l’aval, se situe au bord de la route qui surplombe la rivière ; auprès de celle-ci, en amont d’Evol mais au fond de la vallée, se situe le hameau de Tuhir d’Evol (800 m), cité au XIe s. ; plus haut encore on ne trouve plus sur les versants que cortals et bergeries, et au plus haut du lit de la rivière, un groupe de maisons, La Mouline, autour d’une ancienne forge, à 1500 m d’altitude, semble d’installation plus tardive40. Au Moyen Âge, Olette, dont dépend aujourd’hui cette vallée, était un lieu-dit de la paroisse d’Evol, où Cuxa possédait un moulin au IXe s.41.

  • 42 Catalunya romànica, t. VII, p. 471 – 473.
  • 43 P. Ponsich, notice Oleta, dans Le Pays Catalan..., p. 983.

21Evol, possession d’Unifred, vicomte de Conflent, dans la première moitié du Xe s., est le centre d’une seigneurie importante, inféodée à la famille de Llo (Alione) au XIIe s. et devenue vicomté au XIVe s. À deux cent mètres du village, en amont, se dresse l’église Saint-André d’Evol : elle est au centre d’un cimetière entouré d’un mur, à l’intérieur duquel se trouvent quelques maisons (fig. 5 et 6). Le bâtiment lui-même est daté du XIe s. Au dessus du village, à 500 m de l’église et à 900 m d’altitude, se dresse le château féodal42 : agrandi et puissamment fortifié aux XIIIe-XIVe s. il semble que les fondations de la tourdonjon centrale puissent remonter aux XIe-XIIe s. En outre, une roche connue sous le nom de castell dels Moros, sur l’autre versant de la rivière d’Evol, conserverait des vestiges de "très anciennes fortifications", peut-être du haut Moyen Âge43. En contrebas du château, la chapelle isolée de Saint-Etienne, mentionnée au XIIIe s., aurait pu faire usage de chapelle castrale.

  • 44 Voir les plans de ces villages dans G. Wursteisen et Z. Knyszewski, L’architecture traditionnelle.. (...)
  • 45 On se reportera aux plans de ces villages, respectivement dans les mémoires de Florence Guillot, Si (...)
  • 46 C’est ce que révèlent les prospections de surface réalisées dans certains cimetières des Hautes-Pyr (...)

22L’exemple d’Evol est révélateur : un habitat éclaté, très ancien, y a subsisté, étagé tout au long de la vallée, depuis le confluent (Olette) jusqu’au pied des monts (La Mouline), les conditions naturelles imposant un cadre de vie et d’activité qui ne pouvait au Moyen Âge s’accorder avec un habitat concentré. De plus, ces formes anciennes d’habitat n’ont pas été perturbées par l’établissement de l’église, ni même du château, qui sont restés extérieurs au noyau principal du village. On retrouve là des caractéristiques propres à de nombreux villages du Haut Conflent, par exemple Jujols, Oreilla ou Canaveilles44, et à ceux de la haute Ariège (Merens, Prades, Ascou, Orlu ou Perles45). On ne peut en revanche ignorer que dans un certain nombre de cas, comme à Evol, le cimetière, fortement matérialisé, a pu servir de lieu temporaire de refuge ou même d’habitat46.

  • 47 On peut à ce propos remarquer la forte concentration d’églises romanes dans les vallées pyrénéennes (...)

23En guise de conclusion à ce qui n’est qu’une première approche illustrée de quelques exemples, on peut retenir l’idée qu’en milieu de montagne la relation entre église et habitat est à la fois plus complexe et moins étroite que celle que l’on trouve en plaine. Le lieu de culte et de sépulture y est un élément essentiel de la cohésion sociale de paroissiens que l’habitat dispersé et les conditions naturelles éloignent, et l’entretien, la reconstruction et l’embellissement des églises les plus modestes le prouvent47. Pour les mêmes raisons, le bâtiment ecclésial pas plus que l’espace sacré qui l’entoure n’ont pu jouer un rôle structurant dans la topographie villageoise, qui obéit à des formes élémentaires d’une tradition ancestrale, qui ont pu être conservées là, et qui s’y observent encore parfois.

Notes

1 On se reportera surtout aux deux publications dirigées par Michel Fixot et Elizabeth Zadora-Rio, L’église, le terroir, Paris, 1989, et L’environnement des églises et la topographie religieuse des campagnes médiévales, Paris, 1994.

2 P. Bonnassie, « Les sagreres catalanes ; la concentration de l’habitat dans le "cercle de paix" des églises (XIe s.) », L’environnement..., op. cit., p. 68 – 79, qui fait le point pour la bibliographie antérieure.

3 Voir Morphogenèse du village médiéval (IXe-XIIe siècles), dir. G. Fabre, M. Bourin, J. Caille, A. Debord, Montpellier, 1996.

4 Selon l’expression, maintenant adoptée, créée par Dominique Baudreu et Jean-Paul Cazes dans « Le rôle de l’église dans la formation des villages médiévaux. L’exemple des pays audois », Société médiévale occitane : historiens et archéologues, Heresis, n° 2, Carcassonne, 1990, p. 139 – 158.

5 Benoît Cursente, Des maisons et des hommes. La Gascogne médiévale, PUM, Toulouse, 1998.

6 Voir dans ce volume la communication de Jordi Bolòs, et les études de Carles Fochs et Josep Canal, « La sagrera de Sant-Feliu de Pallerols », Annals del Patronat d’Estudis Olotins, Olot, 1992, p. 21 – 75 ; puis « La cellera fortificada de Sant Feliu de Pallerols (segle XIV) », Anals de l’institut d’Estudis Gironins, vol. XXXIV, Gérone, 1994, p. 31-55.

7 Cette protection est confirmée par le synode de Paix et Trêve de Toulouges en 1027, « neque aliquis auderet ecclesiam vel domos in circuitu positas a XXX passibus violare aut assalire », Eduard Junyent, Diplomatari i escrits literaris de l’abat i bisbe Oliba, Barcelona, 1992, p. 144 – 146.

8 Voir la carte de localisation des celleres, dans Aymat Catafau, Les celleres et la naissance du village en Roussillon (Xe-XVe s.), Perpignan, 1998, p. 709.

9 Pierre Ponsich, Limits historics..., Terra nostra, n° 37, Prades, 1980, p. 109.

10 ADPO, série H, 141/2, dit « Inventaire d’Agullana », fol. 3 r°.

11 Voir P. Bonnassie, « Les sagreres catalanes... », op. cit., p. 72 – 73 et A. Catafau, Les celleres..., op. cit., p. 56 – 5.

12 Bernard Alart, Cartulaire manuscrit (C.M.), t. VIII, p. 249 – 253, Médiathèque de Perpignan : « Et donamus tibi duos cellarios in cellaria de Marechexanis, unum secundum magnitudinem cellarii Sancti Martini, et alium magnitudinis aliorum ».

13 On peut rappeler la corrélation entre mas et cellier dans la cellera, A.. Catafau, « La cellera et le mas en Roussillon au Moyen Âge : du refuge à l’encadrement seigneurial », Journal des Savants, 2, 1997, p. 333 – 361, et proposer un lien entre le mas concédé au seigneur d’Eus et ce cellier « de taille normale », dans la cellera. Le grand cellier, pourrait alors être qualifié de « seigneurial » et correspondre au lieu de dépôt des cens des moulins concédés au seigneur d’Eus.

14 De même, au XIVe siècle, le prieur d’Espira de Conflent possède une cuve, probablement dans un cellier, à Marquixanes. Plusieurs tenanciers doivent porter la tasque, les dîmes et prémices dues à Sainte-Marie d’Espira-de-Conflent, à Marquixanes, au tonneau, ou cuve (tinellum), du prieur, d’après le capbreu de 1384 (un capbreu est le recueil des reconnaissances des tenanciers d’un même seigneur pour un lieu donné, équivalent à un terrier), ADPO, Hp 239, fol. 9, fol. 22.

15 ADPO, série H, 141/2, dit « Inventaire d’Agullana », fol. 11 r°, « quod possit construere fortitudinem sive forciam in villa de Marchexanes ».

16 A. Catafau, Les celleres..., op. cit., p. 72 – 100.

17 ADPO, 12 J 25, n° 225.

18 B. Alart, C.M., t. III, p. 218, Inventaire d’Agullana, n° 121.

19 B. Alart, C.M., t. III, p. 273, source : mairie de Vinça.

20 « no pot entrar en dita força ahont es situada dita yglesia », B. Alart, C. M., t. F, p. 479 – 480, année 1591.

21 D’après le bail à façon que passe la fabrique avec les maîtres maçons chargés de l’ouvrage, B. Alart, C. M., tome K, p. 343,1646.

22 Selon la matrice cadastrale, ADPO, 1016W211-212.

23 L’acte de consécration d’Urgell, bien que sa datation initiale (819) doive être repoussée de plus d’un siècle, cite 278 paroisses, dont 84 en Cerdagne, au Xe siècle, P. Bonnassie, La Catalogne..., p. 86-87.

24 Victor Farias relève par exemple neuf consécrations d’églises portant mention de l’espace in circuitu ecclesiae pour le diocèse d’Urgell, entre 950 et 1187, La sacraria catalana (950-1200), Aspectos y modelo de un espacio social, maîtrise de l’Université de Barcelona, 1989, p. 27. Les deux plus anciennes références au cimiterium entourant une église dans le diocèse d’Elne concernent des villages du haut Vallespir (Riuferrer, près d’Arles-sur-Tech et Prats-de-Mollo), voir A. Catafau, Les celleres..., op. cit., p. 64.

25 D’après l’étude de Frédéric Guédon, L’occupation du sol au Moyen Âge dans le canton de Tarbes-Nord, mémoire de maîtrise, Toulouse Le Mirail, 1991, 2 vol.

26 Florence Guillot, Fortifications, pouvoirs, peuplement en Sabarthès (haute Ariège) du début du XIesiècle au début du XVesiècle, thèse de doctorat, M. Berthe dir., Université du Mirail, Toulouse, 1998.

27 On peut observer encore les traces d’un ingénieux système de petites bennes coulissant sur des câbles d’acier qui permettait naguère d’amener les récoltes au côté ombreux de la vallée, où passe le chemin, en aval de Conat. Sur la vallée de Conat, voir Eugène Schmidt, « La baronnie de la vallée de Conat en Conflent », Conflent, n° 124, 1983, p. 25 – 70.

28 On pourra se reporter à mon étude du peuplement du Conflent aux Xe-XIIe siècles, dans Catalunya romànica (C.R.), VII, p. 266 (carte) et 267-268.

29 Rocha de Salimans sur la carte IGN. Ce toponyme, cité dès 1082, s’il ne conserve pas à coup sûr la trace d’une occupation musulmane, garde peut-être le souvenir d’une fortification du haut Moyen Âge, déjà légendaire au XIe s.

30 Les vestiges conservés : une partie de la nef et le chevet laissent apparaître une construction assez tardive, en voûte à arc brisé, qui pourrait dater du XIIIe siècle, C. R., vol. VII, Conflent, p. 490 – 491.

31 C. R., vol. VII, Conflent, respectivement p. 400, 490 et 540.

32 Bien que situé sur le territoire actuel de la commune de Villefranche, Belloch fait partie, d’un point de vue géographique, de l’ensemble valléen.

33 Llugols est aujourd’hui situé sur le territoire de la commune de Ria-Sirach.

34 P. Ponsich, notice Ria, dans Le Pays Catalan, Jean Sagnes dir., t. II, p. 1028.

35 Le mur sud, près du portail, daterait du XIe siècle, C. R., vol. VII, p. 398 – 399.

36 Cf. A. Catafau, Les celleres..., p. 343 sqq.

37 En 1349, les probi homines de la vallée de Conat obtiennent du roi Pierre d’Aragon une remise d’amende, J. Schmidt, « La baronnie... », p. 35. La communauté organisée de la vallée fédère les habitats jusque-là séparés, et d’une certaine façon transcende les paroisses.

38 Ainsi de l’ancienne paroisse de Nabilles, et des lieux de Llugols, Eroles, Arlettes et Betllans, qui apparaissent dans le dénombrement de feux de 1378 (7 feux à Llugols, 4 à Eroles et 3 aux autres) puis disparaissent des comptes en 1385 (en 1480 pour Llugols), voir M. Batlle et R. Gual, Fogatges catalans, Terra Nostra, n° 11, Prades, 1973, p. 18 – 20 et sqq.

39 Voir les plans des villages tirés de G. Wursteisen et Z. Knyszewski, L’architecture traditionnelle sur la soulane du haut Conflent, Conflent, 1984, p. 28 et 30.

40 Selon Véronique Izard cette forge n’est citée qu’à partir du XVIe siècle, « Cartographie successive des entreprises métallugiques dans les Pyrénées nord-catalanes ; support préliminaire à l’étude éco-historique des forêts charbonnées », Archéologie du Midi Médiéval, Carcassonne, t. XII, 1994.

41 Document n° 52, 878, R. d’Abadal, Com neix i com creix un gran monastir pirinenc abans de l’any mil. Eixalada-Cuixà, Analecta Montserratensia, vol. VIII, Montserrat, 1954, p. 153.

42 Catalunya romànica, t. VII, p. 471 – 473.

43 P. Ponsich, notice Oleta, dans Le Pays Catalan..., p. 983.

44 Voir les plans de ces villages dans G. Wursteisen et Z. Knyszewski, L’architecture traditionnelle..., p. 32,38 et 39.

45 On se reportera aux plans de ces villages, respectivement dans les mémoires de Florence Guillot, Sites fortifiés en Sabarthès (Ariège), à l’époque médiévale, DEA, M. Berthe dir., Toulouse-Le Mirail, juin 1990, p. 198, 213 ; Dominique Maury, Enquête archéologique et occupation du sol au Moyen Âge dans le canton d’Ax-les-Thermes (Ariège), maîtrise, G. Pradalié dir., Toulouse-Le Mirail, oct. 1990, p. 36,89,98.

46 C’est ce que révèlent les prospections de surface réalisées dans certains cimetières des Hautes-Pyrénées, qui ont permis de retrouver des traces archéologiques (céramiques) d’occupation médiévale, parfois tardive, par exemple dans les Baronnies, à Esparros et Espèche, d’après la maîtrise de Pierre Bernigole, L’occupation du sol au Moyen Âge dans le canton de La Barthe-de-Neste (Hautes-Pyrénées), M. Berthe et G. Pradalié dir., Toulouse-Le Mirail, 1992, p. 76 et 91.

47 On peut à ce propos remarquer la forte concentration d’églises romanes dans les vallées pyrénéennes qui sont, bien plus que les piémonts, les conservatoires d’un art roman primitif et rustique, cf. carte dans M. Durliat et V. Allègre, Pyrénées romanes, Ed. du Zodiaque, 1978, p. 24-25 et 26.

Table des illustrations

Titre Fig. 1 : Localisation des principaux villages cités
Crédits Informatisation : Cécile Gloriès
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Titre Fig. 2 : Marquixanes, d’après le plan cadastral du XIXe s.
Crédits Informatisation : Cécile Gloriès
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Titre Fig. 3 : Nohèdes, d’après le plan cadastral du XXe s.
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Titre Fig. 4 : Urbanya, d’après le plan cadastral du XXe s.
Crédits Informatisation : Cécile Gloriès
URL http://books.openedition.org/pumi/docannexe/image/26818/img-4.jpg
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Titre Fig. 5 : Evol, d’après le plan cadastral du XXe s.
URL http://books.openedition.org/pumi/docannexe/image/26818/img-5.jpg
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Titre Fig. 6 : Evol (haut Conflent) (d’après Wursteisen-Knyszewski, Conflent, 1984, p. 18)
Crédits Informatisation : Cécile Gloriès
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