Une famille méridionale dans l’ombre de Carlat : les Vigouroux1
p. 365-374
Texte intégral
1La vicomté de Carlat, issue d’un ancien comitatus carolingien ayant sans doute gravité dans l’orbite des Guilhemides, se situe à cheval sur les départements actuels du Cantal et de l’Aveyron. Elle est gérée à l’origine par une famille vicomtale éponyme, les Carlat, derrière laquelle apparaît régulièrement un autre lignage, les Vigouroux.
Les premiers Vigouroux (XIe siècle) : des « vice-vicomtes » de Carlat
2La tige de la famille, un certain Willelmus, apparaît très vraisemblablement dans le Livre des Miracles de sainte Foy de Conques, connu pour son hostilité envers les familles châtelaines de la région.
3Il s’agit d’un récit intitulé2 : Comment un miles aveugle recouvra deux fois la vue.
4Le personnage, « Un certain Guillaume du château appelé Carlat, d’ascendance noble et vaillant guerrier ["militia strenuus"] », est fortuitement blessé lors d’une rixe entre des soldats de la garnison : « Or, un jour, un de ses milites, dans une querelle violente avec l’un de ses autres serviteurs ["domesticorum"], dirigeait la pointe d’un bâton dans l’oeil de celui-ci. Guillaume s’étant jeté entre eux pour les séparer reçut dans l’oeil le coup destiné à un autre. ».
5Gravement atteint, Guillaume sera néanmoins guéri, en deux étapes, par sainte Foy de Conques.
6Cette partie du Liber Miraculorum a été rédigée vers 1040-1050 par un anonyme continuateur de Bernard d’Angers3 et relate donc essentiellement des anecdotes contemporaines. L’on remarquera d’emblée le ton bienveillant du récit et le caractère atypique des circonstances de la blessure. Guillaume est un noble, un vaillant guerrier, un juste aussi qui s’interpose entre deux subordonnés. Rien à voir avec le portrait habituel et peu flatteur des milites dans le Livre des Miracles...
7Or, les documents du cartulaire de Conques de la première moitié du XIe s. attestent régulièrement un Willelmus contresignant les actes où est impliquée la famille de Carlat ; nous avons quelques raisons de penser qu’il pourrait s’agir d’un frère, d’un certain Rigaud qui apparaît dans la charte n° 300 (996- 1031, signée par Rigualdo, Deusdet, Willelmi, Aicardo). Il figure ainsi dans le n° 384 (Brogme, 997-1030 : "Willelmo") ; le n° 197 (997-1030 : "Rigualdo, Willelmo, Airado"...). Ses deux fils semblent être Aimonus et Airadus ; sa famille proche comprend un Geraldus et un Girbertus, prêtre. Bref, le lien de cet homme avec Carlat et Conques paraît très étroit. Les biens de cette fratrie anonyme mais puissante, dirigée par un Guillaume et un Rigaud, sont localisés au coeur de la zone d’influence de Carlat : en Veynazès4 et dans le nord du Barrez5. Certains de ces biens sont directement tenus en fief de la famille éponyme des vicomtes de Carlat.
8On retrouve la trace de la famille dans une donation des vicomtes de Carlat à Gellone6 vers 1031-1060 : « mansum in valle que vocatur ∂ers, in loco qui dicitur Kalahc (...) in suburbio Castro Carlatense ». Apparaissent comme signataires : « Girberti vicecomitis, Nobila uxor sua, Bernardi filii sui, Raimundi, Rigualdi [le Rigaud du Cart. Conques n° 300], Mironi [un des premiers "de Vigouroux"] ». Ce lieu, plus tard appelé château de Caillac – alias Castel-Noël – est situé en Barrez rouergat, dans la zone d’influence de cette famille7.
9Comme les Carlat, les Vigouroux sont étroitement liés à Conques. Ainsi en 1031-1035, cédant à Conques des biens en Barrez, Étienne de Vigouroux confie aux moines son fils Boniface8, qui y devient abbé (1108-c. 1125).
10L’on découvre la génération suivante – et pléthorique – des Vigouroux dans la charte 42 de Conques datant de 1065-1090 : l’époux d’une Petronilla cède des biens sur la paroisse de Brommat en Barrez – dont l’église. Parmi les signatures on remarque celles de frères de Vigouroux : Girberti de Vig[oro], Rigualdi de Vig[oro] et Petri de Vig[oro[.
Les Vigouroux et la domination catalane en Auvergne méridionale (XIIe siècle)
11La famille des vicomtes éponymes de Carlat s’éteint dans les armées 1070 avec Adila qui a épousé avant 1050 Bérenger, vicomte de Millau-Gévaudan.
12Au gré des alliances, la vicomté de Carlat finit par échoir aux Raymond Bérenger de Barcelone. La montée en puissance des Catalans provoque en 1150 l’hommage des seigneurs de Peyre du Gévaudan étudiés par J. Belmon9. Il est d’ailleurs possible qu’une Pétronille de Vigouroux ait épousé un seigneur de Peyre10. Mais aussi et surtout cette nouvelle donne politique provoque l’hommage des « vicomtes » de Murat, maîtres d’une partie de la vallée de l’Allagnon, au nord du massif du Cantal.
13Cet hommage n’est connu que par deux vidimus abrégés11 : « donation fache per un mommat P. vescomte a Reymond Berenguier, comte de Barcelone et prince d’Aragon et a Raymond Berenguier, son nebot, dels castels de Murat, de Vigourou et de Feydol ». L’autre leçon donne « donation faite par Pierre, vicomte de Murat à Raymond Béranger comte de Barcelone et à son neveu Raymond Béranger du château de Murat, de Vigouroux, de Faydol et Amels, en date de l’an mil cent cinquante ».
14Une troisième analyse paraît avoir inspiré le commentaire de Paul de Chazelles12 : « 2150. Pierre II donna sa vicomté de Murat à Raymond Bérenger dit "le Jeune", sous la condition de la reprendre de ses mains et de la tenir seulement en foi et hommage. C’est à cette époque que l’on fait remonter l’hommage et fief que les vicomtes de Murat devaient à ceux de Carlat. Pierre avait compris dans cette donation les châteaux de Vigouroux, de Feydit (Aldefrida), les forêts du Lioran et du ∂iniq ».
15Bref, les vicomtes de Murat entrent dans la mouvance directe des Raymond Bérenger, semble-t-il de leur plein gré, peut-être afin de prévenir un éventuel conflit avec la puissance de Carlat, elle aussi dans leur mouvance. On aura noté que les Murat possèdent des droits sur le castrum éponyme des Vigouroux et sur celui, voisin, de Feydol13.
16En tant que vassaux de l’ancienne famille de Carlat, les Vigouroux n’échappent pas au mouvement : en 116614 « Miro de Vigoron » fait hommage à Raymond Bérenger III, comte de Provence, du « Castro de Vigoron de medietate et de Caslutz et de toto eo quod habeo in Cartlat et de eo quod habeo in Ponto (...) post recuperationem in vestro fidelitate suprascripta castra tenebo ». Cette famille de Vigouroux a donc en charge la garde des castra carladeziens du Barrez et de la Châtaigneraie orientale. Cet acte est la copie conforme des hommages contemporains du Languedoc des Trencavel15 : « Notum sit hominibus quod ego Miro de Vigoron facio tibi ominium et juro tibi (...) quod fidelis ero tibi de vita tua (...) ». Dans cet hommage sont développés les thèmes de l’aide militaire et de la reddition des châteaux à toute semonce. Rien d’étonnant à cela : Carcassonne et Carlat sont à cette époque dans la même orbite politique.
Les Vigouroux dans les conflits féodaux du XIIIe siècle : de Carlat vers Murat
17Les Vigouroux réapparaissent dans les sources au milieu du XIIIe siècle, alors que Carlat est désormais contrôlé par la famille de Rodez dont le comte Hugues est en conflit avec les frères Pierre et Aldebert « dictos de Cartlat », coseigneurs de Turlande de Paulhenc16. Les prétentions des deux frères portent sur rien moins que le château de Carlat17. Les Vigouroux sont témoins lors du règlement du conflit en 125218 .
18La châtellenie éponyme des Vigouroux se trouve alors au cœur d’un autre conflit : les « vicomtes » de Murat contestent leur vassalité vis-à-vis de Carlat : un incident a lieu à « Vigero » en 1267 entre les hommes de Carlat-Rodez et ceux du vicomte de Murat19.
19Ces derniers finissent cependant par rentrer dans le rang : en 1273, hommage était rendu à Carlat des châtellenies de Murat, Vigouroux, Albepierre et La Bastide – c’est-à-dire l’essentiel de la « vicomté » de Murat20. Le texte est établi « in Castro de Vigoro, in ecclesia ∂ancti Laurencii ».
20Mais le conflit reprend et aboutit cette fois au rattachement de la châtellenie de Vigouroux à la vicomté de Murat. Le traité de 1285 stipule en effet que Carlat abandonne – sous réserve d’hommage – toutes les terres situées entre les cours d’eau du Brezons et du Siniq, et même au-delà, soit un territoire à cheval sur l’Auvergne et le Rouergue21.
L’assise territoriale des Vigouroux22 : les châteaux de Vigouroux et Caylus
– Vigouroux (Commune de Saint-Martin-sous-Vigouroux, Cantal).
21Le village de Vigouroux est groupé autour du château féodal et d’une petite chapelle, à près de 1000 m d’altitude, sur l’interfluve entre les cours du Brezons et de l’Hirondelle.
22Le castel de Vigourou apparaît donc en 1150 lorsque Pierre II de Murat fait don (fief de reprise) à Raymond Bérenger de Provence, vicomte en partie de Carlat23. En 1166, Miron de Vigouroux rend hommage à Raymond Bérenger de Provence pour la moitié du Castro de Vigorori24. En 1206, la famille de Vigouroux tient toujours le château25, ensuite mentionné en 1273 lors de l’hommage du vicomte de Murat au comte de Rodez, vicomte de Carlat : « Castrum de Vigoro, cum juribus, honoribus, districtu et pertinenciis et mandamento ejusdem »26. Le castrum de Vigoro est également cité plusieurs fois en 1285, lors du traité signé entre les vicomtes de Carlat et de Murat27. Le vicomte de Murat y reconnaît tenir le château en fief du vicomte de Carlat.
23L’actuel château de Vigouroux est un manoir post-médiéval construit sur une éminence. D’après Deribier28, il aurait été bâti à côté du château médiéval dont les ruines ont été démolies peu après 1780. On voyait alors « un tronçon de tour assez élevée », flanqué d’un « fort ». Des fouilles furent faites au XIXe s. sur l’emplacement du château médiéval. On y trouva « beaucoup de grains brûlés (...) un certain nombre d’ossements humains (...) cinq squelettes dans un four [sic] (...) des fragments de piques, d’armures brisées, de serrures et autres ferrements aussi calcinés »29.
24Or ce château possédait une chapelle castrale, mentionnée en 1273 : « In Castro Vigoro, in ecclesia ∂ancti Laurencii ». C’est là que fut rédigé l’hommage du vicomte de Murat à celui de Carlat30. D’après Deribier, « au sommet du rocher, protégée par le château et presque enfermée dans son enceinte se trouvait une chapelle dédiée à saint Laurent, desservie par un chapelain de ∂aint-Martin »31. Cette chapelle, assez grande, était voûtée et dotée d’un clocher à peigne à deux alvéoles. Tombée en ruine au XVIIIe s., elle fut reconstruite dans la partie haute du village, où elle se situe toujours32.
– Caylus (Commune de Vezels-Roussy, Cantal)33.
25Il s’agit au départ d’une forteresse vicomtale des Carlat : peu après l’an Mil, Agnès de Carlat lègue le château de Caylus à son fils Girbert. Puis en 1166, Miro de Vigoron fait hommage à Raymond Bérenger, comte de Provence et en partie de Carlat pour « Castlutz »34. Le contrôle comtal sur la forteresse y est exposé de façon détaillée. En 1206, Guillaume de Vigouroux, domicellus, fils d’autre Guillaume, transige avec Henri de Rodez au sujet du château et des droits de justice de Caylus35. En 1266, le château est toujours occupé par deux frères de Vigouroux, « Guillelmus et ∂tephanus de Vigoro, fratres, [reconnaissant tenir] ad liberum dominium sive francum, quicquid habemus, tenemus seu possidemus (...) in Castro de Caylus, infra los dex, et quicquid habemus in dicto Castro, sive sint dominia, census, usatica (...) »36. Il s’agit alors d’un château rendable « promittimus vobis reddere fortalicia (...) sia iratz o pagatz et valentiam facere de plah o de guerra ad expensas vestras »37. Un autre frère « Guillelmus de Vigoro, miles », reconnaît la même année à Carlat « quicquid habeo in Castro de Caslutz, sive sint dominia, census, servitutes (...) infra los dex ». Guillaume est qualifié plus loin dans le texte de « dominus »38. À la fin du Moyen Age, Caylus est encore une des plus puissantes châtellenies du Carladez.
En guise de conclusion : qui sont les Vigouroux ?
26Comme les Carlat, ce sont les représentants d’une haute et ancienne noblesse, antérieure au XIe siècle : les termes employés par le Liber Miraculorum ne laissent aucun doute à ce sujet. Ils semblent être les « brillants seconds » des Carlat dont ils tiennent la forteresse éponyme. Un lien familial avec la famille vicomtale est indubitable, comme le montre l’analyse des donations du XIe siècle faites à Conques et à Gellone. Mais la grande proximité entre les deux familles empêche de les individualiser clairement et il faut attendre la disparition du rameau central des Carlat pour bien cerner le rôle des Vigouroux.
27Ceux-ci apparaissent au XIIe siècle maîtres des forteresses du cœur historique de la vicomté, Carlat y compris : un « relais » semble avoir été passé entre les derniers Carlat et les Vigouroux concernant la gestion des forteresses vicomtales. Leur rang est suffisamment élevé pour qu’ils prêtent directement hommage aux Raymond Bérenger. Les noms qu’ils adoptent révèlent leurs origines et leur positionnement politique : nom héréditaire des anciens vicomtes éponymes (Girbertus), noms méridionaux catalans ou septimaniens (Mir, Miron, Willelmus qui est le plus fréquent). On peut y voir, bien sûr, le reflet de l’influence catalane en Carladez. Mais ne peut-on pas également voir dans ces Vigouroux les descendants d’une de ces grandes familles carolingiennes de « spécialistes du Midi », associés dès l’origine à la gestion de Carlat en tant que circonscription administrative ?
28Ces Vigouroux apparaissent chasés au XIIe siècle en un lieu – Vigouroux – qui n’est pas anodin puisqu’il s’agit des confins des deux comitatus qui se partageaient l’Auvergne méridionale. Vigouroux fait face à Brezons, poste avancé des Nonette vers le sud.
29La disparition des Carlat a sans doute favorisé un rapprochement entre les Vigouroux et la famille « vicomtale » de Murat, plus proche d’un point de vue géographique.
30Néanmoins, comme leurs cousins les Cartlat39, eux aussi issus des vicomtes éponymes de Carlat, ils continuent de jouer une part active dans l’histoire politique de la vicomté jusqu’à la fin du XIIIe siècle.
Bibliographie
Bibliographie
J. BELMON, « Une seigneurie châtelaine en Gévaudan aux XIe et XIIe s. : la terre et le lignage des sires de Peyre », ∂eigneurs et seigneuries au Moyen Age, Actes du 117e congrès national des ∂ociétés ∂avantes, Clermont 1992, Paris, 1993, p. 69-98.
P. BONNASSIE, « Les descriptions de forteresses dans le livre des miracles de Sainte Foy de Conques », Mélanges d’archéologie et d’histoire en l’honneur du Doyen Michel de Boüard, Paris, 1982, p. 17-26.
J.-L. Boudartchouk, Le peuplement rural dans le canton de Montsalvy -15- des origines à la fin du XVe s., mémoire de D.E.A., Université de Toulouse-Le Mirail, 1989, 2 vol.
J.-L. Boudartchouk, Le Carladez de l’Antiquité au XIIIe siècle. Terroirs, hommes et pouvoirs. Thèse de doctorat d’histoire, Université de Toulouse-Le Mirail, 1998, 6 vol.
G. Saige, comte de Dienne, Documents historiques relatifs à la vicomté de Carlat,
Monaco, 1900,2 vol.
J.-B. Bouillet, Nobiliaire d’Auvergne, Clermont, 1846 à 1853, 7 vol.
H. Débax, ∂tructures féodales dans le Languedoc des Trencavel (XIe-XIIe s.), Thèse
de doctorat d’histoire, Université de Toulouse-Le Mirail, 1997,3 vol.
J.-B. Deribier du Châtelet, Dictionnaire statistique du département du Cantal,
1852 à 1857, 5 vol.
C. Lauranson-Rosaz, L’Auvergne et ses marges (Velay, Gévaudan) du VIIIe au
XIe siècle, la fin du monde antique ?, Le Puy, 1987.
Annexe
ABRÉVIATIONS
D.∂. C. : Dictionnaire ∂tatistique du département du Cantal.
H.V.C. : Documents Historiques relatifs à la Vicomté de Carlat. N.A. : Nobiliaire d’Auvergne.
Notes de bas de page
1 Ce travail est issu pour l’essentiel d’une thèse intitulée Le Carladez de l’Antiquité au XIIIe siècle.
Terroirs, hommes et pouvoirs, présentée à l’Université de Toulouse-Le Mirail en septembre 1998, sous la direction de Pierre Bonnassie, avec pour membres du jury Bernadette Barrière, Benoît Cursente, Gabriel Fournier et Christian Lauranson-Rosaz.
2 L. IV, 15. De milite semel ac secundo illuminato.
« Quidam Vuillelmus ex Castro quod Carlatum dicitur, genere clarus et militia strenuus, capitis vulnere post lippam caliginem oculorum luce privatur, sed per sancte Fidis invocationem reparantia lucem colliria promeretur. Denique processu dierum quodam milite iurgia cum aliquo domesticorum suorum conferente, dum ei baculum niteretur in oculum figere, idem Vuillelmus periculo medium se opponit atque ita in oculum accipiens, pro benefacto malum cogitur pati. ∂icque a vulnere erumpente cruore, dolor etiam vitale cerebrum tantum obsedit, ut vix caput a lecto posset erigere, nec oculos aperire. Anxius ergo nimium factus, post desperatam salutem ad solita reducitur présidia et sic sanctam Fidem, ut sibi subveniat, cum validis suspiriis sollicitat : « O, inquam, virgo sanctissima Fides, omnium peritissimorum sintheses medicorum excedens, omnium cirurgorum malagmatibus precellens, quid in me tam dirum nefas cadere voluisti ? Lumina per te facta debuisses ab omni infestatione tueri. Quid mihi recepisse, quod crudele nunc potuit mihi infortunium auferre ? Esto. ∂i dedisti, restitue. O felix virgo et omni laude predicanda, cuius pietas multimoda tribulatorum attendit miserias, ne desere tuum, cui sine te irrevocabile patet precipitium. Flecte piissima lumina et patulas precibus aures inclina, ac huius miseri iterum atque iterum angustiis compassa, extinctas unguine tue pietatisfove lucernas.
Quibus querelis dum finem imposuisset, fatetur se non prius cibi vel potus alicuius aminiculum tangere, quam aqua benedicta et sancte Fidis maiestate sacrata possit oculos madere. Quo audito, unus ex domesticis basilicam sancte martyris, a Castro illo via diei unius distantem, celeriter aggreditur et iussa factis equans, ad dominum regreditur. Cuius aque perfusione capitis dolor obstupescit, sed caligo adhuc oculos contenebrescit. Imminente ergo tante virginis sollemnitate, idem miles ad sacras vigilias celebrandas, septimo die ante festum anticipons, adiit et in Dei laudibus coram mausoleo pernoctavit. Die namque sacre venerationis post missarum sollemnia, dum ab ecclesia duceretur, visum est ei tamquam sub aurore crepero lumine hominum formas cernere, sed non ad plenum qui essent discernere. Inde regressus ante altare, procidit ad pedes sacre maiestatis et ita gradatim fabas pupillarum ignientes, clare conspicit omnia rerum corpora. Cuius virtutis preclaro muneri plebs universa congratulans, Domini ac sancte Fidis intonat magnalia, cuius stupenda cernere meretur miracula ».
3 Bonnassie, 1982, p. 17.
4 Actuel canton de Montsalvy, Cantal.
5 Actuel canton de Mur de Barrez, Aveyron.
6 Cart. Gellone n° XCVI.
7 Au XIIIe s., les seigneurs de Caillac/Castel-Noël ne sont autres que les « Cartlat », une branche cadette des anciens vicomtes ; ils invoquent alors leurs « antecessores » au regard de l’hommage dû aux comtes de Rodez. Caillac est donc demeuré une forteresse directement gérée par la famille des Carlat et leurs descendants plus ou moins légitimés.
8 Cart. Conques, n° 133.
9 1992, p. 78 sq.
10 J. Belmon montre que l’épouse d’Astorg I de Peyre au milieu du XIe s. est une certaine Pétronille. Or, celle-ci donne au prieuré de Monastier-Chirac un manse à Mayrinhac en Barrez (c. 1050), alors que le lieu avait été cédé vers 1010 par Agnès de Carlat à son fils Gilbert. Cette Pétronille aurait donc été une soeur d’Adila de Carlat, l’épouse du comte Bérenger de Millau-Gévaudan. Ainsi les Peyre, à travers le patrimoine de Pétronille, auraient-ils hérité de droits sur le Barrez et l’ouest de la Châtaigneraie. Cette hypothèse est au premier abord séduisante. Un bémol cependant : Pétronille est inconnue dans la généalogie des Carlat et le fait qu’elle possède des biens en Barrez n’est pas la preuve absolue qu’elle appartienne à la famille des Carlat stricto sensu. On connaît d’ailleurs d’autres Pétronille dans la famille des Murat et dans celle des Vigouroux. Or la charte 42 de Conques datant de 1065-1070 nous fait connaître un Aimon, époux d’une Petronilla, au sujet des biens sur la paroisse de Brommat – dont l’église. Parmi les signatures, on remarque celles des trois frères de Vigouroux. Cette Pétronille est certainement une Vigouroux. S’il s’agit de la même personne que celle identifiée par Belmon, elle a pu se remarier. Ou bien la Pétronille épouse d’Astorg I de Peyre et la donatrice du manse de Mayrinhac sont deux personnes différentes...
11 H.V.C. I-XVI n° 21 et LXVIII, LXIX.
12 D.∂. C. t. IV, p. 399.
13 Commune de Saint-Martin-sous-Vigouroux.
14 H.V. C. II-6.
15 Débax, 1997.
16 H.V.C.I – 10 sq.
17 H.V. C. II-CXVI.
18 H.V.C. I-10.
19 H.V. C. II – CXXIV-CXXV.
20 H.V.C. I-111.
21 C’est donc une extension du Muradez primitif, seigneurie issue de la décomposition des domaines des Nonette. Mais la cession par Carlat des terres du Barrez rouergat ne paraît pas avoir été réellement effectuée : le mandement « de Barrez » relevant de Murat attesté par les textes postérieurs n’englobe que des terres auvergnates. Alors que le Brezons formait autrefois la frontière entre le comitatus de Tallende et celui de Carlat, c’est désormais le Siniq qui sépare les vicomtés de Murat et de Carlat.
22 La famille possédait de nombreux biens en Veinazès et en Barrez au XIIIe siècle. Parmi ceux-ci :
– En 1266, les seigneurs de Vigouroux et de La Veissière font hommage à Carlat de ce qu’ils possèdent à « Monjou, in Castro et in mandamento » (H.V.C. 1-28)
– En 1266, la « parochia de Murols » est citée dans un hommage à Carlat de Guillaume de Vigouroux (H.V.C. I-55).
– Prunet est mentionné dès 1266, « parochia ecclesie de Prunet », dans une reconnaissance à Carlat des seigneurs de Vigouroux et de La Vaissière (H.V.C. I-27).
– En 1166, l’hommage de Mir de Vigouroux à Raymond Bérenger de Provence cite « eo quod habeo in Ponto » (H.V. C. II-6). La « parochia ecclesie de Ponte » est ensuite mentionnée en 1266, dans l’hommage à Carlat de Stéphane de Vigouroux et Aymeric de la Vaisera (H.V.C. 1-27).
– La « parochia de ∂. Ypolit » apparaît en 1266 dans une reconnaissance des coseigneurs de Vigouroux à Carlat (H.V.C. 1-27). La même année, Guillelmus de Vigoro, miles, reconnaît à nouveau à Carlat ce qu’il possède « in parrochia ecclesie ∂ancti Ypoliti » (H.V.C. 1-55).
– En 1266, l’« ecclesia parrochia de Pairat » apparaît en 1266 dans une reconnaissance des frères de Vigouroux à Carlat (H.V.C. 1-27).
– La « parochia ecclesie de Tausac » apparaît dans les textes en 1266 dans une reconnaissance à Carlat de Guillaume et Stéphane de Vigouroux (H.V.C. I-27). La même année, Guillaume de Vigouroux reconnaît également à Carlat un bien « situm in parochia de Tausac » (H.V.C. 1-55).
– La « parrochia ecclesie de Rossi » apparaît en 1266 dans un hommage à Carlat des frères Guillaume et Stéphane de Vigouroux (H.V.C. I-27) ; il s’agit d’énumérer les possessions de Caylus.
– Entremont est mentionné en 1266 dans une reconnaissance de S. de Vigouroux et A. de la Vaissière : « medietatem mansi d’Entremons pro indiviso » (H.V.C.I p. 28).
23 H.V.C. I-XVI, original perdu, connu par un vidimus du XIVe s.
24 H.V. C. II-6
25 D.S.C. t. IV p. 176.
26 H.V.C. I-111
27 H.V.C. 1-189 sq.
28 D.∂. C. t. IVp. 177.
29 Ibidem. Sur le cadastre du XIXe s., les parcelles C 93 et 94, « château », matérialisent l’emplacement de l’ancienne forteresse.
30 H.V.C. I-112
31 Enterrements et cérémonies paroissiales se déroulaient à l’église paroissiale Saint-Martin, située à distance respectable de la petite agglomération castrale.
32 Cad. XIXe s. B 125 -126 : L’église ; A 107 : Cimetière.
33 Pour une étude détaillée du site, cf. Boudartchouk 1998.
34 H.V. C. II-6.
35 N. A. VIII, p. 123.
36 H.V.C. I-27.
37 H.V.C. I-28.
38 H.V.C. I-55.
39 On peut avancer à titre d’hypothèse que les Cartlat descendent des anciens Carlat par l’intermédiaire des Vigouroux : ils ont en commun les noms de Guillaume, Pierre et Rigaud. En outre, les deux familles ont des droits sur le château de Carlat et sont associées à la gestion du château de Caillac. Cette forteresse est le principal point d’appui des Cartlat. Cf. Boudartchouk 1998, t. 6.
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