Versión clásicaVersión móvil

Les sociétés méridionales à l’âge féodal (Espagne, Italie et sud de la France xe-xiiie siècle)

 | 
Hélène Débax

Préface

Maurice Berthe

Texto completo

1Après plus de quarante années d’enseignement et de recherche, Pierre Bonnassie, à l’automne 1997, a pris sa retraite. Ses élèves et ses collègues ont voulu lui rendre un hommage solennel et lui exprimer, avec respect et affection, leur reconnaissance profonde. Il n’a pas souhaité se voir offrir un volume d’hommages conforme aux normes traditionnelles. Mais il a suggéré de rassembler des articles de ses élèves, étudiants doctorants ou déjà docteurs, et des professeurs ou chercheurs habitués de son séminaire. L’objectif de ces mélanges a été ainsi de réunir dans un séminaire virtuel les fidèles qui se sont si souvent rangés sous la bannière de Pierre Bonnassie. Ceux qui, parmi ses collègues et amis, ont pu s’étonner de n’avoir pas été sollicités de collaborer à cette entreprise, voudront bien nous pardonner cette forme peu canonique de mélanges.

2Je ne parlerai pas d’une collaboration qui fut amicale et confiante. Elle m’autorise cependant à évoquer l’éclatante réussite d’enseignant de Pierre Bonnassie. Pour tous ceux qui le connaissent, qui travaillent avec lui ou prennent plaisir à l’entendre et à le lire, il a été d’abord et avant tout, un professeur. On ne saurait trop insister notamment sur sa façon de former et d’encadrer ses élèves, ceux notamment qu’il a initiés à la recherche. Pour l’avoir longtemps accompagné dans sa carrière, je sais la régularité et la longueur des entretiens qu’il a eus avec eux. Personne n’a donné à la direction de recherche plus de temps et d’attention que lui. Il a toujours veillé à aider ses disciples plus en leur donnant d’eux-mêmes une image favorable qu’en les mettant sans cesse en face de leurs défauts, sachant à la fois les stimuler, les rassurer et leur indiquer le chemin quand il leur arrivait de dévier. C’est parce qu’ils savaient pouvoir compter autant sur ses qualités de cœur que sur ses compétences que les doctorants ont été si nombreux à le choisir pour diriger leurs thèses. Sa présence attentive, sa disponibilité continue et sa bonhomie tranquille expliquent aussi qu’une si forte proportion ait abouti.

3Je voudrais aussi rappeler ce qu’a représenté pour ses élèves et ses collègues son séminaire. Pendant plus de vingt ans, Pierre Bonnassie s’est livré tout entier à son organisation et à son animation. Chacun connaît sa dette envers les leçons qu’il y a entendues. Les siennes d’abord, celles du maître incontesté qu’il a été et qu’il demeure dans le domaine qui lui appartient, la féodalité méridionale. L’étonnante richesse de son information, l’exactitude et la sûreté dans la critique des sources, la claire méthode de la présentation, nous ont autant séduit que la lucidité et la simplicité avec lesquelles, il a su donner de l’histoire sociale la plus compliquée, la plus difficile à saisir dans le détail et dans l’ensemble, une synthèse étonnamment lumineuse. C’est aussi à l’écoute de ses invités, professeurs chevronnés et jeunes historiens, que nous avons pu connaître le travail des autres et nous ouvrir à l’interdisciplinarité. La singularité du séminaire ne doit pas cependant être recherchée dans sa seule substance scientifique, même si elle a rempli et coloré notre vie. Elle se trouve plutôt dans l’état d’esprit qui y régnait et dans le plaisir que par delà les générations nous avions à rejoindre régulièrement le groupe d’initiés. Le séminaire a pu changer de lieu et voir s’accroître le nombre de ses participants, avec l’afflux de chercheurs et de collègues extérieurs, il a toujours rendu le même son humain, celui de familiers unis par la gratitude qui les attachait à Pierre Bonnassie et par le sentiment exaltant de découvrir ensemble les mystères des sociétés médiévales, rapprochés enfin par ce qu’on pourrait appeler, non pas amitié peut-être, mais estime mutuelle et loyauté de cœur.

Salvo indicación contraria, el texto y otros elementos (ilustraciones, archivos adicionales importados) se puede utilizar bajo licencia OpenEdition Books License.

Esta publicación digital es el resultado de un proceso automático de reconocimiento óptico de caracteres.
Buscar en OpenEdition Search

Se le redirigirá a OpenEdition Search