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La construction d’une économie touristique sur la Côte Aquitaine des années 1820 aux années 1980

 | 
Noailles Mikaël

Conclusion générale

Texte intégral

1En conclusion la spécificité de cette étude touristique sur le temps long réside dans la construction d’un complexe socio-économique et d’une politique touristiques majeurs. Le tourisme a donc affirmé une identité économique, sociale et culturelle forte tout en permettant à la Côte Aquitaine de consacrer son identité spécifique dans le champ concurrentiel des côtes touristiques. La promotion du tourisme s’est faite à travers les innovations d’une société de consommation qui s’est construite progressivement en revendiquant plus de temps libre et le droit aux loisirs balnéaires. La construction de cette économie touristique s’inscrit dans le cadre des différentes innovations de produit à la fois technique, économique et socioculturel, innovation organisationnelle à travers les politiques d’aménagement mises en œuvre et innovation marketing par la consommation perpétuelle du désir de rivage.

2A travers cette étude de la diffusion progressive du tourisme sur la Côte Aquitaine, nous ne nous sommes pas contenté d’une démarche marketing qui consiste à dresser un inventaire de l’offre, souvent limité à l’hébergement commercial et particulièrement hôtelier, à identifier la demande, le plus souvent dans ses manifestations les plus commerciales et enfin à étudier l’adéquation de l’offre avec cette demande pour élaborer des produits adaptés. Mais nous sommes allés plus loin car le phénomène touristique est plus complexe qu’il n’y paraît sous une forme strictement économique. Il ne faut pas négliger les aspects non marchands du tourisme : M.X qui se rend chez un ami pour quinze jours, va à la plage et flâne sur le front de mer crée un produit touristique tout autant que M.Y qui consomme un pack touristique comprenant hébergement hôtelier, transport et animation. En effet, des éléments de sociologie, d’économie, d’étude politique, d’urbanisme, de marketing et de géographie se sont mêlés pour dresser le tableau de cette démocratisation multiforme. Elle a évolué dans l’espace et le temps, mais surtout avec la complexité de l’être humain. Les motifs de tourisme et de loisirs sont divers selon l’éducation, le temps, le lieu de vie... et souvent se combinent dans les mêmes lieux de séjour que sont les stations. Plus la zone attractive est grande comme la Côte Aquitaine, plus le produit touristique est composite et hétéroclite, moins il est strictement commercial. En effet, chacun crée son propre produit touristique en fonction de ses centres d’intérêts, le déterminisme y est donc peu important. Mais l’aménagement fait que la touristification est orientée autour de quelques axes prioritaires. Les villes sont devenues des espaces de loisirs et celles qui profitent le plus de la deuxième et de la troisième industrialisation sont les stations et communes touristiques. Quatre axes principaux sont apparus tout au long de cet exposé sur le tourisme littoral en général et balnéaire en particulier : les pratiques sociales, les politiques publiques, l’insertion économique et l’identité territoriale qui interagissent dans un cadre socio-économique fluctuant.

  • 1 Le Monde du 3 avril 1976 « Les nouveaux horizons du Midi ;’Aménager, ce n’est pas fataleme (...)

3Le tourisme balnéaire est passé d’un phénomène ponctuel et négligeable, marginal et minoritaire à un tourisme de masse inséré au cœur de l’économie régionale, reconnu comme un moteur de développement local et pluridisciplinaire, intégré et quasi majoritaire. Le développement touristique est devenu une question de maîtrise de l’espace. Au-delà du développement quantifiable, il vaut mieux s’attarder sur des éléments qualitatifs car le tourisme sur la Côte Aquitaine est à l’image de la région, basé sur un développement extensif. L’identité régionale qui se fonde sur un développement respectueux des hommes et de la nature a donc bien influencé la croissance touristique. La position excentrée de la région, à l’extrémité sud ouest du continent européen et de l’isthme français, éloignée des grands foyers de métropolisation et de richesse de la mégalopole européenne, n’a pas permis le développement d’une activité touristique intense. Ces mêmes critères qui ont tenu la Côte Aquitaine à l’écart du développement touristique de masse, sont aujourd’hui les éléments d’attraction d’une nouvelle clientèle. De plus, nous avons vu que les tentatives de développement quantitatif de la région aussi bien au niveau économique que touristique se sont soldées par des échecs retentissants aussi bien au XIXème qu’au XXème siècle. De fait, la région est marquée par son passé de désert et son manque d’initiative ce qui a permis de trouver un espace facilement aménageable puisque rien ou presque n’y avait été fait. Des fondements ont été posés mais jamais exploités jusqu’au bout faute de moyens financiers suffisants. Ce caractère extensif du développement régional oblige donc les entrepreneurs et les aménageurs à composer avec cet état de fait et les populations locales sont promptes à le leur rappeler. Ainsi dans les différentes phases d’aménagement de la côte, le caractère naturel et l’identité locale ont toujours été préservés pour créer à la fois un positionnement original et pour faire adhérer les populations au projet. On est passé d’un aménagement touristique plus ou moins dur et déménageur, orienté vers la rentabilité économique à court terme à un aménagement visant à ménager le territoire alliant vision économique à long terme, écologique, sociale et politique pour remettre l’Homme au cœur de son action : c’est la progression de l’éco-développement et du développement touristique durable1.

4Le développement local et régional est une préoccupation ancienne sur ce territoire réputé désertique. Les stations et leurs découvreurs-innovateurs et fondateurs-promoteurs cherchent à faire profiter leurs territoires du développement touristique mais aussi leur fortune personnelle. La recherche du développement a donc longtemps été le fait d’initiatives privées plus ou moins bien encadrées par l’Etat ou des structures para-publiques. Puis l’Etat Providence a cherché à mieux répartir les fruits de la croissance touristique. La question essentielle étant d’augmenter les capacités d’accueil. Mais pour rechercher le développement local, il faut une atténuation de la saisonnalité pour maximiser les retombées économiques locales par un allongement de la saison. C’est également un moyen de diversifier les pratiques selon les périodes et donc de séduire un nouveau type de clientèle par la segmentation du marché. Mais il faut également que les retombées soient locales ou régionales en faisant en sorte que se soient des entreprises locales qui s’occupent de l’activité touristique et de l’aménagement. La question de l’emploi est aussi importante dans une période de crise économique ; l’économie touristique poursuit sa croissance et, tout en conservant des emplois, elle en crée de nouveaux. Mais la précarité et la flexibilité imposées aux saisonniers posent aussi des problèmes. Ce sont aux communes, aux départements et à la région de mettre en place les politiques servant le développement local concernant l’emploi, les retombées économiques et l’allongement de la saison.

5En fait ce qui a permis le succès de la Côte Aquitaine, c’est sa position périphérique qui s’est accompagné d’un retard de développement économique et social. La chance de la Côte Aquitaine pour satisfaire à la demande tout en conservant son attrait, c’est sans doute d’avoir eu du retard. Elle a accompli une via media entre développement touristique intensif et conservation des espaces naturels. Pour certains, la phase de lancement de la Côte Aquitaine s’est faite au moment de la saturation de la Côte d’Azur favorisant le développement de celle-là. C’est la réussite de l’opération de protection de l’environnement et l’existence de vastes espaces naturels, dus à un retard de développement donc d’urbanisation et d’industrialisation, qui font le succès de la Côte Aquitaine par rapport aux côtes trop artificielles dans une période de tourisme vert, de recherche d’authenticité. Ce sont les inconvénients du retard qui sont devenus les atouts du succès, certes plus tardif et encore plus actuel, à partir des années Soixante et Soixante-dix.

6L’identité territoriale est donc l’ensemble des caractères qui déterminent un lieu et permettent de le différencier des autres. On peut également se rapprocher de l’identité d’une marque qui pour exister a besoin d’un nom, d’un positionnement, de valeurs et de services associés. La Côte gasconne a donc été l’objet de différents processus qui lui ont donné une identité pour se faire connaître et reconnaître ensuite pour cette identité. L’identité d’un lieu n’est pas donnée une fois pour toute par ses caractéristiques physiques et naturelles bien au contraire c’est une construction culturelle et humaine. Cette construction identitaire a été longue, souvent imposée par le haut, par une administration centralisatrice mais acceptée et intégrée par les populations locales. Cette quête identitaire a eu également pour conséquence la transformation des paysages d’abord pour l’agriculture ensuite pour le tourisme. Ce dernier en passant d’un phénomène minoritaire à un phénomène de masse a obligé le territoire aquitain à se trouver une identité, à se doter d’un nom et chaque station à se donner une image : Arcachon et Soulac, stations mondaines, Hossegor et Lacanau pour le surf, Montalivet pour le naturisme... Donc derrière une identité globale qui permet à la Côte Aquitaine de se s’affirmer, il a fallu quand même un processus d’individualisation de chaque station car la concurrence économique se poursuit à différentes échelles. Ce processus a connu trois grands moments pour aboutir à la Côte Aquitaine telle qu’elle est aujourd’hui.

7Au départ, la côte gasconne n’a pas véritablement d’identité. Elle est un agrégat disparate, mal ordonné et géré sans but ni vision ce qui la prive d’une identification aisée, de consistance et donc d’une existence à proprement parler. On ne peut donc pas parler de côte gasconne mais plutôt de chacune des stations existantes qui ont-elles leur propre identité. Cependant, les frères Pereire vont être les premiers à chercher à donner un embryon d’identité à ce territoire : la compagnie des chemins de fer du Midi a unifié le territoire par son réseau de lignes mais aussi par sa politique tarifaire et publicitaire. Mais elle ne lui a pas donné de nom et ne lui a pas permis de se différencier véritablement des autres côtes françaises en développant une architecture exogène visible partout ailleurs...

8Dans un deuxième temps, à la fin du long XIXème siècle, le processus de dénomination a été mené par un homme ou plutôt un ensemble de réseaux politiques, économiques et médiatiques. Ainsi une nouvelle appellation fait-elle son arrivée parmi les autres déjà en place. La Côte d’Azur et la Côte d’Emeraude ont donc une concurrente, la Côte d’Argent. De plus, M. Martin et d’autres auteurs lui donnent ses principales caractéristiques : son côté sauvage mais aussi sportif et élégant. La Côte d’Argent y gagne un positionnement qui vise à donner sa spécificité à cette marque dans un univers concurrentiel donné. Même si le nom est facilement adopté sur place, il n’a pas un grand retentissement national et la Côte d’Argent continue d’être un espace touristique périphérique assez peu fréquenté par des populations extérieures à la région.

9Enfin dans la deuxième moitié du XXème siècle, avec le développement de la décentralisation et l’affirmation de l’échelon régional, l’administration française a cherché à faire coïncider l’ancienne identité de la Côte d’Argent avec celle de la région Aquitaine, chacune devant interagir avec l’autre. La Mission Interministérielle d’Aménagement de la Côte Aquitaine donne donc une nouvelle identité à cette côte en la baptisant d’un nouveau nom, en lui donnant un logo identifiable ou en l’intégrant au logo de la Région Aquitaine, en lui donnant un positionnent guère différent des précédentes périodes car lié aux caractères propres du territoire aquitain. Il faut cependant noter que la Côte Aquitaine contrairement à la Côte d’Azur, à la Côte d’Emeraude ou à la Côte d’Opale, a connu deux dénominations, celle de Côte d’Argent qui conserve une certaine valeur et celle de Côte Aquitaine qui est une appellation plus administrative. Cette politique de construction administrative d’une identité a aussi été favorisée par le développement de la recherche d’autres formes de tourisme.

10Mais il semble plus difficile de répondre aux questions suivantes : l’identité d’un vaste ensemble régional est-elle l’addition des identités locales ou une identité plus globale et différente ? Ces différentes identités sont-elles compatibles pour assurer la cohérence du développement touristique ? Cette identité régionale doit-elle être une œuvre imposée par le haut, par des autorités administratives et politiques de haut niveau ou au contraire tirer son essence du bas, des populations locales ?

11Les pratiques touristiques ont évolué et se sont diffusées progressivement dans toutes les couches de la société. L’histoire du tourisme est donc surtout l’histoire de sa démocratisation et de sa massification.

12Le tourisme a d’abord été un phénomène médical, codifié à l’image de la société puritaine bourgeoise et aristocrate qui l’a adopté. Le rôle des médecins a donc été essentiel dans le développement social du tourisme par des publications idoines et en incitant un certain nombre de malades à prendre des bains froids d’eau de mer. Ces cures de plusieurs mois ont donc contribué au développement de la villégiature et à la constitution de stations balnéaires avec des établissements de bains, des casinos... Le tourisme en naissant est une recherche de l’altérité : un lieu de dépaysement, la confrontation aux autres... Cette confrontation à l’autre fait alors du tourisme un phénomène de consommation ostentatoire, les touristes cherchant à toujours dépasser ce que font les autres touristes : c’est à qui a la plus belle tenue pour se promener sur la jetée, à qui pratique le sport le plus original... Mais sur la Côte gasconne l’organisation de la pratique des bains ne concerne que quelques rares stations qui se développent tardivement, sous le Second Empire. Le reste du littoral n’est constitué que lieux de baignades sauvages. De trop nombreux obstacles notamment au niveau des moyens de communication et du manque d’investissements financiers empêchent un fort développement du tourisme. De plus, seul le pôle urbain bordelais émet des touristes qui doivent choisir entre Royan, Arcachon ou Soulac.

13A partir de la Belle Epoque, le tourisme continue sa diffusion sociale avec le développement économique de la région contribuant à l’enrichissement des couches favorisées. Dans l’entre-deux-guerres, on assiste à un début de démocratisation mais aussi à une évolution des pratiques vers une recherche de l’hédonisme et de la sportivité. De plus cette période voit naître une architecture néo-vernaculaire plus en phase avec la recherche de la création d’une identité régionale spécifique.

14Enfin après guerre, le tourisme se massifie et l’Etat Providence y a joué un rôle important. L’Etat a encouragé le tourisme par des politiques incitatives sur les congés payés, sur les aides aux associations de tourisme, sur les aides à la personne, par les orientations touristiques lors des C.I.A.T. L’éducation populaire visant à mieux faire profiter les couches les plus modestes de la population du tourisme, commence à porter ses fruits vers la fin des années cinquante. Les mœurs se libèrent et la nudité progresse sur la plage avec le bikini puis le naturisme. Les années Soixante voient les touristes pratiquer en masse le balnéotropisme et l’héliotropisme selon un modèle hédoniste. Les motifs principaux de tourisme sont alors les 4 S mais déjà d’autres motifs annexes permettent à certains de se distinguer comme le nautisme, le naturisme, le surf ou le golf qui se développent sur la Côte Aquitaine. Cette tendance de fond se confirme dans les décennies suivantes. Les touristes ont maintenant une longue pratique du tourisme que vient perturber la crise. Ainsi dans les années Quatre-vingts et Quatre-vingt-dix, la plage, élément central de la vie littorale, est vécue différemment, selon un nouveau modèle, les 4 E. De plus, les touristes se montrent plus prudents, s’informent, diversifient leurs pratiques et fractionnent leurs vacances. La qualité et l’authenticité deviennent des priorités pour le touriste ce qui pousse les stations à s’adapter notamment avec l’aide de politiques publiques. Cependant la Côte Aquitaine en raison à la fois de son retard de développement ou plutôt de son modèle de développement extensif mais aussi de sa tradition d’innovation a su créer un produit touristique attractif et identifiable sur le marché concurrentiel des littoraux français : une côte en harmonie avec la nature qui ne propose pas que la plage comme unique horizon mais au contraire une variété d’activités qui enrichissent l’homme. Donc le développement touristique sur la Côte Aquitaine est profondément humaniste. Mais ces évolutions ont aussi été encadrées par une politique rigoureuse d’aménagement du territoire.

15Nous venons de présenter l’Aquitaine comme un espace de nature sauvage. Or il n’est pas de territoire qui ait été autant aménagé que celui-ci : l’Aquitaine est essentiellement une production humaine tant dans la valorisation de ses ressources que dans sa construction identitaire administrative.

16Au XIXème siècle, la Gascogne, puisque le terme d’Aquitaine n’existe pas encore, est réputée pour ses landes marécageuses, son désert humain et son marasme économique. Mais le Second Empire avec l’action décisive de Napoléon III met en place les bases du futur développement économique de la région en rassemblant les initiatives existantes et en leur donnant les moyens de réussir. Ainsi vont être mises en place les politiques de boisement des landes, de fixation des dunes et des courants pour assainir mais aussi donner de nouveaux fondements à l’économie régionale. De plus, la politique de mise en valeur du territoire passe par son désenclavement et donc l’édification d’un vaste réseau ferré aux mains de la puissante compagnie du Midi dirigées par les frères Pereire. L’esprit saint-simonien de planification est alors en œuvre sur le territoire gascon et aboutit à la création ex-nihilo de la station d’Arcachon dans ce véritable far west que constitue le littoral à cette époque.

17Mais la cohérence de l’édifice est remise en cause par le laisser-faire des périodes suivantes. Le développement des stations n’est plus vraiment pensé de manière globale et cette croissance anarchique est source de destruction pour le tourisme en lui-même. L’Etat tente de limiter les dégâts en prenant quelques dispositions qui n’aboutissent que rarement à la constitution de plans d’ensemble.

18Entre 1950 et 1980, la France et accessoirement l’Aquitaine connaissent une double évolution : celle de la planification à la française et celle des comportements sociaux des touristes. Les deux ont interagi : répercussion sur les attitudes des touristes de mesures prises dans le cadre de la planification, et prise en compte par les responsables politiques des besoins sociaux. Les politiques d’aménagement du territoire par et pour le tourisme ont évolué avec l’Etat et la société. Sous la Vème République, avec l’impulsion gaullienne, les grands projets et les grands travaux sont mis en avant pour le prestige de la France comme la M.I.A.C.A. Cette dernière est caractérisée par sa via media entre un discours souvent idéaliste et une action très pragmatique qui veut favoriser les opérations les plus rentables, et entre aménagement et protection de l’environnement. Même si l’action de la M.I.A.C.A. a suscité de nombreuses polémiques, elle a donné un coup de frein à la construction anarchique sur le littoral, a favorisé l’assainissement du Bassin d’Arcachon et des étangs landais, a permis aux communes littorales de bénéficier d’équipements très coûteux... Avec la crise, l’évolution des pratiques a été plus rapide que l’action d’aménagement centralisée, ce qui a rendu assez rapidement son projet obsolète même si elle a aidé certaines pratiques nouvelles à se développer. Avec la décentralisation, la politique d’aménagement s’est faite plus locale et différenciée : elle a cherché à respecter les territoires et leurs particularités à la recherche de la qualité et de l’authenticité ce qui est plus en phase avec les nouvelles aspirations des touristes.

19Le tourisme s’est aussi progressivement inséré dans le tissu économique régional jusqu’à en devenir un des éléments moteurs.

20Au départ, le tourisme n’est qu’une activité minoritaire pratiquée par quelques riches bourgeois ou aristocrates dans des lieux plus ou moins aménagés. Il n’intéresse pas vraiment les investisseurs. C’est le temps de l’économie de cueillette où certains vont tenter de profiter des retombées du tourisme en construisant des établissements de bains, des villas, des casinos. Mais cela reste très artisanal et ponctuel. Seul le développement ferroviaire a été une grande entreprise planifiée et capitaliste qui a abouti à la création de la station d’Arcachon. Pour ce qui est du reste du littoral, les investisseurs font défaut. De plus, le tourisme n’est souvent qu’une activité d’appoint pour un certain nombre de grands propriétaires terriens.

21A la fin du XIXème siècle et pendant l’entre-deux-guerres, on assiste à un double mouvement : la spéculation et l’organisation. Les spéculateurs vont profiter du développement touristique en multipliant les lotissements de manière plus ou moins cohérente et coordonnée dans les différentes stations touristiques. La croissance de la fréquentation sur la Côte d’Argent permet une hausse des consommations et, donc, une répercussion plus importante sur l’économie. Un début d’organisation des initiatives locales se met en place pour faire face à cette augmentation du nombre de touristes et pour faire en sorte que les retombées du tourisme soient plus importantes : les Syndicats d’initiatives et leurs fédérations ainsi que les Comités Régionaux du Tourisme mènent des politiques locales ou régionales pour mieux organiser l’offre touristique mais aussi mieux appréhender la demande. Le tourisme commence à devenir une activité économique intéressante face à la crise agricole et sylvicole que connaît la région et à la faible industrialisation.

22Après guerre, le tourisme devient un atout indéniable et une activité économique de premier plan dans la recherche d’un développement global de la région. Les retombées économiques et humaines, directes et indirectes de cette activité de service s’inscrivent dans la tertiarisation de la société et de l’économie. L’aménagement touristique en donnant un rôle important aux entreprises locales et aux différents corps de métiers régionaux a suscité un développement local important. Le tourisme a également permis d’apporter la modernité qui faisait défaut à la région, lui a permis de rattraper son retard mais a suscité également le développement des services publics locaux touristiques ou non, qui à leur tour attirent des populations souhaitant s’installer dans la région et recherchant un confort standard.

Notes

1 Le Monde du 3 avril 1976 « Les nouveaux horizons du Midi ;’Aménager, ce n’est pas fatalement détruire, c’est améliorer’ affirme M.E. Biasini » et Sud Ouest du 12 décembre 1976 Interview de Ph. Saint Marc « Aménager ou détruire la Côte Aquitaine ? Humanistes contre bétonneurs », Le Monde « L’Aquitaine toujours à ménager », 11-12 octobre 1978.

© Presses universitaires du Midi, 2012

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