La construction d’une économie touristique sur la Côte Aquitaine des années 1820 aux années 1980
|1ère partie : Le temps de la Côte gasconne : l’ère des précurseurs, de la Compagnie du Midi, du tourisme mondain et du saint simonisme (1820-1895)
Conclusion de la première partie
Texte intégral
1Comme l’a dit l’écrivain aquitain, J. Lacouture, la région est marquée par quatre mers : une d’eau salée, une d’eau douce, une de sable et une de pins. La région des Landes de Gascogne est donc marquée par cette identité unique. Mais il faut encore transformer cet espace en lieu attractif pour les touristes car les lieux touristiques ne sont pas attractifs naturellement, ils le deviennent par le regard de l’homme et ses actions, c’est une construction culturelle et sociale. La rencontre initiale entre le littoral et les touristes dans une occupation spontanée semble avoir été précoce mais la construction médicale et standardisée des bains a été longue à se mettre en place. Ce vaste potentiel touristique qui a changé par la perception sociale manque alors d’une véritable mise en valeur.
2A la fin de la Restauration et pendant le Second Empire, alors que les côtes bretonnes et normandes se couvrent de stations accueillant une clientèle parisienne, le littoral gascon est presque désert. Il ne compte qu’une station d’envergure : Arcachon et quelques bains comme ceux de Soulac, Montalivet, Mimizan ou Capbreton. Cela s’explique par l’éloignement de la capitale et du problème d’accessibilité. Mais le pouvoir central porte un nouveau regard sur la région à partir du Second Empire. L’empereur Napoléon III en personne, très concerné par les problèmes sociaux et d’aménagement du territoire, ainsi que ses alliés financiers, les frères Pereire investissent massivement dans la région pour la transformer. Cette révolution que connaissent les Landes de Gascogne est aussi bien sociale, économique et planificatrice.
3Cette période de première planification à vocation régionale et touristique par le chemin de fer est essentielle dans l’affirmation des caractères et donc de l’identité du tourisme dans les Landes de Gascogne. Cette région est notamment dominée par son caractère naturel et l’extensivité de sa mise en valeur, et les touristes qui la fréquentent sont à son image, ils recherchent le calme, le contact avec la nature même si celle-ci est aménagée et fabriquée par l’homme en très grande partie. Cependant dans le cadre de la révolution économique que connaît la région à cette époque, le tourisme n’est pas une priorité et passe très largement derrière le développement agricole ou plutôt sylvicole et les tentatives d’industrialisation. Les Landes de Gascogne apparaissent alors comme un laboratoire de planification et de mise en valeur pour quelques investisseurs mais qui gardent une vision globale de la côte et de la région.
4La clientèle se fait alors essentiellement régionale voire locale en raison de l’isolement de la plupart des bains. La seule station à bénéficier d’une renommée internationale, la mieux reliée par l’action du chemin de fer de la Compagnie du Midi est une nouvelle fois Arcachon qui a bénéficié de la caution impériale et est fréquentée par une grande partie de l’aristocratie internationale.
5La fin du XIXème siècle marque la fin de l’interaction entre les volontés régionales de développement et les intérêts d’aménagement étatiques. Il n’y a plus vraiment de coordination des idées et des investissements mais au contraire une dispersion des initiatives : les sociétés locales créent alors sans moyens véritables malgré quelques initiatives louables de remise en cohérence du territoire régional.
© Presses universitaires du Midi, 2012