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La construction d’une économie touristique sur la Côte Aquitaine des années 1820 aux années 1980

 | 
Noailles Mikaël

1ère partie : Le temps de la Côte gasconne : l’ère des précurseurs, de la Compagnie du Midi, du tourisme mondain et du saint simonisme (1820-1895)

1ère partie : Le temps de la Côte gasconne : l’ère des précurseurs, de la Compagnie du Midi, du tourisme mondain et du saint simonisme (1820-1895)

Texte intégral

Le Château Degarme et la plage d’Arcachon vers 1870,

Archives Municipales d’Arcachon

  • 1 CORBIN A., op. cit.

1Le tourisme littoral est dépendant de la plage qui au XIXème siècle représente une interface entre mer et terre, un site d’oubli des obligations de tous les jours, du travail... On contemple l’horizon en respirant l’air iodé et en se promenant nu pied. Mais cette plage est une création, elle n’est pas « naturelle » : c’est un produit culturel qui se crée au cours du XIXème siècle1. De même le paysage préexiste à l’homme mais c’est le regard de l’homme qui le transforme en objet de désir. Les Landes de Gascogne ont connu des évolutions paysagères importantes au cours du XIXème siècle : ces mutations sont induites par le regard porté sur cette lande rase dominée par les bergers. De cet espace vierge les aménageurs pensent donc pouvoir faire ce qu’ils veulent.

2Avec l’inversion du regard vis-à-vis de l’océan, les littoraux attirent de plus en plus. Les côtes deviennent l’enjeu d’une compétition entre différents utilisateurs. La première phase d’aménagement touristique commence au milieu du XVIIIème siècle : les premières stations sont créées comme à Bath, Brighton ou Nice où interviennent des entrepreneurs efficaces. En France, c’est sous la Restauration puis le Second Empire que la révolution touristique, ou plutôt la touristification, est conduite par des hommes qui ont fréquenté Bath. Ils vont dans un premier temps chercher à maîtriser le foncier disponible pour lancer leur station mais aussi devenir des innovateurs-promoteurs-gestionnaires pour la développer. Pour assurer leur succès, ils créent un système de propagande active en utilisant leurs réseaux, politiques, économiques, sociaux. Enfin ils traduisent tout cela dans un urbanisme et une architecture typiquement balnéaire.

3Le tourisme est d’abord une activité de l’aristocratie qui voyage pour son bien-être et prendre des bains. Les touristes de l’époque veulent renouer avec la nature et le passé. Les établissements de bains restaurent les principes des thermes antiques sous la Monarchie de Juillet à Trouville, Dieppe (1822), Arcachon (1823), Royan (1824), Boulogne sur Mer (1825), La Rochelle (1826). Ces premières stations ont des caractéristiques communes : un front de mer dédié à la promenade et aux établissements de distraction, des villas noyées dans la verdure. Les stations créées ex nihilo comme Arcachon, Cabourg, Knokke-le-Zoute, Zandvoort ou Rimini possèdent un plan en damier. Les voies de communication modernes, les chemins de fer, jouent le rôle de démultiplicateur sous le Second Empire. L’attrait des paysages, le luxe, la vitesse et le confort se mêlent pour créer un dépaysement aux touristes. Mais n’y a-t-il eu qu’imitation ou y a-t-il eu évolution spontanée ?

4Dans un premier chapitre nous étudierons comment le littoral gascon a été conquis progressivement par ses habitants et les touristes ce qui a transformé l’espace littoral réel en espace exploité par différents réseaux économiques et politiques. Dans un second chapitre, nous montrerons comment ont été inventés les différents sites touristiques et comment les touristes s’approprient ces stations en développant de nouvelles pratiques balnéaires.

Notes

1 CORBIN A., op. cit.

Table des illustrations

Légende Le Château Degarme et la plage d’Arcachon vers 1870,
Crédits Archives Municipales d’Arcachon
URL http://books.openedition.org/pumi/docannexe/image/25831/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 59k

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