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L’habitat dispersé

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Benoît Cursente

Habitat dispersé et structures féodales dans l'Espagne du Nord au Moyen Âge central

Lluis To Figueras

Texte intégral

1L’histoire du peuplement au sens large a été l’un des grands sujets de l’histoire médiévale espagnole récente. Qu’on songe par exemple à la grande quantité d’analyses consacrées au phénomène du « dépeuplement » et « repeuplement » de la vallée du Duero, tantôt nié, tantôt considéré comme élément clé du Moyen Âge ibérique ; ou à toutes les études concernant les structures d’encadrement territorial, utilisées comme signe privilégié d’une transition au féodalisme dont on voulait remarquer les originalités. Malgré cela, les modalités précises de la mise en place de l’habitat et sa raison d’être du point de vue économique et social, ont occupé une moindre place au sein des recherches des médiévistes. Encore plus maigre est le bilan de celles qui ont eu pour but spécifique l’habitat dispersé. Ce qui s’explique en partie par la position marginale qu’il occupe dans l’ensemble de l’Espagne chrétienne au Moyen Âge.

  • 1 Une image approximative de la dispersion de l’habitat très largement supérieure en Galice et dans (...)

2Néanmoins, on compte de beaux exemples de régions à forte implantation de l’habitat dispersé, en particulier en Galice et en Catalogne, aux deux extrémités du nord de la péninsule ibérique. Des régions où les écarts sont toujours à présent un élément caractéristique du paysage qui a marqué profondément leur personnalité1. Pour les médiévistes, trop habitués à mettre en rapport l’âge féodal avec des phénomènes de rassemblement des populations, elles ont l’intérêt supplémentaire de nous offrir des cas de figure divergents où l’habitat dispersé n’était ni résiduel ni marginal, mais bien au contraire était au cœur de la société féodale.

  • 2 L’expression appartient à J.A. García de Cortázar, La sociedad rural en la Espafia medieval, Madri (...)

3Pour mieux cerner les origines de cette spécificité, on va s’attarder d’abord sur les régions qui occupent le centre du nord de l’Espagne, du León à l’ouest jusqu’à l’Aragon à l’est, en passant par la Castille et la Navarre. Dans cet espace, les témoignages collectés permettent de parler d’un « triomphe du village2 » (« aldea » en espagnol), du moins depuis le xe siècle.

Le « triomphe du village »

  • 3 J.A. García de Cortázar, « La organización del territorio en la formación de Alava y Vizcaya en lo (...)
  • 4 Pour le León voir par exemple le cas de Villamol près du monastère de Sahagún et d’autres : P. Mar (...)
  • 5 C. Jusué, Poblamiento rural de Navarra en la Edad Media. Bases arqueológicas. Valle del Urraul Baj (...)

4Dans l’espace signalé, aux xe-xie siècles, on voit apparaître dans les textes de petites unités de peuplement, des villages, qui rassemblent un nombre réduit de familles paysannes. Par exemple dans le territoire d’Alava un seul document de 1025 découvre plus de 300 noyaux peuplés de 5 à 30 foyers chacun3. Et d’autres exemples épars pourraient être cités à l’appui pour confirmer la faible taille des villages dans d’autres régions, à la même époque4. En ce qui concerne la morphologie, les données sont moins précises car d’habitude les descriptions d’ensemble énumèrent des éléments sans préciser leur situation spatiale, mais on peut penser qu’il s’agit de petits villages groupés, même si les maisons ne sont pas toujours jointives et peuvent garder autour d’elles des espaces agricoles. D’ailleurs c’est l’image qu’on peut tirer des prospections archéologiques réalisées, par exemple, dans les villages désertés de la vallée navarraise de Urraul Bajo5.

  • 6 L’identité entre villa et village s’impose malgré les hésitations pour la période plus ancienne et (...)

5Du point de vue de la terminologie, les textes emploient assez souvent le terme villa ou des termes apparentés pour se référer à ces petites unités de peuplement, ou d’autres encore du genre locus. Et l’appellation a été souvent intégrée aux toponymes, par exemple sous la forme de villa, vilella ou villare, suivi d’un anthroponyme. On a pu ainsi mesurer les progrès des villages sur le territoire par la mention des villae dans les sources6.

  • 7 J.A. García de Cortázar, « La ordenación económica y social de la Rioja Alta en el siglo x », Home (...)

6Or, le terme villa ne désigne pas seulement le noyau de peuplement mais aussi et surtout un finage, le territoire du village d’où la communauté d’habitants tire ses ressources, de mieux en mieux délimité soit par des éléments physiques, fleuves, montagnes, etc., soit par les finages d’autres villages. Sans doute la multiplication et la stabilisation des noyaux de peuplement a entraîné le besoin de préciser davantage les bornes des villae ou villages en général. Surtout dans la mesure où les villageois essayaient de se faire reconnaître un usage exclusif des espaces forestiers et des pacages vis-à-vis des communautés voisines ou des institutions monastiques. On connaît à ce propos plusieurs exemples, dans des régions différentes, de disputes concernant les finages des villages qui se terminent souvent par une nouvelle fixation de bornes7.

  • 8 Ch. Wickham, Il problema dell’incastellamento nell’Italia centrale. L’esempio di San Vincenzo al V (...)
  • 9 Même si avant l’an mil les preuves de sa diffusion restent limitées : J.A. García de Cortázar, « S (...)

7L’une des raisons qui pourraient justifier la morphologie groupée des villages vient du fait qu’ils se retrouvent à l’intérieur d’un espace fragmenté, avec plusieurs terroirs voués à des activités économiques diverses. Le village se situe logiquement dans une position centrale de sorte à rendre plus facile l’accès de chaque paysan à chacun de ces terroirs étant donné le caractère composite de leurs exploitations, et au fait qu’ils tirent profit d’éléments dispersés sur tout le territoire villageois8. Sans doute existe-t-il d’autres raisons pour justifier ce peuplement groupé, qui tiennent à la structure politique et sociale des populations dans cette région avant l’an mil. En particulier la vigueur des communautés villageoises qui jouissaient d’un certain degré d’autonomie et même parfois d’une institution politique, le consilium9. Les droits d’usage collectif, notamment des espaces forestiers ou en friche, pouvaient entraver la création de nouvelles exploitations isolées à l’intérieur du finage villageois. Mais ces hypothèses sont toujours difficiles à démontrer avec les sources écrites dont on dispose.

  • 10 P. Martinez Sopena et M.J. Carbajo Serrano, « Notas sobre la colonización de Tierra de Campos en e (...)
  • 11 J.A. García de Cortázar, de manière générale, dans « Sociedad rural y organización del espacio en (...)

8Parfois les textes permettent de reconstituer la naissance d’un village groupé à la suite d’un mouvement plus vaste de stabilisation et d’une mise en valeur plus intensive du territoire. C’est le cas par exemple de villa Bera, en Tierra de Campos, au Léon, qui devient un village à partir d’une petite exploitation familiale pionnière, celle d’un homme appelé Bera. On y atteste une multiplication des foyers par la prolifération d’héritiers et par l’arrivée de nouveaux paysans défricheurs. Le groupement des foyers paysans se serait produit petit à petit sur le site le plus favorable de son entourage10. Sans doute trouverait-on des cas comparables ailleurs : des petites exploitations familiales plus ou moins isolées ont pu constituer l’embryon d’un village. C’est-à-dire qu’on n’exclut pas l’existence d’exploitations isolées, mais les spécialistes ont tendance à les circonscrire à la période antérieure au milieu du xe siècle, dans un stade précédant la mise en place du réseau villageois de l’an mil. Mais la naissance des villages n’est pas forcément partout l’aboutissement du même processus, avec une chronologie identique. Il faudrait bien tenir compte des nuances locales ou régionales11.

Habitat dispersé en Galice, Asturies et régions limitrophes

  • 12 M.C. Pallares et E. Portela, « Aproximación al estudio de las explotaciones agrarias en Galicia en (...)
  • 13 Voir surtout : M.C. Pallares et E. Portela, Galicia, Historia. La Edad Media, La Coruña, 1984, p.  (...)
  • 14 En plus des articles de M.C. Pallares et E. Portela cités auparavant voir en dernier lieu : A. Isl (...)

9À tous les égards, la Galice est l’une des régions qui mérite une analyse à part, surtout en ce qui concerne les structures du peuplement. Les textes galiciens du xe siècle montrent partout des petites unités territoriales où habitent des familles paysannes. En suivant une terminologie assez proche de celle qu’on retrouve ailleurs, la Galice apparaît couverte de villae, vici, loci. En particulier la villa est la « forma de ocupación del territorio más generalizada en la región gallega »12. Le problème apparaît lorsqu’on veut attribuer un sens précis au mot villa dans chaque cas, étant donné sa polysémie. D’un côté, il peut désigner des petits villages avec leur finages13. Et encore une fois on connaît plusieurs conflits concernant les bornes des villae, ou les ressources collectives qui leur appartiennent, en plus des litiges à propos des détenteurs de droits sur l’ensemble ou une partie de la villa. L’originalité tient au fait qu’assez souvent on peut repérer à l’intérieur du finage de la villa plusieurs noyaux de peuplement, ce qui veut dire que les habitants de la villa ne sont pas groupés sur un seul endroit, un seul village. De ce point de vue on notera la présence de villaria, adiunctiones et même villae sis à l’intérieur du finage d’une villa, ce qui peut donner l’expression villa... in villa14

  • 15 F. López Alsina, La ciudad de Santiago de Compostela en la Alta edad media, Santiago de Compostela (...)
  • 16 J. Barreiro Somoza, El señorίo de la iglesia de Santiago de Compostela (siglos ix-xiii), La Coruña (...)

10Parfois on en déduit que ces petits noyaux de peuplement sont le résultat d’une création postérieure à la mise en place du réseau des villae, autrement dit qu’il s’agit de noyaux secondaires surgis à la suite de défrichements. Or, ce n’est pas toujours le cas. Quelquefois, on ne rencontre pas de centre qui puisse avoir une position dominante sur l’ensemble du terroir villageois, mais plutôt une pluralité de lieux d’habitation. Parmi les mots employés pour désigner les composantes d’une villa on rencontre aussi celui de casal. Par exemple, une villa peut être constituée par des casales avec leurs propres toponymes, qui pourraient être repérables sur le terroir15. Mais en même temps il y a des éléments appelés villa qui pourraient n’être qu’un casal, c’est-à-dire une unité d’exploitation agraire plutôt qu’un village16.

  • 17 « Puede pensarse por tanto en una dispersión de los lugares de habitación dentro del marco de la v (...)
  • 18 En outre on peut signaler l’existence d’une puissante aristocratie locale avec une importante assi (...)

11De là à conclure que le peuplement à l’intérieur des villae galiciennes pouvait être dispersé sous la forme de hameaux ou même d’exploitations agricoles isolées, malgré les variantes et le fait que le degré de dispersion soit difficile à préciser d’après les sources écrites17. Les recherches en cours, avec une plus large attention à l’archéologie, pourront sans doute fournir dans l’avenir des données plus précises concernant les caractéristiques du peuplement en Galice pendant le haut Moyen Âge. Les raisons d’un tel degré de dispersion restent bien plus difficiles à éclairer. Le milieu physique n’est sans doute pas la seule explication à prendre en compte. Le poids de l’histoire politique et sociale depuis l’Antiquité y a joué son rôle en plus des systèmes de mise en valoir des terroirs, de gestion de l’espace, pour des usages agricoles et pastoraux18.

  • 19 M. Durany Castrillo, La región del Bierzo en los siglos centrales de la Edad Media, 1070-1250, San (...)
  • 20 M. Durany Castrillo et M.C. Rodríguez González, « Intereses económicos, jurίdicos y eclesiásticos (...)

12Dans les régions voisines de la Galice, on retrouve quelques unes de ses caractéristiques du peuplement, mais avec des nuances importantes. Par exemple dans la région du Bierzo, sur la marge orientale de la Galice, la population apparaît encadrée en villae, appelées parfois carte, qui possèdent aussi leur finage où la population paysanne habite en constituant un village groupé, du moins avant le milieu du xie siècle19. Or, a l’intérieur de la villa on peut distinguer des unités d’exploitation qui parfois reçoivent aussi le nom de villa et qui peuvent être occupées par des servi. En particulier dans le cas de la villa de Vilela, on distingue plusieurs unités d’exploitation appelées villae qui par la suite peuvent devenir un petit hameau plus ou moins séparé du reste de l’ensemble villageois, un quartier ou barrio, d’après le mot employé dans des textes du xiiie siècle20.

  • 21 S. Aguadé Nieto, « Transformaciones del poblamiento rural en Asturias durante la alta edad media : (...)
  • 22 J.A. García de Cortázar et C. Dίez, La formación de la sociedad hispano-cristiana del Cantábrico a (...)
  • 23 C. Dίez Herrera, La formación de la sociedad feudal en Cantabria. La organización del territorio e (...)

13Aux Asturies, les sources ne sont pas trop abondantes pour la période antérieure au xiie siècle et les conclusions restent moins sûres. On y rencontre aussi des villae et villaria qu’on rapproche parfois des villages contemporains21. Plus à l’est, dans la région de l’actuelle Cantabrie, une analyse très détaillée a permis d’apercevoir des villae qui sont aussi des villages relativement groupés sur les espaces les plus aptes du point de vue du relief et qui rassemblent quelques familles paysannes. C’est le cas en particulier des vallées plus méridionales de la Liébana où depuis le ixe siècle on peut déjà identifier des villae ou petits villages montagnards assez proches les uns des autres22. Mais plus au nord, la villa apparaît souvent décomposée en plusieurs petites unités de peuplement. Par exemple, la villa d’Arce compte 4 noyaux différents tandis qu’on en dénombre jusqu’à 20 dans celle d’Argonos. Chaque composante de la villa peut correspondre à l’origine seulement à une ou deux maisons appartenant à la même famille et qui par la suite peuvent se développer et constituer un quartier (barrio) ou hameau plus densément habité. Et sans doute dans quelques cas les quartiers se retrouvent très proches les uns des autres, mais cela n’empêche que dans les régions du nord, l’habitat dispersé était bien présent depuis les xe-xie siècles23.

Habitat dispersé en catalogne

Aux origines du mas

  • 24 Un célèbre texte de 913, concernant l’abbaye de St. Joan de les Abadesses, permet de situer entre (...)
  • 25 P. Bonnassie, La Catalogne du milieu du xe à la fin du xie siècle. Croissance et mutations d’une s (...)

14Dans les sources catalanes antérieures au milieu du xie siècle, la villa est aussi omniprésente avec leurs termes apparentés villare, villula, villarunculis. Elle est sans doute le cadre de vie d’une petite communauté paysanne qui regroupe quelques familles paysannes24. Mais la villa sert aussi de cadre pour l’exercice du pouvoir : comtes, évêques ou abbayes en possédaient en grand nombre, parfois à l’appui d’un diplôme carolingien. Ce qui n’implique pas partout la propriété intégrale du sol de la villa, mais plutôt les droits d’origine publique, ceux dont les immunités faisaient délégation25.

  • 26 P. Bonnassie, La Catalogne du milieu du xe à la fin du xie siècle. Croissance et mutations d’une s (...)
  • 27 Isti supradicti hommes infra iam dictos terminos domos et curtes hedificauerunt, uineas complantau (...)

15Comme on l’a vu ailleurs, les finages villageois sont aussi soigneusement délimités par rapport aux communautés ou pouvoirs voisins, et l’usage des eaux, friches, garrigues ou forêts sont sans doute l’enjeu des classiques disputes concernant des bornes. On a même le cas d’un règlement sur l’usage collectif des eaux qui fournit un exemple supplémentaire de la vitalité des communautés paysannes aux alentours de l’an mil26. Dans quelques zones de peuplement ancien, dès le début du xe siècle, les villae formaient une maille tellement serrée qu’on ne pouvait plus trouver des espaces vides aux interstices des villae. Par exemple en 921, un petit groupe de 18 hommes est dénoncé pour avoir créé ce qui semble être un nouveau noyau de peuplement à la limite entre les villae de Bàscara et Vilademuls, au nord de Gérone, où ils ont bâti des maisons et planté des vignes, mais ils devront avouer que leur terroir était situé dans le finage de la première villa, qui appartenait à l’évêque de Gérone27. Ce qui signifie qu’ils s’étaient installés dans les confins d’une villa sans parvenir visiblement à y découper un nouveau terroir. Ils n’étaient pas les seuls, car dans le parcours des confins de la villa qui suit le jugement, on rencontre nombre de maisons (domus) construites aussi sur les bornes de cette villa.

  • 28 J.M. Salrach, « Mas prefeudal i mas feudal », J. Bolòs - J.J. Busqueta (eds.), Territori i societa (...)
  • 29 Mansibus IIII quod commutavimus ad Olibane, comiti, cum eorum territoriis..., ou duos mansos in vi (...)

16À l’intérieur d’une villa catalane on atteste bientôt des petites unités d’exploitation agricole. En effet le mansus est souvent cité dans les textes concernant le comté de Besalú, depuis le xe siècle, mais par contre il est presque inconnu des chartes du comté de Barcelone avant l’an mil28. Le mas apparaît déjà comme un mot polysémique qui sert à désigner à la fois une maison et un ensemble d’éléments : cours, potagers, champs, vignes, arbres fruitiers, oliviers, moulins, pacages, forêts. Cette combinaison, avec un grand nombre de variantes, peut constituer déjà le territoire du mas, « ce qui lui appartient »29.

  • 30 Par exemple : infra termino de villa Asenarii vel de Cocolellos masos IIII.
  • 31 J. Villanueva, Viage literario a las Iglesias de España, Madrid, 1850, vol. XXV, pp. 254-262.
  • 32 F. Monsalvatje y Fossas, Notίcias Históricas del condado de Besalú, Olot, 1898-1910, vol. XI, doc. (...)
  • 33 Par exemple aux limites du finage paroissial de l’église d’Albanyà, en 957, on rencontre une mansi (...)

17Il est difficile de dire dans quelle mesure il s’agit d’un habitat dispersé comme il en existera plus tard dans cette région. En général les chartes les situent d’une façon assez imprécise à l’intérieur du finage d’une villa30, et on ne leur donne pas de nom comme il en sera de mise à partir du xie siècle, ce qui rend impossible de reconstituer la carte du peuplement. Et à la même époque des alleux sont décrits dans les chartes avec des éléments qui ressemblent beaucoup à ceux des mas sans employer le mot. Par exemple dans une donation du comte-évêque Miró Bonfill au monastère de St. Pierre de Besalú, en 978, à côté de plusieurs mas, sont mentionnés aussi des alleux comprenant casas, casalibus, ortus, vineas, terras, pomiferis, pratis, silvis, molendinis, etc.31. Dans la paroisse de Montagut, toujours dans le comté de Besalú, l’objet de plusieurs transferts est décrit ainsi : casas, cartes, ortos, vineas, terris cultis vel incultis, pomiferis vel impomiferis, molinis vel in molinaris, silva32. Et on a déjà remarqué que de possibles fermes isolées placées aux confins des villae ne sont pas désignées sous le nom de mas mais plutôt sous celui de domus33.

  • 34 P. Bonnassie, La Catalogne..., vol. I, pp. 244-246.
  • 35 J.M. Salrach, « Mas prefeudal i mas feudal », pp. 30-33.

18Les mas catalans antérieurs à l’an mil sont sans doute des tenures paysannes. On rencontre rarement des mas pouvant être associés à la gestion directe : des mansos dominicales ou mansos dominicos. Dans la plupart des cas il apparaît évident que le mas est une exploitation où habite un tenancier, très souvent nommé, et qui sert de base d’imposition aux charges domaniales34. Parmi les redevances que les tenanciers doivent verser, surtout en nature, on rencontre un censum, d’où l’expression mansum censualem, dont on soupçonne les origines publiques, de même que des droits de gîte (paratas, mansionaticos, albergas)35. Parfois on exige aussi quelques services en travail, mais en général sans rapport avec une réserve quelconque.

  • 36 J.M. Salrach « El comte Guifré de Besalú i la revolta de 957 » Amics de Besalú. II As semblea d’es (...)
  • 37 Ipso manso quod Sesemundus mihi composuit per ipso homicidio unde consiliarius fuit de ipso homine (...)
  • 38 Propter ipsum forisfactum quod fecimus et propter ipsum placitum que nos condemnavit et per ipsam (...)
  • 39 R. Martí, « Territoris en transició als Pirineus catalans », La vida medieval als dos vessants del (...)

19L’existence de mas ou exploitations agricoles complexes qui sont des tenures, révèle de toute façon une importante assise foncière de l’aristocratie. Sans domaines fonciers étendus, l’aristocratie aurait été incapable de constituer des tenures suffisantes pour garantir la survivance d’une famille paysanne. Or, le comté de Besalú, exemple précoce de la diffusion des mas en Catalogne, est aussi l’un des comtés catalans où les grands domaines, laïques ou ecclésiastiques, ont eu le plus grand développement avant l’an mil. Une bonne partie des mas et des grands alleux comprenant des maisons et des terres de labour que l’on rencontre dans les sources du xe siècle, sont cités à propos de dons offerts aux abbayes, en particulier St. Pierre de Camprodon et St. Pierre de Besalú, et au siège de l’évêché de Gérone. Il s’agit souvent de donations comtales, mais un certain nombre de mas ou grands alleux ont été confisqués en justice, en particulier après la révolte aristocratique qui se déroula à Besalú en 957 et qui finit par le meurtre du comte Guifré36. Ces biens confisqués sont à l’origine d’une grande donation faite par le comte à l’abbaye de St. Pierre de Besalú en 97837. Mais d’autres legs pieux importants montrent des acquisitions des comtes qui proviennent de condamnations judiciaires38. La force des aristocrates vis-à-vis des comtes de Besalú a été mise à l’épreuve lors de la révolte de 957 dont on connaît des parallèles ailleurs. La puissance aristocratique s’était érodée depuis le ixe avec la montée du pouvoir comtal qui réussit à affirmer son contrôle héréditaire sur un territoire avec des limites précises et sa mainmise sur l’Église. Malgré cela, les domaines aristocratiques survivent jusqu’au xie siècle39.

  • 40 P. Bonnassie, La Catalogne..., vol. I, pp. 222-223.

20L’exemple du comté de Besalú n’est pas tout à fait exceptionnel, car on peut retrouver des situations comparables ailleurs. Par exemple dans la vallée du Sègre et ses abords immédiats, dans le comté d’Urgell, au coeur des Pyrénées, la partie la plus importante du domaine de la cathédrale de La Seu d’Urgell est composée d’« exploitations agricoles dispersées, c’est-à-dire des mas avec leurs appartenances » qui proviennent de legs paysans ou d’éléments détachés des domaines aristocratiques40. Mais il est difficile de préciser jusqu’à quel point ces exploitations agricoles sont situées à l’écart de tout autre noyau de peuplement, c’est-à-dire dans un contexte d’habitat dispersé. Et finalement on ne peut pas exclure non plus des écarts ne faisant pas partie des grands domaines. Peut être en a-t’on un indice avec les maisons ou grottes habitées, repérées sur les bornes des villae.

De la villa au mas

  • 41 J.A. Garcίa de Cortázar, La sociedad rural..., pp. 70 et ss. et pour les Asturies : J.I. Ruiz de l (...)

21Dès le xie siècle et surtout à partir du xiie siècle, la plupart des régions du nord de la péninsule ibérique ont connu un processus d’essor urbain avec la création de villes neuves, bourgs, ou formes similaires qui parfois a entraîné la disparition d’un certain nombre de petits noyaux de peuplement41. Quelquefois les changements ont été bien moindres et le réseau des villages a plus ou moins résisté jusqu’au bas Moyen Âge. L’évolution a été toute autre dans les comtés catalans, où l’habitat dispersé allait se renforcer après l’an mil.

  • 42 P. Bonnassie, La Catalogne..., vol. I, pp. 444-445 qui signale l’importance des essarts intercalai (...)
  • 43 J. García Fernández, « Notas sobre el poblamiento de Asturias », Estudios Ceográficos, XXXVI, 138- (...)

22Tout d’abord là où les maîtres du sol possédaient des surfaces boisées ou en friche suffisantes pour y créer des unités d’exploitation individuelles dans des fermes isolées. Les défrichements ont multiplié les écarts par le biais des « contrats de précaire qui imposaient aux colons de construire leurs maisons, non point dans les villages voisins, mais sur les lots de terrain qui leur étaient attribués »42. Par contre, dans les Asturies, un mécanisme d’acensements semblable encourageait parfois la construction de plusieurs maisons sur un seul site. Ce qui donne naissance à de petits villages où les maisons, sans se côtoyer, restent assez proches les unes des autres. Plus tard, de toute façon, les nouvelles créations asturiennes sont souvent de véritables écarts43.

  • 44 T.N. Bisson, Fiscal Accounts of Catalonia under the Early Count-Kings (1151-1213), Berkeley, 1984, (...)
  • 45 J.M. Salrach, « Formació, organització i defensa del domini de Sant Cugat en els segles x-xii », A (...)
  • 46 J. Bolòs, El mas, el pages i el senyor. Paisatge i societat en una parroquia de la Garrotxa a l’ed (...)
  • 47 Les villa de Morraniano et villa de Molino vetere de l’année 940 sont des mas dans une copie inter (...)
  • 48 J. Bolòs, « L’habitat dispers a la Catalunya medieval », dans Catalunya i la França meridional a l (...)
  • 49 M. Aventίn, Vilamajor 872-1299. De la fi del sistema antic a la consolidació del feudalisme, Sabad (...)
  • 50 C’est l’avis de J. Bolòs, « El territori i els seus límits. El poble, la parròquia i el castell a (...)
  • 51 Domibus destructis et una domo constructa, Bibliothèque de Catalunya, Barcelona, parch, num. 10027

23Mais le renforcement des structures de l’habitat dispersé n’est pas seulement le fait des défrichements. En particulier en Catalogne, on assiste au remplacement d’anciennes villae par des mas, du moins dans la description de l’organisation de l’espace livrée par les textes. Depuis le xie siècle le nombre des mas cités dans les sources augmente en même temps que s’effacent les mentions de villae. Les mas font l’objet d’un pourcentage toujours croissant des contrats d’acensement jusqu’à la fin du xiie siècle. Et les censiers décrivent des grands domaines organisés en mas depuis le milieu du xiie siècle, en particulier les censiers des domaines comtaux en 115144. Autre volet de la même question, les contrats d’acensement concernent de plus en plus, pendant la même période, des mas45. Le phénomène se révèle dans toute sa clarté lorsqu’on peut attester que l’espace découpé en villae ou en villaria jusqu’au xie siècle, est désormais occupé par des mas. En particulier c’est l’exemple d’El Salient dans le comté de Besalú46. Dans la paroisse de Montagut, toujours dans le comté de Besalú, plusieurs transferts du xe siècle désignent comme villa ou locum des toponymes qui par la suite sont devenus des mas47, dans un territoire où d’ailleurs l’habitat dispersé avec de vielles maisons isolées est très visible aujourd’hui48. De même à Vilamajor, dans le comté de Barcelone, sur un même terroir où il y avait jadis 7 villae, apparaissent plus de 80 mas en 115149. Comment interpréter ce changement dans la façon de décrire les terroirs dans les sources ? Serait-on passé d’un habitat plus ou moins groupé, la villa, à un habitat dispersé, les mas ?50 À l’appui de cette théorie, on a le bel exemple d’un mas du lieu dit vilare Oliveta, dans le comté de Besalú, décrit comme un ensemble de maisons détruites, sauf une, en 107051. Mais les données ne sont pas toujours aussi claires, car les villae du xe siècle pouvaient posséder dans leur finage des unités de peuplement secondaires assez proches du mas, ou ceux-ci être situés dans un village groupé.

La structure du mas et ses variantes

  • 52 L’espace destiné aux hommes a une superficie de 45,5 m2 et beaucoup de données confirment qu’il s’ (...)
  • 53 Autres données archéologiques concernant des mas dans : M. Riu « El habitat en Cataluña en la Alta (...)
  • 54 J. Bolòs (ed.), Un mas pirinenc..., p. 38 une exploitation avec un troupeau surtout composé d’ovin (...)
  • 55 Ipsam cabaneriam que est iuxta predictum mansum, dans le comté de Besalú, en 1114 : Bibliothèque d (...)

24Le mot mas désigne à la fois la maison et un ensemble territorial comprenant plusieurs éléments fonciers. Tout d’abord la maison, désignée aussi par les termes casa, casale, domus, hedificium. Dans les descriptions des mas en tant qu’unités complexes, on n’oublie pas cet élément central qui est la maison et ses bâtiments annexes. Mais les descriptions des bâtiments montrent assez tôt des variantes considérables. Le mas est loin d’être une réalité homogène. Les termes employés sont parfois assez révélateurs de la nature multiforme de ces unités de peuplement. On retrouve ainsi des petits mas : mansiunculo, mansiolum, qui peuvent devenir bientôt des mas détruits. C’est l’image que nous offrent aussi les fouilles du mas B de Vilosiu, Tune des rares réalisées sur ce type d’habitat en Catalogne, avec une chronologie qui va du xe au xive siècle52. D’autres fouilles ou prospections concernent des mas abandonnés au bas Moyen Âge, ce qui laisse penser que ces mas étaient plus fragiles que ceux qui restèrent habités53. Une variante assez répandue est celle de la borde qui souvent est présentée comme étant un mas de taille réduite ou moins dotée en terres. Quelques mas possèdent plusieurs bâtiments annexes. Des enclos destinés aux animaux dont on peut repérer les traces dans les fouilles archéologiques54. Mais aussi des cabanes situées près du mas qui peuvent être habitées par d’autres familles55. De même des bordes peuvent être dans un rapport de dépendance vis-à-vis d’un mas. Et d’autres mas sont plutôt des résidences nobles, ce qui d’ailleurs est attesté par des testaments où le mas est bien le cœur d’un petit domaine. Finalement, il y a aussi des mas avec des bâtiments liés à des activités économiques spécifiques : moulins, forges, ateliers.

25Mais bien entendu l’essentiel, c’est que le mas est au cœur d’une petite exploitation agricole, une unité complexe composée de plusieurs éléments parmi lesquels on retrouve des enclos avec des arbres fruitiers et oliviers, des potagers, terres, vignes, prés, champs de lin, garrigues, forêts, puits, fontaines, cours d’eau. Le tout est l’honneur du mas, ce qui appartient au mas, la mansiata ou « masada ». Il n’est pas facile de reconstituer l’organisation de cet ensemble de biens sur un terroir. Il est souvent attesté que des potagers, enclos ou quelques pièces de terre nommés « quintana », sont jointives du bâtiment central. Mais les autres éléments ne sont pas toujours groupés et ils peuvent être plus ou moins éparpillés sur le terroir villageois, entremêlés avec ceux d’autres mas.

  • 56 J. Bolòs, El mas, el pagès i el senyor..., pp. 97-98, carte à la p. 100.
  • 57 E. Mallorquί, « El mas com a unitat d’explotació agrària. Repàs dels seus orίgens », Quaderns. Cen (...)
  • 58 C. Cuadrada, El Maresme medieval : les jurisdiccions baronals de Matarό i Sant Vicenç/Vilassar (ha (...)
  • 59 M. Aventίn, Vilamajor 872-1299..., p. 86, avec carte aux pp. 46-47, et id. La societat rural a Cat (...)
  • 60 A. Pladevall, « La disminució del poblament a la Plana de Vich a mitjans del segle xiv », Ausa, nú (...)

26La vérification de la dispersion et la reconstitution du terroir villageois est possible avec les sources du bas Moyen Âge, en particulier avec les censiers. Les historiens parviennent souvent à identifier les mas des sources médiévales avec des fermes isolées qui existent toujours. Quelques mas ont pu survivre pendant des siècles, parfois sans changer de nom, beaucoup d’autres ont disparu sans laisser de traces. Par exemple dans la paroisse d’El Salient, comté de Besalú, un censier de 1321 a permis de recenser 35 familles habitant des mas sur 12 km2, ce qui représente la majorité de la population car seulement 12 familles habitent dans un petit village à côté de l’église56. Dans le comté de Gérone, des censiers très détaillés de la seigneurie de Cruïlles, aux environs de 1300, dénombrent 81 mas, sur environ 20 km2, et un nombre à peu près égal de foyers se situent dans des agglomérations villageoises à côté du château ou de l’abbaye locale. Il n’en est pas moins vrai qu’une bonne moitié des familles habitaient des mas57. L’habitat dispersé dans des mas semble être aussi très important dans les paroisses qui longent la côte au nord de Barcelone, toujours d’après des censiers du xive siècle, et on peut aussi identifier des mas médiévaux avec ceux qui demeurent toujours sur place58. À Vilamajor, dans la partie septentrionale du comté de Barcelone, où un censier de 1151 dénombre 82 mas, les noms de plus d’une trentaine, signalés dans les chartes du xiiie siècle, ont permis de les identifier avec des mas contemporains. En tout cas l’habitat dispersé y est largement majoritaire compte tenu de l’exiguïté des petits villages créés autour d’une église et d’une villeneuve59. On pourrait citer d’autres exemples, en particulier concernant le comté d’Osona60, mais malgré les difficulté pour reconstituer en entier le terroir villageois et donner des chiffres précis, il ne fait aucun doute que les mas sont au bas Moyen Âge des fermes isolées qui, du moins dans quelques unes des paroisses étudiées, occupent une position dominante parce qu’ils contrôlent la plupart de l’espace agricole et parce qu’une grande partie de la population paysanne y réside.

  • 61 J. Vilà Valentí, El mon rural a Catalunya, Barcelona, 1973, pp. 67 i 70.
  • 62 F. Breton, Maisons et communautés dans la vieille Catalogne, thèse de l’ehess, Paris, 1981, on peu (...)
  • 63 Sur les sous-acensements : A.L. Sanz, « La Pabordia d’Aro de la Catedral de Girona, 1180-1343 », L (...)
  • 64 O. Anguera de Sojo, « Dret especial de la comarca de Vic », dans Conferències sobre varietats coma (...)

27Les sources du bas Moyen Âge permettent aussi de mieux saisir la taille des mas. On affirme en général qu’il s’agit d’une exploitation adaptée aux besoins et à la force de travail d’une famille61. À El Salient, les mas sont plutôt d’une étendue modeste bien qu’il soit difficile de mesurer le poids de l’élevage dans leurs économies, une composante fondamentale des mas dans la longue durée. Par exemple dans le massif forestier du Montseny et dans la région de la Costa Brava avec des bovins et équins62. Pourtant, on découvre bientôt des inégalités, car il y a toujours des paysans qui ne possèdent pas de mas, mais seulement une borde, une cabane, quelques pièces de terre. Ce qui amène quelquefois à considérer les tenanciers de mas comme une élite paysanne. De plus, il y a de fortes inégalités aussi parmi les tenanciers de mas. Quelques uns, avec un nombre suffisant de pièces de terre, peuvent en sous-acenser à d’autres. Par contre il est très rare de pouvoir attester l’embauche de domestiques pour des tâches agricoles63. Mais on sait bien que ce genre de contrats est souvent oral. Les censiers montrent enfin des tenanciers qui cumulent plus d’un mas, et cela avant la peste de 1348. Bien entendu, le mouvement de concentration a dû s’accentuer à partir de cette date, quand les paysans survivants ont pu annexer les terres des mas voisins, ruinés ou dépeuplés64. Les inégalités se sont renforcées dans l’ensemble mais les différences régionales ou locales sont sûrement aussi importantes. Et on ne doit pas sous-estimer l’importance de la coopération entre les tenanciers des mas, souvent liés par des rapports de parenté, par exemple lors des grands travaux de l’année agricole. Les solidarités internes face à la seigneurie sont plus visibles pendant les crises sociales du bas Moyen Âge.

Le succès du mas, unité de base de la seigneurie

  • 65 À plusieurs reprises on retrouve dans le texte des expressions du genre : « l’évêque a par usage, (...)
  • 66 Les inventaires des domaines comtaux en fournissent un magnifique exemple. On a remarqué que l’org (...)
  • 67 Archives du monastère de Montserrat, parchemins de St. Pere de Besalú, num. 9.

28Sans doute le succès du mas dans les sources écrites depuis le xie siècle est lié à la volonté d’en faire une unité de base pour la seigneurie. Les paysans ont continué à payer pendant des siècles des redevances pour leurs terres (agraria ou terramerita), surtout dans la modalité à parts de fruits. Mais le succès de la seigneurie banale a entraîné la multiplication d’exactions sur la population paysanne. D’après un célèbre inventaire du xie siècle, les habitants de Sanahuja, dans le comté d’Urgell, devaient plusieurs charges banales, qui probablement étaient payées par famille ou foyer65. L’évolution est très claire si on compare ce texte avec d’autres inventaires des xiie-xiiie siècles où la liste des mas est soigneusement établie par leur nom auquel on ajoute les charges qu’on attend de chacun. Le mas sert ainsi d’assiette des redevances banales les plus diverses et devient une unité de comptabilité seigneuriale très utile66. Un exemple bien connu est celui de l’alberga, un droit de gîte, parfois exercé de façon littérale par les seigneurs, accompagnés d’écuyers et de chevaux, mais de plus en plus devenu une redevance fixe payée par chaque mas. La similitude des paiements de plusieurs mas dans une même paroisse permet de penser qu’une sorte de module a été imposée à tous à peu près au même moment. En effet, dans l’accord passé en 1227 entre l’abbé de St. Pierre de Besalú et les habitants de Batet de la Serra, une exaction banale appelée districtum taberne et payée par tous, devient un cens fixe en céréale à payer par chacun des 21 mas nommés67. Sur une unité aussi réduite que le mas, sur un groupe humain aussi petit que celui que composent les habitants du mas, peuvent s’exercer tous les niveaux de la seigneurie, y compris la justice. Ceci explique pourquoi on pouvait demander aux tenanciers des mas une fidélité lige vis-à-vis de leurs seigneurs et l’interdiction explicite d’en choisir un autre. Le pouvoir des maîtres des mas sur leurs habitants peut être si exclusif qu’il se confond avec la servitude. Les intromissions seront mal acceptées et on sait bien que les rois n’ont pas réussi à faire reconnaître une juridiction royale sur les paysans des mas.

  • 68 Les trois premières du moins ont été déjà signalées de façon très suggestive par un classique de l (...)

29En tout cas, les seigneurs peuvent en disposer séparément : les donner, vendre, échanger, accorder en dot, acenser, inféoder. D’où la grande profusion des mas dans les textes. Il en résulte aussi que la carte des seigneuries dans beaucoup de paroisses soit extrêmement morcelée. Aussitôt que le mas est devenu la cellule fondamentale des domaines, plusieurs facteurs, plus ou moins encouragés par les seigneurs, ont largement contribué à sa stabilité et à sa continuité dans la longue durée. Les quatre séries de facteurs qui suivent ne s’appliquent évidemment pas tous de la même manière partout mais constituent des tendances dominantes68.

  1. Le mas est une tenure perpétuelle avec des droits héréditaires. C’est une tendance commune à toutes sortes de tenures et pas seulement aux mas. Paradoxalement les tenanciers qui ne sont pas paysans ont beaucoup plus souvent une restriction qui limite sa durée à une jouissance viagère.
  2. La dévolution héréditaire est adaptée au modèle de la succession sans partage surtout au profit d’un seul héritier qui reste auprès de ses parents après son mariage. Mais les contrôles de la seigneurie peuvent aussi s’exercer dans les cas d’orphelins, veuves jeunes, familles sans enfants69.
  3. Les tenanciers sont astreints à la résidence continuelle au mas, ce qui veut dire dans la pratique, à partir du xiie siècle, une taxe à payer lors du départ de l’un des habitants (rachat ou redimentia). Cette contrainte recoupe de façon plus générale la servitude ou dépendance personnelle déjà citée, qui implique de la part des tenanciers de devenir des hommes propres et fidèles, avec serment et hommage. D’après le premier texte légal, en 1283, concernant le rachat pour ceux qui partent, les tenanciers des mas doivent aussi céder leur place à un remplaçant ou le cas échéant remettre aux seigneurs leurs droits héréditaires sur la tenure70. Dans un contexte de croissance démographique, on ne craignait sans doute pas tellement l’abandon des mas, mais on voulait empêcher à tout prix que les partants puissent garder des droits sur un mas resté en friche et qui ne fournissait pas des redevances.
  4. Les composantes du mas ne peuvent être aliénées qu’avec l’autorisation du seigneur. Les ventes de parcelles ou pièces de terre de la part des tenanciers de mas sont devenues très fréquentes pendant le bas Moyen Âge, quand les théories juridiques de l’emphytéose ont reconnu au tenancier un dominium utile sur ses biens. Néanmoins, les aliénations étaient lourdement taxées avec des pourcentages qui pouvaient atteindre le tiers du prix payé. De même, les tenanciers de mas pouvaient acquérir d’autres éléments fonciers appartenant à d’autres seigneuries et même cumuler plusieurs mas, bien que sans doute ils aient éprouvé des difficultés pour le faire dans des seigneuries différentes à cause de la ligesse qu’on exigeait d’eux et qui imposait l’engagement de résidence continuelle. Mais plus éclairants que l’existence des lods-et-ventes sont les articles des coutumes de Gérone d’après lesquels le seigneur peut interdire la vente d’une pièce de terre faisant partie du mas s’il croit que cela met en danger la survivance du mas et la perception des redevances. Cette réserve, nous dit le texte, est même valable lorsque la pièce de terre appartient à un autre seigneur ou qu’elle est un alleu du paysan. Si trente ans se sont écoulés depuis qu’elle est entre les mains du tenancier du mas, elle en fait partie. Si finalement la vente est acceptée, le seigneur du mas peut percevoir une taxe s’ajoutant à celle reçue par le seigneur de la pièce de terre, pro exita mansi. Et des contraintes semblables sont prévues pour ceux qui voudraient détacher des éléments fonciers du mas pour en faire don aux enfants ou parents, ou encore pour constituer la dot d’une fille71.
  • 72 À partir des textes : J. Fernandez i Trabal, Una famίlia..., p. 157. À partir de l’étude de la top (...)
  • 73 Dans un exemple éclairant, un paysan nie avoir un mas là où il n’a que des cabanes provisoires pen (...)

30Évidemment, il faut nuancer ce schéma dans le cadre local où sans doute l’écart entre « politique seigneuriale » et réalité paysanne est plus perceptible, plus encore l’écart qui sépare le mas-tenure du mas-exploitation agricole, car sous la catégorie de mas on rencontre des situations très hétéroclites. Néanmoins, ces quatre aspects concordent avec un intérêt seigneurial pour préserver la structure rigide des mas, la source des revenus. Sans exclure pourtant des adaptations constantes et une certaine flexibilité. Par exemple, il paraît indéniable que les seigneurs ont accepté le dédoublement de mas qu’on observe parfois dans les textes ou sur le terrain72. Par contre ce sont parfois les paysans qui refusent d’accepter la construction d’un mas qui impliquerait sans doute le doublement des redevances73.

31Or, rien de cette évolution n’entraîne forcément la constitution des mas en fermes isolées. Les mas sont isolés du point de vue social, dans la mesure où chaque mas peut constituer une unité indépendante sur le plan de la seigneurie. On retrouve des mas, avec les caractéristiques déjà décrites, situés dans un habitat groupé, par exemple dans les villages de la plaine de Figuères, Cabanes ou Peralada.

  • 74 Propter pravorum hominum malitiam qui distruebant mansos : P. Bertran, « La fundació de Vilaplana (...)
  • 75 Et non poterit excusari ulterius a predictis faciendis, licet dicat quod mansus suus est ita forti (...)

32Il est plus plausible de penser que les facteurs qui protégeaient les mas étaient une entrave au processus de concentration du peuplement qui apparaît si naturel pendant la période féodale. Néanmoins, on a quelques exemples d’abandon de mas isolés et de concentration de la population. C’est le cas des habitants du territoire de Tiurana qui doivent quitter leurs mas de la plaine, détruits par des hommes mauvais, en 1171, et se rassembler dans un village muré et bien protégé74. Mais il est probable qu’une seigneurie très morcelée avec des pouvoirs concentrés sur les mas était en partie responsable de l’absence d’autres exemples semblables. Par contre dans les coutumes de Gérone, il est dit que les paysans ne peuvent pas se faire exempter de leurs devoirs militaires au château sous prétexte que leur mas est assez fort pour se défendre seul75.

Esquisse d’une comparaison : « casal » et « solar »

  • 76 J.A. García de Cortázar, La sociedad rural..., p. 53.
  • 77 E. Portela, La región del obispado de Tuy en los siglos xii a xv. Una sociedad en la expansión y e (...)
  • 78 J.I. Ruiz de la Peña, « Fueros agrarios... » et M.J. Suárez Alvarez, « Los contratos agrarios del (...)
  • 79 J.A. García de Cortázar, « Espacio y poblamiento en la Vizcaya altomedieval : de la comarca al cas (...)

33Si on compare l’espace catalan avec celui d’autres régions du nord de la péninsule ibérique, on rencontre des phénomènes tout à fait comparables. Malgré les disparités chronologiques, l’apparition dans les sources de petites unités qui désignent tout au début des espaces habités avec une maison, et qui deviennent de plus en plus des unités complexes avec plusieurs éléments, est attestée dans plusieurs régions76. Le casal galicien, par exemple, désigne la maison et le terroir occupé par une seule famille, mais aussi une exploitation agricole mixte avec de l’élevage et quelquefois des espaces de forêt. Il est intéressant de constater que le casal est souvent un écart, soumis par ailleurs à des processus de fragmentation77. Dans les Asturies, on trouve aussi de nouvelles exploitations, appelés par la suite caserίa, des fermes isolées issues des défrichements ou des dédoublements attestés par des contrats agraires aux xiiie et xive siècles78. Plus tardivement au Pays basque, où les toutes premières mentions du caserίo sont assez tardives, il apparaît aussi dans un contexte d’habitat dispersé mais qui bientôt peut évoluer vers des hameaux de trois ou quatre maisons79.

  • 80 M. Durany, La región del Bierzo..., pp. 123-124 ; C. Dίez, La formación..., pp. 175-185 ; E. Pena, (...)
  • 81 C. Estepa, « Propietà, evoluzione delle strutture agrarie e trasformazioni sociali in Castiglia (s (...)

34Par contre, le solar qu’on retrouve de plus en plus, du Bierzo jusqu’en Castille, est très nettement un espace habité intégré dans un noyau de peuplement concentré. Parfois l’un à côté de l’autre dans des « barrios », des villages ou plutôt des villes80. Mais il peut dépasser très largement le sens de maison pour désigner une unité agraire81.

  • 82 Par exemple : Mañería, homicidios, caloñas : J. Faci, « Vocablos referentes al sector agrario en L (...)

35Ces unités de peuplement sont aussi des unités de la seigneurie. Elles font l’objet de contrats agraires où sont fixées les redevances et contraintes seigneuriales de plusieurs types. Par exemple en Castille, le solar désigne l’espace bâti dans la mesure où celui-ci est habité par des tenanciers et sert d’unité fiscale, en particulier pour des taxes liées à la juridiction82. De même les casales galiciens sont aussi des tenures, des unités de prélèvement seigneurial, qu’on acense par le biais de contrats de foro qui se répandent assez vite dès la fin du xiie siècle.

  • 83 Transmission des « casales » sans partage dans les domaines monastiques par rapport à la fragmenta (...)

36Les contraintes imposées aux preneurs des casales ne sont pas sans rappeler celles qui on déjà été évoqués à propos des mas catalans. Si les baux ne sont pas perpétuels, ils restent assez souvent d’une très longue durée, viagère ou à plusieurs vies. Donc, on peut transmettre le casal en héritage, mais aussi on précise parfois sans partage ou avec l’engagement de nommer un seul fils héritier, ce qui d’ailleurs semble contrecarrer une assez large tendance à la fragmentation du casal, de la part de ses habitants83.

  • 84 M.L. Ríos, As ornes do foro..., pp. 151-173 et 215-227.

37Les tenanciers des casales, vassaux avec interdiction de reconnaître un autre seigneur, sont parfois obligés d’y résider et d’y travailler, mais les indices d’une assez grande mobilité sont aussi nombreux. Ils peuvent aliéner leur droit sur le « casal » mais seulement à quelqu’un d’un statut juridique semblable. Mais les tenanciers de casales peuvent être de niveaux sociaux assez divers, des serviciais soumis aux plus dures conditions jusqu’aux intermédiaires nobles qui reçoivent des récompenses par le biais des contrats de foro84.

38Ailleurs, dans les Asturies, si l’hérédité n’est pas mise en cause, les tenures sont soumises à des taxes qui concernent l’héritage et le mariage (malos tributos, nuncio, manerîa, boda). Et surtout les contrats asturiens du xiiie siècle obligent parfois à la vassalité exclusive vis-à-vis du seigneur de la terre et à la résidence permanente sur l’espace à bâtir acensé.

  • 85 J. Barreiro, El señorίo de la iglesia..., pp. 420-423. Dans la région du Bierzo, les seigneurs fon (...)

39Dans un contexte d’essor urbain et d’émigration paysanne vers les villes, les seigneurs galiciens ont su convertir les licences accordées en source de redevances comme l’ont fait les seigneurs catalans avec les rachats des tenanciers des mas. Mais en tout cas les seigneurs ont été capables de s’opposer à une trop grande liberté de mouvements qui aurait menacé de dépeupler leurs domaines. Au xiiie siècle, ils ont forcé le roi à dicter des normes contre l’installation des iuniores dans les villes ou le cas échéant contre la possibilité de céder leurs droits dans leurs tenures d’origine, ce qui devait permettre la continuité du peuplement villageois, sans doute dans les casaux, dans des écarts85.

Conclusion

  • 86 M.R. García Alvarez, Galicia y los gallegos..., pp. 72-73.
  • 87 . C. Laliena, Sistema social, estructura agraria y organización del poder en el Bajo Aragon en la E (...)

40Le peuplement est une composante de la société qui doit être mis en rapport avec plusieurs autres facteurs pour rendre compréhensible son évolution. On peut constater du moins que le déterminisme géographique qui expliquerait l’habitat dispersé par les caractéristiques du paysage, est tout à fait insuffisant, ce qui a été remarqué par les historiens86. L’habitat dispersé existe dans les régions fertiles du Vallès ou l’Ampurdán en Catalogne, mais aussi dans des terroirs pauvres comme c’est le cas du sud de l’Aragon, le Maestrazgo, où les ordres militaires ont organisé la mise en culture avec des mas, voués surtout à l’élevage87.

41Le manque d’homogénéité en ce qui concerne le milieu naturel ou les économies paysannes, est aussi celui du poids de l’habitat dispersé. Car le cas le plus fréquent est la coexistence de plusieurs formes de peuplement. Si quelquefois les écarts sont seulement un phénomène marginal, parfois ils deviennent une structure très répandue. Mais il faudra tenir compte aussi de la complexité des rapports entre les écarts et les villages groupés. Sur le degré de la dispersion, il n’y a pas non plus un modèle unique, car il peut y avoir des fermes isolées avec des exploitations compactes tout autour et d’autres dont les éléments sont éparpillés dans le terroir. Des nuances du même genre distinguent les villages constitués par des maisons séparées les unes des autres et les villages groupés et bien organisés autour de pôles centraux avec des maisons jointives.

42Ici nous avons privilégié les rapports entre l’habitat dispersé et la seigneurie pour prouver que les écarts ne sont pas incompatibles, bien au contraire, avec les structures féodales, avec une seigneurie solide et performante. La seigneurie très morcelée de quelques régions a mis en œuvre des institutions capables de contrecarrer les tendances à la concentration, au groupement de l’habitat. Mais bien entendu on ne doit pas en déduire que partout où la seigneurie est morcelée le peuplement a été dispersé, ni à l’inverse, là où la seigneurie est unique, que le peuplement est groupé. Mais, du moins, la seigneurie a entravé dans certains cas et dans quelques régions, le groupement de la population dans des nouveaux centres qui ont été perçus de la part des seigneurs comme une forme concurrentielle de contrôle de la population médiévale.

Notes

1 Une image approximative de la dispersion de l’habitat très largement supérieure en Galice et dans les Asturies par rapport au reste des provinces espagnoles peut être déduite du nombre d’entités de peuplement enregistrées périodiquement dans la Nomenclator de las ciudades, villas, lugares, aldeas y demâs entidades de población con especificación de sus núcleos, publié par l’Instituto Nacional de Estadίstica, dernière édition de l’année 1997. Voir entre autres, l’ouvrage classique de J. Garda Fernandez, Organización del espacio y economίa rural en la España Atlántica, Madrid, 1975.

2 L’expression appartient à J.A. García de Cortázar, La sociedad rural en la Espafia medieval, Madrid, 1988, p. 17.

3 J.A. García de Cortázar, « La organización del territorio en la formación de Alava y Vizcaya en los siglos viii a fines del xi », El habitat en la historia de Euskadi, Bilbao, 1981, pp. 135-155.

4 Pour le León voir par exemple le cas de Villamol près du monastère de Sahagún et d’autres : P. Martinez Sopena, La Tierra de Campos occidental. Poblamiento, poder y comunidad del siglo x al xiii, Valladolid, 1985, p. 107 et J.M. Mίnguez, El dominio del monasterio de Sahagún en el siglo x. Paisajes agrarios, producciôn y expansion económica, Salamanca, 1980, pp. 55-61. Pour la Castille : J.A. García de Cortázar et E. Peña, « Aldeas, aldeanos y senores en Castilla en los siglos x a xii : nuevos propuestas de análisis », Historia económica y de las Instituciones financieras en Europa. Trabajos en homenaje a Ferrán Valls i Taberner, XII, Málaga, 1990, pp. 3497-3524 et E. Pastor, Castilla en el tránsito de la Antigüedad al feudalismo. Poblamiento, poder politico y estructura social del Arlanza al Duero (siglos viii-xi), Valladolid, 1996, pp. 64-65, et à La Rioja : J.A. García de Cortázar, « Aldea y comunidad aldeana en la Rioja medieval : el caso de Villagonzalo (Badarán) », Principe de Viana. Homenaje a José Maria Lacarra, XLVII, Anejo 2, 1986, pp. 191-211. Pour la Navarre : J.J. Larrea, La Navarre du ive au xiie siècle : peuplement et société, Bruxelles, 1998, pp. 168-170. Pour l’Aragon : C. Laliena et Ph. Sénac, Musulmans et chrétiens dans le haut Moyen Âge : aux origines de la reconquête aragonaise, Paris, 1991, pp. 95-98.

5 C. Jusué, Poblamiento rural de Navarra en la Edad Media. Bases arqueológicas. Valle del Urraul Bajo, Pamplona, 1988.

6 L’identité entre villa et village s’impose malgré les hésitations pour la période plus ancienne et pour les régions plus septentrionales. En outre des ouvrages cités dans la note 3 : E. Pena Bocos « La aldea : elemento de fijación, ordenación y atribución social del espacio en la Castilla altomedieval », Burgos en la alta edad media. II Jornadas burgalesas de historia, Burgos, 1991, pp. 615-631 et id., La atribución social del espacio en la Castilla altomedieval. Una nueva aproximación al feudalismo peninsular, Santander, 1995, pp. 125-146.

7 J.A. García de Cortázar, « La ordenación económica y social de la Rioja Alta en el siglo x », Homenaje a D. José Marίa Lacarra de Miguel. Estudios Medievales I, vol. 1, Zaragoza, 1977, pp. 97-120. J.A. García de Cortázar et E. Pena, « Poder condal y “mutación feudal” ? en la Castilla del ano mil », M.I. Loring (ed.), Homenaje al profesor Abilio Barbero, Madrid, 1997, pp. 273-298. Dans un contexte plus large voir aussi : R. Pastor, Resistencias y luchas campesinas en la época de crecimiento y consolidación de la formación feudal. Castilla y León, siglos x-xiii, Madrid, 1980 et R. Collins, « Visigothic law and regional custom in disputes in early medieval Spain », W. Davies et P. Fouracre (eds.), The settlement of disputes in early medieval Europe, Cambridge, 1986, pp. 85-104.

8 Ch. Wickham, Il problema dell’incastellamento nell’Italia centrale. L’esempio di San Vincenzo al Volturno, Firenze, 1985, cité et appliqué en Navarre par J.J. Larrea, La Navarre..., pp. 323-326 et 504-507.

9 Même si avant l’an mil les preuves de sa diffusion restent limitées : J.A. García de Cortázar, « Sociedad rural y organización del espacio en la Castilla del año mil », E. Mornet (ed.), Campagnes médiévales : l’homme et son espace. Études offertes à Robert Fossier, Paris, 1995, pp. 613-625.

10 P. Martinez Sopena et M.J. Carbajo Serrano, « Notas sobre la colonización de Tierra de Campos en el siglo x : Villobera », El pasado histórico de Castilla y León, vol. 1 : Edad Media, Burgos, 1983, pp. 113-125. P. Martinez Sopena, La Tierra de Campos occidental..., pp. 79-80 et 114. De même, sur la formation des villages en Aragon : J. Larrea, « Moines et paysans : aux origines de la première croissance agraire dans le Haut Aragon (IXe-Xe s.) », Cahiers de civilisation médiévale, XXXIIIe année, no 3, juillet-septembre, 1990, pp. 219-239.

11 J.A. García de Cortázar, de manière générale, dans « Sociedad rural y organización del espacio en la Castilla del ano mil », p. 615 ; id., « La repoblación del Valle del Duero en el siglo ix : del yermo estratégico a la organización del espacio », Actas del Coloquio de la V Asamblea General de la Sociedad Espanola de Estudios Medievales, Zaragoza, 1991, pp. 15-40, et id., « Crecimiento económico y sίntomas de transformación en las estructuras de la sociedad y del habitat en el reino de Alfonso III de Asturias », F.J. Fernández Conde (ed.), La época de Alfonso III y San Salvador de Valdediós, Oviedo, 1994, pp. 27-53, notamment pp. 41-42.

12 M.C. Pallares et E. Portela, « Aproximación al estudio de las explotaciones agrarias en Galicia en los siglos ix-xii », I Jornadas de Metodologίa aplicada de las Ciencias Históricas, II, Historia medieval, Santiago de Compostela, 1975, p. 99. Voir aussi concernant l’identité des villae, vici et loci : M.R. García Alvarez, Galicia y los gallegos en la alta edad media, Demografίa, Santiago de Compostela, 1975, pp. 80 et 84.

13 Voir surtout : M.C. Pallares et E. Portela, Galicia, Historia. La Edad Media, La Coruña, 1984, p. 65.

14 En plus des articles de M.C. Pallares et E. Portela cités auparavant voir en dernier lieu : A. Isla Frez ; « Aspectos de la organización del espacio en Galicia : el alto Tambre, siglos ix-xi », M. Barceló et P. Toubert (eds.), « L’incastellamento ». Actas de las reuniones de Girona (26-27 noviembre 1992) y de Roma (5-7 mayo 1994), Roma, 1998, pp. 57-70.

15 F. López Alsina, La ciudad de Santiago de Compostela en la Alta edad media, Santiago de Compostela, 1988, ap.7, p. 403, texte de l’année 1025.

16 J. Barreiro Somoza, El señorίo de la iglesia de Santiago de Compostela (siglos ix-xiii), La Coruña, 1987, pp. 137-139.

17 « Puede pensarse por tanto en una dispersión de los lugares de habitación dentro del marco de la villa » : M.C. Pallares et E. Portela, Galicia..., p. 67.

18 En outre on peut signaler l’existence d’une puissante aristocratie locale avec une importante assise foncière dans les villae, parfois avec leurs servi. Et la persistance de toute une série de petites circonscriptions, territoire ou vallée qui regroupent plusieurs villae et sur lesquelles se superposent les comtés, le cadre institutionnel de la royauté asturienne, A. Isla Frez, La sociedad gallega en la alta edad media, Madrid, 1992, pp. 144-145.

19 M. Durany Castrillo, La región del Bierzo en los siglos centrales de la Edad Media, 1070-1250, Santiago de Compostela, 1989, pp. 25 et 28.

20 M. Durany Castrillo et M.C. Rodríguez González, « Intereses económicos, jurίdicos y eclesiásticos del monasterio de Samos en la localidad berciana de Vilela (siglos x al xiii) », Galicia en la Edad Media, Madrid, 1990, pp. 87-105.

21 S. Aguadé Nieto, « Transformaciones del poblamiento rural en Asturias durante la alta edad media : la villa », Boletίn del Instituto de Estudios Asturianos, no 104, 1981, pp. 621-665 et id. De la sociedad arcaica a la sociedad campesina en la Asturias medieval, Madrid, 1988.

22 J.A. García de Cortázar et C. Dίez, La formación de la sociedad hispano-cristiana del Cantábrico al Ebro en los siglos viii a xi. Planteamiento de una hipótesis y análisis del caso de Liébana, Asturias de Santillana y Trasmiera, Santander, 1982, pp. 90 et 104-108.

23 C. Dίez Herrera, La formación de la sociedad feudal en Cantabria. La organización del territorio en los siglos ix al xiv, Santander, 1990, pp. 95-107.

24 Un célèbre texte de 913, concernant l’abbaye de St. Joan de les Abadesses, permet de situer entre 3 et 26 le nombre de foyers de 21 villae ou villaria : P. Bonnassie, « La croissance agricole du haut Moyen Âge dans la Gaule du midi et le Nord-Est de la péninsule Ibérique : chronologie, modalités, limites », La croissance agricole du Haut Moyen Âge. Chronologie, modalités, géographie, Flaran, no 10, 1988, pp. 13-35, spécialement p. 22.

25 P. Bonnassie, La Catalogne du milieu du xe à la fin du xie siècle. Croissance et mutations d’une société, Toulouse, 1975, vol. I, pp. 215-219.

26 P. Bonnassie, La Catalogne du milieu du xe à la fin du xie siècle. Croissance et mutations d’une société, Toulouse, 1975, vol. I, p. 468 et P. Bonnassie - P. Guichard, « Les communautés rurales en Catalogne et dans le pays Valencien (ixe - milieu du xive siècle) », Les communautés villageoises en Europe occidentale du Moyen Âge aux Temps modernes, Flaran no 4, Auch, 1984, pp. 79-115.

27 Isti supradicti hommes infra iam dictos terminos domos et curtes hedificauerunt, uineas complantauerunt..., J.M. Marquès (ed.), Cartoral dit de Carlemany, del bisbe de Girona (s. IXXIV), Barcelona, 1993, vol. I, doc. no 31 et 32, pp. 108-112. R. Marti, « La integració a l’“alou feudal” de la Seu de Girona de les terres beneficiades pel “règim dels hispani”. Els casos de Bàscara i Ullà, segles ix-xi », La formació i expansió del feudalisme català. Estudi General, no 5-6, Girona, 1985-86, pp. 49-62.

28 J.M. Salrach, « Mas prefeudal i mas feudal », J. Bolòs - J.J. Busqueta (eds.), Territori i societat a Tedat mitjana. Historia, Arqueologia, Documentació, vol. I, 1997, université de Lleida, pp. 13-40, dont j’ai repris les exemples cités par la suite.

29 Mansibus IIII quod commutavimus ad Olibane, comiti, cum eorum territoriis..., ou duos mansos in villa Abundanti cum omne alodem meum quod ibidem habeo que ad ipsos masos pertinet.

30 Par exemple : infra termino de villa Asenarii vel de Cocolellos masos IIII.

31 J. Villanueva, Viage literario a las Iglesias de España, Madrid, 1850, vol. XXV, pp. 254-262.

32 F. Monsalvatje y Fossas, Notίcias Históricas del condado de Besalú, Olot, 1898-1910, vol. XI, doc. 112, pp. 185-186 et doc. 83, pp. 167-168.

33 Par exemple aux limites du finage paroissial de l’église d’Albanyà, en 957, on rencontre une mansione Radone, et une domum Absaloni presbiteri, en plus d’une speluncam Agovardi : P. de Marca, Marca Hispaníca, Paris, 1688, ap. 94, col. 874-875.

34 P. Bonnassie, La Catalogne..., vol. I, pp. 244-246.

35 J.M. Salrach, « Mas prefeudal i mas feudal », pp. 30-33.

36 J.M. Salrach « El comte Guifré de Besalú i la revolta de 957 » Amics de Besalú. II As semblea d’estudis del seu comtat, 1973, pp. 3-30. L’auteur signale la collusion des révoltés avec des familles ayant bénéficié des privilèges d’immunité carolingiens et qui auparavant auraient été comtales.

37 Ipso manso quod Sesemundus mihi composuit per ipso homicidio unde consiliarius fuit de ipso homine nomine Adroario... quod mihi dederunt in compositionem pro placito quod ante me habuerunt, J. Villanueva, Viage literario..., vol. XV, doc. 25, pp. 254-262. Document analysé par J.M. Salrach, « El comte-bisbe Miro Bonfill i la seva fundació i dotació de Sant Pere de Besalú (977-978) », Annales del Patronat d’Estudis Històrics d’Olot i comarca, Olot, 1989, pp. 9-44.

38 Propter ipsum forisfactum quod fecimus et propter ipsum placitum que nos condemnavit et per ipsam legem quod nos debemus componere : F. Monsalvatje, Notίcias históricas..., vol. XI, doc. 156, pp. 216-217 et doc. 157, pp. 281-219.

39 R. Martí, « Territoris en transició als Pirineus catalans », La vida medieval als dos vessants del Pirineu. Actes del 3r curs d’arqueologia d’Andorra, Andorra, 1995, pp. 37-83 et id., « L’alou a la documentació catalana d’època comtal : solució d’un problema historiogràfic genèric », La vida medieval als dos vessants del Pirineu. Comunitats pageses. Estructures d’habitat. Cultura material. El registre de dades arqueològic. Actes del 4t curs d’Arqueologia d’Andorra, Andorra, 1997, pp. 28-60.

40 P. Bonnassie, La Catalogne..., vol. I, pp. 222-223.

41 J.A. Garcίa de Cortázar, La sociedad rural..., pp. 70 et ss. et pour les Asturies : J.I. Ruiz de la Peña, Las « polas » asturianas en la edad media. Estudio y diplomatario, Oviedo, 1981, p. 161 et ss. Dans la Tierra de Campos plus de 100 petits noyaux de peuplement ont disparu entre le xe et le milieu du xiiie siècle en parallèle au développement des villes nouvelles : P. Martinez Sopena, La Tierra de Campos occidental..., pp. 56-57.

42 P. Bonnassie, La Catalogne..., vol. I, pp. 444-445 qui signale l’importance des essarts intercalaires dans la zone d’influence du monastère de Sant Cugat.

43 J. García Fernández, « Notas sobre el poblamiento de Asturias », Estudios Ceográficos, XXXVI, 138-139, fevrier-mai 1975, Homenaje a D. Manuel Terán, pp. 395-416. Voir aussi les exemples très explicites où l’on prévoit parfois la construction d’une « caserίa aislada » ou de petits groupements : J.I. Ruiz de la Peña, « Fueros agrarios asturianos del siglo xiii » Asturiensia Medievalia, 4, Oviedo, 1981, pp. 131-196.

44 T.N. Bisson, Fiscal Accounts of Catalonia under the Early Count-Kings (1151-1213), Berkeley, 1984, vol. I, p. 47.

45 J.M. Salrach, « Formació, organització i defensa del domini de Sant Cugat en els segles x-xii », Acta historica et archaeologica mediaevalia, vol. 13, Barcelona, 1992, pp. 127-173. R. Viader, « Autour d’une pratique juridique : les contrats agraires des archives capitulaires de Barcelone (xie-xiiie siècle) », Acta historica et archaeologica mediaevalia, vol. 16-17, Barcelona, 1995-96, pp. 147-165, l’auteur cependant nous met en garde d’identifier trop vite les mas des contrats avec de vraies exploitations agraires familiales.

46 J. Bolòs, El mas, el pages i el senyor. Paisatge i societat en una parroquia de la Garrotxa a l’edat mitjana, Barcelona, 1995, pp. 77-79, pp. 104-107 ou p. 214.

47 Les villa de Morraniano et villa de Molino vetere de l’année 940 sont des mas dans une copie interpolée de 1298 d’un texte de 965 : F. Monsalvatje, Notίcias históricas..., vol. XI, doc. 83, pp. 167-168 et doc. 142, pp. 208-209.

48 J. Bolòs, « L’habitat dispers a la Catalunya medieval », dans Catalunya i la França meridional a l’entorn de l’any mil. Actes del colloqui internacional Hug Capet, Barcelona, 1991, pp. 261-268.

49 M. Aventίn, Vilamajor 872-1299. De la fi del sistema antic a la consolidació del feudalisme, Sabadell, 1990, pp. 47-49.

50 C’est l’avis de J. Bolòs, « El territori i els seus límits. El poble, la parròquia i el castell a l’edat mitjana », id. et J.J. Busqueta, Territorí i societat a l’Edat mitjana. Història, Arqueologia, Documentació, vol. I, Lleida, 1997, pp. 41-82.

51 Domibus destructis et una domo constructa, Bibliothèque de Catalunya, Barcelona, parch, num. 10027.

52 L’espace destiné aux hommes a une superficie de 45,5 m2 et beaucoup de données confirment qu’il s’agit d’un mas pauvre : J. Bolòs (ed.), Un mas pirinenc medieval : Vilosiu B (Cercs, Berguedà), Lleida, 1996.

53 Autres données archéologiques concernant des mas dans : M. Riu « El habitat en Cataluña en la Alta Edad Media (siglos ix-xii) », Atti del Colloquio Internazionale di Arqueologia Medievale, Palermo, 1976 et A. Serra, « Análisis de la distribución espacial en la subcomarca del Collsacabra : Tavertet y Sorerols (Osona) en los siglos x-xv », IV Congreso de Arqueologίa Medieval Española, Alacant, 1993, vol. II, pp. 467-483.

54 J. Bolòs (ed.), Un mas pirinenc..., p. 38 une exploitation avec un troupeau surtout composé d’ovins.

55 Ipsam cabaneriam que est iuxta predictum mansum, dans le comté de Besalú, en 1114 : Bibliothèque de Catalunya, parch, num. 9922. Un autre mas peut avoir deux cabanes : E. de Hinojosa, El régimen señorial y la cuestión agraria en Cataluña durante la edad media, Madrid, 1905, p. 45.

56 J. Bolòs, El mas, el pagès i el senyor..., pp. 97-98, carte à la p. 100.

57 E. Mallorquί, « El mas com a unitat d’explotació agrària. Repàs dels seus orίgens », Quaderns. Centre d’estudis comarcals de Banyoles, no 19 (El mas medieval a Catalunya), 1998, pp. 45-64.

58 C. Cuadrada, El Maresme medieval : les jurisdiccions baronals de Matarό i Sant Vicenç/Vilassar (habitat, economia i societat, segles x-xiv), Barcelona, 1988, pp. 57-58, 66-67 et 71.

59 M. Aventίn, Vilamajor 872-1299..., p. 86, avec carte aux pp. 46-47, et id. La societat rural a Catalunya en temps feudals. Vallès oriental, segles xiii-xvi, Barcelona, 1996, p. 125.

60 A. Pladevall, « La disminució del poblament a la Plana de Vich a mitjans del segle xiv », Ausa, núm. 4,1961-63, pp. 364-365 et A. Serra, La comunitat rural a la Catalunya medieval : Collsacabra (s. xiii-xvi), Vic, 1990, pp. 27-31. Et ailleurs en Catalogne : F. Sabaté, El territori de la Catalunya medieval. Percepció de l’espai i divisió territorial al llarg de l’edat mitjana, Barcelona, 1997, pp. 61-72.

61 J. Vilà Valentí, El mon rural a Catalunya, Barcelona, 1973, pp. 67 i 70.

62 F. Breton, Maisons et communautés dans la vieille Catalogne, thèse de l’ehess, Paris, 1981, on peut se rapporter aussi à id., « El territori del mas en el Montseny », Aixa. Revista anual de la Gabella. Museu etnològic del Montseny, no 5, Arbúcies, 1992, pp. 29-57, et Y. Barbaza, Le paysage humain de la Costa Brava, Paris, 1966 (trad. catalane : El paisatge huma de la Costa Brava, Barcelona, 1988, p. 343).

63 Sur les sous-acensements : A.L. Sanz, « La Pabordia d’Aro de la Catedral de Girona, 1180-1343 », La formació i expansió del feudalisme català, Estudi General, no 5-6, Girona, 1985-86, pp. 419-436. Sur l’embauche de domestiques et salariés et les hiérarchies paysannes en général : J. Fernández i Trabal, Una famίlia catalana medieval. Els Bell-Hoc de Girona 1267-1533, Barcelona, 1995, pp. 178 et 192.

64 O. Anguera de Sojo, « Dret especial de la comarca de Vic », dans Conferències sobre varietats comarcals del Dret Civil Català, Barcelona, 1934, pp. 273-340, spécialement, pp. 315-316. Un bon bilan de la problématique dans E. Serra, Pagesos i senyors a la Catalunya del segle xvii. Baronia de Sentmenat 1590-1729, Barcelona, 1988. Voir aussi les travaux cités dans les notes précédentes.

65 À plusieurs reprises on retrouve dans le texte des expressions du genre : « l’évêque a par usage, dans les maisons de Sanahuja... », « les paysans de Sanahuja... doivent donner à l’évêque... », « Les hommes de Sanahuja doivent... » : P. Bonnassie, La Catalogne..., vol. II, pp. 575-576.

66 Les inventaires des domaines comtaux en fournissent un magnifique exemple. On a remarqué que l’organisation en mas rendait plus simples les calculs : T.N. Bisson, Fiscal Accounts..., vol. I, pp. 31-32.

67 Archives du monastère de Montserrat, parchemins de St. Pere de Besalú, num. 9.

68 Les trois premières du moins ont été déjà signalées de façon très suggestive par un classique de l’histoire rurale catalane : E. de Hinojosa, El régimen señorial..., pp. 66-67.

69 L. To Figueras, « Le mas catalan du xiie s. : genèse et évolution d’une structure d’encadrement et d’asservissement de la paysannerie », Cahiers de civilisation médiévale, xxvie année, no 2, avril-juin, 1993, pp. 171-174.

70 P. Freedman, The origins of peasant servitude in medieval Catalonia, Cambridge, 1991.

71 J.M. Pons Guri (ed.), Les colleccions de costums de Girona, Barcelona, 1988, édition qui rassemble plusieurs versions de la coutume du bas Moyen Âge. voir en particulier art.15, pp. 68-70 ; art.38, p. 88 ; art, 136, p. 155 ; art.42, p. 139, ou dans la version de Tomàs Mieres, XVII. De emptione et venditione rubrica, pp. 295-297, et XXV, 7, p. 314. Le même principe est affiché au début d’un censier d’une seigneurie du comté de Barcelone, en 1360 : C. Cuadrada, El Maresme medieval..., pp. 328-337.

72 À partir des textes : J. Fernandez i Trabal, Una famίlia..., p. 157. À partir de l’étude de la toponymie et du terroir : J. Bolòs, El mas, el pagès i el senyor..., pp. 110-112.

73 Dans un exemple éclairant, un paysan nie avoir un mas là où il n’a que des cabanes provisoires pendant les temps de la moisson : J.M. Salrach, « Mas prefeudal i mas feudal », p. 38, note 65.

74 Propter pravorum hominum malitiam qui distruebant mansos : P. Bertran, « La fundació de Vilaplana (Baronia de Rialb, La Noguera) al 1171 », Ilerda, XLVI, 1985, pp. 329-333.

75 Et non poterit excusari ulterius a predictis faciendis, licet dicat quod mansus suus est ita fortis quod possit defendi sine adiutorio illius castri : J.M. Pons (ed.), Les collections..., art.68, pp. 112-114.

76 J.A. García de Cortázar, La sociedad rural..., p. 53.

77 E. Portela, La región del obispado de Tuy en los siglos xii a xv. Una sociedad en la expansión y en la crisis, Santiago de Compostela, 1976, pp. 85-86 et 136-137 ; M.L. Rίos Rodríguez, « El casal medieval gallego : contribución al estudio de una unidad de poblamiento y explotación (siglos xi al xiii) », Galicia en la Edad Media, Madrid, 1990, pp. 109-126 id. As orixes do foro na Galicia medieval, Santiago de Compostela, 1993, pp. 193-194.

78 J.I. Ruiz de la Peña, « Fueros agrarios... » et M.J. Suárez Alvarez, « Los contratos agrarios del monasterio de San Vicente de Oviedo en el siglo xiv », Semana de Historia del Monacato Cántabro-Astur-Leonés, Oviedo, 1982, pp. 271-300. Mais le peuplement dispersé des Asturies est aussi le résultat des défrichements des xviiie-xixe siècles : J. García Fernández, « Notas sobre el poblamiento... », pp. 409-410.

79 J.A. García de Cortázar, « Espacio y poblamiento en la Vizcaya altomedieval : de la comarca al caserío en los siglos xi al xiii », En la España medieval, II, Estudios en memoria del profesor D. Salvador de Moxó, Madrid, 1982, pp. 349-365.

80 M. Durany, La región del Bierzo..., pp. 123-124 ; C. Dίez, La formación..., pp. 175-185 ; E. Pena, « El solar en el ámbito del Obispado de Burgos en los siglos xi y xii : elemento de ordenación socioespacial y presión feudal », III Jornadas Burgalesas de Historia. Burgos en la plena Edad Media, Burgos, 1994, pp. 699-713, et id. La atribución social..., pp. 156-159.

81 C. Estepa, « Propietà, evoluzione delle strutture agrarie e trasformazioni sociali in Castiglia (secoli xi-xii) », Strutture e trasformazioni della signoria rurale nei secoli x-xiii, Annali dell’Istituto storico italo-germanico. Quaderno no 44,1996, pp. 411-443.

82 Par exemple : Mañería, homicidios, caloñas : J. Faci, « Vocablos referentes al sector agrario en León y Castilla durante la Alta edad media », Moneda y crédito, no 144, mars 1978, pp. 69-87. Voir aussi : C. Dίez, La formaciόn …, pp. 189-191.

83 Transmission des « casales » sans partage dans les domaines monastiques par rapport à la fragmentation des casaux des paysans indépendants : E. Portela, La region del obispado de Tuy..., pp. 138 et 156, cité par J.A. García de Cortázar, La sociedad rural..., p. 81. Voir aussi : R. Pastor, I. Alfonso, A. Rodríguez, P. Sánchez ; Poder monástico y grupos domésticos en la Galicia Foral (siglos xiii-xv). La Casa. La comunidad, Madrid, 1990 et M.L. Ríos, « El casal... », pp. 119-120.

84 M.L. Ríos, As ornes do foro..., pp. 151-173 et 215-227.

85 J. Barreiro, El señorίo de la iglesia..., pp. 420-423. Dans la région du Bierzo, les seigneurs font échouer des fondations royales pour éviter la perte d’habitants : M. Durany, La region del Bierzo..., pp. 88-90.

86 M.R. García Alvarez, Galicia y los gallegos..., pp. 72-73.

87 . C. Laliena, Sistema social, estructura agraria y organización del poder en el Bajo Aragon en la Edad Media (siglos xii-xv), Teruel, 1987, p. 57 ; E. Ruiz Budrίa, Hábitat disperso y explotación del territorio. Las masίas de Mora de Rubielos, Teruel, 1990, p. 11. Suivant un modèle plus proche de celui décrit par A. Durand pour le Languedoc : « Les systèmes de culture dans les garrigues et premiers contreforts montagneux languedociens aux xie et xiie siècles », Campagnes médiévales : l’homme et son espace. Études offertes à Robert Fossier, Paris, 1995, pp. 177-188.

© Presses universitaires du Midi, 1999

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