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Foires et marchés

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Christian Desplat

Foires et marchés dans les campagnes italiennes au Moyen Âge

Giovanni Cherubini

Texte intégral

  • 1 A.A. Settia, « Per foros Italie, Le area extraurbane fra Alpi e Appennini », dans Mercati e mercan (...)
  • 2 L. Zdekauer, Fiera e mercato in Italia sulla fine del Medioevo, Macerata, 1920.
  • 3 F. Carli, Il mercato nell’ età del Comune, Padoue, 1936.
  • 4 G. Mira, Le fiere lombarde nei secoli XIV-XVI. Prime indagini, Come, 1955 ; id., « L’organizzazion (...)
  • 5 R. Nuti, La fiera di Prato attraverso ai tempi, Prato, 1939 ; R. Marcucci, « Sull’origine della fi (...)
  • 6 À ce propos, voir G. Cherubini, « La storia dell’agricoltura fino al Cinquecento », dans La storio (...)
  • 7 R. Comba, Per una storia exonomica del Piemonte medievale. Strade e mercati dell’area sud-occident (...)

1L’excellente synthèse de Aldo A. Settia sur les marchés de la plaine du Pô jusqu’à la fin du XIe siècle1 nous dispense d’affronter la question pour cette période : nous nous y référerons pour certains aspects indispensables, mais nous allons donc surtout concentrer notre attention sur les derniers siècles du Moyen Âge. Précisons d’emblée que la bibliographie sur les foires, et plus encore sur les marchés italiens, est tout aussi pauvre pour le bas Moyen Âge. On dispose malgré tout de quelques vieilles synthèses sur les foires2 et sur les marchés3, et d’études régionales sur les foires de la Lombardie, de l’Ombrie, de l’Italie du Sud et de la Sicile4. Enfin, les foires de Prato, Senigallia, Bolzano et Cesena ont fait l’objet de monographies précises5. À une plus petite échelle, on peut aisément affirmer que la production scientifique sur le monde rural, considérable depuis les vingt ou trente dernières années6, n’a pas pris en compte la question des foires et des marchés dans les campagnes, à quelques rares exceptions près.7

  • 8 L. Zdekauer, Fiera e mercato…, op. cit., p. 13.
  • 9 A. Grohmann, Le fiere del Regno di Napoli…, op. cit.
  • 10 Ibid., pp. 21-22 où l’auteur se réfère à G. Mira, « La dottrina economica mercantilista », dans Ci (...)

2Aussi, dans la tentative de fournir un panorama d’ensemble, se trouve-t-on obligé à glaner ça et là quelques notices dans des travaux consacrés à d’autres arguments, et donc à soulever un certain nombre de problèmes plutôt qu’à avancer de véritables conclusions. On pourrait, tout au plus, s’interroger sur les raisons de cette pauvreté d’informations sur les foires et marchés dans ces innombrables travaux sur la société rurale. Avançons prudemment l’hypothèse que le renouveau commercial, si important dans l’Italie de la seconde moitié du Moyen Âge, a amené les chercheurs à se concentrer essentiellement sur les aspects plus constants du commerce, c’est-à-dire sur les échanges quotidiens qui avaient lieu dans les villes, entre les villes et leur campagne ou encore sur de plus grandes distances, plutôt que sur les échéances commerciales périodiques comme, justement, les marchés et les foires. Peut-être a-t-on même considéré le marché, et plus encore la foire, comme l’expression d’une phase plus arriérée, ou en tous cas marginale, de l’échange par rapport au commerce permanent et stable ? Ainsi n’a-t-on pas posé le problème de la coexistence de ces deux formes d’échange et, éventuellement, de la différente signification de l’échange périodique à des époques différentes et d’une région à une autre ; ce qui aurait nécessité de la situer plus généralement dans le climat économique et commercial. Cependant, il y a presque quatre-vingts ans de cela, Lodovico Zdekauer avait remarqué que les corporations marchandes urbaines avaient opposé une résistance acharnée à l’institution des foires. Il me semble pourtant que cette idée intéressante, et qui se réfère en premier lieu à l’Italie centrale et septentrionale, n’a pas été reprise de façon explicite, pour la confirmer, la nuancer ou la réfuter8. Plus récemment, certains chercheurs ont au contraire mis en exergue le développement du système des foires méridionales entre l’époque des Souabes et la période aragonaise en le reliant à la croissance du commerce à distance et aux conditions économiques et des transports de ces contrées9. D’autres encore considèrent que, entre la fin du XIVe et le XVe siècle, la naissance des Etats seigneuriaux et régionaux et leur orientation vers une politique économique protectionniste expliquent la diffusion des foires dans certaines régions de l’Italie du Nord10.

  • 11 A.A. Settia, « Fer toros Italie… », op. cit., tableau no 1.
  • 12 E. Zdekauer, Fiera e mercato…, op. cit., p. 5 et suiv.

3Mieux que toute autre région européenne, l’Italie – caractérisée durant l’époque romaine par un dense réseau urbain, la qualité des routes et des échanges – permet de mesurer l’ampleur de la décadence de la viabilité, le déclin et la disparition de nombreuses villes, la ruralisation de la vie économique durant le haut Moyen Âge, sans pour autant méconnaître la persistance d’un niveau d’échanges relativement important. Dans l’Italie centrale et septentrionale, entre le début de l’époque lombarde et le XIe siècle, on dispose de descriptions qui font état de la qualité et du volume des échanges à l’intérieur des curtes et entre les curtes et le monde extérieur, et en particulier les villes. Dans la plaine du Pô, au moins à partir de la fin du VIIIe siècle, on connaît l’existence de marchés hebdomadaires, mensuels ou annuels (une véritable définition de foire n’étant pas encore acquise). Si l’on en compte deux au siècle, par la suite, sur la base de la documentation qui nous est parvenue, on en dénombre dix-neuf autres au IXe, cinquante-huit au siècle suivant et cinquante et un autres au XIe siècle, pour un total de cent trente marchés11. Depuis un certain temps, on a également attiré l’attention sur toute une série de rassemblements qui ont une connotation de foire et qui, dès le IXe et le Xe siècles, jalonnent toute la vallée du Pô et la côte adriatique jusqu’aux Pouilles ; un phénomène qu’il faut mettre en relation avec l’intensification des trafics, en particulier entre les deux rives de l’Adriatique12.

  • 13 À ce propos, et pour de plus amples détails, voir G. Cherubini, « Il mercato nell’Italia medievale (...)
  • 14 Pour un marché de ce type, dont les caractéristiques ne sont pas seulement économiques, cf. G. Che (...)
  • 15 Ch. de la Roncière, Florence centre économique régional au XIVe siècle, 5 vol., Aix en Provence, 1 (...)

4L’historiographie a également mis en évidence comment l’Italie byzantine et musulmane ne s’était jamais totalement isolée par rapport au monde extérieur. L’importance de la naissance et du développement de nouveaux pôles marchands comme Amalfi, Gaeta et Venise a ainsi attiré l’attention. L’abondance des sources italiennes et non italiennes a plus encore facilité l’étude du développement commercial de l’Italie dans la période d’expansion commencée au moins dès le XIe siècle. Le rôle des villes maritimes comme de celles de l’intérieur a pu, à juste titre, être mis en avant, de même que le rôle national et international de leur commerce. À un certain point, on voit également se dessiner plus nettement le clivage entre une Italie du Nord qui exporte des produits manufacturés et une Italie méridionale, plus arriérée économiquement parlant, qui en revanche échange des denrées alimentaires et des matières premières. Dans toutes les villes du centre et du Nord de l’Italie, coexistent et s’opposent une tendance autarcique et une autre, plus favorable à une circulation des biens sur grandes distances ; vers la fin du XIIIe ou au début du XIVe siècle, cette dernière tendance apparaît gagnante malgré les nombreuses barrières politiques dues à l’émiettement des villes-états italiennes. Contrairement à ce qu’il advient hors d’Italie – on pense en particulier au moins aux foires de Champagne – et peut-être à l’exception du Mezzogiorno, ce commerce se fait surtout sous forme d’échanges réguliers entre une ville et une autre, entre une région et une autre et ne passe donc pas par un système périodique de foires et de marchés. Ceci n’empêche pas que s’établissent des voies commerciales plus fortes que d’autres et une hiérarchie entre les villes marchandes, avant même que les plus importantes ne soumettent les plus modestes. Du reste, ce développement des échanges ne pénètre pas avec la même intensité toutes les régions italiennes : on trouve encore un peu partout le principe de l’échange entre service et marchandise et certaines zones plus marginales connaissent peut-être aussi le troc. D’autre part, là où les échanges sont plus intenses, la terre et les personnes s’affranchissent tôt13. En ce qui concerne les besoins locaux, même dans les villes les plus évoluées, les biens ne sont pas tous échangés dans le cadre de l’échoppe : le marché, qui donne parfois son nom à une ou à plusieurs places, continue également à conserver une certaine importance. Je dirais même que, au moins pour certaines denrées et en particulier les denrées alimentaires comme les fruits, les légumes, les volailles ou le lait, le marché se tient quotidiennement. Ce sont les paysans des alentours qui y affluent, sans doute moins comme acheteurs que comme vendeurs du surplus de leurs récoltes et de leur basse-cour14. On remarquera cependant que, de par une sorte d’opposition historiographique traditionnelle entre échange suivi des biens et échange périodique, on n’a sans doute pas encore tout à fait saisi le rôle du marché hebdomadaire dans les campagnes et des foires un peu partout, un rôle non pas alternatif mais de structure complémentaire et de soutien du commerce dans son ensemble. Même si la question est encore loin d’être résolue, on pourrait tout au plus émettre l’hypothèse d’une moindre importance des foires dans des régions comme la Toscane où le commerce stable était plus fort et la présence des marchés hebdomadaires sans doute assez forte. Dans le contado florentin du XIVe siècle, contre cinq foires ou guère plus, on trouve en effet une cinquantaine de marchés hebdomadaires, certains actifs depuis fort longtemps, d’autres institués depuis peu, certains autres périclitant ou ayant été supprimés15.

  • 16 Sur ces problèmes cf. G. Cherubini, Le città italiane dell eta di Dante, Pise, 1991, pp. 7-11.

5Il faut également s’interroger sur le type de foires et de marchés que Ton peut définir « de campagne », qui avaient donc lieu dans des habitats dépourvus de caractéristiques urbaines. Dans l’Italie de cette période, le problème est loin de se résoudre facilement. En effet, les aspects économiques et sociaux ne coïncident pas toujours avec les cadres institutionnels pour pouvoir affirmer, sans risquer d’être démenti, que telle agglomération est effectivement une ville. De fait, on trouve parfois d’anciens habitats qui ont bel et bien un siège épiscopal mais qui, de par leur population et les activités exercées, ressemblent plutôt à un village. En revanche, même si le phénomène est moins répandu que dans d’autres régions de l’Europe, il existe des agglomérations d’origine ou de développement récent qui se sont constituées leur propre territoire, autonome, au sein du territoire d’une ancienne ville : à l’intérieur de leur enceinte, on trouve un certain nombre d’activités économiques et une structure sociale complexe de type urbain. Et pourtant, elles ne sont pas considérées comme des villes à part entière dans la mesure où elles ne sont pas encore à la tête d’un diocèse16. Nous opterons ici pour une résolution empirique de ce problème de définition, d’autant plus que le thème que nous traitons nous place en premier lieu sur le terrain de l’histoire économique et non pas sur celui de l’histoire politique et institutionnelle : nous définirons donc, malgré tout, comme des « villes » ces centres qui ne le sont pas encore sur le plan institutionnel car, de par leurs caractéristiques et leur dimension, il serait erroné de les considérer comme des centres ruraux. Tous, ou presque, se sont d’ailleurs affirmés sur le territoire environnant précisément grâce au fait que, au moins au départ, ils se sont développés comme lieu de marché. Nous considérerons en revanche comme ruraux de nombreux autres centres, parfois également assez peuplés, entourés de remparts, avec une population socialement différenciée et exerçant un certains nombre d’activités économiques, mais qui se trouvent intégrés dans le territoire d’une ville qui les soumet à son régime économique. Toujours selon cette même définition empirique, en Italie centrale et septentrionale en particulier, là où le particularisme urbain implique également une hiérarchie très précise entre ville et territoire, il serait excessif de considérer ce second groupe d’habitats comme des villes. Enfin, il nous semble également utile de préciser que, dans les limites de cet exposé, nous n’affronterons pas, si ce n’est que très rapidement, des thèmes importants tels que ceux de la production et de la consommation, des communications et des moyens de transport, de la circulation monétaire et des formes de paiement.

  • 17 G. Mira, Le fiere lombarde…, op. cit. ; id., « L’organizzazione fieristica… » op. cit. ; id., « Pr (...)
  • 18 A. Grohmann, Le fiere del Regno di Napoli…, op. cit., pp. 303 et suiv.

6À l’occasion d’une foire, une ou deux fois par an, pendant les quelques jours ou parfois même les semaines durant lesquels elle se déroule, les habitants du lieu côtoient des marchands venus de loin. Aux XIVe et XVe siècles, on sait qu’il existe un véritable système de foires qui se succèdent au cours de l’année de façon à ne pas faire coïncider les dates : c’est le cas en basse Lombardie, en Ombrie17, dans le Royaume de Naples à l’époque aragonaise, qui comprenait les régions méridionales des Abruzzes, du Molise, de la Campanie, de la Basilicate, des Pouilles et de la Calabre. Dans le Royaume de Naples, entre le 8 et le 10 janvier, la foire de Castellammare di Stabia inaugurait le calendrier annuel des quelques deux cents manifestations commerciales, la dernière étant celle de Caiazzon le 26 décembre18. Beaucoup de ces innombrables foires pourraient être considérées, avec peut-être encore plus de prudence que dans le cas de l’Italie du centre et du Nord, comme des foires rurales. Dans le Mezzogiorno, à côté de villes à proprement parler comme l’Aquila, Sáleme, Naples, Sulmona, Cosenza, Barletta ou Bari, on trouve en effet de nombreux habitats plutôt modestes mais qui ont un siège épiscopal et d’autres agglomérations assez peuplées mais qui ont beaucoup moins que dans le centre et le nord de l’Italie des activités économiques et une structure sociale de type urbain. Ainsi, en Campanie, les foires de Limata, Santa Maria Capua Vetere, Santa Maria a Vico, Monterusco, Torre le Nocelle, Montemiletton, Taurasi, Candida, Atripalda, Forino, San Giacomo di Gioi doivent probablement être considérées comme des foires rurales. On retrouve ce même type de situations dans la plupart des régions.

  • 19 Ibid., p. 408 sub voce « bestiame » e p. 502 sub voce « panni ».
  • 20 Ibid., pp. 193 et suiv.
  • 21 R. Comba, Per una storia economica…, op. at., pp. 22, 25, 57, 61, 64, 67.

7Dans les foires, les échanges concernent aussi bien les produits locaux que ceux de provenance plus lointaine, et de toutes façons leur valeur doit être suffisamment conséquente pour pouvoir supporter les coûts du transport. C’est bien le cas, sur les foires de l’Italie du sud, du bétail local et des étoffes apportées par les marchands venus du Centre et du Nord19. Je ne donnerai qu’un seul exemple. À la fin du XVe siècle, dans la Calabre intérieure, à Senise se tient une foire du 10 au 12 mai dont il nous est parvenu une bonne documentation. En 1488, trois cent cinquante acheteurs et six cent huit vendeurs y affluent, en provenance de plus de cent cinquante localités du Royaume de Naples, mais également, dans un certain nombre de cas, des États de l’Église et d’ailleurs. Durant les trois jours de foire, le rythme des achats et des ventes de bétail est intense : environ sept cents contrats sont stipulés et concernent plus de dix mille têtes, dont plus de quatre mille porcs – un chiffre qui reflète une tradition d’élevage millénaire de la Lucanie – plus de deux mille moutons, trois mille sept cents bovins, plus un certain nombre de chevaux, ânes et mulets20. On peut établir une comparaison avec ce qu’il se passe dans les vallées sud-occidentales du Piémont où le bétail représente également le bien d’échange le plus important, mais semble-t-il dans des proportions moins considérables, et où les foires comme les marchés sont essentiellement locaux, même si parfois les bovins et les ovins partent en direction de Nice ou de Gênes21.

  • 22 Bonvesin da la Riva, De Magnalibus Mediolani, texte avec traduction de G. Pontiggia, introduction (...)
  • 23 G. Fasoli, « Il mercato nella vita contadina », dans Espressioni sociali e luoghi di incontro (« C (...)
  • 24 Ch. de la Roncière, Florence centre économique régional…, op. cit., III, pp. 947 et suiv. ; pour l (...)
  • 25 Edictum terribile induxit totius Italiae partibus abhorrendum, et morti proximum et egestati scili (...)
  • 26 A. Grohmann, Lefiere del Regno di Napoli…, op. cit., p. 28.
  • 27 Un exemple dans G. Pasquali, Economia e società a Figline alla fine del Quattrocento, Figline Vald (...)
  • 28 G. Fasoli, « Il mercato nella vita contadina », op. cit., p. 92 fait une allusion à ce problème.
  • 29 N. J. Pounds, An Economic History of Medieval Europe, Londres-Nex York, 1978, p. 354.
  • 30 G. Pasquali, Economía e società…, op. cit ;, p. 55, note 18.

8En revanche, en ville comme à la campagne, les marchés satisfont localement les besoins d’une zone bien précise. On y échange des produits agricoles ou manufacturiers moins coûteux qui proviennent du lieu ou des environs. Entre le XIIIe et le XVe siècles, lorsque d’ailleurs la documentation devient plus abondante, dans toutes les campagnes de l’Italie centrale et septentrionale apparaît un réseau serré de marchés : tel est le cas en Lombardie22, en Emilie23, en Toscane24 et ailleurs encore. À la différence des foires, les marchés de l’Italie du Sud sont en revanche moins connus. Une loi de Roger II de 1140 relative à la circulation monétaire mentionne explicitement leur existence25, mais il est difficile de comprendre quel était alors le sens précis du terme marché, c’est-à-dire selon quel rythme ils s’effectuaient, de même que Ton ne connaît pas le niveau de leur diffusion dans les campagnes. Toutefois, la documentation postérieure signale également de façon explicite l’existence de certains marchés26. À cette époque, les marchés ruraux étaient généralement hebdomadaires mais, dans certains centres plus importants, ils pouvaient aussi avoir lieu deux fois par semaine27. On ne sait pas si, dans l’établissement de l’échéance des marchés régionaux ou des marchés des contadi des villes, jouait la préférence pour un jour plutôt qu’un autre28. En revanche, nous avons des exemples de marchés dont le jour change au fil des siècles. Malgré le souhait, compréhensible, de tous les habitats d’un certain poids d’obtenir le droit de faire un marché, le réseau de ces manifestations commerciales ne pouvait pas être trop serré afin de leur permettre d’être viables. Pour l’Angleterre, on calculait empiriquement qu’un homme ne pouvant pas parcourir plus de vingt miles en un jour, six miles et deux tiers de miles représentaient la limite spatiale à l’intérieur de laquelle un nouveau marché pouvait nuire à ceux préexistants. En effet, un individu qui se rendait au marché ne pouvait passer toute la journée ne déplacement. Les vingt miles hypothétiques se réduisaient en fait à treize miles et un tiers, aller et retour, car un tiers de la journée devait être employé sur le marché29. La législation florentine concernant les marchés ne devant pas avoir lieu le même jour dans deux endroits différents parle également d’une distance de six miles30.

  • 31 Ch.M. de la Roncière, Florence centre economique regional…, op. cit., III, p. 970 ; G. Pasquali, E (...)
  • 32 Ch.M. de la Roncière, Florence centre économique régional.,.,op. cit., Ill, pp. 969-970.
  • 33 G. Pinto, Il libro del Biadaiolo. Carestie e amona a Firenze dalla metà del’ 200 al 1348, Florence (...)
  • 34 T. Garzoni, La piazza universale di tutte le professoni del mondo, Venise, 1585, cit. dans G. Faso (...)
  • 35 Cf. V.R. Giustiniani, Il testo della « Nencia »…, op. cit., pp. 88-89.
  • 36 Ch. M. de la Roncière, Florence centre économique régional…, op. cit., Ill, pp. 1010-1011. De nomb (...)

9La présence très marquée, en premier lieu, de marchés locaux hebdomadaires, et, ensuite, de foires annuelles ou à échéance plus rapprochée, montre en tous cas que seule une partie – difficilement quantifiable – des échanges advenait dans le cadre de l’échoppe ; d’autre part, faute de recherches plutôt que de sources, on ne sait encore rien sur la place que le commerce ambulant occupait dans les campagnes. Cette considération vaut également pour ces centres plus importants et fortifiés dont nous avons fait mention et qui abritaient à l’intérieur de leurs remparts un certain nombre de boutiques d’artisans et de petits commerçants : le forgeron, le cordonnier, le boulanger, l’apothicaire, etc. Nous prendrons comme exemple certaines localités toscanes bien étudiées : au XIVe comme au XVe siècle, sur leurs marchés s’échangent en particulier des céréales et du bétail, des bœufs, des ânes, des porcs, des moutons et des agneaux, des chèvres et des chevreaux, du gibier, des animaux de bassecour (poulets, canards, etc.). Mais on y trouve également de la mercerie, des articles en fer, des clefs, des chaussures, différents types d’étoffes, de la laine, du lin, de l’étoupe, de la cire, des glands, des haricots, des lentilles, des fèves, des pois, des légumes, du pain, de l’huile, du fromage, des œufs, de la chapelure, des fruits, des châtaignes. On a pu calculer que, durant l’année 1331, un ce ces marchés avait été fréquenté par des individus provenant de trente-huit localités différentes ; au XVe siècle, son rayon d’action dépasse largement les six miles dont parle la législation mentionnée plus haut31. Toujours au XIVe siècle, dans six autres marchés toscans, La Roncière a rencontré des individus provenant respectivement de trente, trente et une, cinquante-trois, quatre-vingt-six, cent deux et cent trente-cinq localités différentes32. Les artisans et les paysans représentent sans doute la majorité des vendeurs : ils apportent sur ces places de marché leurs marchandises, leur bétail et autres denrées qu’ils vendent essentiellement aux habitants des lieux, aux paysans, à quelques spéculateurs. On a également souligné combien ces marchés étaient importants pour l’approvisionnement des villes33. Mais, comme l’écrit un écrivain émilien de la fin du XVIe siècle, « les foires et les marchés » « se tiennent plutôt pour les paysans que pour les autres »34. Ce sont effectivement surtout eux qui doivent se déplacer de la campagne vers la place du marché, et ils ne pourraient pas le faire très souvent au cours de la semaine. C’est encore aux paysans qu’un autre poète, d’une époque précédente, attribue la capacité de juger quels sont, dans les campagnes, les lieux de marchés les plus importants35. Mais, comme ils naissent, les marchés peuvent, pour diverses raisons, se transformer et même péricliter36.

  • 37 A.A. Settia, Per foros Italie…, op. cit., tableau no 2.
  • 38 Ibid., tableau no 3.
  • 39 G. Pasquali, Economía e società…, op. cit., p. 55, note 18.

10Les vicissitudes d’un marché sont, d’autre part, intimement liées au pouvoir politique. Le droit de « marché » est un droit souverain. La documentation qui nous est parvenue permet de calculer que, entre le VIIIe siècle et la fin du XIe, les rois d’Italie et les Empereurs instituèrent une quarantaine de nouveaux marchés rien que dans la plaine de Pô ; bien d’autres concessions n’ont donc sans doute pas laissé de traces37. Dans les trois quarts des cas, ces marchés ruraux furent concédés à des monastères, des évêchés et, dans une moindre mesure, à des chapitres38. Le droit de concéder, réglementer, modifier ou révoquer les marchés et les foires passe des souverains aux villes, et successivement aux seigneurs et aux princes. Dans l’Italie du Sud, le pouvoir des différentes monarchies qui se succèdent s’exerce de façon continue sur tout le système des foires. Cependant, des sources plus tardives qui évoquent dans certaines localités des marchés « selon la loi » et d’autres « selon la coutume »39 semblent indiquer que, parfois (ou peut-être dans la plupart des cas ?), la réalité précède la norme : des réunions périodiques et spontanées de vendeurs et d’acheteurs dans un endroit déterminé n’étaient reconnues par le pouvoir politique que dans un second temps.

  • 40 A.A. Settia, Per foros Italie.,.,op. cit., in fine.
  • 41 Variorum libri XII, A.J. Fridh, Turnholti, 1973, pp. 340-341 (VIII, 33), cité par A.A. Settia, « P (...)

11D’autre part, la concession d’un droit de marché ou de foire ne pouvait, en soi, en garantir le succès si n’étaient pas remplies un certain nombres de conditions favorables comme le passage d’une route ou d’un cours d’eau navigable, l’existence d’un port, d’un carrefour ou encore la complémentarité de productions entre des zones géographiques différentes. Qu’ils soient nés spontanément ou sur concession, il existe tout de même des marchés qui ont lieu en pleine campagne, sur des prés ou sur les berges d’un fleuve. Dans de telles situations, pour ainsi dire originelles, il est difficile de savoir quelles étaient les structures utilisées : étaient-elles provisoires ou permanentes, quand assistait-on à leur stabilisation40 ? La description que Cassiodore nous a laissé d’un marché qui avait lieu régulièrement en Lucanie à son époque peut être d’une certaine utilité en ce qui concerne les structures amovibles primitives. En effet, à l’occasion de cette manifestation, surgissait une ville éphémère faite d’édifices réalisés avec des branchages et destinés à ne durer que quelques jours41.

  • 42 Quelques exemples pour des localités voisines, ou pas trop éloignées les unes des autres, dans G. (...)
  • 43 G. Fasoli, « Il mercato nella vita contadina », op. cit., p. 94 ; G. Pasquali, economía e società… (...)
  • 44 Pour un exemple, cf. G. Cherubini, Una communità dell’Appennino dal XIII al XV secolo. Montecorona (...)

12Un simple coup d’œil sur certains statuts ruraux ou de castra révèle cependant que la communauté locale exerçait plus d’un droit sur son marché. En effet, les statuts, qui bien entendu devaient être approuvés par la ville ou les seigneurs locaux, contenaient également des normes concernant le marché ou la foire : elles réglementaient les poids et les mesures, garantissaient la sécurité, les immunité réservées à tous ceux qui se rendaient au marché, le nettoyage des rues et de la place où avaient lieu les négociations ; elles interdisaient les jeux de hasard, infligeaient une aggravation des peines pour les délits commis lors de la manifestation ; le marché était également le lieu où devaient être notifiées publiquement les peines infligées42. Les problèmes d’hygiène amenèrent probablement à attribuer aux différents types de marchandises un secteur précis du marché, en particulier en isolant le commerce du bétail43 qui, dans certaines localités, pouvait même être installé sous le porche de l’église. La nécessité de faciliter les échanges eut spontanément une influence sur l’unification des poids et des mesures sur tout le territoire sur lequel le marché rayonnait, et ceci bien avant que la loi s’en charge44, même si, avec le temps, le système des poids et des mesures de la ville, siège du pouvoir politique mais également le principal marché, tenta ou finit même par s’imposer.

  • 45 Sur ces themes, voir Th. Szabo, Comum e política stradale in Toscana e in Italia nel Medioevo, Bol (...)
  • 46 G. Cherubini, « Appunti sul brigantaggio in Italia alla fine del Medioevo », dans Studi di storia (...)

13Pour les pouvoirs supérieurs comme pour les communautés locales, le problème des routes et du réseau routier était tout à fait central et étroitement lié à l’organisation des foires et des marchés. Dans la mesure du possible, les routes devaient être redressées et gravillonnées afin d’éviter la formation de flaques, dotées de ponts là où les passages à gué étaient trop difficiles45. Mais avant tout, pour ceux qui se rendaient au marché, la sécurité des routes était d’une importance fondamentale, et un peu tous les pouvoirs, les monarchie du Sud ou les villes comme les seigneurs ou les princes, s’employèrent à la garantir avec plus ou moins de résultats. En fait, les communautés locales furent appelées à collaborer à la mise en place de cette politique qui, en réalité, ne concernait pas en premier lieu la tranquillité des marchés et de foires de campagne, mais plus généralement la sécurité du grand commerce et de tous les voyageurs46.

  • 47 A.A. Settia, « Per foros Italie… », op. cit. ; G. Fasoli, « Il mercato nella vita contadina », op. (...)
  • 48 G. Pasquali, Economia e società…, op. cit., p. 54.

14De toute évidence, le marché eut également une influence profonde sur la distribution du peuplement et sur la structure même des habitats. En effet, dans certains cas, l’activité de marché ne s’implanta pas sur un habitat préexistant mais en fut, au contraire, l’élément générateur : la survivance même de certains lieux-dits comme mercato, mercatale, ou foro en témoigne clairement, même si, au cours des siècles, certains d’entre eux subirent une transformation en faveur d’une dénomination plus spécifique dérivée, par exemple, du nom de l’église locale ou d’une borne milliaire romaine. Mais, qu’ils aient ou non conservé dans leur nom le souvenir de leur fonction initiale, dans de nombreux territoires de colline ou de montagne, les lieux de marché suscitèrent un glissement de l’habitat et du peuplement, provoquant parfois aussi le lent déclin des habitats situés sur les hauteurs47. Enfin, dans de nombreux centres, la présence d’un marché explique l’existence de grandes places, parfois entourées de couverts, dont la forme définitive fut toutefois obtenue progressivement après des améliorations intervenues au cours des siècles...48

  • 49 Vocabolario degli Accademici della Crusca, quinta impressione Firenze, 1863…, vol. VI, sub voce «  (...)
  • 50 Mercato « figurativamente vale gran quantita, copia, abbondanza, osimile di CHEC chessia », Vocabo (...)
  • 51 Je reprends, en partie, les considérations de G. Fasoli, « Il mercato nella vita contadina », op. (...)
  • 52 A. Grohmann, Lefiere del Regno di Napoli…, op. cit., p. 28.

15Le marché et la foire sont synonymes de bavardage bruyant, de discussions animées et vivaces, de boucan même : le dictionnaire de la Crusca rapporte par exemple des expressions comme fare un mercato (en français, l’expression correspondante est « faire la foire ») ou encore due donne fanno un mercato e tre una fiera (deux femmes ensemble font le vacarme d’un marché, à trois celui d’une foire)49. Les deux termes sont également synonymes d’abondance, de multitude de choses, de biens et de gens, selon le sens figuré qu’en donne toujours le dictionnaire de la Crusca50. En effet, l’animation du marché n’est pas seulement due aux échanges qui s’y pratiquent : c’est aussi un lieu de rencontre entre parents, amis ou voisins où l’on évoque les problèmes de son étable, de ses champs, de la récolte, des événements tristes ou gais de la famille. Au marché, on recueille et on distribue des nouvelles, des informations qui, à la limite, n’ont aucun fondement mais qui néanmoins suscitent un courant d’opinion ou une rumeur et des réactions précises. C’est encore au marché que l’on stipule toutes sortes de contrats devant le notaire. Lieu de rencontre où les jeunes gens peuvent faire connaissance, c’est là que l’on arrange les fiançailles, et peut-être, comme ce sera le cas plus tard, les foires et les marchés fixent les dates des mariages. Le jour du marché, on se retrouve aussi pour boire un verre ou deux à la taverne et, en définitive, il représente un des hauts-lieux de la sociabilité paysanne, probablement plus important que le dimanche au village51. Pour le Mezzogiorno aussi, nous disposons de témoignages précis qui indiquent bien cette pluralité de fonctions du marché. En 1487, à celui de Giffoni, une localité dans l’arrière-pays de Salerne, qui avait lieu sur la place de l’habitat, on vendait, certes, des denrées alimentaires et des produits de l’artisanat local, mais on stipulait aussi de nombreux contrats d’achat et de vente de terres, d’emphytéose, de donations, de mariage et de constitution de dot52.

  • 53 « Arrivando in tali luoghi, non è sconvenevole il dipartirsi anche senza prender commiato dai comp (...)
  • 54 G. Fasoli, « Il mercato nella vita contadina », op. cit., p. 92.
  • 55 F. Sacchetti, Il Trecentonovelle, E. Faccioli (ed.), Turin, 1970, p. 69.

16Au marché, il existe une sorte de liberté de comportement des individus qui vaut pour tout le monde : « In piazza o al mercato, ciascuno è licenziato » est une expression reportée par le dictionnaire de La Crusca qui signifie que, à cette occasion, il est permis de s’en aller sans prendre congé des gens que l’on a pu rencontrer53. Ces rendez-vous hebdomadaires, sont également un marché de la main d’œuvre où l’on engage les travailleurs saisonniers. Plus encore qu’à l’occasion des foires, sur les marchés circulent bon nombre de charlatans et de bouffons54, et une nouvelle de l’écrivain florentin Franco Sacchetti nous renvoie l’écho de leurs plaisanteries, souvent grossières, et des rires qu’elles étaient capables de susciter auprès d’un public pas toujours très raffiné. L’épisode se situe lors d’une fête de village, qui souvent coïncidait avec la foire : aux approches du village, un bouffon marche derrière son âne, après lui avoir accroché des cymbales à la selle et lui avoir mis un chardon sous la queue ; l’animal, en se ruant et se débattant joue donc involontairement de l’instrument et accompagne la musique au rythme de ses pets. Le bouffon – poursuit Sacchetti – danse derrière l’âne et tout le monde, étonné de la nouveauté, accourt assister au spectacle en s’esclaffant55.

  • 56 Vocabolario…, op. cit., vol. VI, sub voce « Fiera ».

17Les foires de campagne, comme du reste les foires en général, sont également un rendez-vous de femmes aux mœurs légères : un autre écrivain de l’époque compare l’habileté d’une dame à rendre fous les hommes à celle d’une femme de mauvaise vie « qui aurait pratiqué les foires depuis vingt ans ». On considère donc généralement que la foire n’est pas un endroit que les femmes honnêtes doivent fréquenter56.

  • 57 G. Fasoli, « Il mercato nella vita contadina », op. cit., p. 92.
  • 58 V.R. Giustiniani, Il testo della « Nencia »…, op. cit., p. 127.
  • 59 Vocabolario…, op. cit., vol. X, sub voce « Mercato ».

18Déjà au temps du Capitulare de villis, la foire et le marché représentent une « tentation irrésistible » pour les paysans qui, pour y aller, abandonnent volontiers leurs occupations57 car, à leurs yeux, rien n’est « plus divertissant » que le marché58. Selon Franco Sacchetti : « Il est toujours d’usage chez le vilain de passer son temps sur le marché à regarder les bêtes avec amour de sorte que cela paraît propres à sa nature ». Surtout à l’occasion des marchés hebdomadaires, qui étaient essentiellement fréquentés par les paysans des alentours, alors que les foires attiraient un public plus varié et venant de plus loin, l’étranger, surtout s’il venait de la ville, suscitait la plus grande curiosité des vilains59.

Notes

1 A.A. Settia, « Per foros Italie, Le area extraurbane fra Alpi e Appennini », dans Mercati e mercanti nell’AIto Medioevo : Varea euroasiatica e l’area mediterranea, Quarantesima Settimana di Studio del Centro Italiano di Studi sull’Alto Medioevo (Spoleto 23-29 aprile 1992), sous presse ; je remercie l’auteur de m’avoir permis d’utiliser le texte encore inédit de cet article.

2 L. Zdekauer, Fiera e mercato in Italia sulla fine del Medioevo, Macerata, 1920.

3 F. Carli, Il mercato nell’ età del Comune, Padoue, 1936.

4 G. Mira, Le fiere lombarde nei secoli XIV-XVI. Prime indagini, Come, 1955 ; id., « L’organizzazione fieristica nel quadro dell’economia della “Bassa” lombarda alla fine del Medioevo e nell’età moderna », Archivio storico lombardo, 8e s., 85 (1958), pp. 289-300, e id., « Prime indagini sulle fiere umbre nel Medioevo », dans Studi in onore di Epicarmo Corbino, Milan, 1960, pp. 539-562 ; A. Grohmann, Le fiere del Regno di Napoli in età aragonese, Naples, 1969 ; id., « Prime indagini sull’organizzazione fieristica scciliana nel Medio Evo e nell’ età moderna, con particolare riferimento alla fiera di Sciacca », Atti dellAccademia Pontaniana, n.s., XVIII (1969), pp. 1-48 ; M. Scarlata, « Mercati e fiere nella Sicilia aragonese », Mercati e consumí. Organizzazione e qualificazione del commercio in Italia dal xii al xx secolon Bologna, 1986, pp. 477-494.

5 R. Nuti, La fiera di Prato attraverso ai tempi, Prato, 1939 ; R. Marcucci, « Sull’origine della fiera di Senigallia », Archivio storico italiano, 5e s., XXXVIII (1906) ; G. Canali, « Il magistrato mercantile di Bolzano e gli statuti delle fiere », Archivio per l’Alto Adige, (2942) (et F. Tremel, Wirtschafts und Sozialgeschichte Osterreichs, Vienne, 1969, pp. 202-203) ; A.I. Pini, « La Fiera d’Agosto a Cesena dalla sua istituzione alla definitiva regolamentazione (1380-1509), Nuova Rivista storica, 68 (1984), pp. 125-192.

6 À ce propos, voir G. Cherubini, « La storia dell’agricoltura fino al Cinquecento », dans La storiografia italiana degli ultimi vent’anni, I, Antichità e Medioevo, Rome-Bari, 1989, pp. 333-354.

7 R. Comba, Per una storia exonomica del Piemonte medievale. Strade e mercati dell’area sud-occidentale, Turin, 1984 ; M. Scarlata, « Mercati e fiere… », op. cit.

8 L. Zdekauer, Fiera e mercato…, op. cit., p. 13.

9 A. Grohmann, Le fiere del Regno di Napoli…, op. cit.

10 Ibid., pp. 21-22 où l’auteur se réfère à G. Mira, « La dottrina economica mercantilista », dans Città, mercanti, dottrine nell’economia europea dal IV al XVII secolo. Saggi in memoria di Gino Luzzatto raccolti da A. Fanfani, Milan, 1964.

11 A.A. Settia, « Fer toros Italie… », op. cit., tableau no 1.

12 E. Zdekauer, Fiera e mercato…, op. cit., p. 5 et suiv.

13 À ce propos, et pour de plus amples détails, voir G. Cherubini, « Il mercato nell’Italia medievale », communication présentée au colloque El Espais del marcat, dont les actes, sous presse, sont publiés par le Centre d’Estudis d’historia local di Valencia.

14 Pour un marché de ce type, dont les caractéristiques ne sont pas seulement économiques, cf. G. Cherubini, « Rileggendo Antonio Pucci : il “Mercato Vecchio” di Firenze », dans id., Scritti toscani. L’urbanesimo medievale e la mezzadria, Florence, 1991, pp. 53-69.

15 Ch. de la Roncière, Florence centre économique régional au XIVe siècle, 5 vol., Aix en Provence, 1976, III, pp. 955,1015-1019.

16 Sur ces problèmes cf. G. Cherubini, Le città italiane dell eta di Dante, Pise, 1991, pp. 7-11.

17 G. Mira, Le fiere lombarde…, op. cit. ; id., « L’organizzazione fieristica… » op. cit. ; id., « Prime indagini sulle fiere… », op. cit.

18 A. Grohmann, Le fiere del Regno di Napoli…, op. cit., pp. 303 et suiv.

19 Ibid., p. 408 sub voce « bestiame » e p. 502 sub voce « panni ».

20 Ibid., pp. 193 et suiv.

21 R. Comba, Per una storia economica…, op. at., pp. 22, 25, 57, 61, 64, 67.

22 Bonvesin da la Riva, De Magnalibus Mediolani, texte avec traduction de G. Pontiggia, introduction et notes de M. Corti, Milan, 1974, p. 102 (IV, 17) : « In burgis quoque ac villis comitatus nostri fiunt nundine multe, que annuatim in certis celebrantur diebus. In pluribus vero eorum et earum fiunt singulis ebdomadis fera, ad que omnia mercatores et emptores abunde discurrunt » ; P. Toubert, « Les statuts communaux et l’histoire des campagnes lombardes au XIVe siècle », Mélanges d’archéologie et d’histoire, LXXII (1960), p. 499 : « Nombreux sont en effet les statuts qui mentionnent, même pour les “moindres” villages, un marché hebdomadaire ou des foires annuelles ou bisannuelles ». (republié dans le volume Études sur l’Italie médiévale, Londres, 1976).

23 G. Fasoli, « Il mercato nella vita contadina », dans Espressioni sociali e luoghi di incontro (« Cultura popolare nell’Emilia-Romagna »), Milan, 1978, pp. 75-99.

24 Ch. de la Roncière, Florence centre économique régional…, op. cit., III, pp. 947 et suiv. ; pour la fin du XVe siècle, on trouve la liste d’une quinzaine de marchés dans un texte poétique populaire, cf. V.R. Giustiniani, Il testo della « Nencia » e della « Beca » secondo le più antiche stampe, Florence, 1976, pp. 88-89. En ce qui concerne les lieux de marché de l’état de Lucques, et la zone d’attraction de celui de Borgo a Mozzano, voir G. Sercambi, Novelle, G. Sinicropi (ed.), e vol., Bari, 1972, I, p. 233. Pour de nombreuses notices sur les foires et marchés de la région de Costumi, aneddoti, curiosità, ristampa a cura di L. Gargan, 2 vol., Bologne, 1990, II, pp. 36 et suiv.

25 Edictum terribile induxit totius Italiae partibus abhorrendum, et morti proximum et egestati scilicet, ut nemo in toto eius regno viventium romerinas accipiat, vel in mercatis distribuat (Falconis Beneventani, « Chronicon », dans G. del Re, Cronisti e scrittori sincroni napoletani editi e inediti, 2 vol., Naples, 1845-1868,I, p. 251). Sur cette loi de Ruggero II, cf. E. Cuozzo, « L’unificazione normanna e il regno normanno-svevo », dans Storia del Mezzogiorno, II, Il Medioevo, Naples, 1989, t. II, p. 652.

26 A. Grohmann, Lefiere del Regno di Napoli…, op. cit., p. 28.

27 Un exemple dans G. Pasquali, Economia e società a Figline alla fine del Quattrocento, Figline Valdarno, 1990, p. 55, note 18. Pour les caractéristiques de cet habitat, voir aussi Lo spedale Serristori di Figline. Documenti e arredi, A. Conti, G. Conti, P. Pirillo (ed.), Florence, 1982 et P. Pirillo, « La storia », dans Le mura di Figline. Storia, immagine, restauro, Florence, 1988, pp. 9-57.

28 G. Fasoli, « Il mercato nella vita contadina », op. cit., p. 92 fait une allusion à ce problème.

29 N. J. Pounds, An Economic History of Medieval Europe, Londres-Nex York, 1978, p. 354.

30 G. Pasquali, Economía e società…, op. cit ;, p. 55, note 18.

31 Ch.M. de la Roncière, Florence centre economique regional…, op. cit., III, p. 970 ; G. Pasquali, Economía e società…, op. cit., pp. 57-58, 60-61.

32 Ch.M. de la Roncière, Florence centre économique régional.,.,op. cit., Ill, pp. 969-970.

33 G. Pinto, Il libro del Biadaiolo. Carestie e amona a Firenze dalla metà del’ 200 al 1348, Florence, 1978, pp. 107,113 ; Ch.M. de la Roncière, Florence centre économique régional…, op. cit., Ill, p. 957.

34 T. Garzoni, La piazza universale di tutte le professoni del mondo, Venise, 1585, cit. dans G. Fasoli, « Il mercato nella vita contadina », op. cit., p. 76.

35 Cf. V.R. Giustiniani, Il testo della « Nencia »…, op. cit., pp. 88-89.

36 Ch. M. de la Roncière, Florence centre économique régional…, op. cit., Ill, pp. 1010-1011. De nombreux marchés périclitent après la peste noire, G. Fasoli, « Il mercato nella vita contadina », op. cit., p. 89.

37 A.A. Settia, Per foros Italie…, op. cit., tableau no 2.

38 Ibid., tableau no 3.

39 G. Pasquali, Economía e società…, op. cit., p. 55, note 18.

40 A.A. Settia, Per foros Italie.,.,op. cit., in fine.

41 Variorum libri XII, A.J. Fridh, Turnholti, 1973, pp. 340-341 (VIII, 33), cité par A.A. Settia, « Per foros Italie… », op. cit., texte correspondant à la note 169.

42 Quelques exemples pour des localités voisines, ou pas trop éloignées les unes des autres, dans G. Pasquali, Economía e società…, op. cit., pp. 55-56, note 20 ; G. Cherubini, Fra Tevere, Arno e Appennino. Valli, comunità, signori, Florence, 1992, pp. 109, 116, 165.

43 G. Fasoli, « Il mercato nella vita contadina », op. cit., p. 94 ; G. Pasquali, economía e società…, op. cit., p. 56.

44 Pour un exemple, cf. G. Cherubini, Una communità dell’Appennino dal XIII al XV secolo. Montecoronaro dalla signoria dell’abbazia del Trivio al dominio di Firenze, Florence, 1972, p. 107.

45 Sur ces themes, voir Th. Szabo, Comum e política stradale in Toscana e in Italia nel Medioevo, Bologne, 1992.

46 G. Cherubini, « Appunti sul brigantaggio in Italia alla fine del Medioevo », dans Studi di storia medievale e moderna per Ernesto Sestan, 2 vol., Florence, 1980,1, pp. 103-133.

47 A.A. Settia, « Per foros Italie… », op. cit. ; G. Fasoli, « Il mercato nella vita contadina », op. cit., p. 76 ; G. Cherubini, R. Francovich, « Forme e vicende degli insediamenti nella campagna toscana dei secoli XIII-XV », dans G. Cherubini, Signori, contadini, borghesi. Ricerche sulla società italiana del basso Medioevo, Florence, 1974, pp. 147-148.

48 G. Pasquali, Economia e società…, op. cit., p. 54.

49 Vocabolario degli Accademici della Crusca, quinta impressione Firenze, 1863…, vol. VI, sub voce « fiera » ; vol. X, sub voce « mercato ».

50 Mercato « figurativamente vale gran quantita, copia, abbondanza, osimile di CHEC chessia », Vocabolario…, op. cit., vol. X, sub voce « mercato ».

51 Je reprends, en partie, les considérations de G. Fasoli, « Il mercato nella vita contadina », op. cit, p. 99.

52 A. Grohmann, Lefiere del Regno di Napoli…, op. cit., p. 28.

53 « Arrivando in tali luoghi, non è sconvenevole il dipartirsi anche senza prender commiato dai compagni », Vocabolario…, op. cit., vol. X, sub voce « mercato ».

54 G. Fasoli, « Il mercato nella vita contadina », op. cit., p. 92.

55 F. Sacchetti, Il Trecentonovelle, E. Faccioli (ed.), Turin, 1970, p. 69.

56 Vocabolario…, op. cit., vol. VI, sub voce « Fiera ».

57 G. Fasoli, « Il mercato nella vita contadina », op. cit., p. 92.

58 V.R. Giustiniani, Il testo della « Nencia »…, op. cit., p. 127.

59 Vocabolario…, op. cit., vol. X, sub voce « Mercato ».

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