L’économie cistercienne
|Rapports
L’économie cistercienne de l’Allemagne occidentale (xiie-xve siècle)
Texte intégral
- 1 Voir R.A. Donkin, The Growth and Distribution of the Cistercian Order in Medieval Europe, dans Stu (...)
- 2 Voir H. Chlopocka/W. Schich, Die Ausbreitung des Zisterzienserordens östlich von Elbe und Saale, d (...)
- 3 F. Winter, Die Cistercienser des nordösllichen Deutschlands, 3 vol., Gotha 1968-71 ; E.O. Schulze,(...)
1Un examen superficiel du sujet de ma communication pourrait laisser supposer que la limitation de mon champ de recherche aux abbayes cisterciennes d’Allemagne occidentale est une manière d’harmonisation avec l’actuelle frontière des deux Allemagnes. Ce n’est absolument pas le cas. Les monastères cisterciens, à l’ouest d’une ligne Elbe-Saale (c’est ainsi que doit en réalité se préciser ma définition) se différencient réellement au Moyen Age et sur beaucoup de points de ceux de l’espace de l’Allemagne orientale. Les Cisterciens qui, aux xiie et xiiie siècles, se sont répandus en Occident avec une étonnante rapidité1, ont trouvé, dans les territoires de colonisation à l’est de l’Elbe et de la Saale, des conditions et des marques de développement différents de ceux des territoires anciennement peuplés d’Allemagne occidentale2. De façon paradoxale, un grand nombre des plus anciens résultats de la recherche que F. Winter et d’autres historiens du xixe siècle ont présentés à propos des abbayes cisterciennes allemandes3, et qui valent encore aujourd’hui, reposent pour l’essentiel sur des enquêtes faites à propos de monastères des territoires colonisés d’Allemagne orientale et comme tels ne peuvent être appliqués aux Cisterciens de l’Ouest.
2Dans les pays anciennement habités, les Cisterciens, pour ce qui est des conditions géographiques, économiques et institutionnelles, ne sont visiblement pas différents de ceux d’Angleterre et de France et pour cette raison peuvent bien leur être comparés.
- 4 Zisterzienser-Studien I, Berlin 1975 ; Zisterzienser-Studien II. Das Landbuch des Klosters Zinna, (...)
- 5 Le catalogue de cette exposition a été publié : Die Zisterzienser. Ordensleben zwischen Ideal und (...)
- 6 Voir Ch. Higounet, Le premier siècle de l'économie rurale cistercienne, dans Instituzioni monastic (...)
3La recherche sur les Cisterciens et leurs nombreuses dépendances s’est intensifiée de façon étonnante depuis quelques années dans l’histoire médiévale de l’Allemagne occidentale ; l’expression de cet intérêt, nouvellement manifesté pour les Cisterciens, est double : d’une part, des monographies sur des monastères pris isolément ou des enquêtes sur des problèmes particuliers de l’histoire cistercienne ; d’autre part, un projet de recherche « Cisterciens », qui a débuté en 1972, à l’Université libre de Berlin4. Une grande exposition cistercienne présentée à Aix en 1980 était destinée à un plus large public et a rencontré un grand intérêt auprès des personnes intéressées par cette histoire5. L’attention de ces recherches récentes s’est tournée vers de nombreux problèmes encore ouverts touchant l’histoire d’un ordre réformateur qui s’est particulièrement efforcé de trouver une nouvelle orientation dans l’organisation, l’économie et la vie de l’esprit et qui, par toute une série d’aménagements exemplaires, a eu une action dans des domaines importants de la société médiévale6. En histoire économique, nous intéressent avant tout la situation des monastères, les formes d’organisation plus particulièrement économiques, les granges en tant que grands centres agricoles et les cours monastiques des villes.
4En rapport avec les plus récents résultats de la recherche, il faut à présent analyser quelques domaines importants de l’activité économique des monastères cisterciens d’Allemagne occidentale du xiie au xve siècle. Au centre de ces recherches se trouvent les activités de pointe des Cisterciens dans l’économie rurale ; en outre, il faudra dire un mot des activités cisterciennes dans les domaines du commerce et de l’industrie. Il va de soi que dans un temps réduit, seuls quelques problèmes principaux pourront être abordés et les lignes essentielles de développement tracées. Vu la complexité du problème, le nombre d’environ cinquante monastères cisterciens d’Allemagne occidentale et enfin la situation très variable de la recherche, une synthèse complète ne pourra pas être faite ni même envisagée. Les centres d’intérêt principaux sont les suivants : évolution de l’économie fermée, relation entre l’économie de granges et les acensements, situation et typologie des granges, secteurs de production de l’économie cistercienne, relations des monastères avec le marché urbain, modification des structures de l’économie au bas Moyen Age. Dans tous les pays de l’Europe médiévale, les Cisterciens avaient à résoudre le difficile problème de réaliser leurs normes économiques dans des conditions qui variaient sensiblement d’une région à l’autre. Le facteur de l’adaptation des principes aux conditions régionales et locales avait une importance particulière du fait que les Cisterciens accordaient beaucoup d’attention à l’assise économique de leurs monastères, ce qui donnait un poids particulier aux conditions des sols et de l’implantation. Ces données rendaient difficile une unification de l’action économique cistercienne.
5Mon exposé se divise en trois parties principales :
- dans la première, je traiterai de l’économie agraire des Cisterciens au haut Moyen Age et surtout de la situation des monastères, de la structure de l’économie des granges et de la participation des Cisterciens à l’aménagement des terroirs ;
- dans la deuxième partie, j’analyserai les activités des monastères dans le commerce et l’industrie ;
- dans la troisième partie, je traiterai des relations entre l’économie de granges et les acensements, puis de la crise de l’économie cistercienne au bas Moyen Age.
6Pour simplifier, je parlerai plus couramment des monastères et entendrai par-là les monastères cisterciens d’hommes en Allemagne occidentale à l’ouest de l’Elbe et de la Saale.
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- 7 J. de la Croix Bouton/J.B. Van Damme, éd., Les plus anciens textes de Cîteaux, Achel 1974, p. 78 e (...)
- 8 G. Schnath, Vom Wesen und Wirken der Zisterzienser in Niedersachsen im 12. Jh., dans Niedersiichsi (...)
- 9 W. Steinmann, Der Besitz des Klosters Loccum bis zur Mitte des 15. Jh., Diss. Göttingen 1951, p. 7
- 10 R. Rustenbach, Geschichte des Klosters Amelungsborn, dans Jahrbuch des Geschichtsvereins für das H (...)
- 11 W. Rösener, Reichsabtei Salem. Verfassungs-und Wirtschaftsgeschichte des Zisterzienserklosters von (...)
- 12 H. Pflüger, Sehutzverhältnisse und Landesherrschaft der Reichsabtei Herrenalb von ihrer Gründung i (...)
- 13 W. Wiessner, éd., Das Gesamturbar des Zisterzienserklosters Ebrach vom Jahre 1340, Würzburg, 1973, (...)
7Les prescriptions cisterciennes pour le choix des sites exigeaient l’isolement, à l’écart du monde agité (in locis a conversatione hominum semotis)7. En réalité, les sites cisterciens de l’Allemagne occidentale ne répondent que partiellement à cette exigence. La plupart des monastères de l’espace saxon ont été implantés dans des régions déjà largement colonisées : presque partout où se sont installés les moines, il y avait déjà des établissements et on ne connaît guère d’abbayes fondées dans le désert8. Une colonie existait à Locum avant l’arrivée des moines ; elle appartenait au château voisin des comtes de Lukka9. À Amelungsborn, les moines ont trouvé un village que les fondateurs leur ont donné10 Des abbayes de Souabe comme Salem, Bebenhausen et Maulbronn ont été créées dans des zones habitées depuis longtemps mais que les Cisterciens allaient rapidement réorganiser à leur manière11. À côté de nombreux cas de fondations en terre habitée, on compte un nombre considérable de monastères effectivement construits en des territoires inoccupés. Herrenhalb et Tennenbach ont été installés en des régions isolées et peu exploitées de la Forêt-Noire12 ; Ebrach, en Franconie, se situait dans une vallée tranquille et inhabitée du Steigerwald13.
- 14 H. Wiswe, Grangien niedersachsischer Zisterzienserklöster. Entstehung und Bewirtschaftung spätmitt (...)
- 15 S. Epperlein, Gründungsmythos deutscher Zisterzienserklôster westlich und östlich der Elbe im hohe (...)
- 16 Schnath, Vom Wesen und Wirken..., p. 95-97 ; G. Sello, Das Cisterzienserkloster Hude bei Oldenburg (...)
- 17 H. Ermet, Der ländliche Grundbesitz der Abtei Altenberg bis zum Ende des 15. Jh., dans Zeitschrift (...)
- 18 C. Wilkes, Die Zisterzienserabtei Himmerode im 12. und 13. Jahrhundert, Münster 1924, p. 17-20.
- 19 Pauen, Die Klostergrundherrschaft Heisterbach..., p. 4 ; J. Hennecke, Die Geschichte des Klosters B (...)
8Le fait que dans de nombreux cas les prescriptions n’aient pas été observées ne nous autorise pas à en conclure, comme le fait Wiswe14 au mépris intentionnel des normes. Dans les régions habitées de longue date en Allemagne occidentale, les moines gris se voyaient contraints de s’accommoder des conditions données, quitte à les aménager progressivement à leur manière. Le choix des sites était étroitement fonction des donations faites pour la fondation ; ils eurent rarement l’occasion de le faire librement, si bien que la réalisation des prescriptions s’avérait difficile. Les nombreux cas de transferts de monastères, après des années de recherche d’un site approprié, contredisent fortement l’idée que les fondations cisterciennes dans le désert n’ont été qu’un mythe et que les Cisterciens auraient choisi résolument des implantations en territoire occupé15. Un tiers des neuf monastères de Basse-Saxe a été déplacé avant de trouver un site définitif16, le pourcentage est plus élevé encore en Rhénanie : les monastères d’Altenberg, Heisterbach, Himmerod et Marienstatt ont connu le transfert dans les premières années de leur existence17. On sait qu’Himmerod a été déplacé deux fois avant que les moines trouvent un lieu acceptable dans une vallée tranquille du Killwald18. Afin de mieux comprendre ou saisir le problème du choix du lieu, il ne faut pas oublier que les Cisterciens se sont, dans un grand nombre de cas (Heisterbach en Rhénanie, Bredelar en Westphalie), établis en des endroits où d’autres Ordres comme les Bénédictins ou les Chanoines Réguliers avaient vécu avant eux19.
- 20 Voir Wiessner, Das Gesamturbar des Zisterzienserklosters Ebrach..., p. 7 ; Rosener, Reichsabtei Sa (...)
- 21 Voir Wiswe, Grangien..., p. 34.
9L’évolution économique individuelle des abbayes cisterciennes était, dans ses débuts, fonction de l’importance et de la valeur de l’équipement initial. À la différence de nombreux monastères bénédictins, fondés en général par des rois, des évêques ou des princes influents et largement dotés de grandes possessions, la dotation de départ de nombreuses abbayes aux xiie et xiiie siècles était fort modeste. À côté des puissants seigneurs féodaux et des évêques qui ont appelé et encouragé les Cisterciens, nous trouvons un nombre étonnamment grand de monastères dont la fondation revient à l’initiative de petits seigneurs, en partie chevaliers sans importance, voire de ministériaux20. Cette nouvelle couche de fondateurs ne pouvait donner aux abbayes que des biens relativement modestes, ce qui rendait nécessaire l’acquisition ultérieure d’autres biens, afin d’assurer la base matérielle des monastères dont la croissance était rapide. La plupart des monastères cisterciens avaient au début un besoin urgent de donations complémentaires de la part des seigneurs ecclésiastiques et laïques, et au cours du xiie siècle, cet apport a eu lieu dans une large mesure. À partir du xiiie siècle, on relève des achats et des échanges de biens de plus en plus fréquents, qui résultaient en plusieurs régions d’une politique d’acquisition continue que des contemporains n’ont pas manqué de soumettre à une critique très dure21.
- 22 Canivez, Statuta 1, p. 14 (1134) ; E. Hoffmann, Die Entwicklung der Wirtschaftsprinzipien im Ciste (...)
- 23 W. Baumann, Die wirtschaftliche Entwicklung Walkenrieds im Überblick, dans H. Heutger, 850 Jahre K (...)
- 24 Mosler, Die Cistercienserabtei Altenberg..., p. 102 ; Ch. Mossig, Grundbesitz und Güterbewirtschaf (...)
- 25 K. Klunzinger, Urkundliche Geschichte der vormaligen Cisterzienser-Abtei Maulbronn, Stuttgart 1854 (...)
- 26 W. Schöntag, Königsbronn, dans Historischer Atlas von Baden-Württemberg, Beiwort zur Karte VIII, 4 (...)
10Les principes économiques de l’Ordre cistercien imposaient de renoncer à des formes de propriété foncière, telles que les villages, les serfs, les cens, les dîmes et les églises, et au contraire de gérer soi-même les biens monastiques22. Dans la perspective de cette exigence révolutionnaire, les monastères cisterciens s’efforçaient d’aménager leurs propres fermes que nous trouvons dans les chartes appelées grangiae, curtes ou curiae. En partant de la dotation initiale, les moines et les frères convers ont consacré beaucoup de travail et d’énergie à l’extension des ensembles existants par l’acquisition de terres propices afin de parvenir à des exploitations assez grandes pour être rentables. En rapport avec l’époque de fondation, la situation de l’habitat et la productivité économique, les monastères de l’Allemagne occidentale ont plus ou moins réussi dans cette politique d’extension et de groupement. Le nombre des granges complètement développées varie aux xiie et xiiie siècles d’un monastère à l’autre et dépend surtout des possessions globales de chaque abbaye. Walkenried et Loccum en Saxe en arrivent au xiiie siècle respectivement à 17 et 10 granges23, tandis qu’Altenberg et Eberbach en Rhénanie en comptent respectivement 14 et 1624 ; le nombre de granges est encore plus élevé en Souabe : Maulbronn et Salem disposent chacune de 20 fermes25. Dans la première moitié du xiiie siècle, apogée de l’économie des granges, les abbayes, petites et moyennes, ont en moyenne 10 à 15 granges et les grands monastères, 16 à 20. La plupart des granges ont été créées et répandues à l’époque pionnière de l’Ordre, au xiie siècle. Les abbayes tardivement fondées ont de moins en moins créé de granges, ce qui confirme la tendance antérieure à la diminution du difficile effort de création de granges en même temps que leur recul dans le domaine de l’économie fermée. L’abbaye de Königsbronn, fondée en 1303, au nord d’Ulm, n’a apparemment procédé à aucune création de grange26.
- 27 Voir aussi Wiswe, Grangien..., p. 46-56 ; Neuscheler, Die Klostergrundherrschaft Bebenhausen..., p (...)
- 28 Voir Pelüger, Schutzverhaltnisse und Landesherrschaft der Rekhsabtei Herrenalb..., p. 26 ; Rösener (...)
11Si nous examinons les diverses formes de la grange, nous pouvons retenir deux types principaux : ou bien la ferme isolée dans son terroir, compris au milieu des terroirs des villages environnants, ou bien les terres de la grange dispersées et mêlées à celles des communautés villageoises27. À côté de ces deux types, plusieurs variantes se rencontrent selon l’importance et le caractère des biens et des secteurs économiques de chaque grange. La forme idéale est sans doute donnée par le premier des deux types principaux, c’est-à-dire l’isolement dans un terroir propre. Économiquement, de telles granges constituaient des exploitations agricoles très productives, puisqu’il n’y avait pas à tenir compte de la répartition du sol dans la communauté entre les villageois, ni des droits de pâture, si bien que l’aménagement de l’exploitation pouvait être librement modifié. La formation de telles granges, par conséquent, avait la priorité dans la politique d’acquisition de biens des Cisterciens et l’on constate l’effort des moines pour en arriver pas à pas, en de longues négociations pour l’achat ou l’échange de terres, à la constitution de territoires cohérents. On les voit en même temps obstinés à entrer en possession de biens libres de toutes charges et s’efforçant de dégager rapidement les biens achetés de tout cens et redevance. Étant donné que beaucoup d’abbayes d’Allemagne occidentale ne purent que difficilement faire admettre avant 1215 dans les terres d’ancienne occupation leur privilège concernant la dîme, elles lurent contraintes de racheter systématiquement les dîmes28.
- 29 Rösener, Reichsabtei Salem..., p. 121.
- 30 H. Muggenthaler, Kolonisatorische und wirtschaftliche Tätigkeit eines deutschen Zisterzienserklost (...)
12L’établissement de granges avait une signification différente selon que la ferme à construire se trouvait en territoire anciennement occupé ou en zone de défrichement. Si on voulait établir une ferme en zone de défrichement, les problèmes à résoudre pour réaliser la grande exploitation concernaient moins les questions de propriété que des problèmes techniques : culture de friches, drainage de terres humides, défrichements forestiers. Les granges de Maddach et de Dornsberg appartenant à l’abbaye de Salem au bord du lac de Constance ont été pour l’essentiel bâties en des terres d’accès récent29. De même, bon nombre de granges de Waldsassen en Bavière du Nord furent construites après défrichement des forêts et des landes peu utilisées30. Des granges dont le terroir fut constitué par le seul défrichement sont rares en Allemagne occidentale. Nous trouvons là en général des granges constituées par l’adjonction d’importantes zones défrichées à un noyau de parcelles anciennement mises en valeur.
- 31 F. Winter, Die Cisterzienser, II, p. 171.
- 32 W. Wittich, Der religiose Gehalt der Kolonisation des ostelbischen Deutschlands, dans Jahrbuch für (...)
- 33 W. Rösener, Bauernlegen durch klösterliche Grundherren im Hochmittelalter, dans Zeitschrift für Ag (...)
- 34 Voir R.A. Donkin, The Cistercians : Studies in the Geography of Medieval England and Wales, Toront (...)
- 35 Voir aussi Higounet, Le premier siècle..., p. 355.
13La majorité des granges d’Allemagne occidentale ont été établies en des lieux et en des régions d’occupation ancienne et cela, on le constate même au xiie siècle. À l’intérieur d’espaces densément peuples et de territoires villageois, les Cisterciens ne pouvaient réaliser des exploitations productives que par l’acquisition systématique des droits domaniaux et féodaux et par l’expulsion des paysans installés là. Il fallut beaucoup d’argent et d’énergie pour aménager des granges isolées sur des territoires propres, car cela supposait l’acquisition de toutes les fermes et des champs isolés dans les différents terroirs villageois afin de construire des fermes d’un seul tenant par un plan systématique de regroupement. Winter, dès le xixe siècle, a observé ce processus d’intégration de terres paysannes et de transformation de villages en granges, dans le cas de monastères cisterciens d’Allemagne du Nord-Est31. Il est vrai que W. Wittich et d’autres l’ont contredit, mettant l’accent sur l’effort de défrichement des Cisterciens32. Dans la remarquable étude qu’il a consacrée aux granges des abbayes cisterciennes de Basse-Saxe, en 1953, H. Wiswe a réexaminé la mise en place de granges en terres d’ancienne occupation et a confirmé le processus d’éviction des paysans. Il y a deux ans, j’ai moi-même, dans une étude spéciale consacrée à l’installation des paysans par des seigneurs monastiques, soumis ce phénomène à une nouvelle analyse systématique et j’ai pu constater qu’aux xiie et xiiie siècles en Allemagne du Sud et en d’autres régions, les Cisterciens ont réalisé un plan d’intégration de terres paysannes dans les granges installées en terres d’ancienne occupation et transformé des implantations en fermes isolées33. Il me semble que ce processus de formation de granges par l’intégration de terres paysannes, bien connu pour l’Angleterre34, se rencontre fréquemment en France, bien que cela n’ait guère attiré l’attention35.
- 36 Schaab, Der Besitz der südwestdeutschen Zisterzienserklöster..., p. 3 ; W. Rösener, Grangienwirtsc (...)
14Le dépeuplement de villages entiers pour l’installation de granges n’a cependant pas été le cas normal en Allemagne occidentale. Les Cisterciens dressèrent beaucoup de granges sur des ensembles de biens qu’ils avaient obtenus par donations ou par achats. Ils ajoutaient à ces noyaux de base des terres successives, autant qu’ils pouvaient en acquérir sur le territoire du village. Des granges de ce type, qu’on rencontre fréquemment sur les lieux de vieille colonisation d’Allemagne occidentale, étaient, en ce qui concerne la répartition du sol, caractérisées par le fait que leurs bâtiments à fonction économique se trouvaient dans les villages ou à leurs bordures, tandis que leurs champs se trouvaient dispersés sur l’ensemble du territoire avec les champs des paysans et ainsi étaient soumis aux contraintes d’assolement du village. Une grande densité de population et un important émiettement de la propriété rendaient impossible aux Cisterciens, en beaucoup de régions et malgré des tentatives ardentes de regroupement, l’établissement de granges sur un territoire séparé. Le plus difficile était l’établissement de granges dans les pays de vignobles de la vallée du Rhin et de l’Allemagne du Sud, car une répartition en petites parcelles et des propriétés particulièrement émiettées empêchaient une concentration des biens36.
- 37 Wiessner, Das Gesamturbar des Zisterzienserktosters Ebrach..., p. 14 et 16.
- 38 Schnath, Vom Wesen und Wirken..., p. 89 s. ; H. Lathwesen, Kolenfeld. Die Geschichte eines calenbe (...)
- 39 G. Schnorrenberger, Wirtschaftsverwaltung des Klosters Eberbach im Rheingau 1423-1631, Wiesbaden 1 (...)
- 40 Neuscheler, Die Klostergrundherrschaft Bebenhausen..., p. 129(1 iugerum = 0,4 ha).
15Quelle était la taille moyenne des granges des abbayes cisterciennes d’Allemagne occidentale ? L’extension territoriale des granges dépendait de la période de fondation, de la situation des fermes en pays de vieille ou de récente occupation et de la spécialisation dominante de l’économie des granges (culture, vigne, élevage du gros bétail ou des moutons). Les granges isolées avec terroir particulier présentaient de grandes surfaces, mais il arrivait que les autres granges atteignent également une superficie inhabituelle dans le contexte agraire du haut Moyen Age. Les deux fermes d’Alitzheim et de Mônchherrnsdorf, qui comptaient parmi les plus grandes granges de l’abbaye franconienne d’Ebrach, ont une extension de 732 et 480 hectares, non compris les zones forestières37. Sont encore extraordinairement vastes deux granges du monastère saxon de Loccum, la grange de Kolenfeld, avec 600 hectares, et celle de Oedelum, avec 50038. Les granges d’Eberbach, en pays rhénan, ont des superficies de 240 à plus de 600 hectares, avec une moyenne de 354 hectares39. Les granges de Bebenhausen, fondées seulement en 1190, en Souabe, consacrées avant tout à la culture, ont une moindre superficie : 193 hectares en moyenne40.
- 41 F. Winter, Die Cistercienser..., passim ; G. Uhlhorn, Die Kulturthätigkeit der Cisterzienser in Ni (...)
- 42 Wiswe, Grangien..., p. 40-46, et Die Bedeutung des Klosters Walkenried fur die Kolonisierung der G (...)
- 43 Schnath, Vom Wesen und Wirken..., p. 91 ; F. Petri, Entstehung und Verbreitung der niederländische (...)
- 44 Voir H. Kühnel, Beiträge der Orden zur materiellen Kultur des Mittelalters und weltliche Einflüsse (...)
- 45 Schnath, Vom Wesen und Wirken..., p. 84 ; Wiswe, Grangien..., p. 43.
- 46 H. Von Lengen, Geschichte und Bedeutung des Zisterzienser-Klosters Ihlow, dans Res Frisicae. Beitr (...)
16La question de principe de la participation des Cisterciens aux entreprises de défrichement, dans l’Allemagne du haut Moyen Age, à l’ouest de l’Elbe et de la Saale, a été jusqu’à présent déjà maintes fois abordée et a suscité des controverses parmi les historiens allemands des cent dernières années. Au xixe siècle, F. Winter, G. Uhlhorn et d’autres ont répandu une image tout à fait exagérée des Cisterciens dans le défrichement de l’Allemagne occidentale. Ce point de vue était fortement influencé par l’éminente participation des Cisterciens à la colonisation et à la germanisation des territoires à l’est de l’Elbe41. Au cours des décennies suivantes, des analyses détaillées de l’histoire de l’occupation du sol ont conduit à une révision profonde de cette conception ancienne. Sur la base d’enquêtes menées sur des monastères cisterciens de Basse-Saxe, F. Wiswe en 1953 a acquis la conviction que les Cisterciens ont surtout repris des terres déjà occupées et cultivées, ce qui l’a conduit à penser que les Cisterciens n’avaient guère joué de rôle dans l’extension de l’espace cultivé en Allemagne du Nord-Ouest42. Un examen approfondi des exemples cités et un jugement nuancé sur les zones d’occupation mises en cause permettent de voir que Wisne a trop minimisé la part prise par les Cisterciens de Basse-Saxe dans le mouvement colonisateur du Moyen Age43. Même si les monastères n’ont pas arraché à la nature vierge la plus grande partie de leurs terres par défrichement ou par drainage, ils ont cependant pris part dans une large mesure à l’aménagement des terres. En beaucoup d’endroits, ils ont réussi des travaux de culture dans des zones forestières et marécageuses jusqu’alors peu utilisées. Dans toutes ces entreprises d’aménagement du sol, ils ont pu partir d’une base solide en matière de propriété dans les espaces centraux de vieille occupation et, à partir de là, assurer le succès de leurs opérations. Les Cisterciens, qui avaient apparemment une expérience particulière dans le drainage des zones marécageuses et dans l’aménagement des vallées44, ont surtout pris part à l’assainissement des terres humides et moins souvent au défrichement de la forêt. Les sources donnent souvent très peu d’indications de défrichement parce que les activités propres des monastères n’étaient pas, en règle générale, notées dans les chartes. Beaucoup de monastères cisterciens de Basse-Saxe, au reste, se trouvent aujourd’hui encore dans les zones basses, comme Walkenried, Riddagshausen ou Loccum, et sont entourés de vastes forêts45. Quand les Cisterciens se sont établis en Lrise, à Ihlow, au début du xiiie siècle, la colonisation intérieure de ce pays était déjà entré dans sa phase tardive. Même à cette époque, les moines gris participaient à l’aménagement des dernières zones désertiques et cultivaient surtout quelques tourbières aux environs du monastère46.
- 47 Ermet, Der ländliche Grundbesitz der Abtei Altenberg..., p. 10 ; Pauen, Die Klostergrundherrschaft (...)
- 48 Voir Schaab, Der Besitz der südwestdeutschen Zisterzienserabteien, p. 3.
- 49 Rosener, Reichsabtei Salem..., p. 121.
- 50 K.S. Bader, Das Freiaml im Breisgau und die freien Bauern am Oberrhein, Freiburg 1936, p. 60-64 ; (...)
- 51 Voir E. Krausen, Die Klöster des Zisterzienserordens in Bayenr, München, 1953, p. 14 et Die Zister (...)
- 52 Muggenthaler, Kolonisatorische und wirtschaftliche Tätigkeit.... passim ; Krausen, Die Klôster des (...)
- 53 Voir Wiswe, Grangien..., p. 48.
- 54 E.G. Franz, Grangien und Landsiedel. Zur Grundherrschaft des Zisterzienserklosters Haina in Hessen (...)
17La participation des Cisterciens rhénans aux défrichements semble avoir été faible. Bien qu’Altenberg, Heisterbach et Marienstatt se situent dans des régions forestières accidentées encore peu aménagées, leur attention s’est portée principalement sur l’acquisition de terres de culture et de vignobles à haut rendement dans la zone d’ancienne occupation de la vallée du Rhin47. Tout comme en Saxe, les Cisterciens de Souabe s’intéressaient moins aux entreprises de défrichement sur de grandes superficies des massifs forestiers et davantage à l’aménagement intérieur des terres et à l’amélioration des petites surfaces incultes48. Salem a drainé, près du monastère, une vaste zone humide et a participé à la mise en culture des terres du Nord-Hegau, afin d’y avoir des territoires pour les granges49. Tennenbach, dans la moyenne Forêt-Noire, a utilisé pour les défrichements des colons-paysans qui ont été fixés dans des fermes nouvellement créées50. Les Cisterciens de Bavière se sont distingués moins par l’aménagement de grandes zones que par la mise en culture intensive de terres déjà occupées51. Les efforts de l’abbaye de Waldsassen ont obtenu les résultats les plus nets dans le domaine de l’aménagement des terres ; cette abbaye fondée dans une zone de défrichement caractérisée à la frontière de la Bohême a pris une part active dans la mise en valeur des régions forestières environnantes et du pays de l’Eger52. En beaucoup de régions, on constate la tendance qu’avaient les Cisterciens à reprendre la culture de terroirs désertés et des villages abandonnés53. Haina, en Hesse, par exemple, a systématiquement racheté et remis en exploitation des villages désertés et des défrichements abandonnés dans la montagne de Hesse54.
- 55 Par ex. Winter, Die Cistercienser 1, p. 117-119 ; Uhlhorn, Die Kulturthätigkeit der Cistercienser. (...)
- 56 Wiswe, Grangien..., p. 85-87 ; Higounet, Le premier siècle..., p. 367.
- 57 Pauen, Die Klostergrundlierrschaft Heisterbach..., p. 5.
- 58 Wiswe, Grangien..., p. 82-85.
- 59 Das Tennenbacher Güterbuch (1317-1341), éd. par M. Weber, Stuttgart 1969, passim.
18La question du progrès des techniques agricoles cisterciennes est étroitement liée au problème des défrichements. Tandis que des historiens des générations précédentes n’ont pas tari d’éloges sur les mérites des Cisterciens dans l’économie agraire médiévale55 et notamment sur le soin qu’ils prenaient des cultures spécialisées comme les vergers et les vignobles, des travaux récents ont nié que les Cisterciens aient réellement renouvelé le domaine agricole56. L’économie des granges, bien organisée aux xiie et xiiie siècles, et le succès de la participation des Cisterciens à l’aménagement des terres dans certaines régions, notamment par le drainage de zones marécageuses, permettent de penser que les granges disposaient d’une bonne technique agricole et d’un outillage de grande valeur. Le fait qu’en 1160, Renaud de Dassel, archevêque de Cologne, ait appelé des convers des monastères rhénans de Kamp et Altenberg pour améliorer l’exploitation des fermes archiépiscopales57 est une preuve de la grande réputation des Cisterciens en matière d’économie agraire. Wiswe affirme que la répartition des terres des granges ne se différenciait pas des autres parcellaires des villages paysans avec leurs petites parcelles58 ; cette affirmation ne se vérifie pas pour une grande partie des granges : une analyse soignée de registres, comme le censier de Tennenbach, fait apparaître que les Cisterciens ont exploité de grands terroirs d’un seul tenant dans le cas de nombreuses granges59.
- 60 Voir F. Lütge, Geschichte der deutschen Agrarverfassung vom frühen Mittelalter bis zum 19. Jh., 2. (...)
- 61 H. Ammann, Das Kloster Salem in der Wirtschaft des ausgehenden Mittelalters, dans Zeitschrift für (...)
19Si l’on étudie les divers secteurs de l’économie agraire cistercienne, on constate que la production de céréales y tient la première place. Pour la plupart, les granges situées en plaine étaient des fermes vouées à la culture des champs et en premier lieu à la production des céréales. Elles se limitaient aux principales : froment, épeautre, seigle, avoine et orge. Les excédents croissants de céréales des monastères cisterciens ont contribué de manière décisive aux xiie et xiiie siècles à l’approvisionnement de la population croissante des villes d’Allemagne occidentale, quand la propre production des seigneurs ecclésiastiques et laïques se fut sensiblement réduite60. Les grandes exploitations des Cisterciens, avec leurs surfaces cultivées étendues, étaient en mesure de fournir aux marchés urbains d’importants surplus, après satisfaction des besoins du monastère. Ce n’est cependant qu’au bas Moyen Age que nous trouvons des chiffres certains du volume de production des céréales. En 1489, malgré un nombre de granges déjà diminué, Salem disposait encore de revenus de grains qui se montaient à 3 320 muids (malter), dont une grande partie était écoulée sur les marchés de Constance, Ravensbourg et Überlingen61.
- 62 Voir Neuscheler, Die Klostergrundherrschaft Bebenhausen..., p. 129.
- 63 Urkundenbuch zur Geschichte der mittelrheinischen Territorien, III, p. 279 ; Wilkes, Die Zisterzie (...)
- 64 Struck,Das Cistercienserkloster Marienstatt..., p. 394.
- 65 Voir Das Tennenbacher Güterbuch..., p. 192-199 (la grange de Hardern) ; H. Ott, Studien zur spätmi (...)
- 66 Donkin, The Cistercians..., p. 82-102, et Some Aspects of Cistercian Sheep Farming in England and (...)
20Au cours des xiiie et xive siècles, plusieurs monastères cisterciens se sont spécialisés de plus en plus : certaines granges ont été consacrées plus intensément à l’élevage du gros bétail et des moutons ou à la vigne. Déjà, les granges traditionnelles se distinguaient par la part importante prise par les prairies dans le terroir cultivé62. De vastes prairies sur le territoire des granges permettaient aux Cisterciens de maintenir un cheptel élevé, ce qui était très favorable à la fumure des champs. Des indications de l’importance de l’élevage dans certaines granges sont fournies par les inventaires de dégâts, et, à l’occasion, par des décomptes de cheptel dans les comptes annuels ou les procès-verbaux de visite. En 1228, la grange de Winterbach, du monastère d’Himmerod, disposait de 28 têtes de gros bétail63 ; la ferme de Hohensayn, de l’abbaye de Marienstatt dans le Westerwald, comptait entre autres 34 vaches à lait, 31 boeufs, 58 chèvres, 18 chevaux, 252 moutons, sans compter les jeunes produits64. On observe également une spécialisation des granges de certains monastères d’Allemagne occidentale dans l’élevage du mouton65, mais ce phénomène n’est pas comparable au développement de cette activité dans certains monastères anglais66.
- 67 Wilkes, Die Zisterzienserabtei Himmerode..., p. 159 ; Schneider, Die Cistercienserabtei Himmerod.. (...)
- 68 Voir Schneider, Die Cistercienserabtei Himmerod..., p. 116-120.
- 69 Söhn, Geschichte des wirtschaftlichen Lebens..., p. 71-84 ; E. Giessler-Wirsig, Die Beziehungen mi (...)
- 70 Schnorrenberger, Wirtschaftsverwaltung des Klosters Eberbach..., p. 82 et 142.
21La tendance à la spécialisation de l’économie cistercienne au bas Moyen Age correspond à l’insertion croissante des abbayes cisterciennes dans l’économie monétaire et commerciale naissante et aux possibilités d’écouler la production monastique sur les marchés des villes. L’orientation vers l’économie de marché est particulièrement évidente dans la production viticole de nombreux monastères de la Rhénanie et du sud de l’Allemagne67. Les granges installées aux endroits favorables étaient spécialisées dans la culture de la vigne et équipées de pressoirs et de caves. La viticulture des censitaires dépendants était en outre organisée à partir de ces centres viticoles68. Eberbach, qui avait fait du vignoble sa branche de production principale dans de nombreuses fermes, investissait les recettes de cette activité dans le commerce dynamique principalement orienté vers le centre de Cologne69. En 1566, Eberbach réalisait 76 % de ses recettes par la vente de vin ; la production vinicole, dont plus de la moitié à cette époque provenait du monastère lui-même, se montait à 275 fuder70.
- 71 71. Winter, Die Cistercienser, II, p. 169 ; N. Heutger, 850 Jahre KIoster Walkenried, Hildesheim 1 (...)
- 72 W. Vahrenhold, KIoster Marienfeld. Besitz,-and Wirtschajtsgeschichte des Zisterzienserklosters Mar (...)
22En plus des secteurs déjà mentionnés de l’économie agraire, l’économie monastique des Cisterciens d’Allemagne occidentale présente une série d’autres activités que l’on rencontre également chez les Cisterciens des pays voisins et qu’il suffira de considérer ici en une vue d’ensemble. Dès les premiers temps, les Cisterciens s’occupaient de pisciculture, pour répondre à un besoin évident des monastères. Dans la plupart d’entre eux, en Allemagne occidentale, la pisciculture était intensive et dans toute la mesure où la conformation du sol le permettait, les moines créaient près du monastère de nombreux viviers71. Dans les alentours de l’abbaye, s’étendaient de grandes zones forestières bien entretenues et si possible libres des droits communautaires paysans72. Mentionnons simplement encore l’apiculture, le chanvre, les vergers et les potagers de nombreux monastères.
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- 73 Canivez, Statuta, 1, p. 14 : Unde monachis debeal provenire vicias. Voir aussi Lekai, The Cisterci (...)
- 74 Struck, Das Cistercienserkloster Marienstattp. 33.
- 75 Rustenbach, Geschichte des Klosters Amelungsborn..., p. 33 ; N.C. Heutger, Das KIoster Amelungsborn (...)
- 76 Heidacher, Die Entstehungs-und Winschaftsgeschichte des Klosicrs Heilsbronn..., p. 120.
23Souvent, les monographies consacrées aux monastères sous-estiment l’importance de l’activité artisanale des Cisterciens. Dès le début, les prescriptions de l’Ordre exigeaient que les monastères fussent équipés d’ateliers pour assurer l’autarcie de l’abbaye et l’indépendance à l’égard du monde extérieur73. Ainsi, les Cisterciens s’efforçaient-ils de produire eux-mêmes les biens indispensables à la vie quotidienne. En Allemagne occidentale, les monastères avaient régulièrement dans leurs bâtiments à usage économique des ateliers où étaient produits, avec l’aide de frères convers et de domestiques, des vêtements, des chaussures, des parchemins et toutes sortes d’outils indispensables à la maison et aux champs. Marienstatt possédait par exemple une boulangerie, une tannerie, une forge, une cordonnerie, un tissage et une taverne publique. Ce monastère écoulait une partie de sa production de chaussures et de draps sur les marchés des villes voisines74. En Basse-Saxe, Amelungsborn animait au marché d’Einbeck un commerce actif de draps de sa propre production75. Après quelques décennies, les abbayes allemandes ont également pris leurs distances à l’égard de la réticence initiale de l’Ordre envers la possession des moulins. Beaucoup d’entre eux ont eu une prédilection pour ce secteur dont le rapport était considérable. Heilsbronn par exemple possédait une vingtaine de moulins au xve siècle, qui pour la plupart étaient donnés à bail à des meuniers76.
- 77 H. Uhde, Forsten, Bcrgbau und Hüttenbetriebe des Klosters Walkenried am Westharz, dans Harz-Zeitsc (...)
- 78 H. Uhde, Die Gutswirtschaft Immedeshausen (1225-1445) und der Besitz des Klosicrs Walkenried am We (...)
- 79 Spiess, Die Beziehungen einiger mitteldeutsclier Zisterzienserabteien..., p. 271 s.
- 80 Muggenthalek, Kolonisutorische und wirtschaftliche Tätigkeit..., p. 138.
- 81 Baumann, Die wirtschaftliche Enlwicklung Walkenrieds..., p. 132 s ; M. Clasen, Lüneburg und Reinfe (...)
- 82 Rösener, Reichsabtei Salem..., p. 128-130 ; E. Krausen, Die Zisterzienserabtei Raitenhaslach..., p (...)
24Aux endroits qui le permettaient, toute une série de monastères s’occupait intensément de mines et de salines. Walkenried, située au sud du Harz, déployait une activité exceptionnelle dans l’extraction et le travail du fer77 ; aux xiie et xiiie siècles, le monastère avait une importante participation à l’extraction du minerai dans le secteur de Rammelsberg, près Goslar, et à l’exploitation des mines du Rupenberg. 11 entretenait également ses propres forges dans la forêt proche du monastère ainsi qu’en bordure occidentale du Harz, à Immedeshausen, centre dont dépendaient plusieurs installations de mines et de forges78. Sittichenbach, filiale de Walkenried, a probablement suivi le modèle de la maison mère, en participant à l’extraction du cuivre dans la région de Mansfeld79. Waldsassen en Bavière détenait également des droits miniers sur son propre territoire80. En dehors de l’activité minière lucrative, Walkenried, comme de nombreux autres monastères d’Allemagne du Nord, participait aussi depuis le début du xiiie siècle à l’exploitation du sel dans la région de Lunebourg81. Dans le sud de l’Allemagne, Salem et Raitenhaslach possédaient des parts dans les salines de Reichenhall, en Bavière, et à Hallein, dans le diocèse de Salzbourg. Les deux monastères ont longtemps exploité, avec l’aide de frères convers, leurs propres poêles à sel et écoulé avec profit leurs excédents sur le marché82.
- 83 Canivez, Statuta, 1, p. 24 (De nundinis) ; Lekai, The Cistercians..., p. 310 s.
- 84 Voir Franz, Grangien und Landsiedel..., p. 314-317 ; Rösener, Reichsabtei Salem..., p. 130-140 ; W (...)
25L’intense activité agraire et artisanale des Cisterciens d’Allemagne occidentale s’est traduite par une participation croissante des monastères au commerce. Les réticences initiales de l’Ordre en ce qui concerne la présence sur les marchés et la participation au commerce avaient rapidement cédé la place à une attitude plus réaliste qui tenait compte des échanges croissants des monastères avec les centres commerciaux83. La productivité des granges, remarquablement gérées, et le haut rendement des ateliers ont rapidement conduit à une production excédentaire qui conditionnait une participation de plus en plus intense aux échanges commerciaux. Des produits comme les céréales, le vin, le bétail, la laine, le drap ou le sel, représentaient les principaux objets de commerce des monastères. Les intermédiaires essentiels entre les différents monastères et les centres économiques et commerciaux des villes étaient les cours urbaines (Stadthôfe) que l’on rencontre dans presque tous les monastères d’Allemagne occidentale et qui illustrent la relation étroite qui existe entre l’économie florissante des Cisterciens et l’essor des villes du haut Moyen Age. La recherche médiévale en Allemagne de l’Ouest s’est particulièrement intéressée depuis quelques années à cette question, en analysant le rôle des cours urbaines dans l’économie et la société médiévales84.
- 85 G. Kaller, Wirtschafts-und Besitzgeschichte des Zisterzienserklosters Otterberg 1144-1561, Heidelb (...)
- 86 Giessler-Wirsig, Die Beziehungen..., p. 61-132 ; H. Mosler, Der Altenberger Hof in Köln, dans Anna (...)
- 87 Wiswe, Grangien..., p. 126-129 ; Baumann, Die wirtschaftliche Entwicklung Walkenrieds..., p. 125-1 (...)
- 88 Schich, Die Stadthôfe der frankischen Zisterzienser..., p. 45-94 ; F. Geldner, Das alteste Urbar d (...)
- 89 Rösener, Reichsabtei Salem..., p. 130-140 ; M.R. Sabrow, Der Stadthof des Zisterzienserklosters Sa (...)
- 90 Voir Muggenthaler, Kolonisatorische und wirtschaftliche Tätigkeit..., p. 104 ; FRANZ, Grangien und (...)
- 91 Heutger, Das Kloster Amelungsborn..., p. 75 ; Baumann, Die wirtschaftliche Entwicklung Walkenrieds (...)
- 92 Muggenthaler, Kolonisatorische und wirtschaftliche Tätigkeit..., p. 147-150.
- 93 Heidacher, DieEntstehungs-und Wirtschaftsgeschichte..., p. 117 ; F. Bastian, Das älteste Aldersbac (...)
26Otterberg possédait déjà en 1195 d’importantes cours dans les villes de Kaiserslautern et de Worms où elle écoulait la production des produits du monastère. Dès le xiiie siècle, Otterberg acquérait en outre des dépendances et des droits de propriété dans les villes de Spire, Mayence, Oppenheim et Bingen85. À Cologne, le plus important centre de Rhénanie, les Cisterciens de la région disposaient de vastes cours où se trouvaient entreposés les produits du monastère, notamment du vin, destiné à ce marché86. Les abbayes de Saxe installaient aussi des cours dans les villes voisines, comme Brunswick, Hildesheim ou Magdebourg87. En Franconie, les monastères disposaient de leurs propres cours dans les villes épiscopales de Wurzbourg et Bamberg88. Salem, en pays souabe, installait dès le début du xiiie siècle des cours dans dix villes de sa vaste région économique et y écoulait sa production avec de grands profits89. La principale fonction de ces cours urbaines cisterciennes en Allemagne occidentale résidait certainement dans l’entrepôt de la production du monastère et son écoulement sur le marché des villes. Les cours urbaines remplissaient aussi une fonction centrale dans l’approvisionnement de la population urbaine en produits agricoles et constituaient un élément de liaison indispensable entre l’économie monastique, ancrée dans l’espace rural, et l’économie des villes en expansion. En outre, les cours urbaines avaient des fonctions indispensables, servant de points d’appui et de pied-à-terre pour les monastères, là où se tenaient l’évêque et le prince, et aussi de centre administratif pour les possessions que les moines avaient dans les villes et aux environs90. En temps de guerre, elles servaient de refuges à l’abbé et aux moines91. La franchise partielle des Cisterciens à l’égard des douanes et des taxes urbaines suscitait en maints endroits la jalousie des citoyens concurrents et provoquait de sérieux conflits. Une longue querelle avec la ville d’Eger amena, au début du xive siècle, l’abbaye de Waldsassen à transférer ses centres commerciaux sur son territoire et à y établir ses propres marchés92. Les livres de compte de quelques abbayes comme Aldersbach et Heilsbronn donnent une excellente idée des ramifications économiques des monastères93.
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- 94 Voir, par ex., Rösener, Reichsabtei Salem..., p. 121 ; Jooss, Umrisse der klösterlichen Wirtschaft (...)
- 95 Canivez, Statuta, 1, p. 346 ; Hoffmann, Die Entwicklung der Wirtschaftsprinzipien..., p. 719
27En insistant sur l’importance particulière et la fonction des granges aux xiie et xiiie siècles, je ne voudrais pas donner l’impression que l’économie des monastères cisterciens d’Allemagne occidentale reposait à cette époque presque exclusivement sur l’économie fermée, comme les principes économiques de l’Ordre l’exigeaient. Ce n’est nullement le cas. Dès le xiie siècle, beaucoup de monastères d’Allemagne occidentale ont tiré profit, grâce aux cens, de la terre qui était cultivée en dehors des granges et était affermée aux paysans94. Cela se passait à une époque où les Cisterciens étaient censés s’en tenir partout encore strictement à l’économie fermée, donc avant 1208, quand le chapitre général autorisa pour la première fois officiellement l’utilisation modérée du bail95. Les possessions contraires aux statuts, telles que villages domaniaux, censives, serfs paysans, églises, dîmes, se rencontrent en beaucoup de monastères dès la fondation, ou sont acquises aux xiie et xiiie siècles par donations et achats. En raison de la nécessité pressante de nourrir un nombre vite croissant de moines et de convers au cours des difficiles premières années, les monastères n’avaient, la plupart du temps, pas d’autre choix que de s’accommoder provisoirement de la situation donnée, en attendant de l’aménager progressivement à leur idée.
- 96 Urkundenbuch der Abtei Eberbach im Rheingau, 2 vol., éd. par K. Rossel, 1862-1870 ; Mossig, Grundb (...)
- 97 Rösener, Reichsabtei Salem..., p. 118-123 ; H. Weiss, Die Zisterzienserabtei Ebrach, Stuttgart 196 (...)
- 98 H. Baier, Des Klosters Salem Bevölkerungsbewegung, Finanz-, Steuer-und Volkswirtschaft seit dem 15 (...)
- 99 Krausen, Die Zisterzienserabtei Raitenhaslach..., p. 173 et Die Klöster des Zisterzienserordens in (...)
- 100 W. Schöntag, Königsbronn, dans Historischer Atlas von Baden-Württemberg, Beiwort zur Karte VIII, 4 (...)
28En tenant compte des différences de structures économiques, on distinguera quatre groupes de monastères : 1. les premières fondations, comme Eberbach en Rhénanie, qui s’en tenaient strictement aux principes économiques et se satisfaisaient, au cours du xiie et au début du xiiie siècle, presque exclusivement de l’économie fermée96 ; 2. des monastères, comme Salem, Ebrach ou Walkenried, qui, dès le xiie siècle, possédaient, en plus des granges, des censives confiées à des paysans et dont la proportion s’est accrue progressivement97. Dans l’économie de Salem, il y avait déjà au xiie siècle, en plus des terres des granges, cultivées par les moines, un ensemble important de terres affermées que les moines avaient surtout acquises par donation en des lieux très dispersés. Depuis le xiiie siècle, la tendance à acenser les biens nouvellement acquis se précise à Salem et peu à peu l’on passe à un système nettement domanial ; toutefois, les moines ont longtemps continué de s’occuper eux-mêmes de quelques granges98 ; 3. Raitenhaslach et d’autres monastères, en Bavière notamment, n’avaient pratiqué que très peu le système des granges, à leurs débuts, pour passer rapidement aux censives99. Les monastères de ce type se sont très tôt accomodés du système d’économie domaniale existant, confiant à des paysans soumis au cens la majeure partie de leurs terres ; 4. les monastères fondés tardivement aux xiiie et xive siècles ne présentent déjà plus les caractères de l’économie cistercienne100.
29En étudiant les monastères cisterciens d’Allemagne occidentale, il faut donc procéder cas par cas pour déterminer le degré réel de leur autarcie, sans quoi on ne saurait juger leurs structures économiques. Ce n’est que dans la phase initiale et dans certaines abbayes seulement que l’on rencontre exclusivement une économie autarcique. La plupart des monastères présentaient aux xiie et xiiie siècles un système économique mixte : en dehors des terres que les moines cultivaient eux-mêmes, ils disposaient d’importantes censives cultivées par des paysans dépendants. Plus un monastère était fondé tard, moins on lui trouve la tendance à installer ses propres fermes — parallèlement au recul de l’Ordre en ce qui concerne les principes économiques du début. Depuis que leurs possessions augmentaient considérablement, et à la faveur des changements de structure des xiiie et xive siècles, beaucoup de monastères ne cultivaient plus eux-mêmes qu’une faible partie de leur important terroir, administrant de façon domaniale les biens situés en dehors des noyaux principaux de leurs propriétés.
- 101 Voir par ex. Wurtembergisches Urkundenbuch, VI, p. 166 s. (abandon de la grange Ottersweier du mon (...)
- 102 Dus Tennenbacher Güterbuch..., passim.
- 103 Wiessner, Dus Gesamturbar des Zisterzienserklosters Ebrach.... p. 11 ; K. Schoene, Kloster Hardeha (...)
- 104 Neuscheler, Die Klostergrundherrschuft Bebenhausen..., p. 129.
- 105 Neuscheler, ibidem, p. 155.
- 106 Söhn, Geschichte des wirtschaftlichen Lebens der Abtei Eberbach..., p. 89-97 ; Schnorrenberger, Wi (...)
30Bien qu’en beaucoup de cas les abandons de granges commencent dans la première moitié du xiiie siècle101, la véritable crise du système des granges, pour nos monastères, n’a commencé qu’à la fin du xiiie siècle et dans la première moitié du xive siècle. On est frappé de voir de quelle manière radicale et résolue certaines abbayes ont changé à l’époque leur système économique. L’abbaye de Tennenbach, par exemple, a renoncé à l’économie autarcique dans huit de ses granges entre 1308 et 1342 pour les affermer sous différentes conditions à des paysans, ne conservant en économie autarcique que trois ou quatre granges102. La situation financière du monastère de Tennenbach n’étant guère tendue à cette époque, la diminution radicale de l’économie fermée s’explique essentiellement par une nouvelle conception économique. Tout comme à Tennenbach, un grand nombre d’autres monastères, Ebrach en Franconie, Hardehausen en Westphalie, Waldsassen en Bavière, ont procédé, début xive siècle, à des abandons de granges de plus en plus fréquents103. D’une façon générale, le xive siècle peut être considéré comme un tournant décisif dans l’organisation économique des monastères d’Allemagne occidentale, chez lesquels le système des granges avait été fortement développé. Les monastères pris individuellement réagiront de façon fort différente à la nouvelle situation et les étapes de réduction de l’économie fermée y sont de différente durée. Les uns passèrent presque entièrement au système du cens foncier et ne se distinguèrent désormais plus guère dans leur économie des monastères bénédictins ; les autres conservèrent longtemps un noyau de granges en économie fermée. Les moines de Bebenhausen en 1356 entretenaient encore eux-mêmes huit granges sur les seize qu’ils détenaient à l’origine, si bien que le quart des terres cultivées du monastère se trouvait encore exploité par le système des granges104. Au xve siècle, le monastère allait encore réduire le nombre de ses granges, si bien qu’en 1500, il n’en restait que deux dans le voisinage immédiat de l’abbaye105. Eberbach représente apparemment une exception : en 1500 elle gère encore elle-même une quinzaine de granges106.
***
- 107 Voir W. ABEL, Agrarkrisen und Agrarkonjunktur, 3e éd., Hamburg 1978, p. 57 ss. et Strukturen und K (...)
- 108 P. Becker, Benediktinische Reformbewegungen im Spatmittelalter, dans Untersuchungen z,u Kloster un (...)
- 109 Voir W. Abel, Die Wüstungen des ausgehenden Mittelalters, 3e éd., Stuttgart 1976, p. 138-160 ; G. (...)
31En conclusion, si nous voulons déterminer les causes de la crise de l’économie cistercienne au bas Moyen Age, ce ne peut être que de façon approximative, et seuls quelques facteurs principaux de ce problème complexe peuvent être mis en évidence. La situation de l’économie cistercienne ne doit pas être considérée isolément, mais dans le contexte de l’évolution économique, sociale et culturelle du bas Moyen Age107. Il faut en outre distinguer soigneusement les éléments spécifiques de la crise des granges cisterciennes des facteurs généraux qui ont conduit, aux xive et xve siècles, à une crise de l’économie monastique également sensible dans de nombreux monastères bénédictins108. Ce phénomène est à son tour inséparable de la crise économique du bas Moyen Age, notamment de la dépression agraire qui, aux xive et xve siècles, a ébranlé la position de nombreux seigneurs ecclésiastiques et laïques109.
- 110 Par ex. W. Ribbe, Die Wirtschaftstätigkeit der Zisterzienser im Mittelalter : Agrarwirtschaft, dan (...)
- 111 J. de la Croix Bouton/J.-B. Van Damme, éd., Les plus anciens textes de Cîteaux, Achel 1974, p. 78.
- 112 Voir Abel, Agrarkrisen..., p. 57 ss. ; Lütge, Geschiehte der deutschen Agrarverfassung..., p. 93.
- 113 Neuscheler, Die Klostergrunclherrschaft Bebenhausen, p. 152 ; Heidacher, Die Entstehungs-und Wirtsc (...)
- 114 Voir Southern, Western Society..., p. 259 s.s. ; M. Weber, Wirtschaftsgeschichte, München 1923, p. (...)
- 115 R. Schneider, Lebensverhältnisse bei den Zisterziensern im Spatmittelalter, dans Klösterliche Sach (...)
- 116 Winter, Die Cistercienser, III, p. 3-15.
32Dans la recherche des causes du déclin de l’économie des granges cisterciennes au xive siècle, la diminution du nombre des convers se trouve souvent avancée110. Bien que ce facteur ait assurément renforcé, dans beaucoup de monastères, la tendance au recul de l’économie fermée, ce processus ne saurait être considéré comme une cause unique ou principale. Déjà aux époques antérieures, le nombre des convers était insuffisant pour assurer l’autarcie du monastère sans autre aide que la leur et les salariés laïques représentaient depuis longtemps un élément de main-d’œuvre indispensable dans les granges111. C’est essentiellement l’augmentation des salaires et le déclin persistant du prix du blé qui ont diminué la rentabilité de l’économie fermée112 et obligé beaucoup de monastères à en tirer les conséquences en affermant les terres et en transformant les granges en villages. La crise agraire a particulièrement touché les fermes céréalières et conduit certains monastères à développer l’élevage extensif ou à augmenter le nombre des bergeries113. Une autre cause du changement résidait dans le déclin de la discipline cistercienne que l’on a pu observer dans plusieurs monastères. C’était précisément la conjonction de l’ascèse monastique et de l’efficacité des activités économiques qui, aux xiie et xiiie siècles, avaient permis une énorme expansion des monastères cisterciens, provoquant du même coup un grand nombre de donations114. L’ascèse des premiers temps ne se constate plus dans nombre d’abbayes du bas Moyen Age115. En outre, les nombreuses guerres et autres conflits de cette époque avaient particulièrement touché les granges cisterciennes, objets de prédilection des seigneurs féodaux pillards116.
- 117 Voir Higounet, Le premier siècle..., p. 367 ; G. Despy, Les richesses de la terre : Cîteaux et Pré (...)
33Si l’on observe qu’au xive et au xve siècle, les monastères cisterciens, dont l’économie n’avait jamais reposé essentiellement sur les granges, avaient eux aussi de sérieuses difficultés économiques, on comprend que le déclin de l’économie cistercienne ait été étroitement lié au phénomène général de la crise économique du bas Moyen Age. Après que la phase d’essor du haut Moyen Age dans l’économie agraire ait favorisé l’expansion des monastères cisterciens117, la dépression provoquée par la peste et le déclin démographique aux xive et xve siècles a ébranlé, non seulement grand nombre de seigneuries foncières laïques et ecclésiastiques, mais aussi l’économie des abbayes cisterciennes.
- 118 Winter, Die Cistercienser, III, p. 21-24 ; Kaller, Wirtschafts-und Besitzgeschichte..., p. 41-47.
- 119 Winter, Die Cistercienser, III, p. 3-5 ; K. Et.M, Verfall und Erneuerung des Ordenswesens im Spatmi (...)
- 120 Par ex. Steinmann, Der Besitz des Klosters Loccum..., p. 86-95 ; Schneider, Die Cistercienserabtei (...)
- 121 Voir E. Krausen, Die Zisterzienser des deutschen Sprach-und Kulturraumes im Zeitalter des Barock u (...)
34Les Cisterciens de l’Allemagne occidentale ont supporté de grandes pertes de revenus en raison des villages désertés, des cens diminués et des pertes provenant de la chute des prix agricoles118. Dans le même temps, les monastères se trouvaient exposés au paiement de taxes accrues destinées à la Curie et au pape, à l’Empire et aux princes119. Tous ces facteurs conduisaient à un endettement et à une désorganisation croissante pour beaucoup de monastères qui se voyaient contraints à vendre leurs biens ou à les engager 120 Ce n’est qu’aux xvie et xviie siècles que les monastères cisterciens d’Allemagne occidentale qui n’avaient pas été supprimés à la suite de la Réforme, ont connu un nouvel essor économique et monastique121.
Notes
1 Voir R.A. Donkin, The Growth and Distribution of the Cistercian Order in Medieval Europe, dans Studia Monastica, 9, 1967, p. 275-286 ; G.B. Winkler, Die Ausbreitung des Zisterzienserordens im 12. und 13. Jh., dans Die Zisterzienser. Ordensleben zwischen Ideal und Wirklichkeit, Bonn 1980, p. 87-92.
2 Voir H. Chlopocka/W. Schich, Die Ausbreitung des Zisterzienserordens östlich von Elbe und Saale, dans Die Zisterzienser, Bonn, 1980, p. 93-104 ; R. Roehl, Plan and Reality in a Medieval Monastic Economy : the Cistercians, dans Studies in Medieval and Renaissance History, 9, 1972, p. 83-113 ; H. Svoboda, Die Kloslerwirtschaft der Cistercienser in Ostdeutschland, Nürnberg 1930.
3 F. Winter, Die Cistercienser des nordösllichen Deutschlands, 3 vol., Gotha 1968-71 ; E.O. Schulze, Die Kolonisierung und Germanisierung der Gebiete zwischen Saale und Elbe, Leipzig 1896.
4 Zisterzienser-Studien I, Berlin 1975 ; Zisterzienser-Studien II. Das Landbuch des Klosters Zinna, Berlin 1976 ; Zisterzienser-Studien III, Berlin 1976 ; Zisterzienser-Studien IV, Berlin 1979.
5 Le catalogue de cette exposition a été publié : Die Zisterzienser. Ordensleben zwischen Ideal und Wirklichkeit, Bonn 1980 ; Erganzungsband, ed. K. Elm, Köln 1982.
6 Voir Ch. Higounet, Le premier siècle de l'économie rurale cistercienne, dans Instituzioni monastiche e instituzioni canonicali in Occidente 1123-1215, Milano 1980, p. 345-368 ; R.W. Southern, Western Society and the Church in the Middle Ages, London 1971, p. 259-272 ; J. Wollasch, Mönchtum des Mittelalters zwischen Kirche und Welt, München 1973, p. 171-186 ; K. ELM, Die Stellung des Zisterzienserordens in der Geschichte des Ordenswesens, dans Die Zisterzienser, Bonn 1980, p. 31-40 ; A.H. Bredero, Cluny et Cîteaux au xiie siècle : les origines de la controverse, dans Studi medievali 12, 1971, p. 135-175 ; A. Schneider, Die Cistercienser. Geschichte, Geist, Kunst, Köln 1974 ; L.J. Lekai, The Cistercians. Ideals and Reality, Kent-Ohio 1977.
7 J. de la Croix Bouton/J.B. Van Damme, éd., Les plus anciens textes de Cîteaux, Achel 1974, p. 78 et p. 121 (capitula de 1119) ; J.M. Canivez statuta Capitulorum Generalium Ordinis Cisterciensis ab anno 1116 ad annum 1786, I, p. 13 : In civitatibus, castellis, villis, nulla nostra construenda sunt coenobia, sed in lacis a conversatione hominum semotis (1134).
8 G. Schnath, Vom Wesen und Wirken der Zisterzienser in Niedersachsen im 12. Jh., dans Niedersiichsisches Jahrbuch für Landesgeschichte, 35, 1963, p. 83.
9 W. Steinmann, Der Besitz des Klosters Loccum bis zur Mitte des 15. Jh., Diss. Göttingen 1951, p. 7.
10 R. Rustenbach, Geschichte des Klosters Amelungsborn, dans Jahrbuch des Geschichtsvereins für das Herzogtum Braunschweig, 8, 1909, p. 67.
11 W. Rösener, Reichsabtei Salem. Verfassungs-und Wirtschaftsgeschichte des Zisterzienserklosters von der Gründung bis z.ur Mitte des 14. Jh., Sigmaringcn 1974, p. 30 ; E. Neuscheler, Die Klostergrundherrschaft Bebenhausen, dans Württembergische Jahrbücherfür Statistik und Landeskunde, 1928, p. 115 ; E. Gohl, Die Entstehung des Klosters, dans Kloster Maulbronn 1178-1978, Maulbronn, 1978, p. 25-45.
12 H. Pflüger, Sehutzverhältnisse und Landesherrschaft der Reichsabtei Herrenalb von ihrer Gründung im Jahre 1149 bis zum Verlust ihrer Reichsunmittelbarkeit im Jahre 1497 (bzw. 1535), Stuttgart 1958, p. 10 ; Das Tennenbacher Güterbuch (1317-1341), ed. par M. Weber, Stuttgart 1969, p. XIII.
13 W. Wiessner, éd., Das Gesamturbar des Zisterzienserklosters Ebrach vom Jahre 1340, Würzburg, 1973, p. 8.
14 H. Wiswe, Grangien niedersachsischer Zisterzienserklöster. Entstehung und Bewirtschaftung spätmittelalterlich-frühneuzeitlicher landwirtschaftlicher GroBbetriebe, dans Braunschweigisches Jahrbuch, 34, 1953, p. 40-46.
15 S. Epperlein, Gründungsmythos deutscher Zisterzienserklôster westlich und östlich der Elbe im hohen Mittelalter und der Bericht des Leubuser Mônches im 14. Jh., dans Jahrbuch für Wirtschaftsgeschichte, 1967/III, p. 303-335 ; Wiswe, Grangien..., p. 41 (« Mythos der Gründung der Zisterzienser in der Wildnis ») ; pour la France, voir Higounet, Le premier siècle..., p. 346-347 ; pour l’Angleterre, voir R.A. Donkin, The Site Changes of Medieval Cistercian Monasteries, dans Geography, 44, 1959, p. 251-258 et The Cistercians : Studies in the Geography of Medieval England and Wales, Toronto 1978, p. 179-180.
16 Schnath, Vom Wesen und Wirken..., p. 95-97 ; G. Sello, Das Cisterzienserkloster Hude bei Oldenburg,. 1895 ; H. Von Jan, 850 Jahre Kloster Marienrode, Hildesheim 1975 ; H. Hoogeweg, Verzeichnis der Stifter und Kloster Niedersachsens vor der Reformation, Hannover 1908.
17 H. Ermet, Der ländliche Grundbesitz der Abtei Altenberg bis zum Ende des 15. Jh., dans Zeitschrift des Bergischen Geschichtsvereins, 56, 1927, p. 4 ; H. Mosler, Die Cistercienserabtei Altenberg, Germania Sacra, NF 2, Berlin 1965, p. 49 ; H. Pauen, Die Klostergrundherrschaft Heisterbach, Münster 1913, p. 7 ; W.H. Struck, Das Cistercienserkloster Marienstatt im Mittelalter. Urkundenregeste, Güterverzeichnisse und Nekrolog, Wiesbaden 1965, p. XIX.
18 C. Wilkes, Die Zisterzienserabtei Himmerode im 12. und 13. Jahrhundert, Münster 1924, p. 17-20.
19 Pauen, Die Klostergrundherrschaft Heisterbach..., p. 4 ; J. Hennecke, Die Geschichte des Klosters Bredelar, 1937 ; L. Litzenburger, Die Entstehung und Ausbreitung der Grundherrschaft Werschweiler, dans Archiv für mittelrheinische Kirchengeschichte, 2, 1950, p. 88-129 ; H. Büttner, Studien zur Geschichte von Disibodenberg, dans Studien und Mitteilungen zur Geschichte des Benediktiner-Ordens, 52, 1934, p. 1-46.
20 Voir Wiessner, Das Gesamturbar des Zisterzienserklosters Ebrach..., p. 7 ; Rosener, Reichsabtei Salem..., p. 25-27 ; Schnath, Vom Wesen und Wirken..., p. 85 ; C. Eebel, Geschichte des Klosters Arnsburg in der Wetterau, Diss. Marburg 1892 ; L. Scherg, Die Zisterzienserabtei Bronnbach im Mittelalter, Würzburg 1976.
21 Voir Wiswe, Grangien..., p. 34.
22 Canivez, Statuta 1, p. 14 (1134) ; E. Hoffmann, Die Entwicklung der Wirtschaftsprinzipien im Cisterzienserorden während des 12. und 13. Jh., dans Historisches Jahrbuch, 31, 1919, p. 699-727.
23 W. Baumann, Die wirtschaftliche Entwicklung Walkenrieds im Überblick, dans H. Heutger, 850 Jahre Kloster Walkenried, Hildesheim 1977, p. 101-123 ; Schnath, Vom Wesen und Wirken..., p. 90.
24 Mosler, Die Cistercienserabtei Altenberg..., p. 102 ; Ch. Mossig, Grundbesitz und Güterbewirtschaftung des Klosters Eberbach im Rheingau 1136-1250, Darmstadt-Marburg 1978, p. 399-402.
25 K. Klunzinger, Urkundliche Geschichte der vormaligen Cisterzienser-Abtei Maulbronn, Stuttgart 1854, p. 26-31 ; R. Jooss, Umrisse der klösterlichen Wirtschaftsgeschichte, dans Kloster Mauibronn 1178-1978, Mauibronn 1978, p. 58-68 ; Rösener, Reichsabtei Salem..., p. 118-121.
26 W. Schöntag, Königsbronn, dans Historischer Atlas von Baden-Württemberg, Beiwort zur Karte VIII, 4, Stuttgart 1975, p. 7 s.
27 Voir aussi Wiswe, Grangien..., p. 46-56 ; Neuscheler, Die Klostergrundherrschaft Bebenhausen..., p. 129 ; M. Schaab, Der Besitz der südwestdeutschen Zisterzienserabteien um 1340/50, dans Historischer Atlas von Baden-Württemberg, Beiwort zur Karte VIII, 4, Stuttgart 1975, p. 14.
28 Voir Pelüger, Schutzverhaltnisse und Landesherrschaft der Rekhsabtei Herrenalb..., p. 26 ; Rösener, Reichsabtei Salem..., p. 126-128 ; E. Hoffmann, Die Stellungnahme der Cisterzienser zum kirchlichen Zehntrecht im 12. Jh., dans Studien und Mitteilungen zur Geschichte des Benediktinerordens, 33, 1912, p. 421-449.
29 Rösener, Reichsabtei Salem..., p. 121.
30 H. Muggenthaler, Kolonisatorische und wirtschaftliche Tätigkeit eines deutschen Zisterzienserklosters [Waldsassen] im 12. und 13. Jh., München 1924, p. 105.
31 F. Winter, Die Cisterzienser, II, p. 171.
32 W. Wittich, Der religiose Gehalt der Kolonisation des ostelbischen Deutschlands, dans Jahrbuch für Nationalökonomie und Statistik, 144, 1936, p. 653 ; J. Höffner, Bauer und Kirche im deutschen Mittelalter, Paderborn 1939, p. 52.
33 W. Rösener, Bauernlegen durch klösterliche Grundherren im Hochmittelalter, dans Zeitschrift für Agrargeschichte und Agrarsoziologie, 27, 1979, p. 60-93. Voir aussi M. Volke, Zu einigen Aspekten der Wirtschaftspolitik deutscher Zisterzienserklöster wahrend des 12. und 13. Jh., dans Jahrbuch für Wirtschaftsgeschichte, 1979/II, p. 169-182 ; F. Elsener, Zisterzienserwirtschaft, Wüstung und Stadterweiterung ara Beispiel Rapperswil, dans Festschrift Eberhard Naujoks, Sigmaringen 1980, p. 47-71.
34 Voir R.A. Donkin, The Cistercians : Studies in the Geography of Medieval England and Wales, Toronto 1978, p. 39-44 ; J.S. Donnelly, Changes in the Grange Economy of English and Welsh Cistercian Abbeys, dans Traditio, 10, 1954, p. 409 ; C.V. Graves, The Economie Activities of the Cistercians in Medieval England (1128-1307), dans Analecta S.O. Cisterciensis, 13. 1957, p. 3-60 ; C. Platt, The Monastic Grange in Medieval England, London 1969, p. 91-93.
35 Voir aussi Higounet, Le premier siècle..., p. 355.
36 Schaab, Der Besitz der südwestdeutschen Zisterzienserklöster..., p. 3 ; W. Rösener, Grangienwirtschaft und Grundbesitzorganisation südwestdeutscher Zisterzienserklöster vom 12. bis 14. Jh., dans K. Elm, éd., Die Zisterzienser, Ergänzungsband, Köln 1982, p. 137-164.
37 Wiessner, Das Gesamturbar des Zisterzienserktosters Ebrach..., p. 14 et 16.
38 Schnath, Vom Wesen und Wirken..., p. 89 s. ; H. Lathwesen, Kolenfeld. Die Geschichte eines calenbergisehen Dorfes, Kolenfeld 1961, p. 37.
39 G. Schnorrenberger, Wirtschaftsverwaltung des Klosters Eberbach im Rheingau 1423-1631, Wiesbaden 1977, p. 53 et GröBe und Rentabilität zweier Eberbacher Riedhôfe, dans Nassauische Annalen, 87, 1976, p. 1123-134.
40 Neuscheler, Die Klostergrundherrschaft Bebenhausen..., p. 129(1 iugerum = 0,4 ha).
41 F. Winter, Die Cistercienser..., passim ; G. Uhlhorn, Die Kulturthätigkeit der Cisterzienser in Niedersachsen, dans Zeitschrift des historischen Vereins für Niedersachsen, 52, 1890, p. 84-110 ; R. Sebicht, Die Cistercienser und die niederlandischen Kolonisten in der Goldenen Aue, dans Zeitschrift des Harzvereins, 21, 1888, p. 1 ss.
42 Wiswe, Grangien..., p. 40-46, et Die Bedeutung des Klosters Walkenried fur die Kolonisierung der Goldenen Aue, dans Braunschweigisches Jahrbuch, 31, 1950, p. 59-70.
43 Schnath, Vom Wesen und Wirken..., p. 91 ; F. Petri, Entstehung und Verbreitung der niederländischen Marschenkolonisation in Europa, dans Die deutsche Ostsiedlung des Mittelalters als Problem der europäischen Geschichte, éd. par W. Schlesinger, Sigmaringen 1975, p. 738 ; C. Laufkötter, Die wirtschaftliche Luge der ehemaligen braunschweigischen Zisterzienserklôster Michaelstein, Mariental und Riddagshausen bis zum Jahre 1300, Hildesheim 1919, p. 23 ; Steinmann, Der Besitz des Klosters Loccum..., p. 84.
44 Voir H. Kühnel, Beiträge der Orden zur materiellen Kultur des Mittelalters und weltliche Einflüsse auf die klösterliche Sachkultur, dans Klösterliche Sachkultur des Spätmittelalters, Wien 1980, p. 10.
45 Schnath, Vom Wesen und Wirken..., p. 84 ; Wiswe, Grangien..., p. 43.
46 H. Von Lengen, Geschichte und Bedeutung des Zisterzienser-Klosters Ihlow, dans Res Frisicae. Beiträge zur ostfriesichen Verfassungs-, Sozial-und Kulturgeschichte, Aurich 1978, p. 90.
47 Ermet, Der ländliche Grundbesitz der Abtei Altenberg..., p. 10 ; Pauen, Die Klostergrundherrschaft Heisterbach..., p. 56-60 ; Struck, Das Cistercienserkloster Marienstatt..., p. 22.
48 Voir Schaab, Der Besitz der südwestdeutschen Zisterzienserabteien, p. 3.
49 Rosener, Reichsabtei Salem..., p. 121.
50 K.S. Bader, Das Freiaml im Breisgau und die freien Bauern am Oberrhein, Freiburg 1936, p. 60-64 ; M. WEBER, Die Rodungen und Besitzungen Tennenbachs auf der Baar, dans Zeitschrift des Freiburger Geschichtsvereins, 46, 1935, p. 121-158 et Der Tennenbacher Besitz im Villinger Raum, dans W. Müller, éd., Villingen und die Westbaar, Bühl 1972, p. 175-191.
51 Voir E. Krausen, Die Klöster des Zisterzienserordens in Bayenr, München, 1953, p. 14 et Die Zisterzienscrabtei Raitenhaslach, Gennania Sacra, NF 11, Berlin 1977, p. 172.
52 Muggenthaler, Kolonisatorische und wirtschaftliche Tätigkeit.... passim ; Krausen, Die Klôster des Zisterzienserordens..., p. 100-103.
53 Voir Wiswe, Grangien..., p. 48.
54 E.G. Franz, Grangien und Landsiedel. Zur Grundherrschaft des Zisterzienserklosters Haina in Hessen, dans Deutsches Bauerntum im Mittelalter, éd. par G. Franz, Darmstadt 1976, p. 308.
55 Par ex. Winter, Die Cistercienser 1, p. 117-119 ; Uhlhorn, Die Kulturthätigkeit der Cistercienser..., p. 103 ; K.Th. Von Inama-sternegg, Sallandstudien, dans Festgabe fur Georg Hanssen, Tiibingen 1889, p. 105.
56 Wiswe, Grangien..., p. 85-87 ; Higounet, Le premier siècle..., p. 367.
57 Pauen, Die Klostergrundlierrschaft Heisterbach..., p. 5.
58 Wiswe, Grangien..., p. 82-85.
59 Das Tennenbacher Güterbuch (1317-1341), éd. par M. Weber, Stuttgart 1969, passim.
60 Voir F. Lütge, Geschichte der deutschen Agrarverfassung vom frühen Mittelalter bis zum 19. Jh., 2. éd., Stuttgart 1967, p. 83-94 ; F.-W. Henning, Landwirtschaft und ländliche Gesellschaft in Deutschland, vol. 1, Paderborn 1979, p. 93-96.
61 H. Ammann, Das Kloster Salem in der Wirtschaft des ausgehenden Mittelalters, dans Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins, 110, 1962, p. 376.
62 Voir Neuscheler, Die Klostergrundherrschaft Bebenhausen..., p. 129.
63 Urkundenbuch zur Geschichte der mittelrheinischen Territorien, III, p. 279 ; Wilkes, Die Zisterzienserabtei Himmerode..., p. 144 ; A. Thiele, Echternach und Himmerod. Beispiele benediktinischer und zisterziensischer Wirtschaftsführung im 12. und 13. Jh., Stuttgart 1964, p. 121.
64 Struck,Das Cistercienserkloster Marienstatt..., p. 394.
65 Voir Das Tennenbacher Güterbuch..., p. 192-199 (la grange de Hardern) ; H. Ott, Studien zur spätmittelalterlichen Agrarverfassung im Oberrheingebiet, Stuttgart 1970, p. 59-61 ; A. Schneider, Die Cistercienserabtei Himmerod im Spatmittelalter, Himmerod 1954, p. 124 ; A. Heidacher, Die Entstehungs-und Wirtschaftsgeschichte des Klosters Heilsbronn bis zum Ende des 15. Jh., Bonn 1955, p. 126-128 ; Wiswe, Grangien..., p. 116-119 ; M. Schaab, Die Zisterzienserabtei Schönau im Odenwald, Heidelberg 1963, p. 109.
66 Donkin, The Cistercians..., p. 82-102, et Some Aspects of Cistercian Sheep Farming in England and Wales, dans Cîteaux, 13, 1962, p. 296-310 ; Graves, The Economie Activities..., p. 3-60 ; Donnelly, Changes in the Grange Economy..., p. 399-458.
67 Wilkes, Die Zisterzienserabtei Himmerode..., p. 159 ; Schneider, Die Cistercienserabtei Himmerod..., p. 116-120 ; J. Sohn, Geschichte des wirtschaftlichen Lebens der Abtei Eberbach im Rheingau vornehmlich im 15. und 16. Jh., Wiesbaden 1914, p. 49-71 ; Heidacher, Die Entstehungs-und Wirtschaftsgeschichte des Klosters Heilsbronn..., p. 94-107 ; Rösener, Reichsabtei Salem..., p. 144.
68 Voir Schneider, Die Cistercienserabtei Himmerod..., p. 116-120.
69 Söhn, Geschichte des wirtschaftlichen Lebens..., p. 71-84 ; E. Giessler-Wirsig, Die Beziehungen mittel-und niederrheinischer Zisterzienserklöster zur Stadt Köln bis zur Mitte des 13. Jh., dans Zisterzienser-Studien, IV, Berlin 1979, p. 61-132 ; K. Schulz, Fernhandel und Zollpolitik groBer rheinischer Zisterzen, dans Zisterzienser-Studien, IV, p. 48-57 ; F. Irsigler, Die wirtschaftliche Stellung der Stadt Kôln im 14. und 15. Jh., Wiesbaden 1979.
70 Schnorrenberger, Wirtschaftsverwaltung des Klosters Eberbach..., p. 82 et 142.
71 71. Winter, Die Cistercienser, II, p. 169 ; N. Heutger, 850 Jahre KIoster Walkenried, Hildesheim 1977, p. 31 ; Pauen, DieKlostergrundherrsehaft Heisterbach..., p. 134 ; M. Dicks, Die Abtei Camp am Niederrhein, Kempen 1913, p. 77 ; Rösener, Reichsabtei Salem..., p. 145 ; Krausen. Die Zisterzienserabtei Raitenhaslach p. 184 s.
72 W. Vahrenhold, KIoster Marienfeld. Besitz,-and Wirtschajtsgeschichte des Zisterzienserklosters Marienfeld in Weslfalen (1185-1456), Warendorf 1966, p. 129 ; Baumann, Die wirtschaftliche Entwicklug Walkenrieds...., p. 105 s. ; Schneider, Die Cistercienserabtei Himmerod..., p. 121-123 ; Heidacher, Die Entstehungs-and Wirtschaftsgeschichte des Klosters Heilsbronn..., p. 108-116.
73 Canivez, Statuta, 1, p. 14 : Unde monachis debeal provenire vicias. Voir aussi Lekai, The Cistercians..., p. 311 ; W. SCHICH, Zur Rolle des Handels in der Wirtschaft der Zisterzienserklöster im nordöstlichen Mitteleuropa während der zweiten Halfte des 12. und der erslen Hälfte des 13. Jh., dans Zisterzienser-Studien, IV, Berlin 1979, p. 133-168.
74 Struck, Das Cistercienserkloster Marienstattp. 33.
75 Rustenbach, Geschichte des Klosters Amelungsborn..., p. 33 ; N.C. Heutger, Das KIoster Amelungsborn im Spiegel der zisterziensischen Ordensgeschichte, Hildesheim 1968 p. 52.
76 Heidacher, Die Entstehungs-und Winschaftsgeschichte des Klosicrs Heilsbronn..., p. 120.
77 H. Uhde, Forsten, Bcrgbau und Hüttenbetriebe des Klosters Walkenried am Westharz, dans Harz-Zeitschrift, 19/20, 1967/68, p. 81-102 ; Baumann, Die wirtschaftliche Enlwicklung Walkenrieds..., p. 130-138 ; K.H. SPIESS, Die Beziehungen einiger mitteldeutscher Zisterzienserabteien zum dortigen Bergbau, dans Analecta Cisterciensia, 15, 1959, p. 265-283.
78 H. Uhde, Die Gutswirtschaft Immedeshausen (1225-1445) und der Besitz des Klosicrs Walkenried am Westharz, Oldenburg 1965.
79 Spiess, Die Beziehungen einiger mitteldeutsclier Zisterzienserabteien..., p. 271 s.
80 Muggenthalek, Kolonisutorische und wirtschaftliche Tätigkeit..., p. 138.
81 Baumann, Die wirtschaftliche Enlwicklung Walkenrieds..., p. 132 s ; M. Clasen, Lüneburg und Reinfeld im Mittelalter, dans Lüneburger Blätter, 9, 1958, p. 51-72 ; Winter, Die Cistercienser, III, p. 31 ; Laufkötter, Die wirtschaftliche Lage..., p. 139 ss. ; Heutger, Dus Kloster Amelungsborn..., p. 53.
82 Rösener, Reichsabtei Salem..., p. 128-130 ; E. Krausen, Die Zisterzienserabtei Raitenhaslach..., p. 194 s. et Der Salinenanteil der Zisterzienserklôster Salem und Raitenhaslach in Hallein, dans Der Anschnitt, 13, 1961, p. 7-12.
83 Canivez, Statuta, 1, p. 24 (De nundinis) ; Lekai, The Cistercians..., p. 310 s.
84 Voir Franz, Grangien und Landsiedel..., p. 314-317 ; Rösener, Reichsabtei Salem..., p. 130-140 ; W. Schich, Die Stadthôfe der frankischen Zisterzienser in Würzburg, dans Zisterzienser-Studien, III, Berlin 1976, p. 45-94 ; R. Schneider, Stadthöfe der Zisterzienser : Zu ihrer Funktion und Bedeutung, dans Zisterzienser-Studien, IV, Berlin 1979, p. 11-28 ; G. Steinwascher, Die Zisterzienserstadthöfe in Köln, Bergisch Gladbach 1981. Pour l’Angleterre : R.A. Donkin, The Urban Property of the Cistercians in Medieval England, dans Analecta S.O. Cisterciensis, 15, 1959, p. 104-131 et The Cistercians..., p. 162-170.
85 G. Kaller, Wirtschafts-und Besitzgeschichte des Zisterzienserklosters Otterberg 1144-1561, Heidelberg 1961, p. 54-62.
86 Giessler-Wirsig, Die Beziehungen..., p. 61-132 ; H. Mosler, Der Altenberger Hof in Köln, dans Annalen des Historischen Vereins fiir den Niederrhein, 158, 1956, p. 87-103 et Die Cistercienserabtei Camp in ihren Beziehungen zu Kôln und seinen Bürgern, dans Jahrbuch des Kölnischen Geschichtsvereins, 38/39, 1963/64, p. 1-50.
87 Wiswe, Grangien..., p. 126-129 ; Baumann, Die wirtschaftliche Entwicklung Walkenrieds..., p. 125-129 ; Heutger, Das Kloster Amelungsborn..., p. 52.
88 Schich, Die Stadthôfe der frankischen Zisterzienser..., p. 45-94 ; F. Geldner, Das alteste Urbar des Cistercienserklosters Langheim (um 1390), Würzburg 1952, p. 152 ss., 163-167 ; Wiessner, Das Gesamturbar des Zisterzienserklosters Ebrach..., p. 12.
89 Rösener, Reichsabtei Salem..., p. 130-140 ; M.R. Sabrow, Der Stadthof des Zisterzienserklosters Salem in Konstanz von seiner Gründung bis in das 15. Jh., dans Schriften des Vereins fiir Geschichte des Bodensees, 94, 1976, p. 93-124.
90 Voir Muggenthaler, Kolonisatorische und wirtschaftliche Tätigkeit..., p. 104 ; FRANZ, Grangien und Landsiedel..., p. 317.
91 Heutger, Das Kloster Amelungsborn..., p. 75 ; Baumann, Die wirtschaftliche Entwicklung Walkenrieds..., p. 125.
92 Muggenthaler, Kolonisatorische und wirtschaftliche Tätigkeit..., p. 147-150.
93 Heidacher, DieEntstehungs-und Wirtschaftsgeschichte..., p. 117 ; F. Bastian, Das älteste Aldersbacher Rechnungsbuch, dans Festschrift fur Karl-Alexander von Millier, München 1933, p. 19-43 ; P. Weissenberger, Die wirtschaftliche Lage der Zisterzienserabtei Schöntal von der Gründungszcit bis Mitte des 14. Jh., dans Zeitschrift für Württembergische Landesgeschichte, 10, 1951, p. 39-71 ; H. Ammann, Klöster in der stadtischen Wirtschaft des ausgehenden Mittelalters, dans Argovia, 72, 1960, p. 102-133.
94 Voir, par ex., Rösener, Reichsabtei Salem..., p. 121 ; Jooss, Umrisse der klösterlichen Wirtschaftsgeschichte, dans Kloster Maulbronn..., p. 63 ; Vahrenhold, Kloster Marienfeld..., p. 126.
95 Canivez, Statuta, 1, p. 346 ; Hoffmann, Die Entwicklung der Wirtschaftsprinzipien..., p. 719
96 Urkundenbuch der Abtei Eberbach im Rheingau, 2 vol., éd. par K. Rossel, 1862-1870 ; Mossig, Grundbesitz und Güterbewirtschaftung..., passim.
97 Rösener, Reichsabtei Salem..., p. 118-123 ; H. Weiss, Die Zisterzienserabtei Ebrach, Stuttgart 1962, p. 33 ; Baumann, Die wirtschaftliche Entwicklung Walkenrieds..., p. 100.
98 H. Baier, Des Klosters Salem Bevölkerungsbewegung, Finanz-, Steuer-und Volkswirtschaft seit dem 15. Jh., dans Freiburger Diözesan-Archiv, 62, 1934, p. 88.
99 Krausen, Die Zisterzienserabtei Raitenhaslach..., p. 173 et Die Klöster des Zisterzienserordens in Bayern, p. 26-28 (Aldersbach), 40-42 (Fürstenfeld), 43-44 (Fürstenzell), 45-47 (Gotteszell) et 97-99 (Walderbach).
100 W. Schöntag, Königsbronn, dans Historischer Atlas von Baden-Württemberg, Beiwort zur Karte VIII, 4, Stuttgart 1975, p. 7 s. ; K. Lindner, Beitrage zur Geschichte der Klostergrundherrschaft Stams, dans N. GRASS, éd., Beitrage zur Wirtschafts-und Kulturgeschichte des Zisterzienserstiftes Stams, Innsbruck 1959, p. 43 et 148 s. ; A. Eberl, Geschichte des ehemaligen Zisterzienserklosters Gotteszell, Deggendorf 1935.
101 Voir par ex. Wurtembergisches Urkundenbuch, VI, p. 166 s. (abandon de la grange Ottersweier du monastère d’Herrenalb en 1220).
102 Dus Tennenbacher Güterbuch..., passim.
103 Wiessner, Dus Gesamturbar des Zisterzienserklosters Ebrach.... p. 11 ; K. Schoene, Kloster Hardehausen in Westfalen, dans Studien und Mitteilungen zur Geschichte des Benediktinerordens, 35, 1914, p. 225-228 ; Muggenthaler, Kolonisatorische und wirtschaftliche Tätigkeit..., p. 169-175.
104 Neuscheler, Die Klostergrundherrschuft Bebenhausen..., p. 129.
105 Neuscheler, ibidem, p. 155.
106 Söhn, Geschichte des wirtschaftlichen Lebens der Abtei Eberbach..., p. 89-97 ; Schnorrenberger, Wirtschaftsverwaltung..., p. 53.
107 Voir W. ABEL, Agrarkrisen und Agrarkonjunktur, 3e éd., Hamburg 1978, p. 57 ss. et Strukturen und Krisen der spätmittelalterlichen Wirtschaft, Stuttgart 1980 ; E. PITZ, Die Wirtschaftskrise des Spätmittelalters, dans Vierteljahrschrift für Sozial-und Wirtschaftsgeschichte, 52, 1965, p. 247, ss. ; F. Graus, Das Spatmittelalter als Krisenzeit, Mediaevalia Bohemica, Supplementum 1, Prag 1969 ; P. Kriedte, Spätmittelalterlichte Agrarkrise oder Krise des Feudalismus ?, dans Geschiehte und Geselischaft, 7, 1981, p. 42-68.
108 P. Becker, Benediktinische Reformbewegungen im Spatmittelalter, dans Untersuchungen z,u Kloster und Stift, Göttingen 1980, p. 167-187 ; J. Linneborn, Der Zustand der westfalischen Benediktinerklöster in den letzten 50 Jahren vor ihrem AnschluB an die Bursfelder Kongregation, dans Westfälische Zeitschrift, 56, 1898, p. 1-64.
109 Voir W. Abel, Die Wüstungen des ausgehenden Mittelalters, 3e éd., Stuttgart 1976, p. 138-160 ; G. Kirchner, Probleme der spätmittelalterlichen Klostergrundherrschaft in Bayern, dans Zeitschrift für Bayerische Landesgeschichte, 19, 1956, p. 1-94 ; L. Génicot, Crisis : From the Middle Ages to Modem Times, dans The Cambridge Economic History of Europe, I, 2e éd., Cambridge 1966, p. 660-741.
110 Par ex. W. Ribbe, Die Wirtschaftstätigkeit der Zisterzienser im Mittelalter : Agrarwirtschaft, dans Die Zisterzienser, Bonn 1980, p. 204 ; Schaab, Die Zisterzienserabtei Schönau..., p. 82.
111 J. de la Croix Bouton/J.-B. Van Damme, éd., Les plus anciens textes de Cîteaux, Achel 1974, p. 78.
112 Voir Abel, Agrarkrisen..., p. 57 ss. ; Lütge, Geschiehte der deutschen Agrarverfassung..., p. 93.
113 Neuscheler, Die Klostergrunclherrschaft Bebenhausen, p. 152 ; Heidacher, Die Entstehungs-und Wirtschaftsgeschichte des Klosters Heilsbronn..., p. 127.
114 Voir Southern, Western Society..., p. 259 s.s. ; M. Weber, Wirtschaftsgeschichte, München 1923, p. 311.
115 R. Schneider, Lebensverhältnisse bei den Zisterziensern im Spatmittelalter, dans Klösterliche Sachkultur des Spätmittelalters, Wien 1980, p. 43-71 ; K. Elm, Westfälisches Zisterziensertum und spatmittelalterliche Reformbewegung, dans Westfatische Zeitschrift, 120, 1978, p. 9-32, et Der Verfall des zisterziensischen Ordenslebens im spaten Mittelalter, dans Die Zisterzienser, Bonn 1980, p. 237-242.
116 Winter, Die Cistercienser, III, p. 3-15.
117 Voir Higounet, Le premier siècle..., p. 367 ; G. Despy, Les richesses de la terre : Cîteaux et Prémontré devant l’économie de profit aux xiie et xiiie siècles, dans Revue de l'Université de Bruxelles, 1975, p. 400-422.
118 Winter, Die Cistercienser, III, p. 21-24 ; Kaller, Wirtschafts-und Besitzgeschichte..., p. 41-47.
119 Winter, Die Cistercienser, III, p. 3-5 ; K. Et.M, Verfall und Erneuerung des Ordenswesens im Spatmittelalter, dans Untersuchungen zu Kloster und Stift, Göttingen 1980, p. 205 ; W.J. Telesca, Papal Reservations and Provisions of Cistercian Abbeys at the End of the Middle Ages, dans Cîteaux, 26, 1975, p. 145-192.
120 Par ex. Steinmann, Der Besitz des Klosters Loccum..., p. 86-95 ; Schneider, Die Cistercienserabtei Himmerod..., p. 68-74 ; Heutger, Kloster Walkenried..., p. 55.
121 Voir E. Krausen, Die Zisterzienser des deutschen Sprach-und Kulturraumes im Zeitalter des Barock und der Aufklärung, dans Die Zisterzienser, Bonn 1980, p. 267-284 ; D. Stutzer, Wirtschaftsverfassung und Wirtschaftstatigkeit bayerischer Zisterzienserklöster im Zeitalter des Barock, dans Die Zisterzienser, p. 289-295 ; Lekai, The Cisterciens..., p. 328.
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