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Et Toulouse pour apprendre

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Marielle Mouranche

Avant-propos

Marie-Dominique Heusse

Texte intégral

1Le classement des universités n’est pas chose nouvelle. Lorsque Toulouse brillait au tableau d’honneur des universités médiévales, ses rivales se nommaient alors Bologne, Oxford, Salamanque. Deuxième plus ancienne université de France après Paris, elle a également dû compter avec la montée en puissance de nouveaux établissements plus proches, comme Montpellier, Lyon ou Bordeaux, et le célèbre quatrain composé au xvie siècle pourrait passer – au risque de l’anachronisme – pour une préfiguration très ramassée et plus littéraire du classement de Shanghai :

2Paris pour voir

3Lyon pour avoir

  • 1 Dépenser

4Bordeaux pour dispendre1

5Et Toulouse pour apprendre

6Certes, la taille, l’organisation et le fonctionnement des universités d’alors avaient peu à voir avec ceux d’aujourd’hui. Traversent les siècles, cependant, la mission première d’enseigner, former et transmettre, la volonté d’étudier, le ballet des professeurs célèbres qui passent ou font carrière ici, la gaîté et les turbulences de la vie étudiante. Les documents présentés dans ce catalogue montrent de façon parfois saisissante la permanence des thèmes qui mobilisent la communauté universitaire à travers les siècles : le travail universitaire, les réformes récurrentes, les relations avec le pouvoir central et avec la ville, les difficultés de logement pour les étudiants, les loisirs et les fêtes... Les parties de l’ouvrage offrent ainsi un cheminement extrêmement vivant sur ces questions-là et bien d’autres encore, grâce à une très riche iconographie.

7Ce n’est pas la première fois que l’université de Toulouse se penche sur sa propre histoire : l’anniversaire de 1929 avait donné lieu à des fêtes importantes et diverses publications dont un Livre d’or aux éditions Privat ; la commémoration des 750 ans organisée en 1979 fut l’occasion d’une vive polémique, puisque les célébrations prévues durent être annulées et que seul le projet de l’ouvrage Toulouse universitaire fut mené à son terme (cf. bibliographie en fin de volume). Le projet de l’exposition présentée en 2010 est né lui aussi à une date anniversaire : en 2009, le Pôle de recherche et d’enseignement supérieur Université de Toulouse avait deux ans, et portait l’ambition de fédérer les établissements d’enseignement supérieur du site nés quarante ans plus tôt de l’éclatement de l’université du xixe siècle. Le projet d’exposition s’est rapidement imposé comme l’occasion de présenter au grand public et à l’université elle-même un ensemble unique de documents afin de manifester avec un éclat particulier la richesse et l’ancienneté de son histoire : c’était proposer, d’une certaine façon, que la nouvelle organisation s’y ancre comme sur des racines de l’avenir.

8Nous avons pour cela mis en place un comité scientifique, constitué d’enseignants-chercheurs spécialistes de l’histoire de l’université de Toulouse, et de conservateurs des archives départementales et municipales dont les collections représentent une part importante des documents présentés. Cette équipe experte et dynamique, au sein de laquelle ont été tout naturellement recrutés la plupart des auteurs des textes qui suivent, a multiplié les propositions dont celle de retenir la date de 1969 comme terme chronologique de la présentation. La date correspond en effet à la création des établissements distincts actuels, nés de la loi d’orientation de 1968, mais la raison majeure du choix est liée à l’état des sources disponibles. En effet, si l’université de Toulouse a su, pendant plus de sept siècles, conserver des traces vives de son histoire grâce pour l’essentiel à l’action des bibliothécaires et des archivistes, la situation des archives contemporaines est plus complexe. Surabondantes, difficiles à conserver et à exploiter, elles rendent très difficiles la recherche et l’écriture de l’histoire des dernières dizaines d’années. L’exposition et l’ouvrage qui l’accompagne auront d’ailleurs atteint un de leurs objectifs s’ils parviennent à convaincre les responsables des universités de l’importance de poursuivre et de l’urgence de mettre en œuvre un plan d’action pour les archives contemporaines administratives et scientifiques.

9Un autre de nos souhaits serait que les travaux des chercheurs dont on n’a ici qu’un aperçu condensé, en raison du format particulier du catalogue d’exposition, puissent se poursuivre et s’amplifier d’une manière coordonnée pour réaliser une vaste monographie de l’université de Toulouse, qui irait jusqu’à la période récente. La mutualisation de ces recherches et leur publication pourquoi pas sous les auspices du Pôle de recherche et d’enseignement supérieur Université de Toulouse, constitueraient une belle illustration de la créativité et de l’excellence de l’institution.

Notes

1 Dépenser

Auteur

Directrice du Service interétablissements de coopération documentaire de l’Université de Toulouse

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