1On a souvent évoqué le rôle des étrangers en Espagne sans jamais traiter la question à fond et dans son ensemble. Ce n’est pas non plus ici notre propos. Nous voudrions seulement présenter quelques réflexions et quelques exemples sur ce qu’a pu être la participation des étrangers dans la haute administration espagnole au xviii^e siècle : simple jalon vers l’étude plus complète que nous appelons de nos vœux.

2D’entrée de jeu, il semble nécessaire de préciser ce que nous entendrons par le terme étranger : un homme né hors de la péninsule ibérique et de ses prolongements (Baléares, Canaries, Présides d’Afrique, et surtout Indes). Cet étranger peut être né dans les possessions européennes de l’Espagne et appartenir à une famille de souche espagnole ou d’origine autochtone : il est alors sujet du Roi Catholique. Il peut aussi avoir vu le jour dans un pays relevant d’une autre souveraineté : dans ce cas, il est étranger au sens plein du mot. Dans une hypothèse comme dans l’autre, il retiendra notre attention dans la mesure où il sera employé, de façon durable, dans les hauts postes de l’administration péninsulaire ou américaine.

3La présence des étrangers au service de la monarchie espagnole était chose assez courante dès avant le xviii^e siècle. Mais elle revêt une signification et des modalités spécifiques dans les années 1700-1720. On convient aujourd’hui, surtout à la suite des travaux de Pierre Vilar et de Gonzalo Anes, que, considérée sur le seul plan économique, la date de 1700 n’a aucune portée particulière dans le cours de l’histoire espagnole : c’est dès les années 1680, et à partir des régions périphériques, que s’est amorcé le processus de régénération matérielle du pays. Mais si on s’attache à l’aspect politique, institutionnel et humain des événements, cette date de 1700 constitue sans aucun doute un tournant et marque le début d’une évolution de singulière importance.

4Survenu dans un contexte pacifique, le changement de dynastie eût sans doute entraîné moins de bouleversements, ou des bouleversements davantage étalés dans le temps. Mais la guerre et ses conséquences, la sécession momentanée d’une partie du royaume, la perte des possessions extrapéninsulaires de l’Espagne en Europe ont été autant de ruptures, souvent brutales, avec l’ordre ancien, ruptures qui ont affecté au premier chef l’organisation de l’État et le recrutement de ses serviteurs.

5Sans prétendre revenir ici sur l’histoire de la Nueva Planta1, on se contentera de souligner qu’à travers de multiples variantes, la nouvelle monarchie espagnole s’inspire du modèle mis en place en France par Louis XIV. Les contraintes de la guerre accélèrent, du reste, l’évolution institutionnelle. L’ancien système des conseils – où les grands tiennent une place essentielle – s’affaiblit : certains disparaissent (Aragon, Flandre, Italie), d’autres sont vidés de toute substance (Conseil d’État) ; ceux qui subsistent, Castille, Finances, Guerre, voient leur pouvoir diminuer au profit de structures administratives créées en 1714 et directement contrôlées par le gouvernement central : les secrétariats d’État. Ces changements, qui vont de pair avec une réorganisation et un renforcement des institutions militaires, posent de toute évidence le problème du recrutement et de la formation d’un personnel qualifié de haut niveau, apte à comprendre et à traduire dans les faits les intentions de Philippe V et de son équipe.

6Avant même le déclenchement des hostilités, le monarque trouva, de ce point de vue, une situation déjà inquiétante. Dès 1703, le vieux cardinal Portocarrero traçait un tableau impitoyable de cette haute noblesse censée former l’armature naturelle de la monarchie : au cours des dernières années du règne de Charles II, assurait-il, les nobles étaient élevés sans aucun soin, dans une oisiveté totale, habitués qu’ils étaient à obtenir par la faveur et l’intrigue, sans aucune connaissance, expérience ou mérite, les emplois les plus importants de l’armée et de l’administration. Une fois en place, ils déployaient tant d’ambition, de vanité et de cupidité qu’ils aboutissaient naturellement à des échecs répétés, à la dilapidation du Trésor, à la ruine de l’État. Et par la brèche ainsi ouverte par la haute noblesse, s’engouffraient, appuyés sur la flatterie et le favoritisme, toutes sortes d’individus mus par l’intérêt le plus bas2.

7Que cette vision des choses ait été ou non exagérément pessimiste, le fait est que Philippe V se trouva affronté à de terribles difficultés de personnel politique, administratif et militaire. D’une part le nombre des agents des catégories inférieures était pléthorique, mais d’autre part il fallut faire face à une série de défections souvent retentissantes3 : rappelons, entre autres, celles de l’almirante de Castille et du comte de la Corzana en 1702 ; celles du comte de Cifuentes et du comte de Eril en 1704 ; celle du marquis de Leganés en 1705 ; celles du duc de Nájera, du comte d’Oropesa, du comte de Haro, du marquis de Mondéjar, du comte de Galve, du marquis del Carpio, du comte de Palma en 1706 ; celles du duc de Medinaceli, du comte de Paredes, du duc de Híjar, du duc de Uceda en 1710. Et ces défections ne se limitaient pas à la personne des grands, elles s’étendaient à une partie de leur famille ou de leur clientèle, elles atteignaient même de simples fonctionnaires, comme en témoigne la liste des personnes inquiétées pour leur attitude lors de l’occupation de Madrid par les troupes de l’archiduc4. La situation était plus compromise encore dans les territoires en majorité ralliés à celui-ci, Catalogne, Aragon et Valence. Leur reconquête, achevée par la prise de Barcelone (12 septembre 1714), provoqua un exode des adversaires de Philippe V, donc une hémorragie parmi le personnel administratif ayant servi son rival.

8Il est vrai que le roi Bourbon pouvait compter sur la fidélité et le dévouement des populations castillanes et que la majorité de l’aristocratie et des grands lui restait acquise. Mais, en ce qui concernait ces derniers, à quel prix ? On a vu avec quelle sévérité les jugeait le cardinal Portocarrero. De fait les meilleurs d’entre eux ne montraient pas de capacité à la hauteur de leur loyauté : Francisco de Velasco avait perdu la Catalogne en 1705 ; le marquis de Villena, plus doué pour les lettres que pour les armes, avait à peine défendu le royaume de Naples en 1707 ; le marquis de la Jamaïque s’était laissé arracher la Sardaigne en 1708, presque sans combattre5. Pour la plupart, les grands ne cessaient de manifester une sourde opposition à toute mesure novatrice, à tout changement qui mettaient en cause leurs privilèges, leurs situations acquises, voire l’influence des conseils qu’ils peuplaient : l’histoire de ces années est jalonnée par les démissions, les retraites, les chantages plus ou moins larvés.

9Dans des circonstances aussi critiques que celles où il se trouvait, Philippe V devait donc, de toute évidence, reconstituer une administration efficace et une armée puissante. Il pouvait d’abord compter, à titre provisoire et en guise de « relais », sur l’appui de la France, mais aussi sur le recours aux cadres supérieurs rapatriés de ses anciennes possessions de Flandre et d’Italie, et sur des éléments extérieurs venus d’autres États italiens, de Suisse, d’Irlande. Dans l’état actuel de nos connaissances, cet apport est impossible à chiffrer. Du moins peut-on tenter d’en établir une échantillon qualitatif pour ce qui regarde les hauts postes de l’administration, de l’armée et de la cour6.

Les Français7

10Dès le premier moment Louis XIV a mis à la disposition de son petit-fils d’importants moyens militaires et des généraux tels que Berwick, Vendôme, Noailles, d’Asfeld, le duc d’Orléans. En même temps il a voulu l’aider à organiser son gouvernement et son administration ; cela a été le rôle dévolu à d’autres Français : la camarera mayor, la princesse des Ursins, le financier Jean Orry, certains ambassadeurs (Amelot en particulier). Mais ces collaborateurs ne sont là qu’à titre temporaire : ils quittent l’Espagne après la paix ou après l’arrivée d’Elisabeth Farnèse, qui marque la fin de l’influence prépondérante de la France. Ne restent « établis à demeure » en Espagne que quelques familles de la Casa francesa du roi et quelques isolés : le Lyonnais Antoine Sartine (1681-1744), arrivé comme munitionnaire des armées, devenu intendant de la marine espagnole (1715) et intendant de Catalogne (1726), ou François Driget (1687-1756), originaire de Castelnaudary, protégé de Patino, promu marquis de Malespina et intendant de Valence (1741). On note aussi la présence de militaires de haut rang : le marquis de Châteaufort (1666-1741), lieutenant général et capitaine général de Castille (1737) ; le marquis, puis duc de Caylus (1674-1759), entré au service d’Espagne avant 1700, capitaine général d’Aragon (1718), de Galice (1722) et de Valence (1737). Les rejoindront, après les événements de 1718-1719, le comte de Marcillac (mort en 1739), lieutenant général, capitaine général des côtes de Grenade (1737), le comte d’Aydie (1686-1764), lieutenant général et capitaine général de Castille (1741) et quelques autres réfugiés politiques. Il s’agit, on le voit, d’une émigration peu nombreuse, bien placée dans l’armée et l’administration, mais sans influence politique.

Irlandais et Suisses8

11Ces deux nations offrent la caractéristique commune d’avoir alimenté les régiments étrangers constitués par Philippe V. Mais si les Suisses ont été strictement confinés, tout au long du siècle, dans la sphère militaire, il en a été tout autrement des Irlandais et de quelques Anglais de confession catholique. Nombreux à quitter leur pays après l’avènement de la dynastie d’Orange (1688), ils se réfugièrent d’abord en France. Certains gagnèrent ensuite l’Espagne, notamment lors de la guerre de succession, quand s’organisa le recrutement de régiments irlandais. C’est alors qu’on vit s’installer des familles entières : les O’Brien, O’Neille, O’Reilly, Mahony, O’Connor, Lacy, O’Farril, O’Doyle et bien d’autres. Tandis que beaucoup des femmes recevaient des titres de señoras de honor ou de caméristes de la reine, leurs maris ou leurs frères faisaient carrière dans l’armée et la haute administration, voire à la cour. Nous ne citerons ici que quelques exemples. Celui de Patricio Laules (1676-1739), lieutenant général, envoyé en France (1720), puis commandant général de Majorque (1725). Ou celui de Jacobo Francisco Fitz-James Stuart, duc de Liria, (1696-1738), second fils du maréchal de Berwick, passé au service d’Espagne en 1711, marié en 1716 à l’héritière du duché de Veraguas, lieutenant général, ambassadeur en Russie (1727), à Vienne (1731) et à Naples (1737). Mais le cas le plus étonnant de réussite sociale est celui de Ricardo Wall (1694-1777). Né en France de parents irlandais, il entre comme page au service de la duchesse de Vendôme qui obtient pour lui d’Alberoni une place de garde-marine en Espagne (1717). Après le désastre naval du Cap Passaro (1718), il est versé dans l’armée de terre : alférez au régiment d’infanterie Hibernia (1719), capitaine au régiment de dragons Batavia (1721), il ne se distingue pas particulièrement. Ses supérieurs lui reconnaissent une certaine compétence professionnelle et surtout une grande bravoure : « Tiene viveza y aptitud para cualquier cosa – indique sa feuille de services – pero es propenso a las diversiones y esta casi siempre separado de su cuerpo ». Cela ne l’empêche pas d’être promu lieutenant-colonel (1729), puis colonel (1736) de dragons et de commander le régiment Francia (1740). Remarqué au cours de l’expédition d’Italie, il est nommé brigadier (1744), puis maréchal de camp (1747), après avoir été blessé à Plaisance. À ce moment, qui coïncide avec l’avènement de Ferdinand VI, sa carrière oblique brusquement. Grâce à l’influence de son ami le duc de Huescar, bien en cour auprès du nouveau gouvernement, il est chargé d’une mission secrète à Londres (1747) où il reste après la paix comme ministre plénipotentiaire (1749), puis ambassadeur (1751), tout en recevant une promotion de lieutenant général (1752). Sa fortune culmine avec sa désignation comme premier secrétaire d’État (1754), poste qu’il occupe jusqu’à sa retraite en 1763.

Flamands9

12Ce nom générique désignait le plus souvent au xviii^e siècle les sujets nés dans les anciens Pays-Bas espagnols : on dirait aujourd’hui les Belges10. Un grand nombre d’entre eux gagna l’Espagne, soit lors de la constitution d’unités d’élite recrutées parmi leur nation (1703-1704), soit au moment de l’évacuation des Pays-Bas par les armées franco-espagnoles. Parmi ces Flamands, on compta fort peu de « civils ». Le plus connu et le plus remarquable fut certainement Jan Van Brouchoven, comte de Bergeyck (1674-1725)11, qui ne fit guère que passer en Espagne : surintendant des Finances aux Pays-Bas (1702-1711), il fut appelé en la même qualité à Madrid, mais mis dans l’impossibilité de réaliser les réformes qu’il jugeait indispensables, il repartit en 1713. À un niveau bien inférieur, on peut aussi mentionner le franco-flamand Jean Hourlier (1671-1745) qui, après avoir servi dans son pays, fut nommé en Espagne commissaire des guerres (1709), commissaire ordonnateur (1711), puis intendant d’Estrémadure (1735) et de Castille (1740).

13Cependant l’immense majorité des émigrés flamands qui ont le plus compté dans l’histoire espagnole a servi dans les corps d’élite destinés à assurer la sécurité du Roi Catholique : la compagnie flamande des Gardes du corps, unité de cavalerie, et le régiment d’infanterie des Gardes wallonnes : il s’agit là d’officiers de très bonne noblesse, proches de la personne royale et souvent appelés à jouer un rôle important à la cour ou dans la haute administration militaire.

14Nous nous bornerons à en citer quelques exemples : Albert-Octave, prince de Tserclaes Tilly (1646-1715), capitaine de la compagnie flamande, capitaine général d’Estrémadure, vice-roi de Navarre (1706) ; Alexandre Maître, marquis de Bay, officier de la compagnie flamande, lieutenant général, mort capitaine général d’Estrémadure en 1715 ; Georges-Prosper, marquis Verboom (1665-1744), lieutenant général (1709), fondateur du corps des ingénieurs militaires (1711) et ingénieur général ; Jean-François de Bette, marquis de Lede (1668-1725), capitaine général des armées, directeur général de l’infanterie, président du Conseil de la Guerre, un des meilleurs stratèges de l’armée espagnole ; Ferdinand, comte de Roydeville (1669-1749), officier des Gardes wallonnes, lieutenant général (1732), capitaine général de la côte d’Andalousie (1737) ; Philippe-François de Melun, marquis de Risbourg (1670-1734), capitaine général de Galice (1706), capitaine général des armées (1710), colonel des Gardes wallonnes (1716), capitaine général de Catalogne (1724) ; Michel-Joseph, duc de Bournonville (1670-1752), capitaine de la compagnie flamande (1720), ambassadeur à Vienne (1726) et au congrès de Soissons (1727), capitaine général des armées (1729) ; Ignace-François de Brabant, comte de Glimes (1677-1754), capitaine général de Castille (1727), capitaine général des armées et capitaine de la compagnie flamande (1734), capitaine général de Catalogne (1737) ; Jean Bonaventure Dumont, comte de Gages (1683-1753), sergent-major des Gardes wallonnes (1734), capitaine général et commandant en chef en Italie (1743), vice-roi de Navarre (1749) ; Léopold Rifflaer, comte de Itre (1684-1755), officier des Gardes wallonnes, lieutenant général, capitaine général de Galice (1737) ; les frères Charles (1683-1710) et Jean-Baptiste (1686-1727) de Croy, successivement ducs de Havré et colonels des Gardes wallonnes ; Jean, marquis Van Marck de Lummen (1698-1777), officier et inspecteur des Gardes wallonnes, lieutenant général (1760), capitaine général de Valence (1775) ; Charles-François de Heuchain, marquis de Croix (1703-1786), officier des Gardes wallonnes, capitaine général de Galice (1755), capitaine général des armées (1759), vice-roi de Nouvelle Espagne (1765), capitaine général de Valence (1777).

Italiens12

15Considérés au sens global d’individus nés en Italie, ils dépassent, sinon en nombre, du moins en importance toutes les autres catégories d’émigrés. Mais on est amené à établir entre eux des distinctions.

16Ainsi avons-nous classé à part les sujets qui, nés en Italie et y ayant parfois exercé des fonctions importantes, sont de souche espagnole. C’est le cas des frères Patino, nés à Milan d’une famille d’origine galicienne, et de leur cousin Casado : José Patino y Rosales (1666-1736) est passé en Espagne en 1707, où il a été conseiller des Ordres, intendant de diverses provinces, intendant général de la marine et enfin secrétaire d’État de plusieurs départements13 ; son frère Baltasar, marquis de Castelar (1670-1733), autrefois veedor general de l’armée en Milanais, est devenu en Espagne intendant général de l’armée (1707), intendant d’Aragon (1712), secrétaire d’État à la Guerre (1721), ambassadeur en France (1730) ; Isidoro Casado y Rosales, marquis de Monteleón (1663-1733), a d’abord servi le duc de Mantoue avant d’entrer dans la diplomatie de Philippe V qu’il représentera à Gênes (1705), au congrès d’Utrecht (1712), à Londres (1714), en Hollande (1721), à Venise (1728). On trouve d’autres exemples en Sardaigne : Vicente Bacallar y Sanna, marquis de San Felipe (1669-1726), commence sa carrière dans son île natale qu’il quitte en 1708 pour l’Espagne, d’où il est envoyé comme ministre à Gênes (1715) et ambassadeur en Hollande (1725) ; les quatre fils de José Masones de Lima, comte de Montalvo (mort en 1730) passent de Sardaigne en Espagne en 1708 : l’aîné, Félix Fernando, duc de Sotomayor (1684-1768), sera ambassadeur au Portugal (1746) et président du Conseil des Ordres (1753) ; Francisco, mort en 1763, capitaine des galères et colonel d’État-major à Valence ; José (1692-1745), lieutenant général et commandant des Canaries ; le dernier, Jaime (1696-1778), lieutenant général (1752), ambassadeur en France (1752) et conseiller d’État (1761).

17Viennent ensuite les Italiens qui, nés dans les possessions espagnoles de la péninsule, ont choisi de suivre la cause de Philippe V. Ainsi le Milanais Carlos Homodei (mort en 1725), devenu par son mariage marquis de Castel Rodrigo, qu’on retrouve ambassadeur à Turin et grand écuyer de la reine Maria Luisa. Plus frappant encore est le cas de la noblesse napolitaine et sicilienne : les Acquaviva, Domingo, duc d’Atri (mort en 1745), capitaine de la compagnie italienne des Gardes du corps, et son neveu Troiano Francisco (1694-1747), cardinal (1732) et ministre d’Espagne à Rome (1735) ; Rostaino Cantelmi, duc de Popoli (1653-1723), capitaine de la compagnie italienne (1703), capitaine général (1710), un des personnages les plus en vue de la cour ; Carmen Nicolas Caracciolo, prince de Santo Buono (1671-1726), ambassadeur à Venise (1702) et viceroi du Pérou (1715) ; les Carafa, Tiburcio, capitaine général du Guipúzcoa, Carlos, capitaine général de la côte de Grenade (1709), Lelio, lieutenant général ; les Giudice, Domingo, duc de Giovenazzo, vice-roi de Navarre, son frère Francisco (1647-1725), cardinal (1690), inquisiteur général (1711), ambassadeur en France (1714), ministre d’État (1716) et le fils de Domingo, Antonio, prince de Cellamare (1657-1733), ambassadeur en France (1715), capitaine général de Galice et grand écuyer de la reine ; les Pignatelli de Aragon, le prince Antonio et son fils Joaquín Atanasio, comte de Fuentes (1724-1776), ambassadeur à Londres (1760) et en France (1763), président du Conseil des Ordres (1768) ; les Pignatelli de la branche Egmont, le marquis Domingo et son second fils Francisco (1687-1751), lieutenant général (1739), capitaine général de la côte de Grenade (1746) et ambassadeur en France (1749) ; les frères Reggio enfin, Luis prince de Campoflorido (1679-1757), capitaine général de Guipúzcoa (1715), de la côte de Grenade (1722) et de Valence (1723), ambassadeur à Venise (1737) et en France (1740), et Andrés (1692-1780), lieutenant général des armées navales (1746) et directeur général de la marine.

18D’autres Italiens, non sujets du Roi Catholique, mais traditionnellement attachés à l’Espagne, embrassèrent le parti de Philippe V, y perdant parfois leurs terres et leurs biens. C’est le cas de Francisco Gonzaga (1684-1758), prince de la maison de Mantoue, devenu en Espagne duc de Solferino (1716) et mayordomo mayor de la reine (1748), et de Francisco Pico, duc de la Mirandole (1688-1757), mayordomo mayor du roi (1738). À un niveau plus modeste, le marquis Beretti Landi (1653-1727), né sujet du duc de Parme, passe en 1702 du service du duc de Mantoue à celui de Philippe V, comme ambassadeur en Suisse (1703), puis en Hollande (1716). Les Génois sont bien représentés : Carlos Grillo (mort en 1724), commandant des galions ; Esteban Mari, marquis Mari (mort en 1749), lieutenant général des armées navales (1721), puis ambassadeur à Venise (1741) ; des Spinola, Francisco Maria, duc de San Pedro (1675-1727), capitaine général de Valence (1718), Felipe Antonio, marquis de los Balbases (1665-1721), conseiller d’État (1715) et son fils Ambrosio (1696-1757), ambassadeur au Portugal (1727). Il faut aussi noter l’arrivée en Espagne, dans le sillage de la jeune reine Maria Luisa, de deux jeunes nobles piémontais envoyés à la cour de Madrid par leur père, le prince de Maserano, pour y chercher fortune : Victor Amadeo Besso Ferrero Fiesco (1687-1743), marquis de Crèvecœur, puis prince de Maserano (1720), capitaine de la compagnie italienne des Gardes du corps et capitaine général des armées, et son frère Guido Jacinto, comte de Bena (1690-1750), ministre plénipotentiaire en Saxe et en Pologne (1744), directeur général de la marine (1748). Cette famille ne cessera dès lors de jouer un rôle distingué dans l’histoire de l’Espagne.

19Cette première vague d’émigrants italiens de bonne condition est presque immédiatement suivie d’une seconde, celle des Parmesans, d’origine plus humble en général. En tête, bien sûr, l’abbé Alberoni, qui de secrétaire du duc de Vendôme est devenu envoyé du duc de Parme à Madrid (1712), a réussi à conclure le mariage de Philippe V avec Elisabeth Farnèse (1714), puis à se hisser au poste de premier ministre de fait (1716) et au cardinalat (1717). Forcé de quitter l’Espagne à la fin de 1719, il y a laissé un petit groupe de compatriotes : le marquis Aníbal Scotti (1676-1752), lui aussi envoyé du duc de Parme à Madrid avant de remplir les fonctions de gouverneur et mayordomo mayor de l’infant don Luis ; son fils, Fabio Scotti, ambassadeur à Venise (1745) ; le comte Juan Francisco Cogorani (1695-1742), envoyé au Danemark (1739) ; les Piscatori enfin, Laura (1667-1748), nourrice de la reine, son mari Fulvio, marquis de San Andrés (1657-1733), conseiller des Finances, leur fils Luis, également conseiller des Finances, leurs filles mariées l’une à Pedro Casado, fils du marquis de Monteleón, l’autre à Cogorani dont nous venons de parler.

***

20Cette présence étrangère, si envahissante dans les vingt premières années du règne, a été perçue de façon différente suivant ses origines. Les Irlandais, par exemple, n’ont guère provoqué de réactions. Les Français ont suscité une opposition de caractère surtout politique, dans la mesure où ils s’attaquaient aux anciennes structures, mais ne s’enracinant pas en Espagne, ils n’ont pas été considérés comme des concurrents dans la course aux honneurs, aux prébendes et aux places. Toute différente est la situation des Flamands et plus encore des Italiens, dont la faveur éclate, aux dépens des Espagnols. Dès 1711 Torcy souligne le fait dans son instruction au marquis de Bonnac, nommé ambassadeur en Espagne : « Ce prince (Philippe V) éloigne de lui les cœurs de la nation espagnole, qui lui a donné des preuves d’une fidélité constante et d’un attachement à toute épreuve, car elle est persuadée...qu’il ne prend aucune confiance en elle et qu’il le fait assez voir en préférant sans cesse aux Espagnols les étrangers qu’il employe, les Wallons, les Napolitains... et qu’enfin s’il se sert d’Espagnols, la politique seule a sa part à ce choix et non la confiance aux gens de la nation qui se croient méprisés »14. Ces Espagnols ont le sentiment de n’avoir « nulle part aux affaires » et de se voir enlever par les Italiens et les Flamands « les places qu’ils croient être dues à ceux de la nation ». Au bout de quelques mois, Bonnac confirme cette impression : « En général la nation italienne paraît être plus agréable que les autres ; on leur confie les principaux postes, soit à la guerre, soit dans le commandement des provinces »15. On leur prête le dessein d’occuper « un jour ou l’autre toutes les avenues du pouvoir »16 et Orry n’hésite pas à attribuer la disgrâce de la princesse des Ursins à « une cabale d’Italiens qui se proposent depuis longtemps d’occuper les premiers emplois de la monarchie d’Espagne »17. L’avènement d’Alberoni ne tardera pas à démontrer l’exactitude de ce diagnostic.

21Cependant cette préférence accordée aux étrangers, loin d’être le fruit de la seule intrigue, procédait d’une volonté politique bien arrêtée. « C’était un parti-pris de ne plus mettre le gouvernement entre leurs mains (celles des Espagnols). On avait trouvé parmi eux peu d’hommes capables de grands emplois ; ceux à qui on les avait confiés, malheureux ou infidèles, avaient inspiré de l’éloignement pour les autres »18. Et à ceux qui, de France, lui représentaient les dangers d’une telle politique, la princesse des Ursins rétorquait : « Il ne suffit pas d’avoir de la fidélité..., il faut de l’esprit, de l’expérience et du travail. C’est ce qu’on ne rencontre point tout ensemble dans cette nation, et vous ne conseilleriez point sans doute que par des égards on laissât dépérir un royaume »19. De fait, plus rompus aux affaires, plus ouverts aux idées nouvelles, moins liés aux intérêts de l’aristocratie péninsulaire, donc plus dociles aux volontés du roi, Flamands et Italiens se taillèrent alors la part du lion dans la haute administration de la monarchie espagnole. Telle était encore la situation qui prévalait au lendemain de la chute d’Alberoni lorsque le duc de Saint-Simon en traça le tableau de main de maître :

« Les Italiens se rassemblaient entre eux en cabale contre les Espagnols, sous la protection de la reine. Les Flamands s’accrochaient à eux pour plaire à la reine et par ancienne aversion de leur nation pour l’espagnole, et ce qu’il y avait d’Irlandais aussi en officiers et en señoras de honor et en caméristes... Des Espagnols aussi, mais en petit nombre, se joignaient à la cabale italienne... ou pour des vues de fortune ou pour avoir secrètement la maison d’Autriche dans le cœur. Les Espagnols payaient de haine, de hauteur, de mépris, et ne détestaient rien tant au monde que les Italiens, et après eux les Flamands. Ils souffraient les Irlandais, et la considération du roi, qui aimait fort les Français, les retenait à leur égard. Ce qui faisait encore cette différence, c’est qu’ils trouvaient beaucoup de seigneurs en leur chemin des deux premières nations pour les fortunes, les distinctions, les charges, les grandes places, ce qui ne se rencontrait pas dans les deux autres, où il n’y avait personne à pouvoir s’égaler à eux, et d’ailleurs les Français établis à demeure n’étaient rien pour le nombre »20.

22L’importante émigration des années 1700-1720 connaît une rapide intégration dont il serait intéressant d’étudier les mécanismes, en particulier ceux qui relèvent de la stratégie matrimoniale. On trouve encore, à la première génération, des mariages entre Irlandais, entre Flamands, entre Italiens, mais déjà les unions entre étrangers et Espagnols sont nombreuses ; à la seconde génération, elles sont presque la règle et, à part leur nom, les enfants d’émigrés sont pleinement Espagnols.

23Cette assimilation de la première vague n’empêche nullement l’arrivée de nouveaux étrangers, mais inférieurs en nombre et surtout en qualité. Les régiments irlandais, belges ou italiens continuent à recruter, non sans difficultés, des soldats professionnels. Dans la haute administration, on ne peut guère relever que des cas individuels. Ceux des Ripperda, père et fils, qui ne firent que passer dans la vie politique espagnole21. Ou celui du Génois Jerónimo Grimaldi (1709-1789), d’une tout autre portée : envoyé de sa république à Madrid (1739), il passe au service de l’Espagne avec une mission secrète à Vienne (1746), devient ministre plénipotentiaire en Suède (1748), ambassadeur en Hollande (1753) et en France (1761), puis succède à Wall comme premier secrétaire d’État, poste qu’il occupe pendant treize ans avant de prendre une demi-retraite comme ambassadeur à Rome (1777)22. Plus discrète est la carrière du Romain Horacio Borghese, arrivé peu après 1750 comme garde du corps et parvenu au grade de lieutenant général (1782) et à l’emploi de ministre plénipotentiaire à Berlin (1788). On trouve aussi quelques Français : un ancien commerçant malouin ruiné à Cadix, Julien Robiou (1717-1775), intendant de Léon (1755), puis de Galice (1763), avec le titre de marquis de Piedrabuena, ou son collègue François Gausy (1714-v. 1775), né à Castelnaudary et intendant de León (1777) ; un Béarnais, Pierre Normande (1742-1809), commis au premier Secrétariat d’État, ministre en Russie (1784), en Pologne (1790) et au Danemark (1791) ; un Bayonnais, François Cabarrus (1752-1810), établi très jeune en Espagne, d’abord négociant, puis banquier et expert financier, fondateur de la Banque de Saint-Charles (1782), diplomate (1797) et ministre des Finances du roi Joseph (1808) ; des officiers aussi, tels le comte de Sayve (mort en 1775), lieutenant général (1739), capitaine général de Vieille Castille (1759) et de Valence (1766), ou le duc de Crillon (1717-1796), passé au service d’Espagne en 1762, capitaine général des armées (1782) et capitaine général de Valence (1787).

24À ce caractère très individuel de l’émigration d’élites postérieure à 1720, il faut faire une exception pour le mouvement qui accompagna le passage de Charles III de Naples en Espagne (1759). Plusieurs Italiens, Napolitains et Siciliens pour la plupart, le suivirent dans son nouveau royaume. Le plus célèbre est incontestablement Leopoldo de Gregorio, marquis de Squillace (1701-1785), secrétaire d’État des Finances du royaume de Naples (1753), passé en la même qualité à Madrid (1759) et chargé aussi du département de la Guerre (1763) jusqu’au moment où il est chassé par l’émeute (1766) et termine sa carrière comme ambassadeur à Venise (1772). Bien d’autres noms seraient à citer, parmi lesquels nous retiendrons ceux de Félix Gazzola (1698-1780), lieutenant général et commandant le corps de l’artillerie ; de Francisco Sabatini (1721-1798) ; lieutenant général (1790) et inspecteur général du corps des ingénieurs (1792) ; de Vicente Impériale, marquis de Oyra (1738-1799), capitaine de la compagnie italienne des Gardes du corps, lieutenant général, ambassadeur à Lisbonne (1791) et conseiller d’État (1798) ; de Pablo Sangro, prince de Castelfranco (1746-1815), lieutenant général (1788), vice-roi de Navarre (1795), ambassadeur à Vienne (1802) ; de Miguel La Grua, marquis de Branciforte, beau-frère de Godoy, vice-roi de Nouvelle Espagne (1794), et de son frère Jerónimo (mort en 1830), ministre plénipotentiaire à Gênés (1795), à Stockholm (1796) et à Parme (1800). Certains emplois de moindre prestige furent aussi confiés à des Italiens : ainsi Tomás Ripoli (1734-1807), né dans le royaume de Naples, fut-il intendant de Guadalajara (1795), de Cordoue (1796) et de Galice (1797).

25Il serait sans doute fort instructif de voir comment, après le flux des premières années du siècle, a été ressenti le phénomène de la présence étrangère. Aucun rejet violent ne semble s’être manifesté avant le règne de Charles III23. Mais on peut deviner par une confidence échapée à Wall à quel point les émigrés de la première génération, même assimilés en principe, se sentent encore mal acceptés. Dans une lettre de 1758, le secrétaire d’État fait allusion avec tristesse à la desgracia de los que no sirven a su patria : yo no tengo más que és ta, y no obstante más de cuarenta anos de servicios, no acaba la gente de persuadirse que yo la amo tanto como los nativos24. En 1766, la xénophobie populaire revêt des formes autrement violentes : l’émeute se déchaîne contre les Gardes wallonnes et contre les ministres italiens ; Grimaldi en est quitte pour quelques carreaux cassés, mais Squillace doit se cacher et fuir l’Espagne. Dix ans plus tard, l’échec de l’expédition d’Alger, conduite par l’Irlandais O’Reilly, provoque une nouvelle poussée de xénophobie et la démission de Grimaldi. C’est à cette époque que le duc de Villahermosa, un des chefs du parti aragonais, affirmait que existίa entre el pueblo un gran disgusto contra los extrangeros que se hacίan ricos a costa de los Espafioles y marchaban después a gozar de sus caudales a las naciones de donde procedίan ; que Grimaldi era impopular, y que el pueblo estaba harto de no ver en la corte, en el ejército y en la administración mós que Italianos e Irlandeses, reclamando ante todo ministros espafioles como en los buenos tiempos de Carvajal y Ensenada25.

26Pour nombre de corps nous n’avons guère que des indications fragmentaires, d’ordre surtout qualitatif. On constate ainsi que, si les étrangers ont été relativement peu nombreux à la tête de l’État, ils y ont souvent joué un rôle considérable : Alberoni et Ripperda sont de véritables, encore qu’éphémères, premiers ministres ; Patiño, un rapatrié, est au pouvoir pendant dix ans (1726-1736) ; Wall et Grimaldi occupent pendant plus de vingt ans (1754-1776) le premier Secrétariat d’État26.

27On souhaiterait pouvoir disposer d’éléments statistiques permettant de chiffrer la proportion d’étrangers de la première génération dans les principaux rouages de l’État. Dans le cas de l’armée, par exemple, un bref article de F. Sanchez Marcos sur les officiers généraux de Philippe V (de brigadier à capitaine général), reposant sur deux sondages (1711 et 1733), laisse apparaître une très forte proportion de noms étrangers : plus de 35 % en 1711, plus de 45 % en 1733. L’immense majorité de ces noms (85 % environ) se partage, presque à égalité, entre Italiens et Français27. Encore faudrait-il savoir dans quelle mesure un nom étranger correspond à une condition juridique d’étranger. Par ailleurs, il est fort probable que si les calculs étaient poussés jusqu’en 1808, le pourcentage s’abaisserait : une thèse récente sur l’armée espagnole au xviii^e siècle évalue la proportion d’officiers supérieurs (à partir du grade de sargento mayor) non nés dans la péninsule à 10,17 %, dont 6,10 % en provenance des anciennes possessions européennes de l’Espagne28.

28Localement, il semble que les capitaines généraux des provinces, choisis parmi les officiers généraux de l’armée, soient fréquemment des étrangers ou des descendants d’étrangers. À Valence, par exemple, sur les 21 capitaines généraux qui se succèdent de 1714 à 1808, soit en 94 ans, on compte sept étrangers de la première génération, ayant commandé en tout pendant 63 ans (dont 16 pour le prince de Campoflorido et 22 pour le duc de Caylus)29. La situation n’est pas très différente en Catalogne où, des 15 capitaines généraux en exercice entre 1714 et 1808, la moitié sont étrangers ou fils d’étrangers et ont occupé le poste pendant plus de 50 ans : les quatre premiers titulaires en ont été un Milanais et trois Flamands, dont deux sont restés longtemps en place (Risbourg dix ans, Glimes près de vingt)30. En revanche la pénétration étrangère apparaît beaucoup plus faible dans le corps des intendants : sur un total d’environ 210 en fonction entre 1711 et 1808, on en dénombre seulement 13 nés hors d’Espagne, dont sept de souche espagnole. Sur les six autres, quatre sont Français (Sartine, Driget, Gausy, Robiou), un franco-flamand (Hourlier), un Italien (Ripoli). Les proportions sont sans doute plus élevées dans d’autres branches de la haute administration, le corps diplomatique, par exemple, pour lequel une recherche est en cours.

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29Au terme de cette brève étude, il convient de redire que nous n’avons pas prétendu traiter de l’ensemble des problèmes touchant la présence étrangère en Espagne. Nous avons volontairement laissé de côté les catégories les plus nombreuses de beaucoup – main d’œuvre, soldats, artisans, commerçants, techniciens, artistes – pour nous intéresser à un groupe très minoritaire : celui des étrangers qui ont trouvé place dans la haute administration espagnole, civile ou militaire. Opérant sur un échantillon qualitatif, nous croyons avoir montré que, pour des raisons conjoncturelles, l’époque charnière des années 1700-1720 est celle qui a connu le flux le plus important de cette migration de haut niveau, où Flamands et surtout Italiens ont joué le rôle majeur. D’abord divisés en factions et en groupes de pression, affrontés aux Espagnols, ces étrangers se sont rapidement intégrés et hispanisés. Par la suite le courant migratoire, sans jamais cesser, diminue en nombre comme en qualité et, de ce fait, pèse moins lourd dans la vie politique et administrative de l’Espagne du xviii^e siècle.