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Partir en croisade à la fin du Moyen Âge

 | 
Daniel Baloup
, 
Manuel Sánchez Martínez

Le recouvrement de la décime par les collecteurs pontificaux de 1316 à 1503 (royaume de France et Provence)

Amandine Le Roux

Texte intégral

  • 1 Jacques Paviot, «  Noblesse et croisade à la fin du Moyen Âge  », Cahiers de recherches médiévales (...)

1Dans les derniers siècles du Moyen Âge, le goût pour la croisade, rarement effective, est assimilé dans le royaume de France et en Provence à une conscience malheureuse due au regret de la conquête turque. L’idée de croisade se retrouve ainsi dans les contenus testamentaires. Cette fascination est aussi littéraire et se voit alimentée par une abondante littérature de croisade que l’on trouve dans les bibliothèques des élites guerrières, à l’exemple de l’Historia rerum in partibus transmarinis gestarum de Guillaume de Tyr ou bien des nombreux romans d’amours contrariées et d’aventures orientales, où la croisade forme la toile de fond — prose qui s’est développée durant les XIVe et XVe siècles1.

  • 2 Jean Richard, Histoire des croisades, Paris, 1996, p. 7.

2La croisade, « une expédition, essentiellement militaire, assimilée par la papauté à une œuvre méritoire et dotée par elle de privilèges spirituels accordés aux combattants et à ceux qui participent à leur entreprise […] ceux qui prenaient la route de l’Orient et plus spécialement des Lieux saints », mais aussi « pour d’autres opérations lancées à l’intérieur de la Chrétienté contre des hérétiques ou des ennemis de l’Église de Rome, aussi bien qu’aux frontières de cette même Chrétienté contre des païens ou des Infidèles »2, se trouvait être une initiative à la fois du pontife et des princes laïques. Aux XIVe et XVe siècles, les lieux de croisade sont multiples : l’Orient, où la croisade est identifiée à la défense de Rhodes, et contre les royaumes turcs d’Anatolie, ensuite la guerre des Espagnes et du Maroc, qu’on assimile à la croisade mais qui constitue la poursuite de la Reconquista ; enfin les papes ont utilisé la croisade pendant le Schisme contre les « antipapes » et les princes qui les soutenaient.

  • 3 Ursmer Berlière, « Les décimes pontificales dans les anciens diocèses belges aux XIIIe et XIVe siè (...)
  • 4 Ibid., pp. 104-105.

3Or, combattre les schismatiques et les hérétiques a un coût. Un des financements les plus habituels de la croisade fut la sollicitation d’une taxe auprès du clergé, et plus particulièrement des ecclésiastiques en France et en Provence. Les clercs ont ainsi payé régulièrement des décimes dites « pour la croisade » depuis l’appel de Clément V (1305-1314) au concile de Vienne en 1312. Rappelons que la décime est l’imposition la plus anciennement perçue par la papauté. Elle est née de la concession faite par le pape aux rois de France et d’Angleterre d’une décime appelée « saladine », en 1184 et 1185, pour financer la croisade. Face à la vigueur des avancées arabo-musulmanes, Innocent III (1198-1216) décida de la renouveler pour couvrir les frais des croisades, auxquels furent ajoutés ceux induits par les expéditions contre les hérétiques. Le pape considérait qu’il était de son rôle de chef de la Chrétienté de reconquérir les Lieux saints, mais le pontife attribua ce subside aux souverains temporels qui étaient les maîtres d’œuvre des expéditions3. Durant le XIIIe siècle, la nature du prélèvement de la décime évolua puisqu’elle fut de plus en plus souvent concédée à des fins politiques : Urbain IV (1261-1264) octroya, en 1264, à Charles d’Anjou (1246-1285) une décime de trois ans en France, en Flandre, en Provence, dans les provinces ecclésiastiques de Lyon, Vienne, Embrun, Tarentaise et Besançon, pour l’aider à lutter contre le roi Manfred Ier de Sicile (1258-1266)4.

  • 5 Jean-Baptiste Christophe, Histoire de la papauté au XVe siècle avec des pièces justificatives, Lyo (...)

4Ensuite, au XIVe siècle, plusieurs souverains ont eu le projet de partir en croisade et ont obtenu du pape l’autorisation de prélever les clercs de leur royaume. Louis X (1314-1316), Philippe VI (1328-1350), Jean II le Bon (1350-1364), rois de France, ou Jean IV (1364-1399), duc de Bretagne, ont fait vœu de croisade et ont obtenu vingt-et-une décimes du pape. Au XVe siècle, l’attitude des souverains spirituels comme temporels change. De fait, ce sont les différents papes qui sont le plus souvent à l’origine des croisades, notamment par la multiplication des bulles après la prise de Constantinople, en 14535. Les pontifes ne se sont alors plus contentés de vœux et ont souhaité que le roi de France prenne réellement la tête d’une vaste coalition, mais les princes laïques étaient alors plutôt attachés à réorganiser le royaume de France après un siècle de guerres et ne voyaient pas l’intérêt de partir en expédition lointaine, d’autant plus que Philippe le Bon (1419-1467), duc de Bourgogne, commençait à œuvrer pour la croisade. Charles VII (1422-1461) avait tout intérêt à faire échouer une entreprise qui aurait apporté gloire et prestige à son rival.

  • 6 Jacques Verger, «  Le transfert de modèles d’organisation de l’Église à l’État à la fin du Moyen  (...)
  • 7 William Lunt, Papal revenues in the Middle Ages, New York, 1965, 1, pp. 3-4 ; Clément Bauer, « Die (...)
  • 8 W. Lunt, Papal revenues…, p. 35.

5Les moyens de recouvrement mis en œuvre pour la réalisation de ces projets ont donc souvent reposé sur la contribution des ecclésiastiques. L’organisation fiscale romaine, attestée depuis le VIe siècle, était alors une des rares institutions qui se soient étendues dans la totalité du monde latin6. L’organisation du système fiscal s’est toutefois réellement mise en place au cours du XIIIe siècle avec le développement du système bénéficial7. Une de ses conséquences fut la création de l’institution des collecteurs. Dans le royaume de France, leur première apparition date de 10938. Après la constitution du Liber censuum en 1192 et la perception de la décime, après 1199, la fiscalité pontificale est entrée dans une nouvelle phase et s’est imposée à l’échelle de l’Occident.

6En étudiant le rôle d’un type d’agents, les collecteurs pontificaux, dans le recouvrement de la décime à l’échelle du royaume de France et de la Provence, du pontificat de Jean XXII (1316-1334) à celui d’Alexandre VI (1492-1503), nous nous attachons à présenter un mode de financement de la croisade, la décime, et l’organisation de sa perception. De nombreux autres agents, appelés nonces, commissaires ou receveurs, furent également à l’œuvre mais nous les avons exclus de cette étude, car ils appartenaient à des réseaux différents. Nous avons fait le choix du temps long, de 1316, moment où la papauté s’installe à Avignon et où le système fiscal pontifical se met en place et s’impose progressivement dans la longue durée, au pontificat d’Alexandre VI, quand les derniers collecteurs de la décime sont attestés avant la constitution d’un nouveau système établi par le concordat de Bologne en 1516. Ce choix, inspiré, pour une bonne part, par des raisons documentaires, nous entraîne à nous attacher à la formation des réseaux de la collecte de la décime.

7Par l’étude des modalités de perception de la décime, des réseaux de la collecte et sa contestation au XVe siècle, nous voulons présenter des modèles d’organisation et nous souhaitons mettre en valeur la place singulière de la décime dans la fiscalité pontificale du XVe siècle.

Les modalités de la perception

8Entre 1316 et 1503, le recrutement régulier de collecteurs de la décime atteste la permanence de structures administratives qui sont spécifiques à la préparation de la croisade. En réalité, la présence de ces agents dans le royaume de France ou en Provence n’est pas constante, mais les différents pontifes ont jugé utile de maintenir leur recrutement à chaque concession de décimes et de concentrer entre leurs mains les moyens d’assurer leur mission. En outre, la Provence et le duché de Bretagne se distinguent par l’importance du nombre de décimes perçues. Il existe alors, en parallèle au système des collecteurs ordinaires, députés à la levée de plusieurs taxes, des agents exceptionnels, les collecteurs extraordinaires ou spécialisés, dont une des principales caractéristiques est d’être chargés de la collecte de la décime.

Organisation de la collecte

  • 9 Archives départementales, Seine-Maritime, G 1911.
  • 10 Charles Samaran, Guillaume Mollat, La Fiscalité pontificale en France au XIVe siècle, Paris, 1905, (...)

9Au XIVe comme au XVe siècle, chaque nouvelle collecte est structurée selon des procédés similaires et chaque nouveau collecteur est astreint aux mêmes obligations. Tout d’abord, tout nouvel agent fiscal doit au préalable informer le métropolitain, les dignitaires et l’ensemble du clergé de la levée d’une décime, des modalités de sa perception comme du choix de son montant. Ce n’est qu’après avoir accompli l’ensemble de ces tâches qu’il peut commencer la collecte et transmettre les sommes qui sont contrôlées par la Chambre apostolique. Le moyen le plus usuel pour informer est de placarder la bulle de nomination concédée par le pontife. En 1457, c’est ainsi que procède Blaise de Gresle, archevêque de Bordeaux et collecteur : à son arrivée à Rouen, il fait placarder les bulles de croisade sur les portes des églises et notifie le montant de la taxe selon la vraie valeur du bénéfice9. Le collecteur est animé par la volonté d’imposer les bénéfices selon l’ancienne taxation, qui était en vigueur sous les papes avignonnais. Théoriquement, la valeur de la décime correspond au dixième du revenu net, charges et entretien du bénéfice et du bénéficier déduits. Au début du XIVe siècle, les collecteurs pontificaux ont établi un rôle de décime, à savoir une estimation de chaque bénéfice pour connaître le montant de la taxe à demander lors de la levée. Les clercs de Rouen en 1457, puis de Bretagne en 1481 ont protesté contre le choix de cette référence vieille de plus d’un siècle et ont appelé à l’usage de l’évaluation modérée de la décime faite sous Urbain V (1362-1370). Cette dernière, effectuée durant les années 1363 à 1374, réduisait la taxe de moitié, province par province, en raison de la crise économique qui sévissait alors et de l’appauvrissement des temporels10.

  • 11 Archivio Segreto Vaticano (ASV), Registri Vaticani, 398, folios 41v-43v.
  • 12 Archivio di Stato di Roma, Camerale I, no 1125, Quietanze per minuti servizi, 1462-1469, fol. 81rv

10Ensuite, au niveau local, le recouvrement de la décime dépend de deux structures distinctes : la délégation de la levée de la redevance par le pape à des subalternes, ou la nomination d’un légat responsable de la levée de la décime. Ainsi, au XIVe siècle, un collecteur-receveur est-il responsable de la perception de la décime. Sous ses ordres, dans chaque diocèse, l’évêque est responsable de la collecte. Celui-ci nomme souvent des collecteurs pour le seconder dans sa mission. Ce type d’organisation est remplacé au XVe siècle. Le pontife députe alors un cardinal comme légat auprès du roi de France ou du duc de Bretagne pour obtenir son accord pour la perception de la décime. En effet, depuis la promulgation de la Pragmatique Sanction de Bourges, en 1438, le pape doit obtenir l’aval du roi de France avant de procéder au recouvrement de nouvelles impositions. Il est donc nécessaire de passer par des tractations diplomatiques avec le souverain, mission qui dépasse les attributions d’un simple collecteur. Le légat a ensuite toute latitude pour nommer des officiers qui choisissent à leur tour des receveurs. Ainsi, le 10 janvier 1451, Nicolas V (1447-1455) a-t-il écrit à Guillaume d’Estouteville, cardinal-prêtre du titre de Saint-Martin-aux-Monts, légat en France, pour l’informer qu’Alphonse, évêque de Mondoñedo, auditeur de la Rote, est présent comme nonce apostolique dans le royaume de France ; que sous ses ordres se trouvent les collecteurs, Jean Hémery, Hugues Biller et Jean Pannin de Tours11. Dans ce système, les collecteurs de la décime sont responsables de leur gestion devant le nonce ou le légat, qui rendent directement compte de leur mission au pontife. Le pape a parfois voulu contrôler directement les collecteurs pontificaux qui ont dû justifier devant la Chambre apostolique de leur gestion. De fait, une nouvelle génération de collecteurs choisis par le pape est attestée. Ces agents lui prêtent serment de fidélité et sont étroitement contrôlés par la Chambre apostolique. Leur comptabilité est minutieusement inspectée par les clercs de la Chambre. Ainsi, le 20 mars 1463, Nicolo Lizii de Volterra, vice-gérant et collecteur de la décime dans le diocèse d’Avignon, reçoit-il quittance de son compte examiné par Soliman de Fulda et Nicolo d'Elminazano, clercs de la Chambre apostolique12. L’administration pontificale traite alors ses collecteurs de la décime de la même manière que ses collecteurs ordinaires, députés à la collecte des annates et des cens.

11La Chambre apostolique a donc élaboré un double système dont l’un avait pour unique vocation de recouvrer la décime pour préparer la croisade. Des agents sont chargés de percevoir les montants prélevés et on peut s’interroger sur le degré de perfectionnement atteint par ce système.

Les sommes perçues

12Un des moyens pour contrôler l’efficacité des collecteurs est l’examen des résultats de leur collecte. Or, il est extrêmement difficile d’établir le montant des décimes perçues pour la croisade entre 1316 et 1503 : certaines sommes ont été directement concédées au roi, d’autres ont été remboursées au clergé. De plus, en raison de la multiplicité des acteurs et des receveurs, il est difficile d’évaluer le montant final. Les chiffres présentés ici ne prennent en compte que les recettes de la Chambre apostolique.

  • 13 Auguste Coulon, Lettres secrètes et curiales du pape Jean XXII (1316-1334) relatives à la France, (...)
  • 14 Ibid., no 848.
  • 15 Ibid., no 1826.
  • 16 Ludwig Mohler, Die Einnahmen der Apostolischen Kammer unter Klemens VI, tome V, Paderborn, 1931, p (...)
  • 17 Ch. Samaran, G. Mollat, La Fiscalité pontificale…, p. 21.
  • 18 Hermann Hoberg, Die Einnahmen der Apostolischen Kammer…, tome VII, Paderborn, 1955, p. 46, 58.
  • 19 Ibid., p. 79.
  • 20 Ch. Samaran, G. Mollat, La Fiscalité pontificale…, p. 21.
  • 21 ASV, Camera Apostolica, Collectoriæ, 20, fol. 262r, 272v-273r.
  • 22 Ch. Samaran, G. Mollat, La Fiscalité pontificale…, p. 21.
  • 23 Jean Favier, Les Finances pontificales à l’époque du Grand Schisme d’Occident (1378-1409), Paris, (...)
  • 24 ASV, Registri Avignonesi, 331, fol. 19v.

13Entre 1316 et 1409, cinq décimes ont été versées dans les caisses du pape. Il s’agit de la décime sexennale accordée en vue de la croisade en 1312 : en 1318, les arriérés de cette décime s’élevaient à cent mille florins13 ; en 1319, Pierre Duèse transmettait à la Chambre apostolique trente-six mille florins d’or au nom de Philippe, roi de France, dus sur les cent mille précédemment mentionnés14. En 1323, les territoires compris dans les provinces de Lyon, Vienne, Besançon, Tarentaise, Arles, Aix et Embrun qui ne font pas partie du royaume de France ont versé onze mille six cent quarante-cinq florins d’or15. En 1346, Géraud Mercadier, collecteur de Lyon, a assigné trois mille florins d’or de Florence16 pour la décime triennale sollicitée en 1342 et levée dans les provinces d’outre-Rhône17. En 1354, les collecteurs de Provence ont versé mille vingt-sept florins, cent vingt livres en monnaie d’Avignon18, sept cent vingt florins sententie19 pour la décime triennale réclamée en 135320, puis deux cent cinquante-trois florins et deux sous de Provence, cinq cent quarante-sept livres entre 1364 et 136821 pour la décime triennale requise en 136322. Enfin, la décime imposée pour deux ans en Provence23 en 1407, et prêchée par exemple à Draguignan contre Ladislas Ier de Naples (1376-1414), a rapporté, en 1408, huit mille francs. Il avait alors été accordé une réduction de la taxation de deux mille cinquante-six francs aux ecclésiastiques de ces lieux24. En regard de ces chiffres, les sommes prélevées pour la croisade ne semblent pas élevées au XIVe siècle, mais, surtout, le territoire de la Provence apparaît comme le principal contributeur à l’effort de croisade. Par comparaison, le royaume de France semble absent de la collecte, mais la raison principale en est que la décime était perçue directement par des percepteurs royaux.

  • 25 ASV, Reg. Vat., 398, fol. 41v-43v.
  • 26 Odorico Raynaldo, Annales ecclesiastici ab anno MCXCVIII ubi desini Cardinalis Baronius, Lucques, (...)
  • 27 P. Richard, «  Origines de la nonciature de France, nonces résidants avant Léon X, 1456-1511  », R (...)
  • 28 ASV, Cam. Ap., Introitus et Exitus, 503, fol. 81v.
  • 29 ASV, Cam. Ap., Int. Ex., 505, fol. 79v.

14Des évolutions dans le financement de la guerre sainte sont clairement perceptibles au cours du XVe siècle. De fait, après un appel à la croisade lancé en 1451, Nicolas V a obtenu trois mille cinq cent soixante-neuf florins d’or de la Chambre des clercs du royaume de France25. En 1457, l’appel de Calixte III (1455-1458) aurait permis de lever un subside assez lucratif pour permettre au roi de France d’équiper trente galères26 — mais cette information doit être soumise à de nombreuses critiques car elle n’est appuyée par aucune autre source. Ensuite, en 1468, Falco de Sinibaldi a versé quarante et un mille florins, obtenus du clergé français, dans les caisses de la croisade27. Enfin, en 1481-1482, neuf mille cent quarante-deux florins d’or de la Chambre apostolique28 sont versés par le clergé breton, de Savoie, de Bourgogne, de la province de Reims et d’Avignon29. Les sommes réunies au XVe siècle sont donc plus importantes que celles prélevées au cours du siècle précédent et attestent à la fois la volonté directe du pape d’organiser la croisade et le maintien d’une fiscalité de la croisade dans les espaces étudiés. De fait, il est particulièrement remarquable d’observer la participation récurrente des clercs au financement de la croisade, malgré les contestations observées dans certaines régions. Ainsi l’indication matérielle la plus précise, l’armement de trente galères, pourrait-elle être interprétée comme un signe tangible de la volonté de Charles VII de partir en croisade ; mais elle permet également de nous interroger sur l’emploi de ces collectes.

  • 30 Damien Coulon, Barcelone et le grand commerce d’orient au Moyen Âge : un siècle de relations, Madr (...)
  • 31 Georges Rohault de Fleury, La Toscane au Moyen Âge : lettres sur l’architecture civile et militair (...)
  • 32 Benjamin Weber, Lutter contre les Turcs. Les formes nouvelles de la croisade pontificale au XVe si (...)
  • 33 Ibid., p. 195.

15Au-delà des questionnements sur le montant des contributions du clergé français en 1457, il est possible de se demander combien de navires pouvaient être construits et affrétés grâce à ces subsides. Des études récentes ont montré que le chargement des navires était plus coûteux que leur construction. Entre 1431 et 1433, le prix d’une nef pour le commerce à Barcelone était de trois à cinq mille livres30. Ailleurs, on chiffre l’entretien d’une galère à cinq cents florins d’or par mois au début du XVe siècle31. En 1463, l’ordre de l’Hôpital fournit trois bateaux à Pie II (1458-1464) pour trois cent soixante-quinze ducats par mois et, en 1472, Bernardo Castiglione a acheté le corps d’une galère à la commune de Florence pour cinq cents ducats32. Le nolisement d’une galère avec son équipage coûtait entre six cent cinquante et sept cents florins par mois, et le salaire du capitaine variait entre cent cinquante et trois cent cinquante florins33. Il est donc difficile de chiffrer réellement le montant de la décime octroyée par les clercs du royaume de France. Par rapport aux besoins exprimés par la papauté, les contributions françaises, notamment bretonne et provençale, étaient insuffisantes ; mais elles ont été assez importantes, notamment sous Paul II (1464-1471), pour contribuer au financement de la croisade.

16Il faut surtout souligner le changement d’attitude du pape vis-à-vis du roi, en raison du manque de volonté manifeste de ce dernier à s’engager pour la croisade — malgré l’éventuelle construction des galères. Devant la nécessité de plus en plus urgente d’organiser une croisade contre le péril turc, les différents papes ont recueilli directement une partie des redevances et l’ont ensuite redistribuée. Dans un premier temps, le clergé du royaume de France a semblé se mobiliser et a versé des subsides. Les prédications de Pie II et de Sixte IV (1471-1484) ont trouvé un écho favorable auprès de certains clercs qui ont participé à l’effort de croisade. Il faut néanmoins souligner le rapide tarissement des revenus.

17Pour terminer sur ce point, il apparaît que l’organisation de la collecte est similaire au XIVe et au XVe siècle. La papauté a souvent délégué la responsabilité des levées à un évêque ou à un légat. Ces agents ont nommé à leur tour des officiers qui les secondaient dans leurs tâches. Toutefois, pour éviter que la royauté française ne s’approprie à des fins personnelles les montants des décimes, le pontife n’a plus autorisé le roi à conserver les décimes et a réorganisé les circuits de diffusion. Il semble toutefois que les montants perçus ne soient pas à la mesure des attentes de la papauté. Pour réussir cette collecte, les papes se sont appuyés sur différents réseaux. Dans la construction d’une méthodologie du recouvrement de la décime aux XIVe et XVe siècles, la papauté n’a ainsi pas hésité à expérimenter de nouveaux systèmes de valorisation des ressources.

Les réseaux de la collecte

18Un premier inventaire des trois cent quatre-vingt-quatre collecteurs actifs dans le royaume de France et en Provence entre 1316 et 1520 atteste la présence de cinquante-huit collecteurs de la décime dont quarante-trois sont uniquement chargés de lever cette taxe. Quels sont alors les circuits utilisés par la papauté pour recouvrer la décime dans ces espaces entre 1316 et 1503 ? À cet égard, les papes changèrent fréquemment de politique et expérimentèrent diverses solutions. À des méthodes éprouvées aux siècles précédents succéda une démultiplication des réseaux. Les deux siècles qui s’étendent de 1316 à 1503 sont ainsi marqués par un élargissement des méthodes de gouvernement et des systèmes de valorisation des ressources financières.

Les réseaux traditionnels

  • 34 W. Lunt, Papal revenues…, pp. 10-11.

19Traditionnellement, les évêques locaux sont députés à la perception de la décime pour la croisade, puis des collecteurs ou des nonces sont envoyés pour superviser leur travail34. Ce modèle, mis en place au XIIIe siècle, devient la structure usuelle du recouvrement de la décime. Dans ce cadre, le pape sollicite une décime auprès du clergé du royaume de France ou de Provence et les évêques en sont nommés responsables. Ils ont alors la charge de choisir les collecteurs qui œuvrent au recouvrement des taxes, puis transmettent directement ou par l’intermédiaire d’un collecteur l’argent recueilli.

  • 35 Dom Tosti, Gregorio Palmieri, Regesti Clementi papae V ex vaticanis archetypis cura et studio mona (...)
  • 36 B. Barbiche, Les actes pontificaux..., no 2562 ; A. Coulon, Lettres secrètes…, no 531 ; Jean XXII,(...)
  • 37 Emil Göller, Die Einnahmen der Apostolischen Kammer unter Johann XXII, Paderborn, 1910, t. I, p. 3 (...)
  • 38 Ch. Samaran, G. Mollat, La fiscalité pontificale…, p. 15.
  • 39 ASV, Cam. Ap., Coll., 20, fol. 262r.

20C’est le modèle dont a hérité Jean XXII. De fait, Geoffroy de Plessis, notaire du pape et chancelier de Tours, avait été député en 1312 avec les archevêques de Narbonne et de Rouen, collecteurs des deux décimes concédées pour le bénéfice du Saint-Siège et celui de Philippe IV le Bel, roi de France (1285-1314) et de Charles de Valois, comte d’Anjou (1279-1325)35. En 1318, accompagné de Reynaud Giffart, abbé de Saint-Denis en France, et de Pierre de Grès, évêque d’Auxerre, ils avaient, comme collecteurs généraux, récupéré les arriérés de la décime perçus par les évêques36. Localement, des collecteurs secondaires avaient aidé les évêques. On retrouve notamment leur trace en Provence, comme celle de Guillaume Aimés, collecteur de la décime dans le diocèse de Toulon en 131637. Par la suite, ce mode de collecte est toujours employé, mais les évêques ont tendance à se décharger des pratiques administratives relatives aux levées ; ils désignent d’autres clercs pour veiller à la collecte. C’est ce qui se produit en 1333, quand Philippe VI fait vœu de croisade. Les évêques désignent les collecteurs qui remettent l’argent recueilli à des bourgeois choisis par le roi38. Ce système est repris en Provence. Ainsi, en mai 1364, Bertrand Carton a-t-il été député collecteur de la décime triennale par l’évêque de Senez39.

  • 40 Innocent VI, Lettres secrètes et curiales publiées et analysées d’après les registres des archives (...)
  • 41 Ibid., no 643, 644.
  • 42 ASV, Cam. Ap., Coll., 20, fol. 3v, 18v.

21Il n’est pas rare qu’un collecteur surveille le travail des évêques. C’est ce qui se produit en juin 1353 dans les provinces de Rouen et de Sens. Innocent VI (1352-1362) avait alors ordonné à Jean Hautfune, évêque d’Avranches, de verser tout l’argent recueilli pour le passage en Terre sainte à Bernard Carit40. Puis, en novembre, les archevêques de Sens et de Rouen et leurs suffragants devaient verser le subside pour la Terre sainte au même agent41. Le collecteur pontifical ordinaire était alors un agent fidèle de la Chambre apostolique, implanté depuis vingt-huit ans dans les provinces de Rouen et de Sens. Pour la première fois, deux réseaux se superposent. Au modèle issu du XIIIe siècle est associé le système mis en place et développé au XIVe siècle, celui des collecteurs ordinaires. La Chambre apostolique a confié à la nouvelle structure la perception finale de la décime et le contrôle de la gestion de l’évêque. Enfin, l’usage des évêques comme collecteurs de la décime devient une pratique caractéristique de la Provence. Ainsi Urbain V a-t-il délégué à Guillaume de la Garde, archevêque d’Arles, le soin de collecter la décime qui avait été accordée à Jean II le Bon pour la croisade à laquelle il devait participer avec le roi de Chypre, Pierre Ier de Lusignan (1358-1369)42.

22Les principaux avantages de ce mode de perception est de faire participer les prélats locaux à la levée de la décime et de les rendre responsables de la perception dans leur diocèse. Ainsi, les évêques ne gênent pas le travail des collecteurs, mais ils participent à leur nomination. En outre, les évêques ont une bonne connaissance du réseau des bénéfices de leur diocèse et les clercs à leur service peuvent améliorer l’écriture des comptes et l’état des connaissances sur les bénéfices de la circonscription. Enfin, il est plus difficile à un clerc local de s’opposer à une décision pontificale quand elle est relayée par son supérieur hiérarchique immédiat. Ce réseau disparaît cependant dans le royaume de France et est progressivement remplacé par d’autres modes de perception.

Les réseaux ordinaires

23Sous le pontificat de Benoît XII (1334-1342), le réseau des collecteurs ordinaires s’affirme déjà comme un autre mode de perception de la décime. Depuis le pontificat de Jean XXII, la papauté avait instauré de manière stable un réseau de collecteurs ordinaires députés à la levée des taxes dues par la Chambre apostolique. L’institution mise en place a permis à la papauté de recueillir régulièrement des redevances entre 1316 et 1520. Il n’est pas rare que la papauté profite de ce réseau pour recueillir la décime.

  • 43 Ursmer Berlière, Les Collectories pontificales dans les anciens diocèses de Cambrai, Thérouanne et (...)
  • 44 Arch. dép., Nord, 4 G 799, pièce 7308.

24Au XIVe siècle, nous l’avons vu, les collecteurs ordinaires ont parfois supervisé les collectes des évêques. Il est alors nécessaire de s’interroger sur la diffusion de cette méthode. Les collecteurs ordinaires étaient-ils chargés de recueillir les différentes décimes sollicitées pour la croisade ? Les recevaient-ils des évêques ou se chargeaient-ils directement des levées comme pour les autres taxes dont ils étaient responsables ? S’il n’est pas rare qu’un collecteur ordinaire soit aussi chargé de percevoir les décimes entre 1316 et 1409, cette situation n’est pas courante. Jean Dupin, chanoine de Saint-Pierre de Tonnerre dans le diocèse de Langres, est, par exemple, nommé par bulle Si gratanter advertitur, en 1316, collecteur pontifical des annates dans la province de Reims avec l’archevêque de Reims et ses suffragants43. Il est aussi chargé de la levée des décimes44. En raison de la date d’émission de la bulle et de la qualité des collecteurs, des évêques, il est légitime de se demander si Robert de Courtenay, l’archevêque de Reims, et ses suffragants étaient également les responsables de la levée des taxes dans leur diocèse, tandis que Jean Dupin était une sorte de receveur général. L’hypothèse la plus vraisemblable étant que Jean XXII a appliqué dans la province de Reims la méthode dont il a hérité de ses prédécesseurs.

  • 45 Innocent VI, Lettres secrètes…, no 967.
  • 46 H. Hoberg, Die Einnahmen…, p. 58.
  • 47 Ibid., p. 79.

25Il semble que la situation a ensuite évolué, puisque le 1er juin 1354, Innocent VI a donné à Géraud Mercadier, collecteur de Provence, le mandat de lever les arrérages des décimes triennale et biennale décidées par son prédécesseur comme subside contre les Turcs dans les provinces d’Arles, Aix et Embrun45. Il semble, à ce moment, que le collecteur a recouvré directement les décimes puisque, le 1er octobre, il a versé huit cents florins et cent vingt livres en monnaie d’Avignon pour les arriérés46. Toutefois, le 22 novembre 1354, cet agent fiscal est envoyé avec l’évêque de Barcelone comme commissaire pour entendre le compte des arrérages de la décime levés par l’archevêque d’Aix et transmis à la Chambre apostolique par Pons de Jean, son familier47. Deux hypothèses semblent alors se vérifier. Tout d’abord, le recouvrement de la décime est le privilège des évêques et des archevêques dans le royaume de France et en Provence, les collecteurs ordinaires étant les receveurs généraux. Ensuite, un collecteur ordinaire peut percevoir directement les versements. Soit les différents clercs lui remettent le montant de la décime à l’occasion de sa tournée, soit il s’occupe d’un diocèse dans lequel l’évêque ne remplit pas sa mission.

  • 48 Par exemple, sous Jean XXIII, Jean Cristin est collecteur de la décime en Savoie et à Lyon (ASV, R (...)
  • 49 ASV, Cam. Ap., Diversa Cameralia, 26, fol. 213v.

26Au XVe siècle, la situation a encore évolué puisque la perception de la décime fait souvent partie des charges qui sont attribuées au collecteur ordinaire dans sa bulle de nomination. Après le Grand Schisme, les réseaux fiscaux mis en place par la Chambre apostolique avignonnaise sont à peine ébranlés par les contestations et les critiques de la fiscalité pontificale émises durant les conciles de Constance et de Bâle. Certes, les mesures prises, notamment celles qui ont concerné la réduction des annates et qui ont été reprises par la Pragmatique Sanction de Bourges, ont réduit la marge de manœuvre de la Chambre apostolique et surtout les montants des perceptions. La papauté a toutefois maintenu les réseaux de la collecte et peut prélever les annates, même réduites, le cens et surtout la décime. Cette redevance devient alors un moyen pour la Chambre apostolique de maintenir le système fiscal et de conserver des agents locaux. Tout naturellement, les collecteurs ordinaires sont chargés d’accomplir toutes les opérations fiscales pour le compte de la papauté. Ainsi, les bulles de nomination de type Ex fideli et solicita et diligenti prudentia probitate providentia, qui sont caractéristiques de leur nomination depuis le pontificat de Grégoire XI, sont-elles aussi utilisées pour signifier la levée de la décime dans toutes les circonscriptions du royaume de France et de Provence de Jean XXIII (1410-1415) à Alexandre VI48. L’organisation de la collecte semble mieux gérée car un seul collecteur est responsable de toutes les taxes dans une circonscription précise. Il existe alors une rationalisation du système fiscal. En outre, le rapport de ces agents avec la papauté diffère de ceux qui sont entretenus par les collecteurs traditionnels. En effet, ces derniers ont souvent relevé d’un évêque, d’un nonce ou d’un commissaire, alors que les collecteurs ordinaires ont dû rendre directement des comptes à la papauté. Par exemple, le 30 décembre 1451, Antoine Haneron, archidiacre de Cambrai, collecteur et nonce des annates, de la décime et des cens dans la province de Reims, prête serment auprès de Jean de Bourgogne, évêque de Cambrai et du Camérier49.

27L’intérêt de la papauté à utiliser ce réseau est double. Elle a bénéficié des circuits de recouvrement déjà en place et a ainsi pu limiter le coût financier de l’envoi de plusieurs collecteurs dans le même espace, notamment pour les frais de mission, les clercs et notaires. Le recouvrement des taxes est alors géré par un seul officier responsable devant la Chambre apostolique. Cette méthode a cependant un grand inconvénient, le manque de réactivité des collecteurs pontificaux. En effet, l’officier a déjà la charge de la perception de plusieurs taxes et il n’a pas abandonné leur collecte pour se consacrer uniquement à celle de la décime. Les rentrées ne sont alors pas aussi rapides que le souhaitait la papauté. C’est pour cela que de nouveaux réseaux sont développés, notamment au XVe siècle.

Les nouveaux réseaux

28Dès le pontificat de Jean XXII, la Chambre apostolique a cherché à développer d’autres réseaux que ceux déjà établis. En dehors du circuit des évêques et même des collecteurs ordinaires déjà nommés, de nouvelles formes d’organisation de la collecte se mettent en place.

  • 50 Laurent Vallière, Fasti ecclesiae gallicanae. Répertoires prosopographiques des évêques, leurs aux (...)
  • 51 Edmond Albe, « Prélats originaires du Quercy dans l’Italie du XIVe siècle », Annales de Saint-Loui (...)
  • 52 Jean XXII, Lettres communes…, no 14 320 ; A. Coulon, Lettres secrètes…, no 1282.
  • 53 Jean XXII, Lettres communes…, n ° 8129.
  • 54 ASV, Reg. Vat. 680, fol. 79r.
  • 55 Barthélémy-Amédée Pocquet du Haut-Jusse, Les papes et les ducs de Bretagne. Essai sur les rapports (...)

29Tout d’abord, la Chambre apostolique a associé des clercs locaux à des collecteurs extérieurs qui faisaient partie de l’entourage du pontife. Ainsi Jean XXII a-t-il nommé de nombreux Quercynois − Faydit Guiraudon et Hugues d’Angoulême, deux clercs originaires de Gourdon dans le diocèse de Cahors50, Aymeric de Cregols ou Guillaume de Concotz qui sont originaires du Quercy51 − comme collecteurs de la décime sollicitée dans les provinces d’Arles, Aix, Embrun, Vienne, Besançon, Tarentaise et Lyon entre 1318 et 132252. En outre, ces clercs étaient aussi des proches serviteurs du pape. Aymeric de Cregols était auparavant trésorier de la Marche d'Ancône53. Le pape montre l’intérêt particulier qu’il porte au recouvrement de la décime par l’envoi de ces officiers. Ce type de réseau n’est ensuite développé qu’à la fin du XVe siècle. L’exemple le plus pertinent étant l’envoi de Giuliano della Rovere, le futur Jules II, neveu du pape Sixte IV54, qui est désigné en avril 1481 comme collecteur général de la décime sollicitée dans le royaume de France55.

  • 56 Georges-L. Lesage, «  La titulature des envoyés pontificaux sous Pie II (1458-1464)  », Mélanges d (...)
  • 57 ASV, Reg. Vat. 519, fol. 100rv.
  • 58 ASV, Reg. Vat. 466, fol. 34rv.
  • 59 ASV, Reg. Vat. 465, fol. 34v.
  • 60 ASV, Reg. Suppl. 573, fol. 271v.

30Ensuite, les papes ont développé plusieurs réseaux spécifiques de collecteurs députés à la levée de la décime. Tout d’abord, ils ont nommé des collecteurs de la croisade par des bulles de type Dudum siquidem ou Cum pro apparatu expeditionis armate contra Turchos. En 1463, Ange de Rieti, chanoine de la basilique de Saint-Pierre de Rome, cubiculaire secret en France est, par exemple, nommé par une bulle Dudum Siquidem ambassadeur, nonce et collecteur pontifical auprès de Louis XI (1461-1483)56 ; de même, Garsie de la Mothe et Martial Auribel sont députés collecteurs de la décime en Avignon en 146357. Ce sont des proches du pape qui sont choisis pour mener à bien ces missions. Garsie de la Mothe, chanoine d’Oloron, était clerc de la Chambre apostolique, chapelain du pape58, trésorier du Comtat Venaissin de 145759 à avril 146560, avant de devenir collecteur. Le pape a donc choisi avec soin les agents chargés de la perception de la décime.

  • 61 ASV, Reg. Vat. 519, fol. 17r.
  • 62 ASV, Reg. Vat. 519, fol. 4r-5v.

31En parallèle de ce réseau, de nouvelles personnalités sont recrutées. Pour la première fois en France, la Chambre apostolique fait appel à un dominicain et elle a employé des bénédictins. L’utilisation des réguliers n’est pas novatrice dans le royaume de France, de nombreux collecteurs ordinaires l’étant, mais aucun collecteur de la décime n’avait cependant été recruté parmi eux ou parmi les frères mendiants. Ainsi, Martial Auribel est le maître général des frères prêcheurs lors de son recrutement61. Il semble toutefois qu’il soit choisi moins comme dominicain qu’homme de confiance. En revanche, l’utilisation des bénédictins est plus difficile à saisir : en 1463, Alain Loret, abbé bénédictin du monastère de l’Isle-Chauvet, dans le diocèse de Luçon, est nommé collecteur et nonce apostolique d’un subside, d’une décime et d’indulgences contre les Turcs dans le duché de Bretagne par une bulle de type Cum pro apparatu expeditionis62. Ce collecteur n’a apparemment aucun lien avec la région où il est envoyé.

  • 63 B. Weber, Lutter contre les Turcs…, pp. 241-243.

32Dans le royaume de France et en Provence, de nouveaux réseaux sont donc employés. Ils s’appuient sur les bénédictins et les dominicains. S’agit-il alors de formes ponctuelles ou de tentatives de la Chambre apostolique pour mettre en place de nouveaux circuits ? Pour nous aider à comprendre cette évolution, nous pouvons nous appuyer sur l’étude de Benjamin Weber qui a constaté la première constitution d'un réseau encore approximatif sous Eugène IV (1461-1447), puis la constitution d'un réseau spécifique s'appuyant sur les franciscains et, localement, sur les réseaux existants, sous Calixte III et surtout sous Pie II. B. Weber remarque une tentative de création vers 1460 d’un réseau complètement détaché de ceux existants, s’appuyant notamment sur les franciscains63. On peut observer dans le royaume de France des tentatives similaires.

33Pour conclure sur ce point, nous pouvons constater que la Chambre apostolique a employé aux XIVe et XVe siècles des réseaux ecclésiastiques, évêques et clercs locaux, ou utilisé des collecteurs déjà nommés. Jean XXII avait tenté de constituer un réseau spécifique qui s’appuyait sur des proches collaborateurs, mais cette méthode ne fut reprise que par Pie II et ses successeurs. En outre, ce dernier pape est le seul pontife qui a tenté d’élaborer un réseau qui soit complètement détaché de ceux qui existaient déjà, notamment par l’emploi d’un dominicain et de bénédictins.

La contestation du financement de la croisade dans le royaume de France

34Si les sources attestent la permanence des administrations fiscales et des réseaux de collecteurs mis en place durant la papauté avignonnaise et maintenus durant le XVe siècle, une étude plus précise de la comptabilité indique des bouleversements dans l’acceptation par le clergé du royaume de France de la fiscalité pontificale, y compris des décimes.

Les décimes détournées

35Ce refus progressif d’une partie du clergé de participer au financement de la croisade, au moment précis où elle devenait urgente, est né de l’accaparement par le roi de France de la décime devenue une sorte d’impôt royal.

  • 64 Ch. Samaran, G. Mollat, La Fiscalité pontificale…, pp. 14, 15, 19.
  • 65 Ibid., p. 15.
  • 66 Ibid., p. 21.
  • 67 J. Favier, Les Finances pontificales…, p. 210.
  • 68 Ibid., pp. 210-211.

36De fait, les décimes exigibles sur le clergé de France furent directement perçues par le roi qui devait assurer en partie la logistique. Dès lors, la décime fut souvent détournée de sa mission originelle. Au départ, les souverains faisaient vœu de partir en croisade et avaient le projet de l’organiser. Par exemple, Philippe le Bel est nommé chef de la croisade en 1312, Philippe VI et son fils Jean, duc de Normandie, se sont engagés à se rendre en Égypte le 26 juillet 1333, puis le 31 mars 1363, Jean II le Bon a souhaité partir en Terre sainte. Pour réaliser ces objectifs, les papes leur ont concédé plusieurs décimes64 : entre 1312 et 1409, vingt-huit redevances ont ainsi été accordées dans le royaume de France, en Bretagne et en Provence (132265, 1343, 137166, en 1382 en Bretagne67, en 1407 en Provence…). Mais des montants prélevés, aucune somme perçue par le roi de France n’a servi à financer la croisade. Philippe le Bel et ses fils ont utilisé le subside pour financer les guerres de Flandres, et Jean II le Bon pour payer la guerre et la rançon due au roi d’Angleterre. Progressivement, dans le royaume de France, la décime a donc été dépossédée de sa signification première et devient synonyme d’imposition forcée pour le clergé de France. De même, le produit des décimes de Bretagne n’allait pas à la Chambre apostolique. La décime fut ainsi assignée au paiement des trente-deux mille francs dus à Jean de Malestroit, pour les services de son beau-père en Italie, au temps de Grégoire XI (1370-1378) et Clément VII (1378-1394). Dans le royaume de France, les décimes de 1382 à 1385 étaient imposées en faveur de Louis d’Anjou, la demi-décime de 1390 était accordée au roi, la décime de 1392 était imposée pour le duc Bourbon, celle de 1397 pour le roi68.

37C’est ce qui permet de mieux expliquer l’attitude d’une partie du clergé français après 1453. Progressivement la décime est perçue comme un impôt injuste. Les bénéficiers vont alors commencer à critiquer sa levée.

Contestation de la fiscalité ; maintien, puis disparition des réseaux traditionnels

  • 69 Ch. Samaran, G. Mollat, La Fiscalité pontificale…, p. 14.

38Très tôt, les clercs ont refusé la levée de la décime. Le clergé, accablé d’impôts, n’hésita pas à manifester son mécontentement. Dans la province de Rouen, après la mort de Philippe le Bel, il avait refusé formellement de payer quoi que ce fût. En vain excommunia-t-on les rebelles. Rien ne put les fléchir. Jean XXII s’est même interposé et a promis de relever les clercs des irrégularités qu’ils avaient encourues s’ils consentaient à payer des arriérés. Dans les autres parties de la France, Pierre de Grez, évêque d’Auxerre, Geoffroy du Plessis et l’abbé de Saint-Denis, chargés de recueillir la décime sexennale qui courait encore, ne parvenaient pas à se faire délivrer l’argent perçu par les évêques ou leurs collecteurs. Il fallut encore les menacer d’excommunication pour vaincre leur résistance69. Ensuite les contestations ont existé mais, prisonniers de l’engrenage administratif fiscal, les clercs n’ont pas toujours réussi à faire entendre leur voix.

  • 70 ASV, Reg. Vat. 542, fol. 11r-12v.
  • 71 ASV, Reg. Vat. 381, fol. 95r-97r.
  • 72 Arch. dép. de la Seine-Maritime, G 1911, « sicut premittitur per nos fulminatos in ecclesia metrop (...)
  • 73 A. Bride, « Censure », dans Dictionnaire de Droit canonique, Paris, 1943, III, col. 169-233.
  • 74 Véronique Beaulande, Le Malheur d’être exclu ? Excommunication, réconciliation et société à la fin (...)
  • 75 Amandine Le Roux, « Une flambée de gallicanisme en France. La contestation de la décime à Rouen en (...)

39D’autant plus que la Chambre apostolique avait développé des procédures juridiques punitives. Pour collecter la décime, les officiers avaient bénéficié de puissants pouvoirs. Ainsi, par la bulle Ex fideli et solicita et diligenti prudentia, datée d’octobre 1464, Christophe de la Ronde, chanoine et maître-ouvrier de l’église de Rodez, collecteur, nonce apostolique et receveur général des fruits, revenus, produits, cens et décimes dans les diocèses de Bourges, Clermont, Saint-Flour, Le Puy, Albi, Rodez, Limoges, Tulle, Cahors, Castres et Mende pouvait requérir l’aide du bras séculier pour mener à bien sa mission70. Mais surtout, les collecteurs pouvaient excommunier. Le 1er mars 1431, la bulle Ex fideli solicita et diligenti prudencia attribue à Barthélémy Berchier, collecteur, nonce apostolique et receveur des fruits, des revenus, des produits, des décimes, des cens et des autres droits de la Chambre apostolique dans les provinces de Lyon, Vienne, Besançon et Tarentaise, ainsi que dans les diocèses de Turin, d’Asti, d’Ivrea et de Verceil, le droit de faire appel à l’excommunication et autres sentences pour recevoir les taxes de la Chambre et user de l’aide du bras séculier71. Les collecteurs n’ont pas hésité à utiliser les pouvoirs qui leur étaient concédés, d’autant plus qu’une partie de leur fonction était de mener à leur terme les procès entamés contre les mauvais payeurs. Au cours des années 1456-1457, Blaise de Gresle, collecteur de Rouen, a excommunié et fulminé des sanctions, appelées censures ecclésiastiques72. En général, ce type de peine spirituelle est infligé par l’autorité ecclésiastique compétente à un baptisé délinquant, le privant de certains biens spirituels, comme des sacrements ou, le cas échéant, des fruits de son bénéfice73. Le collecteur utilise la censure de manière temporaire comme une procédure juridique et administrative jusqu’à l’obtention du paiement de la taxe par le bénéficier ; sinon, il prononce l’excommunication pour dette qui exclut le bénéficier de la communauté des fidèles et des relations avec les autres74. Le collecteur utilise aussi l’interdit et la suspense. Le pouvoir d’user des censures par le collecteur est coercitif. Ce sont des punitions assez lourdes pour les clercs qui doivent par la suite supplier le pape de les réintégrer. Or, Blaise de Gresle, collecteur de la décime à Rouen, n’hésite pas à y recourir : quarante-sept bénéficiers doivent faire commuer cette sentence par le pape. Il s’agit par exemple de Nicolas Dubosc, doyen de Rouen, de Pierre Leschamps, archidiacre de Rouen, de plusieurs chanoines de l’église de Rouen, de divers abbés, comme ceux des monastères de Sainte-Catherine-du-Mont à Rouen ou de Saint-Vandrille dans le diocèse de Bayeux, de prieurs, comme celui de Saint-Ouen, et de recteurs, comme celui de Saint-Vincent de Rouen. En 1457, les clercs de la province de Rouen ne sont pas restés démunis par rapport aux pratiques administratives du collecteur. Ils ont eux-mêmes contesté la levée de la décime, et ont appelé au concile le 23 février 1457 contre le collecteur. Au cours du mois de mars 1457, le procureur de l’archevêque de Rouen, Hector de Coquerel, tente une médiation entre le collecteur et les clercs rouennais, mais elle échoue. Les ecclésiastiques de la province de Rouen portent alors l’affaire devant le Parlement de Paris75.

  • 76 Arch. dép., Seine-Maritime, G 3619.
  • 77 Arch. dép., Seine-Maritime, G 1911.
  • 78 Henri Forgeot, Jean Balue, cardinal d'Angers, Paris, 1895.

40Le 3 juin 1457, un arrêt du Parlement de Paris au sujet de la contestation entre les gens du clergé de Normandie et Blaise Gresle, archevêque de Bordeaux, commis à recevoir la décime dans la province de Rouen, ordonne au collecteur de s’abstenir d’user des citations, monitions, fulminations, censures et publications d’excommunications, en attendant le jugement du procès76. Le collecteur est déposé de son office au cours du mois de juillet 145777. En 1467, Jean Balue, collecteur de la décime en France, a rencontré des difficultés similaires, a usé des armes spirituelles et a détourné une partie de l’argent à son profit78. En 1481, Barzo de Barzi a utilisé de nouveau cette procédure. Le délai de trente jours étant écoulé sans qu’aucun versement ne lui soit parvenu, il a fulminé contre les évêques les censures dont il les avait menacées : excommunication, privation de bénéfices et peines pécuniaires. Le clergé de Bretagne a alors rappelé au collecteur quel avait été le résultat de la politique de Blaise de Gresle.

  • 79 « En ce mesme temps mille quatre cent cinquante sic, firent les Hongrois ou pais de Hongrie un gra (...)
  • 80 Alphonse Dupront, Du sacré, croisades et pèlerinages : images et langages, Paris, 1987.

41Dans ces exemples, il est frappant de noter que les clercs ne se montrent plus réceptifs à l’argumentation universelle de la papauté. Las de décennies de guerres, le clergé français et breton n’est guère ému par les transformations politiques et religieuses que connaissent les anciens territoires de l’Empire byzantin et se préoccupe en priorité de la reconstruction économique locale. D’autant plus que les récentes victoires de Jean Hunyadi les 21-22 juillet 1456 contre Mehmet II, lors du siège de Belgrade, rendent la croisade inutile pour le clergé rouennais79. Les prédicateurs utilisèrent cette victoire pour convaincre les fidèles et les clercs de payer indulgences et décimes ; mais l’esprit de croisade semble bien affaibli80. Alors que le pape se présente comme l’universel défenseur de toute la Chrétienté, y compris de celle qui est asservie, le clergé rouennais a considéré que la menace turque a été arrêtée, refusant ainsi de financer la croisade. En outre, une seconde lecture du refus de la décime peut être proposée. Ce ne sont pas seulement la décime et la croisade qui sont rejetées par les clercs français, mais c’est surtout l’ensemble du système fiscal avignonnais qui vit ses derniers feux sous les pontificats de Sixte IV et d’Alexandre VI. Le clergé français a craint que l’installation de réseaux de collecteurs de la décime par le pontife ne serve à revigorer les réseaux traditionnels. Crainte d’autant plus justifiée que nous avons assisté à l’essor des collecteurs à charges multiples.

42Pour conclure sur ce point, il semble que les financements de la croisade se tarissent dans le royaume de France et en Provence à la fin du Moyen Âge. Si les réseaux fonctionnent, ils sont de plus en plus contestés et la décime est de plus en difficilement perçue, d’autant plus que le roi de France n’a pas facilité la tâche des collecteurs au XVe siècle. La prédication en faveur de la croisade est utilisée, mais n’est plus guère qu’une fiction. De plus, se remarque une lassitude plus générale du clergé vis-à-vis des guerres et surtout vis-à-vis de la fiscalité pontificale. Les changements des relations entre papauté et clergé, notamment par l’essor des pratiques juridiques ont modifié le système avignonnais.

43En guise de conclusion générale, il est possible de rappeler que les systèmes financiers français et romain se sont développés avec la levée des décimes. Outre le financement de la croisade, les efforts politiques et administratifs produits pour conserver, puis reprendre la Terre sainte ont entraîné la constitution de nouveaux réseaux. La Chambre apostolique a bénéficié des pratiques nouvelles et développé l’institution des collecteurs dont l’âge d’or est la papauté avignonnaise. La structure mise en place, complexe, a superposé plusieurs réseaux d’agents, dont les collecteurs de la décime. Ceux-ci avaient un rôle particulier, puisqu’ils bénéficiaient d’une place prépondérante soit parmi les prélats locaux, soit dans leur rapport avec le pape. La Chambre apostolique n’a cependant jamais privilégié un système, utilisant telle ou telle structure, les combinant parfois, pour obtenir le meilleur résultat. Le recouvrement de la décime ne s’est toutefois pas toujours effectué dans des conditions sereines. Le clergé a appris à se regrouper et a utilisé des armes à sa disposition — composition pontificale, conciles ou appui du pouvoir laïque — pour contester et récuser le paiement de la décime.

44Le refus de payer les redevances sollicitées par la Chambre apostolique n’est pas un fait historique nouveau, mais il prend au XVe siècle de nouvelles formes.

45Le pape se trouve alors obligé de contredire son agent. Si la croisade n’attire plus, les pratiques administratives romaines sont aussi critiquées. Il est même possible d’analyser le dernier tiers du XVe siècle comme le déclin d’un système.

Notes

1 Jacques Paviot, «  Noblesse et croisade à la fin du Moyen Âge  », Cahiers de recherches médiévales et humanistes, 13 (2006), pp. 69-70.

2 Jean Richard, Histoire des croisades, Paris, 1996, p. 7.

3 Ursmer Berlière, « Les décimes pontificales dans les anciens diocèses belges aux XIIIe et XIVe siècles », Bulletins de la classe des lettres et des sciences morales et politiques, XI (1925), pp. 99-100.

4 Ibid., pp. 104-105.

5 Jean-Baptiste Christophe, Histoire de la papauté au XVe siècle avec des pièces justificatives, Lyon, 1863, p. 422.

6 Jacques Verger, «  Le transfert de modèles d’organisation de l’Église à l’État à la fin du Moyen Âge  », État et Église dans la genèse de l’État moderne, Madrid, 1986, pp. 31, 34.

7 William Lunt, Papal revenues in the Middle Ages, New York, 1965, 1, pp. 3-4 ; Clément Bauer, « Die Epochen der Papstfinanz. Ein Versuch  », Historische Zeitschrift, 138 (1927), pp. 457-503.

8 W. Lunt, Papal revenues…, p. 35.

9 Archives départementales, Seine-Maritime, G 1911.

10 Charles Samaran, Guillaume Mollat, La Fiscalité pontificale en France au XIVe siècle, Paris, 1905, pp. 12-22.

11 Archivio Segreto Vaticano (ASV), Registri Vaticani, 398, folios 41v-43v.

12 Archivio di Stato di Roma, Camerale I, no 1125, Quietanze per minuti servizi, 1462-1469, fol. 81rv.

13 Auguste Coulon, Lettres secrètes et curiales du pape Jean XXII (1316-1334) relatives à la France, publiées ou analysées d’après les registres du Vatican, Paris, tomes I et II, 1906-1913, no 515.

14 Ibid., no 848.

15 Ibid., no 1826.

16 Ludwig Mohler, Die Einnahmen der Apostolischen Kammer unter Klemens VI, tome V, Paderborn, 1931, p. 509.

17 Ch. Samaran, G. Mollat, La Fiscalité pontificale…, p. 21.

18 Hermann Hoberg, Die Einnahmen der Apostolischen Kammer…, tome VII, Paderborn, 1955, p. 46, 58.

19 Ibid., p. 79.

20 Ch. Samaran, G. Mollat, La Fiscalité pontificale…, p. 21.

21 ASV, Camera Apostolica, Collectoriæ, 20, fol. 262r, 272v-273r.

22 Ch. Samaran, G. Mollat, La Fiscalité pontificale…, p. 21.

23 Jean Favier, Les Finances pontificales à l’époque du Grand Schisme d’Occident (1378-1409), Paris, 1966, p. 209.

24 ASV, Registri Avignonesi, 331, fol. 19v.

25 ASV, Reg. Vat., 398, fol. 41v-43v.

26 Odorico Raynaldo, Annales ecclesiastici ab anno MCXCVIII ubi desini Cardinalis Baronius, Lucques, 1753, III, ab anno 1456, no 3, 4.

27 P. Richard, «  Origines de la nonciature de France, nonces résidants avant Léon X, 1456-1511  », Revue des Questions historiques, 78 (1905), p. 111.

28 ASV, Cam. Ap., Introitus et Exitus, 503, fol. 81v.

29 ASV, Cam. Ap., Int. Ex., 505, fol. 79v.

30 Damien Coulon, Barcelone et le grand commerce d’orient au Moyen Âge : un siècle de relations, Madrid, 2004, p. 144.

31 Georges Rohault de Fleury, La Toscane au Moyen Âge : lettres sur l’architecture civile et militaire en 1400, 1874, p. 94.

32 Benjamin Weber, Lutter contre les Turcs. Les formes nouvelles de la croisade pontificale au XVe siècle, Rome, 2013, p. 194.

33 Ibid., p. 195.

34 W. Lunt, Papal revenues…, pp. 10-11.

35 Dom Tosti, Gregorio Palmieri, Regesti Clementi papae V ex vaticanis archetypis cura et studio monachorum OSB, Rome, 1884-1892, no 1758 ; Bernard Barbiche, Les actes pontificaux originaux des archives nationales de Paris, III, 1305-1415, Cité du Vatican, 1982, no 1758.

36 B. Barbiche, Les actes pontificaux..., no 2562 ; A. Coulon, Lettres secrètes…, no 531 ; Jean XXII, Lettres communes, éd. de G. Mollat, Paris, 1904-1947, no 6742.

37 Emil Göller, Die Einnahmen der Apostolischen Kammer unter Johann XXII, Paderborn, 1910, t. I, p. 386.

38 Ch. Samaran, G. Mollat, La fiscalité pontificale…, p. 15.

39 ASV, Cam. Ap., Coll., 20, fol. 262r.

40 Innocent VI, Lettres secrètes et curiales publiées et analysées d’après les registres des archives vaticanes, éd. de Pierre Gasnault, M.-H. Laurent, Nicole Gotteri, Paris, 1959-2006, no 332, 333.

41 Ibid., no 643, 644.

42 ASV, Cam. Ap., Coll., 20, fol. 3v, 18v.

43 Ursmer Berlière, Les Collectories pontificales dans les anciens diocèses de Cambrai, Thérouanne et Tournai au XIVe siècle, Rome, 1929, p. IX ; Jean XXII, Lettres communes…, no 5021 ; A. Coulon, Lettres secrètes…, no 93.

44 Arch. dép., Nord, 4 G 799, pièce 7308.

45 Innocent VI, Lettres secrètes…, no 967.

46 H. Hoberg, Die Einnahmen…, p. 58.

47 Ibid., p. 79.

48 Par exemple, sous Jean XXIII, Jean Cristin est collecteur de la décime en Savoie et à Lyon (ASV, Reg. Vat., 342, fol. 72v-77r). Sous le pontificat d’Eugène IV, Accurse de Pazzis a collecté la décime et autres taxes en Provence (ASV, Reg. Vat., 381, fol. 196v-197v). Sous Paul II, Gilles de l’Apostole a prélevé des décimes à Reims (ASV, Reg. Vat., 542, fol. 248r-250v). Sous Sixte IV, Raymond Peraud est collecteur de différentes taxes à Bordeaux et à Auch (ASV, Reg. Vat., 656, fol. 173r-174v).

49 ASV, Cam. Ap., Diversa Cameralia, 26, fol. 213v.

50 Laurent Vallière, Fasti ecclesiae gallicanae. Répertoires prosopographiques des évêques, leurs auxiliaires, dignitaires et chanoines des diocèses de France de 1200 à 1500, Diocèse de Poitiers, Turnhout, t. X, 2007, no 206, p. 218 ; Jean XXII, Lettres communes…, no 762.

51 Edmond Albe, « Prélats originaires du Quercy dans l’Italie du XIVe siècle », Annales de Saint-Louis des Français, 8 (1903), p. 98 ; Armand Jamme, « Trésoriers et camériers des papes et des recteurs affectés dans les provinces de Grégoire X à Grégoire XII (1272-1407) », annexe de « De la banque à la Chambre ? Naissance et mutations d’une culture comptable dans les provinces papales entre XIIIe et XIVe siècle », dans Armand Jamme et Olivier Poncet (éd.), Offices, Écrit et Papauté (XIIIe-XVIIe siècle), Rome, 2007, p. 175.

52 Jean XXII, Lettres communes…, no 14 320 ; A. Coulon, Lettres secrètes…, no 1282.

53 Jean XXII, Lettres communes…, n ° 8129.

54 ASV, Reg. Vat. 680, fol. 79r.

55 Barthélémy-Amédée Pocquet du Haut-Jusse, Les papes et les ducs de Bretagne. Essai sur les rapports du Saint-Siège avec un État, Paris, 1928, p. 750.

56 Georges-L. Lesage, «  La titulature des envoyés pontificaux sous Pie II (1458-1464)  », Mélanges d’Archéologie et d’Histoire, LVIII (1943-1946), p. 227.

57 ASV, Reg. Vat. 519, fol. 100rv.

58 ASV, Reg. Vat. 466, fol. 34rv.

59 ASV, Reg. Vat. 465, fol. 34v.

60 ASV, Reg. Suppl. 573, fol. 271v.

61 ASV, Reg. Vat. 519, fol. 17r.

62 ASV, Reg. Vat. 519, fol. 4r-5v.

63 B. Weber, Lutter contre les Turcs…, pp. 241-243.

64 Ch. Samaran, G. Mollat, La Fiscalité pontificale…, pp. 14, 15, 19.

65 Ibid., p. 15.

66 Ibid., p. 21.

67 J. Favier, Les Finances pontificales…, p. 210.

68 Ibid., pp. 210-211.

69 Ch. Samaran, G. Mollat, La Fiscalité pontificale…, p. 14.

70 ASV, Reg. Vat. 542, fol. 11r-12v.

71 ASV, Reg. Vat. 381, fol. 95r-97r.

72 Arch. dép. de la Seine-Maritime, G 1911, « sicut premittitur per nos fulminatos in ecclesia metropolitana Rothom(agense) […] ad se opponendum et contradicendum ne hujusmodi decima levaretur seu colligeretur constituerunt sub excommunicationis suspensionis et interdicti penis tam dictorum processum quam particularis commissionis per nos sibi facte ac litterarum suarum monitoriarum per ipsum desuper confectarum vigore canonice monuerit ».

73 A. Bride, « Censure », dans Dictionnaire de Droit canonique, Paris, 1943, III, col. 169-233.

74 Véronique Beaulande, Le Malheur d’être exclu ? Excommunication, réconciliation et société à la fin du Moyen Âge, Paris, 2006.

75 Amandine Le Roux, « Une flambée de gallicanisme en France. La contestation de la décime à Rouen en 1457 », Archivum Pontificium Historiae, 46 (2008), pp. 31-52.

76 Arch. dép., Seine-Maritime, G 3619.

77 Arch. dép., Seine-Maritime, G 1911.

78 Henri Forgeot, Jean Balue, cardinal d'Angers, Paris, 1895.

79 « En ce mesme temps mille quatre cent cinquante sic, firent les Hongrois ou pais de Hongrie un grand ravage et de butin sur les ennemis de la foy de Jhésucrist ; et par le conseil de frère Jean Capestram, disciple jadiz de saint Bernardin, et par le conseil d’un puissant, sage et grand chevalier, appelé Messire Guillaume le Blanc, ils furent mis hors et chassez de la cité de Belgrade, en laquelle il y avait grand nombre de Turcs, lesquels furent tous tuez, jusqu’au nombre de quinze mille, et n’en eschappa homme que tout ne fust tué et mis à mort ». Jean Chartier, Chronique de Charles VII, Paris, 1858, III, p. 66.

80 Alphonse Dupront, Du sacré, croisades et pèlerinages : images et langages, Paris, 1987.

Auteur

UMR 8589 (LAMOP, Paris)

© Presses universitaires du Midi, 2015

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