1 Sur la particularité de la réforme agraire espagnole au début du XX^e siècle — et même si l'adjectif « insolite » employé par l'auteur peut sembler abusif et/ou ambigu —, voir Edward Malefakis, « Análisis de la Reforma agraria durante la Segunda República », Agricultura y Sociedad, n^o 7, 1978, pp. 35-51, p. 38. Nous devons dire, par ailleurs, que dans cet article nous avons opté pour éluder la nécessité de considérer la réforme agraire espagnole comme un « succès » ou comme un « échec » (pour qui, d'ailleurs ?). Et nous avons tout simplement épousé l'analyse historique de son parcours, afin de mieux la comprendre.

2 Pour les enquêtes agraires alors récentes, datant de la fin du XIX^e siècle et du début du XX^e siècle, voir Ricardo Robledo, « La cuestión agraria en España, de Canalejas a Vázquez Humasqué (1902-1936) », Areas, 26, 2007, pp. 95-113 ; Julio Artillo G., « La reforma agraria en la España contemporánea », Documentación Social, 32, 1978, pp. 45-78, p. 59 et sq. ; Sergio Riesco, « De plurales y mayúsculas ; en torno a la Reforma Agraria de la II República », Alcores, 8, 2009, pp. 311-329, p. 313-315.

3 Il s'agit d'une moyenne. Le pourcentage pouvait être plus élevé, par exemple, dans l'Espagne andalouse ou en Estrémadure. Ibidem. Près des deux tiers de la population espagnole habitait toujours dans le monde rural. Voir aussi Salvador Cruz A., et al, « El socialismo español y la cuestión agraria (1879-1923). Luces y sombras en el debate teórico y en la práctica sindical y política », Ayer, 54, 2, 2004, pp. 129-163, p. 136.

4 Mariano JR Díaz A., « Impulso gubernamental y acción parlamentaria en el ámbito de la reforma agraria republicano-socialista durante 1931 », Hispania, Lxiv/1, 216, 2004, pp. 267-324. Voir aussi, Oscar Anchorena M., « Los debates en Cortes sobre la Ley de Bases para la Reforma Agraria. Marzo-septiembre de 1932 », Historia Autónoma, 1, 2012, pp. 121-136 ; Edward Malefakis, Reforma agraria y revolución campesina en la España del siglo XX, Barcelona, Ariel, 1971, 523 p., pp. 201 et sq. ; Jacques Maurice : « Juan Díaz del Moral (1870-1948) : historia social y reforma agraria », Historia Agraria, 50, 2010, pp. 43-63, pp. 52-53.

5 Celui-ci a été formalisé et structuré grâce à la loi de 1906. Celle-ci cherchait à encadrer des collectifs qui, par leur composition, pouvaient regrouper des propriétaires, des ouvriers, des métayers, des techniciens professionnels, au sein d'un même organisme plutôt confessionnel. Et ceci dans des campagnes où les formes associatives traditionnelles n'étaient pas une nouveauté. Ces syndicats, agrariens et antisocialistes, opposés au syndicalisme de lutte et favorables à la petite propriété paysanne, étaient sous l'influence de l'Église catholique et de son bras rural, la Confédération nationale catholico-agraire (CNCA). Voir entre autres, Juan José Castillo, Propietarios muy pobres. Sobre la subordinación del pequeño campesino. La Confederación Nacional Católico Agraria, 1917-1942, Madrid, Ministerio de Agricultura, 1979, 552 p. ; Elisa Sánchez-Pérez, « El asocianismo como agente modernizador. Sindicato de Vega de Villalobos (Zamora), 1921-1936 », Historia Agraria, 46, 2008, pp. 47-63, pp. 50-51 ; Raúl Soutelo V., « Las uvas de la unión. Organización y movilización campesina en la vitvinicultura gallega : El Ribeiro Ourensano, 1880-1936 », Historia Agraria, 25, 2001, pp. 121-156, p. 139-140.

6 En guise de protestation, les propriétaires terriens de Salamanque ont refusé d'entamer les travaux agricoles de la campagne 1932-1933 (un lock-out patronal), tout en agitant l'épouvantail de la collectivisation des terres, afin de faire peur aux petits et aux moyens propriétaires castillans. Voir, entre autres, Manuel Tuñón de Lara, Tres claves de la Segunda República. La cuestión agraria, los aparatos del Estado, el Frente Popular, Madrid, Alianza Editorial, 1985, 367 p., pp. 85-86.

7 Avec son fameux manifeste : El campo en pie (La campagne débout !). Voir José M. Rivas C., « La reorganización de la derecha católica salmantina en la Segunda República », Studia historica, Historia contemporánea, 4, 1986, pp. 225-234, p. 229-230 ; Ricardo Robledo et Luis Espinoza G., « El campo en pie : política y reforma agraria », in Ricardo Robledo (éd.), Esta salvaje pesadilla : Salamanca en la guerra civil española, Barcelona, Crítica, 2007, 478 p., pp. 3-52.

8 Manuel Azaña [Sesión de Cortes, 18 août 1932], Obras completas, tome III, Madrid, 2008, p. 492.

9 Julián Casanova, The Spanish Republic and Civil War, Cambridge, Cambridge University Press, 2010, 372 p., p. 118.

10 José Alvarez Junco, La ideología política del anarquismo español (1868-1910), Madrid, Siglo XXI, 1991, 672 p. Voir aussi, Francisco Cobo R., « La cuestión agraria y las luchas campesinas en la II República, 1931-1936 », Hispanianova, 11, 2013, http://hispanianova.rediris.es/11/dossier/11d002.pdf, 40 p., p. 8.

11 Pierre Vilar, La Guerre d'Espagne (1936-1939), Paris, PUF, 1986, 124 p., p. 8.

12 Paloma Biglino, El socialismo español y la cuestión agraria, 1890-1936, Madrid, Ministerio de Trabajo, 1986, 564 p. Voir aussi F. Cobo R., art. cit., pp. 12-17 ; S. Cruz A., op. cit., p. 141 et sq. Pour une approche du socialisme espagnol dans la moyenne durée et ses évolutions, voir également les deux textes de Pierre Vilar publiés dans l'Histoire générale du socialisme, éditée sous la direction de Jacques Droz, entre 1972 et 1978 : « Le socialisme espagnol, des origines à 1917 », Paris, PUF, 1974, vol. II : pp. 279-320 ; « Le socialisme en Espagne (1917-1945) », Paris, PUF, 1977, vol. III, pp. 421-464.

13 E. Malefakis, Reforma agraria y revolución campesina…, op. cit., 1978, p. 37.

14 S. Riesco, « De plurales y mayúsculas », art.. cit., p. 323.

15 Ainsi, entre 1930 et 1932, le nombre d'adhérents de la FNTT en Andalousie a été multiplié par dix. Voir F. Cobo R., « La cuestión agraria y las luchas campesinas en la II República… », art. cit., pp. 26-27.

16 Enrique Montañés P., « Mercado de trabajo, conflicto rural y sindicalismo campesino : Jerez de la Frontera, 1880-1923 », Historia Agraria, 13, 1997, pp. 143-164, p. 152, 159-160.

17 Voir, entre autres, Eva Fernández, « El fracaso del lobby viticultor en España, frente al objetivo industrializador del Estado, 1920-1936 », Historia Agraria, 45, 2008, pp. 113-141.

18 J. Artillo, « La reforma agraria en la España contemporánea », art. cit., p. 63.

19 R. Robledo, « La Reforma agraria de la Segunda República Española : Ideas y hechos », in XV Encuentro de Economía Pública : políticas públicas e inmigración, Salamanque, Universidad de Salamanca, 2008, p. 14.

20 Il s'agit d'un fait dont on peut déduire ou tirer des conséquences opposées. Voir, entre autres, Ricardo Robledo, « La Reforma agraria de la Segunda República Española… », art. cit. pp. 15-20, http://dialnet.unirioja.es/servlet/autor?codigo=220915 ; Jordi Domenech, « Rural labour markets and rural conflict in Spain before the Civil War (1931-1936) », Economic History Review, 66, 1, 2013, pp. 86-108, p. 92.

21 E. Malefakis, Reforma agraria y revolución campesina…, op. cit., p. 45. Pierre Vilar évoque les mémoires de ce propriétaire de terres qui dit en 1934 aux ouvriers embauchés : « 5 pésètes par jour, c’était quand vous aviez gagné les élections ; nous les avons gagnées, maintenant c’est 3 pésètes ». P. Vilar, op. cit., p. 9.

22 Ernest Labrousse avait déjà souligné, pour l'examen des révolutions françaises du XIX^e siècle — ou de la fin du XVIII^e siècle —, cette myopie politique qui semble s'emparer des classes dominantes dans les périodes de crise. Voir son classique « 1848-1830-1789, Comment naissent les révolutions », in Actes du Congrès historique du Centenaire de la Révolution de 1848, Paris, PUF, 1948, pp. 1-20, pp. 1-2.

23 E. Malefakis, Reforma agraria y revolución campesina, op. cit., p. 432 et sq.

24 F. Cobo R., « La cuestión agraria y las luchas campesinas en la II República… », art. cit., p. 36.

25 La bibliographie sur l'usurpation et l'expropriation progressives des communaux (appelée également « privatisation ») est considérable. Voir, entre autres, parmi les contributions les plus récentes, José Serrano A., « Campesinos, estado y mercados. La conflictividad forestal en el Noroeste de España, León (1870-1936) », Documentos de trabajo de la SEHA, 1402, 2014, 35 p., http://repositori.uji.es/xmlui/bitstream/handle/10234/83006/DT-SEHA% 2014-02.pdf?sequence=1 ; Domingo Gallego, et al, « Las Españas rurales y el Estado (1800-1931) », in Ricardo Robledo (Ed.), Sombras del Progreso. Las huellas de la historia agraria, Ramón Garrabou, Barcelone, Crítica, 2010, pp. 85-116 ; Iñaki Iriarte G. et José M. Lana B., « Concurrencia y jerarquización de derechos de apropiación sobre los recursos. Bienes comunales en Navarra. Siglos XVIII-XX » in Rosa Congost et José M. Lana B., Campos cerrados, debates abiertos, Pampelune, Universidad Pública de Navarra, 2007, pp. 201-231.

26 Cette question a été posée depuis 1985 par Manuel Tuñon de Lara. Elle interroge parallèlement les hésitations et l'ambigüité de l'État espagnol du XIX^e siècle1 devant la grande propriété (les gros possédants) et face à l'usurpation des communaux. Elle interpelle également la portée réelle de la transformation de l'Ancien Régime par un libéralisme formel, aux mains emmenottées. Voir aussi José Serrano A., « “Reviviendo el sueño de varias generaciones” : comunales y reforma agraria en León en la II^a República (1931-1936) », Historia Agraria, 62, 2014, pp. 147-175, p. 161 ; R. Robledo, « La Reforma agraria de la Segunda República Española », art. cit., p. 4 ; S. Riesco, « De plurales y mayúsculas, art. cit., pp. 327-328.

27 Jacques Maurice, « Problemática de las colectividades agrarias en la Guerra Civil », Agricultura y Sociedad, 7, 1978, pp. 53-85, p. 59 et 69.

28 Ibidem, p. 66.

29 A propos de ce personnage, très important pour les diagnostiques et les propositions agraires dans l'Espagne du 20^e siècle, voir Juan Pan-Montojo, « Pascual Carrión : Política agraria e ingeniería social », Historia Agraria, 42, 2007, pp. 581-596.

30 Pascual Carrión, La reforma agraria de la II^a República y la situación actual de la agricultura española, Barcelone, Ariel, 1973, 278 p., p. 135 et ss. Voir aussi, Ministerio de Agricultura, Instituto de Estudios Agro-Sociales, La Reforma agraria en España, sus motivos, su esencia, su acción, Valence, Ministerio de Agricultura, 1937, 78 p., p. 49, http://www. magrama.gob.es/ministerio/pags/Biblioteca/fondo/pdf/17049_all.pdf

31 J. Maurice, « Problemática de las colectividades agrarias en la Guerra Civil », art. cit., p. 62, 81.

32 J. Artillo, « La reforma agraria en la España contemporánea », art. cit., p. 27.

33 Pour ce qui concerne le sujet de notre article, voir, entre autres, Jacques Maurice, « Vitalité de l’histoire agraire espagnole », Cahiers de civilisation espagnole contemporaine, n^o 2, 2008, URL : http://ccec.revues.org/1653. L'évolution récente de l'historiographie de la réforme agraire espagnole et ses nouvelles pistes de compréhension doivent beaucoup à l'historien Ricardo Robledo de l'Université de Salamanque, à sa persévérance et à son intelligence de chercheur.