Sedes Sapientiae
|Première partie. Vierges en Majesté
Deux vierges pour le prix d’une ? Considérations rapides autour de la datation des statues de Rocamadour
Texte intégral
- 1 Cette hypothèse a d’ores et déjà été formulée par Rongières-Dellère, 1993 ; cette étude étant rest (...)
1Sedes sapientiae. Les images du Trône de Sagesse sont rares, pourtant le pluriel est de mise à Rocamadour. Les sanctuaires possèdent aujourd’hui deux statues de Vierge, l’une vénérée dans la chapelle Notre-Dame, l’autre exposée dans le musée d’art sacré Francis Poulenc. Toutes deux sont à la fois une Vierge en Majesté, une Vierge à l’Enfant et une Vierge Noire. La première a été publiée à plusieurs reprises, même si elle n’a bénéficié d’aucune étude scientifique précise : elle est généralement datée de la deuxième moitié du XIIe siècle, selon la plupart des auteurs qui l’attribuent à la période de reconstruction des sanctuaires de Rocamadour sous la direction de l’abbé de Tulle Géraud d’Escorailles (1152-1188). La deuxième est quasi inédite et on ignore depuis quand elle est conservée à Rocamadour : bien qu’abîmée, elle est stylistiquement proche des Vierges romanes auvergnates, et semble aussi pouvoir être datée du XIIe siècle. La coexistence de ces deux statues au sein des sanctuaires de Rocamadour ouvre la voie à diverses hypothèses, en particulier autour de deux évènements rapportés par l’historiographie1.
- 2 Albe, 1901-1902, p. 666. Ce document a aussi été publié in extenso par Rupin, 1904, p. 353-355.
2Le 20 décembre 1235, le pape Grégoire IX condamne le pillage de la ville et église de Rocamadour perpétré par Hélie de Ventadour, neveu de l’abbé de Tulle : « il ne respecte même pas l’image de la Bienheureuse Vierge par les mérites de laquelle ce lieu de Roc est enrichi de mille présents et rendu célèbre par des miracles sans nombre : il la couvrit de toutes sortes d’outrages et la fit accabler de pierres, faisant fouler aux pieds d’hommes criminels l’image de Celle que vénère le monde entier »2.
- 3 Juillet, 1973. L’auteur évoque la venue de saint Louis en 1244 qui serait rapportée par le Recueil (...)
3Dix ans plus tard, le 2 mai 1244, « un lundi, lendemain de la solennité des saints apôtres Philippe et Jacques, le roi Louis IX, sa mère Blanche de Castille, ses frères Charles d’Anjou, Alphonse de Poitiers et Robert d’Artois, se trouvaient en pèlerinage à Rocamadour »3. Peut-on imaginer qu’une statue abîmée ait été livrée au regard de prestigieux visiteurs tels que le roi de France ? La profanation de l’image de la Vierge pourrait-elle avoir suscité la commande d’une nouvelle statue offerte à la vénération des pèlerins et fidèles qui venaient alors en nombre à Rocamadour ? Se pourrait-il alors que la statue de Notre-Dame, aujourd’hui présentée dans la chapelle, soit venue remplacer celle conservée depuis le XXe siècle dans le musée d’art sacré ?
La statue de Notre-Dame de Rocamadour
4En bois peint en noir, rehaussé de plusieurs plaques métalliques, de taille moyenne (h=66 cm, la=21 cm, pr=19 cm), la statue répond alternativement aux noms suivants : la Vierge Noire ou Notre-Dame de Rocamadour. L’arrêté de classement parmi les Monuments historiques, pris le 25 juillet 1908, la désigne sous l’appellation « La Vierge & l’Enfant, statue assise dite “La Vierge de Rocamadour”, bois en partie revêtu de lames d’argent, fin du XIIIe siècle ».
5Présentée dans la chapelle Notre-Dame, l’œuvre est aujourd’hui placée dans un ciborium au centre d’un retable spécialement conçu pour elle en 1889 par l’orfèvre parisien Poussielgue-Rusand. Ce retable succède lui-même à un retable baroque en bois doré du XVIIe siècle, qui a été déplacé dans la chapelle Sainte-Anne après l’agrandissement de la chapelle Notre-Dame mené sous la direction de l’abbé Jean-Baptiste Cheval en 1863.
Description de l’œuvre
6La statue figure la Vierge assise sur un trône sans dossier, les avant-bras posés sur deux accoudoirs, portant l’Enfant Jésus sur son genou gauche (fig. 13). L’arrière du siège est évidé d’une logette avec feuillure, aujourd’hui vide, que l’on peut supposer avoir accueilli des reliques mariales. De face, la Vierge est représentée le visage aux traits épais, la chevelure ramenée vers l’arrière par une petite couronne surmontée de boules, les yeux mi-clos et les lèvres pincées, mais sa taille démesurément amincie, ses bras maigres et sa poitrine tombante sous son vêtement serré lui donnent une allure hiératique. Elle est vêtue d’un bliaut, vêtement à la mode au cours des XIIe et XIIIe siècles aussi bien pour les hommes que les femmes : épousant le corps, cette robe non plissée présente des manches étroites et longues qui tombent sous les mains et sont rehaussées de galons identiques à ceux de l’encolure. Sur le cou de la Vierge, une plaque cintrée dont le métal n’est pas connu (peut-être un cuivre ou un argent doré ?) est ornée de rinceaux alternant des fleurs : les auteurs du XIXe siècle rapportent que les mêmes motifs se trouvaient sur le cou de l’Enfant Jésus, mais on n’en voit rien aujourd’hui. La statue présente quelques autres plaques métalliques grossièrement découpées et fixées par des clous, mais la majorité de la surface est recouverte d’apprêts et de plusieurs couches de polychromies sombres : sous l’épiderme noir, le bois apparaît dans sa teinte naturelle, telle qu’on la voit dans les lacunes de décors.
Bibliographie
- 4 Durliat, 1973, p. 157-173.
7La statue a fait l’objet de nombreuses publications, mais d’aucune étude précise et détaillée, comme le soulevait Marcel Durliat : Notre-Dame n’occupe aucune place dans la présentation qu’il fit en 1972 lors du deuxième colloque de Rocamadour sur Marie dans l’art roman, précisant que son étude restait alors à faire4.
- 5 La traduction du Livre des miracles donnée en 1907 par l’abbé Edmond Albe évoque un joueur de viol (...)
- 6 Gissey, Discours historique de Nostre-Dame de Roquemadour au païs de Quercy, Toulouse, 1632 ; édit (...)
- 7 Chevalt, 1862, p. 30-31 (lithographie in folio, p. 28-29 ; dessin p. 31).
8La statue est mentionnée par les textes dès le Moyen Âge : à défaut d’être explicitement citée par le Livre des miracles rédigé vers 11725, l’expression « image de la Bienheureuse Vierge » usitée par le pape Grégoire en 1235 renvoie à la représentation matérielle de Notre-Dame. L’œuvre n’est cependant décrite pour la première fois qu’au XVIIe siècle par le père Odo de Gissey, qui remarque que « l’antiquité a quelque peu gâté la face de cette ancienne statue de Roc-Amadour », mais n’en propose pas de datation6. Au XIX e siècle, l’abbé Jean-Baptiste Cheval ne s’avance pas non plus sur l’ancienneté de la statue, mais il en publie deux représentations : une lithographie de la chapelle Notre-Dame où la statue habillée est placée dans la niche au fronton du retable, ainsi qu’un dessin détaillé de la statue où l’on voit clairement la Vierge portant une couronne et un collier, ainsi que l’Enfant Jésus tenant un livre7.
- 8 Rupin, Roc-Amadour. Étude historique et archéologique, 1904, p. 289-292. On peut d’ailleurs se dem (...)
- 9 Rupin, 1892, p. 8-15.
9Ernest Rupin est le premier, en 1904, dans l’important ouvrage qu’il consacra à Rocamadour, à dater la statue de la fin du XIIe siècle8. L’analyse de la statue est toutefois plus détaillée dans l’article qu’il avait précédemment publié en 1892 dans la Revue de l’Art Chrétien : à l’appui de deux photographies, il y indique qu’« il peut se faire que la statue actuelle de Roc-Amadour en ait remplacé une plus ancienne qui aurait été détruite à la suite des nombreux pillages que le sanctuaire a éprouvés ; toujours est-il que c’est une œuvre de la fin du XIIe siècle ou du commencement du XIIIe siècle. Les données archéologiques viennent confirmer cette appréciation »9.
- 10 Albe, 1923,1926, 193, photo p. 26.
- 11 Rocacher, 1979, volume 1, p. 93-97.
- 12 Rocacher, 1979, volume 2, fig. 11 (Aubert, 1834) et fig. 12 (Lambert, 1858).
- 13 Forsyth, no 78, p. 185 (cité par Jean Rocacher, p. 104).
10Dans les années 1920 et 1930, le chanoine Edmond Albe ne fait que reprendre une description sommaire, et présente une photographie de la statue revêtue d’une robe qui ne laisse apparaître que les têtes de la Vierge et de l’Enfant10. En 1979, l’abbé Jean Rocacher indique à son tour qu’il ne peut que se « limiter à une brève description assortie d’une rapide évocation des problèmes historiques et archéologiques »11. Il réunit les plus anciennes gravures de la chapelle Notre-Dame12, qui montrent la statue au sein du retable mais ne donnent pas plus de détails que l’abbé Cheval en 1862. Il se range enfin à la datation des années 1170-1180, qui venait d’être proposée par Ilene H. Forsyth bien que celle-ci n’ait pu voir la statue sans les habits qui la recouvraient encore13.
- 14 Rongières-Dellère, 1993, p. 447.
11Enfin, en 1993, dans un mémoire universitaire sur les collections du musée d’art sacré Francis Poulenc de Rocamadour, Geneviève Rongières-Dellère avance une datation du XIIIe siècle, voire du deuxième quart du XIIIe siècle14. Elle émet cette proposition par analyse comparative avec la statue de Vierge en majesté du musée, et s’appuyant sur les deux évènements historiques déjà rapportés : le pillage des sanctuaires par Hélie de Ventadour en 1235 et la venue de saint Louis en 1244.
État de conservation et critique d’authenticité
12La statue de Notre-Dame est dans un relatif mauvais état, même si elle semble avoir connu plusieurs restaurations. En l’absence d’étude scientifique permettant de préciser sa composition, il est très difficile de se prononcer sur son intégrité.
- 15 Chevalt, 1862, p. 31-32. Le dessin qu’il publie de la statue confirme l’aspect fortement vermoulu (...)
- 16 Le fonds photographique de la Société des Études du Lot, déposé aux Archives départementales du Lo (...)
- 17 Ces clichés sont consultables sur internet sur la base de données Mémoire du Ministère de la Cultu (...)
13En 1862, l’abbé Jean-Baptiste Chevalt remarquait déjà que la statue « ne porte aucune trace de mutilation ; mais par l’action du temps le bois s’émiette et tombe en poussière. On a recouvert le corps d’une mince feuille d’argent appliquée soigneusement sur toute la surface. Le métal n’est plus reconnaissable qu’aux petits rinceaux qui ornent l’encolure et l’extrémité des manches de la robe, où il a été préservé par une couche d’or »15. Les photographies réalisées par Ernest Rupin à la fin du XIXe siècle16 montrent le côté droit du siège fortement vermoulu, des lacunes de décor sur le torse de la Vierge, une fixation par fil de fer au niveau du coude droit de la Vierge et, sans doute, autour de la taille de l’Enfant (fig. 14). Pris dans les années 1940, sans doute après la deuxième guerre mondiale, les six clichés en noir et blanc conservés à la Médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine (Paris)17 permettent de mesurer une accélération des dégradations : les membres inférieurs des deux personnages sont complètement vermoulus en surface, le bras gauche de la Vierge est tout ou partie rompu et détaché de l’accoudoir, le torse présente de grandes lacunes de décors (fig. 15).
- 18 Rocacher, 1979, volume 1, p. 94.
- 19 Dossier Rocamadour, Médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine, Paris : procès-verbal de récol (...)
- 20 Dossier Rocamadour, Médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine, Paris, devis du 22 juillet 194 (...)
- 21 Dossier Rocamadour, Médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine, Paris : note du 14 août 1951 a (...)
- 22 Il convient de remarquer que Jean Taralon fut à l’initiative de la création en 1970 du Laboratoire (...)
- 23 Une photographie en couleur publiée en 1996 montre clairement, en partie basse sous l’Enfant Jésus (...)
- 24 Trois photographies en noir et blanc, consultables sur internet sur la base de données Mémoire du (...)
14Durant le conflit franco-allemand, la statue a été emmurée entre 1942 et 1944 par Mgr Cros, supérieur des chapelains de Rocamadour, pour éviter d’être emportée par l’armée d’occupation18. Au sortir de la guerre, l’œuvre est dite n’avoir subi « aucune dégradation »19. Elle a pourtant ensuite été très lourdement « restaurée », ce qui suscite aujourd’hui de nombreuses interrogations sur son degré d’authenticité. Cette restauration a été menée entre juillet et décembre 1949 dans l’atelier de MM. Léon et Pierre André (Paris)20 pour une somme de 36 000 francs payée par le Ministère de l’Éducation Nationale, sous la direction de M. Jean Taralon, inspecteur des Monuments historiques, après que la statue ait été transportée à Paris par M. Abel Beaufrère, conservateur des Antiquités et Objets d’Art du Cantal, qui était alors en relation personnelle avec les représentants du diocèse de Cahors. Bien que la statue n’ait plus été visible du public depuis 1939 ou 1940, sa remise en place dans la chapelle Notre-Dame a suscité une polémique en raison de l’enlèvement de la robe qui la recouvrait précédemment : la correspondance liée à cette affaire entre un conseiller d’état et le Ministère conduit M. Jean Taralon à préciser au sujet de la statue que « son état était si mauvais que certaines de ses parties étaient réduites à l’état de poudre de bois. Un traitement au xylène et une bakélisation générale fut nécessaire »21. Les parties manquantes de la statue ont ainsi été restituées, sans doute par injection et modelage de bakélite (un des premiers plastiques fait de polymères synthétiques mis au point au début du XXe siècle22) mais aussi de plâtre peint23 ; de fait, les photographies prises dans les années 195024 montrent un bras gauche de la Vierge a priori neuf, et un rebouchage complet du socle auparavant vermoulu. Cette restauration n’est pas sans poser problèmes aujourd’hui : la statue présentant d’importants soulèvements et lacunes, il conviendrait de mesurer précisément les interactions entre le bois ancien et les matériaux de synthèse utilisés. On ignore aussi ce que recouvre précisément l’« harmonisation » effectuée par le restaurateur : elle désigne sans doute une retouche voire un important repeint de la couleur noire, dont on ne connaît ni la composition ni l’ancienneté.
La question de la couleur noire
15Au-delà des questions posées par l’état de conservation actuel de la statue, l’origine de sa couleur noire est difficile à préciser. Noircissement volontaire dès l’origine ou au cours de son histoire, comme le laissent supposer d’autres exemples de Vierges Noires ? Encrassement de l’œuvre par le noir des bougies ou altération progressive de pigments chimiquement instables (tels que le blanc de plomb) ? Tous les auteurs ont abondamment développé ces hypothèses. L’aspect sombre de Notre-Dame de Rocamadour n’est attesté qu’à partir du XVIIe siècle, rapporté à la fois par une preuve matérielle et une source historique.
16Le retable qui trônait dans la chapelle Notre-Dame jusqu’au XIXe siècle date vraisemblablement du dernier quart du XVIIe siècle et présente au niveau de l’entablement sous la niche qui abritait la statue la phrase gravée Nigra sum sed formosa (« Je suis noire mais je suis belle »), extraite du Cantique des cantiques, et qui fait directement écho à la couleur noire de Notre-Dame.
- 25 Gissey, 1666, p. 27-28.
17Auparavant, en 1632, le père Odo de Gissey dresse de la statue le portrait suivant : « Le Temple n’a point de grâce, s’il n’est embelly de quelque Image, ce qui est si véritable, que parmi les chrétiens personne n’érige autel ny chapelle, qu’il n’y place à même temps une image. C’est pourquoi St Amadour dressant un oratoire à la Mère de Dieu, il l’enrichit d’une image, laquelle se voit dans la chapelle de Roc-Amadour garnie d’un seul autel sur lequel parait deux images de N. Dame, placées l’une plus haut que l’autre ; la plus basse et celle qui repose près de l’autel est d’argent, non ancienne, en la façon, elle est toute semblable à celle qui est plus élevée et qui avoisine la voûte, elle n’est que de bois, travaillée sans beaucoup de façon par S. Amadour, ou par quelque autre de son ordonnance. Cette image étant ajustée et couverte d’un riche manteau, donne air et ressemble à deux anciennes images de N. Dames, savoir est à celles du Puy et de Montserrat, mais découverte de son manteau, elle ne leur est semblable qu’au teint du visage, qui est plus noir que brun »25.
Analyse comparative et proposition de datation
18Si Odo de Gissey cite les Vierges du Puy (Haute-Loire) et de Montserrat (Catalogne, Espagne), il souligne en même temps que la statue de Rocamadour ne peut leur être comparée. De fait, aujourd’hui encore, il est difficile de dresser une filiation de Notre-Dame avec d’autres œuvres du corpus des Sedes sapientiae pourtant étendu. En l’absence de mesures objectives, telles qu’une dendrochronologie ou une analyse carbone 14, il faut donc s’appuyer sur quelques détails stylistiques pour proposer une datation affinée.
19Par son allure hiératique et le positionnement frontal des figures, l’œuvre s’inscrit dans la vaste lignée des Vierges en majesté romanes. Mais, par certains détails, elle se distingue des statues que l’on trouve en nombre en Auvergne et les régions avoisinantes du Massif Central. Elle ne possède tout d’abord aucun voile, laissant voir sa chevelure simplement surmontée d’une couronne en bois. Son vêtement est traité de façon assez naturaliste, épousant au plus près les formes du corps, collante sur les épaules et la poitrine, alors que la majorité des Vierges romanes sont dissimulées sous des vêtements plus amples. L’Enfant Jésus est placé sur le genou droit de la Vierge et non au creux de ses jambes, ce qui est généralement interprété comme un indice de modernité.
20Tous les auteurs évoquent la présence de motifs sur les plaques métalliques, mais aucun n’a décrit leur iconographie : ils sont pourtant les indices stylistiques les plus précieux. L’encolure de la Vierge est en effet ornée de rinceaux alternant deux types de fleurs, que l’on pourrait désigner sous les appellations de « fleur à trois pétales » et « fleur épanouie ». Ces décors sont modelés en creux dans le métal qui est moulé et repoussé ; ils sont partiellement conservés sur les bords à vif de la plaque, ce qui laisse supposer qu’il s’agit sans doute d’une pièce de métal redécoupée et non spécifiquement faite pour cette statue (fig. 16).
- 26 C’est notamment le cas des fruits grenus observables sur les tailloirs des chapiteaux du cloître N (...)
- 27 Par exemple, sur un reliquaire provenant du prieuré Saint-Jean de Catus, conservé au musée d’art s (...)
- 28 On consultera principalement les trois références suivantes : Gauthier, 1987 ; 2011 ; Taburet-Dela (...)
21La première fleur présente trois pétales de taille identique, légèrement pointue pour celle du centre, dont les extrémités se recourbent vers l’intérieur formant de petites boules, voire des demi-palmettes. C’est un motif récurrent du milieu du XIIe siècle jusqu’à la fin du XIIIe siècle, avec des variations, que l’on retrouve aussi bien dans les domaines de la sculpture26 que de l’orfèvrerie27. Les ateliers limousins d’émaux champlevés ont utilisé ce motif de fleur à trois pétales, mais le plus souvent sur les fonds d’objets en applique, en arrière-plan des décors en reliefs : en parcourant le corpus des émaux du Moyen Âge28, on la trouve aussi bien sur un médaillon des années 1170-1180, une statue de Vierge à l’Enfant réalisée autour de 1200, les plaques du trésor de Grandmont datées vers 1231, une autre Vierge à l’Enfant du dernier tiers du XIIIe siècle…
- 29 Taburet-Delahaye, 1995, notice 21, p. 119-121.
22La seconde fleur, reproduite à trois reprises sur le cou de Notre-Dame de Rocamadour, est plus complexe dans son dessin, et s’apparente fortement aux fleurs-pieuvres ou octopus flowers que l’on sait dérivées de l’enluminure et, encore une fois, prisées dans l’émaillerie limousine. La châsse de saint Pierre d’Apt (Vaucluse), datée des années 1175-1185, présente des fleurs aux formes tentaculaires très prononcées, mais aussi des bourgeons à la jonction des branches des rinceaux assez proches de ceux observables sur Notre-Dame de Rocamadour29. La plaque de saint Jacques provenant du trésor de Grandmont (Haute-Vienne), datée vers 1231 et conservée aujourd’hui au Metropolitan Museum de New-York, est ornée à la fois de fleurs à trois pétales et de fleurs-pieuvres (fig. 17) : ces dernières sont moins nerveuses que sur la châsse d’Apt, et, même si elles ne sont pas en relief, s’approchent de celles de la statue Notre-Dame.
- 30 Czerniak, 2003, p. 75-88.
23Les peintures murales de la chapelle du logis abbatial de Moissac fournissent peut-être la piste de comparaison la plus proche pour analyser les motifs de Notre-Dame de Rocamadour. Sur la voûte du logis, les rinceaux qui forment l’Arbre de Jessé présentent à leur extrémité à la fois des « fleurs à trois pétales » et des « fleurs épanouies » (fig. 18). Virginie Czerniak a étudié ce décor et propose une datation très précise des années 1188 à 119930 ; elle s’attarde sur le motif des octopus flowers qu’elle dit appartenir au répertoire ornemental de la peinture anglo-normande. Les peintures de Moissac, caractéristiques d’un style 1200, auraient été réalisées alors que le Quercy était placé sous la domination des Plantagenêts, peut-être commandées par Richard Cœur de Lion qui prit possession du comté en 1188, ou sa sœur Jeanne d’Angleterre qui épousa en 1196 le comte Raymond VI de Toulouse.
- 31 Le Père Odo de Gissey rapporte que « Henry III Roy d’Angleterre, ingrat des grâces que son père, q (...)
- 32 Voir l’article de Michèle Fournier dans le même ouvrage, p. A COMPLETER APRES MAQUETTE PRIMITIVE
24Rocamadour est au cours de la deuxième moitié du XIIe siècle dans la même sphère d’influence que Moissac et l’ensemble du Quercy, marqués par la prégnance des Plantagenêts, en particulier dans les terres les plus septentrionales qui appartiennent à la vicomté de Turenne. Ainsi, Henri II, duc d’Aquitaine et roi d’Angleterre, vint par deux fois dans la cité mariale en 1159 et 1170. Son fils Henri Court-Mantel y fit une visite en 1183, certes moins courtoise puisqu’elle donna lieu au pillage du tombeau de saint Amadour31. Sous la direction des abbés de Tulle, l’attraction de Rocamadour a dû se tourner plus naturellement au nord vers le Limousin, délaissant le méridional et plus éloigné comté de Toulouse. L’origine auvergnate de l’abbé Géraud d’Escorailles, qui est avant tout abbé de Tulle avant d’être l’homme qui dirige l’expansion du pèlerinage marial et amadourien, en est sans doute un autre indice32.
25La datation de la statue de Notre-Dame de Rocamadour reste donc problématique. L’analyse révèle une modernité certaine, de style presque « gothique » ou « romanogothique », par rapport aux Vierges en majesté de tradition romane. Il serait fortement tentant de proposer une datation du dernier quart du XIIe siècle, correspondant à la reconstruction des sanctuaires, et d’y voir une origine limousine ou anglo-normande ; la comparaison avec la châsse d’Apt des années 1175-1185 et les décors peints de Moissac des années 1188-1199 irait dans ce sens. Les motifs de fleurs sur l’encolure peuvent toutefois aussi bien appartenir à la fin du XIIe siècle qu’à la première moitié du XIIIe siècle : ils sont toujours en vogue dans les années 1235, comme en témoigne la plaque de Saint-Jacques provenant du trésor de Grandmont qui présente une forte ressemblance avec Rocamadour. Mais, il est aussi possible que cette pièce métallique ait été redécoupée et ne soit pas contemporaine de la sculpture, antérieure ou rapportée plus tard. Il faut donc se contenter pour l’instant d’une large période 1170-1240.
La statue de Vierge en majesté
26En bois sculpté, portant des traces tenues de polychromie et dorure, de petite taille (h=52 cm, la=22 cm, pr=20 cm), la statue n’est pas parvenue intacte. L’arrêté de classement parmi les Monuments historiques, pris le 22 janvier 1966, la désigne sous le nom « Vierge assise, statue mutilée » et propose une datation du XIIe siècle. Il s’agit pourtant bien d’une Vierge en majesté qui a perdu son nez, ses bras, une partie du siège, ainsi que l’Enfant Jésus qu’elle portait sans doute sur le genou gauche.
Description de l’œuvre
27La Vierge est vêtue d’une robe couvrant l’intégralité de ses membres, nouée à la taille d’une ceinture à fine lanière qui retombe entre ses jambes jusqu’à ses pieds. Elle est coiffée d’un capulet, voile qui dissimule sa chevelure et retombe de façon droite aussi bien dans le dos que sur son buste. Soulignant l’anatomie de façon peu réaliste, les vêtements présentent des plis concentriques au niveau de la poitrine, du ventre et sous les genoux (fig. 19). Son visage ovoïde est peint d’une couleur sombre, reposant sur un apprêt brun observable dans les creux : en l’absence d’analyse des pigments, on ne peut certifier s’il s’agit d’un noir authentique ou d’une altération d’une autre couleur. Sur les bords du visage, des vestiges de dorure correspondent aux ondulations des boucles blondes qui s’échappent du capulet ; des fragments de couleur rouge sont présents en filet contre cette même dorure, ainsi que dans l’échancrure du voile au niveau de la poitrine. Le nez brisé laissant apparaître à nu le bois, ces décors sont antérieurs aux altérations de la sculpture.
28La Vierge est assise sur un siège évidé en partie arrière par une logette rectangulaire conservant une feuillure pour une porte servant à dissimuler l’intérieur (fig. 20) : cette partie creuse est généralement désignée comme une « réserve à reliques », même si les travaux de Marie-Madeleine Gauthier dans les années 1990 ont démontré qu’elle pouvait aussi servir de « réserve eucharistique » ou « tabernacle » posé directement sur l’autel. Ce siège, dont la partie gauche est arrachée, était autrefois complété de balustres, comme les deux trous de chevilles sur le côté droit le laissent supposer ; sur ce même côté droit, on observe en négatif les gonds de la porte qui fermait la logette.
29L’arrachement de l’avant-bras droit au niveau du coude, coupé net et laissant apparaître le fil du bois, laisse supposer qu’il était plié à angle droit et s’avançait frontalement vers le spectateur. Le bras gauche est par contre totalement arraché au niveau de l’épaule et aucun indice ne permet d’en supposer l’inflexion. Enfin, la statue devait porter l’Enfant Jésus décentré sur le genou gauche de la Vierge : deux trous assez abîmés et une petite greffe triangulaire à l’extrémité du genou pourraient en être les indices d’accrochage.
Bibliographie
- 33 Depeyre, 1954, p. 249-255.
- 34 Rongières-Dellère, 1993.
- 35 Les plus anciennes photographies connues sont les deux publiées en noir et blanc par Depeyre, 1954 (...)
30L’histoire de cette statue est très succincte. Il n’en est fait aucune mention avant son entrée dans le premier musée de Rocamadour en 1930 : elle est dite alors provenir de la sacristie de la basilique Saint-Sauveur de Rocamadour. L’œuvre est quasi absente de la bibliographie, n’étant mentionnée par aucun des auteurs qui se sont intéressés depuis le XIXe siècle à l’histoire et l’archéologie du pèlerinage de Rocamadour. La seule étude publiée à son sujet est due à l’abbé Depeyre en 195433 qui la désigne sous le nom de « vieille statue de bois du musée » et qu’il identifie comme étant l’image de Sainte-Marie l’Égyptienne : l’auteur réfute qu’il puisse s’agir d’une Vierge, rejetant l’existence même des Vierges noires, affirmant que la couleur noire résulte d’un phénomène d’altération de pigments. En 1993, dans le cadre de son étude sur les collections du musée d’art sacré34, Geneviève Rongières-Dellère rétablit l’iconographie de la statue en faveur d’une Vierge en majesté, développe une analyse comparative avec force détails, et propose de dater l’œuvre du troisième quart du XIIe siècle. Aucune restauration documentée de l’œuvre n’est connue, hormis vers 1995 un traitement insecticide et un nettoyage de surface, ayant conduit à l’enlèvement de quelques projections : la statue est aujourd’hui dans un état en tous points identique aux rares photographies publiées au cours du XXe siècle35.
Analyse comparative et proposition de datation
31Même partiellement conservée, la statue possède tous les attributs des Vierges en majesté telles qu’on les trouve en Auvergne. Celles d’Orcival (Puy-de-Dôme) et de Beaulieu-sur-Dordogne (Corrèze, proche d’une vingtaine de kilomètres à vol d’oiseau de Rocamadour), présentent le même type de facture hiératique et frontale, mais la présence de plaques métalliques sur l’âme de bois limite les comparaisons.
- 36 Gaborit-Chopin, 2005, notice no 291, p. 379-380.
32Son image s’apparente plus à celle de la Vierge du Louvre, dite provenir du Forez et datée du deuxième quart ou du milieu du XIIe siècle36, même si celle-ci est bien plus savante. Cette dernière présente en effet un vêtement plus complexe, avec des plis nombreux, une coiffe similaire d’où émergent les cheveux mais qui se fond avec la robe ; surtout, l’Enfant Jésus est positionné au milieu, dans le creux entre les deux jambes, alors qu’il aurait tendance au cours de la deuxième moitié du XIIe siècle à migrer du centre vers le genou gauche de la Vierge.
33D’autres statues, de facture plus populaire et difficilement datables, présentent des similitudes avec la Vierge en majesté de Rocamadour, telles que la statue de Notre-Dame de Mailhat (Puy-de-Dôme) : on y retrouve le capulet, mais l’Enfant Jésus est encore placé au centre. C’est aussi le cas de la Vierge mutilée de Champagnac (Cantal), qui présente le même jeu de courbes et contre-courbes sur le buste, entre les plis du voile et ceux de la robe, ainsi que la même ceinture dont une lanière centrale retombe jusqu’aux pieds.
34La question des décors est plus complexe, et il n’est pas sûr que ces éléments soient contemporains de la sculpture. La pratique de peindre les visages des Vierges d’une couleur sombre est généralement attribuée aux siècles postérieurs à la guerre de Cent ans, essentiellement au cours des XVIe et XVIIe siècles, voire plus tardivement : faute de datation précise des pigments, on ignore si les Vierges médiévales étaient déjà « Noires ».
35Sur la Vierge en majesté de Rocamadour, l’absence de couleur et de dorure en dehors du visage pourrait être mise sur le compte de la présence de plaques métalliques recouvrant le bois, et laissant à nu le seul visage, comme c’est encore le cas à Orcival et l’était autrefois pour la Vierge du Louvre ; mais, on ne voit aucun trou de fixation de tels éléments dans le bois. À défaut de rehauts métalliques, peut-être s’agissait-il d’un marouflage, avec une toile collée sur le bois et depuis enlevée ? La statue pourrait aussi avoir subi un décapage partiel des apprêts, mais on n’observe à l’œil nu aucune abrasion à la surface du bois. La seule certitude réside dans la disparition du nez : la mise en teinte du visage est antérieure à cet accident.
36Enfin, les évènements qui ont pu conduire à la détérioration de l’œuvre peuvent être nombreux : outre le pillage perpétré par Hélie de Ventadour en 1235, les historiens rapportent ceux d’Henri Court-Mantel en 1183 et du capitaine huguenot Jean Bessonies en 1562. Ces quelques comparaisons mériteraient d’être multipliées pour affiner les points de détail. Il semble néanmoins possible de proposer une datation de la Vierge en majesté de Rocamadour, de style « roman », au cours de la deuxième moitié du XIIe siècle.
Hypothèses et conclusion
37Sur la base de ces éléments descriptifs et propositions de datation, on serait en droit d’affirmer que la statue de Notre-Dame de Rocamadour est plus récente que la Vierge en majesté. Cela pose néanmoins la question de la cohabitation des deux œuvres au sein des sanctuaires, la place qu’elles occupaient et les raisons qui ont pu conduire à leur conservation. Première hypothèse, celle posée en introduction : la statue « romane » a été mutilée en 1235 par Hélie de Ventadour et remplacée par la statue « gothique » avant 1244. Dans ce cas, pourquoi la Vierge en majesté a-t-elle été conservée ? Dans quel contexte a-t-elle été peinte en noir ? Si cette mise en teinte est plus récente, comment a-t-elle été de nouveau mutilée ? Deuxième hypothèse, la statue de Notre-Dame est commandée vers 1170-1180, lors de l’essor des sanctuaires sous l’impulsion de l’abbé Géraud d’Escorailles, protégée dès l’origine de plaques métalliques témoignant du « goût Plantagenêt », puis mutilée et réparée. Dans ce cas, la statue de Vierge en majesté pourrait-elle provenir d’une chapelle primitive dédiée à la Vierge, antérieure à la découverte du corps de saint Amadour en 1166 ? Les mêmes questions se posent sur son devenir, les circonstances de sa mise en teinte, les raisons de sa mutilation, sachant que les épisodes de saccage des sanctuaires ne manquent pas. Troisième hypothèse, reposant sur le récit du père Odo de Gissey en 1632 : les deux statues cohabitaient dans la chapelle Notre-Dame, la Vierge en majesté habillée placée en haut du retable, Notre-Dame en contrebas « d’argent, non ancienne ». Comment l’auteur peut-il à ce point se tromper sur l’ancienneté de Notre-Dame ? Quels évènements auraient pu conduire à une permutation des statues, et à une altération aussi importante des œuvres alors que la Révolution ne suscite a priori aucun évènement majeur à Rocamadour ? Dernière hypothèse, parmi tant d’autres, la statue de Vierge en majesté ne provient pas des sanctuaires de Rocamadour (rappelons que la Vierge en majesté n’est pas mentionnée avant le XXe siècle) et ces supputations n’ont plus lieu d’être.
38Le lecteur pardonnera donc le titre humoristique de cet article. Loin de moi l’idée d’affirmer que les responsables des sanctuaires de Rocamadour aient pu commander deux œuvres, comme s’ils avaient prévu de substituer l’une par l’autre. Mais plutôt de faire part de la perplexité de l’historien de l’art ou, dans le cas présent, du conservateur qui se retrouve aujourd’hui à devoir assurer la sauvegarde de deux œuvres. On ne peut donc qu’appeler de nos vœux à une véritable étude matérielle, à l’appui d’analyses scientifiques et observations microscopiques, qui permettraient de préciser à nouveau la datation des statues de Rocamadour.
Bibliographie
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Taburet-Delahaye Élisabeth, L’Œuvre de Limoges. Émaux limousins du Moyen Âge, catalogue d’exposition au Musée du Louvre, Paris, Réunion des Musées Nationaux, 1995.
Notes
1 Cette hypothèse a d’ores et déjà été formulée par Rongières-Dellère, 1993 ; cette étude étant restée inédite et son accès restreint, mes remerciements vont à Mme Geneviève Rongières-Dellère qui a établi une analyse approfondie des collections de Rocamadour et ouvert la voie à de nombreuses comparaisons.
2 Albe, 1901-1902, p. 666. Ce document a aussi été publié in extenso par Rupin, 1904, p. 353-355.
3 Juillet, 1973. L’auteur évoque la venue de saint Louis en 1244 qui serait rapportée par le Recueil des histoires de France, citant « la Vieille chronique historique de Pierre de Coral, qui fut abbé de Tulle et de Rocamadour en 1276 ».
4 Durliat, 1973, p. 157-173.
5 La traduction du Livre des miracles donnée en 1907 par l’abbé Edmond Albe évoque un joueur de viole de passage à Rocamadour, dénommé Pierre Ivern, qui « leva les yeux vers la statue », ce qui fit dire à Jean Rocacher qu’il s’agit de la plus ancienne mention connue de la statue (Rocacher, 1996, p. 143, miracle I. 34). Toutefois, il s’agit d’une traduction abusive de l’expression latine sursum respexit (« regarda vers le haut »), qui ne comporte pas le mot statua, comme l’a démontré Jean-Marie Sansterre (« Sacralité et pouvoir thaumaturgique des statues mariales (Xe siècle - première moitié du XIIIe siècle) », dans Revue Mabillon, nouvelle série, 22 (t.83), 2011, p. 53-77).
6 Gissey, Discours historique de Nostre-Dame de Roquemadour au païs de Quercy, Toulouse, 1632 ; édition consultée : Histoire et miracles de Notre-Dame de Rocamadour au Pays de Quercy, Tulle, 1666, p. 27-32 (ouvrage conservé à la Bibliothèque Patrimoniale du Grand Cahors).
7 Chevalt, 1862, p. 30-31 (lithographie in folio, p. 28-29 ; dessin p. 31).
8 Rupin, Roc-Amadour. Étude historique et archéologique, 1904, p. 289-292. On peut d’ailleurs se demander si l’arrêté de classement de 1908, qui porte la mention « fin du XIIIe siècle », n’a pas fait l’objet d’une simple erreur d’écriture, tant l’œuvre de Rupin faisait autorité au début du XXe siècle et a dû servir de référence pour l’administration des Monuments historiques.
9 Rupin, 1892, p. 8-15.
10 Albe, 1923,1926, 193, photo p. 26.
11 Rocacher, 1979, volume 1, p. 93-97.
12 Rocacher, 1979, volume 2, fig. 11 (Aubert, 1834) et fig. 12 (Lambert, 1858).
13 Forsyth, no 78, p. 185 (cité par Jean Rocacher, p. 104).
14 Rongières-Dellère, 1993, p. 447.
15 Chevalt, 1862, p. 31-32. Le dessin qu’il publie de la statue confirme l’aspect fortement vermoulu de la base de l’œuvre, au niveau des jambes de la Vierge qui sont plus grossièrement esquissées.
16 Le fonds photographique de la Société des Études du Lot, déposé aux Archives départementales du Lot (série 16Fi), possède trois plaques de verre attribuées à Ernest Rupin : deux ont été publiées par l’auteur dans l’article de 1892 puis l’étude de 1904, figurant la Vierge de face et de dos ; la troisième inédite, ici publiée, la présente de profil.
17 Ces clichés sont consultables sur internet sur la base de données Mémoire du Ministère de la Culture et de la Communication (sous les numéros MH0149752 à MH0149757) ; anonymes, ils sont dits dater d’avant 1948.
18 Rocacher, 1979, volume 1, p. 94.
19 Dossier Rocamadour, Médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine, Paris : procès-verbal de récolement des objets mobiliers protégés dressé le 21 octobre 1944 par M. Georges Bergougnoux, conservateur des Antiquités et Objets d’Art du Lot.
20 Dossier Rocamadour, Médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine, Paris, devis du 22 juillet 1949 et mémoire du 4 décembre 1949 de la Maison André (15 rue Dufrénoy, Paris) portant mention des travaux suivants : « Traité entièrement la statue contre les vers ; fait ensuite un travail de consolidation ; refixé les bras de la Vierge sur les accoudoirs du fauteuil après reconstitution de ceux-ci très vermoulus ; fixé la tête très détériorée de l’Enfant Jésus après traitement et consolidation ; bouché tous les trous et crevasses causés par le travail des vers, afin de compléter la statue, tout en respectant les mutilations du temps, mains incomplètes ou manquantes chez l’Enfant. Refixé les plaques d’argent oxydées qui se détachent ; nettoyé les ornements ; consolidé l’envers de la statue pour assurer sa stabilité ; harmonisé l’ensemble ».
21 Dossier Rocamadour, Médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine, Paris : note du 14 août 1951 adressée par M. Taralon à M. Brichet, chef du bureau de la Documentation, Fouilles et Antiquités, Direction de l’Architecture, Ministère de l’Éducation Nationale.
22 Il convient de remarquer que Jean Taralon fut à l’initiative de la création en 1970 du Laboratoire de Recherche des Monuments historiques, et promut au cours de sa carrière l’utilisation de procédés de restauration reposant sur les avancées de la chimie moderne.
23 Une photographie en couleur publiée en 1996 montre clairement, en partie basse sous l’Enfant Jésus, une profonde lacune de couleur blanche qui laisse supposer que la face avant des jambes de la Vierge a pu être recouverte d’une épaisse couche de plâtre ensuite peinte en noir. Rocacher, 1996, p. 174.
24 Trois photographies en noir et blanc, consultables sur internet sur la base de données Mémoire du Ministère de la Culture et de la Communication, sont attribuées au photographe Emmanuel-Louis Mas et dites dater des années 1950 (sous les numéros MH0176427 à MH0176429).
25 Gissey, 1666, p. 27-28.
26 C’est notamment le cas des fruits grenus observables sur les tailloirs des chapiteaux du cloître Notre-Dame de la Daurade de Toulouse, qui datent des années 1120-1140.
27 Par exemple, sur un reliquaire provenant du prieuré Saint-Jean de Catus, conservé au musée d’art sacré Francis Poulenc de Rocamadour, et daté du milieu ou de la deuxième moitié du XIIe siècle.
28 On consultera principalement les trois références suivantes : Gauthier, 1987 ; 2011 ; Taburet-Delahaye, 1995. Le recensement des émaux limousins du Moyen Âge est aussi consultable en ligne sur le site internet de l’Institut National d’Histoire de l’Art (www.inha.fr).
29 Taburet-Delahaye, 1995, notice 21, p. 119-121.
30 Czerniak, 2003, p. 75-88.
31 Le Père Odo de Gissey rapporte que « Henry III Roy d’Angleterre, ingrat des grâces que son père, qui affectionnait cette église, son avarice le poussant, pilla cet oratoire, et enleva les plaques qui couvraient le corps de S. Amadour et emporta ce qui était de la thresorerie », 1666, p. 12.
32 Voir l’article de Michèle Fournier dans le même ouvrage, p. A COMPLETER APRES MAQUETTE PRIMITIVE
33 Depeyre, 1954, p. 249-255.
34 Rongières-Dellère, 1993.
35 Les plus anciennes photographies connues sont les deux publiées en noir et blanc par Depeyre, 1954, p. 249 et 251). La base de données Mémoire du Ministère de la Culture et de la Communication présente un cliché en noir et blanc de face signé du photographe Yvon (sous le numéro AP46W00517), non daté mais probablement réalisé dans les années 1960, et qui fut aussi utilisé en carte postale. Une photographie en couleur, accompagnée d’une légende laconique « La deuxième Vierge Noire de Rocamadour », figure dans la réédition en 1996 de la traduction du livre des miracles de Rocamadour par l’abbé Edmond Albe (Rocacher, 1996, p. 57).
36 Gaborit-Chopin, 2005, notice no 291, p. 379-380.
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