Les imprimeurs-libraires toulousains et leur production au XVIIIe siècle (1739-1788)
|Deuxième partie. La production imprimée toulousaine
Chapitre cinq. La production globale recensée 1739-1788
Texte intégral
1Comment déterminer la production globale des imprimeurs toulousains ? À quel moment, dans le « circuit de l’impression » peut-elle être évaluée ? Au moment des demandes d’impression, au moment de la mise en vente chez les libraires, ou au moment où les ouvrage imprimés sont déposés au Dépôt légal ? Peut-on évaluer la production réelle du siècle des Lumières, ou devons-nous nous contenter de la production conservée dans les bibliothèques et fonds d’archives ?
- 1 ESTIVALS Robert, « La statistique bibliographique », Bulletin des Bibliothèques de France, 1969, p (...)
- 2 ESTIVALS Robert, Le dépôt légal sous l’Ancien Régime, Paris, M. Rivière, 1961, IV-142 p.
- 3 ESTIVALS Robert, La statistique bibliographique de la France sous la monarchie au XVIIIe siècle, P (...)
- 4 Ibid., p. 7
- 5 FURET François, « La Librairie du Royaume de France au XVIIIe siècle », dans Livre et société dans (...)
- 6 DARNTON Robert, « De la sociologie de la littérature à l’histoire de l’édition », dans Bohème litt (...)
2Pour répondre à ces interrogations, il faut prendre en compte les travaux des cinquante et quelques dernières années. Les premières analyses de la production imprimée remontent, en effet, aux années 1960, avec les travaux de Robert Estivals. Celui-ci, influencé par les travaux quantitatifs réalisés en économie, en linguistique et en bibliologie, inaugura les études quantitatives de la production imprimée en France1 à partir des registres de l’administration de la Librairie. Il analysa d’abord les registres du Dépôt légal2. Dans La statistique bibliographique de la France sous la monarchie au XVIIIe siècle3, il présente, dans une première partie, les registres de l’administration de la censure, et étudie, entre autres, la statistique des privilèges et des permissions du sceau, celle des permissions tacites et celle du Dépôt légal. Dans une seconde partie, il décrit les bibliographies imprimées qui, selon lui, permettent d’établir « la statistique de la production des livres publiés et mis en vente4 ». Ces travaux ont entraîné ceux de François Furet qui, en 1965, s’est livré, à une étude quantitative de la Librairie de 1723 à 1789, à partir des registres des privilèges et de ceux des permissions tacites5. Mais ce travail pionnier a suscité des critiques, notamment celle de Robert Darnton6 qui lui a reproché d’extrapoler abusivement, les demandes d’impression n’impliquant pas une publication effective.
- 7 QUÉNIART Jean, L’imprimerie et la librairie..., op. cit., p. 109-110.
- 8 ARTIER Jacqueline, « Étude sur la production imprimée de l’année 1764 », Positions des thèses, Par (...)
3À l’abri de ce reproche, Jean Quéniart étudie la production à Rouen à partir de certains registres de l’administration de la Librairie, de sources imprimées de l’époque, comme le Journal de la Librairie, de bibliographies et de catalogues7. De même, Jacqueline Artier croise les sources et analyse la production imprimée de l’année 1764 à partir des données fournies par le Journal d’Hémery et les registres de privilèges et de permissions tacites8.
- 9 MARTIN Henri-Jean, « Une croissance séculaire », Histoire de l’édition..., op. cit., p. 124.
- 10 BRANCOLINI Julien et BOUYSSY Marie-Thérèse, « La vie provinciale du livre à la fin de l’Ancien Rég (...)
- 11 DAWSON Robert L., The French Book and the « Permission simple » of 1777 : Copyright and Public Dom (...)
- 12 ESTIVALS Robert, La statistique bibliographique..., op. cit., p. 137. Exemple de ce qu’avance R. E (...)
4Une étude de la production à partir des registres de la Librairie est-elle envisageable à Toulouse ? Certainement pas. La consultation des registres de privilèges et de permissions du sceau n’a révélé que quatre-vingt-dix-neuf demandes, qui sont d’autant moins significatives qu’elles disparaissent à partir de 1768. Parmi les registres de la Librairie, le manuscrit 22019 de la Bibliothèque nationale est considéré comme le registre de consignation des « permissions simples » : il « regroupe pour chaque titre la liste des rééditions effectuées de 1778 à 1789 en indiquant à chaque reprise le nombre des exemplaires imprimés9 ». Étudié, d’abord, par Julien Brancolini et Marie-Thérèse Bouyssy10 pour mettre en évidence la vie provinciale du livre, il a permis à Robert L. Dawson d’établir un répertoire d’ouvrages provinciaux11 parmi lesquels figurent des impressions toulousaines. Cependant, de l’aveu de Robert Estivals, « ce registre est très incomplet12 » et l’échantillonnage proposé ne permet pas une étude quantitative significative.
- 13 BOUTIER Jean, « Livres et imprimés en Limousin au XVIIIe siècle : production, diffusion, consommat (...)
- 14 DESGRAVES Louis et MEGRET Jacques, Répertoire bibliographique des livres imprimés au XVIe siècle, (...)
- 15 BARBIER Frédéric, Trois cents ans de librairie et d’imprimerie Berger-Levrault, 1676-1830, Genève, (...)
5Ne pouvant fonder notre étude sur les registres de la Librairie, nous nous sommes tourné vers les sources bibliographiques, à l’exemple de Jean Boutier qui a recensé la production imprimée en Limousin au XVIIIe siècle, essentiellement à l’aide des « catalogues de Louis Desgraves, qui inventorient, ville par ville et siècle par siècle, la production de tous les ateliers limousins de 1500 à 178913 ». Pour Toulouse, il n’existe qu’un Répertoire bibliographique des livres imprimés au XVIe siècle14. Cependant, différents catalogues des XVIIIe et XIXe siècles, sur lesquels nous reviendrons, comme le Catalogue des livres de théologie, jurisprudence, sciences et arts, belles-lettres et histoire qui se trouvent chez Noël-Étienne Sens, en 1785, peuvent être utilisés, mais le corpus que l’on peut ainsi constituer est très limité. Nous ne possédons pas de catalogue complet comme le Catalogue des Alsatica… d’Oscar Berger-Levrault, qui « constitue presque la source unique » de l’imprimerie strasbourgeoise15.
- 16 LE ROY LADURIE Emmanuel, « Histoire quantitative de l’édition en langue française d’après les coll (...)
6Alors qu’au début des années 2000, au niveau national, Emmanuel Le Roy Ladurie se lançait dans une vaste étude quantitative de l’édition en langue française d’après les notices informatisées de la BNF16, l’informatisation des catalogues des bibliothèques toulousaines débutait à peine et toutes les notices n’étaient pas accessibles, si bien que le recensement, sur place des ouvrages toulousains dans les lieux de conservation nous est apparu comme étant la seule possibilité pour reconstituer l’essentiel de la production.
7Les différentes catégories d’imprimés une fois définies, tous les types d’impression portant le nom d’un imprimeur toulousain ont été recensés dans les lieux conservation, du placard ou du factum de quatre pages à l’ouvrage en plusieurs volumes. Puis, ce travail a été complété par des relevés dans des catalogues, essentiellement des XIXe et XXe siècles. Enfin, des recherches informatiques sur le site de la BNF et d’autres grandes bibliothèques françaises ont permis la découverte de quelques titres. Au total, un corpus de quelque 3 700 imprimés a vu le jour.
I- Les catégories d’imprimés
8Pour recenser les impressions toulousaines, il était nécessaire d’adopter une classification simple des différentes catégories d’imprimés. Et d’abord, de distinguer les « livres » des autres types d’impressions. Nous avons pris le parti de classer les livres d’après leur aspect matériel, classification contestable, nous en convenons.
- 17 Dictionnaire de l’Académie française, 1762, dans l’Atelier historique de la langue française, édit (...)
- 18 MELLOT Jean-Dominique, « Qu’est-ce qu’un livre ? Qu’est-ce que l’histoire du livre ? Points de dép (...)
- 19 Arrêt du Conseil d’État du 24 mars 1744, Livre de la communauté... (1733-1769), art. 102, fol. 43.
- 20 Ibid, art. 101, art. 102, art. 103, fol. 43.
9Une définition élémentaire du livre est donnée par le Dictionnaire de l’Académie française de 1762 qui parle d’un « assemblage de feuilles de papier imprimées formant un volume relié ou broché17 ». Même si cette définition ne satisfait pas les historiens du livre18, nous partirons d’elle, car nous cherchons des critères simples pour cataloguer les ouvrages. Pour le XVIIIe siècle, l’expression « assemblage de feuilles imprimées » paraît satisfaisante à condition de déterminer leur nombre. L’Arrêt du Conseil du Roy du 24 mars 1744 nous y aide en fournissant une définition matérielle et juridique du livre. En effet, l’administration de la Librairie y oppose les imprimés de plus de « deux feuilles en caractères cicero19 » – il s’agit d’imprimés de huit pages de format in-4°, ou de seize pages in-8°, ou de quarante-huit pages in-12 – aux autres. Les premiers devaient obtenir une « permission par lettres scellées du Grand Sceau », dont la copie devait être placée au commencement ou à la fin ; les seconds, moins volumineux, n’avaient besoin que d’une « permission du Lieutenant général de police20 ».
- 21 Site concernant le livre : www.bod.fr/index.php?id=1757
10Le classement des ouvrages du XVIIIe siècle selon le type de permission, ne peut être retenu aujourd’hui : certains « livres » recensés n’affichent aucune permission, comme nous l’avons vu au chapitre 2, certaines pièces de théâtre de plus de 70 pages in-8° affichent, en bas de page de titre, le mot « permission », mais il s’agit du permis d’imprimer du juge mage. En revanche, la classification par nombre de pages est toujours utilisée. Le seuil de quarante-huit pages, mentionné pour les formats in-12 dans l’Arrêt de 1744 pour distinguer « livres » et « livrets », a été retenu pour les catalogages des ouvrages dans les bibliothèques ; on estime parfois que « pour des raisons techniques de reliure le livre ne doit pas comporter moins de cinquante deux pages ni plus de sept cents pages21 ».
- 22 FAUCHOIS Yann, Préface de LE ROY LADURIE Emmanuel, FAUCHOIS Yann, SMEDLEY-WEILL Anette, ZYSBERG An (...)
- 23 MARTIN Henri-Jean, Livre, pouvoirs et société..., op. cit., tome 1, p. 69.
- 24 QUÉNIART Jean, L’imprimerie et la librairie..., op. cit., p. 115.
- 25 MELLOT Jean-Dominique, L’Édition rouennaise et ses marchés..., op. cit., p. 565.
- 26 BARBIER Frédéric, Trois cents ans de librairie..., op. cit., p. 152.
11Le seuil de quarante huit-pages s’est donc imposé dans les usages professionnels, mais cette question divise toujours les historiens du livre, comme Yann Fauchois qui parle de l’« épineuse question de savoir ce que l’on compte comme livre22 ». Henri-Jean Martin, dans sa thèse Livre, pouvoirs et société à Paris au XVIIe siècle, s’est fait une règle de ne faire entrer dans ses statistiques que « les impressions tenues, par les hommes du dix-septième siècle, de même par les bibliographes d’aujourd’hui, pour de vrais livres, c’est-à-dire les impressions comptant au moins 48 pages23 ». Jean Quéniart préfère « la limite des cinquante pages24 » pour distinguer brochures et livres. Par contre Jean-Dominique Mellot, dans sa thèse sur L’édition rouennaise et ses marchés, étudie la production à partir d’« éditions de plus de 30 pages25 », ce qui rend les comparaisons délicates. Quant à Frédéric Barbier, dans son étude sur l’imprimerie strasbourgeoise, il désigne comme « livres proprement dits » ceux qui ont cent pages et plus26. Face à ces divergences, nous avons choisi d’employer le mot « livre », dans notre corpus, pour désigner une édition de quarante-huit pages et plus, quel qu’en soit le format (in-4°, in-8°, in-12, in-16, in-18 ou plus rarement in-32), sur lequel nous reviendrons dans le prochain chapitre.
- 27 QUÉNIART Jean, L’imprimerie et la librairie..., op. cit., p. 115.
12Au XVIIIe siècle, on opposait volontiers le « livre » au « livret », qui est, d’après la Dictionnaire de l’Académie, un diminutif, un « petit livre ». Nous aurions pu lui préférer le terme de « brochure », qui désigne « un petit ouvrage de peu de feuilles, qui n’est pas relié comme un livre, mais qui est seulement broché ». Cependant, l’expérience montre que des impressions reliées de moins de quarante-huit pages se trouvent mêlées à celles qui ne sont que brochées, l’emploi de la reliure ou de la brochure dépendant de l’acheteur. Jean Quéniart, qui oppose livres et brochures de moins de cinquante pages, ajoute que ces brochures sont de « petite taille » et que « leur intérêt est souvent momentané27 ». Nous n’avons pas retenu ces deux derniers critères et l’usage du terme « brochure » ne nous a pas paru pertinent pour désigner un type d’imprimés.
13Nous aurions pu aussi employer le terme d’« opuscule », mais nous l’avons rapidement écarté car il fait référence non seulement à la description matérielle de l’ouvrage, mais aussi à son contenu : il s’agit, selon le Dictionnaire de l’Académie, d’un « petit ouvrage en matière de science et de littérature ».
14À tous ces termes, nous avons donc préféré celui de « plaquette », qui désigne, d’après le Littré, « un volume relié ou broché de peu d’épaisseur » : recueils de poésies, pièces de théâtre, arrêts du Conseil d’État, arrêts de la Cour souveraine du Parlement, ordonnances des Capitouls, statuts de certains métiers, entre autres, entreront indifféremment dans cette catégorie. Comme les livres, les plaquettes pouvaient avoir des formats différents.
15D’après l’étymologie, le « placard » était destiné à être affiché sur un mur sur un panneau. Il se présentait en feuille ou en demi-feuille, rarement en page in-4°. Ces placards, nombreux, relevaient, comme les plaquettes, de la permission du lieutenant général de police. Ils sont aisés à classer.
- 28 MAZA Sarah, Vies privées, affaires publiques. Les causes célèbres de la France prérévolutionnaire,(...)
16Ces trois premières catégories d’imprimés (livre, plaquette, placard) ont été établies à partir de la simple description matérielle. Les « factums », constituent la quatrième catégorie que nous avons répertoriée. Leur identification ne relève pas de leur aspect matériel ou de leur périodicité, mais de la connaissance de leur contenu ou tout au moins de leur sujet. Un factum est « un mémoire contenant l’exposition d’une affaire contentieuse », indique l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, qui précise que « ces sortes de mémoires furent ainsi appelés, parce que dans le tems qu’on les rédigeait en latin, on y mettait en tête ce mot, factum, à cause qu’ils commençaient par l’exposition du fait, qui précède ordinairement celle des moyens ». Au cours du procès, un factum était rédigé par un avocat à la demande de son client, et avait pour but de présenter de nouveaux documents au juge28. Son intitulé indiquait les parties qui s’opposaient : « Pour » – « Contre ». Il peut ressembler à un livre, avoir plus de cent pages, être de format in-2, in-4° ou plus rarement in-8°, mais il s’en distingue car son impression n’exige pas de demande de permission et il est destiné à un lectorat précis, mais peut être vendu au public. Bien que nombreux, nous ne les avons que très partiellement recensés, car le nom de l’imprimeur n’y figure pas systématiquement.
17La dernière catégorie que l’on rencontre est celle des « périodiques » qui, comme leur nom l’indique, reviennent à « une période déterminée » : annuellement, comme les Calendriers de Toulouse ou les Catalogues de l’exposition de l’Académie royale de Peinture, Sculpture et Architecture, ou hebdomadairement, comme les Affiches, Annonces, Avis divers, de Toulouse et du Haut-Languedoc.
18Livres, plaquettes, placards, factums et périodiques : telles sont les catégories que nous avons distinguées dans la production imprimée toulousaine. Chacune de ces catégories est constituée d’« unités bibliographiques » que nous désignerons le plus souvent sous le terme de « titres ».
II- La constitution du corpus
19La présentation des différents lieux de conservation où ont été relevées les unités bibliographiques qui constituent notre corpus, nous a paru nécessaire pour montrer la diversité des sources, mais aussi les limites de notre recherche.
1- Le recensement dans les archives et les bibliothèques de la région
a) Les archives et bibliothèques toulousaines29
- 29 Lieux de conservation des titres recensés, ouvrages conservés à Toulouse, volume III, p. 648.
20Les archives et les bibliothèques locales ont permis de retrouver 86 % des occurrences de notre corpus. 77,5 % de ce dernier ensemble proviennent des Archives municipales, du Fonds ancien de la Bibliothèque interuniversitaire de l’Arsenal et de la collection patrimoniale de la Bibliothèque d’étude et du patrimoine (Bibliothèque municipale).
– La Bibliothèque municipale de Toulouse
21Les collections patrimoniales de la Bibliothèque d’étude et du patrimoine de Toulouse (BMT) sont très riches. Ayant été formées à partir des fonds de la Bibliothèque du clergé et de la Bibliothèque du Collège royal, augmentées de nombreux dons, elles présentent notamment une série d’imprimés toulousains depuis l’apparition de l’imprimerie au XVe siècle jusqu’à 1815, et ont constitué une source majeure pour notre recensement.
22Après la réouverture de la bibliothèque en 2002, avec l’aide d’une banque de données informatisée bien incomplète à l’époque, nous avons constitué progressivement un corpus de livres imprimés entre 1739 et 1788 composé de 298 titres, L’ensemble est original dans la mesure où 80 de ces livres ne se trouvent que dans cette bibliothèque, soit plus du quart. Il s’agit d’ouvrages très divers : ouvrages religieux, comme la Retraite spirituelle à l’usage des communautés religieuses par le père Bourdaloue ; ouvrages de droit, comme la nouvelle édition en 1782 des Questions notables du droit de Simon d’Olive du Mesnil ; ou encore de nombreuses pièces de théâtre, comme la tragédie en cinq actes et en vers de Durcis, Roméo et Juliette. Quarante-cinq livres sont conservés dans les fonds de la réserve ; cent seize appartiennent à des fonds anciens identifiés par les cotes Fa (Fa B, Fa C, Fa D, selon le format) ; cent trente-sept au fonds local mentionné par les lettres La (La B, La C ou La D).
23Les collections patrimoniales comprennent également de nombreuses plaquettes, cataloguées sous le terme de « brochures » (Br. Fa B, Br. Fa C, Br. Fa D). On en compte 502 imprimées à Toulouse, parues entre 1739 et 1788.
24Le nombre de placards conservés à la Bibliothèque municipale est également important, notamment dans la série Br. Fa A. 111 ont été recensés, qui peuvent être en doublons avec ceux du fonds Pifteau de la Bibliothèque de l’Arsenal. Ils concernent essentiellement des ordonnances des Capitouls et quelques arrêts du Parlement. Six placards sont des thèses. 145 factums, rassemblés pour la plupart dans des recueils factices, ont complété notre recensement.
25Enfin, nous connaissions la richesse de la Bibliothèque municipale pour ses collections de périodiques et notamment pour ses calendriers et almanachs, dont le Calendrier de Toulouse et l’Almanach de Baour. S’y ajoutent la série des Affiches et Annonces de Toulouse ou du Catalogue des ouvrages exposés au salon de l’Hôtel de ville. 173 cotes de périodiques ont été ainsi relevées, qui font de la Bibliothèque la source majeure pour l’étude de la production de périodiques.
26Ainsi les collections patrimoniales de la Bibliothèque d’étude et de patrimoine sont pour notre étude une source d’imprimés inégalée de par leur variété et leur nombre, avec 1258 titres publiés entre 1739 et 1788.
– La Bibliothèque interuniversitaire de l’Arsenal
27Le fonds patrimonial de la Bibliothèque interuniversitaire de l’Arsenal (BuT1) a nécessité de longues investigations dans le fonds ancien de droit et de lettres, appelé la « réserve », et dans le « fonds Pifteau », à un moment où il n’était pas entièrement catalogué – en 2001-2002 ; ce fonds porte le nom d’un collectionneur qui, sa vie durant, a amassé tous les types de documents concernant Toulouse et son histoire. Il n’y a pas de spécialisation dans les livres accumulés par Fernand Pifteau ; le fonds est d’une grande variété par ses thèmes – histoire, droit, poésie, médecine, architecture – et aussi par les types d’imprimés. Sur 305 livres de la BuT1, 65 % environ relèvent du fonds Pifteau. Aux livres s’ajoute une exceptionnelle collection de plaquettes : plus de 500 pour la période, 1739-1788 ; les Déclarations du Roi, les édits, les arrêts du Parlement et les ordonnances des Capitouls y côtoient des poésies et de nombreuses pièces de théâtre, constituant un ensemble unique. Le collectionneur a rassemblé également des factums – 136 avec le nom de l’imprimeur pour le période considérée – et quelque trente périodiques, notamment des Almanachs historiques et chronologiques et de la province de Languedoc du milieu du XVIIIe siècle.
28Le recensement dans le fonds ancien de la Bibliothèque universitaire de Toulouse-1 a permis d’enregistrer plus de mille titres d’imprimés toulousains publiés entre 1739 et 1788.
– Les Archives municipales de Toulouse
29Le grand intérêt des Archives municipales (AMT) pour notre étude réside dans son importante collection d’ordonnances des capitouls imprimées à Toulouse. En effet, dans la série AA relative aux « actes constitutifs et politiques de la commune » et la série BB concernant « l’administration communale », nous avons repéré 116 ordonnances imprimées sous forme de brochures in-4° et plus de 400 en placards. Cette recherche a été complétée par la consultation des autres séries inventoriées de CC à HH. La série DD, consacrée aux « biens communaux, travaux publics, voirie », contient de très nombreux devis dont cent huit figurent dans le corpus.
30Les Archives municipales possèdent également un petit fonds ancien de livres dont nous avons consulté le répertoire dactylographié ; il présente vingt-sept ouvrages toulousains parus entre 1739 et 1788 que nous avons retrouvés dans d’autres bibliothèques à l’exception de deux d’entre eux.
31Au total, 914 titres du corpus proviennent des Archives municipales de Toulouse.
– Les Archives départementales de la Haute-Garonne
32La remarquable collection de factums conservés dans des recueils factices aux Archives départementales de la Haute-Garonne (ADHG) a demandé un long dépouillement. 417 titres en proviennent, sur un total de 1 075 factums, soit près de 40 % de l’ensemble. Nous n’avons pourtant retenu que les factums portant un nom d’imprimeur toulousain, ce qui signifie qu’un très grand nombre ont été écartés, dont, probablement, des imprimés toulousains. Alors que nous avons trouvé dans les archives et bibliothèques précédentes une production variée, les Archives départementales nous ont fourni essentiellement ces factums, auquel s’ajoutent quinze plaquettes et quatre placards.
– Les autres bibliothèques universitaires
33Les réserves, peu connues, de l’Université de Toulouse-Le Mirail (BuT2) possèdent une collection de vingt-cinq Recueils de plusieurs pièces de poésie et d’éloquence présentées à l’Académie de Jeux Floraux entre 1740 et 1788. Les sept autres livres et les trois plaquettes que nous y avons trouvés concernent majoritairement les Jeux floraux.
34Les fonds anciens de médecine sont conservés depuis 1910 à l’ancienne Faculté de médecine, allées Jules Guesde (BuT3). Nous y avons relevé sept ouvrages de médecine parus entre 1739 et 1788. Quatre d’entre eux sont des ouvrages de Raymond Vieussens, dont la célèbre Histoire des maladies internes imprimée par Jean-Jacques Robert en 1774 et 1775. Le Nouveau recueil d’ostéologie et de myologie illustré par Jacques Gamelin, imprimé par Jean-François Desclassan en 1779, s’y trouve également.
– Les autres bibliothèques toulousaines
35• Les sociétés savantes
36- La Bibliothèque de l’Académie des Jeux floraux (AJF) ne conserve pas la collection complète des Recueils de plusieurs pièces de poésie et d’éloquence, présentées à l’Académie des Jeux floraux, mais seulement quelques années : entre 1740 et 1748, entre 1779 et 1781 et le tome allant de 1784 à 1788. Ces recueils sont placés parmi les périodiques. À la rubrique « livres », seul est entré dans notre banque de données le Mémoire contenant l’histoire des Jeux floraux et celle de Clémence Isaure de Lagane, imprimé en 1775, que nous avions trouvé ailleurs.
37- L’accès à la Bibliothèque de l’Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres (ASIBL) nous a été facilité par M. André Hermet. Quatre pièces ont été retenues pour notre recensement, dont les trois tomes d’Histoire et Mémoires de l’Académie royale des Sciences, Inscriptions et Belles Lettres de Toulouse imprimés chez Dominique Desclassan en 1782, 1784 et 1788.
– Les musées
38- Le cabinet des estampes du musée Paul Dupuy (MPD) est réputé pour ses collections de gravures, de cartes postales et de photographies. Ses réserves contiennent aussi une très intéressante série de placards de thèses, dont quarante trois ont été imprimés entre 1739 et 1788. La majorité de ces placards annoncent des thèses de philosophie, une vingtaine concernent le baccalauréat, la licence ou l’épreuve de droit français. Certaines gravures portent le nom d’artistes connus : Baour, Raynaud, Peyrane ou Roche. Fait assez rare, deux placards relatifs à des exercices littéraires ont été imprimés sur soie dont l’Exercice Littéraire, Dédié à Messire Pierre des Innocens, Conseiller au Parlement de Toulouse Par Monsieur Jean-Paul Barrière, en 1749.
39En outre le collectionneur Paul Dupuy avait amassé des Arrêts de la Cour de Parlement, des Édits du Roi, des Déclarations et des Lettres patentes du Roi, dans des boîtes où nous avons trouvé vingt et une plaquettes toulousaines.
40- La bibliothèque du musée du Vieux Toulouse (MVT) n’était pas, en 2005, entièrement cataloguée. Avec l’aide de son bibliothécaire, M. Villeval, nous avons parcouru ses rayonnages. La recherche s’avéra fructueuse dans la mesure où 25 % des cinquante neuf livres repérés nous étaient alors inconnus. Huit sont des ouvrages religieux, cinq autres appartiennent aux belles-lettres, avec des auteurs comme Érasme ou Suétone, deux sont des ouvrages pratiques comme le Livre des comptes-faits de Barème imprimé par Hénault. Huit plaquettes aux sujets très variés s’y trouvent aussi : pièces de théâtre, le Statut des brodeurs de 1742, les Observations sur la navigation à Toulouse pour MM. Les actionnaires du moulin du Château narbonnais, entre autres.
– Les établissements religieux
- 30 En 2009, 13 000 ouvrages sont encore en restauration au CICL.
41- La bibliothèque de l’Institut catholique (BIC) nous a permis de découvrir, en 2004, 69 ouvrages toulousains ; la page de titre de six d’entre eux a été visionnée sur microfilm, les ouvrages étant en restauration au Centre interrégional de conservation du livre (CICL) à Arles après l’inondation qui a endommagé la bibliothèque en 200030. La collection est riche et diverse, avec un tiers de livres de droit. Dix titres ne se trouvent à Toulouse, qu’à l’Institut catholique, dont les Institutes de l’empereur Justinien par Boutaric, imprimées chez Gaspard Hénault en 1757. Quelques plaquettes et une dizaine de factums y ont été également retrouvés.
42- La Bibliothèque des Dominicains de la province de Toulouse (BDT) est impressionnante par le nombre d’ouvrages qu’elle contient, 150 000 dit-on, et le frère Tisin nous a aidée à y repérer les impressions toulousaines du XVIIIe siècle dont huit ouvrages publiés entre 1739 et 1788 : un concerne le droit, six ont des sujets religieux et le dernier, que nous n’avons trouvé que dans ce fonds, est une histoire hagiographique, l’Histoire de Théodose le Grand, pour Monseigneur le Dauphin par Monsieur Fléchier, imprimée par Dominique Desclassan en 1782.
43- À la Bibliothèque des Carmes (BCT), les ouvrages toulousains avaient été préparés en fonction de nos recherches et nous y avons relevé cinq titres, parmi lesquels trois d’entre eux étaient nouveaux, à savoir deux ouvrages de la Compagnie de Jésus datés de 1739 et 1741 et le Breviarium Vazatense imprimé par Joseph Dalles en 1770.
- 31 Décédé en 2008. « In mémoriam : Jean Rocacher », L’Auta, octobre 2008, p. 245-250.
44- Aux Archives diocésaines de l’Archevêché de Toulouse (AAT), Monseigneur Rocacher31 nous a orientée vers les ouvrages toulousains. Quatre livres correspondaient à nos attentes, dont le Breviarium Convenarum imprimé en 1770 aux dépens des libraires du diocèse ; mais ces quatre exemplaires figurent aussi dans d’autres lieux de conservation.
45- À la Bibliothèque des Franciscains (BFT), le père Jean-Hugues Dedieu a luimême sélectionné les ouvrages toulousains et nous a transmis les photocopies des pages de titre avec un descriptif extrait du catalogue. Y figurent trois livres et deux brochures imprimés à Toulouse entre 1739 et 1788, dont l’une est fort rare : Officium Proprium B. Joannes Valesia, Olim Reginae Francae et Fundatricis Ordinis Sanctissimae Annuntiationis Beatae Mariae Virginis, Sub Regula Sancti Francisci ; dupleix primae classis, imprimée par la veuve de Jean-Pierre Robert en 1781.
46- La Bibliothèque du Séminaire (BST) Par l’intermédiaire de Monseigneur Rocacher, nous avons contacté le père Lacroix, supérieur du Séminaire Saint-Cyprien qui, en 2005, ne pouvait ouvrir ses fonds anciens très partiellement catalogués. Néanmoins, il a envoyé une liste d’ouvrages toulousains du XVIIIe siècle. La Bibliothèque possède les six tomes du Dictionnaire historique, critique, chronologique, géographique et littéral de la Bible du Père Dom Augustin Calmet, publié par Dominique Desclassan en 1783, et cinq tomes de l’Évangile analysé selon l’ordre historique de la concorde du R. P. Mauduit, prêtre de l’Oratoire, vendu chez Dupleix et Laporte en 1772. Ce dernier ouvrage n’est conservé qu’au Séminaire à Toulouse, mais trois tomes se trouvent à la Bibliothèque municipale de Foix.
– Autres
47- Aux Archives du canal du Midi (ACM) sont conservés des brochures ou des placards imprimés à Toulouse, dont des ordonnances ou des sentences du juge châtelain du Canal des Deux-Mers. Vingt et une plaquettes et quinze placards y sont venus compléter notre recensement.
48- La Bibliothèque de la Cour d’appel de Toulouse (CAT) est située dans le salon d’Hercule du Palais de justice. Grâce à M. Jacques Poumarède, tous les catalogues ont été mis à notre disposition. La collection de livres de droit est remarquable et vingt neuf livres imprimés entre 1739 et 1788 y figurent. Tous les ouvrages « classiques » de Boutaric, de Catellan, de Rodier ou de Soulatges y sont présents, ainsi que le Journal du Palais, le Dictionnaire de droit de Ferrière ou les Œuvres d’Antoine d’Espeisse. De plus, elle détient la série complète des sept tomes des Recueils des édits, déclarations et ordonnances des Rois de France et du Parlement de Toulouse, concernant l’ordre judiciaire. Des ouvrages rédigés par des parlementaires, y sont également conservés, comme les Mélanges historiques, critiques, de physique, de littérature et de poésie du président d’Orbessan, imprimés en 1768 aux dépens de Birosse.
49- Le Centre toulousain d’histoire du droit et des idées politiques (CTHDIP) de l’Université des Sciences sociales (Toulouse 1), possède également des collections de livres de droit intéressantes, avec quelques titres différents et complémentaires de ceux de la Bibliothèque de la Cour d’appel, tels que l’Explication de l’ordonnance de Blois et le Traité des droits seigneuriaux de François Boutaric, vendu chez Forest en 1745. Enfin, une nouvelle édition des Œuvres de Scipion du Périer, vendu chez Birosse en 1760, y fut une découverte.
50- La Bibliothèque du Collège d’Occitanie (BCO), où nous avons relevé quatre livres, possède de nombreuses publications en langue d’oc, mais seulement trois titres parus à Toulouse entre 1739 à 1788 : Lou trimfe de la lengouo gascouo imprimé en 1762 ; Las obros de Goudelin réimprimées en 1774 et le Miral moundi de 1781. Ces ouvrages sont connus et des exemplaires se retrouvent en Languedoc, de Toulouse à Montpellier.
51La collecte d’ouvrages toulousains imprimés entre 1739 et 1788 s’est achevée par la découverte de trois ouvrages nouveaux et de dix plaquettes chez deux collectionneurs privés qui nous ont aimablement ouvert leurs bibliothèques.
52Plus de 4 000 unités bibliographiques toulousaines ont ainsi été relevées, avec certes, des doublons dans les bibliothèques de la ville. Nous avons ensuite élargi le champ de nos investigations aux autres bibliothèques de la région.
b) Les archives et bibliothèques de la région
– Ariège
53- La Bibliothèque municipale de Foix (BMF) possède, parmi les onze livres repérés, quelques ouvrages originaux comme la Grammaire générale contenant les rudiments, l ‘Abrégé de la Grammaire raisonnée…, imprimée par Jean Guillemette en 1743 et l’Arithmétique en son jour [sic], contenant les explications familières des quatre parties qui la composent. Avec un traité des fractions du frère Capdeville, du même imprimeur en 1750.
– Aude
54- La Bibliothèque municipale de Carcassonne (BMC) ne nous a fourni en 2005 qu’une liste de livres toulousains, les brochures n’étant pas alors cataloguées. Sur vingt-quatre ouvrages imprimés entre 1739 et 1788, dix sont des livres classiques de droit par Boutaric, Catellan ou Rodier ; les autres sont des livres religieux, avec quelques éditions rares comme le Manuel ou extrait du rituel de Carcassonne imprimé par Joseph Dalles en 1765. Un seul concerne les belles-lettres, les Comédies de Térence imprimées en 1739 par Jean Guillemette.
– Aveyron
55- La Société des Lettres, des Sciences et des Arts de l’Aveyron (SLA) détient une série remarquable de factums toulousains ; à l’exception de deux d’entre eux qui se retrouvent aux ADHG, ces factums ne sont conservés qu’à Rodez. De plus, elle possède une série rare de Lettres patentes et d’Édits du Roi entre 1767 et 1776. Au total, 46 plaquettes nous intéressant y sont conservées. Douze livres y ont aussi été répertoriés, six ouvrages classiques de droit, deux d’histoire et belles-lettres et six ouvrages religieux dont le Diurnal de Montauban, imprimé sous l’autorité de l’évêque François-Victor Le Tonnelier de Breteuil, qui se vendait chez les Libraires associés en 1774. Nous ne l’avons rencontré que là. Au total, 1165 impressions toulousaines de la période 1739-1788 se trouvent à la Société des Lettres, des Sciences et des Arts de l’Aveyron, ce qui en fait notre source extérieure à Toulouse la plus importante.
56- Les recherches ont aussi été fructueuses à la Médiathèque de Rodez (MDR), qui conserve 57 impressions toulousaines de notre période. 54 sont des livres que nous avions déjà trouvés, pour la plupart, à la Bibliothèque interuniversitaire de l’Arsenal ; nous y avons relevé deux ouvrages nouveaux : les Élements de calcul et de géométrie dédies à Monseigneur le Maréchal, duc de Mouchy par le vicomte de Polastron, âgé de treize ans, imprimé chez J.-J. Douladoure en 1775, et Selectae e profanis sciptoribus historiae, imprimé par Joseph Robert, en 1788. La Médiathèque possède en outre l’Histoire générale à l’usage des collèges, depuis Charlemagne jusqu’à nos jours de l’abbé Audra, imprimé en 1769, dont la lecture avait été interdite par Loménie de Brienne, comme nous l’avons vu au chapitre 2.
– Gers
57- La Bibliothèque municipale d’Auch (BMA) possède six livres toulousains, dont deux éditions du Recueil des édits, déclarations et ordonnances du roi de 1758 et de 1782, un ouvrage rare, De rebus gestis Alexandri Magni de Quinte Curce, édité par la Société en 1760, ainsi que trois plaquettes.
– Hérault
58- Les Archives départementales de l’Hérault (ADH) Venue consulter les archives de l’intendance, nous avons découvert un fonds très important de factums toulousains et relevé 95 titres sur les fichiers dont 92 d’entre eux ne sont conservés que dans ce fonds.
59- La Médiathèque Émile Zola de Montpellier (MEZ) conserve trente trois impressions toulousaines d’entre 1739 et 1788. Comparé à celui d’autres bibliothèques, c’est la variété de ce corpus toulousain qui surprend. Douze livres, déjà connus, y ont été répertoriés, parmi lesquels deux ouvrages religieux, trois de droit, un plaidoyer de Riquet de Bonrepos, une ordonnance sur la voirie, Las Obros de Goudelin. Cinq Arrêts du Parlement de Toulouse y figurent, ainsi que deux Discours prononcés à l’ouverture des Etats de Languedoc l’un par l’abbé Marquez en 1769 – imprimé chez Joseph Dalles – et l’autre par l’abbé Cayre de Mirabel, en 1783, – imprimé chez Dominique Desclassan. Un seul placard y a été trouvé, ainsi que treize factums nouveaux.
60- À la Bibliothèque de l’Institut protestant de théologie de Montpellier (BF. Th.) ne figurent, concernant notre étude, que quatre factums relatifs à l’affaire Calas.
– Lot
61- La Médiathèque des Pays de Cahors (MPC) est très riche. Les fonds anciens importants ont été complétés par l’achat du fonds Greil et le dépôt du fonds Gary, collectionneurs passionnés par les livres anciens et les études sur le Quercy. 75 factums toulousains proviennent du fonds Greil et forment un ensemble unique, puisque, à de rares exceptions près, ils ne sont pas recensés ailleurs. Dans les fonds anciens, seize livres ont été repérés. Douze sont des ouvrages de droit, dont six de Boutaric. Le Traité des tutelles divisé en quatre parties, par Jean-Antoine Ferrière, avocat au Parlement de Toulouse, vendu par Antoine Birosse en 1766, est un des moins connus. Il n’y a que trois titres religieux, dont la Sainte Bible de dom Augustin Calmet, vendue chez Noël-Étienne Sens en 1779. Un ouvrage de pédagogie a retenu notre attention : Logicae elementa in usum collegi tolosani regii de Pierre Martin-Saint-Romain, professeur de philosophie, imprimé en 1788 par J.-J. Robert.
– Tarn
62- Une vingtaine d’impressions toulousaines ont été trouvées à la Médiathèque Pierre Amalric d’Albi (MDA). Leur recensement a été assez difficile, à partir de fichiers papier uniquement, à un moment où le fonds ancien de la Médiathèque n’était pas informatisé, en 2005. Quinze ouvrages toulousains imprimés entre 1739 et 1788 y ont été relevés, dont sept classiques en droit, et un ouvrage que la Médiathèque est la seule de la région à posséder : le Style universel de toutes les cours et juridictions du royaume, concernant les saisies et exécutions tant meubles que des immeubles de J. A. Soulatges, imprimé chez la veuve J.-P. Robert en 1769. La présence dans ce même fonds des quatre ouvrages classiques en occitan paraît originale : Le Tableu de la bido del parfet crestia imprimé en 1759, Lou Trimfe de le lengouo gascouo de 1762, Las Obros de Peire Goudelin de 1774 et le Miral moundi de 1781. Les autres livres sont des ouvrages religieux ou de religieux ; on note un Traité de la Géographie moderne à l’usage des collèges et des pensions par le Père Gibrat, prêtre de la Doctrine chrétienne, qui se vendait chez Joseph Dalles en 1768.
63- La Médiathèque de Castres (MMC) conserve seize impressions toulousaines, essentiellement des livres. On y retrouve, entre autres, les quatre ouvrages classiques en occitan, comme à Albi ; deux ouvrages de Furgole et cinq livres religieux, dont le Breve Vaurense, pro anno domini M. DCC. LXXVII par Antoine de Castellane, évêque de Lavaur, et les Sermons panégyriques et discours du R. P. Barutel, imprimés par Dominique Desclassan en 1788. Mais nous n’y avons rencontré aucun titre nouveau.
64- La bibliothèque de l’ancienne Abbaye-école de Sorèze (AES) détient neuf Exercices littéraires, classés parmi les périodiques.
65- Aux Archives départementales du Tarn (ADT), nous avons trouvé deux ouvrages de droit, l’un de Catellan imprimé par Caranove en 1747, et l’autre de Rodier sorti des presses de Jean-François Desclassan en 1761.
– Tarn-et-Garonne
66La Bibliothèque Antonin Perbosc de Montauban (BMM) est riche en impressions toulousaines, avec 80 titres consultés ou repérés ; on y trouve les ouvrages de droit classiques, peu d’ouvrages religieux, et 41 pièces de théâtre qui font l’originalité de ce fonds. Cependant la plupart de ces pièces se trouvent également dans le fonds Pifteau, à l’exception des Fausses Infidélités, comédie en un acte et en vers par M. Barthe, de l’Académie de Marseille, qui se vendait chez Jean-Baptiste Broulhiet en 1785.
67Ainsi, nous avons rencontré dans les bibliothèques et archives de la région 621 titres ou unités bibliographiques d’impressions toulousaines, parmi lesquels existent bien sûr de nombreux doublons avec les collections toulousaines, notamment en ce qui concerne les ouvrages que nous avons qualifiés de « classiques ».
2- La consultation des catalogues informatisés de bibliothèques
68Le recensement des impressions toulousaines ne saurait être complet sans la consultation des catalogues informatisés de bibliothèques de province et de la Bibliothèque nationale de France, à partir notamment du site du Catalogue collectif de France : http://www.ccfr.bnf.fr/.
a) La Bibliothèque nationale de France
- 32 C’est la description qu’en donnait la BnF en 2005, sous la cote, 6-TD45-5. Aujourd’hui, cet ouvrag (...)
69Le Catalogue collectif de France nous a aidée, d’une part, à poursuivre nos investigations pour découvrir des titres nouveaux et, d’autre part, à chercher les ouvrages toulousains conservés en vertu du dépôt légal à Paris. Dans notre corpus, on trouve 128 livres toulousains portant des cotes de la BnF. 46 livres de jurisprudence et de droit y sont conservés, soit 36 % du total, contre vingt-huit ouvrages religieux dont le Dictionnaire de la Bible. Sept ouvrages d’histoire, comme le Tableau chronologique des noms de Messieurs les Capitouls de la ville de Toulouse, daté de 1786, et quinze ouvrages sur les sciences et les arts, tel le Traité sur les mines de fer et les forges du Comté de Foix de Picot de Lapeyrouse, y sont également présents. Les 33 autres ouvrages concernent les belles-lettres, parmi lesquels nous avons inclus les Lettres aux Gascons de Mailhol datées de 1771. Les livres toulousains de la BnF appartiennent majoritairement à la fin de la période : 77 d’entre eux ont été imprimés après 1770 ; six sont nouveaux, comme le Système de la nature, sur le virus écrouelleux, ou médecine empyrique du docteur Chappot, imprimé par Jean-François Desclassan, « en 1779, t. I, in-8, X-486 pages32 ».
- 33 COYECQUE Ernest, Inventaire de la Collection Anisson sur l’histoire de l’imprimerie et de la libra (...)
70De plus, la Bibliothèque nationale conserve seize périodiques, trois placards, trois factums et cent onze plaquettes toulousaines dont certaines ont été relevées dans l’Inventaire de la collection Anisson sur l’histoire de l’imprimerie et de la librairie33. Au total, 261 impressions toulousaines de notre corpus sont consultables à Paris.
b) Les bibliothèques de province
71Grâce essentiellement au Catalogue collectif de France, nous avons découvert de nouveaux titres d’ouvrages toulousains dans certaines bibliothèques de province.
72Le SICD de Grenoble possède le Dictionnaire françois et latin de l’abbé Danet, imprimé par Gaspard Hénault en 1754, ainsi que le Breviarium Sistaricense imprimé par Joseph Dalles en 1785. Cet ouvrage se trouve également à la Bibliothèque municipale de Lyon.
73La Bibliothèque municipale d’Arles (MMA) a une édition du Breviarium Sistaricense imprimé par Joseph Dalles en 1779.
74La Bibliothèque francophone multimédia de Limoges (BFM) détient un ouvrage que nous avons eu quelques difficultés à retrouver : l’Abrégé des causes célèbres et intéressantes, avec les jugements qui les ont décidées, par le Sieur P.F. Besdel, Toulouse, D. Desclassan, 1785, 3 vol. in-12.
75La Bibliothèque municipale de Narbonne (BMN) possède cinq livres toulousains imprimés entre 1739 et 1788, dont la réédition du Traité de la noblesse des Capitouls, de La Faille, par Pierre Robert, « aux dépens de J.-F. Forest sur la copie imprimée avec privilège du Roi », en 1760, qui paraît unique. De plus, elle conserve trois volumes de l’Histoire et Mémoires de l’Académie royale des Sciences, Inscriptions et Belles Lettres de Toulouse, imprimés par Dominique Desclassan en 1782, 1784 et 1788.
76La Bibliothèque municipale de Nice (BMNi) conserve La vie de Marianne ou les aventures de Mme la Comtesse de XXX, par Marivaux. Cet ouvrage a été imprimé à Amsterdam, mais il était vendu à Toulouse chez Sacarau et Moulas, en 1778.
77Douze titres toulousains ont ainsi été relevés dans les sites des différentes bibliothèques de province.
78Nos recherches se sont alors dirigées vers les livres cités dans les journaux du XVIIIe siècle et vers les catalogues et bibliographies imprimés depuis lors.
3- Les livres cités dans les Affiches de Toulouse
79Les Affiches et Annonces de Toulouse comportaient une rubrique intitulée « Livres nouveaux », qui nous a donné l’espoir d’ajouter quelques titres à notre corpus ; cependant, les ouvrages qui y sont mentionnés ne sont pas forcément toulousains. Citons quelques exemples qui montrent les limites de cette source. En 1775, on peut lire : « Le Temple de Cnide, Poème en quatre chants, traduit de Montesquieu, chez Baour ». S’agit-il d’une impression toulousaine ? Une recherche sur le site de la Bnf fait apparaître que, d’après la Bibliothèque municipale de Versailles, Le Temple de Cnide a été publié à Londres, par Nourse, en 1767 ; c’est un gros ouvrage in-4° de 747 pages. Rien n’indiquant que Baour ait été associé à son impression, nous l’avons écarté, Baour n’étant cité là que comme libraire.
80La recherche pour vérification sur Internet n’amène pas toujours des certitudes. Les Affiches annoncent en 1792 la « Traduction des psaumes de David en vers latins, par feu M. Philippe du Mas, 1 vol, in-12, Toulouse, Sacarau et Moulas ». Un exemplaire imprimé à Lyon en 1767 est conservé à la Bibliothèque universitaire de Lettres de Besançon ; nous ne savons pas si c’est une autre édition que celle-là qui est vendue à Toulouse. Dans le doute, nous n’avons pas pris en compte cette impression.
81D’autre part, il est difficile de classer certaines productions lorsque nous ne connaissons pas le nombre de pages. Par exemple, nous avons relevé dans les Affiches de 1784 le titre suivant : Exposé succinct des principales méthodes de traiter les maladies vénériennes, suivi de quelques détails relatifs à la poudre unique de M. de Godernaux. Chez Dalles, imprimeur-libraire à Toulouse. Seul l’adjectif « succinct » nous a incité à le répertorier dans les plaquettes ; le fait que Joseph Dalles soit « imprimeur-libraire » laisse penser à une impression toulousaine.
82Les annonces que nous avons trouvées dans les Affiches concernent une dizaine de titres de livres que nous avions déjà répertoriés ; par contre, six titres de plaquettes ont été ajoutés au corpus et figurent dans le catalogue en ligne avec la mention « cité par les Affiches », car ce sont vraisemblablement des éditions toulousaines qui n’ont pas été conservées.
4- La consultation de catalogues et de bibliographies imprimés
83Avant d’aborder les catalogues et bibliographies toulousains, évoquons les catalogues anciens de la BnF qui citent des impressions toulousaines.
a) Les catalogues anciens de la BnF
- 34 CORDA Augustin, Catalogue des factums et autres documents judiciaires antérieurs à 1790, Paris, Pl (...)
84Le Catalogue des factums et d’autres documents judiciaires antérieurs à 1790 d’Augustin Corda inventorie en sept volumes les collections de la BnF. Quatre factums toulousains y ont été relevés34.
- 35 COYECQUE Ernest, Inventaire de la collection Anisson..., op. cit.
85L’Inventaire de la collection Anisson-Duperron, réalisé par Ernest Coyecque en 190035, recense les documents amassés par Étienne-Alexandre-Jacques Anisson, qui fut directeur de l’Imprimerie royale de 1783 à la Révolution. Ces documents sont très variés, comme le souligne l’introduction : actes du pouvoir royal, mémoires, factums, correspondance administrative et personnelle, originaux ou simples copies, pièces manuscrites et imprimées. Vingt-quatre plaquettes toulousaines ont été repérées dans ces deux tomes.
b) Un catalogue toulousain du XVIIIe siècle
86Le Catalogue des livres de théologie, jurisprudence, sciences et arts, belles-lettres et histoire qui se trouvent chez Noël-Étienne Sens, publié en 1785, classe, par ordre alphabétique, les titres des ouvrages présents dans sa librairie ; malheureusement, bon nombre d’entre eux sont cités sans lieu d’impression ou sans nom d’imprimeur. Nous y avons trouvé mention de douze ouvrages toulousains, deux en théologie et dix en jurisprudence. Les informations données sont rarement complètes, mais elles permettent de retrouver l’ouvrage dans le Catalogue collectif de France. Les « Observations sur les Arrêts de Dolive par Soulatges, Toulouse, 1784, in-4°, 9 livres » correspondent, en fait, à un ouvrage classique, rencontré dans de nombreuses bibliothèques : Observations sur les Questions notables du droit, décidées par divers Arrêts du Parlement de Toulouse. Recueillies par feu Monsieur Me Simon Dolive […] Enrichies des nouvelles Ordonnances, Edits & Déclarations du Roi, des Arrêts nouveaux du même Parlement […] Par Me Soulatges, imprimé à Toulouse chez Joseph Robert en 1784.
87Le « Traité des peines des secondes noces, par Astruc, in-12, 1 livre 4 » donne un titre exact mais l’année et le nombre de pages font défaut. D’après le Catalogue collectif de France, il existe effectivement une édition toulousaine datée de 1774, chez les libraires associés, de format in-12 et 395 pages.
88Parfois, des informations elliptiques, qui ne devaient pas à l’époque dérouter un acheteur averti, laissent perplexe. Ainsi, les « Arrêts de Laroche, Toulouse, 1756, in-4°, 10 livres » : il s’agit des Arrests notables du Parlement de Toulouse, Donnez & prononcez sur diverses matieres, Civiles, Criminelles, Beneficiales, & Feodales. Recuëillis par Bernard de La Roche Flavin. L’édition de 1745, chez Nicolas Caranove, est connue ; en revanche, celle de 1756 est introuvable même sur le Catalogue collectif de France. Y a-t-il eu une erreur dans la date annoncée ? Il en existe quelques-unes dans le catalogue, mais elles ne portent que sur un ou deux ans. Aussi penchons-nous en faveur d’une réédition toulousaine de 1756 qui ne serait plus conservée ; nous l’avons donc répertoriée en précisant « cité dans le catalogue de N.- E. Sens ».
89Ainsi, ce catalogue, qui contient douze titres toulousains, a permis de compléter notre recensement par une édition jusque là inconnue.
90Nous avons poursuivi nos recherches par la consultation de catalogues de vente de bibliothèques.
c) Les catalogues de vente de bibliothèques du XIXe siècle
- 36 ARTIER Jacqueline, Catalogues de vente de la Bibliothèque municipale de Toulouse, XIXe siècle (181 (...)
- 37 Extrait du catalogue des livres composant les bibliothèques de feu le marquis de R*** amateur et d (...)
- 38 Catalogue de la bibliothèque de feu M. Ch. Barry, 1883, BMT, BM, 3992 (7).
- 39 Catalogue des livres en partie rares et précieux, manuscrits et imprimés composant la bibliothèque (...)
91La Bibliothèque municipale de Toulouse possède une quinzaine de catalogues de vente de bibliothèques36, publiés à partir de 1860, dont le nombre de pages varie de 15, pour celui des bibliothèques de feu le marquis de R***37, à 248, pour le catalogue de la bibliothèque de feu M. Ch. Barry38. Leur consultation aide à constater quels ouvrages étaient les plus présents dans les bibliothèques privées ; cependant les nouveautés sont rares. Le Catalogue des livres en partie rares et précieux, manuscrits et imprimés composant la bibliothèque de feu le Marquis de Pins-Montbrun, imprimé à Toulouse chez A. Abadie en 1861, comprend 95 pages39. Il indique une édition toulousaine d’Antiennes et Oraisons datée de 1742, in-12, que nous n’avons pas retrouvée ; en revanche l’édition de 1762 n’est pas rare, elle est conservée à Castres, à Rodez et à Toulouse, dans quatre bibliothèques différentes. N’y aurait-il pas eu une erreur de date ? Dans le doute, nous ne l’avons pas enregistrée.
- 40 Catalogue des livres anciens et moderne de feu M. A. Du Mège, BMT, Lm C 5005.
92Le Catalogue des livres anciens et modernes de feu M. A. Du Mège40, daté de 1863, a été pour nous un des plus riches : par exemple, on y rencontre un « Traité de la noblesse des Capitouls de Toulouse, J.-F. Forest, in-4° », que nous n’avions pas trouvé dans les bibliothèques ; la recherche sur Internet a permis d’établir qu’il s’agit en fait de la réédition du Traité de la noblesse des Capitouls de La Faille, datée de 1760, imprimée par Pierre Robert, « aux dépens de J.-F. Forest sur la copie imprimée avec privilège du Roi ». Elle est conservée à la Bibliothèque municipale de Narbonne.
93La « Dissertation sur l’origine et les fonctions du Parlement de Cantalauze de la Garde, conseiller au Parlement de Toulouse, 1764, sl. sn. » a nécessité une autre recherche. Le site du Catalogue collectif de France donne neuf notices qui mentionnent comme lieu d’édition « Amsterdam, aux dépens de la compagnie » ; la Médiathèque d’Orléans indiquait pour la publication « 1764, Toulouse, [sn.] » ; celle de Montpellier, « 1764, Amsterdam, la Compagnie Toulouse », ce qui laisse supposer que Toulouse était seulement le lieu de vente. La notice du Service universitaire de documentation rappelle qu’il s’agirait d’une fausse adresse. Avec des réticences, nous avons intégré cette impression dans notre banque de données, bien qu’ignorant le libraire qui la vendait ainsi que le format et le nombre de pages. Elle entrera dans nos statistiques uniquement pour le titre.
- 41 NOULET J.-B., Catalogue de vente des œuvres de divers auteurs languedociens et provençaux, 1894, B (...)
94Le Catalogue de vente des oeuvres de divers auteurs languedociens et provençaux provenant du cabinet du docteur J.-B. Noulet41, daté de 1894, est une source rare d’impressions toulousaines populaires. Il énumère sept Cantiques à l’usage des missions avec mention de l’imprimeur et de la date, ainsi que onze Noëls imprimés pour la plupart chez Guillemette, sans date. La langue, français ou patois, est précisée pour chaque brochure, par exemple « deux Noëls français, un patois », « un Noël français, deux patois de Toulouse ». Impressions « éphémères », ces Noëls sont rares dans les bibliothèques ; ils ont été enregistrés dans le recensement, avec la mention du Catalogue de J.-B. Noulet.
95Pour compléter le recensement des impressions toulousaines encore existant à ce moment-là, il restait à consulter les bibliographies établies aux XIXe et XXe siècles par des érudits locaux.
d) Les bibliographies du XIXe et du XXe siècle
- 42 DÉCAP Jean, Essai de bibliographie commingeoise, Saint-Gaudens, Abadie, 1901.
96Nous n’avons trouvé aucun titre nouveau dans L’Essai de bibliographie commingeoise par Jean Décap42.
- 43 GAUDIN Léon, Catalogue de la Bibliothèque de Montpellier, Montpellier, Pierre Grollier, 1875, tome (...)
97En revanche, dans le Catalogue de la Bibliothèque de Montpellier par Léon Gaudin, nous avons découvert deux nouvelles brochures, ainsi que les Pièces qui ont remporté le prix de l’Académie Royale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, depuis 1747 jusqu’en 1750, éditées à Toulouse chez Moulas en 175943. La Bibliothèque municipale de Toulouse conserve le même titre vendu par Jean-François Forest en 1758, ce qui laisse supposer qu’il y a eu une réédition en 1759.
- 44 GORSSE Bertrand de, Essai de bibliographie du comté de Comminges, de la vicomté de Nébouzan, des Q (...)
98L’Essai de bibliographie du comté de Comminges du docteur B. de Gorsse44 nous a fourni sept nouveaux titres, dont ceux de quatre livres religieux, à la description malheureusement incomplète : le Recueil de prières à l’usage de la Confrairie de Notre Dame des Agonisans, établie à Valentine en Comminges, non daté, le Jubilé de l’année sainte avec le mandement de Monseigneur l’Évêque de Comminges, daté de 1776, le Breve Convenarum pro anno dom. 1788, imprimés par J.-A.-H.-M.-B. Pijon, et la Relation de la translation d’une relique de Saint-Bertrand de Comminges, en 1782 éditée par Joseph Dalles.
99Dans sa bibliographie, le docteur de Gorsse mentionne également deux factums nouveaux concernant l’affaire Catherine Estinès, accusée de parricide.
- 45 JOURDANNE Gaston, Bibliographie scientifique de l’Aude, Carcassonne, Bibliothèque de la Revue méri (...)
100Gaston Jourdanne, dans sa Bibliographie scientifique de l’Aude45, cite de nombreuses impressions toulousaines que nous avions déjà répertoriées, pour la plupart, à la Bibliothèque municipale de Carcassonne, à l’exception de sept titres : un factum, une plaquette en occitan – Daphnis et Alcimaduro, pastouralo toulouzeno, qui dût connaître un vif succès car elle fut imprimée à Montpellier en 1755 et 1758, puis à Paris en 1778 et enfin à Toulouse en 1785, – et cinq ouvrages religieux : le Catéchisme à l’usage de Carcassonne, imprimé par Nicolas Caranove en 1742, le Catéchisme à l’usage de Saint-Papoul de 1777, le Paroissien de Saint-Papoul de 1778, l’Office de la quinzaine de Pasque de 1778 et l’Extrait du rituel de Saint-Papoul de 1783, tous imprimés par Joseph Dalles.
- 46 SABARTHÉS Antoine-Auguste, « Bibliographie de l’Aude », Bulletin de la Commission archéologique de (...)
101Enfin, la Bibliographie de l’Aude d’Antoine-Auguste Sabarthès46 nous a fourni quelques titres de livres déjà trouvés chez Gaston Jourdanne, et une liste de vingt-trois factums concernant des affaires audoises mais imprimés à Toulouse, comme l’Instruction sur soit-montré, pour le syndic des syndiqués habitans de la ville de Montreal, supplians. Contre l’évêque de Carcassonne, en présence des maire, consuls et communauté de la ville de Montreal, et encore du prieur et syndic du couvent des Carmes dudit Montreal. Toulouse, Robert, 1781, in-4, 16 p. Leur nombre de pages est, cependant, rarement indiqué.
- 47 HERMET André, Bibliographie de l’histoire de Toulouse. Ouvrages, brochures, et articles et autres (...)
102Pour compléter ces bibliographies de la fin du XIXe siècle ou du début du XXe siècle, nous disposons de la Bibliographie de l’histoire de Toulouse achevée par André Hermet en 1994, dans laquelle les titres de dix-huit brochures ont retenu notre attention47. Cinq d’entre elles permettent de compléter la liste des Arrêts du Parlement et des Lettres patentes du roi ; une autre concerne les Prières qu’on dira dans la Chapelle de Messieurs les Pénitens Blancs de Toulouse, pour gagner l’indulgence, imprimées par Joseph Dalles en 1779 ; deux autres sont des Mémoires ; enfin, les dernières concernent la vie culturelle à Toulouse. Les sujets en sont divers, allant du Catalogue des livres légués à la Faculté de Médecine par feu M. Jean-François de Labroquère, imprimé par Baour, aux Prix proposés par l’Académie royale de Peinture, Sculpture et Architecture de Toulouse pour l’année 1774, ou au Règlement général pour l’Ecole de Charité établie chez les Dames d’Andouin à Toulouse, publié par J.-A.-H.-M.-B. Pijon. En outre, six factums cités par André Hermet sont venus enrichir notre corpus, dont un sur l’affaire Calas : Réflexions pour les Sieurs et Demoiselle Calas par Théodore Sudre. Toulouse, J. P. Faye, [s.d.], in-12, 8 p. Il est d’autant plus intéressant que la production de J.-P. Faye est rare, et que d’autres factums sur l’affaire sont plus répandus.
e) Les impressions mentionnées dans certains ouvrages et articles
- 48 BARBOT Jules, Les chroniques de la faculté de médecine de Toulouse, du treizième au vingtième sièc (...)
103Les Chroniques de la faculté de médecine de Toulouse de Jules Barbot48 mentionnent trois ouvrages toulousains, un classique de la médecine, L’abrégé des maladies qui attaquent la substance des os de Bécane, que nous avions trouvé à la Bibliothèque municipale et à la Bibliothèque de l’Arsenal, et deux plus rares, Observations sur le virus cancéreux, Toulouse, D. Desclassan, in-16, 80 p. et L’art de guérir et la chirurgie, Toulouse, 1764, in-12, 30 p. Bien que les notices soient incomplètes, nous les avons enregistrées telles quelles.
- 49 VENTRE Madeleine, « Index des livres imprimés en Languedoc », L’imprimerie et la librairie en Lang (...)
104Nous avons aussi utilisé l’Index des livres imprimés en Languedoc inséré dans l’ouvrage de Madeleine Ventre49. Elle cite 45 impressions toulousaines publiées entre 1739 et 1788, avec le nom de l’imprimeur, la date d’impression, le nombre de volumes et le format, mais sans nombre de page. Nous connaissions déjà huit titres comme les Arrêts remarquables de Parlement de Toulouse de Catellan ou les Sermons de Barutel, et nous avons retrouvé facilement, grâce au Catalogue collectif de France, douze ouvrages cités avec leurs lieux de conservation ; parfois, un titre incomplet et une année approximative ne nous ont pas empêchée de les identifier, à l’exemple des « Causes célèbres. Toulouse, Desclassan, 1784, 3 vol., in-12 », qui sont en fait l’Abrégé des causes célèbres et intéressantes, avec les jugements qui les ont décidés par le sieur P.-F. Besdel, publié en 1785, et conservé à la Bibliothèque multimédia de Limoges et à la Bibliothèque municipale de Rennes.
- 50 Ibid., p. 285.
105Cependant, plus d’une vingtaine de titres mentionnés par Madeleine Ventre sont restés introuvables. En avertissement, elle signale que « quelques livres n’ont pu être identifiés ; nous les signalons sous le nom d’auteur et le titre qu’indiquent les papiers d’époque […] nous les désignons par un astérisque […] Pour le reste dont l’existence en tant qu’ouvrage, ni l’auteur ne sont douteux, mais dont ne pouvons affirmer que l’édition visée était réelle, nous avons rétabli ou complété, mais en italique, les descriptions bibliographiques non contrôlées du XVIIIe siècle50 ». Elle a donc pu relever des intentions d’impression qui figurent dans les registres de demandes de privilèges. Ainsi, le Petit dictionnaire (Dictionnaire français-latin enrichi des meilleures façons de parler en l’une et l’autre langue) de Pierre Danet, qui avait été imprimé à Toulouse en 1728 et en 1731 chez Gaspard Hénault, ne semble pas l’avoir été en 1743, contrairement à ce que mentionne l’Index.
106Devant ce constat, le lecteur doit rester très vigilant ; à notre tour, nous avons signalé par un astérisque les vingt titres proposés par Madeleine Ventre dont nous n’étions pas sûre. Néanmoins, les recherches informatisées pour retrouver les titres de l’Index ont amené à la découverte d’autres éditions que celles citées. Ainsi pour les Institutes de Justinien conférés avec le droit français, imprimés chez Gaspard Hénault en 1740, une édition de 1754 est conservée à Montauban, et une autre de 1758 à Rodez. Il en est de même pour d’autres ouvrages, comme les Fables de Phèdre de 1772 ou les Arrêts remarquables du Parlement de Catellan de 1756.
- 51 M. B., « Une famille d’imprimeurs toulousains [les Robert] », Cercle généalogique de Languedoc, 20 (...)
- 52 PAGE Ivan, « Claude-Gilles Lecamus et sa famille, imprimeurs du Clergé de Toulouse », Revue frança (...)
107Enfin, la découverte d’un ouvrage nouveau a pu être consécutive à certaines lectures, comme celle de l’article intitulé « Émotion : Le testament de Claude-Marie-François-Honoré Robert ouvert 200 ans après », par M. B.51, où l’auteur cite un ouvrage acheté chez un bouquiniste : « Le Vespéral pour tous les dimanches et festes de l’année, selon les nouveaux bréviaires et antiphonier d’Auch, Imprimé par ordre de Monseigneur l’illustrissime & Révérendissime Jean-François de Montillet, Archevêque d’Auch. Toulouse, Jean-François Robert, 1756 ». De même, l’article sur la famille Lecamus d’Ivan Page, qui a dressé la liste des impressions faites pour le clergé, mentionne, en 1750, Antiphonarium, seu vesperale romanum. Tolosae, sumptibus J.H. Guillemette. In-folio52.
108Les recherches dans les catalogues et les bibliographies ont fait découvrir 121 nouveaux titres : 43 livres, 40 plaquettes et 38 factums.
109Le recensement des impressions toulousaines atteignait, alors, quelque 4 850 titres, parmi lesquels figuraient de nombreux doublons. Il a fallu, dans une seconde étape, regrouper ces unités bibliographiques par grandes catégories – livres, plaquettes, placards, factums, périodiques –, puis les classer chronologiquement et rassembler, pour un même ouvrage, tous les lieux de conservation. Nous avons ainsi finalement abouti à une banque de données de presque 3700 titres, en ligne sur le site de la Médiathèque de Toulouse et de Framespa.
5- Les limites du recensement
110Notre recensement de la production imprimée à Toulouse entre 1739 et 1788 demeure forcément incomplet. Nous avons pris le parti de n’y inclure que les ouvrages dont nous détenons les preuves de leur existence matérielle, et parmi ceux-ci nous n’avons conservé que les titres portant le nom d’un imprimeur de la ville ou d’un libraire éditeur ayant très vraisemblablement recours aux services d’un imprimeur local. Finalement bon nombre d’impressions doivent être absentes, soit en fonction de nos critères, soit parce qu’elles ont matériellement disparu.
a) Des problèmes de conservation
- 53 LABARRE Albert, « Imprimerie et commerce du livre à Lille avant la Révolution », Le livre et l’his (...)
111Quelle que soit la catégorie d’imprimé, des problèmes de conservation ne doivent pas être occultés. Plus que pour les livres il existe un réel problème pour tous les « travaux de ville », pour les plaquettes, les placards et les factums. Albert Labarre résume ainsi la situation : nombre de ces impressions « n’ont pas été conservées à cause de leur caractère d’actualité, de leur volume modeste, de leur faible valeur marchande, d’un usage qui en a provoqué l’usure et le dédain dans lequel on les a tenues ensuite. En outre, ce qui subsiste est dispersé dans les fonds les plus divers et pas toujours facile à repérer53 ».
b) Des types d’impression manquants
112Grâce aux Procès verbaux de visite et états des imprimeries de 1774 à 1778 et ceux de 1783 à 1788, nous pouvons établir une liste de livres qui ont été sous presse et que nous n’avons pas retrouvés. Des impressions administratives nous échappent ainsi Sébastien Hénault imprime les Registres pour les Fermes en 1784, ceux pour la Marine en 1785. J.-A-. H.-M.-B. Pijon met sous presse les Impressions pour les Fermes Générales en 1786 en 1788, et Joseph Dalles exécute les Impressions pour le Domaine en 1784, et 1785.
- 54 VENTRE Madeleine, Ibid., p. 250.
- 55 MONAQUE Antoine, « Abécédaire », dans FOUCHÉ Pascal, PÉCHOIN Daniel, SCHUWER Philippe (dir.), Dict (...)
113De nombreux alphabets ou abécédaires in-8° sortent des presses toulousaines pour les écoles ou les familles de la région ; la vente en était assurée, mais nous n’en avons retrouvé aucun. Dès 1738, Madeleine Ventre souligne que sur les 14 imprimeurs exerçant alors à Toulouse, « trois seulement travaillent à des impressions autres que des ouvrages de ville ou des alphabets54 ». D’après nos sources, la veuve de Jean-Henri Guillemette, Sébastien Hénault, Jean-Joseph Douladoure et la veuve Douladoure en impriment. Antoine Monaque rappelle que ces publications de huit ou seize pages sont « des publications bon marché et peu soignées, souvent faites avec des caractères ayant beaucoup servis55 » souvent vendues par les colporteurs dans les campagnes.
- 56 MOMORO François, auteur du Traité élémentaire de l’imprimerie ou manuel de l’imprimerie en 1793.
- 57 AUDIN Marius, Histoire de l’imprimerie par l’image. Bibelots et bilboquets, Paris, Henri Jonquière (...)
- 58 PETIT Nicolas, L’éphémère, l’occasionnel et le non-livre..., op. cit., p. 111.
- 59 RYCHNER Jacques, « Le travail de l’atelier », Histoire de l’édition française,…, op. cit., p. 608- (...)
114Les archives conservent peu de traces de ce que Nicolas Petit nomme les « éphémères », qui ne portent jamais le nom de l’imprimeur ; Marius Audin, dans son Histoire de l’imprimerie par l’image. Bibelots et bilboquets éditée en 1929, s’est déjà penché sur ce que François Momoro56 appelait le « bilboquet » : « cette petite chose de rien » écrit Audin dans son introduction qui « regroupe tout ce qui n’est pas édition, revues, bulletins de sociétés, affiches57 ». Nicolas Petit énumère tous les éphèmères, « tous les faire-part, invitations, en-tête, factures, cartes commerciales, brefs prospectus et tarifs de commerce58 », auxquels Jacques Rychner ajoute les « étiquettes, prospectus, lettres de change ou de voiture pour les commerçants ; billets de loterie et cartes d’invitation ; papillons publicitaires pour les charlatans de passage59 ». Ces publications gratuites ne sont pas conservées dans les bibliothèques et souvent ne sont qu’objet de collections privées.
c) Des types d’impressions écartés
- 60 LABARRE Albert, « Imprimerie et commerce du livre à Lille… », op. cit., p. 656.
115Dans les chapitres suivants nous donnerons, quand cela sera possible, quelques chiffres indiquant l’importance de la production conservée. Indiquons, à titre d’exemple, le cas des factums. L’activité procédurière de nos ancêtres a entraîné l’impression d’une masse substantielle de factums judiciaires. Pour n’évoquer que les sources les plus importantes rappelons qu’il existe 27 recueils factices de factums conservés aux Archives départementales de la Haute-Garonne, série 8° 1282, et 20, série 4° 258 ; ensuite, 25 recueils dans la série LmC 10407 sont à la Bibliothèque municipale de Toulouse constituant une masse énorme de mémoires judiciaires conservés, (pour ne citer que les recueils). Cela repéré, il a fallu chercher dans cet ensemble les unités qui indiquaient le nom de l’imprimeur toulousain. Quelques sondages montrent que le pourcentage de factums avec le nom de l’imprimeur varie entre 40 et 10 % par recueil factice, ce qui limite considérablement la portée de l’étude de cette catégorie d’imprimés. Albert Labarre suggère d’identifier certains imprimeurs de factums « par la comparaison des ornements (bandeaux, lettres ornées, culs de lampes), par le sujet ou par des indications locales60 ». C’est également la démarche adoptée par Fernand Pifteau pour identifier certaines impressions. Après quelques tentatives longues, réussies mais trop peu nombreuses, nous avons dû, pour cela, renoncer à identifier les impressions « anonymes ». Néanmoins, nous postulons que les chiffres obtenus nous permettront d’avoir une idée assez exacte de la production imprimée des factums toulousains.
116De plus certains autres pans de la production toulousaine nous échappent complètement ou partiellement.
- 61 Au musée Paul Dupuy nous avons retrouvé quelques billets comme ce formulaire pré-imprimé datant de (...)
117Quelques impressions éphémères ont été retrouvés dans des liasses61, mais nous n’avions pas compris leur importance jusqu’à la lecture des Procès verbaux de visite et états des imprimeries de la province de Languedoc de 1775 à 1777. En avril 1776, avec les impressions habituelles de « mémoires, affiches, et placards pour le palais », Jean Rayet imprime des « billets de mort », J.-A.-H.-M.-B. Pijon le fait également en septembre de la même année, avec des « billets de visite sur des cartes » et la veuve Douladoure en imprime avec des « alphabets, des affiches, des placards, des planches » en novembre 1776. En mai de la même année, Rayet met sous presse des « mémoires, des généalogies, des étiquettes », tout comme Sébastien Hénault dont l’activité se réduit à l’impression d’« étiquettes, d’affiches, de listes de loteries ». Ces impressions nombreuses entre 1775 et 1777 que nous aurions de toute façon écartées puisque l’imprimeur ne les signe pas, traduisent l’anémie des ateliers d’imprimerie toulousaine, consacrée aux travaux de ville.
d) Les ouvrages portant de fausses adresses
- 62 MELLOT Jean-Dominique, « Pour une “cote” des fausses adresses au XVIIIe siècle : le témoignage des (...)
- 63 Les Bibliothèques municipales de Limoges, Grenoble, Toulouse, la Médiathèque de Rodez et la BUT1.
118Des impressions toulousaines ont pu se cacher sous de fausses adresses. Nous n’étions pas censée les répertorier puisqu’elles indiquent, soit des adresses étrangères, comme Amsterdam ou Londres, soit des adresses françaises, parisiennes en grande majorité, soit des localités fantaisistes62. Néanmoins, notre attention a été attirée par le Traité des peines des secondes noces dont l’auteur, Louis Astruc, était professeur de droit français à l’université de Toulouse. Cet ouvrage imprimé en 1750 porte une adresse curieuse : « A Galembrun, Chez Henry VVaugeth ». D’après le Catalogue collectif de France, cinq bibliothèques conservent un exemplaire de cette édition63 ; il y a en eu une autre en 1752, aussi largement diffusée. Puisque le tirage semble avoir été important et connu de tous, pourquoi avoir donné l’adresse d’un hameau du village de Launac, Galembrun, près de Grenade, où il n’y avait jamais eu d’imprimeur ? Estce en raison de la consonance du nom pour intriguer ou attirer le lecteur ?
- 64 MELLOT Jean-Dominique, « Pour une " cote" des fausses adresses… », op. cit., p. 326-327.
119Un article de Jean-Dominique Mellot nous éclaire, rappelant que l’on publiait sous de fausses adresses les livres autorisés par permission tacite. Dans les premiers temps, d’ailleurs, elles protégeaient le gouvernement des reproches de laxisme. Puis elles firent naître une véritable publicité autour de l’ouvrage et aidèrent à forger des succès littéraires64. Aucun privilège, aucune indication sur l’achèvement de l’impression ne figure dans le Traité des peines des secondes noces. Reçut-il une permission tacite comme le suggère Jean-Dominique Mellot ? En absence de vérification dans le registre des permissions tacites, nous ne pouvons que le supputer. Des notes manuscrites de Pifteau, conservées dans l’édition de 1750 de la BUT1, indiquent qu’il s’agirait, en raison de la ressemblance des ornementations typographiques, d’une impression de l’imprimeur toulousain Hénault ; mais nous ne pouvons l’affirmer.
120Sans fausse adresse, le Traité des peines de secondes noces fut réédité en 1774, à Toulouse, par les Libraires associés. Un an plus tard, une nouvelle édition eut lieu par la Société typographique de Lausanne. Cet exemple nous interpelle ; combien y eut-il de livres imprimés à Toulouse portant de fausses adresses ?
e) Les ouvrages clandestins ou contrefaits
- 65 État des villes où il y a des inspecteurs de la librairie et celles où il serait nécessaire d’en é (...)
- 66 VARRY Dominique, « Les gens du livre à Lyon au XVIIIe siècle : quand de “loyaux sujets” sont aussi (...)
- 67 Voir chapitre 2.
121Bien qu’un État des villes de 1768 affirme qu’à Toulouse « on […] imprime des libelles et des contrefaçons65 », nous n’avons trouvé de traces ni d’auteurs de libelles interdits, ni de contrefacteurs66. Seules les saisies de livres par la Chambre syndicale ont permis de savoir que des livres contrefaits circulaient dans la ville. Par exemple, en 1781 et 1782, elle saisit au domicile de Jeanne Cassé des ouvrages déposés par un certain Toulan qui comprenait plusieurs ballots de livres anglais, des livres contrefaits ou prohibés venus d’ailleurs. À l’embouchure du canal en mai 1787, la Chambre syndicale saisit sur un bateau deux balles de livres prohibés destinés à des libraires d’Avignon ou de Genève67.
- 68 MARTIN Henri-Jean, « La librairie française en 1777-1778 », Dix-huitième siècle, 1979, no 11, p. 9 (...)
- 69 VARRY Dominique, « Les gens du livre à Lyon au XVIIIe siècle… », op. cit., p. 236.
- 70 MARTIN Henri-Jean, « La librairie française… », op. cit., p. 98.
122Henri-Jean Martin explique leur multiplication dans les provinces par la nécessité de faire face à la primauté de l’édition parisienne, et ce avec la complicité de quelques autorités locales. « En fait, travaillant à moindre prix, [les provinciaux] prennent le relais de Paris dont ils diffusent les nouveautés à l’adresse d’un public moins fortuné68 ». Ce n’était pas un phénomène nouveau, car la contrefaçon a été largement pratiquée à Lyon au XVIIe siècle, comme l’a montré Dominique Varry69, et à Rouen où « la tradition des impressions clandestines est puissante70 ».
- 71 CORSINI Silvio, « La contrefaçon du livre sous l’Ancien Régime », dans Les Presses grises, Paris, (...)
- 72 Lettre de l’intendant du 14 novembre 1772, ADHG, 1C 146 (39).
123Les contrefaçons sont difficiles à déceler. Silvio Corsini explique que les critères qualitatifs généralement invoqués,– impression peu soignée, papier médiocre, – ne sont pas déterminants ; de plus, la présence d’une même raison sociale sur les impressions différentes d’un même texte n’est pas concluante ; à l’aide d’exemples précis, il montre combien il est difficile de se prononcer en l’absence de documents d’appoint – correspondances, gazettes contemporaine –, car « l’imitation poussée d’un modèle peut aller jusqu’à un vrai calque de sa typographie, ornementation comprise71 ». En conséquence, peut-être avons-nous eu en main des ouvrages contrefaits sans en avoir conscience. En 1772, une lettre de l’intendant demande une vigilance accrue à l’égard des pièces de théâtre, car « l’usage s’est introduit parmi les imprimeurs de province, d’imprimer sans permission et sans distinction toute espèce de pièces de théâtre, les nouvelles appartiennent incontestablement aux autheurs ou aux libraires de Paris et les réimpressions de provinces sont de véritables contrefaçons72 ».
- 73 VENTRE Madeleine, L’imprimerie et la librairie en Languedoc..., op. cit., p. 264.
- 74 DARNTON Robert, Édition et sédition …, op. cit., p. 50. Toulouse apparaît toujours comme « le cent (...)
- 75 DARNTON Robert, « Le livre français au XVIIIe siècle », Annales ESC, mai-juin 1973, p. 739.
124Outre ces livres contrefaits, nous avons déjà évoqué la circulation abondante de livres clandestins, imprimés hors de la province73, traqués par l’inspecteur de la Librairie et la chambre syndicale. Ils sont difficiles à quantifier et à nommer ; les travaux de Robert Darnton indiquent qu’à Toulouse, à la fin du XVIIIe siècle, des ouvrages réformés continuent à circuler74. Nous ne savons pas grand chose sur la possible impression ou diffusion à Toulouse d’ouvrages galants, « philosophiques », ou politiques. Toutefois, à partir de la correspondance de la Société typographique de Neufchâtel, Robert Darnton classe Michel Sens, parmi « les libraires spécialisés dans le genre “philosophique” et habitant les grands centres75 ».
125Notre corpus d’environ 3 700 titres, réalisé, à de rares exceptions, uniquement à partir des impressions conservées, n’est pas exhaustif de tout ce qui a été édité ou à circulé à Toulouse, mais en dépit de ces limites il permet, croyons-nous, une analyse quantitative de la production toulousaine et une approche fiable de l’activité des imprimeurs-libraires de la ville.
III- Étude de la production globale recensée
126Nous procèderons d’abord à une étude globale des unités bibliographiques, c’est-àdire que nous additionnerons, sans distinction, les livres, les plaquettes, les placards, les périodiques et les factums recensés. Cela nous permettra de dégager les grandes tendances de l’édition toulousaine. Précisons, cependant, que 658 impressions sans date (17,80 % du total) ont été écartées des histogrammes pour en faciliter la lecture.
127Quelle fut donc l’évolution de la production imprimée à Toulouse au XVIIIe siècle, après la réduction du nombre des ateliers décrété par la monarchie en 1739 ?
1- La production globale en nombre de titres
128La production en titres ou unités bibliographiques est la base de notre étude globale et de celle des différentes catégories d’imprimés. En effet, elle donne une vision d’ensemble du volume de la production conservée et permettra l’analyse de l’évolution des différentes catégories d’imprimés que nous présenterons dans les chapitres suivants. Enfin, cette production par titres facilite les comparaisons avec la production d’autres villes.
a) Remarques préliminaires
129Cette étude implique le comptage annuel des titres, qui présente parfois des difficultés. Rappelons les règles que nous nous sommes fixées. Le titre compte pour une seule unité bibliographique, même si l’ouvrage comprend plusieurs tomes ; ainsi, le Dictionnaire historique, critique, chronologique, géographique et littéral de la Bible du père Dom Calmet, publié en 1783 en dix tomes, ne représente, dans notre étude statistique, qu’un titre. Cependant, pour simplifier les calculs, nous avons choisi de comptabiliser un titre par année, si la parution des tomes s’étale sur plusieurs années. Les sept tomes du Recueil des édits déclarations et ordonnances du roi ont été imprimés par J.-A.-H.-M.-B. Pijon entre 1782 et 1785. En 1782, à la parution du premier tome, une unité bibliographique a été recensée ; en 1783, année de la publication des tomes deux, trois, quatre et cinq, une autre unité bibliographique ; puis, en 1784 et 1785, deux autres, soit quatre unités pour sept volumes publiés.
130Parfois, allant à l’encontre des catalogages des bibliothèques, nous avons considéré qu’il y avait plusieurs titres pour un ouvrage. Par exemple l’Explication de l’ordonnance de Louis XIV de François Boutaric, publiée en 1743, se présente sous la forme de deux volumes qui regroupent, en fait, trois titres différents : l’Explication de l’ordonnance de Louis XIV sur les matières criminelles ; sur les matières civiles ; concernant le commerce, (l’absence de privilège n’a pas permis de connaître le libellé exact de l’ouvrage) ; nous avons considéré qu’il s’agissait de trois unités bibliogra
b) L’évolution du nombre des titres
- 76 MARTIN Henri-Jean, « Une croissance séculaire », Histoire de l’édition française..., op. cit., p. (...)
- 77 MARTIN Henri-Jean, « La librairie française en 1777-1778 », Le livre français sous l’Ancien Régime (...)
131Henri-Jean Martin décrit la « croissance séculaire » de la production imprimée, au cours du XVIIIe siècle, à partir de trois courbes de nature différente. Il compare les courbes des demandes de privilèges, étudiées d’abord par François Furet, avec celles des enregistrements au Dépôt légal, connues depuis les travaux de Robert Estivals, et avec celles de la production recensée en titres obtenues à partir de la France littéraire, ou dictionnaire bibliographique des savants, historiens et gens de lettres de la France de Joseph-Marie Quérard. Les trois courbes témoignent d’une « croissance relativement constante de 1720 à 177076 » dans le royaume, suivie d’une certaine stagnation des permissions et des privilèges après 1777, et d’une croissance un peu plus lente de la production conservée. Cette progression générale du livre dans la seconde moitié du siècle n’est pas spécifique au royaume de France ; elle est, entre autres confirmée par les chiffres anglais ou allemands77.
- 78 QUÉNIART Jean, « L’anémie provinciale », Histoire de l’édition française..., op. cit., p. 358.
132On peut s’interroger pour savoir si la production provinciale connaît une évolution semblable à celle de la production parisienne, ou s’il existe un décalage entre celle-ci et la production provinciale qui, selon Jean Quéniart, serait touchée par une certaine « anémie78 ». Qu’en est-il à Toulouse ?
- 79 Elle est multipliée par 2,87 entre 1739 et 1788.
- 80 QUÉNIART Jean, L’imprimerie et la librairie..., op. cit., p. 115.
133La production annuelle en titres conservés connaît une progression très inégale entre 1739 et 1788. La comparaison des chiffres montre que, malgré des irrégularités, elle triple presque en cinquante ans79, démarrant avec trente-deux titres imprimés en 1739 pour atteindre quatre-vingt-douze en 1787. Cependant, la courbe étant très irrégulière – des pics de production apparaissent en 1745, 1754, 1764, 1774 et en 1779, ainsi que des années de forte diminution comme en 1746, 1758, 1773, 1777 –, la détermination de grandes phases est, de ce fait, difficile à établir. Il semble pourtant qu’on assiste à une lente croissance de la production jusqu’en 1773, suivie d’un décollage à partir de 1774. Jean Quéniart souligne, à propos de ces variations annuelles, « qu’une analyse de l’évolution de la production, année par année, serait fallacieuse ; un décrochement de la courbe, dans un sens ou dans l’autre, n’a souvent d’autre signification que les limites de la méthode employée ; c’est la répétition, qui transforme l’accident en début d’une phase qu’il faut souligner80 ». Aussi, pour mettre en évidence les phases de la croissance, à l’instar de Quéniart, avons-nous établi des moyennes décennales.
Décennies |
Moyennes du nombre des titres |
Variations entre deux décennies |
1739-48 |
36,9 |
|
1749-58 |
45,6 |
+ 23,5 % |
1759-68 |
56,8 |
+ 24,5 % |
1769-78 |
66,4 |
+ 17 % |
1779-88 |
98,2 |
+ 47,8 % |
Tableau 16. Variations de la croissance du nombre moyen de titres par décennie, 1739-1788.
- 81 MARTIN Henri-Jean, « Une croissance séculaire », Histoire de l’édition française..., op. cit., p. (...)
134Les moyennes par nombre de titres mettent en évidence la croissance globale de la production tout au long de la période et font apparaître deux grandes phases : quarante années de progression lente, autour de 20 %, de 1739 à 1778, suivies d’une décennie en forte progression, autour de 47 %, de 1779 à 1788. Un léger fléchissement du rythme de croissance s’observe de 1769 à 1778, avec un taux plus faible de 17 %, difficile à expliquer avec ces calculs décennaux. Aussi, à l’exemple de d’Henri-Jean Martin étudiant la production imprimée française de 1720 à 1789 et travaillant sur la répartition des titres des différentes catégories d’ouvrages de cinq ans en cinq ans, avons-nous tenté d’affiner notre lecture de l’évolution de la production totale recensée81.
Années |
Production moyenne de titres |
Variations entre quinquenniums |
1739-1743 |
34,6 |
|
1744-1748 |
38,7 |
+ 4,15 % |
1749-1753 |
45,4 |
+ 6,65 % |
1754-1758 |
45,8 |
+ 0,8 % |
1759-1763 |
52,2 |
+ 13,9 % |
1764-1768 |
61,4 |
+ 17,6 % |
1769-1773 |
52,2 |
-14,9 % |
1774-1778 |
89,6 |
+ 54,4 % |
1779-1783 |
96 |
+ 19,1 % |
1784-1788 |
100,4 |
+ 4,5 % |
Tableau 17. Variations la production totale des titres, par quinquennium 1739-1788.
135Le calcul par tranches quinquennales souligne la croissance progressive et modérée de la production totale conservée entre 1739 et 1773, avec un ralentissement sensible de 1769 à 1773 (-14,9 %). La plus forte augmentation, de 54,4 %, se situe de 1774 à 1778, ensuite la croissance redevient modérée voire nulle.
136Une diminution nette de la production s’observe à Toulouse entre 1769 et 1773, les moyennes en titres décroissent de 61,4 en 1764-1768 à 52,2 en 1769-1774. Un évènement local semble l’expliquer : l’arrivée en 1768 du premier inspecteur de la librairie, Raynal, qui cumulait cette fonction avec celles de subdélégué. Il était chargé de surveiller la circulation des imprimés et de débusquer les contrefaçons, et les imprimeurs, inquiets, ont multiplié les demandes de privilèges, pour démontrer leur respect de la législation, comme nous l’avons vu au chapitre second. En présence d’un inspecteur de la Librairie, ils ont sans doute préféré ne pas faire paraître les impressions sans privilège.
- 82 CHARTIER Roger, « Lecture », dans Lucien BÉLY (dir.), Dictionnaire de l’Ancien Régime..., op. cit. (...)
137De 1774 à 1788, le graphique 11 indique une hausse constante de la production en titres : sur les trois quinquenniums, on relève une moyenne de 80,6 titres en 1774-1778, de 96 en 1779-1783, et enfin de 100,4 en 1784-1788. Roger Chartier explique cette croissance par des « mutations objectives » qui transforment la production imprimée à partir de 1750, et amènent à « une des révolutions de la lecture ». Il cite « la croissance de la production du livre, la multiplication des journaux, le triomphe des petits formats, la contrefaçon qui abaisse le prix de certains ouvrages, la démultiplication de la possibilité de lire sans acheter grâce aux cabinets et aux sociétés de lecture82 ». Autant d’éléments qui seront vérifiables dans les chapitres suivants lorsque nous étudierons chaque catégorie d’imprimés.
- 83 FURET François, « La Librairie du Royaume de France... », op. cit., p. 8.
- 84 MARTIN Henri-Jean, « La librairie française en 1777-1778 », L’année 1778, Dix-huitième siècle, 197 (...)
138Cependant la croissance de la production n’est pas constante de 1774 à 1788. Les années 1778 et 1779 connaissent un pic de production avec, respectivement, 90 et 107 titres, ce qui semble être la conséquence des arrêts de 1777, au moment même où la librairie parisienne connaît un fléchissement des demandes de privilèges83 ainsi que des impressions84.
- 85 Nombre de presses en Annexe 15.
139L’observation des variations moyennes quinquennales en titres montre un fort accroissement de la production moyenne après une période de diminution. Il s’élève à 54,4 % entre 1769-1773 et 1774-1778 (la production moyenne passe de 52,2 titres à 80,6) ; il n’est plus que de 19,1 % entre 1774-1778 et 1779-1783 (on atteint cependant un chiffre moyen de 96 titres et nous avons constaté, au chapitre quatre, une augmentation du nombre moyen de presses par imprimeur, entre 1775 et 1783, de 3,5 à 4) ; en revanche, l’accroissement n’est plus que de 4,5 % entre les années 1779-1783 et 1784-1788, traduisant un certain essoufflement de la production que nous avions déjà observé avec la diminution du nombre de presses roulantes85.
- 86 BARBIER Frédéric, Lumières du Nord…, op. cit., p. 153.
140Ainsi, en titres, la production imprimée conservée à Toulouse croît durant les cinquante années étudiées, mais nous verrons qu’elle est inégale selon les types d’imprimés. De 1739 à 1773 cette croissance est irrégulière et modérée ; le décollage de la production s’opère à partir de 1774, avec un léger fléchissement en 1776 et 1777. Si les arrêts de 1777 stimulent la production imprimée, ils ne sont donc pas à l’origine de l’essor de la production toulousaine. Pour reprendre à notre compte la phrase de Frédéric Barbier, « les arrêts de 1777 semblent entériner une situation acquise plutôt que la fonder86 ». La croissance est inégale entre les types d’imprimés. C’est ce que verrons ultérieurement.
c) Comparaisons avec d’autres centres d’impression
- 87 VENTRE Madeleine, L’imprimerie et la librairie en Languedoc..., op. cit., p. 259.
- 88 Ibid., p. 257.
141La situation toulousaine est-elle originale en province ? Madeleine Ventre a montré que Toulouse était le centre de production languedocien le plus important avec ses dix imprimeries, mais que, dans le dernier tiers du XVIIIe siècle, trois autres villes ont connu un essor marqué : Montpellier, Pézenas et, sur une courte période, Carcassonne87. La première possédait deux imprimeries, les deux autres une seule. L’imprimerie carcassonnaise, « qui avait végété pendant plus de la moitié du siècle, peut-être parce que la concurrence de Béziers se fait moins dure, semble se réveiller brusquement vers 177488 », comme nous l’avons constaté pour Toulouse. Celle de Pézenas se développa dans les années 1770 ; on y publiait même des œuvres d’auteurs toulousains, comme le Traité des peines des secondes noces du professeur de droit français Astruc en 1775.
142Dans le royaume, d’autres centres d’impression provinciaux, comme Limoges ou Arras, ont vu leur production augmenter dans les années 1770.
- 89 BOUTIER Jean, « Livres et imprimés en Limousin au XVIIIe siècle… », op. cit., p. 26-27.
143Limoges après avoir connu un premier apogée dans les années 1730, a sombré dans une profonde récession entre les années 1740-1770. Puis, après 1770, la production de ses cinq imprimeries progressa de façon spectaculaire, passant de dixhuit à soixante-dix titres89.
- 90 BARBIER Frédéric, Lumières du Nord…, op. cit., p. 152.
144Arras n’avait que deux imprimeries. La production imprimée y est restée à un niveau très bas pendant la première moitié du siècle, avec moins de dix titres par an, puis elle a décollé à partir de 1755, avant son apogée entre 1770 et 1777 avec soixante-dix titres ; à la veille de la Révolution elle se stabilisa autour de vingt-cinq titres90. Ces deux villes provinciales ont une production qui décolle dans les années 1770 comme en Languedoc ; cependant, la croissance y est spectaculaire et brutale, ce qui est bien éloigné des courbes toulousaines.
- 91 BARBIER Frédéric, « Le pouvoir, la géographie du livre en France au XVIIIe siècle », dans LIVET Ge (...)
- 92 BARBIER Frédéric, « L’imprimerie strasbourgeoise au siècle des Lumières (1681-1789), Revue d’histo (...)
- 93 BARBIER Frédéric, Trois cents ans de librairie..., op. cit., p. 151.
145La plupart des études bibliographiques régionales montrent, selon Frédéric Barbier, « un développement du nombre de titres édités dans les grands centres provinciaux au cours des dernières années d’Ancien Régime, c’est la cas à Strasbourg, à Bordeaux, Rouen et Lille91 ». Strasbourg est un cas particulier, puisque la ville a été annexée par la France en 168192. Après une longue phase de régression, le décollage de la production s’y opère dans les années 1760 et dure jusqu’en 1785 au moins93 ; il est donc antérieur à celui de Toulouse.
- 94 QUÉNIART Jean, L’imprimerie et la librairie..., op. cit., p. 118 à 124.
- 95 Ibid., p. 123.
146Comparable à celle de Toulouse par le nombre d’imprimeurs, l’imprimerie rouennaise voit également sa production décoller dans les années 1760, après une période de crise ; bien qu’augmentant irrégulièrement, elle est multipliée par 2,5 entre 1760 et 178994 ; elle connaît une brusque croissance, en 1778 et 1779, qui « semble résulter des dispositions de l’arrêt 1777 sur les privilèges95 ».
- 96 BARBIER Frédéric, « Le pouvoir, la géographie du livre… », op. cit., p. 256 et fig. 4.
147De même, d’après la bibliographie de Louis Desgraves, l’imprimerie bordelaise connaît une évolution comparable avec un décollage légèrement antérieur, vers 175596.
- 97 Ibid., p. 256.
- 98 FURET François, « La librairie du royaume de France… », op. cit., p. 8.
- 99 MARTIN Henri-Jean, « La librairie française… », Dix-huitième..., op. cit., p. 92.
148La comparaison de la croissance de la production imprimée toulousaine avec celle d’autres centres provinciaux permet de constater un décollage général entre 1755 et 1774 – sans pouvoir en déterminer de règles précises – qui se poursuit jusqu’en 1789. « Nous assistons ainsi à la matérialisation d’une conjoncture nouvelle, d’un rapport culturel différent entre Paris et la province97 » écrit Frédéric Barbier, qui se traduit par une baisse des demandes de privilèges à Paris98 et un rythme moins soutenu de la croissance de la production à partir de 177799.
- 100 BUIGUIÈS Jean-Marc, « L’édition à Pampelune au XVIIIe siècle : rythme, imprimeurs, formats, langue (...)
149Ce phénomène provincial s’observe même au-delà des Pyrénées, chez nos voisins espagnols100. Cependant le rythme de croissance est spécifique à chaque ville et dépend du contexte local et de la législation du royaume.
150L’unité bibliographique a jusqu’ici été notre objet d’étude. Il est souhaitable à présent d’examiner les impressions toulousaines d’un point de vue plus matériel, et de déterminer leur importance en fonction du nombre de pages et du format de chaque ouvrage.
2- La production globale en nombre de pages
151L’étude de la production globale en pages vient compléter la précédente dans la mesure où elle introduit un élément matériel complémentaire qui permettra d’affiner l’étude de l’évolution annuelle du nombre de titres.
a) Remarques préliminaires
152Recensant la production conservée, nous n’avons pas forcément retrouvé tous les volumes d’un même ouvrage, ce qui relativise les calculs. Ainsi, en 1774, sur les quatre tomes du Breviarium Electense de l’évêque Charles de la Cropte de Chanterac, deux seulement ont été conservés, soit 1 696 pages que nous avons enregistrées tout en sachant qu’il manque un nombre de pages vraisemblablement comparable.
153Quelques ouvrages dont l’existence est attestée, en restauration ou manquants dans les bibliothèques, ont été recensés sans que nous puissions connaître leur nombre de pages. Par exemple, Les institutes de l’empereur Justinien de François Boutaric, imprimés à Toulouse chez Gaspard Hénault en 1757, catalogués à la Bibliothèque de l’Institut catholique et à la Bibliothèque municipale de Toulouse, n’ont pu être consultés.
154D’autre part, les impressions mentionnées dans les Affiches de Toulouse ne comportent aucune indication sur le format et le nombre de pages. Il en va de même dans la plupart des bibliographies, qui n’indiquent pas le nombre de pages des livres ou des plaquettes. Ces ouvrages cités, que nous avons comptabilisés, figurent comme unités bibliographiques. Il en est de même pour les factums cités par Augustin Corda ou par Antoine-Auguste Sabarthès. Cependant, ces impressions enregistrées au nombre de pages inconnu ne représentent que cent seize unités bibliographiques, soit 3 % du total.
155Par ailleurs, le reproche d’additionner les pages, quel que soit leur format, pourrait nous être fait ; des pages de format in-8°, in-2 ou in-32 sont, il est vrai, de dimensions inégales et le travail de mise en page est différent.
156Malgré ces limites, l’analyse globale de la production par nombre de pages donne, pensons-nous, un aperçu de l’évolution réelle des impressions.
b) Analyse de la production en nombre de pages
157L’observation du graphique de la production totale en nombre de pages, de 1739 à 1788, montre une grande irrégularité. Les données numériques varient de 1 629 pages en 1739 à 14 717 pages en 1788, ce qui représente une multiplication de la production par neuf.
158De 1739 à 1769, on n’observe que deux pics de production en 1743 et en 1762 ; ensuite, de 1770 à 1788, six pics se remarquent en 1770, 1774, 1779, 1782, 1783 et 1788. Ces pics résultent, en partie, de la parution d’ouvrages en plusieurs volumes. Par exemple, en 1743, Antoine Rellier imprima le Caractère du chrétien, renfermé dans le Saint Évangile du R.P. Gabriel Martel, en six volumes, ce qui représentait 2 701 pages, soit plus de 33,6 % de la production en pages de l’année. En 1779, deux libraires, le toulousain Noël-Etienne Sens et les nîmois « Gaude père, fils et compagnie » s’associent pour faire imprimer La Sainte Bible avec les commentaires de Dom Calmet, en 17 volumes, soit près de 15 000 pages avec les planches, ce qui correspond aux trois quarts du total des pages de l’année. En 1788, le pic s’explique en partie par la parution de la Sainte Bible en latin et en français, du R. P. de Carrières, imprimée par Noël-Étienne Sens, en dix volumes, représentant 5 461 pages, soit 36 % du total.
159Face à cette irrégularité du nombre annuel de pages, le calcul des moyennes quinquennales aide à mieux saisir les évolutions.
160Le graphique fait apparaître une évolution plus irrégulière avec une stagnation relative du nombre de pages de 1739 à 1758 et de 1764 à 1768, autour de 3 000 pages, et deux périodes de forte progression, de 1759 à 1763 et de 1769 à 1788, qui confirment la croissance du nombre de titres.
Années |
Nombre de pages |
Variations entre quinqueniums |
1739-1743 |
3387 |
|
1744-1748 |
3542 |
+ 4,5 % |
1749-1753 |
2540 |
-28,2 % |
1754-1758 |
3121 |
+ 22,8 % |
1759-1763 |
5389 |
+ 72,6 % |
1764-1768 |
3378 |
-37,5 % |
1769-1773 |
5042 |
+ 49,2 % |
1774-1778 |
7243 |
+ 43,6 % |
1779-1783 |
11679 |
+ 61,2 % |
1784-1788 |
9798 |
-16,1 % |
Tableau 18. Variations de la production en pages par quinquennium, 1739-1788.
- 101 BARBIER Frédéric, Trois cents ans de librairie..., op. cit., p. 147.
161Nous avons ensuite considéré la « grosseur » des ouvrages en utilisant les seuils, quelque peu arbitraires, proposés par Frédéric Barbier101 ; nous avons classé les impressions toulousaines, même celles « sans date », selon leur nombre de pages connu.
Nombre de pages |
Nombre de titres |
% de production totale |
1-47 |
2 779 |
77,1 % |
48-99 |
344 |
9,5 % |
100-299 |
215 |
6 % |
300-499 |
132 |
3,66 % |
≥ 500 |
134 |
3,67 % |
Tableau 19. Répartition des titres selon le nombre de pages, 1739-1788.
- 102 CHARTIER Roger, « La circulation de l’écrit dans les villes françaises, 1500-1700 », Livre et lect (...)
- 103 CHARTIER Roger, « L’imprimerie en France… », Revue française d’histoire du livre…, op. cit., p. 26 (...)
16255 % des titres recensés sont des plaquettes, des placards ou des périodiques, de moins de 48 pages. 30 % sont des factums. Ce constat n’a rien de surprenant puisque, dans les villes de province, « l’essentiel de l’activité des ateliers était consacré, non à la production de livres, mais aux travaux de ville102 ». Roger Chartier précise dans un autre article que « l’imprimeur de province travaille essentiellement, voire exclusivement, pour les administrations locales, les autorités religieuses, les institutions scolaires ou les particuliers103 ».
163Il est intéressant de déterminer comment se répartissaient les 22,3 % d’impressions de plus de 48 pages. Les 344 impressions de moins de 100 pages sont les plus nombreuses mais elles ne représentent que 9,5 % de l’ensemble. Quant aux 266 impressions qui ont plus de 300 pages elles ne concernent que 7,3 % du corpus ; dans le prochain chapitre nous verrons que ces impressions volumineuses sont composées par une écrasante majorité de livres.
164L’étude de la production imprimée selon le nombre de pages a donc permis de confirmer la croissance de l’imprimé de 1739 à 1788, déjà constatée à travers l’évolution de la production en nombre de titres.
3- La production globale par format
- 104 MARTIN Henri-Jean, « Une croissance séculaire », Histoire de l’édition..., op. cit., p. 113.
165L’étude des formats est un autre élément de l’étude matérielle des impressions. Elle permet d’affiner la connaissance globale de la production imprimée et de corriger un tant soit peu l’aveuglement que dénonçait Henri-Jean Martin au sujet de l’étude de la production parisienne, au XVIIe siècle : « Peut-on compter honnêtement comme une même unité un lourd in-folio et un mince in-12104 » ? Cette étude aide donc à établir une typologie de cette production.
a) L’identification des formats
- 105 MORTET Charles, Le format des livres, notions pratiques suivies de recherches historiques, Paris, (...)
166L’identification du format d’un ouvrage n’est pas toujours aisée pour le néophyte. Si la dimension d’un livre, suivant la qualité du papier employé, est un bon indice pour les livres modernes105, ce n’est pas toujours pertinent pour l’étude des productions anciennes.
- 106 VEYRIN-FORRER Jeanne, « Fabriquer un livre au XVIe siècle », Histoire de l’édition française…, op. (...)
167Identifier le format d’un ouvrage ancien nécessite d’abord de déterminer la direction des pontuseaux, c’est-à-dire des marques laissées en filigrane par l’armature de fils de laiton servant à la fabrication du papier. Puis de compter le nombre de feuillets par cahier et, éventuellement, de chercher l’emplacement du filigrane de l’imprimeur. À l’article de Jeanne Veyrin-Forrer, « Fabriquer un livre au XVIe siècle », qui présente les différents pliages réalisés pour obtenir chaque format106 nous avons préféré présenter un document de travail : le Mode de détermination du format des livres anciens qui nous a été aimablement communiqué par le Service du livre ancien de la Bibliothèque de l’Arsenal. Il prend en compte les trois critères retenus pour identifier un format ancien : direction des pontuseaux, composition des cahiers et emplacement des filigranes. Il nous fut extrêmement précieux tout au long de notre recherche.
Formats |
Direction des pontuseaux |
Composition des cahiers |
Nombre de feuilles par cahier |
Emplacement des filigranes |
In-folio |
Verticaux |
- 1 feuille pliée une fois |
2 |
Au milieu de la feuille |
- 2 feuilles pliées une |
4 |
|||
- 3 feuilles… |
8 |
|||
- 4 feuilles… |
||||
- 5 feuilles… |
10 |
|||
In-4° |
Horizontaux |
- 1 feuille pliée deux fois |
4 |
Au milieu, à gauche de la feuille |
- 1 feuille pliée deux fois ; demi-feuille pliée une fois et encartée |
8 |
|||
- 2 feuilles pliées deux fois et encartées |
||||
In-8° |
Verticaux |
- 1 feuille pliée en trois |
8 |
En haut, à gauche de la feuille. |
In-12 |
Horizontaux |
- feuilleton encarté : deux-tiers de feuille plié trois fois et un tiers de feuille plié deux fois. |
12 |
À droite, un tiers de la feuille vers le haut. |
- feuilleton en |
8 |
|||
In-16 |
Horizontaux |
deux demi-feuilles chacune pliée trois fois |
8+8 |
En haut, à droite de la feuille. |
Tableau 20. Mode de détermination du format des livres anciens.
- 107 Format in-folio : http://www.cavi.univ-paris3.fr/phalese/desslate/dico0584.htm
168L’identification des formats des ouvrages anciens est donc, comme nous le lisons sur ce tableau, relativement complexe, d’autant que les feuilles de papier sur lesquelles on imprime ne sont pas toujours de la même dimension, en fonction à la fois des fabricants de papier mais aussi des noms de format de papier différents. Ainsi le format couronne correspond à une feuille de 37 cm x 47 cm, le format carré à une feuille de 45 x 56 cm, le format raisin a une feuille de 50 x 65 cm et le format jésus a une feuille de 56 x 76 cm107. Il est donc impossible de se fier aux dimensions.
169Comme pour l’étude de l’évolution du nombre de pages, les différents formats ont été comptabilisés chaque année. Les unités bibliographiques pour lesquelles nous n’avions pas d’informations sur le format, au moment de la clôture du recensement, ont été bien évidemment écartées du comptage, de même que les placards.
170Huit livres sans format connu n’ont pas été pris en compte, soit parce que la taille était indiquée en centimètres, soit parce qu’ils étaient en restauration et que nous n’avons pas pu les consulter. Tous les ouvrages n’étant pas recensés sur le Catalogue collectif de France, les vérifications sont parfois difficiles à mener.
171Trente et une plaquettes ont été écartées, la plupart étant citées, sans leur format, dans des catalogues comme celui de Léon Gaudin ou du docteur de Gorsse.
172Quant aux factums, 149 n’ont pas, en l’état du recensement, d’indication de format ; certains ont été relevés dans des bibliographies comme dans la Bibliographie de l’Aude d’Antoine-Auguste Sabarthès ; d’autres, sur des fichiers papiers aux Archives départementales de l’Hérault, et une trentaine proviennent de listes fournies par la Société des Lettres de l’Aveyron à Rodez (2,7 %). Cependant, sur 1 081 factums recensés, ils ne représentent que 13,7 % du total.
b) Analyse de la production globale par format
173Le graphique ci-dessous montre l’évolution de la production par format de 1739 à 1788. Dans le graphique ci-après, nous n’avons pas établi une courbe des petits formats (in-16, in-18, in-24, in-32), qui sont peu nombreux et surtout, créant une courbe supplémentaire, auraient nui à la lisibilité de l’ensemble.
174Le format in-quarto est le plus utilisé dans les productions toulousaines ; présent dans 54,8 % des cas, en ce qui concerne la production datée, et 48,3 % de la production totale, il domine toute la production imprimée. La courbe passe d’un nombre moyen annuel de 18,6 titres, de 1739 à 1758, à 34 titres de 1761 à 1788. Durant la première période, seule l’année 1745 marque un pic remarquable, avec quarante-deux impressions in-quarto. C’est l’année de publication d’importants livres de droit, comme l’Explication de l’ordonnance de Blois par Boutaric, le Traité des droits féodaux, ou encore Les Arrests notables du Parlement de Toulouse par La Roche Flavin. Brusquement, de 1761 à 1788, la production moyenne en in-quarto double, même si la progression n’est pas constante. Elle décolle de 1761 à 1766, puis connaît des pics en 1772, en 1777 et 1778 et enfin en 1783. Des changements dans la production s’opèrent.
175De 1761 à 1766, sur les 191 unités bibliographiques in-quarto, seuls douze livres ont été relevés ; le décollage de la production in-quarto s’explique en fait par la publication de nombreuses plaquettes, qui représentent 66,5 % du total de ces impressions. Ce phénomène se confirme par la suite. En 1777 et 1778, les publications in-quarto, comme toutes les publications provinciales, sont stimulées par les nouvelles mesures règlementaires. Progressivement, la production in-quarto se diversifie. À côté de livres et de plaquettes, on remarque une part importante de factums, qui atteint plus de 38 % du total des in-quarto en 1783. On assiste donc à une progression de l’utilisation des formats in-quarto au cours du siècle, et à une redistribution de son usage. Si les livres de ce format occupent une place importante dans les années 1740, ils cèdent le pas à la production de plaquettes dès le début des années 1760. À la veille de la Révolution, leur importance s’explique par le développement des factums.
176Le format in-octavo concerne 17,7 % des impressions datées, 15 % du total. C’est un format utilisé pour certains livres, pour les Recueils de Jeux floraux, et de nombreuses pièces de théâtre. Ce format, en progression, mais peu employé, dans la production toulousaine jusqu’en 1782, connaît alors un véritable décollage, et en 1788 il concurrence les impressions in-quarto. Durant ces sept années, la production de livres in-octavo varie peu, et l’essor de ce format s’explique par la production de plaquettes, comme le montre le tableau ci-après.
Années |
Livres in-8° |
Plaquettes in-8° |
Périodiques in-8° |
1782 |
8 |
12 |
2 |
1783 |
7 |
10 |
2 |
1784 |
6 |
9 |
2 |
1785 |
12 |
12 |
2 |
1786 |
14 |
16 |
1 |
1787 |
10 |
19 |
2 |
1788 |
8 |
24 |
2 |
Tableau 21. Nombre de formats in-8° par catégorie bibliographique, 1782-1788.
177Le graphique montre la lente progression du format in-12, qui ne concerne que 11,6 % des impressions toulousaines datées et 10,4 % du corpus. On peut constater une évolution très nette dans l’utilisation de ce format entre 1739 et 1788. Alors que, dans les années 1760, aux côtés des plaquettes in-12, quelques livres seulement sont imprimés, – cinq plaquettes et cinq livres en 1762 ; cinq plaquettes et six livres en 1764 – la situation évolue dans les décennies suivantes. Dans les années 1770, le nombre de plaquettes in-12 diminue – il n’est que de deux en 1774 –, alors que celui des livres s’élève à onze. Ce processus se confirme dans les années 1780, avec la poursuite de l’augmentation du nombre de livres in-12, qui passe à treize en 1787, et une quasi-disparition des plaquettes. Parallèlement, la publication de l’Almanach de Baour fait augmenter les chiffres statistiques.
178Contrairement à l’essor des formats in-octavo et in-12, le format in-folio traditionnel connaît au XVIIIe siècle, une stagnation certaine. A peu près comme le in-12, il est présent dans 12 % des impressions toulousaines datées, mais dans 23 % du corpus ; la différence s’explique par un grand nombre de factums in-2, non datés.
179Dans le graphique ci-dessous nous avons indiqué la production annuelle d’in-folio,
- 108 ARTIER Jacqueline, « Étude sur la production imprimée de l’année 1764 », Positions des thèses, Par (...)
180La production annuelle d’in-folio est faible, relativement constante (variant entre zéro et seize unités bibliographiques annuelles), de 1739 à 1788, consacrée rarement à des livres, comme aux XVIe et XVIIe siècles, plus fréquemment à des plaquettes et surtout à des factums. Le pic de 1750 s’explique par le nombre important de factums conservés ; il en est de même entre 1775 et 1783. À partir de 1784, la production d’infolio diminue pour devenir quasiment inexistante. Les livres in-folio deviennent rares, nous les étudierons au chapitre suivant ; ceci confirme les observations de Jacqueline Artier en 1764 à Paris : « Les grands formats sont rares. L’in-folio n’est adopté que par 2,2 % de la production : les deux-tiers sont des ouvrages d’histoire et de sciences et arts, travaux de recherche ou œuvres de prestige108 ».
181Les formats in-16, in-18, in-24 ou in-32 ne représentent que 3,3 % de la production totale et concernent soit de petits livres religieux, soit des calendriers comme le Calendrier de Toulouse dont cinquante-quatre exemplaires in-18 sont conservés. Peu d’ouvrages en petits formats sont produits chaque année (1,66 par an en moyenne), excepté en 1774, où plusieurs Diurnaux furent imprimés. On note une légère augmentation de ce type de production à partir de 1780 (2,33 par an entre 1780 et 1788).
182Cette étude par format a donc mis en évidence la primauté de l’in-quarto et le développement de l’in-octavo, très utilisé dans les plaquettes, à la veille de la Révolution. Le format in-12, qui concerne essentiellement les livres, connaît, une progression plus lente. La comparaison de l’évolution des formats dans la production globale avec d’autres centres d’impression est vaine, car les études de formats que nous avons pu consulter, sur Rouen ou Strasbourg par exemple, ne portent que sur les livres.
4- Imprimeurs et production globale
183Présentant l’évolution globale de la production recensée entre 1739 et 1788, nous avons été amenée à calculer la production globale des imprimeurs. Un premier classement s’opère en fonction du nombre de titres et du nombre de pages total produit par chaque imprimeur. Ce chapitre servira simplement à faire émerger quelques noms d’imprimeurs et à établir une première hiérarchie.
184Le graphique ci-après permet de constater quels sont les dix premiers imprimeurs qui ont produit entre 349 et 135 titres (soit un rapport de 2,58). On distingue d’abord les trois membres de la famille Lecamus-Pijon qui dominent la production en nombre de titres avec plus de 300 unités ; puis quatre imprimeurs qui ont produit entre 200 et 300 titres, parmi lesquels Joseph Dalles est le plus productif avec 273 titres ; enfin, trois autres imprimeurs avec moins de 200 titres conservés : la famille Robert et Jean-Henri Guillemette.
185Le graphique de la production en nombre de pages établit un autre classement que les chapitres suivants permettront d’expliquer. L’écart de production est un peu plus réduit (soit un rapport de 2,15) entre le premier qui imprime plus de 18 000 pages et le dixième 8 700 pages. Trois imprimeurs ont mis sous presse plus de 15 000 pages, ce sont Joseph Dalles, Jean-François Baour et Dominique Desclassan ; quatre autres ont produit entre 10 000 et 15 000 pages, Jean-Jacques Robert est le mieux placé avec 12 800 pages ; enfin trois imprimeurs sur les dix considérés sont en entre 8 000 et 10 000 pages, Claude-Gilles Lecamus a imprimé plus de 9 300 pages.
186Ce premier classement met donc JAHMB Pijon en tête pour la production en nombre de titres et Joseph Dalles pour celle en nombre de pages. Il faudra affiner ces résultats en étudiant chaque catégorie d’imprimé et en calculant l’intensité de l’activité de l’imprimeur en fonction de sa durée d’exercice.
187Travail de longue haleine, le recensement de la production toulousaine, bien qu’il ne représente pas la totalité de la production réelle, a permis la constitution d’un corpus de près de 3 700 titres, composé de livres, de plaquettes, de placards, de périodiques et de factums.
188Son analyse statistique globale confirme que la production imprimée toulousaine a souffert de la concurrence parisienne au XVIIIe siècle. L’étude de cette production en nombre d’unités bibliographiques a montré qu’elle a connu une croissance lente et irrégulière jusqu’au milieu des années I760, puisqu’elle a décollé nettement dans les années 1770, comme dans d’autres villes de province, par exemple à Rouen, Strasbourg, Limoges ou Arras. Cette croissance s’est trouvée confortée par les arrêts de 1777.
189Ensuite, l’analyse de la production en nombre de pages a permis d’estimer son volume, et la répartition des unités bibliographiques en fonction de leur épaisseur est instructive. 77 % des titres considérés ont moins de 48 pages ; ce sont, pour la plupart, des plaquettes ou des placards demandés par les autorités publiques qui constituent les « travaux de ville ». 23 % seulement comptent plus de 48 pages. Dans cet ensemble hétérogène, les périodiques et les livres, destinés à un public large, côtoient de nombreux factums destinés, eux, à des commanditaires privés, et parfois proposés à la vente. Le livre « noble » ne représente que près de 16 % du corpus.
190Enfin, l’examen de la production imprimée par format a montré que l’in-4° domine, avec plus 48 % des impressions, et devient celui des factums à la veille de la Révolution, alors que l’in-folio, longtemps désigné comme le format « classique » du livre, est d’abord celui des factums.
191Dans cette première partie nous nous sommes contentée de décrire l’évolution globale de la production imprimée. Il conviendra, dans les chapitres suivants, d’étudier l’évolution de chaque catégorie d’imprimés.
Notes
1 ESTIVALS Robert, « La statistique bibliographique », Bulletin des Bibliothèques de France, 1969, p. 482.
2 ESTIVALS Robert, Le dépôt légal sous l’Ancien Régime, Paris, M. Rivière, 1961, IV-142 p.
3 ESTIVALS Robert, La statistique bibliographique de la France sous la monarchie au XVIIIe siècle, Paris-La Haye, Mouton, 1965, IV, 461 p.
4 Ibid., p. 7
5 FURET François, « La Librairie du Royaume de France au XVIIIe siècle », dans Livre et société dans la France du XVIIIe siècle, Paris-La Haye, Mouton, 1965, t. 1, p. 3-32.
6 DARNTON Robert, « De la sociologie de la littérature à l’histoire de l’édition », dans Bohème littéraire et Révolution. Le monde des livres au XVIIIe siècle, Paris, Seuil, 1983, p. 71-109.
7 QUÉNIART Jean, L’imprimerie et la librairie..., op. cit., p. 109-110.
8 ARTIER Jacqueline, « Étude sur la production imprimée de l’année 1764 », Positions des thèses, Paris, École des Chartes, 1981, p. 9-18.
9 MARTIN Henri-Jean, « Une croissance séculaire », Histoire de l’édition..., op. cit., p. 124.
10 BRANCOLINI Julien et BOUYSSY Marie-Thérèse, « La vie provinciale du livre à la fin de l’Ancien Régime », dans Livre et société dans la France du XVIIIe siècle, Paris-La Haye, Mouton, 1970, t. 2, p. 3-37.
11 DAWSON Robert L., The French Book and the « Permission simple » of 1777 : Copyright and Public Domain with an Edition of the Permit Registers, Oxford, The Voltaire Foundation, 1992, p. 354-607.
12 ESTIVALS Robert, La statistique bibliographique..., op. cit., p. 137. Exemple de ce qu’avance R. Estivals, l’ouvrage toulousain Preparatio proxima ad mortem de Gelabert et Salamo, imprimé par N. E. Sens en 1785, mentionne une permission simple de Neuville, accordée le 4 décembre 1781, qui ne figure pas dans le corpus des permissions simples relevé par Dawson.
13 BOUTIER Jean, « Livres et imprimés en Limousin au XVIIIe siècle : production, diffusion, consommation », dans CASSAN Michel et BOUTIER Jean (dir.), Les imprimés limousin, 1788-1799, Limoges, PULIM, 1994, p. 23.
14 DESGRAVES Louis et MEGRET Jacques, Répertoire bibliographique des livres imprimés au XVIe siècle, Toulouse, Baden-Baden, Valentin Koerner, 1975, 203 p.
15 BARBIER Frédéric, Trois cents ans de librairie et d’imprimerie Berger-Levrault, 1676-1830, Genève, Droz, 1979, p. 147.
16 LE ROY LADURIE Emmanuel, « Histoire quantitative de l’édition en langue française d’après les collections de la Bibliothèque nationale de France (1460-1969) », Revue de la Bibliothèque nationale de France, 2001, p. 20-27.
17 Dictionnaire de l’Académie française, 1762, dans l’Atelier historique de la langue française, éditions Redon, cédérom 2000.
18 MELLOT Jean-Dominique, « Qu’est-ce qu’un livre ? Qu’est-ce que l’histoire du livre ? Points de départ et perspectives », dans Histoire et civilisation du livre, Genève, Droz, 2006, p. 5. L’auteur réfute de telles définitions, qui accréditent « l’idée que le livre a toujours été imprimé, voire broché ou relié ». Or « non seulement le livre a pu prendre d’autres formes […] il peut aujourd’hui même se présenter sous l’aspect d’un enregistrement numérique, visible à l’écran ».
19 Arrêt du Conseil d’État du 24 mars 1744, Livre de la communauté... (1733-1769), art. 102, fol. 43.
20 Ibid, art. 101, art. 102, art. 103, fol. 43.
21 Site concernant le livre : www.bod.fr/index.php?id=1757
22 FAUCHOIS Yann, Préface de LE ROY LADURIE Emmanuel, FAUCHOIS Yann, SMEDLEY-WEILL Anette, ZYSBERG André, « Histoire quantitative de l’édition en langue française », Revue de la Bibliothèque nationale de France, 2001, p. 20.
23 MARTIN Henri-Jean, Livre, pouvoirs et société..., op. cit., tome 1, p. 69.
24 QUÉNIART Jean, L’imprimerie et la librairie..., op. cit., p. 115.
25 MELLOT Jean-Dominique, L’Édition rouennaise et ses marchés..., op. cit., p. 565.
26 BARBIER Frédéric, Trois cents ans de librairie..., op. cit., p. 152.
27 QUÉNIART Jean, L’imprimerie et la librairie..., op. cit., p. 115.
28 MAZA Sarah, Vies privées, affaires publiques. Les causes célèbres de la France prérévolutionnaire, Paris, Fayard, 1997, p. 30-31.
29 Lieux de conservation des titres recensés, ouvrages conservés à Toulouse, volume III, p. 648.
30 En 2009, 13 000 ouvrages sont encore en restauration au CICL.
31 Décédé en 2008. « In mémoriam : Jean Rocacher », L’Auta, octobre 2008, p. 245-250.
32 C’est la description qu’en donnait la BnF en 2005, sous la cote, 6-TD45-5. Aujourd’hui, cet ouvrage n’apparaît plus sur le Catalogue collectif de France, cependant on le trouve à la Bibliothèque municipale d’Amiens (MED 1173 A Médecine).
33 COYECQUE Ernest, Inventaire de la Collection Anisson sur l’histoire de l’imprimerie et de la librairie, principalement à Paris, (Manuscrits français 22061-22193), Paris, Ernest Leroux, 1900.
34 CORDA Augustin, Catalogue des factums et autres documents judiciaires antérieurs à 1790, Paris, Plon-Nourrit et Cie, 1890-1895, 7 tomes.
35 COYECQUE Ernest, Inventaire de la collection Anisson..., op. cit.
36 ARTIER Jacqueline, Catalogues de vente de la Bibliothèque municipale de Toulouse, XIXe siècle (1816-1900), Toulouse, BM, 1981.
37 Extrait du catalogue des livres composant les bibliothèques de feu le marquis de R*** amateur et de M B** docteur médecin, Toulouse, A. Abadie, 1860, BMT, Rés. C XIX 372 (2).
38 Catalogue de la bibliothèque de feu M. Ch. Barry, 1883, BMT, BM, 3992 (7).
39 Catalogue des livres en partie rares et précieux, manuscrits et imprimés composant la bibliothèque de feu le Marquis de Pins-Montbrun, BMT, Res. C XIX 372 (3).
40 Catalogue des livres anciens et moderne de feu M. A. Du Mège, BMT, Lm C 5005.
41 NOULET J.-B., Catalogue de vente des œuvres de divers auteurs languedociens et provençaux, 1894, BMT, Rés. D XIX 940.
42 DÉCAP Jean, Essai de bibliographie commingeoise, Saint-Gaudens, Abadie, 1901.
43 GAUDIN Léon, Catalogue de la Bibliothèque de Montpellier, Montpellier, Pierre Grollier, 1875, tome 1, XX-550 p. ; Vi-94 p. ; 1878, tome III., XVI-190 p. ; VIII-114 p.
44 GORSSE Bertrand de, Essai de bibliographie du comté de Comminges, de la vicomté de Nébouzan, des Quatre-Vallées et du Pays de Rivière. Toulouse, Privat, 1948, XIII, 491 p.
45 JOURDANNE Gaston, Bibliographie scientifique de l’Aude, Carcassonne, Bibliothèque de la Revue méridionale, 1896, 58 p. ; du même auteur, Les Bibliophiles, les collectionneurs et les imprimeurs de l’Aude, Carcassonne, Bibliothèque de la Revue méridionale, 1904, 294 p.
46 SABARTHÉS Antoine-Auguste, « Bibliographie de l’Aude », Bulletin de la Commission archéologique de Narbonne, 1914, sixième partie.
47 HERMET André, Bibliographie de l’histoire de Toulouse. Ouvrages, brochures, et articles et autres imprimés relatifs au passé de la ville de 1490 à 1986, Toulouse, Archistra, 1981-1994, 20 fascicules.
48 BARBOT Jules, Les chroniques de la faculté de médecine de Toulouse, du treizième au vingtième siècle, Toulouse, Charles Dirion, 1905, 2 tomes.
49 VENTRE Madeleine, « Index des livres imprimés en Languedoc », L’imprimerie et la librairie en Languedoc..., op. cit., p. 284-288.
50 Ibid., p. 285.
51 M. B., « Une famille d’imprimeurs toulousains [les Robert] », Cercle généalogique de Languedoc, 2000, p. 26-29.
52 PAGE Ivan, « Claude-Gilles Lecamus et sa famille, imprimeurs du Clergé de Toulouse », Revue française d’histoire du livre, 1992, p. 96.
53 LABARRE Albert, « Imprimerie et commerce du livre à Lille avant la Révolution », Le livre et l’historien, études en l’honneur du professeur Henri-Jean Martin, Genève, Droz, 1997, p. 657.
54 VENTRE Madeleine, Ibid., p. 250.
55 MONAQUE Antoine, « Abécédaire », dans FOUCHÉ Pascal, PÉCHOIN Daniel, SCHUWER Philippe (dir.), Dictionnaire encyclopédique du livre, Paris, Éditions du Cercle de la Librairie, 2002, tome 1, p. 4-5.
56 MOMORO François, auteur du Traité élémentaire de l’imprimerie ou manuel de l’imprimerie en 1793.
57 AUDIN Marius, Histoire de l’imprimerie par l’image. Bibelots et bilboquets, Paris, Henri Jonquières, 1929, t. IV, 13 p., 190 pl.
58 PETIT Nicolas, L’éphémère, l’occasionnel et le non-livre..., op. cit., p. 111.
59 RYCHNER Jacques, « Le travail de l’atelier », Histoire de l’édition française,…, op. cit., p. 608-611, t. II, p. 55.
60 LABARRE Albert, « Imprimerie et commerce du livre à Lille… », op. cit., p. 656.
61 Au musée Paul Dupuy nous avons retrouvé quelques billets comme ce formulaire pré-imprimé datant des années 1740 : « Je soussigné... reconnois avoir reçu de M… Directeur du Bureau de la Poste de…. La somme de….. Pour le service de la malle de…. / à … / pendant le quartier de… / mil sept cent quarante… à la descharge de la / ferme générale des Postes & Messageries de France, / dont je le quitte & tous autres. FAIT à... le.... mil sept cens quarante... (signature) / Je soussigné Directeur du Bureau de Poste de... certifie que.... / a fait le service cy-dessus énoncé pendant le quartier de (juillet) 174... en foy de quoy / j'ay signé le présent ». AMPD, inv. 12767.
62 MELLOT Jean-Dominique, « Pour une “cote” des fausses adresses au XVIIIe siècle : le témoignage des éditions sous permission tacite en France », Revue française d’histoire du livre, 1998, p. 338-339.
63 Les Bibliothèques municipales de Limoges, Grenoble, Toulouse, la Médiathèque de Rodez et la BUT1.
64 MELLOT Jean-Dominique, « Pour une " cote" des fausses adresses… », op. cit., p. 326-327.
65 État des villes où il y a des inspecteurs de la librairie et celles où il serait nécessaire d’en établir, janvier 1768, op. cit.
66 VARRY Dominique, « Les gens du livre à Lyon au XVIIIe siècle : quand de “loyaux sujets” sont aussi des “maronneurs”, dans GUIGNET Philippe, Le peuple des villes dans l’Europe du Nord-Ouest (fin du Moyen-Age-1945), Lille, CRHEN-O, Université Lille 3, 2003, p. 236. Il est exceptionnel de trouver trace des contrefacteurs, comme l’imprimeur Jean-Marie Barret qui informait la Société typographique de Neuchâtel de l’avancement de sa contrefaçon des œuvres de Rousseau en 1772.
67 Voir chapitre 2.
68 MARTIN Henri-Jean, « La librairie française en 1777-1778 », Dix-huitième siècle, 1979, no 11, p. 98.
69 VARRY Dominique, « Les gens du livre à Lyon au XVIIIe siècle… », op. cit., p. 236.
70 MARTIN Henri-Jean, « La librairie française… », op. cit., p. 98.
71 CORSINI Silvio, « La contrefaçon du livre sous l’Ancien Régime », dans Les Presses grises, Paris, Les amateurs de livres, 1988, p. 30-32.
72 Lettre de l’intendant du 14 novembre 1772, ADHG, 1C 146 (39).
73 VENTRE Madeleine, L’imprimerie et la librairie en Languedoc..., op. cit., p. 264.
74 DARNTON Robert, Édition et sédition …, op. cit., p. 50. Toulouse apparaît toujours comme « le centre de la bigoterie » ; en 1778, un seul libraire, Laporte, accepte de tenir des livres huguenots en stock.
75 DARNTON Robert, « Le livre français au XVIIIe siècle », Annales ESC, mai-juin 1973, p. 739.
76 MARTIN Henri-Jean, « Une croissance séculaire », Histoire de l’édition française..., op. cit., p. 120.
77 MARTIN Henri-Jean, « La librairie française en 1777-1778 », Le livre français sous l’Ancien Régime, Promodis, Éditions du Cercle des Libraires, 1987, p. 116.
78 QUÉNIART Jean, « L’anémie provinciale », Histoire de l’édition française..., op. cit., p. 358.
79 Elle est multipliée par 2,87 entre 1739 et 1788.
80 QUÉNIART Jean, L’imprimerie et la librairie..., op. cit., p. 115.
81 MARTIN Henri-Jean, « Une croissance séculaire », Histoire de l’édition française..., op. cit., p. 121.
82 CHARTIER Roger, « Lecture », dans Lucien BÉLY (dir.), Dictionnaire de l’Ancien Régime..., op. cit., p. 725-726.
83 FURET François, « La Librairie du Royaume de France... », op. cit., p. 8.
84 MARTIN Henri-Jean, « La librairie française en 1777-1778 », L’année 1778, Dix-huitième siècle, 1979, p. 92.
85 Nombre de presses en Annexe 15.
86 BARBIER Frédéric, Lumières du Nord…, op. cit., p. 153.
87 VENTRE Madeleine, L’imprimerie et la librairie en Languedoc..., op. cit., p. 259.
88 Ibid., p. 257.
89 BOUTIER Jean, « Livres et imprimés en Limousin au XVIIIe siècle… », op. cit., p. 26-27.
90 BARBIER Frédéric, Lumières du Nord…, op. cit., p. 152.
91 BARBIER Frédéric, « Le pouvoir, la géographie du livre en France au XVIIIe siècle », dans LIVET Georges et VOGLER Bernard, Pouvoir, ville et société en Europe, 1650-1750, Paris, Ophrys, 1983, p. 255.
92 BARBIER Frédéric, « L’imprimerie strasbourgeoise au siècle des Lumières (1681-1789), Revue d’histoire moderne et contemporaine, 1977, p. 165.
93 BARBIER Frédéric, Trois cents ans de librairie..., op. cit., p. 151.
94 QUÉNIART Jean, L’imprimerie et la librairie..., op. cit., p. 118 à 124.
95 Ibid., p. 123.
96 BARBIER Frédéric, « Le pouvoir, la géographie du livre… », op. cit., p. 256 et fig. 4.
97 Ibid., p. 256.
98 FURET François, « La librairie du royaume de France… », op. cit., p. 8.
99 MARTIN Henri-Jean, « La librairie française… », Dix-huitième..., op. cit., p. 92.
100 BUIGUIÈS Jean-Marc, « L’édition à Pampelune au XVIIIe siècle : rythme, imprimeurs, formats, langues et matières », Lapurdum, Revue d’études basques, 2006, 8 p. http://lapurdum.revues.org/index232.html. La production imprimée à Pampelune augmente tout au long du siècle pour culminer entre 1775 et 1789.
101 BARBIER Frédéric, Trois cents ans de librairie..., op. cit., p. 147.
102 CHARTIER Roger, « La circulation de l’écrit dans les villes françaises, 1500-1700 », Livre et lecture en Espagne et en France sous l’Ancien Régime, op. cit., p. 153.
103 CHARTIER Roger, « L’imprimerie en France… », Revue française d’histoire du livre…, op. cit., p. 261.
104 MARTIN Henri-Jean, « Une croissance séculaire », Histoire de l’édition..., op. cit., p. 113.
105 MORTET Charles, Le format des livres, notions pratiques suivies de recherches historiques, Paris, Edouard Champion, 1925, p. 26. Dimensions des volumes modernes suivant les formats commerciaux du papier.
106 VEYRIN-FORRER Jeanne, « Fabriquer un livre au XVIe siècle », Histoire de l’édition française…, op. cit., tome 1, p. 346-349.
107 Format in-folio : http://www.cavi.univ-paris3.fr/phalese/desslate/dico0584.htm
108 ARTIER Jacqueline, « Étude sur la production imprimée de l’année 1764 », Positions des thèses, Paris, École des Chartes, 1981, p. 14.
Table des illustrations
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Légende | Graphique 10. Évolution de la production totale de titres, 1739-1788. |
URL | http://books.openedition.org/pumi/docannexe/image/15381/img-1.jpg |
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Légende | Graphique 11. La production totale de titres en moyennes quinquennales, 1739-1788. |
URL | http://books.openedition.org/pumi/docannexe/image/15381/img-2.jpg |
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Légende | Graphique 12. La production annuelle en nombre de pages, 1739-1788. |
URL | http://books.openedition.org/pumi/docannexe/image/15381/img-3.jpg |
Fichier | image/jpeg, 107k |
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Légende | Graphique 13. Nombre de pages en moyennes quinquennales, 1739-1788. |
URL | http://books.openedition.org/pumi/docannexe/image/15381/img-4.jpg |
Fichier | image/jpeg, 95k |
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Légende | Graphique 14. Evolution de la production par format (placards et petits formats exclus), 1739-1788. |
URL | http://books.openedition.org/pumi/docannexe/image/15381/img-5.jpg |
Fichier | image/jpeg, 150k |
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Légende | Graphique 15. Évolution des in-folio, 1739-1788. |
URL | http://books.openedition.org/pumi/docannexe/image/15381/img-6.jpg |
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Légende | Graphique 16. Production totale en nombre de titres des dix premiers imprimeurs, 1739-1788. |
URL | http://books.openedition.org/pumi/docannexe/image/15381/img-7.jpg |
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Légende | Graphique 17. Production totale en nombre de pages des dix premiers imprimeurs, 1739-1788. |
URL | http://books.openedition.org/pumi/docannexe/image/15381/img-8.jpg |
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Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont sous Licence OpenEdition Books, sauf mention contraire.