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Études sur la sociabilité à Toulouse et dans le Midi toulousain de l’Ancien Régime à la Révolution

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Michel Taillefer

Académies et activités académiques

Le mythe tectosage devant l’académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse au XVIIIe siècle

Texte intégral

  • 1 Michel Taillefer, Une académie interprète des Lumières. L’académie des sciences, inscriptions et b (...)
  • 2 David Rossoni, L’histoire de Toulouse présentée par des historiens locaux du XVIIIe siècle, mémoir (...)
  • 3 Chantal Grell, L’histoire entre érudition et philosophie. Étude sur la connaissance historique à l (...)
  • 4 « L’Antiquité au XVIIIe siècle », Dix-huitième Siècle, no 27, 1995, p. 5-292.
  • 5 Daniel Roche, Le Siècle des lumières en province. Académies et académiciens provinciaux, 1680-1789(...)
  • 6 Les Volces (ou Volques) tectosages occupaient un vaste territoire compris entre la moyenne vallée (...)

1À l’académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse, qui fut entre 1746 et 1793 le principal foyer de recherche scientifique et historique de la ville1, 75 % des travaux relevant de disciplines littéraires ont été consacrés à l’histoire, 80 % de ces derniers à l’histoire locale, et sur ce nombre 48 % à la période antique2. Il n’y a là rien que de banal : on connaît « le rôle privilégié de l’histoire dans la culture des hommes du siècle3 », la place de tout premier plan qu’y occupent les références à l’Antiquité4, et le goût des académiciens de province pour l’histoire de leur petite patrie5. On pourrait être davantage surpris, lorsqu’on feuillette les registres et les publications de la compagnie, d’y rencontrer avec une certaine régularité un nom aujourd’hui bien oublié, celui des Tectosages, qui désigne le peuple celte installé dans la région toulousaine avant la conquête romaine6. Pratiquement effacé de la mémoire collective contemporaine, le passé gaulois de la cité passionnait au contraire les érudits de la fin de l’Ancien Régime, comme le montre l’inventaire des travaux menés sur ce thème dans le cadre ou à l’initiative de l’académie.

  • 7 Benoît d’Héliot, Discours historique et critique sur l’ancienneté et les qualités dominantes des T (...)
  • 8 Antoine Barthès, Sur les femmes tectosages, 27 juillet 1758, AAST, registre des délibérations, 10, (...)
  • 9 Charles-Géraud de Bousquet de Savères, Sur les anciens murs de la ville de Toulouse, 21 mars 1748, (...)
  • 10 Jean-François de Montégut, Recherches sur les antiquités de Toulouse, 27 février 1777, dans Histoi (...)
  • 11 Antoine-Pascal-Hyacinthe Sermet, Sur une inscription de Tholus, 30 janvier 1783, ibid., t. III, 17 (...)
  • 12 François-Raymond-Luc de Labroquère, Sur l’origine de la municipalité de Toulouse et sur les effets (...)
  • 13 En 1749 : Fixer le temps où les sciences et les arts ont commencé à être cultivés chez les Volces (...)
  • 14 Elle proposait alternativement des sujets « physico-mathématiques, médico-physiques et de littérat (...)
  • 15 Octavien de Guasco, Dissertation sur le temps que les sciences et les arts commencèrent d’être cul (...)
  • 16 Jean-Antoine-Hubert Roudil de Berriac, Discours qui a remporté au jugement de l’Académie royale de (...)
  • 17 Jean Raynal, Histoire de la ville de Toulouse avec une notice des hommes illustres, une suite hist (...)
  • 18 Barnabé Farmian de Rosoy, dit Durosoi, Annales de la ville de Toulouse dédiées à Monseigneur le Da (...)

2Les Tectosages constituent l’objet exclusif d’une série de mémoires rédigés par l’abbé d’Héliot, professeur des libertés de l’Église gallicane à la faculté de théologie, dont la lecture n’a pas occupé moins de treize séances ordinaires et une séance publique échelonnées sur quatre années7, auxquels on peut ajouter un mémoire soumis par l’avocat Barthès, qui n’était pas membre de la compagnie8. Ils sont également évoqués dans plusieurs communications traitant de divers aspects de l’histoire ancienne de la ville, présentées notamment par le conseiller au parlement de Bousquet9, le conseiller de Montégut10, le père Sermet, provincial des carmes déchaussés11, et M. de Labroquère, agrégé à la faculté de droit12. Ils fournissent en outre trois sujets de concours, dont, faute de réponse satisfaisante, le second a été répété une fois et le troisième trois fois13 ; si bien qu’au total c’est à sept reprises que l’académie a invité les concurrents à se pencher sur les Tectosages, qui ont ainsi monopolisé la moitié de ses concours « littéraires »14. Nous avons inclus dans notre corpus les dissertations des deux lauréats qu’elle a couronnés, une personnalité de la république des Lettres, l’abbé de Guasco15, et le magistrat carcassonnais Roudil de Berriac16, de même que deux histoires générales de Toulouse publiées à titre individuel par l’avocat Raynal17 et par l’écrivain parisien Durosoi18, associé correspondant qui s’est contenté de mettre en forme les matériaux rassemblés par un Toulousain, le lieutenant du guet Olivier Bénech.

  • 19 Chantal Grell, op. cit., p. 259.

3L’intérêt que suscitent les Tectosages au sein des élites locales se rattache au processus de redécouverte et de réhabilitation des Gaulois qui marque une partie de l’historiographie française à partir du milieu du siècle19, mais il repose aussi sur la conviction que les Tectosages sont les ancêtres directs des Toulousains modernes. Selon l’abbé d’Héliot, ni la conquête romaine ni celle des Wisigoths n’ont altéré les caractéristiques fondamentales des premiers habitants de la ville, qui au contraire ont assimilé leurs vainqueurs : « Dans Toulouse, les Wisigoths mêmes deviennent Tectosages. » Quant aux Francs, ils descendraient d’« anciens Tectosages » émigrés en Pannonie retrouvant leur « patrie », ce qui explique que « Toulouse, qui recevait sans doute dans ceux-ci ses propres enfants », les ait accueillis « à bras ouverts ». Il est donc légitime de continuer à employer le terme de « Tectosages » tout au long du Moyen Âge (par exemple à propos de « nos femmes tectosages devenues chrétiennes et françaises »), voire encore à l’époque moderne ; envisageant leurs qualités littéraires « depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours », l’abbé d’Héliot n’hésite pas à citer Clémence Isaure, les artistes de la Renaissance et même Fermat... Ses confrères ne s’aventurent pas si loin, mais pour eux aussi l’existence des Tectosages se prolonge bien au-delà de la fin de l’indépendance gauloise : le troisième sujet de concours que leur a consacré l’académie consiste à « déterminer les révolutions qu’éprouvèrent les Tectosages [...] sous la domination successive des Romains et des Wisigoths », et dans la préface de son livre, Raynal annonce qu’il y racontera « leurs guerres avec les Romains, les Wisigoths, les Français, jusqu’à la création des comtes par Charlemagne ». Cette extension chronologique crée un effet de proximité entre les Toulousains du siècle et ceux qu’ils considèrent comme leurs « pères », effet que renforce l’usage fréquent du possessif dans des expressions comme « nos Gaulois » ou « nos Tectosages » ; parler des Tectosages, c’est parler des Toulousains d’hier, mais aussi des Toulousains d’aujourd’hui.

4La période antérieure à la conquête romaine pose cependant un problème spécifique, celui des sources, qu’énonce clairement dans les remarques préliminaires de sa dissertation l’abbé de Guasco. Les Tectosages n’ont pas laissé de « ces monuments qui présentent en abrégé sur le marbre et dans le bronze l’histoire d’une nation ». Par ailleurs ils « n’écrivaient rien », non qu’ils n’en fussent pas capables, mais parce que leurs druides refusaient de « communiquer au peuple les mystères des sciences non plus que ceux de la religion » et se réservaient de les enseigner « sans les mettre par écrit ». Faute de vestiges archéologiques, qui se limitent à quelques monnaies et menus objets exhumés aux environs de Toulouse, et en l’absence de textes originaux, force est donc de se tourner vers les historiens et les géographes grecs et latins. Or ceux-ci, à de rares exceptions près (essentiellement Strabon, reproduisant Poséidonios, et Justin, abrégeant Trogue Pompée), ne traitent pas des Tectosages en particulier, mais des Gaulois en général. César, lui-même, « qui dans ses Commentaires entre dans un si grand détail sur les mœurs et les usages des Gaulois, ne fait aucune différence à cet égard des divers peuples qui habitaient les Gaules ». En conséquence, « lorsqu’on doit parler de ce qui regarde les Volces en particulier, on est obligé de chercher cette nation de Gaulois... dans les Gaulois mêmes ; l’on doit souvent leur appliquer ce que les auteurs paraissent dire en général de toute la nation ». Et c’est bien ce que font nos historiens, persuadés que puisque les Tectosages sont des Gaulois, et peut-être les Gaulois par excellence, il est loisible de les peindre sous les traits que la littérature antique attribue à l’ensemble des peuples celtes, y compris ceux qui vivaient dans le reste de la Gaule ou même dans d’autres régions d’Europe. « Telles furent selon César les femmes gauloises, et l’on sait quel rang les Tectosages tinrent entre les Gaulois ; c’est donc aux femmes des Tectosages que ce portrait doit être principalement rapporté », écrit ainsi l’abbé d’Héliot, alors même que le passage de César auquel il renvoie, évoque les Gaulois établis en Germanie. L’abondance des références aux œuvres de Cicéron, Diodore de Sicile, Tite Live, Pline, Plutarque, Suétone. Ptolémée, Dion Cassius et d’une foule d’auteurs moins connus ne doit donc pas faire illusion : loin de garantir la solidité des travaux réunis dans notre corpus, puisqu’elle montre qu’ils s’appuient en permanence sur l’extrapolation aux Tectosages d’informations concernant des populations parfois très éloignées dans le temps et dans l’espace, elle en trahit au contraire la fragilité.

  • 20 Nicolas Bertrand, De Tholosanorum gestis, Toulouse, J. Grandjean, 1515, 96 f. ; Les Gestes des Tho (...)
  • 21 Antoine Noguier, Histoire toulousaine, Toulouse, G. Boudeville, 1556. 133 p.
  • 22 Guillaume de Catel, Mémoires de l’histoire du Languedoc..., Tolose, P. Bosc, 1633, 1038 p.
  • 23 Germain de Lafaille. Annales de la ville de Toulouse depuis la réunion de la comté de Toulouse à l (...)

5Celle-ci provient aussi d’un autre glissement méthodologique, plus subreptice mais que révèle aisément une lecture attentive : le passage de l’hypothétique à l’assuré, par l’intermédiaire du vraisemblable. Les érudits de l’époque des Lumières répudient les « fables » des « vieux auteurs » du XVIe siècle, Bertrand20 et Noguier21, qui, ayant « écrit les premiers l’histoire de Toulouse, l’ont si fort menée par un mélange monstrueux de mensonge et de vérité que tout homme judicieux lit avec défiance, ou rejette avec mépris, ces ouvrages produits par la supercherie ou par l’ignorance » (Raynal) ; ils ne croient plus que Toulouse ait été fondée par Tholus, descendant de Japhet, le fils de Noé ayant reçu l’Europe en partage, puis longtemps gouvernée par une suite de « rois chimériques ». Comme leurs prédécesseurs du XVIIe siècle, Catel22 et Lafaille23, dont ils s’inspirent largement, ils prétendent n’avancer que des faits avérés, appuyés sur des preuves irréfutables ; mais en même temps ils revendiquent le droit de combler les inévitables lacunes de leur documentation par des conjectures, avec pour seule limite la vraisemblance : « Je tâcherai d’éloigner tout le fabuleux pour m’attacher au vrai sans rejeter le vraisemblable », annonce par exemple Bousquet. À propos du mémoire de l’abbé d’Héliot sur l’origine des Tectosages, le rédacteur du registre des délibérations de l’académie note qu’on n’y trouve pas

de ces idées vagues et chimériques dénuées de preuves et de fondements. Tout est établi par une saine et judicieuse critique [...]. Les conjectures et les inductions de M. d’Héliot sont si bien liées entre elles et suivent si naturellement les faits les moins contestables que la certitude des uns ne permet pas de douter des autres.

6En réalité, la « chaîne d’inductions aussi ingénieuses que très vraisemblables » qui sous-tend son argumentation n’apparaît bien souvent que comme une accumulation de suppositions et d’hypothèses qui, à force d’être affirmées et répétées, finissent par prendre l’apparence de la certitude.

  • 24 Contrairement à ce que suggère Christelle Péréra dans son article « Le mythe tectosage dans l’hist (...)

7Exploitant les mêmes sources et présentant, avec quelques nuances, les mêmes biais méthodologiques, le discours que tiennent sur les Tectosages les auteurs du XVIIIe siècle n’est pourtant pas univoque24. La représentation qu’en donne l’abbé d’Héliot relève davantage du mythe que de la science historique, alors que les recherches de la plupart de ses confrères paraissent plus conformes aux exigences de cette dernière.

8Pour notre abbé,

dès les temps les plus reculés où l’histoire a pu découvrir des traces des Tectosages, elle les trouve déjà célèbres et répandus en divers climats [...]. Un peuple qui [aussi] loin qu’on puisse remonter à son origine se montre pour la première fois dans les fastes de l’univers avec des caractères de grandeur et d’ancienneté si remarquables, ne doit-il pas être regardé comme un peuple primitif, une de ces nations autochtones ou aborigènes qui les premières depuis le déluge ont habité les terres dont on les trouve en possession ?

9Poser la question, c’est y répondre : « On ne peut contester [aux Tectosages] la qualité de peuple aborigène ou autochtone », installé dans la région dès l’aube de l’humanité.

10Rapidement devenus trop nombreux pour contenir dans leur propre pays, ils sont « obligés de s’étendre au loin par de fréquentes colonies ». Leurs « transmigrations » les conduisent dans la « forêt d’Ercinie » (la Forêt-Noire), en Germanie, en Pannonie et en Sarmatie ; de là ils « passent dans la Thrace et la ravagent », puis en Macédoine et en Grèce où le siège de Delphes et le pillage du sanctuaire d’Apollon marquent « le terme fatal de leur succès ». Mais tous n’y périssent pas : « plusieurs reviennent à Toulouse chargés d’un riche et funeste butin » (c’est le fameux « or de Toulouse », réputé porter malheur à ceux qui s’en emparent) ; d’autres, « après avoir insulté Byzance, s’établissent dans la Thrace où ils fondent un nouveau royaume qui subsiste par la force de leurs armes » ; d’autres encore se fixent au confluent du Danube et de la Save et « s’y maintiennent malgré tous les efforts de la puissance romaine jusqu’au règne de Tibère » ; « mais la partie la plus considérable et la plus célèbre des débris de Delphes sont ces vingt mille Tectosages qui [...] forment le hardi projet d’aller venger dans l’Asie la honte de leur défaite », et y instaurent « ce vaste royaume de Galatie » où ils se soutiennent « pendant près de trois siècles contre les puissants efforts des Romains, qui n’achevèrent même de les soumettre que sous Auguste ». Présentée comme « une chaîne non interrompue de combats et de victoires », l’épopée des « vaillants et vertueux Tectosages » est jalonnée d’exploits qui les égalent aux plus fameux héros de l’Antiquité : leur « redoutable armée osa tenter la première » le passage des Alpes, bien avant Hannibal ; « excités par la haute réputation d’Alexandre, ils marchèrent fièrement vers ce conquérant et l’étonnèrent par leur intrépide assurance » ; « ces guerriers indomptables osent tenter le passage des Thermopyles [...] et ce défilé redoutable est forcé [...] par un moindre nombre de Tectosages qu’il ne fallut autrefois aux Spartiates pour le défendre ». Quant aux

Tectosages de Toulouse, le silence profond de l’histoire à leur égard nous a laissés dans une ignorance entière de leurs exploits jusqu’à la conquête des Gaules par les Romains. Mais la date et les circonstances de cette conquête ne sont-elles pas de glorieux témoignages que jusqu’alors nos pères n’avaient point dégénéré de leur ancienne valeur ?

11Les femmes tectosages, qui bénéficient d’un mémoire entier, se distinguent comme leurs compagnons par leur « ardeur guerrière » : « On en voyait au plus chaud de la mêlée exciter et animer le courage de leur mari et de leurs enfants [...], leur dispenser, leur préparer les armes, affronter, repousser même les coups de l’ennemi. » Mais elles participent également au culte religieux, en tant que « druidesses », ainsi qu’« au gouvernement et à l’administration des affaires ». Leur peuple leur est en grande partie redevable des éminentes qualités morales, religieuses et intellectuelles qui l’ennoblissent autant que ses qualités militaires. « Simple et sublime », leur morale « portait toute sur ces trois points principaux : ne faire rien de mal, s’exercer à la vertu, honorer la divinité. Quelle morale [...] a mieux disposé les esprits et les cœurs à celle de l’Évangile ? » Leurs druides « sont frappés de ténèbres moins profondes que celles qui aveuglent le reste des nations sur le vrai caractère de la divinité [...]. Chez eux l’âme est immortelle ». Enfin, ces chrétiens avant la lettre sont aussi les précurseurs de la civilisation européenne par leur génie « pour la politique, la jurisprudence, l’astronomie, ainsi que pour les arts libéraux [...]. C’est d’entre eux qu’on vit sortir [...] les premiers écrivains connus de l’Occident ».

  • 25 Chantal Grell, op. cit., p. 257-272.
  • 26 Pierre de Rey de Saint-Géry, Éloge de M. l’abbé d’Héliot lu dans l’assemblée publique de l’Académi (...)

12Pour aussi fantaisistes qu’elles puissent paraître aujourd’hui, ces idées n’ont à l’époque rien d’original ; elles reflètent, en les appliquant au cas toulousain, les thèmes majeurs de la « celtomanie » alors en vogue, que Chantal Grell définit comme une « histoire mythique », une « histoire-fiction » enracinée dans « le chauvinisme le plus étroit »25. Or ces thèmes ne faisaient pas l’unanimité dans le monde savant. Prononçant en 1779 l’éloge de l’abbé d’Héliot26, l’abbé de Rey résume fidèlement ses développements sur les Tectosages, mais sans se prononcer sur leur validité. Il insiste en revanche sur « le patriotisme qui respire dans ses écrits, occupait toutes ses pensées et dirigeait tous ses projets ». C’est incontestablement un profond attachement à sa ville natale qui l’a conduit à édifier un véritable mythe, c’est-à-dire un récit des origines, étranger malgré ses apparences érudites au souci de la vérité historique, destiné à éclairer la situation présente et à orienter l’action de ceux à qui il s’adresse, à savoir les Toulousains de la fin de l’Ancien Régime. Pénétré, comme beaucoup de ses concitoyens, du sentiment d’un inexorable déclin – politique, économique et culturel – de sa « patrie », il s’efforce de les pousser à réagir, en les invitant à se reconnaître dans le portrait idéalisé de leurs ancêtres. Tel est le sens de la conclusion de son mémoire Sur l’ancienneté et les qualités dominantes des Tectosages, où il affirme « que si les premiers Tectosages ne sont pas moins recommandables par leur valeur que par leur extrême antiquité, il est glorieux pour ceux de nos jours de soutenir sans dégénérer l’éclat d’une telle origine ».

13Mais a-t-il été entendu ? On peut en douter : ses travaux n’ont pas été jugés dignes d’être transcrits intégralement dans les registres de mémoires copiés de l’académie ni publiés dans ses mémoires imprimés ; en proposant en 1764 comme sujet de concours de « déterminer l’origine et le caractère des Tectosages, l’étendue et l’état de la partie de la Celtique qu’ils occupèrent jusqu’à l’entrée des Romains dans leur pays, et les excursions qu’ils firent avant cette époque », la compagnie montre qu’elle ne tenait pas pour définitives les conclusions auxquelles il était parvenu une dizaine d’années plus tôt ; et surtout le discours du lauréat Roudil de Berriac, ainsi que les productions de la majorité de ses confrères sur les Tectosages, donnent de ces derniers une image sensiblement différente de celle qu’il avait tenté d’accréditer.

14Si Raynal confirme que « ces peuples n’ont été précédés, dans ces contrées, par aucune autre nation » et que « leur antiquité les met au rang des peuples primitifs », Montégut se refuse à trancher entre « les différentes opinions » des auteurs qui ont écrit sur la fondation de Toulouse : « Les uns l’attribuent aux Phéniciens, d’autres aux Grecs établis à Marseille, le plus grand nombre pense qu’elle a été bâtie par les Celtes, desquels étaient issus les Volces Tectosages et Arécomiques. » Or, selon Roudil de Berriac, les Volces ne sont pas « les premiers habitants connus de leur pays [...]. Des peuplades de Liguriens et d’Ibériens ont occupé avant eux la côte maritime du Languedoc », et « la ressemblance de son nom avec celui de quelques villes d’Espagne » suggère que Toulouse a été fondée par des Ibériens, avant d’être occupée par les Tectosages.

15Le récit de leurs expéditions en Germanie, dans les Balkans et en Asie Mineure se retrouve sous la plume de la plupart de nos auteurs, qui s’accordent à penser qu’après le sac de Delphes une partie d’entre eux sont « revenus à Toulouse, leur ancienne patrie, chargés de l’or et de l’argent qu’ils avaient enlevés dans ce lieu sacré » (Raynal). Ils insistent sur leurs talents militaires et leur courage physique : « Aucun peuple ne porta plus loin le mépris de la mort. Ils allaient au combat en dansant et en chantant les vertus et les victoires de leurs ancêtres [...]. Quelquefois ils se dépouillaient jusqu’à la ceinture avant le combat, pour se rendre plus formidables » ; leurs femmes « suivaient les hommes dans les combats », les encourageaient « par leurs gestes, par leurs discours, par leur exemple », et contribuaient souvent à leurs victoires (Raynal). Mais si l’abbé d’Héliot exaltait sans réserve leur ardeur guerrière, ses confrères déplorent les excès d’un « peuple belliqueux » (Labroquère), d’une « nation qui avait toujours les armes à la main » et n’était pas plus tranquille chez elle qu’à l’extérieur : « c’était sans cesse peuple contre peuple ; la fin d’une petite guerre était comme le commencement d’une autre » (Guasco). Roudil de Berriac concède que « la grande vertu des Tectosages était la valeur » (c’est-à-dire la bravoure), mais pour lui « le principe en était l’avarice et un amour excessif de la liberté ; elle dégénérait souvent en férocité ».

16La férocité apparaît en effet comme un de leurs traits dominants. Elle s’exprime dans la violence des comportements quotidiens (« Il était assez ordinaire de défier ses meilleurs amis de gaieté de cœur et uniquement pour savoir qui était le plus brave [...]. Les festins finissaient souvent par des défis ou duels dans lesquels l’un des deux adversaires restait quelquefois sur la place », rapporte Roudil de Berriac), dans la passion immodérée de la chasse, « divertissement assorti à ce goût sanguinaire et à cette férocité de mœurs » selon l’abbé de Guasco, et surtout dans la pratique des sacrifices humains. Totalement passée sous silence par l’abbé d’Héliot, l’habitude d’offrir aux dieux des victimes humaines (soit en les égorgeant dans de grands bassins de pierre d’après Roudil de Berriac, soit en les faisant brûler dans des statues d’osier d’après Raynal) révolte tous les autres auteurs, qui la jugent « barbare », « cruelle », « inhumaine », « contraire à la nature même ». « On ne peut se défendre d’un mouvement d’horreur en lisant que cette abominable coutume était générale dans les Gaules, et qu’elle était particulièrement en vigueur chez les peuples de la Gaule narbonnaise », s’exclame Roudil de Berriac. Seul Durosoi tente de la justifier, en remarquant que « ces sanglantes cérémonies étaient en elles-mêmes moins affreuses qu’elles ne semblent d’abord », puisqu’« on ne les exécutait que lorsque l’État semblait menacé d’un danger imminent », et que « les Gaulois, quelque barbares qu’ils fussent, n’immolaient des hommes que pour le salut public : c’était l’égoïsme sacrifié au bien général ».

17La religion des Tectosages n’est donc pas cette préfiguration du christianisme naïvement dépeinte par l’abbé d’Héliot. Ils croient certes en l’immortalité de l’âme, mais ne sont pas exempts de superstition et de fanatisme, qu’exploitent les druides. Leur « maxime [...] de ne rien mettre par écrit de ce qui regardait les sciences et de ne les communiquer qu’au petit nombre de personnes qui se consacraient au druidisme, faisait que le gros de la nation vivait dans l’ignorance et dans la barbarie », alors que grâce à cette « supercherie » les druides monopolisaient tous les pouvoirs : « eux seuls étaient les interprètes des lois, les oracles de la politique, les maîtres de la philosophie et de la théologie, les orateurs et les jurisconsultes de la nation » (Guasco).

18Enfin, on ne peut admettre que la civilisation occidentale soit née chez les Tectosages avant de se répandre dans le reste du monde. Au contraire, c’est à l’influence de peuples plus avancés qu’eux qu’ils doivent d’être progressivement sortis de la barbarie, dans le domaine de la vie matérielle comme dans celui de la vie intellectuelle. Pour l’abbé de Guasco. « il y a bien de la vraisemblance que les Volces reçurent plusieurs connaissances, plusieurs pratiques, soit pour les sciences, soit pour la religion, et même plusieurs mots de leur langue, des peuples de la Phénicie ». « Adonnés uniquement au métier des armes, les Tectosages ignorèrent longtemps les premiers éléments de l’agriculture », estime Roudil de Berriac ; « ce furent les Marseillais qui leur enseignèrent à cultiver leurs terres, à planter des vignes et des oliviers ». « Le commerce des Phocéens établis à Marseille rendit peu à peu les peuples de ces contrées moins sauvages », confirme Raynal ; « ils apprirent d’eux à cultiver les terres, à entourer les villes de murailles, et à terminer leurs différends par la voie de la justice ». Selon l’abbé de Guasco, il faut attendre la période romaine pour qu’ils atteignent leur plein épanouissement culturel : « C’est ainsi que Toulouse, dont les habitants avaient porté si loin la gloire pernicieuse des armes dans les temps les plus reculés, répara en quelque sorte par la culture des lettres, enfants de la paix, les torts qu’elle avait faits au genre humain ».

19On le voit, la représentation des Tectosages qui ressort de cet ensemble de textes se distingue nettement de l’image d’Épinal proposée par l’abbé d’Héliot ; plus complète et plus nuancée, replacée dans une évolution dont les principales étapes sont l’arrivée des Grecs à Marseille et la conquête romaine, elle intègre la dimension chronologique qui lui faisait défaut, s’éloignant ainsi du mythe pour se rapprocher de l’histoire. Il y a pourtant un point sur lequel presque tous les érudits de la fin du XVIIIe siècle sont d’accord : c’est celui de l’ancienneté de Toulouse, et de la supériorité dont elle aurait longtemps joui par rapport à Rome.

20Pour l’abbé d’Héliot, « il est naturel de supposer à Toulouse une ancienneté proportionnée à celle des Tectosages », dont elle était la « ville originaire » et la « patrie » : elle est donc « plus ancienne que Rome », et présentait « tous les caractères d’une grande et puissante ville, tandis que Rome était encore à son berceau ». À l’exception de l’abbé de Guasco et de Roudil de Berriac – c’est-à-dire, et ce n’est pas un hasard, des deux auteurs non toulousains de notre échantillon –, cette conviction semble unanimement partagée. Toulouse est « une des plus anciennes villes de l’Europe », dont le père Sermet s’efforce de démontrer qu’elle existait « plus de cinq siècles avant Rome » ; « une des plus anciennes villes du monde », « la capitale d’un peuple nombreux, longtemps avant la fondation de Rome » si l’on en croit Raynal et Montégut. À une époque où l’ancienneté constitue un facteur déterminant de prestige, cette antériorité est déjà un puissant motif de fierté ; mais il s’y ajoute une supériorité militaire et culturelle sur les Romains plus glorieuse encore : « J’aime à voir dans les Tectosages, nos ancêtres, des ennemis redoutables à ce peuple conquérant, qui ont traité avec lui d’égal à égal [...]. Je suis flatté de voir cette orgueilleuse cité donner à Toulouse les titres de Savante et de Palladienne », s’écrie Montégut ; Toulouse « chérissait déjà les arts et les sciences » avant que les Romains ne produisent des littérateurs, des philosophes et des artistes, « ainsi tout prouve combien Rome fut longtemps inférieure à Toulouse », renchérit Durosoi.

  • 27 Chantal Grell, op. cit., p. 235.
  • 28 Daniel Roche, op. cit., p. 384.

21Cette revanche posthume des Tectosages sur la capitale du monde antique doit sans doute être interprétée comme une revanche symbolique des Toulousains modernes sur la capitale de la France. Porte-parole d’élites locales privées d’initiative politique par la centralisation monarchique et marginalisées par la centralisation culturelle, les membres de l’académie se réfugient dans une Antiquité imaginée plutôt que retrouvée, utilisée en tout cas comme un antidote à la frustration que leur inspire la suprématie parisienne ; pour eux, « le retour aux origines est un acte de patriotisme [...], c’est affirmer, face à Paris, leur identité27 ». Comme beaucoup de leurs confrères provinciaux du siècle des Lumières, ils pratiquent une histoire qui, par sa « fonction compensatoire et cathartique28 », relève en grande partie du mythe. Ce qu’avait bien vu l’un des leurs, l’abbé Magi, qui dans une brochure satirique publiée sous le couvert de l’anonymat en 1781 persifle ses concitoyens persuadés que leur Capitole est « le premier Capitole du monde », celui de Rome n’étant « que son cadet », et les invite à davantage de rigueur :

  • 29 Jean-Pierre Magi, Remarque d’un Russe sur la colonie et le Capitole de Toulouse, s. l., s. n., 178 (...)

Malgré tous vos historiens, je crois que la véritable histoire de Toulouse reste encore à faire. Celles qu’on a vues jusqu’à présent sont sujettes à mille contradictions, et l’on reconnaît partout la main intéressée à louer sa patrie. Les gens du pays ne sont pas toujours propres à en écrire l’histoire, surtout dans un pays qui passe [...] pour aimer l’hyperbole29.

Notes

1 Michel Taillefer, Une académie interprète des Lumières. L’académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse au XVIIIe siècle, Paris, CNRS, 1984, 323 p.

2 David Rossoni, L’histoire de Toulouse présentée par des historiens locaux du XVIIIe siècle, mémoire de maîtrise, université de Toulouse-Le Mirail, 1993, p. 29 et 59.

3 Chantal Grell, L’histoire entre érudition et philosophie. Étude sur la connaissance historique à l’âge des Lumières, Paris, PUF, « Questions », 1993, p. 5.

4 « L’Antiquité au XVIIIe siècle », Dix-huitième Siècle, no 27, 1995, p. 5-292.

5 Daniel Roche, Le Siècle des lumières en province. Académies et académiciens provinciaux, 1680-1789, Paris-La Haye, Mouton, 1978, t. I, p. 367.

6 Les Volces (ou Volques) tectosages occupaient un vaste territoire compris entre la moyenne vallée de la Garonne, les Cévennes et les Pyrénées ; à l’est, leur domaine confinait à celui des Volces arécomiques, qui s’étendait jusqu’au Rhône.

7 Benoît d’Héliot, Discours historique et critique sur l’ancienneté et les qualités dominantes des Tectosages, 4 et 27 juillet 1754, assemblée publique du 10 avril 1755, archives de l’académie des sciences de Toulouse (AAST), registre des délibérations, 8, p. 188-196 ; Sur les qualités dominantes des Tectosages, 26 juin, 10 et 17 juillet 1755, ibid., 9, p. 47-53 ; Dissertation historique et critique sur le génie et les qualités dominantes des femmes tectosages, 2, 8, 16 et 23 juin 1757, ibid., 10, p. 47-52 ; Sur les qualités littéraires des Tectosages, 15 juin, 6 juillet, 2 et 17 août 1758, ibid., 10, p. 165-174.

8 Antoine Barthès, Sur les femmes tectosages, 27 juillet 1758, AAST, registre des délibérations, 10, p. 160.

9 Charles-Géraud de Bousquet de Savères, Sur les anciens murs de la ville de Toulouse, 21 mars 1748, AAST, registre de mémoires copiés, 2, p. 319-324 ; Sur le Château narbonnais, 22 janvier 1750, ibid., 3, p. 137-142.

10 Jean-François de Montégut, Recherches sur les antiquités de Toulouse, 27 février 1777, dans Histoire et Mémoires de l’Académie royale des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse, à Toulouse, de l’imprimerie de D. Desclassan, t. I, 1782, p. 65-110 ; Sur quelques fragments d’inscriptions romaines découvertes à Toulouse vers la fin de l’année 1782, 23 janvier 1783, ibid., t. II, 1784, p. 14-35.

11 Antoine-Pascal-Hyacinthe Sermet, Sur une inscription de Tholus, 30 janvier 1783, ibid., t. III, 1788, p. 352-364.

12 François-Raymond-Luc de Labroquère, Sur l’origine de la municipalité de Toulouse et sur les effets qu’elle produisit jusqu’à la première race de nos rois, 23 juin 1785, ibid., t. IV, 1790, p. 152-180. Il est probable que d’autres communications, dont le texte ne nous est pas parvenu, abordaient aussi l’histoire des Tectosages : par exemple celles de M. Reboutier, agrégé à la faculté de droit, Sur l’origine de Toulouse (16 février 1747), de l’abbé Bertrand Capmartin de Chaupy, Sur quelques antiquités toulousaines (10 août 1780), de M. de Labroquère, Sur les différents peuples qui étaient placés entre les Aquitains et les Arécomiques pendant les premiers siècles de l’Empire romain (24 juillet 1783), ou encore les Réflexions d’un correspondant narbonnais, Jacques Viguier d’Estaignol, Sur la dissertation de M. Reboutier sur les origines de Toulouse (18 août 1785).

13 En 1749 : Fixer le temps où les sciences et les arts ont commencé à être cultivés chez les Volces et marquer les changements qu’ils occasionnèrent dans les mœurs, les coutumes et la religion de ces peuples ; en 1764 et 1767 : Déterminer l’origine et le caractère des Tectosages, l’étendue et l’état de la partie de la Celtique qu’ils occupèrent jusqu’à l’entrée des Romains dans leur pays, et les excursions qu’ils firent avant cette époque ; en 1770, 1773, 1776 et 1779 : Déterminer 1 ° les révolutions qu’éprouvèrent les Tectosages, la forme que prit leur gouvernement et l’état de leur pays sous la domination successive des Romains et des Wisigoths ; 2 ° leurs lois et leur caractère sous la puissance des Romains.

14 Elle proposait alternativement des sujets « physico-mathématiques, médico-physiques et de littérature », ces derniers ayant presque toujours une orientation historique.

15 Octavien de Guasco, Dissertation sur le temps que les sciences et les arts commencèrent d’être cultivés chez les Volces... Pièce qui a remporté le prix de l’année 1749, dans Pièces qui ont remporté le prix de l’Académie royale des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse, depuis l’année 1747 jusqu’en 1750, à Toulouse, chez François Forest, 1758, 102 p.

16 Jean-Antoine-Hubert Roudil de Berriac, Discours qui a remporté au jugement de l’Académie royale des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse le prix double proposé pour l’année 1767, et dont le sujet consistait à déterminer l’origine et le caractère des Tectosages..., bibliothèque municipale de Toulouse, ms. 607, 132 p.

17 Jean Raynal, Histoire de la ville de Toulouse avec une notice des hommes illustres, une suite historique et chronologique des évêques et archevêques de cette ville et une table générale des capitouls depuis la réunion du comté de Toulouse à la couronne jusqu’à présent, à Toulouse, aux dépens de Jean-François Forest, 1759, XII-541-34 p.

18 Barnabé Farmian de Rosoy, dit Durosoi, Annales de la ville de Toulouse dédiées à Monseigneur le Dauphin, à Paris, chez la veuve Duchesne, 1771-1776, 4 vol.

19 Chantal Grell, op. cit., p. 259.

20 Nicolas Bertrand, De Tholosanorum gestis, Toulouse, J. Grandjean, 1515, 96 f. ; Les Gestes des Tholosains et d’autres nations de l’environ, Lyon, A. Arnollet, 1517, 58 f.

21 Antoine Noguier, Histoire toulousaine, Toulouse, G. Boudeville, 1556. 133 p.

22 Guillaume de Catel, Mémoires de l’histoire du Languedoc..., Tolose, P. Bosc, 1633, 1038 p.

23 Germain de Lafaille. Annales de la ville de Toulouse depuis la réunion de la comté de Toulouse à la couronne, Toulouse, G.-L. Colomyez, 1687-1701, 2 vol.

24 Contrairement à ce que suggère Christelle Péréra dans son article « Le mythe tectosage dans l’historiographie toulousaine de l’époque moderne », Annales du Midi, no 221, janvier-mars 1998, p. 57.

25 Chantal Grell, op. cit., p. 257-272.

26 Pierre de Rey de Saint-Géry, Éloge de M. l’abbé d’Héliot lu dans l’assemblée publique de l’Académie du 25 août 1779, dans Histoire et Mémoires de l’Académie royale des sciences de Toulouse, t. I, 1782, p. 133-141.

27 Chantal Grell, op. cit., p. 235.

28 Daniel Roche, op. cit., p. 384.

29 Jean-Pierre Magi, Remarque d’un Russe sur la colonie et le Capitole de Toulouse, s. l., s. n., 1781, p. 4.

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