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Études sur la sociabilité à Toulouse et dans le Midi toulousain de l’Ancien Régime à la Révolution

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Michel Taillefer

Académies et activités académiques

La société des beaux-arts et la création de l’académie royale de peinture, sculpture et architecture (1746-1750)

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Texte intégral

  • 1 Bibliothèque de l’école des beaux-arts ; une copie de ce Mémoire est déposée à la bibliothèque du (...)
  • 2 Joseph Maillot, Recherches historiques sur les établissements et les monuments de la ville de Toul (...)
  • 3 Alexandre Du Mège, Histoire des institutions religieuses, politiques, judiciaires et littéraires d (...)
  • 4 Robert Mesuret, Bicentenaire de l’académie des arts et de l’école des beaux-arts, 1750-1950, cat. (...)
  • 5 Jean Penent, La peinture toulousaine et le retour du classicisme (1700-1835), thèse de doctorat, u (...)
  • 6 Edmond Saint-Raymond, « Les débuts de l’école publique de dessin à Toulouse et la première société (...)
  • 7 Sur ce personnage, qui joua un rôle de premier plan dans la vie culturelle de Toulouse à l’époque (...)
  • 8 Le Mémoire de Mondran suit l’histoire de l’académie jusqu’à la veille de la Révolution, et se term (...)

1L’histoire de la création de l’académie des arts a été retracée, il y a plus de deux siècles, par celui qui en fut le plus actif protagoniste, Louis de Mondran, dans le « premier cahier » de son Mémoire pour servir à l’histoire de l’Académie royale de peinture, sculpture et architecture de la ville de Toulouse1. Comme tous nos prédécesseurs, de Joseph Malliot2 et Alexandre Du Mège3 à Robert Mesuret4 et Jean Penent5 en passant par Edmond Saint-Raymond6, nous nous appuierons largement sur le récit de celui qui fut le principal animateur de la société des beaux-arts et le plus efficace promoteur de sa transformation en académie7. Mais ce texte incontournable doit être utilisé avec davantage de précautions qu’on ne l’a fait jusqu’ici. Rédigé longtemps après les événements qu’il relate8, il comporte des erreurs, de dates notamment, des confusions et des omissions. Son auteur a été trop passionnément engagé dans le combat qu’il a mené en faveur de son projet d’académie pour que son témoignage ne soit pas entaché d’une certaine partialité. Il est donc nécessaire de le compléter, de le préciser et parfois de le corriger en ayant recours à des sources plus objectives. La documentation disponible n’est malheureusement pas très riche. Elle émane essentiellement de l’administration municipale (délibérations du conseil de bourgeoisie, pièces à l’appui des comptes) et de la société des beaux-arts elle-même (mémoires et projets présentés aux autorités, statuts et règlements). Fragmentaire et lacunaire, elle permet pourtant, confrontée au Mémoire de Mondran, de tirer de l’oubli cette institution méconnue qui a ouvert la voie à l’établissement de l’académie.

Les origines

  • 9 Mémoire que présente la société des beaux-arts de Toulouse pour obtenir des lettres patentes, manu (...)

2L’idée de greffer une société académique sur l’école municipale de dessin fondée en 1726 paraît presque aussi ancienne que celle-ci. Le succès de l’enseignement dispensé par Antoine Rivalz ne passa pas inaperçu des « amateurs des beaux-arts », qui prirent l’habitude de venir au Capitole « connaître par eux-mêmes les progrès des élèves ». L’école devint bientôt « un rendez-vous assidu auquel ils ne purent et ne voulurent plus manquer, et comme les artistes les plus distingués s’y rendaient aussi, il se forma des uns et des autres une assemblée dont les arts et les moyens de les perfectionner étaient l’objet et l’entretien ». Rivalz, qui « avait reconnu par lui-même l’utilité des établissements de ce genre » lors de son séjour à Rome, envisageait de transformer ce « concours d’amateurs et d’artistes » en « société dirigée par des statuts, assujettie à des travaux réglés, et dont les arts seraient l’unique objet », bref en société des beaux-arts. Mais sa disparition en décembre 1735 entraîna l’abandon de son projet : « Comme les secours accordés par la ville ne l’étaient que pour le temps de sa vie, l’école cessa à sa mort et les assemblées d’amateurs et d’artistes qui s’y formaient furent totalement interrompues9. »

  • 10 Projet de répartition du fonds de cinq cens livres que la ville de Toulouse a destiné pour les pri (...)
  • 11 Délibérations du conseil de bourgeoisie, AMT, BB 51, fol. 169 r°-v°.
  • 12 Les Règlemens pour l’établissement d’une société des arts libéraux, et pour la distribution des pr (...)

3La nécessité de les reprendre, sous une forme plus officielle, s’imposa à partir de 1744 lorsque le successeur de Rivalz à la tête de l’école, Guillaume Cammas, obtint de la municipalité une subvention pour la distribution de prix à ses meilleurs élèves. En effet, qui dit concours dit jury pour départager les participants et désigner les lauréats. Dans le Projet de répartition du fonds de cinq cens livres que la ville de Toulouse a destiné pour les prix de l’école de peinture, sculpture et architecture qu’il présenta aux édiles en juillet 1745, Cammas écrivait donc qu’« il ne manque plus à ce projet que de former une Société académique des arts libéraux, composée d’amateurs et de maîtres, pour juger, conjointement avec Messieurs les capitouls, les ouvrages des concurrents ». Il ajoutait que « cette Société ne coûtera rien à la ville, et est absolument nécessaire pour donner à l’établissement projeté toute la distinction et la solidité qu’il mérite10 ». Le conseil de bourgeoisie se rendit à ses arguments ; le 6 août, il chargea les capitouls et quatre commissaires de dresser un « projet de règlements ou cérémonial [...] pour la forme des assemblées et séances de la Société11 », qui devait être imprimé et distribué aux membres du conseil afin qu’ils puissent faire part de leurs observations12.

La mise en place

  • 13 Délibérations du conseil de bourgeoisie, AMT, BB 51, fol. 176 v°, 178 r°, 180 r°-v° et 184 v°.

4Le 7 janvier 1746, le conseil de bourgeoisie adopta, après l’avoir légèrement amendé, le « projet d’établissement de l’Académie des arts libéraux », ou « Académie de peinture », arrêté par les commissaires et les capitouls. Il prévoyait que la société, qui cherchait encore son nom, serait constituée de vingt-six sujets, dont la moitié représentant la municipalité : les huit capitouls en exercice, le syndic de la ville (Louis-Guillaume Bailot) et les quatre commissaires qui avaient rédigé les statuts (les anciens capitouls Jean Poisson et Nicolas d’Héliot, avocats, Bernard de Cez, baron de Caupène, et Jean-Antoine Destadens, écuyers). Les autres membres, répartis entre six « adjoints honoraires » et sept « adjoints artistes », devaient être « choisis par ce Conseil sur la présentation qui en sera faite par Messieurs les commissaires ». Les artistes furent nommés le 13 janvier ; outre Guillaume Cammas, il s’agissait des peintres Jean-Baptiste Despax et Pierre Rivalz, des sculpteurs Marc II Arcis, Pierre Lucas et Étienne Rossat et du graveur Claude Simonin. Les honoraires furent désignés le 28 janvier ; c’étaient le comte de Caraman, le comte de Fumel, l’abbé Maduron, l’abbé de Sapte et deux « écuyers », Pierre de Lagorrée et Louis de Mondran13. Issus des ordres privilégiés, ils appartenaient aux élites sociales de la ville et, pour la plupart d’entre eux, aux cercles de sociabilité culturelle : Caraman et Fumel étaient mainteneurs des jeux Floraux, Caraman, Fumel et Sapte membres de la société des sciences (qui s’apprêtait à recevoir ses lettres patentes d’académie royale), Caraman, Fumel et Mondran francs-maçons.

5Le Mémoire de ce dernier permet de suivre les premiers pas de la société des beaux-arts, qui trouva rapidement son titre définitif mais connut des débuts quelque peu hésitants. Retardée « par des circonstances particulières », la première assemblée ordinaire n’eut lieu que le 10 mai 1746. Le capitoul qui la présidait, l’avocat Jean-Maurice Raynaud, « prononça un discours à la louange des beaux-arts et propre à exciter le zèle des associés en faveur de cet établissement » ; puis on tira au sort le rang d’ancienneté, destiné à être observé dans les cérémonies, et on forma le bureau de la société. Le comte de Caraman fut élu modérateur et l’abbé Maduron secrétaire perpétuel, mais il démissionna dès le 14 mai et fut remplacé par l’abbé de Sapte à la place de secrétaire et par Jean-Galbert de Gaillac-Puy-Saint-Pierre, membre de l’académie des jeux Floraux, comme associé honoraire (on ne parlait plus d’« adjoints »). Le même jour furent jugés les morceaux de concours réalisés par les élèves de l’école de dessin à la fin de l’année précédente et décernés les premiers prix ; le lendemain se déroula le premier concours organisé sous l’égide la société.

  • 14 Leurs places furent déclarées vacantes et attribuées, par la suite, à une date que nous n’avons pu (...)

6Le 11 juin, celle-ci dut exclure deux associés artistes, Despax et Rossat, qui s’étaient « comportés indécemment » et lui avaient « manqué grièvement [...] par des procédés qu’elle n’a pas voulu consigner dans ses registres par discrétion pour eux14 ». Sans doute étaient-ils à l’origine des « cabales par lesquelles des esprits noirs, envieux et inquiets travaillaient à éloigner de l’école les jeunes élèves » dont « depuis plusieurs jours le nombre [...] avait considérablement diminué ». Pour déjouer ces manœuvres, vraisemblablement inspirées par des rivalités professionnelles, on décida de n’admettre aux concours que les élèves assidus.

7Malgré le succès de la première assemblée publique, tenue le 7 août avec un cérémonial imposant sur lequel Mondran s’attarde longuement, l’existence de la société restait précaire et elle faillit disparaître en raison d’une initiative malheureuse d’un de ses dignitaires les plus influents, le comte de Caraman, réélu modérateur à la fin du mois d’août. L’année suivante, à une date non précisée,

il assembla chez lui les associés honoraires pour leur représenter que la Société ne ferait pas de grands progrès dans un local aussi ingrat que celui où le corps de ville nous avait placés, qu’il était même indécent qu’elle fût réduite à s’assembler dans la chambre à coucher du peintre de la ville ; d’ailleurs étant présidés par les capitouls et environnés de membres de l’hôtel de ville, qui pour la plupart ne sentaient pas l’honneur qu’on leur faisait de vouloir faire fleurir un établissement dont toute la gloire rejaillissait sur eux, ils nous feraient souvent éprouver des dégoûts qui pourraient refroidir notre zèle et anéantir cet établissement ; qu’il était d’avis que nous nous réunissions à l’Académie des sciences, qu’il se faisait fort de faire approuver cette réunion par la cour, que par ce moyen nous ne serions plus dans la dépendance humiliante d’un corps qui ne connaîtrait pas dans peu le prix des soins que nous nous donnions.

  • 15 Mondran, op. cit., I, p. 18-34.

8Cette proposition se heurta à de vives objections de la part de Mondran : se trouvant « sous la puissance du Conseil de ville », la société risquait de perdre la subvention annuelle qu’elle recevait de la municipalité ; elle devrait renoncer à toute augmentation de ses moyens financiers, et donc à développer l’école de dessin, à lui procurer un logement convenable, à rémunérer les professeurs et à étoffer son personnel ; elle ne pourrait plus espérer d’être érigée elle-même en « corps académique » ; enfin « il nous arriverait ce qui est arrivé à Bordeaux où l’Académie des arts s’étant réunie à celle des sciences, celle-ci s’est appropriée les revenus de celle des arts qui s’est détruite insensiblement par l'affectation qu’ils eurent de ne jamais nommer aux places d’artistes dès qu’ils mouraient ». Si l’on en croit Mondran, « la fermeté patriotique avec laquelle il donna son avis fit lâcher prise au modérateur, et il fut convenu qu’on n’en parlerait plus ». Mais peut-être sa victoire est-elle due surtout au fait que le comte de Caraman quitta Toulouse peu après. Mondran « en qualité de plus ancien fit les fonctions de modérateur le reste de cette année » (1747) ; élu officiellement le 24 février 1748, il fut régulièrement reconduit par la suite15. L’énergie qu’il déploya à la tête de la société permit à celle-ci, non seulement de perdurer, mais aussi d’obtenir, dans un délai relativement bref, sa transformation en académie royale.

L’évolution statutaire

  • 16 États des impressions…, CC 2770, fol. 59.
  • 17 Règlemens pour l’établissement d’une société des beaux-arts, et pour la distribution des prix que (...)

9Le règlement de la société des beaux-arts approuvé par le conseil de bourgeoisie en janvier 1746 fut imprimé en trois cents exemplaires16 et distribué aux associés la veille de leur première séance ordinaire. Il comporte trente articles, dont les quinze premiers constituent les statuts de la société, et les autres fixent le déroulement des concours17.

10La société est alors composée des huit capitouls en exercice ; de quatre commissaires nommés chaque année par le conseil de bourgeoisie parmi les anciens capitouls (« deux de chaque robe », c’est-à-dire deux avocats et deux écuyers) ; du syndic de la ville ; de six associés honoraires élus à vie par leurs confrères « parmi les personnes de considération amatrices des arts » ; et de sept associés « ordinaires » (ou artistes) : le peintre de la ville et six « sujets professant les beaux-arts et qui par leurs ouvrages auront donné au public des preuves de leur capacité ». À ces vingt-six membres devaient s’ajouter « les trois sujets qui auront remporté les grands prix » et qui seront « remplacés de trois ans en trois ans par ceux qui remporteront les mêmes prix après eux ». Désigné pour un an dans la dernière séance de février, le modérateur préside les assemblées en l’absence du chef du consistoire ou de son représentant et exerce « un droit de visite et de discipline » sur l’école de dessin ; comme le secrétaire perpétuel chargé de la tenue des registres, il doit faire partie des associés honoraires.

11Le comte de Fumel ayant quitté Toulouse comme le comte de Caraman, ces derniers n’étaient pas assez nombreux pour assurer la bonne marche de la société et particulièrement l’organisation des concours. Mondran, qui faisait fonction de modérateur et ne pouvait suffire à tout, demanda donc à la ville la permission « de nommer six adjoints à Messieurs les associés honoraires qui se trouvent extrêmement surchargés par les différentes opérations qu’ils sont obligés de faire, notamment à présent que la distribution des grands prix doit être faite » ; mais, dans sa séance du 8 mars 1747, le conseil de bourgeoisie délibéra de laisser les choses en l’état. Le 21 septembre, cependant, le chef du consistoire Bailot confirma que

Messieurs les capitouls et commissaires se sont aperçus que quelques soins qu’ils se soient donnés pour soutenir la Société des beaux-arts, elle devient déserte en connaisseurs parce que quelques-uns de Messieurs les associés honoraires, soit qu’ils fussent occupés à leurs affaires particulières, soit aussi qu’ils fussent rebutés par le travail qu’il y a à faire, avaient abandonné les assemblées de cette Société.

  • 18 Délibérations du conseil de bourgeoisie, AMT, BB 51, fol. 212 v°, 213 r°, 245 r°-v°, 246 v° et 249 (...)
  • 19 Calendrier de Toulouse pour l’année bissextile mil sept cens quarante-huit..., à Toulouse, chez P. (...)

12Le conseil accepta alors « que la Société choisisse huit associés adjoints, dont quatre seront pris et remplacés le cas échéant parmi Messieurs les anciens capitouls, deux de robe longue et deux de robe courte, et les autres quatre parmi les personnes de la ville amatrices des beaux-arts ». Deux jours plus tard, il approuva la nomination dans la deuxième catégorie de Nicolas-Joseph Marcassus de Puymaurin, Charles-Clément Martin de Saint-Amand, François Garipuy (tous trois membres de l’académie des sciences) et M. de Marie, et dans la première de Joseph Durand, Poisson, d’Héliot et Destadens ; les trois derniers étant déjà commissaires de la ville, ils furent remplacés par les anciens capitouls François-Mathurin Lacour et Jean-Antoine Fabry, avocats, et Charles-François Francain, écuyer18. La composition de la société, telle qu’elle apparaît dans le Calendrier de Toulouse pour l’année 174819, est désormais la suivante : les huit capitouls ; quatre anciens capitouls commissaires de la ville ; quatre anciens capitouls associés ; le syndic de la ville ; six associés honoraires ; quatre associés ordinaires (terme préféré à celui moins valorisant d’adjoints) ; sept associés artistes. Passés de vingt-six à trente-quatre membres, ses effectifs respectent donc toujours une stricte parité entre les représentants de la ville d’une part, les amateurs et les artistes de l’autre.

  • 20 Projet de statuts pour la société des beaux-arts, à Toulouse, de l’imprimerie de Claude-Gilles Lec (...)
  • 21 Mondran, op. cit., I, p. 40.
  • 22 L’abbé de Sapte, qui était également secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, avait démiss (...)
  • 23 Picot de Lapeyrouse avait été désigné le 20 juin à la place de Caupène, absent de Toulouse depuis (...)
  • 24 Délibérations du conseil de bourgeoisie, AMT, BB 51, fol. 323 v°, 324 v°, 325 r, 326 r°-v°, 327 r° (...)
  • 25 Statuts de la société des beaux-arts de Toulouse, autorisez pour trois ans par le corps de ladite (...)
  • 26 Calendrier de Toulouse pour l’année 1751, à Toulouse, chez P. Robert et L. Baour, 1750.

13Le 30 mars 1748, un mois après son élection au poste de modérateur, Mondran soumit à ses confrères un ambitieux projet de réforme des statuts, qu’il fit imprimer20. Destiné à « faire fleurir la Société et lui mériter dans les suites de la bonté du roi des lettres patentes qui en fixassent l’établissement21 », il prévoyait notamment d’augmenter encore le nombre des associés, « afin que chacun d’eux puisse, sans se déranger de ses affaires, remplir avec assiduité et avec zèle les engagements qu’il a contractés », d’instituer une place de trésorier, de nommer, à côté des professeurs de dessin, « des professeurs pour la peinture, la sculpture et l’architecture », et de « changer l’ordre de la distribution des prix ». Soumis au conseil de bourgeoisie en mai 1749, ce plan fut examiné par des commissaires qui n’y trouvèrent rien « de contraire aux intérêts de la ville ni aux droits de Messieurs les capitouls », et adopté dans ses grandes lignes le 20 juin. Le conseil décida « d’autoriser le projet de nouveaux statuts pour trois ans » et de permettre à la société « de créer une place de secrétaire perpétuel avec le titre d’associé ordinaire22 et une place d’associé ordinaire externe, comme aussi deux places d’associés ordinaires à vie qui seront pris parmi Messieurs les anciens capitouls, l’un de robe longue et l’autre de robe courte ». Le 2 juillet, il entérina les choix de la société qui avait nommé M. de Boisset de Glassac secrétaire perpétuel et associé ordinaire, Hyacinthe Labat de Savignac associé ordinaire externe, Lacour et Philippe Picot de Lapeyrouse associés ordinaires anciens capitouls ; ces dentiers furent remplacés comme commissaires de la ville23 par Bernard Lapomarède de Laviguerie, avocat, et Pierre Pertenais, écuyer24. Aux termes des nouveaux statuts, dont les dix-sept articles sont beaucoup plus détaillés que les précédents25, la société réunit donc les huit capitouls, fondateurs et présidents-nés ; sept associés honoraires perpétuels, élus parmi « les personnes de considération de cette ville amatrices des arts » ; quatre commissaires de la ville anciens capitouls, nommés chaque année par le conseil de bourgeoisie ; le syndic de la ville ; cinq associés ordinaires perpétuels, élus parmi « les personnes vivant noblement qui auront du goût pour les arts » ; six associés ordinaires anciens capitouls perpétuels, trois de robe longue et trois de robe courte ; neuf associés artistes ; et les « trois élèves qui auront remporté les grands prix », associés pour trois ans. La liste publiée par le Calendrier de Toulouse pour l’année 175126 correspond à cette répartition, mais elle ne comporte que sept associés artistes (ce qui fait un total de trente-huit membres permanents, dont dix-neuf représentants de la municipalité) et un seul lauréat du grand prix, le peintre Étienne Loys.

  • 27 Mondran, op. cit., I, p. 34, 37 et 46.
  • 28 Dès 1748, les mandements du trésorier de la ville pour le paiement des prix des concours sont adre (...)
  • 29 Délibérations du conseil de bourgeoisie, AMT, BB 48, fol. 155 v°, BB 51, 119 r° et 328 r°.

14Les statuts précisent aussi la composition du bureau de la société. Désigné chaque année dans la dernière séance d’août pour entrer en fonction le premier janvier suivant, le modérateur est pris dans les rangs des associés honoraires, comme le secrétaire perpétuel. Il préside les séances particulières en l’absence des capitouls, a la responsabilité du bon fonctionnement de la société et de l’école de dessin, prononce les discours lors des assemblées publiques. Le secrétaire enregistre les procès-verbaux des délibérations, conserve les ouvrages présentés aux concours, établit le programme diffusé à la fin de l’assemblée publique de distribution des prix. Bien que selon Mondran la place du modérateur, qui supportait « le plus grand fardeau du travail », ait été « si fatigante qu’il fallait une patience sans bornes et un zèle outré pour la remplir dignement », la suggestion de l’abbé de Sapte visant à le faire épauler par un « directeur » ne fut pas retenue27. Quant au trésorier, il est nommé pour trois ans parmi les associés ordinaires anciens capitouls ; Francain fut confirmé dans cette fonction qu’il occupait déjà officieusement28. Il a la garde des effets appartenant à la société et gère les fonds qu’elle reçoit chaque année de la ville. Ceux-ci s’élèvent en 1750 à 940 livres : 400 livres versées depuis le 3 septembre 1726 pour l’entretien de l’école de dessin (frais de chauffage et d’éclairage, gages du modèle vivant), 500 livres affectées le 28 juillet 1744 aux prix des concours, et 40 livres accordées le 20 juin 1749 pour rémunérer un « scribe » chargé de copier les diverses écritures de la société29.

Les séances ordinaires et les assemblées publiques30

  • 30 Les renseignements sur le déroulement des séances de la société proviennent essentiellement du Mém (...)

15Lors de la création de la société, la municipalité lui assigna « à perpétuité un logement à l’hôtel de ville », mais ne lui proposa que la salle de l’école de dessin, qui était « si malpropre qu’il était impossible de s’y placer sans gâter ses habits » ; aussi lui-préféra-t-elle, à contre-cœur car cela ne lui paraissait guère digne d'elle, la chambre de Cammas. Mais il semble qu’ensuite, en attendant « que la ville puisse lui fournir un local convenable », elle se résigna à utiliser celui de l’école.

  • 31 Les États des impressions… mentionnent fréquemment ces « billets pour la convocation d’une assembl (...)
  • 32 Mondran, Projet pour le commerce et pour les embellissemens de Toulouse, lu dans une séance de l’a (...)

16Tenues d’abord le dernier samedi de chaque mois à quatre heures de l’après-midi, les séances ordinaires prirent rapidement un rythme bimensuel. Elles avaient lieu, avec une interruption entre la fin du mois d’août et la Saint-Martin (11 novembre), le deuxième et le dernier dimanche du mois, de cinq à sept heures du soir, sous la présidence d’un des capitouls ou en leur absence du modérateur ou du plus ancien des associés. Bien que jouissant du privilège, en principe réservé aux magistrats municipaux, d’entrer au Capitole sans quitter leur épée, les participants se plaçaient autour du modérateur et du secrétaire sans distinction de rang, « comme on le pratique dans toutes les assemblées littéraires ». Comme dans toutes les réunions de ce type également, une partie de l’ordre du jour était consacrée à la gestion et à la vie interne de l’institution : révision des statuts et des règlements, élection des officiers et reddition des comptes du trésorier (le dernier dimanche d’août), nomination aux places vacantes (à la majorité absolue des votants convoqués par billets31). La supervision de l’école de dessin et l’organisation des concours retenaient longuement, on va le voir, l’attention des membres de la société. Mais ceux-ci devaient aussi fournir un tribut académique. Le 3 septembre 1746, il fut décidé que chaque associé honoraire et commissaire de la ville ferait à tour de rôle « l’analyse de quelque ouvrage de peinture, de sculpture et d’architecture à son choix », et que les associés artistes seraient invités « d’en faire autant, ou du moins de porter chacun à leur tour une académie d’après le modèle vivant dessinée par eux, dont le recueil pourrait dans les suites servir de dessins à faire copier par [les] élèves ». Reprises dans les statuts ultérieurs, ces dispositions ne furent que partiellement appliquées : de l’aveu même de Mondran, si les associés honoraires et ordinaires et les commissaires de la ville se montrèrent « assez exacts » à s’y conformer, les associés artistes « n’ont jamais voulu s’y soumettre », alléguant que professant gratuitement « ils payaient par conséquent leur écot assez cher ». La production intellectuelle de la société se limite donc aux analyses d’œuvres d’art développées, vraisemblablement à partir de gravures, par les associés non artistes à l’intention de leurs confrères, et aussi des « élèves les plus capables » de l’école, qui étaient admis à les écouter pour leur servir de leçons et de « guide dans leurs ouvrages » (les statuts de 1749 précisent qu’« ils y assisteront debout, et se retireront quand elles seront finies »). Nous en ignorons malheureusement le sujet, faute d’avoir conservé des exemplaires du « tableau de l’ordre du travail » affiché chaque année dans la salle des séances et les registres de la compagnie. Mondran nous apprend en revanche que, en juillet 1749, il « présenta à la Société un projet d’embellissement pour la ville de Toulouse et pour y rendre le commerce plus florissant », qui préfigurait le fameux Projet pour le commerce et pour les embellissemens de Toulouse qu’il soumettra quelques années plus tard à l’académie32.

  • 33 Délibérations du conseil de bourgeoisie, AMT, BB 51, fol. 327 r °.

17Les statuts prévoient l’exclusion des associés qui auraient « manqué trois mois consécutifs aux assemblées » ou « passé deux fois leur tour sans faire l’analyse », et n’admettent à voter pour remplir les places vacantes que ceux « qui auront assisté à au moins une des trois assemblées précédentes ». Mais on peut douter de l’efficacité de ces mesures, les augmentations successives des effectifs, en 1749 notamment, ayant pour but de pallier « le petit nombre d’associés dont les assemblées de la Société se trouvent ordinairement composées33 ».

18L’absentéisme était sans doute moins prononcé aux assemblées publiques. Quatorze associés assistèrent à la première d’entre elles, le 7 août 1746, dont Mondran a laissé un récit circonstancié :

Nous nous rendîmes chacun séparément à trois heures après-midi dans le Petit Consistoire de l’hôtel de ville. Dès que nous fûmes tous assemblés, MM. les capitouls se revêtirent de leur robe de cérémonie appelée manteau comtal, et nous descendîmes au Grand Consistoire [...] précédés par la symphonie de la ville, du bedeau de la ville avec sa masse d’argent à la main.

  • 34 Allusion à la création de l’académie royale des sciences, inscriptions et belles-lettres, qui avai (...)

19Lorsque les différentes catégories de membres eurent pris place sur les sièges qui leur étaient destinés, la séance fut ouverte par un « discours très éloquent » du capitoul Raynaud, qui suppléait le chef du Consistoire et à ce titre présidait la cérémonie, « sur les avantages que procurent les arts dans une ville qui les cultive ». Puis « le bedeau appela successivement par leurs noms les élèves qui avaient remporté des prix » ; en les leur remettant, le président « leur fit un petit compliment propre à les encourager et à exciter leur émulation ». Le modérateur (le comte de Caraman) prononça ensuite « un discours très éloquent à la gloire du corps de ville sur l’utilité de l’établissement des écoles gratuites du dessin, sur le zèle dont la Société était animée pour faire fleurir les arts dans Toulouse, et l’espoir de la rendre aussi célèbre pour cette partie qu’elle l’a toujours été pour les sciences et les belles-lettres34 ». Enfin le bedeau distribua « les programmes à toute la Société et au public, après quoi elle se retira au Petit Consistoire au bruit de la symphonie dans le même ordre qu’elle était venue dans le Grand Consistoire ».

  • 35 Lecamus en imprima 100 en août 1746, juin 1747, janvier 1748, 200 en juillet 1750 (États des impre (...)
  • 36 Ibid., CC 2770, fol. 313.
  • 37 Ibid., CC 2770, fol. 59, 313, et CC 2775, fol. 67.

20Par la suite, conformément à ses statuts, la société tint deux assemblées publiques annuelles, le deuxième dimanche de janvier et le premier dimanche de juillet. Au cours de la première, qui marque l’ouverture de l’année académique, le modérateur délivre une « semonce » dans laquelle il rend compte des travaux et des progrès de la compagnie, exhorte ses confrères « à être assidus à remplir les devoirs de leurs places » et encourage « la jeunesse à cultiver les beaux-arts ». La seconde est celle de la distribution des prix ; on y observe le même cérémonial qu’en 1746, auquel a été ajoutée « l’analyse des ouvrages couronnés » à laquelle procède le modérateur. Annoncées par des affiches « en grand placard35 » disposées « dans tous les carrefours », tandis que les associés reçoivent des billets de convocation et les anciens capitouls des billets d’invitation36, les deux cérémonies ont pour cadre le grand consistoire et attirent un public fourni, si l’on en juge par le nombre des programmes imprimés à son intention : 300 exemplaires en août 1746, 400 en janvier 1748 et en juillet 175037.

L’école de dessin

  • 38 Ici encore nous utilisons les renseignements fournis par le Mémoire de Mondran et par les statuts (...)

21Toujours dirigée par le peintre de la ville, l’école de dessin est désormais placée sous l’égide de la société. Par rapport à la période précédente, elle bénéficie d’une organisation plus rigoureuse, d’un corps enseignant plus étoffé, de moyens matériels accrus et, grâce à la distribution publique des prix et à l’exposition des ouvrages couronnés, d’une meilleure visibilité auprès de la population38. Elle fonctionne « tous les jours ouvrables sans exception, depuis cinq heures précises du soir jusques à sept heures », pendant la période d’activité de la société, c’est-à-dire du 11 novembre, jour où le peintre de la ville en fait l’ouverture « par un discours aux élèves propre à les encourager », au 1er septembre.

  • 39 Délibérations du conseil de bourgeoisie, AMT, BB 51, fol. 327 r°-v°.

22Jugeant le local qui lui était affecté « dans le logement du sieur Cammas », à proximité de son atelier, « très petit et très mal situé », la société demanda en 1749 à la municipalité de lui concéder « une grosse tour qui est dans la seconde cour de l’hôtel de ville près l’arsenal », et qui servait de prison pour femmes, afin d’y « dresser un bel amphithéâtre qui contiendrait au moins cent cinquante élèves » ; mais bien que le duc de Richelieu, commandant en chef de la province, qui avait visité l’école et l’avait effectivement trouvée trop petite, soit intervenu en sa faveur, le conseil de bourgeoisie décida le 20 juin de « laisser les choses en l’état39 ».

23Depuis 1738, Cammas et Lucas assuraient seuls la totalité de l’enseignement, c’est-à-dire les leçons de dessin, de peinture, d’architecture et de sculpture. Ils ont reçu, lors de l’établissement de la société, le renfort de cinq autres associés artistes – en 1746, ce sont deux peintres, deux sculpteurs et un graveur, à partir de 1747, trois peintres, un graveur et un ciseleur – qui ont à tour de rôle la charge de l’école. Le peintre de la ville la tient du 11 novembre jusqu’à la fin du mois, puis ses confrères lui succèdent « chacun à leur tour durant un mois, suivant l’ordre du tableau » arrêté chaque année par le secrétaire et affiché dans la salle. Les « professeurs en exercice » placent le modèle vivant, corrigent les travaux des élèves, contrôlent leur assiduité, font régner l’ordre et le silence, veillent à l’entretien du matériel. Selon Mondran, ils se sont montrés « fort zélés et fort assidus à leurs fonctions », qu’ils exerçaient pourtant gratuitement, mais n’étaient pas assez nombreux. Dès 1747, au moment de sa controverse avec le comte de Caraman, il souligna le besoin de professeurs spécialisés de peinture, de sculpture, d’architecture, d’anatomie, de géométrie et de perspective. L'idée fut reprise dans le projet de statuts qu’il inspira l’année suivante :

Quoique le dessin soit le fondement des beaux-arts, il ne s’ensuit pas de là qu’un bon dessinateur puisse avec le seul dessin devenir habile peintre, bon sculpteur ou grand architecte ; il faut bien d’autres connaissances, et ces connaissances ne peuvent guère s’acquérir qu’avec le secours de bons maîtres. Il faut des professeurs de dessin, mais il faut aussi des professeurs pour la peinture, la sculpture et l’architecture.

  • 40 Mémoire manuscrit, 21 juin 1750, AMT, GG 925, 2 ; Délibérations du conseil de bourgeoisie, AMT, BB (...)

24Les statuts de 1749 instituent donc trois « professeurs gagés » de peinture, de sculpture et d’architecture, présentés, dans le mémoire que la société joignit en 1750 à sa demande de lettres patentes, comme faisant partie de son personnel ; mais, faute de ressources pour les rémunérer, ils ne furent pas recrutés et n’apparaîtront qu’après sa transformation en académie. De même, c’est en vain que la société tenta d’obtenir en juin 1750 l’établissement d’une place de « professeur d’anatomie extérieure40 », qui ne sera créée qu’en 1751.

25L’école accueille gratuitement « tous ceux qui désirent apprendre à dessiner ». Conformément aux principes d’une pédagogie méthodique et progressive, les élèves sont « séparés en quatre classes », composées la première « de commençants qui ne dessinent que des parties, la seconde de ceux qui dessinent des académies entières, la troisième de ceux qui dessinent d’après la bosse, la quatrième de ceux qui dessinent d’après le modèle vivant ». Le passage dans la classe supérieure est décidé deux fois par an par l’assemblée générale des professeurs, réunis le deuxième dimanche de décembre et le premier dimanche de juin en présence du secrétaire et du modérateur. Une stricte discipline est imposée aux élèves, qui ne peuvent changer de place, parler, faire du bruit, tenir « des mauvais propos ou des discours trop libres », manquer à la politesse et à la décence sans risquer d’être renvoyés par le professeur. Il leur est interdit de « dessiner d’autres estampes que celles qui auront été approuvées par les professeurs », au cours de leur assemblée du deuxième dimanche de décembre, « à peine d’avoir leurs estampes et leurs ouvrages déchirés ».

  • 41 Comptes de trésorier, AMT, CC 2215, fol. 24 r°.
  • 42 Délibérations du conseil de bourgeoisie, AMT, BB 51, fol. 245 v°.
  • 43 Ibid., fol. 279 r°-v°, 327 r° et 328 r°.
  • 44 Annales manuscrites, AMT, BB 283, p. 544-545. La délibération du conseil de bourgeoisie du 20 juin (...)
  • 45 Petit-fils de Riquet, le comte de Caraman était le principal propriétaire du canal des Deux-Mers.

26Mondran soutient dans son Mémoire que lorsqu’il accéda à la fonction de modérateur l’école n’avait « ni dessins ni plâtres », ce qui n’est sans doute pas tout à fait exact : en 1744 avaient été achetées « plusieurs estampes ou pièces d’académie destinées à servir de modèles », payées 96 livres au graveur et marchand d’estampes Jacques Grangeron41, qui n’avaient vraisemblablement pas déjà disparu. Mais ce matériel était insuffisant et, contrairement à son prédécesseur qui ne s’était donné « aucun mouvement pour ces objets », Mondran n’hésita pas à « importuner souvent les capitouls » ; « à force de persévérance », il en obtint « quelques petits secours ». Le 21 septembre 1747, le conseil de bourgeoisie fut informé que les professeurs étaient surchargés de travail, car ils étaient « obligés chacun de corriger dans un mois les dessins que les élèves font sur le modèle vivant », et qu’il était donc nécessaire « d’avoir des modèles en plâtre pour que les élèves qui ne font que commencer et qui ne sont pas encore assez forts pour dessiner sur le modèle vivant puissent prendre des commencements42 ». Or Mondran venait d’apprendre que dans la succession du sculpteur Philippe Parant, qui avait été « employé par Louis XIV à mouler à Rome toutes les statues antiques », et qui venait de mourir à Béziers, se trouvaient « beaucoup de belles têtes antiques et de figures en plâtre qu’il avait moulées dans les creux qu’il avait faits à Rome pour le roi ». La société envoya Rivalz pour les examiner et proposa à la ville de les acheter. Approuvé par le conseil de bourgeoisie le 12 juillet 1748, le principe de l’acquisition de ces plâtres, sur les fonds primitivement destinés à la distribution de grands prix réservés, fut confirmé le 20 juin 174943. Ici se présente une discordance entre les textes municipaux et les souvenirs de Mondran. « Nous n’avons point oublié que nous sommes dans Toulouse la Savante, et que c’est à nous de faire en sorte qu’elle soutienne dignement ce glorieux titre », proclament dans les annales de la ville les capitouls de 1749, qui ont donc donné à la société des beaux-arts « la permission de pouvoir disposer de six cents livres provenant des deux derniers prix réservés [...] afin de faire mouler à Paris les antiques qui sont au Louvre et les faire porter à Toulouse44 ». Mais d’après Mondran « toutes ces pièces curieuses » furent achetées à Béziers aux héritiers de Parant, qui en demandèrent 400 livres, « transportées à Toulouse par le canal dans la barque de M. de Caraman45, et le tout arriva en très bon état ». Quoi qu’il en soit, la société se trouvait pourvue d’une précieuse collection de modèles antiques, sans doute unique en province par son importance et sa qualité, dont il fallait assurer la préservation. Consciente que si on les laissait entre les mains des élèves « ils seraient tous cassés dans la suite des temps », elle décida de les faire mouler, de « ne donner à copier aux élèves que les exemplaires qu’on tirerait de ces moules », et que « les originaux seraient soigneusement conservés dans un dépôt et ne serviraient jamais que pour refaire de nouveaux moules lorsque les vieux seraient usés ». Grâce aux fonds des prix réservés, elle fit également mouler tous les plâtres qu’elle put « découvrir chez les artistes et chez les amateurs » et tirer « deux exemplaires de chaque moule, l’un pour l’école et l’autre pour être mis au dépôt des plâtres pour suppléer ceux que les élèves casseraient » ; il en coûta plus de 900 livres, « parce que tous les artistes et particuliers qui nous prêtèrent des modèles exigèrent qu’on leur en donnât une copie et qu’on leur rendît l’original, et que nous en fîmes tirer une copie de plus de chacun pour nous servir d’original ».

  • 46 Florence Feix, « Le rôle de l’estampe dans l’enseignement de l’académie royale de peinture », Toul (...)

27Davantage encore que de moulages pour l’apprentissage du dessin « d’après la bosse », l’école avait besoin de gravures, qui jouaient alors dans l’éducation artistique un rôle primordial46. Mondran représenta aux capitouls

  • 47 Le mémoire ainsi résumé par Mondran n’a pas été retrouvé.

que leur intention en établissant la Société avait été que l’instruction fût gratuite, que pour y attirer un grand nombre d’élèves et être assuré de leurs progrès il fallait leur fournir les meilleurs dessins et de bons principes gravés, que les parents de la plupart n’étant point en état d’en faire la dépense n’osaient point envoyer leurs enfants à l’école, ce qui était très nuisible non seulement à ceux qui se destinaient pour la peinture, la sculpture et l’architecture, mais même aux progrès et à la perfection de tous les arts et métiers, que le dessin étant le fondement de toute sorte d’arts et métiers on ne pouvait espérer d’avoir à Toulouse de bons ouvriers qu’autant qu’ils auraient des principes de dessin47.

28Convaincu par ces arguments de nature économique autant que pédagogique, le conseil de ville accorda à la société une somme de 200 livres avec laquelle elle se procura « plusieurs exemplaires des Antiques de Périer, des Galeries du Carrache et les Principes gravés de Jean de Boulogne ». Le 3 août 1749, elle réglementa l’utilisation de ces dessins, qu’elle fit coller sur des cartons : les professeurs devaient les reprendre aux élèves à la fin de chaque séance et « les enfermer dans une armoire destinée à cet usage » ; mais, rapporte Mondran, leur négligence « fut cause que plusieurs années après ces dessins disparurent, et que ceux qui ne furent pas enlevés se trouvèrent déchirés et hors de service ».

29Ce n’est donc qu’en 1749 que la société fut dotée des « plâtres, marbres, tableaux, dessins et bas-reliefs nécessaires pour le travail de l’école ». Ce matériel était placé sous la responsabilité du peintre de la ville, qui devait veiller à ce qu’il ne sorte pas du Capitole et le confiait chaque mois aux professeurs « de tour ». Auparavant ces derniers se servaient sans doute de gravures et de moulages leur appartenant, et de dessins qu’ils réalisaient eux-mêmes.

  • 48 Cité par Henri Omont, « Documents relatifs à l’établissement de l’académie de sculpture et de pein (...)
  • 49 Mémoire que présente la société des beaux-arts…, p. 14.

30On ne connaît pas précisément le nombre des jeunes gens qui suivaient leurs leçons. Selon un mémoire adressé en 1750 au comte de Saint-Florentin, l’école était alors « composée au moins de cinquante élèves, et elle le serait de plus de cent si le local était assez grand48 ». Il est certain par contre qu’elle n’accueillait pas seulement de futurs artistes – peintres, sculpteurs, architectes –, mais aussi et surtout des enfants d’artisans se préparant aux divers métiers des arts appliqués, tels que graveurs, orfèvres, brodeurs, menuisiers, ébénistes ; c’est grâce à elle « que les règles du dessin pénètrent dans les ateliers des moindres artisans, que nos bâtiments prennent une forme plus agréable et plus régulière, et que nous apprenons à donner aux appartements une distribution riante et commode49 ». On vient de le voir, ces élèves destinés à devenir « de bons ouvriers » appartenaient souvent à des familles modestes, qui profitaient de la gratuité de l’enseignement offert par la société mais ne pouvaient supporter de trop lourdes dépenses de fournitures.

Les concours

  • 50 Le peintre Bastide sera plus tard professeur adjoint à l’académie.
  • 51 Jean-Antoine Gros, pastelliste et miniaturiste réputé, est surtout connu aujourd’hui comme le père (...)
  • 52 Louis-Jean-François Lagrenée fut reçu en 1749 « élève protégé » à l’Académie de peinture de Paris (...)
  • 53 Gaubert Labeyrie deviendra associé artiste en 1751 et sera le dernier peintre de la ville avant la (...)
  • 54 Nommé associé artiste le 3 décembre 1747, Gilles Pin sera professeur à l’académie et directeur gén (...)
  • 55 Jean-Baptiste-François-Hyacinthe Labat de Savignac sera nommé associé ordinaire le 2 juillet 1749 (...)
  • 56 Mondran, op. cit., I, p. 20, 21, 24 et 25.
  • 57 Délibérations du conseil de bourgeoisie, AMT, BB 51, fol. 203 r° et 208 r°.
  • 58 Ibid., BB 50, fol. 227v ; Annales manuscrites, AMT, BB 283, p. 511.

31Dès sa formation, la société des beaux-arts consacra une grande partie de ses activités aux concours qu’elle devait organiser en application des règlements arrêtés par la ville en août 1745 et en janvier 1746. Le 14 mai 1746, elle jugea les travaux réalisés par les élèves à la fin de l’année précédente ; les lauréats de « cette première distribution » furent les sieurs Bastide50 et Gros51, qui reçurent un prix de 15 livres, et Lagrenée52, qui obtint le prix du modèle de 30 livres. Le lendemain se déroula dans la galerie des peintures du Capitole, prêtée par les capitouls car la société n’avait pas de local « propre pour faire travailler les élèves », le premier concours tenu sous sa responsabilité ; Labeyrie53 eut le prix de l’estampe de 15 livres et le prix de peinture de 60 livres, Lagrenée le prix de sculpture de 60 livres. Mondran fournit également la liste des élèves couronnés lors de l’assemblée publique du 7 août : Bastide reçut « un prix de 15 livres pour une figure d’après l’estampe », Gros « le second prix de 15 livres d’après l’estampe », Labeyrie « le petit prix de composition pour la peinture de valeur de 60 livres », Lagrenée « le prix de composition pour la sculpture de valeur de 60 livres » et « le prix de 30 livres pour une académie d’après le modèle vivant », le sieur Bordes et Labeyrie un prix de 15 livres, Pin54 le prix du modèle de 30 livres et Labat de Savignac55 le prix d’architecture de 60 livres56. Le 23 décembre, prenant acte de « l’émulation que cette distribution a causée dans le cœur des élèves qui fréquentent avec beaucoup d’assiduité l’école du dessin », le conseil de bourgeoisie résolut de « donner un état sûr à cet établissement » et de prier les commissaires du roi « d’additionner la somme de 500 livres à l’état des dépenses ordinaires de la ville pour servir annuellement à la distribution des prix de l’école du dessin57 », ce qui fut fait le 30 décembre58.

  • 59 Mondran, op. cit., I, p. 33.
  • 60 Ibid., p. 43. On ne connaît pas les noms des lauréats des concours de 1748 à 1750, à l’exception d (...)

32À partir de 1747, 1a distribution des prix eut lieu régulièrement « au jour accoutumé », c’est-à-dire le premier dimanche de juillet, selon le cérémonial décrit plus haut. Cette année-là, « on ne distribua que quatre prix ». Mondran cite trois des lauréats : Pin (prix du modèle), Labat de Savignac (petit prix d’architecture) et Labeyrie (petit prix de dessin)59 ; le quatrième était Étienne Loys, grand prix de peinture avec un tableau représentant David outragé par Semeï, qui à ce titre fut nommé associé pour trois ans. Les grands prix des années suivantes furent réservés, si bien qu’en cinq ans la société ne dépensa en médailles que 1 250 livres sur les 2 500 qu’elle toucha de la ville60, ce qui lui permit, on l’a vu, de compléter sa collection de moulages.

  • 61 Prix que la société des beaux-arts propose. Mois et jours auxquels il y aura concours pour ces pri (...)

33D’après les statuts de 1749 et le programme des concours de la même année61, la société décerne chaque année sept prix d’une valeur totale de 500 livres : deux médailles d’argent de 15 livres « à ceux des élèves qui auront le mieux copié un dessin », une médaille d’argent de 20 livres « à celui des élèves qui aura le mieux copié une tête d’après la ronde-bosse », une médaille d’argent de 30 livres « à celui qui aura le mieux réussi à faire une figure d’après le modèle vivant », deux médailles d’or de 60 livres « aux deux genres d’ouvrages qui ne seront pas de tour pour le grand prix » (soit, en peinture, « une composition de plusieurs figures groupées au crayon et au pinceau », en sculpture « un bas-relief en argile », et en architecture un morceau « en élévation, en profil, en plan géométral et en coupes », sur des sujets imposés), et enfin une médaille d’or de 300 livres attribuée

tour à tour au peintre, au sculpteur et à l’architecte qui aura le mieux réussi aux ouvrages dont les commissaires de la Société auront donné le sujet [...], le peintre, dans un tableau dans lequel il traitera quelque sujet tiré de l’histoire sacrée ou profane, le sculpteur, par quelque bas-relief considérable, et l’architecte en dressant un plan géométral avec l’élévation et la coupe de quelque édifice somptueux.

  • 62 D’après Mondran (op. cit., p. 38), les associés artistes se lassèrent rapidement de cette tâche, q (...)
  • 63 Le tableau de Loys couronné en 1747 ornera encore la grande salle de l’académie après son installa (...)

34Les concours sont ouverts aux élèves qui ont été assidus « au moins pendant trois mois ». Ceux pour les « petits prix » de 15 livres ont lieu en janvier et en mars, celui pour le prix de 20 livres en mai et celui pour le prix de 30 livres en juin ; les concurrents travaillent dans la salle de l’école pendant « trois jours de suite », de sept heures du matin à cinq heures du soir, sous la surveillance d’associés qui s’assurent qu’ils réalisent bien eux-mêmes leur ouvrage, à copier les estampes et les plâtres choisis par les commissaires de la société ou à dessiner d’après le modèle vivant. Les sujets pour les prix de 60 livres sont donnés en mars pour le tableau, en avril pour le bas-relief et en mai pour le plan d’architecture, le sujet pour le grand prix de 300 livres en mars, les travaux devant être remis au plus tard le jeudi avant le 2 juin. Ce jour-là, le modérateur les répartit entre les professeurs62, qui rédigent des rapports que la société discute à partir du deuxième samedi de juin, avant de sélectionner les morceaux qui lui paraissent mériter d’être « admis au concours ». Ces derniers sont « exposés à la curiosité publique, dans la galerie des Illustres, trois jours avant le dernier dimanche de juin », date à laquelle la société s’assemble pour délibérer ; les associés font chacun à leur tour la critique des pièces qu’ils ont sous les yeux, mais dont l’anonymat est préservé par un cachet recouvrant le nom des élèves, puis adjugent les prix « par scrutin, à la pluralité des suffrages ». Le jour de la distribution, les œuvres couronnées sont exposées dès le matin dans le grand consistoire. Les noms des lauréats des grands prix sont affichés « en gros caractères » dans la salle de l’école, et leurs productions restent acquises à la société pour décorer la salle des séances63. En théorie un même élève peut remporter vingt et un prix (trois de chaque catégorie), représentant au total 1 635 livres, mais cela ne s’est jamais produit.

  • 64 Arthur Birembaut, « Les écoles gratuites de dessin », dans R. Taton (dir.), Enseignement et diffus (...)
  • 65 La société des sciences avait attendu dix-sept ans ses lettres patentes, que la société des beaux- (...)

35Même si beaucoup de prix ont été réservés, les noms des principaux lauréats – Gros, Lagrenée, Labeyrie, Pin, Labat de Savignac, Loys – témoignent en faveur de la qualité de l’enseignement artistique dispensé dans l’école de la société. Ils attestent aussi son rayonnement hors de la région toulousaine, puisque Lagrenée était originaire de Paris, Pin de Marseille, Loys de Montpellier, Labat de Savignac de Bordeaux. On peut donc difficilement prétendre qu’elle « semble n’avoir guère eu de vitalité avant le milieu du siècle64 ». Au contraire, c’est le dynamisme de la société des beaux-arts qui explique qu’elle ait obtenu si rapidement son érection en académie de peinture, sculpture et architecture65, la première créée en province et la seule à avoir reçu le titre d’académie royale.

L’érection en académie66

  • 66 Nous suivons ici le récit de Mondran, complété et nuancé au besoin par les autres documents dispon (...)
  • 67 Délibérations du conseil de bourgeoisie, AMT, BB 51, fol. 328 r°.

36En 1749 le corps de ville « commença à se lasser des dépenses que la Société lui occasionnait ». Le 20 juin, le conseil de bourgeoisie refusa de lui concéder la tour qu’elle souhaitait aménager en amphithéâtre, et ne consentit à payer le salaire d’un « écrivain » qu’à condition qu’elle ne pourrait « plus rien demander et qu’il ne pourra plus lui être rien accordé sous quelque cause et prétexte que ce soit67 ». Mondran, « qui connaissait la façon de penser des bourgeois, n’osa plus les importuner pour obtenir des fonds pour remplacer les dessins ». Pourtant, quelque temps après, il apprit de plusieurs anciens capitouls de ses amis que le conseil envisageait de supprimer la société, en raison de son succès même : « le nombre des élèves augmentant tous les jours », il faudrait bien se résoudre à reloger l’école et à rémunérer les professeurs, « ce qui constituerait à l’avenir [pour] la ville des dépenses considérables qu’elle n’était pas en état de faire ».

  • 68 On connaît deux copies manuscrites de ce mémoire, présentant de légères variantes (AMT, GG 923, et (...)
  • 69 Charles-Antoine de La Roche-Aymon.
  • 70 Henri-François d’Aguesseau.

37Aiguillonné par l’exemple de la société des sciences, Mondran rêvait depuis la création de la société des beaux-arts de lui faire obtenir des lettres patentes d’académie royale. « Ayant bien prévu l’orage qui se formait », il jugea que le moment était venu de passer à l’action. Au printemps de 1750, il pria un de ses amis, le président du bureau des trésoriers de France Bruno de Castel, qui devait partir pour Paris, « de faire son possible pendant qu’il serait dans cette capitale de faire ériger par le roi la Société des arts en Académie royale », et lui remit « un mémoire pour prouver l’utilité d’une Académie des arts dans une ville située à l’extrémité du royaume, où le génie des habitants n’a besoin que de secours pour réussir ». Castel s’acquitta efficacement de sa mission. Comme il l’écrivit à Mondran le 13 juin, dès son arrivée à Paris il alla voir le comte de Caylus, « de qui il était fort connu », et sut gagner l’appui de ce puissant personnage, très influent dans les milieux politiques et artistiques : « Il ne trouve point de difficulté à obtenir pour votre Société des lettres patentes, il veut bien avoir la bonté de se mêler de cette affaire, il m’a demandé un mémoire bien circonstancié depuis l’établissement de cette Société en conséquence duquel il agira ». Mondran s’exécuta aussitôt. Il composa un Mémoire que présente la société des beaux-arts de Toulouse pour obtenir des lettres patentes, contenant notamment une Histoire de l’origine, de la fondation et du progrès de la société et un projet de règlements68, et l’envoya « par le premier courrier » à Caylus, accompagné d’une lettre de compliment rédigée au nom de la société ; mais il prit soin de n’en rien dire à ses confrères, car il était « bien résolu de ne [se] confier à personne de cette compagnie, de peur que le corps de ville en fût instruit ». Parallèlement, il fit présenter par le comte de Caraman au comte de Saint-Florentin, le secrétaire d’État chargé du « département » des académies, un double du mémoire adressé à Caylus. « Il écrivit encore à M. l’archevêque de Toulouse69 et à M. le duc de Richelieu [...] pour les prier de [l’] aider de leurs sollicitations auprès de M. le chancelier70 et de M. de Saint-Florentin », persuadé « qu’en mettant plusieurs puissances en mouvement en faveur de la Société cela ne pouvait rien gâter », et aussi, sur le conseil de Castel,

à Messieurs de l’Académie royale de peinture à Paris, pour les prier de ne pas s’opposer à notre établissement ; cette politesse était nécessaire parce que lorsque M. le comte de Caylus fut demander à M. le chancelier son agrément pour cette érection, celui-ci lui répondit que si l’Académie [...] ne s’y opposait pas il consentirait avec plaisir à nos lettres patentes.

  • 71 Cité par Omont, op. cit., p. 551.

38Depuis 1676 en effet, la réglementation royale plaçait les « écoles académiques de peinture et de sculpture » créées en province sous la tutelle de l’institution parisienne ; elles devaient être « gouvernées et conduites par les officiers que l’Académie voudra commettre, se conformer à la discipline et suivre les préceptes et manières d’enseigner de la même Académie, s’en rapporter à ses décisions sur leurs différends et lui faire connaître leurs progrès71 ».

  • 72 Garde des médailles du cabinet du roi, Claude Gros de Boze était aussi secrétaire perpétuel de l’A (...)
  • 73 Charles-Antoine Coypel était alors le directeur de l’Académie royale de peinture et de sculpture.
  • 74 BNF, ms. fr., NA 3543, fol. 147, cité par Omont, op. cit., p. 555.

39Pendant l’été s’engagea entre les représentants des parties concernées, la société des beaux-arts à Toulouse, le gouvernement royal à Versailles et l’Académie de peinture à Paris, un intense échange de correspondance dont plusieurs éléments ont été conservés. Après avoir reçu la demande de la société et en avoir conféré avec le chancelier, Saint-Florentin estima que le « modèle des statuts » qui lui avait été fourni appelait « un examen sérieux et réfléchi » et devait être « soumis aux observations des plus grands maîtres pour les arts » ; « comme toutes les académies des provinces doivent être filles de celle de Paris », il crut ne pouvoir faire « un meilleur choix pour cet examen que M. de Boze, de l’Académie française et de celle de peinture et de sculpture72, pour la rédaction [des] lettres patentes et des statuts, et de M. Coypel, premier peintre du roi73, pour faire les observations qui peuvent conduire à la perfection de cette opération ». Le 31 juillet, il transmit le dossier à Boze en le priant de se concerter avec Coypel sur « la forme des statuts » à donner à la future académie74. Le 8 août, il prévint Mondran de cette procédure et lui conseilla d’entrer directement en contact avec Boze et Coypel, « pour accélérer l’expédition des lettres patentes à laquelle il m’a paru que Sa Majesté voudra bien consentir » ; les mêmes informations figuraient dans une lettre du 13 août à La Roche-Aymon, qui la transmit à Mondran. Le 18 août, Saint-Florentin communiqua à Boze une lettre, un mémoire et un projet de règlement imprimé qu’il venait de recevoir de la société ; celle-ci le suppliait à nouveau

  • 75 Allusion à l’académie des sciences, inscriptions et belles-lettres.
  • 76 BNF, ms. fr., NA 3543, fol. 139-141, cité par Omont, op. cit., p. 543-545.

de lui accorder sa protection pour avoir des lettres patentes. On ne démontrera point l’utilité d’un pareil établissement ; l’intérêt public éclaire sans cesse les grands ministres. Il suffira de dire que, si les Toulousains ont mérité des faveurs pareilles pour les sciences et pour les belles-lettres75, ils osent espérer que leur ancien amour pour les beaux-arts n’est pas moins digne de la protection et des grâces de Sa Majesté76.

  • 77 Anatole de Montaiglon, Procès-verbaux de l’Académie royale de peinture et de sculpture, 1648-1793, (...)

40Trois jours auparavant, la société avait écrit à l’Académie de peinture de Paris une « lettre de politesse » qui se terminait ainsi : « Nous vous prions de nous accorder votre protection, l’honneur de votre affiliation, l’avantage de votre correspondance, et votre crédit pour obtenir les lettres patentes que nous sollicitions actuellement auprès du roi77 ». Elle fut suivie le 19 août par une lettre à Boze, soulignant que

  • 78 BNF, ms. fr., NA 3543, fol. 150-151, cité par Omont, op. cit., p. 556.

l’objet de notre demande est de faire fleurir dans cette province, par un établissement honorable et solide, les arts qui y ont été négligés pendant longtemps faute d’encouragements et de secours, et que l’éloignement où elle est de Paris met hors de portée de profiter de ceux que cette ville célèbre leur départ si abondamment78.

41La première de ces missives étant signée par Mondran et neuf autres associés honoraires et ordinaires, et la seconde par Mondran et Marcassus de Puymaurin « pour le secrétaire », il semble que, contrairement à ce qu’il laisse entendre dans son Mémoire, Mondran avait dès ce moment cessé de garder le secret sur ses démarches.

  • 79 Dans un bref mémoire manuscrit, malheureusement non daté, où elle informe les capitouls qu’« il se (...)

42Estimant, après avoir reçu à la mi-août la réponse de Saint-Florentin, que « les lettres patentes étaient assurées », il voulut éviter de froisser le corps de ville en continuant à le tenir à l’écart de ce qui se préparait. Mettant dans la confidence le chef du consistoire, l’avocat Jean-Baptiste Lasserre, qui était « son intime ami », il le pria « de porter incessamment en point au Conseil de ville de demander au roi d’ériger la Société des arts en Académie royale ». Ce qui fut fait mais, comme le craignait Lasserre qui avait rappelé à Mondran que « nos anciens capitouls ne connaissent pas l’utilité de votre école et se récrient continuellement sur les 900 livres qu’elle coûte à la ville », sans succès : « Il ne tint qu’à une voix que nous ne fussions supprimés et il passa à nous laisser subsister comme nous étions ». C’est du moins ce qu’affirme Mondran qui, dans ses souvenirs, se donne le beau rôle. Les registres de délibérations du conseil de bourgeoisie rendent un son de cloche un peu différent. Ils ne mentionnent pas le vote évoqué par Mondran, mais montrent que dès le 5 août, donc avant que la position de Saint-Florentin ne soit connue à Toulouse, des commissaires étaient chargés d’examiner la demande de soutien pour l’obtention des lettres patentes présentée par la société des beaux-arts79. Le 5 septembre, sur le rapport de ces commissaires, le conseil décida

  • 80 Délibérations du conseil de bourgeoisie, AMT, BB 52, fol. 7 r°-v°, 8 r°, 13 v° et 14 v°.

que pour donner une forme certaine, stable et permanente à la Société des beaux-arts, la commission est continuée pour dresser un projet de statuts, en prenant les avis de ceux qui composent cette Société sans distinction, dans lequel en se rapprochant autant qu’il sera possible des statuts déjà faits, même de ceux de l’Académie royale des beaux-arts de Paris, on préviendra toutes les difficultés et contestations qui pourraient s’élever dans les suites, comme aussi pour connaître à peu près à quoi pourront se monter les frais des lettres patentes, l’enregistrement et l’amortissement, et généralement tout ce qui pourra être nécessaire et utile pour le maintien de ladite Académie, pour le tout rapporté en pareil Conseil et approuvé s’il y a lieu demander au roi qu’il lui plaise d’ériger cette Société en Académie, lui accorder des lettres patentes, et pour y parvenir se donner tous les soins nécessaires afin que ledit projet de statuts soit conservé et autorisé80.

43Témoignant certes du souci – après tout bien légitime – de ménager les finances de la ville, cette délibération n’exprime aucune hostilité à l’égard de la société, de son existence et de sa transformation en académie, dont le principe paraît d’ores et déjà acquis.

44On peut néanmoins admettre qu’elle n’avait pas que des amis à l’hôtel de ville. Elle comptait aussi des adversaires parmi les artistes dont son école concurrençait les ateliers. Le 30 août, Mondran fut informé par Castel que deux lettres anonymes dirigées contre elle avaient été adressées à Saint-Florentin. Il soupçonna Despax et Rossat, exclus en 1746 et notoirement jaloux de Cammas, qui à leurs yeux occupait indûment la place de directeur de l’école « que Despax croyait lui être due en raison de ses talents supérieurs ». « Heureusement tous ces libelles ne firent aucune impression, parce que le modérateur put à temps expliquer au ministre les motifs [de] ces deux artistes peu délicats. »

  • 81 Le graveur Bernard Lépicié.
  • 82 Montaiglon, op. cit., VI, p. 231.
  • 83 Ibid., p 248-249. Dans un Examen de la qualité et de la nature des privilèges de l’Académie, relat (...)

45Il fut également rassuré par la réponse de l’Académie royale de peinture de Paris à la « lettre de politesse » de la société, lue le 5 septembre dans une assemblée générale que présidait le directeur général des Bâtiments du roi, Lenormant de Tournehem ; le 26 septembre, elle fit savoir aux associés, par l’intermédiaire de son secrétaire perpétuel81, « non seulement qu’elle approuve votre établissement, mais qu’elle reçoit avec plaisir votre affiliation et la correspondance que vous lui proposez82 ». Elle prit néanmoins quelques précautions pour que ses privilèges ne soient pas écornés par la création en province d’une autre académie royale. Comme le fit remarquer Boze dans une lettre à Coypel lue dans la séance du 9 janvier 1751, il s’était efforcé en rédigeant les statuts de l’institution toulousaine de « conserver à l’Académie de Paris sa supériorité », grâce notamment à trois articles prévoyant que deux associés honoraires « seront toujours choisis parmi les amateurs honoraires de l’Académie royale de peinture », que « quand l’Académie de Toulouse se trouvera partagée sur des questions relatives aux progrès des arts qu’elle cultive elle s’adressera à l’Académie royale de peinture », et qu’elle lui enverra « tous les ans une relation sommaire de ce qui s’y sera passé de plus considérable dans le cours de l’année83 ».

  • 84 Membre de l’académie des sciences, Antoine-Augustin Darquier de Pellepoix sera nommé associé ordin (...)
  • 85 Et non le 25 décembre 1750, comme l’écrit Mondran, cette date étant plutôt celle de la lettre de S (...)

46Tous les obstacles semblant aplanis, Mondran fit parvenir vers la mi-septembre à Castel « une lettre de change de six cents livres que M. de Saint-Amand avança » pour les frais d’expédition des lettres patentes. Castel ayant dû quitter Paris peu après, un autre ami de Mondran, Darquier l’aîné84, se chargea des intérêts de la société et promit de faire diligence. Mais la rédaction des statuts prit encore trois mois. Enfin, dans les premiers jours de janvier 175185, Mondran reçut de Saint-Florentin la lettre décisive, qu’il ne manque pas de retranscrire dans son Mémoire :

Messieurs, j’ai rendu compte au roi du succès des assemblées que vous avez tenues jusqu’à présent pour la perfection des beaux-arts. Sa Majesté pour en augmenter l’utilité a bien voulu y donner une forme convenable et permanente tant par un règlement que par des lettres patentes qui ont autorisé, créé et institué ces sortes d’assemblées sous le titre d’Académie royale de peinture, sculpture et architecture. Je les ai envoyées au Sceau d’où vous aurez agréable de les retirer. Je suis persuadé que les témoignages que le roi vous donne de sa protection et de sa bienveillance en cette occasion animeront encore votre zèle et que vos travaux ainsi que vos succès justifieront de plus en plus les bontés de Sa Majesté.

47Darquier fit aussitôt prendre les lettres au Sceau et les envoya par le courrier suivant à Mondran.

48Celui-ci organisa alors, avec la complicité de Lasserre, toute une mise en scène pour communiquer la nouvelle au corps de ville. Il se rendit au Capitole où il trouva les capitouls et de nombreux anciens capitouls réunis dans le petit consistoire. Il leur rappela qu’ils avaient été à deux doigts de supprimer la société et leur annonça qu’elle avait malgré tout obtenu du roi des lettres patentes conformes à ses vœux.

Ce préambule les épouvanta, ils crurent que ces lettres patentes les excluaient de l’Académie, leurs physionomies s’allongèrent. M. de Mondran qui avait éprouvé leur refus de les demander jouissait avec un plaisir secret de leur consternation présente ; elle le vengeait en apparence de la manière désobligeante dont le Conseil de ville avait délibéré contre la Société ; mais ce n’était pas ainsi qu’il prétendait véritablement se venger.

49Le chef du consistoire lut le texte des lettres patentes, et les capitouls purent constater que leurs prérogatives y étaient maintenues. « La joie fut peinte sur les visages, tous ces Messieurs embrassèrent le modérateur, dès ce moment ils furent convaincus de son zèle et de son affection pour l’hôtel de ville. » Mais ce dénouement édifiant s’est-il bien produit comme le raconte son héros ? Faute de confirmation dans les sources officielles, rien ne permet de l’affirmer. Il n’en reste pas moins que Mondran, grâce à son obstination, à son habileté, et peut-être surtout aux protections que lui procurait un vaste réseau de relations sociales et mondaines, est parvenu à surmonter les oppositions et les résistances que son projet rencontrait dans certains milieux toulousains et à affranchir la société de la tutelle des autorités municipales, en provoquant l’intervention déterminante du pouvoir royal.

  • 86 Bibliothèque de l’école des beaux-arts. Le texte des lettres patentes a été publié par Mesuret, op (...)
  • 87 Établissement de l’académie royale de peinture, sculpture et architecture de Toulouse, par lettres (...)
  • 88 En attendant que soit terminée la nouvelle façade du Capitole, sur les plans de Cammas, dont la pr (...)

50Les lettres patentes de décembre 1750 érigeant la société des beaux-arts de Toulouse en académie royale de peinture, sculpture et architecture et le règlement en quarante-deux articles daté du 25 décembre qui leur était attaché86 furent enregistrés par le parlement le 13 janvier 1751 et par le conseil de bourgeoisie le 19. Le 29 mars, le conseil accorda à l’académie la somme de 710 livres 10 sols 2 deniers pour le remboursement des frais d’obtention, d’enregistrement et d’impression des lettres patentes87, lui attribua à titre provisoire un logement dans le Logis de l’Écu88, et porta à 1 402 livres le montant de la subvention annuelle destinée à assurer son fonctionnement et celui de l’école de dessin.

51L’académie tint sa première séance dans son nouveau local le 31 mai. L’assemblée publique de distribution des prix du 11 juillet fut « plus solennelle et plus brillante que toutes celles qui avaient précédé », et son éclat rehaussé par la présence de « toutes les dames de la ville » et des « officiers qui se trouvaient alors en garnison à Toulouse ». Le 25 août fut inaugurée en grande pompe dans la galerie des peintures, par les capitouls venus avec leur musique, la première « exposition publique et annuelle de tableaux » que la compagnie avait décidé le 4 juillet d’organiser « afin d’exciter l’émulation des artistes pour former le goût des élèves » : « Il y eut un concours étonnant de curieux qui vinrent les voir pendant huit jours. » Ainsi commençait, sous les meilleurs auspices, l’histoire de la nouvelle académie.

  • 89 Établissement de l’académie royale..., p. 8-9.

52Par rapport à la société des beaux-arts, celle-ci dispose de moyens matériels et financiers accrus, qui lui permettront de développer ses activités intellectuelles et pédagogiques et surtout de proposer chaque année au public toulousain un salon où seront exposés les travaux de ses membres et de ses élèves ainsi que des œuvres appartenant aux collections des amateurs de la ville. De même, ses effectifs ont été sensiblement augmentés, puisqu’elle compte désormais soixante-douze membres répartis en quatre classes. La première regroupe quinze associés fondateurs : le maire et le lieutenant de maire – quand ces charges vénales sont pourvues –, les huit capitouls en exercice, quatre commissaires de la ville triennaux – deux de robe longue et deux de robe courte – et le syndic ; la deuxième, douze associés honoraires : le gouverneur et le commandant en chef de la province de Languedoc, l’archevêque et le premier président du parlement de Toulouse, et huit autres notables élus « entre les personnes de condition les plus distinguées par leur goût pour les arts et les plus à portée de leur rendre de bons offices » ; la troisième, vingt associés ordinaires, « entre lesquels on élira un modérateur tous les ans, un secrétaire perpétuel et un trésorier qui changera de trois ans en trois ans » ; la quatrième, vingt-cinq associés artistes « entre le nombre desquels seront choisis les professeurs de peinture, de sculpture et d’architecture, de perspective, de géométrie et d’anatomie relatives à cet art, de même que les professeurs des différentes parties du dessin qui y conviennent89 ». Mais dans l’ensemble la continuité l’emporte : tous les membres de la société (à l’exception de Boisset de Glassac et de Samson) font partie de l’académie, et les trois artistes qui l’avaient quittée (le peintre Despax et les sculpteurs Arcis cadet et Rossat) y sont réintégrés. La création de l’académie n’apparaît donc pas comme une rupture au sein de l’institution préfigurée dès 1726 par l’école municipale de dessin et concrétisée en 1746 par la fondation de la société des beaux-arts, mais plutôt comme une confirmation de sa légitimité culturelle et sociale et une extension de ses potentialités.

Notes

1 Bibliothèque de l’école des beaux-arts ; une copie de ce Mémoire est déposée à la bibliothèque du musée Paul-Dupuy.

2 Joseph Maillot, Recherches historiques sur les établissements et les monuments de la ville de Toulouse et vie de quelques artistes dont les ouvrages font l’ornement de la ville de Toulouse, manuscrit, 1808-1810, bibliothèque municipale de Toulouse, ms. 998, p. 45-47.

3 Alexandre Du Mège, Histoire des institutions religieuses, politiques, judiciaires et littéraires de la ville de Toulouse, Toulouse, Laurent Chapelle, t. IV, 1846, p. 363-372.

4 Robert Mesuret, Bicentenaire de l’académie des arts et de l’école des beaux-arts, 1750-1950, cat. exp., Palais des arts, 26 mai-11 juin 1950, Toulouse, Imprimerie régionale, 1950, p. 16-25.

5 Jean Penent, La peinture toulousaine et le retour du classicisme (1700-1835), thèse de doctorat, université de Toulouse-Le Mirail, 1979, p. 102-105 et 121-133.

6 Edmond Saint-Raymond, « Les débuts de l’école publique de dessin à Toulouse et la première société des beaux-arts », Mémoires de l’académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse, 1912, p. 180-201.

7 Sur ce personnage, qui joua un rôle de premier plan dans la vie culturelle de Toulouse à l’époque des Lumières, voir Georges Costa, « Louis de Mondran, économiste et urbaniste (1699-1792) », Urbanisme et habitation, janvier-mars 1955, p. 33-78 ; Bruno Tollon, « Louis de Mondran », Les Toulousains dans l’histoire (dir. Philippe Wolff), Toulouse, Privat, 1984, p. 375 ; Sylvie Assassin, « L’académie royale de peinture, sculpture et architecture et le projet du Grand-Rond », Toulouse. Les délices de l’imitation, Bruxelles, Mardaga, 1986, p. 61-77.

8 Le Mémoire de Mondran suit l’histoire de l’académie jusqu’à la veille de la Révolution, et se termine par un catalogue de ses modérateurs jusqu’en 1790.

9 Mémoire que présente la société des beaux-arts de Toulouse pour obtenir des lettres patentes, manuscrit, 1750, archives municipales de Toulouse, GG 923, p. 4 et 6-7.

10 Projet de répartition du fonds de cinq cens livres que la ville de Toulouse a destiné pour les prix de l’école de peinture, sculpture et architecture, s. l. n. d. [Toulouse, Claude-Gilles Lecamus, 1745], p. 4 (AMT, GG 925, 47, 48, et GG 928, 3).

11 Délibérations du conseil de bourgeoisie, AMT, BB 51, fol. 169 r°-v°.

12 Les Règlemens pour l’établissement d’une société des arts libéraux, et pour la distribution des prix que la ville a accordé [sic] annuellement à la peinture, à la sculpture et à l’architecture, par ses délibérations des 28 juillet 1744 et 6 août 1746 [sic, pour 1745], à Toulouse, de l’imprimerie de Claude-Gilles Lecamus, 1745, 5 p. (AMT, GG 928, 2) ont été tirés à 200 exemplaires (État des impressions faites par ordre de Messieurs les capitouls de Toulouse par le sieur Lecamus, imprimeur du roi et de ladite ville, AMT, CC 2267, fol. 351).

13 Délibérations du conseil de bourgeoisie, AMT, BB 51, fol. 176 v°, 178 r°, 180 r°-v° et 184 v°.

14 Leurs places furent déclarées vacantes et attribuées, par la suite, à une date que nous n’avons pu déterminer, au peintre Jean Labarthe et au ciseleur Louis Samson.

15 Mondran, op. cit., I, p. 18-34.

16 États des impressions…, CC 2770, fol. 59.

17 Règlemens pour l’établissement d’une société des beaux-arts, et pour la distribution des prix que la ville a accordé [sic] annuellement à la peinture, à la sculpture et à l’architecture, par ses délibérations des 28 juillet 1744 et 6 août 1745, à Toulouse, de l’imprimerie de Claude-Gilles Lecamus, 1746, 7 p. (AMT, GG 925, 40, 41, et GG 928, 4).

18 Délibérations du conseil de bourgeoisie, AMT, BB 51, fol. 212 v°, 213 r°, 245 r°-v°, 246 v° et 249 r° - v°.

19 Calendrier de Toulouse pour l’année bissextile mil sept cens quarante-huit..., à Toulouse, chez P. Robert et L. Baour, 1747.

20 Projet de statuts pour la société des beaux-arts, à Toulouse, de l’imprimerie de Claude-Gilles Lecamus, 1748, 20 p. (AMT, GG 928, 6).

21 Mondran, op. cit., I, p. 40.

22 L’abbé de Sapte, qui était également secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, avait démissionné l’année précédente.

23 Picot de Lapeyrouse avait été désigné le 20 juin à la place de Caupène, absent de Toulouse depuis plusieurs années.

24 Délibérations du conseil de bourgeoisie, AMT, BB 51, fol. 323 v°, 324 v°, 325 r, 326 r°-v°, 327 r°-v°, 328 r°-v° et 329 v°.

25 Statuts de la société des beaux-arts de Toulouse, autorisez pour trois ans par le corps de ladite ville, le 20 juin 1749, à Toulouse, de l’imprimerie de Claude-Gilles Lecamus, 1749, 23 p. (AMT, CG 925, 43, 44, et GG 928, 7).

26 Calendrier de Toulouse pour l’année 1751, à Toulouse, chez P. Robert et L. Baour, 1750.

27 Mondran, op. cit., I, p. 34, 37 et 46.

28 Dès 1748, les mandements du trésorier de la ville pour le paiement des prix des concours sont adressés à « M. Francain, trésorier de l’Académie des beaux-arts » (AMT, GG 925, 7).

29 Délibérations du conseil de bourgeoisie, AMT, BB 48, fol. 155 v°, BB 51, 119 r° et 328 r°.

30 Les renseignements sur le déroulement des séances de la société proviennent essentiellement du Mémoire de Mondran et des statuts et règlements successifs.

31 Les États des impressions… mentionnent fréquemment ces « billets pour la convocation d’une assemblée de la Société des beaux-arts », par exemple en 1750 (CC 2775, fol. 67).

32 Mondran, Projet pour le commerce et pour les embellissemens de Toulouse, lu dans une séance de l’académie royale de peinture, sculpture architecture de Toulouse, par un des membres de cette académie, à Toulouse, chez Me J.-H. Guillemette, s. d. [1754], XVIII-74 p.

33 Délibérations du conseil de bourgeoisie, AMT, BB 51, fol. 327 r °.

34 Allusion à la création de l’académie royale des sciences, inscriptions et belles-lettres, qui avait reçu ses lettres patentes quelques semaines plus tôt.

35 Lecamus en imprima 100 en août 1746, juin 1747, janvier 1748, 200 en juillet 1750 (États des impressions…, CC 2770, fol. 59 et 313, CC 2775, fol. 67).

36 Ibid., CC 2770, fol. 313.

37 Ibid., CC 2770, fol. 59, 313, et CC 2775, fol. 67.

38 Ici encore nous utilisons les renseignements fournis par le Mémoire de Mondran et par les statuts et règlements successifs de la société.

39 Délibérations du conseil de bourgeoisie, AMT, BB 51, fol. 327 r°-v°.

40 Mémoire manuscrit, 21 juin 1750, AMT, GG 925, 2 ; Délibérations du conseil de bourgeoisie, AMT, BB52, fol. 10 v° et 11 v°.

41 Comptes de trésorier, AMT, CC 2215, fol. 24 r°.

42 Délibérations du conseil de bourgeoisie, AMT, BB 51, fol. 245 v°.

43 Ibid., fol. 279 r°-v°, 327 r° et 328 r°.

44 Annales manuscrites, AMT, BB 283, p. 544-545. La délibération du conseil de bourgeoisie du 20 juin 1749 précise que la société avait obtenu « par une grâce singulière » l’autorisation de « faire mouler en plâtre des antiques dans les creux qui sont au Louvre » (Délibérations du conseil de bourgeoisie, AMT, BB 51, fol. 327 r°-v°).

45 Petit-fils de Riquet, le comte de Caraman était le principal propriétaire du canal des Deux-Mers.

46 Florence Feix, « Le rôle de l’estampe dans l’enseignement de l’académie royale de peinture », Toulouse et le Midi toulousain entre terre et ciel du Moyen Âge à nos jours. Actes du 47e congrès de la Fédération des sociétés académiques et savantes Languedoc-Pyrénées-Gascogne, Toulouse, les 11, 12 et 13 juin 1993, Toulouse, Les Amis des archives de la Haute-Garonne, 1994, p. 363-374.

47 Le mémoire ainsi résumé par Mondran n’a pas été retrouvé.

48 Cité par Henri Omont, « Documents relatifs à l’établissement de l’académie de sculpture et de peinture de Toulouse », Annales du Midi, 1892, p. 544.

49 Mémoire que présente la société des beaux-arts…, p. 14.

50 Le peintre Bastide sera plus tard professeur adjoint à l’académie.

51 Jean-Antoine Gros, pastelliste et miniaturiste réputé, est surtout connu aujourd’hui comme le père du baron Gros.

52 Louis-Jean-François Lagrenée fut reçu en 1749 « élève protégé » à l’Académie de peinture de Paris et obtint la même année le prix de Rome ; il sera plus tard premier peintre de l’impératrice de Russie et directeur de l’académie de Saint-Pétersbourg, puis directeur de l’académie de France à Rome.

53 Gaubert Labeyrie deviendra associé artiste en 1751 et sera le dernier peintre de la ville avant la Révolution.

54 Nommé associé artiste le 3 décembre 1747, Gilles Pin sera professeur à l’académie et directeur général du canal des Deux-Mers.

55 Jean-Baptiste-François-Hyacinthe Labat de Savignac sera nommé associé ordinaire le 2 juillet 1749 et deviendra professeur à l’académie.

56 Mondran, op. cit., I, p. 20, 21, 24 et 25.

57 Délibérations du conseil de bourgeoisie, AMT, BB 51, fol. 203 r° et 208 r°.

58 Ibid., BB 50, fol. 227v ; Annales manuscrites, AMT, BB 283, p. 511.

59 Mondran, op. cit., I, p. 33.

60 Ibid., p. 43. On ne connaît pas les noms des lauréats des concours de 1748 à 1750, à l’exception de Gros, prix du dessin d’après l’estampe avec une Tête de Christ en 1748 (Mesuret, op. cit., p. 20-21).

61 Prix que la société des beaux-arts propose. Mois et jours auxquels il y aura concours pour ces prix à l’hôtel de ville, dans l’école du dessin, en 1749, à Toulouse, de l’imprimerie de Claude-Gilles Lecamus, s. d. [1748], 4 p. (AMT, GG 929).

62 D’après Mondran (op. cit., p. 38), les associés artistes se lassèrent rapidement de cette tâche, qui fut ensuite confiée aux associés ordinaires.

63 Le tableau de Loys couronné en 1747 ornera encore la grande salle de l’académie après son installation dans l’hôtel du Petit-Versailles en 1769.

64 Arthur Birembaut, « Les écoles gratuites de dessin », dans R. Taton (dir.), Enseignement et diffusion des sciences en France au dix-huitième siècle, Paris, Hermann, 1986, p. 444.

65 La société des sciences avait attendu dix-sept ans ses lettres patentes, que la société des beaux-arts recevra au bout de cinq ans.

66 Nous suivons ici le récit de Mondran, complété et nuancé au besoin par les autres documents disponibles.

67 Délibérations du conseil de bourgeoisie, AMT, BB 51, fol. 328 r°.

68 On connaît deux copies manuscrites de ce mémoire, présentant de légères variantes (AMT, GG 923, et GG 928, 10).

69 Charles-Antoine de La Roche-Aymon.

70 Henri-François d’Aguesseau.

71 Cité par Omont, op. cit., p. 551.

72 Garde des médailles du cabinet du roi, Claude Gros de Boze était aussi secrétaire perpétuel de l’Académie royale des inscriptions et belles-lettres.

73 Charles-Antoine Coypel était alors le directeur de l’Académie royale de peinture et de sculpture.

74 BNF, ms. fr., NA 3543, fol. 147, cité par Omont, op. cit., p. 555.

75 Allusion à l’académie des sciences, inscriptions et belles-lettres.

76 BNF, ms. fr., NA 3543, fol. 139-141, cité par Omont, op. cit., p. 543-545.

77 Anatole de Montaiglon, Procès-verbaux de l’Académie royale de peinture et de sculpture, 1648-1793, publiés pour la Société de l’histoire de l’art français d’après les registres originaux conservés à l’École des beaux-arts, Paris, Charavay frères, t. VI, 1885, p. 229-230.

78 BNF, ms. fr., NA 3543, fol. 150-151, cité par Omont, op. cit., p. 556.

79 Dans un bref mémoire manuscrit, malheureusement non daté, où elle informe les capitouls qu’« il se présente aujourd’hui une occasion des plus favorables pour faire ériger cette Société en Académie royale », grâce à la protection du comte de Caylus, et les prie de se « joindre à elle pour la demande qu’elle va faire des lettres patentes » (AMT, GG 925, 1).

80 Délibérations du conseil de bourgeoisie, AMT, BB 52, fol. 7 r°-v°, 8 r°, 13 v° et 14 v°.

81 Le graveur Bernard Lépicié.

82 Montaiglon, op. cit., VI, p. 231.

83 Ibid., p 248-249. Dans un Examen de la qualité et de la nature des privilèges de l’Académie, relativement à l’idée formée de les faire déclarer communs avec l’académie de Toulouse, légèrement postérieur, retrouvé dans les papiers de Boze, perce une certaine aigreur devant la promotion de la société toulousaine : « Il a plu au roi d’accorder à la Société des arts de Toulouse la qualité d’Académie royale. Sans doute que Sa Majesté a été informée par quelqu’autre voie que par celle de son Académie de Paris d’un degré d’éminence et de supériorité dans les artistes de Toulouse, capable de leur mériter cette distinction sur les sociétés de peinture et de sculpture formées dans les autres villes du royaume. [...] Il est difficile de présumer qu’elle puisse rien prétendre au-delà de ce qu’elle a obtenu » (BNF, ms. fr., NA 3543, fol. 142-145, cité par Omont, op. cit., p. 547-553).

84 Membre de l’académie des sciences, Antoine-Augustin Darquier de Pellepoix sera nommé associé ordinaire de l’académie des arts le 27 mars 1763.

85 Et non le 25 décembre 1750, comme l’écrit Mondran, cette date étant plutôt celle de la lettre de Saint-Florentin.

86 Bibliothèque de l’école des beaux-arts. Le texte des lettres patentes a été publié par Mesuret, op. cit., p. 27-28, et par Gratien Leblanc, « Lettres patentes capétiennes pour la fondation de trois académies toulousaines (1649-1750) », L’Auta, septembre 1987, p. 205.

87 Établissement de l’académie royale de peinture, sculpture et architecture de Toulouse, par lettres patentes du roy enregistrées au parlement le 13 janvier 1751, à Toulouse, chez G. Hénault, 1751, 24 p. (AMT, GG 924). L’académie fit imprimer 400 exemplaires, dont 72 en papier marbré et 14 reliés en maroquin rouge à tranche dorée, qui furent offerts aux associés honoraires de l’Académie de Paris (Délibérations du conseil de bourgeoisie, AMT, BB 52, fol. 30 r° ; Montaiglon, op. cit., VI, p. 266), ainsi qu’« aux seigneurs qui s’étaient intéressés pour l’obtention des lettres patentes », c’est-à-dire, selon Mondran, le garde des Sceaux et contrôleur général Machault, le prévôt des marchands de Paris Bernage de Saint-Maurice, le gouverneur du Languedoc le prince de Dombes, le commandant en chef de la province Richelieu et l’intendant Saint-Priest.

88 En attendant que soit terminée la nouvelle façade du Capitole, sur les plans de Cammas, dont la première pierre avait été posée le 26 août 1750.

89 Établissement de l’académie royale..., p. 8-9.

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Les sites de la plateforme OpenEdition Books sont temporairement inaccessibles en raison d’un problème technique.
Nous oeuvrons à en rétablir l’accès au plus vite.

Nous vous remercions pour votre patience et vous invitons à suivre le compte Twitter d’OpenEdition @OpenEditionActu afin de suivre l’évolution de la situation.

The sites of the OpenEdition Books platform are temporarily down due to a technical problem.
We are working to restore access as soon as possible.

We thank you for your patience and invite you to follow the OpenEdition Twitter account @OpenEditionNews.

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