La loge maçonnique de Sorèze à la fin du XVIIIe siècle
p. 191-197
Texte intégral
1Une des particularités qui, à la fin du XVIIIe siècle, distinguent l’école de Sorèze de la plupart des établissements d’enseignement secondaire du royaume, et même des autres écoles royales militaires, est d’avoir abrité une loge maçonnique1. Le souvenir de celle-ci semble s’être rapidement perdu et son existence, ignorée des premiers historiens de l’école2, n’a été révélée qu’en 1963 par Daniel Ligou3. Elle a depuis fait l’objet de rapides allusions, soit dans diverses publications consacrées à l’école4, soit dans quelques études sur la franc-maçonnerie du XVIIIe siècle5, mais il n’est sans doute pas inutile de faire le point sur cet aspect original de la vie sorézienne à la charnière de l’Ancien Régime et de la Révolution.
2La documentation disponible est malheureusement peu abondante et très incomplète. Se résumant au dossier de la loge provenant des archives du Grand Orient de France6, soit une dizaine de « tableaux » de ses membres ou de ses officiers et une vingtaine de « planches » envoyées à l’obédience, elle est pratiquement muette sur son fonctionnement et ses activités quotidiennes. Elle permet néanmoins de retracer les grandes lignes de son histoire, d’analyser son recrutement et d’observer son comportement face à la Révolution française.
3Grâce aux renseignements contenus dans la demande de constitutions adressée au Grand Orient, les circonstances de sa création sont assez précisément connues. Elle a été rendue possible par l’arrivée à l’école, en 1780, d’un nouvel écuyer du manège chargé d’enseigner l’équitation aux élèves, Marc de Goursac. Comme beaucoup de militaires qui trouvaient dans la franc-maçonnerie un mode de sociabilité bien adapté à leurs fréquents changements de garnison, cet ancien officier de dragons était franc-maçon : initié à la Parfaite Union de Laon, il s’était ensuite affilié à l’Amitié de Strasbourg, dont il fut un temps le vénérable. Pendant les premières années de son séjour à Sorèze, il ne put « se livrer à son goût pour la maçonnerie » ; mais il finit par découvrir,
parmi les gens honnêtes de cette petite ville, parmi Messieurs les religieux bénédictins, et dans le nombre des professeurs en tous genres attachés à cette École militaire, tous gens à grands talents, honnêtes, d’une bonne société et d’une éducation soignée [...], plusieurs maîtres reçus chacun dans différents orients.
4S’étant « reconnus pour frères », ces maçons isolés se regroupèrent et formèrent en avril 1786 sous la présidence de Goursac un atelier provisoire, dont l’existence ne tarda pas à s’ébruiter et à faire des émules : « Plusieurs officiers actuellement en semestre ici ou aux environs et qui doivent partir pour rejoindre leur corps, plusieurs autres particuliers notables, désirent infiniment de voir la lumière, n’attendant pour cela que nous soyons établis et constitués. »
5Désireux de favoriser le développement de la loge naissante et d’assurer son intégration dans la maçonnerie régulière, Goursac écrivit le 15 avril au Grand Orient pour solliciter des constitutions. Il joignit à sa lettre les certificats de quatre loges toulousaines (Clermont, les Cœurs réunis, Saint-Joseph des arts et les Vrais Amis réunis) approuvant un projet « susceptible de donner un nouvel éclat à l’ordre, tant par les talents de ceux qui composent déjà cette loge ou qui pourraient dans la suite s’y faire initier, que par la quantité d’étrangers de considération que l’École militaire y attire journellement ». Cette première requête n’ayant pas immédiatement abouti, elle fut suivie de plusieurs autres, datées des 13 mai, 31 mai, 11 juin, 29 juin et 24 septembre, et de l’envoi de nouveaux certificats de loges de Toulouse (Les Élus de Chartres, la Sagesse). Le 8 août, les Cœurs réunis réitérèrent leur soutien aux impétrants qui, soulignaient-ils, « appartiennent presque tous au célèbre collège de Sorèze, ce qui seul doit être un garant de leurs bonnes mœurs ». Les liens de la loge avec l’école sont donc constamment mis en avant pour convaincre le Grand Orient, qui ne fut pas insensible à cet argument. Le 21 décembre 1786, sa chambre des provinces, sur le rapport du frère Duluc, accorda à l’unanimité des constitutions à la loge de Sorèze, sous le titre distinctif des Arts réunis, pour prendre rang au 15 avril précédent, date de sa demande ; le 15 janvier 1787, conformément au souhait de Goursac, elle chargea la Constance couronnée de Castelnaudary de procéder à son installation officielle.
6La cérémonie se déroula le 14 février en présence des députés de la Constance couronnée conduits par leur vénérable, le négociant Jean-Baptiste Taillan, et de quelques frères « visitants » appartenant à diverses loges toulousaines et aux Enfants de l’union triomphante de Castelnaudary. Après la messe, célébrée vraisemblablement par l’abbé Clemente Veschi, professeur d’italien et aumônier de l’atelier, et une distribution de pain et d’argent aux pauvres, les participants se retrouvèrent dans le local de la loge pour prendre connaissance de ses constitutions, assister à la prestation de serment de ses membres qui s’engagèrent à être « constamment et fidèlement attachés » au Grand Orient, et entendre « plusieurs pièces d’architecture », c’est-à-dire plusieurs discours, dont le texte ne nous est malheureusement pas parvenu. Terminée par le traditionnel banquet, la fête fut marquée par deux faits notables : la réconciliation des deux loges de Castelnaudary, qu’opposait depuis quelques années un violent conflit7, et la réception comme apprenti maçon d’un enfant de six ans, le propre fils de Goursac, Henri, né à Sorèze en octobre 1780.
7La première donna lieu à une « scène attendrissante » qui fut hautement louée par la chambre des provinces :
Si jamais cérémonie a intéressé la maçonnerie tout entière, c’est celle de votre installation ; non, très chers frères, les âmes sensibles, les cœurs généreux n’apprendront point sans en être touchés qu’elle a servi à faire s’embrasser des hommes aigris par des torts faux ou réels qu’ils se prêtaient mutuellement.
8La seconde était beaucoup plus discutable, puisque les règlements du Grand Orient fixaient à vingt et un ans l’âge minimum de l’initiation maçonnique ; aussi Goursac s’emploie-t-il à la justifier longuement dans la lettre du 16 février où il rend compte de l’installation de sa loge :
Cet enfant, s’étant trouvé avec une infinité de monde devant la porte extérieure de notre temple et dans la rue au moment où nous revenions de la messe, vint me caresser ; sachant que c’était mon fils, tous les frères lui firent mille caresses aussi et me sollicitèrent vivement de le faire recevoir [...]. L’enfant fut conduit seulement à la salle des pas perdus et préparé par les députés des loges de Toulouse et de Castelnaudary ; on l’introduisit et les yeux fermés on lui fit faire trois voyages dans la loge et on l’amena au trône où le frère Taillan, vénérable installateur, le reçut apprenti maçon [...]. J’espère, très chers frères, que vous ne me saurez pas mauvais gré de cette particularité. Cet enfant, qui est vraiment gentil et a des connaissances au-dessus de son âge, a déjà donné des preuves de discrétion au-dehors : sa mère et tous ceux qui l’ont interrogé sur ce qu’on lui avait fait n’en ont tiré d’autre réponse sinon qu’il était franc-maçon. Il m’est bien doux de m’entendre appeler par lui frère papa [...]. Vous trouverez bon aussi j’espère que j’inscrive son nom comme membre honoraire sur le tableau de ma loge.
9Mais la chambre des provinces fut inflexible :
Quoique la réception qui a terminé la fête de votre installation ait dû flatter votre amour paternel, quoiqu’elle soit digne d’être sentie par quiconque a des entrailles, nous croyons cependant devoir vous observer, très cher frère, que cette réception est contraire aux statuts de l’ordre [...]. L’âge du jeune candidat ne permet pas qu’il soit inscrit sur votre tableau.
10La correspondance de la loge avec le Grand Orient ne mentionne ensuite que deux événements sortant de l’ordinaire : la formation en son sein d’un chapitre de hauts grades et le changement de son titre distinctif. À Strasbourg, Goursac avait reçu le grade de chevalier souverain prince de rose-croix, le plus prestigieux de la hiérarchie maçonnique de l’époque, que possédaient aussi les frères Alexandre-Étienne de Kern, professeur d’allemand, et Jean Trille, professeur de musique, alors que leurs confrères n’avaient pas dépassé celui de maître. Le 7 juin 1787, « animés du désir de travailler régulièrement dans les hauts grades de la maçonnerie pour la gloire de l’ordre et le bien général de l’humanité », ils prièrent le grand chapitre général du Grand Orient de les autoriser à « compléter le nombre de sept Rose-Croix qui sont de nécessité pour composer un chapitre », ce qui leur fut accordé. Le 1er septembre, ils purent demander officiellement des lettres capitulaires, que le grand chapitre général leur expédia le 30 septembre, et le souverain chapitre de rose-croix des Arts réunis fut installé le 26 décembre par ses trois principaux officiers, le président Goursac, le premier surveillant Kern et le deuxième surveillant Jacques Vidal, professeur de musique. Étroitement lié à la loge symbolique sur laquelle il était « souché », il n’admit qu’un peu plus de la moitié de ses adhérents, conformément à la conception selon laquelle les titulaires de grades supérieurs forment une élite de « sages » à l’intérieur de la franc-maçonnerie. La présence à Sorèze d’un chapitre de hauts grades n’en est pas moins remarquable, car il n’en existe normalement que dans des agglomérations beaucoup plus importantes8.
11Le 3 août 1788, les membres de la loge décidèrent à l’unanimité « de changer son titre distinctif des Arts réunis en celui des Beaux-Arts réunis », modification entérinée le 18 septembre par la chambre des provinces qui y vit une preuve de « leur amour pour les sciences et les arts » : « Quoique la maçonnerie n’ait pas pour but l’étude des sciences qui lui sont étrangères, elle ne peut cependant que recevoir du lustre de ceux qui comme vous ont embrassé le double plan de s’occuper du soulagement de l’humanité et d’être utiles à leurs concitoyens par des talents recommandables. » Cette réponse semble suggérer que les initiés soréziens, indépendamment de leurs travaux proprement maçonniques, se livraient à des occupations de nature intellectuelle et artistique, comme le faisaient au même moment leurs confrères de la célèbre loge parisienne des Neuf Sœurs9 ou ceux de la loge toulousaine l’Encyclopédique10. Rendue vraisemblable par le caractère très particulier de leur recrutement, cette hypothèse d’une orientation « académique » et pas seulement rituelle de leur atelier n’est malheureusement confirmée par aucun document conservé.
12On sait en effet très peu de chose sur la vie interne de la loge. Elle se réunissait à l’école même, plus précisément dans les dépendances construites par dom Despaulx en 1778-1780 ; situé au rez-de-chaussée de l’aile sud de la cour des écuries11, son local était selon Goursac « bien couvert, vaste et commode » et pourvu d’un « sanctuaire avec une balustrade ». Le calendrier des « tenues », dont on ignore la fréquence, était calqué sur celui des activités pédagogiques : le 24 septembre 1786, Goursac informe le Grand Orient que « la plupart des membres [...] sont partis pour aller chacun dans différents endroits profiter d’un repos annuel de quelques semaines » et qu’ils reviendront à la fin du mois d’octobre après les vacances scolaires. Les renseignements les plus précis concernent l’élection des officiers chargés de la direction des travaux. Organisée chaque année à l’approche de la Saint-Jean-Baptiste, fête du patron de l’ordre célébrée le 24 juin, elle est précédée par une messe que dit l’aumônier de la loge et, bien que le nombre de postes à pourvoir soit considérable12, se traduit par des scrutins parfois très disputés : le 31 mai 1786 par exemple, Goursac fut élu vénérable « d’une voix unanime », mais le négociant Antoine-Joseph Laquière, directeur de la manufacture de Sorèze, n’obtint la place de trésorier qu’« à la pluralité de sept voix contre six ».
13D’après les tableaux fournis au Grand Orient, les effectifs de la loge oscillent d’une année à l’autre entre dix-huit et vingt-quatre membres. Au total, de 1786 à 1792, elle en a compté trente-sept13. Sur ce nombre, cinq appartenaient à la noblesse (soit 13,5 %), neuf au clergé (24,3 %) et vingt-trois à la bourgeoisie (62,2 %). Sa composition sociale était donc bien différente de celle de l’ensemble des loges de la région, où la part de la noblesse atteignait 40,5 % tandis que celle du clergé ne dépassait pas 8 % et celle de la bourgeoisie 51,5 %14. Moins aristocratique, plus roturière et surtout plus accueillante aux ecclésiastiques que les ateliers d’Albi, de Castres et de Gaillac, elle était aussi beaucoup plus cosmopolite, puisque moins de la moitié de ses adhérents étaient nés dans les environs immédiats – à Sorèze, Revel ou Castelnaudary – (16,2 %) ou en Languedoc (29,8 %), alors que 32,4 % d’entre eux provenaient du reste de la France, 5,4 % des colonies françaises des Antilles (Guadeloupe et Saint-Domingue) et 16,2 % de pays étrangers (Allemagne, Suisse, Italie et Irlande). Ces traits spécifiques15 tiennent évidemment au fait qu’elle se recrutait massivement dans les rangs du personnel de l’école militaire.
14On y rencontre certes quelques notables issus de la bonne société locale : un prêtre, un noble sans profession, deux officiers militaires, un avocat, un officier de finances, un négociant, deux « bourgeois », deux « américains »... Mais plus des deux tiers des frères (70,3 %) sont attachés à l’école à des titres divers : sept bénédictins, parmi lesquels le préfet dom Louis Duris, soit environ 20 % des religieux de l’abbaye ; dix-sept enseignants séculiers ou laïcs, dont trois professeurs de langues vivantes (Kern, Veschi et Daniel O’Slattery, professeur d’anglais) et neuf professeurs de disciplines artistiques et sportives (quatre maîtres de musique, Trille, Vidal, François Beck et Jean-Baptiste Fay, deux maîtres de dessin, Jean-Antoine-Bernard Bonnet et Pierre-Germain Warre, deux maîtres de danse, Pierre-Emmanuel Dufour et Jean-Joseph Pitrot, l’écuyer Goursac) ; ainsi que le médecin et le chirurgien de l’établissement, Dominique-Louis-Claude Balette et Jean Milon. La proportion est encore plus élevée dans le groupe des maçons les plus actifs, puisque tous ceux qui ont été nommés officiers à plusieurs reprises, comme Goursac constamment réélu vénérable jusqu’en 1790, en font partie. Il n’est donc pas abusif de considérer les Beaux-Arts réunis comme la loge de l’école, même si le prieur dom Raymond Despaulx, et après lui le directeur François Ferlus, ne s’y sont pas fait recevoir.
15Quelques mois après le début de la Révolution, sa correspondance avec le Grand Orient commence à faire écho à la nouvelle conjoncture politique. Le 17 mars 1790, elle lui envoie 48 livres pour alimenter un « don patriotique », tout en s’excusant de la modicité de la somme car elle contribue chaque mois au financement « des ateliers de charité [qu’on vient d’établir] pour faire gagner par le travail la subsistance à ceux que les malheurs des temps présents mettent dans l’impossibilité de se la procurer autrement », et cela « indépendamment de la souscription que chacun de nous a faite en particulier pour cet objet intéressant ». En août 1791, elle l’informe que les officiers de la loge et du chapitre ont été « élus en vérité un peu tard, à cause des grands événements politiques qui occupent et captivent tous les esprits » (il s’agit de la fuite de Louis XVI à Varennes et des élections à l’Assemblée législative). Le 3 mars 1792, elle évoque les difficultés qu’elle rencontre en raison de « la profession de citoyen soldat qui nous est générale » (allusion à la participation de ses membres à la garde nationale), mais affirme qu’elle existe toujours et « qu’elle ne fait qu’augmenter d’égalité et de fraternité, puisque la nouvelle constitution paraît en être un nouveau lien ».
16Comme l’école elle-même, qui a continué à fonctionner pendant toute la période révolutionnaire, la loge de Sorèze semble donc s’être adaptée au nouveau régime et l’avoir accueilli favorablement. Mais elle n’a pu échapper au phénomène de dispersion politique qui affecta après 1789 l’ensemble de la franc-maçonnerie française. Parmi ses membres religieux, on sait que Mathieu Michel, professeur d’histoire, prêta le serment constitutionnel le 27 février 179116, mais que dom Duris s’y était refusé le 14 mai 1790, déclarant « ne pouvoir et ne devoir rompre l’engagement que j’ai pris solennellement devant Dieu et devant les hommes de vivre et de mourir sous la règle de saint Benoît, telle qu’elle se pratique dans le congrégation de Saint-Maur, et sous le même régime que ci-devant »17 ; comme ses confrères Jean-Antoine Junca et Henri Serviès, il émigra en Espagne. Parmi les professeurs laïcs, certains adhérèrent à la Société populaire (Pitrot, Trille, Warre, Paul Joulia) ou occupèrent des fonctions administratives (Balette fut maire de Sorèze, Joulia officier municipal, Trille agent national puis officier municipal), mais il est possible que Goursac, déclaré « membre honoraire et absent » à partir de 1791 et remplacé comme vénérable par Trille, ait émigré. Les maçons d’origine étrangère au contraire embrassèrent ouvertement la cause de la Révolution. Le 22 octobre 1793, lorsqu’elle reçut le décret de la Convention ordonnant, à la suite de la prise de Toulon, l’arrestation des sujets britanniques, la municipalité de Sorèze réclama en faveur de Daniel O’Slattery « une exception légitimement fondée [...] sur son civisme reconnu et la confiance qu’il inspire » ; le 2 novembre, elle le plaça néanmoins en résidence surveillée au collège, mais reconnut en lui « un vrai et ardent républicain » ; le 30 ventôse an II (20 mars 1794), quand il lui demanda un certificat de civisme, elle attesta que
dès les premiers moments de la Révolution ses paroles et ses actions l’ont fait remarquer parmi les plus ardents amis de la chose publique, qu’il s’est constamment rallié à ceux qui ont désiré une constitution libre et concourir à l’établissement de la République une et indivisible [...] et que le Français le plus exalté n’a pas donné dans les diverses crises de la Révolution des démonstrations plus énergiques pour les intérêts de la chose publique18 ;
17le 2 nivôse (22 décembre 1793), il avait été admis, en même temps que ses collègues allemands Fay et Kern, au bénéfice de l’hospitalité19.
18La loge des Beaux-Arts réunis était alors en sommeil depuis près de deux ans, la planche du 3 mars 1792 constituant sa dernière manifestation connue d’activité. Elle se réveillera le 22 décembre 1812, sous la présidence de Trille, avant de disparaître définitivement en juin 181620. L’existence d’une loge maçonnique intimement liée à l’école de Sorèze n’a donc marqué qu’une brève période de la longue histoire de celle-ci. Elle n’en est pas moins significative, car elle apporte un témoignage supplémentaire de son ouverture aux idées et aux pratiques, voire aux modes, de l’époque des Lumières.
Notes de bas de page
1 Des onze autres écoles militaires créées en 1776, seules celles d’Auxerre, Pont-à-Mousson et Tournon se trouvaient dans une localité pourvue d’une loge, dont il faudrait vérifier si elle entretenait avec l’école des rapports aussi étroits qu’à Sorèze.
2 Anacharsis Combes, Histoire de l’école de Sorèze, Toulouse, Jougla, 1847, XII-386 p. ; Claude Perroud, « L’école de Sorèze pendant la Révolution », Revue des Pyrénées, t. XXII, 1910, p. 593-638 ; Jacques Fabre de Massaguel, L’école de Sorèze de 1758 au 19 fructidor an IV (5 septembre 1796), Toulouse, Cahiers de l’association Marc-Bloch de Toulouse, 1958, 222 p.
3 Daniel Ligou, « La loge maçonnique de Sorèze de 1786 à 1815 », Revue du Tarn, 3e série, no 31, septembre 1963, p. 302-311.
4 L’école royale militaire de Sorèze sous l’Ancien Régime. Bi-centenaire. 1776-1976, Dourgne, abbaye Sainte-Scholastique, 1976, p. 57-58 ; Jacques Fabre de Massaguel, « L’enseignement à l’école de Sorèze sous Louis XVI », dans Le règne de Louis XVI et la guerre d’indépendance américaine. Actes du colloque international de Sorèze, 1976, Dourgne, abbaye Sainte-Scholastique, 1977, p. 329 ; Nelly Pousthomis-Dalle, L’abbaye de Sorèze (Tarn). Recherche archéologique, thèse de troisième cycle d’histoire de l’art, université de Toulouse-Le Mirail, 1982, p. 160 ; Marie-Odile Munier, Au pied de la Montagne noire. Sorèze, une abbaye, une école, Laval, Siloé, 1999, p. 187-188.
5 Alain Le Bihan, Loges et chapitres de la Grande Loge et du Grand Orient de France (seconde moitié du XVIIIe siècle), Paris, Bibliothèque nationale, 1967, p. 222 ; Michel Taillefer, « Les francs-maçons tarnais au XVIIIe siècle », Revue du Tarn, 3e série, no 116, hiver 1984, p. 583-584 et 588-589 [voir supra p. 179-189].
6 Bibliothèque nationale de France, département des Manuscrits, Fonds maçonnique, FM2 422.
7 Michel Taillefer, « Les premières loges maçonniques de Castelnaudary (1777-1790) », dans Le Lauragais. Histoire et archéologie. Actes du LIVe congrès de la Fédération historique du Languedoc méditerranéen et du Roussillon et du XXXVIe congrès de la Fédération des sociétés académiques et savantes de Languedoc-Pyrénées-Gascogne (Castelnaudary, 23-24 juin 1981), Montpellier, Fédération historique du Languedoc méditerranéen et du Roussillon - Université Paul-Valéry, 1983. p. 254 [voir infra p. 205-212].
8 On note cependant que le Vrai Zèle d’Auxerre et Saint-Antoine des amis réunis de Pont-à-Mousson, petites villes dotées comme Sorèze d’une école militaire, possédaient également un chapitre de hauts grades.
9 Louis Amiable, Une loge maçonnique d’avant 1789. la R... L... des Neuf Sœurs, Paris, Alcan, 1897, 400 p.
10 Michel Taillefer, « Un exemple de “tentation académique” dans la franc-maçonnerie des Lumières : la loge Encyclopédique de Toulouse (1787-1792) », Lendemains. Études comparées sur la France / Vergleichende Frankreichforschung, no 46, « Francs-maçons / Freimaurer », 1987, p. 73-78 [voir supra p. 105-111].
11 Nelly Pousthomis-Dalle, op. cit., p. 160.
12 Pas moins de seize, pour vingt-deux membres, en 1786 : vénérable, premier surveillant, deuxième surveillant, orateur, orateur adjoint, secrétaire, secrétaire adjoint, trésorier, premier expert, deuxième expert, maître des cérémonies, garde des sceaux, architecte du temple, aumônier, maître d’hôtel, couvreur.
13 Non compris deux membres « honoraires » qui n’ont pas réellement participé à ses activités : Henri de Goursac et le premier président du conseil souverain de Corse Jean-Baptiste de Gaultier.
14 Michel Taillefer, art. cité, p. 584.
15 Daniel Ligou parle d’une « répartition sociale très anormale » (art. cité, p. 307).
16 Claude Perroud, art. cité, p. 633.
17 Marie-Odile Munier, op. cit., p. 202.
18 Jacques Fabre de Massaguel, L’école de Sorèze de 1758 au 19 fructidor an IV, op. cit., p. 136-137.
19 Claude Perroud, art. cité, p. 635.
20 Daniel Ligou, art. cité, p. 309-311.
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