Présentation
p. 7-10
Texte intégral
1Tout au long de sa carrière universitaire, Michel Taillefer fut un historien fidèle à sa ville, Toulouse, et à sa région, ainsi qu'à une époque, le XVIIIe siècle, et à des thèmes de prédilection, la vie culturelle et la sociabilité, auxquels il consacra des travaux de référence.
2Né à Foix le 16 juin 1944, élève au lycée Bellevue de Toulouse, il quitta durant quelques années sa région natale pour le lycée Louis-le-Grand et l’École normale supérieure de la rue d’Ulm, puis, après avoir été reçu premier à l’agrégation d’histoire en 1968, pour enseigner à l’université McGill de Montréal, de 1969 à 1971. Revenu à Toulouse, il débuta sa carrière de chercheur par une thèse de troisième cycle sur l’académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse au XVIIIe siècle, menée sous la direction de Jacques Godechot et soutenue en 1975. Cette étude, considérée comme « exhaustive et définitive » par son directeur, fut publiée en 1984 aux éditions du CNRS sous le titre Une académie interprète des Lumières. Elle fut complétée la même année par un autre ouvrage important sur La franc-maçonnerie toulousaine sous l’Ancien Régime et la Révolution, 1741-1799, publié aux éditions du CTHS. Ces premiers travaux illustrent les qualités qui caractérisent l’ensemble de l’œuvre de Michel Taillefer : rigueur de la démarche, précision des analyses, solidité des conclusions, clarté de l’écriture.
3Sa carrière d’enseignant-chercheur confirma son ancrage toulousain. Après un passage par l’institut d’études politiques de Toulouse de 1971 à 1979, il fut recruté à l’université de Toulouse-Le Mirail, où il devint professeur d’histoire moderne en 1992. Nombre d’étudiants, dont il encadra les travaux, du mémoire de maîtrise à la thèse, apprirent avec lui le métier d’historien. Devenu le meilleur connaisseur de l’histoire de Toulouse, il fit paraître deux synthèses, Vivre à Toulouse sous l’Ancien Régime (Perrin, 2000) et la Nouvelle histoire de Toulouse (Privat, 2002), de laquelle il rédigea lui-même les chapitres portant sur l’époque moderne.
4Parallèlement à ses activités d’enseignant-chercheur, il fut la cheville ouvrière des Annales du Midi pendant quelque trente ans. Tout d’abord secrétaire de rédaction de la revue de 1984 à 1991, il en fut co-directeur de 1992 à 2007. Mais il resta en quelque sorte secrétaire de rédaction, puisqu’il continua de superviser bien souvent la remise des manuscrits, de relire consciencieusement toutes les épreuves et de les annoter minutieusement. C’est dans cette revue qu’il fit lui-même paraître quelques-unes des études et recherches personnelles qu’il poursuivait sur la sociabilité académique, la franc-maçonnerie, la presse sous l’Ancien Régime et pendant la Révolution. Et, lors de la célébration du bicentenaire de la Révolution française, il répondit en citoyen à de multiples sollicitations, y compris pour diffuser ses connaissances auprès d’un large public.
5Cependant, ces nombreuses études et contributions étaient dispersées dans des publications diverses, parfois difficiles d’accès, à la différence de ses ouvrages classiques. C'est pourquoi ses collègues de l’université de Toulouse-Le Mirail, convaincus de l’intérêt toujours actuel de ces textes, ont souhaité en réunir une quarantaine dans le présent volume, choisis avec lui avant que la mort ne l’emporte. La franc-maçonnerie, dont il était un spécialiste reconnu, tient une place prépondérante dans ce recueil, centré essentiellement sur la région toulousaine. La préface chaleureuse que Daniel Roche, professeur émérite au Collège de France et grand spécialiste de la France des Lumières, a bien voulu rédiger pour cet ensemble montre combien l’œuvre de Michel Taillefer, enracinée dans un contexte local et régional qu’il connaissait parfaitement bien, s’est insérée dans un questionnement plus général sur les formes multiples de la sociabilité des Lumières et sur la diffusion des pratiques culturelles dans la France du XVIIIe siècle. À ce titre, ces textes constituent une précieuse contribution à une meilleure connaissance des mutations profondes de la France pendant une période-clé de son histoire.
6Les Presses universitaires du Mirail et Méridiennes, émanation du laboratoire UMR FRAMESPA auquel appartenait Michel Taillefer, sont fières de présenter ce recueil de ses articles en hommage à l’éminent universitaire qu’il fut, rigoureux, modeste et généreux, trop tôt disparu le 13 février 2011.
7Nous souhaitons remercier le laboratoire FRAMESPA et l’Association pour la publication des Annales du Midi, dont le soutien nous a permis de réaliser cette publication ; Dominique Férault, ami de longue date de Michel Taillefer, qui a participé à la relecture des textes et à l’harmonisation de leur présentation ; Nathalie Vitse, qui a transformé les pages de texte en fichiers informatiques sur lesquels nous avons pu travailler ; Luis González Fernández, directeur scientifique adjoint des PUM et responsable de Méridiennes, fidèle compagnon de nos travaux ; ainsi que Gail Taillefer, qui nous a constamment soutenus et a mis à notre disposition les photographies montrant notre collègue et ami tel qu’il continue de vivre dans notre souvenir.
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