Les élites nationalistes tunisiennes et marocaines en formation en France (1920-1955)
p. 251-265
Texte intégral
1En 1884, l’envoi en France d’une poignée d’étudiants de la Régence de Tunis inaugure une histoire qui marqua durablement l’Afrique du Nord. La direction prise par les États du Maroc et de la Tunisie après 1956 s’inspire de l’expérience française acquise par des jeunes gens assoiffés de connaissances, de reconnaissance et de liberté. Leurs expérimentations intellectuelles, culturelles, politiques et syndicales dans le Paris étudiant des années 1920-1955 ont durablement façonné ces hommes, futurs dirigeants de leurs pays indépendants.
2Cette contribution est directement nourrie par les travaux conduits dans le cadre de mon doctorat d’histoire, La formation des élites au Maroc et en Tunisie par l’enseignement supérieur (1920-2000), soutenu en 2000 à l’université de Paris VIII. Elle s’ouvre sur un rapide panorama de cette population étudiante dans la période 1920-1955, suivi d’une présentation des « Jeunes Tunisiens » et des « Jeunes Marocains » de Paris, entre liberté et surveillance, et se termine par un regard sur les idéologies qui déterminent la pensée et la vie politique de ces jeunes nationalistes en formation.
LES ÉTUDIANTS NORD-AFRICAINS DES PROTECTORATS À PARIS
Décalage chronologique et numérique entre Tunisiens et Marocains
3Une vingtaine de Tunisiens musulmans ont suivi des études supérieures en France avant 1914-19181. Ils jouent un grand rôle dans la propagation de l’enseignement auprès des Tunisiens, mettant au service du peuple de Tunis et du Sahel leurs compétences de « Jeunes Tunisiens ».
4Parmi eux se trouvent les pionniers du nationalisme tunisien, issus des grandes familles turques, kouloughlies ou beldies de la capitale. Il s’agit des avocats Ali Bach Hamba (né en 1876, licencié en 1906, chef des « Jeunes Tunisiens ») et Abdeljelil Zaouch (né en 1873, lycéen à Saint-Charles, licencié en droit à Paris, ministre de la Justice de 1936 à 1943), et des médecins Béchir Dinguizli (né en 1869 à Tunis, premier médecin musulman diplômé à Bordeaux en 1897), Hassen Bouhajeb et Ahmed Chérif.
5420 Tunisiens étudièrent en France dans l’entre-deux-guerres. D’une dizaine pendant la Grande Guerre, ils passent à près de 300 (lycéens compris) à la fin des années trente2. Les étudiants tunisiens sont le groupe principal parmi les Nord-africains en France. Ils constituent le gros des militants de l’AEMNAF (Association des étudiants musulmans nord-africains en France).
6Du côté du Maroc, aucun étudiant ne vient en France avant la fin des années 1910. En outre, le groupe reste très faible dans l’entre-deux-guerres. Très peu de lycéens musulmans sont formés, et la Résidence de Rabat est très méfiante. Jusqu’en mars 1937, 22 Marocains ont réussi la seconde année du baccalauréat3. Les premiers étudiants marocains sont envoyés en France sur fonds propres. Ils sont 15 en 1928 (dont 2 dans le supérieur) et 33 en 1933 (dont 134). En 1933-1934, 16 Marocains sont inscrits à l’université. Mais l’ouverture des lycées français du Maroc aux musulmans fait à dessein chuter cet effectif. Confronté à l’activisme politique des étudiants en Métropole, le Protectorat cesse de délivrer des visas aux étudiants.
Un gonflement numérique après 1945
7En 1945 arrive en France une nouvelle génération d’étudiants, aidés par de multiples canaux. Les prêts d’honneur de la DGIP (Direction générale de l’Instruction publique) de Tunis gonflent (32 en 1938 pour les musulmans, 129 en 1952-1953). S’ajoutent quelques bourses des Affaires étrangères, une subvention de 100 000 F à l’Office de Tunisie, 360 000 F au Comité Parisien des œuvres Sociales des étudiants et 300 000 F à l’AEMNAF. Des bourses sont accordées aux étudiants fonctionnaires, le Bey promet 200 000 F au premier Tunisien musulman reçu à l’Internat des hôpitaux de Paris. Ces aides s’ajoutent aux subsides familiaux et aux fonds collectés en Tunisie par les nationalistes.
8Même au Maroc, l’atmosphère a changé. Le Sultan et l’Istiqlal financent désormais les études d’étudiants marocains en France (entre 15 et 30 par an à partir de 1945). Les 10 meilleurs choisis par le Parti reçoivent une bourse royale, les 20 autres, une bourse de l’Istiqlal. Par contrecoup, à la rentrée 1947, le Protectorat s’y met aussi : le Directeur du paysannat, Jacques Berque, délivre trente bourses pour les agronomes, et la Direction de l’Instruction Publique (DIP) 18 pour des études portant sur des matières non enseignées au Maroc.
9Le nombre d’étudiants musulmans des Protectorats en France est en progression constante, et se stabilise autour de 300 à la fin du Protectorat.
Rapide bilan numérique des diplômés
10Au Maroc, 640 baccalauréats complets sont délivrés aux musulmans sous le Protectorat, et 1 300 en Tunisie, non comptés les juifs souvent aussi nombreux, car leur rôle sera moindre au Maghreb après 1956. Dans ce vivier, la Tunisie recense 184 avocats musulmans en 1952-19535, et le Maroc quelques dizaines de licenciés en droit.
11150 médecins, 79 pharmaciens et 40 dentistes musulmans exercent en Tunisie en 1952-1953. Plus du quart des bacheliers tunisiens (250) ont suivi des études médicales. En revanche, le Maroc ne compte en 1955 que 19 médecins et 6 pharmaciens musulmans6.
12À Tunis, la Direction des Travaux Publics est désormais contrainte par Paris d’accueillir toutes les compétences, y compris les ingénieurs musulmans. En 1943, l’ingénieur des Ponts M. Ali el Annabi devient conseiller technique au Secrétariat général du Gouvernement, puis commissaire adjoint à la reconstruction. En 1953, la Régence compte 41 ingénieurs tunisiens musulmans (dont 23 en cours de formation), hors agronomes.
13D’après A. Serfaty, l’Assemblée générale des ingénieurs marocains de 1956 en rassemble une centaine. Les musulmans sont majoritaires, la moitié est constituée d’agronomes, et l’autre d’ingénieurs industriels (1 X, 3 mineurs, 7 ESTP, 2 Télécom).
14Enfin, l’enseignement séduit davantage en Tunisie. Elle compte en 1956 bien plus de licenciés en lettres et en sciences que le Maroc, si l’on excepte Mehdi Ben Barka et quelques autres. Par exemple, le Maroc compte 3 agrégés d’arabe quand la Tunisie en possède une dizaine, et plus encore en préparation à Paris.
« JEUNES TUNISIENS » ET « JEUNES MAROCAINS » À PARIS, ENTRE LIBERTÉ ET SURVEILLANCE
L’AEMNAF, l’apprentissage de la vie politique
15Les étudiants marocains de Paris de l’entre-deux-guerres sont issus de la classe dirigeante liée au Makhzen (Hassan Ouazzani, Ahmed Balafrej, Omar Abdejelil, Mekki Naciri, Abdelkader Benjelloun, Mohammed el Fassi, Abdellatif et Abdallah Sbihi). Ces jeunes notables se sentent investis d’une mission politique, intellectuelle et sociale. Leurs études supérieures sont l’occasion d’un activisme politique qui les pousse à dénoncer le colonialisme.
16Charles-Robert Ageron a révélé l’importance historique de l’AEMNAF, association née en 1927 qui regroupe les trois quarts des étudiants nord-africains en France avant-guerre7. Créée dans la mouvance du Parti Communiste et de l’Étoile nord-Africaine, elle voit le jour dans une « perspective purement politique », et devient « l’école » de formation au nationalisme. Citer le nom des membres de l’AEMNAF jusqu’en 1939 revient à « feuilleter […] le Gotha du nationalisme maghrébin » (Ageron).
17L’expatriation ouvre des horizons à ces jeunes intellectuels libérés de la tutelle coloniale. La conscience arabe et islamique est attisée par l’émir syrien Chekib Arslan, qui invite Balafrej et Ouazzani à Genève8. La revue Maghreb (1928-1933) devient le creuset politique et intellectuel du nationalisme nord-africain. Au moment où éclate l’affaire du Dahir Berbère, l’article Tempête sur le Maroc est un jalon important dans le déclenchement de cette crise fondatrice.
18Conscientes de cette dynamique, les autorités coloniales déplorent : « Les voici devenus de véritables chômeurs intellectuels, des doctrinaires verbeux n’ayant plus souci que de parler, d’écrire, de professer en réaction contre l’œuvre française au Maroc et pour développer, dans ce sens, la contagion mentale des classes instruites9 ».
19En 1935, MM. Coulet, Massignon et Augustin Bernard écrivent10 : « Il s’agit de savoir dans quel sens s’orientera l’élite intellectuelle indigène actuellement en voie de formation en Algérie et dans les protectorats nord-africains. Il n’est pas exagéré de dire que nous conserverons ou perdrons l’Afrique du Nord suivant que nous saurons nous attacher ou non cette élite. […] Ces intellectuels sont l’état-major des insurrections futures. Le péril est très grave, il faut y parer sans retard ».
20En juin 1945, un contrôleur civil11 écrit, à propos des 60 étudiants tunisiens de métropole : ces « garçons (sont) presque tous nationalistes, se distinguant seulement par le degré de véhémence de leurs convictions ». « Ils savent que parmi eux il y en a qui sont payés par les services de la rue Lecomte (Police de Paris) pour les espionner ». Ces étudiants ont peu de contacts avec les étudiants français, à l’inverse des étudiants étrangers (Yougoslaves musulmans, Indochinois, Égyptiens, Irakiens, et Arabes chrétiens12).
21L’AEMNAF reprend ses activités à la Libération. Des conférences ont lieu au 115, boulevard Saint-Michel dès 1945-1946. Les sujets sont littéraires ou philosophiques : la Ligue arabe, Abdelkrim, la résistance berbère contre les Romains, le colonialisme français en Indochine. Réunions, banquets et jeûnes se succèdent pour commémorer événements d’Afrique du Nord et fêtes religieuses. Le Président néo-destourien Mohamed El Mili invite Tah Hussein. Mais l’action politique nationaliste nécessite des parrains français, comme A. De Pereti, quitte à dénoncer la « nationale-démocratie » française, et la contradiction entre colonialisme et démocratie13.
22Les trois quarts des étudiants marocains sont affiliés à l’Istiqlal, les autres à son rival, le Parti Démocratique de l’Indépendance de Ouazzani. Les Tunisiens sont « favorables au Néo-Destour et portent une grande vénération à son chef exilé Habib Bourguiba14 ». Vis-à-vis des communistes, ces étudiants « éprouvent une certaine sympathie fondée sur l’appui qu’ils trouvent presque toujours auprès d’eux ». Mais à part quelques Algériens « sans culture arabe », ils n’adhèrent guère au parti et à sa doctrine.
23En revanche, les étudiants nord-africains parlent « de l’Afrique du Nord comme d’une patrie commune, souhaitant son indépendance ». Ils préconisent « une sorte de fédération des trois pays dont le Sultan du Maroc, en sa qualité de chef religieux, pourrait être le chef, avant de devenir peut-être un jour le Khalife de la communauté musulmane15 ».
La liberté s’apprend à Paris
24L’attrait de la métropole, son atmosphère de liberté, le relâchement de la surveillance et la fascination de Paris sont unanimement désirés. Dès l’entre-deux-guerres, 70 à 80 % des étudiants nord-africains s’inscrivent à Paris16. Sur 200 étudiants tunisiens, 68 % sont à Paris, et 19,5 % dans les grandes villes du sud.
25Paris exerce le même attrait que sur les étudiants français. La préparation des concours ou des thèses y est plus facile. La capitale est le siège des organisations politiques et syndicales, d’une vie culturelle mondiale, qui permet à ces jeunes gens de satisfaire leurs aspirations. La présence de l’AEMNAF et de ses bourses ne gâche rien.
26Abdallah Ibrahim17 confirme cet attrait de Paris18. Étudiant libre à Paris de 1945 à 1949, il suit à la Sorbonne les cours de son choix. Il « rencontre Jean Wahl, André Breton, Jean-Paul Sartre, Paul Éluard, Aragon… », fréquente peu les Nord-africains, mais prend ses repas au foyer marocain de la rue Serpente, et le samedi au 115 boulevard Saint-Michel.
27Les autorités coloniales voudraient éviter la concentration des étudiants à Paris, et les répartir en province, où « ils sont studieux, soucieux de leur avenir, modérés dans l’expression de leurs tendances politiques, peu enclins aux manifestations tapageuses19 ». « Le sentiment nationaliste n’y présente pas un caractère aussi impatient et résolument subversif que dans la capitale ». « À Paris, ils affectent de renier toutes traditions, sont fréquemment en conflit avec leurs familles demeurées au Maroc […]. Ils obéissent aux règles d’un strict conformisme fondé sur l’anticolonialisme à tout prix, brassage de valeurs hétéroclites comme […] l’athéisme… ». « À Paris […] leur esprit s’exalte sur les concepts d’opposition, de révolution et de désespoir à travers le nationalisme, le communisme et le terrorisme… c’est une perfection diabolique ».
28Ce rapport préconise la « déconcentration » vers « la France réelle ». Les états-majors nationalistes ne pensent pas différemment. En 1947, Ahmed Balafrej, secrétaire général de l’Istiqlal, prend la décision de « répartir entre les facultés de province les étudiants recevant ses subsides », « craignant à la fois leur contamination par les éléments marxistes et la création à Paris d’un mouvement plus jeune et moins inféodé au légitimisme théocratique20 ».
29En dépit de conditions de vie plus faciles en province, Paris attire. Ils y apprécient l’anonymat et la grande liberté. En 1945, sur les 60 étudiants tunisiens en France, 35 vivent à Paris21. En 1947, ils sont 200 à Paris et 50 en province22. Seuls les « prêts d’honneur » rééquilibrent leurs bénéficiaires (85 prêts sont accordés en 1953-54 à des Tunisiens de Paris, contre 44 en province).
30En 1947, sur 95 étudiants marocains, 52 sont à Paris et 43 en province (dont Moulay Hassan). Les 18 boursiers officiels sont à égalité entre Paris et province23. En 1950, sur 186 étudiants, 113 sont à Paris, 15 à Alger et 58 en province24.
Encadrement et surveillance des étudiants en métropole
Le contrôle par le financement
31La DGIP veut endiguer les départs en Métropole. L’Institut des hautes études de Tunis (1945) est un moyen de « faciliter au maximum les études supérieures sur place25 ». Pourtant, la somme consacrée aux « prêts d’honneur » est en forte progression, passant de 6,9 millions de francs en 1945 à 37 en 1953, et les étudiants qui en bénéficient passent du quart à la moitié.
32Car cette aide financière permet d’orienter les étudiants vers certaines filières, vers la province, mais aussi de promouvoir les plus modestes dont les autorités espèrent la reconnaissance. Le contrôleur civil détaché à l’office de la Tunisie écrit en juin 1945 : « Instruits dans nos facultés et nos grandes écoles, (ces étudiants) constituent l’élite de la Tunisie ; de notre attitude à leur égard, il peut dépendre en grande partie qu’ils soient nos collaborateurs ou nos ennemis26 ».
33Or les conditions matérielles dans lesquelles les étudiants vivent après-guerre sont difficiles27. « Donnant des leçons ou se livrant à quelque autre occupation rémunérée pour compléter leur bourse », les étudiants tunisiens ne peuvent se passer de l’aide de leurs parents et des bourses. Certains doivent se loger dans d’anciens hôtels de passe.
34L’influence de la DIP marocaine sur ses étudiants en France se renforce, car elle est aiguillée depuis 1945 par les bourses du Sultan et de l’Istiqlal. Elle intervient en 1948 auprès de l’Instruction Publique pour obtenir l’exonération des droits d’inscription dans les facultés. Elle obtient des réductions de 20 à 50 % auprès des compagnies maritimes et aériennes pour les étudiants. Et dans les années cinquante, l’office du Maroc est chargé par Rabat de distribuer les bourses aux étudiants en France, en lien avec leurs associations.
Le contrôle par l’hébergement
35Jusqu’à la guerre, les étudiants musulmans des Protectorats en métropole sont très mobiles. Le Marocain Mehdi Benaboud commence ses études à Montpellier en 1942. Il devient ensuite Président de l’AEMNAF à Paris28. Dans le département de la Seine, il change 5 fois d’adresse en deux ans, pour finir à l’internat de l’hôpital nord-africain Avicenne. À Lille en 1947, à Tours en 5e année en 1948, il revient en doctorat à Paris jusqu’en 1950.
36Le siège de l’AEMNAF se trouve au 115 boulevard Saint-Michel, muni d’un foyer nord-africain, avec salle de réunion et restaurant à bas prix29. Les étudiants y invitent qui bon leur semble, mais seuls les musulmans peuvent le fréquenter régulièrement.
37À l’automne 1945 est créé un foyer marocain au 21 de la rue Serpente, au bas du Boulevard Saint-Michel, grâce à des subsides de l’Istiqlal (PI) de Paris. Son comité directeur est en « liaison avec les éléments politiques du Maroc30 ». Un restaurant marocain y offre une nourriture de bonne qualité. Des conférences sont données par des professeurs parisiens. Ce foyer est un lieu d’attraction à fort caractère émotionnel pour les étudiants marocains, même s’ils fréquentent toujours le 115. Le PI s’assure ainsi la fidélité des étudiants, même s’ils « parlent encore de l’Afrique du Nord comme de leur patrie commune ».
38Les autorités coloniales créent en 1945 un foyer des étudiants nord-africains à la cité universitaire de Paris31, qui profite surtout aux étudiants tunisiens. Soucieuse d’isoler ses ressortissants, la DIP achète en octobre 1946 un hôtel situé 26 rue Bonaparte, dans le VIe arrondissement, transformé en foyer grâce à une subvention du gouvernement.
39Cette « expérience vise à créer des liens de cordialité entre Français et Marocains qui, leurs études terminées, (doivent se retrouver) au Maroc, unis par une amitié durable32 ». « L’office du Maroc à Paris s’emploie à organiser des réunions, des visites de châteaux, de musées avec un dévouement jamais démenti ». En 1949-1950, l’hôtel héberge 39 étudiants musulmans et 15 Français.
40Mais la tension y est vive. En 1946-1947, il n’y avait que 2 étudiants français, les Marocains considérant que « les étudiants français sont tolérés33 ». L’hôtel est agrandi pour s’ouvrir aux Français, mais « il fallut la venue du directeur de l’Instruction Publique au Maroc pour que l’effervescence, menaçant chaque jour d’amener la violence, fut arrêtée pour un temps ».
41Des étudiants français se plaignent que, « forts de leur supériorité numérique, les étudiants marocains imposent leur loi », en particulier « l’iniquité irritante » dans la répartition des chambres. Mais le Général Juin déplore surtout ces étudiants très engagés aux côtés du PCM ou de l’Istiqlal34. « Il n’en demeure pas moins fâcheux que dans un établissement acquis par le Protectorat, les jeunes étudiants marocains adoptent sous la bannière de l’Indépendance ou sous celle du communisme, une attitude dont aient à se plaindre leurs camarades français venus comme eux du Maroc ».
42En avril 1947, les diplomates français constatent : « Pour la plupart gagnés à l’idéologie nationaliste, Marocains et Tunisiens se retrouvent entre eux ou fréquentent des étudiants musulmans d’Orient ayant les mêmes préoccupations ». Ils parlent d’une « suspicion voisine de l’hostilité… à l’égard des services officiels de la Tunisie et du Maroc », et la « tendance à la ségrégation volontaire chez les jeunes Nord-africains ». La création de pavillons marocain et tunisien à la cité universitaire de Paris s’impose. Son règlement stipule que des chambres de chaque pavillon national sont à céder à des étudiants étrangers, ainsi invités à sortir du nationalisme et du communautarisme.
43Le Protectorat finance la maison du Maroc (174 millions de francs). Le directeur, nommé en 1953, doit se consacrer à une « tâche particulièrement délicate au moment où il est essentiel de ramener à la France de jeunes intelligences égarées par les mirages du nationalisme35 ». C’est la priorité politique.
44À la rentrée 1952 ouvre à la cité U la « maison de la Tunisie » (125 chambres), financée par le gouvernement tunisien. Son directeur a de gros problèmes avec ses pensionnaires. « J’ai maté les Tunisiens ! » déclare-t-il en 195536. Lucien Paye, directeur de la DGIP, écrit, le 2 janvier 1951, qu’il faut prendre en compte le logement des étudiants tunisiens sans perdre de vue l’aspect politique de la chose. La cité U ne suffit pas.
45Armand Guillon, ancien Résident à Tunis et créateur du « foyer universitaire franco-tunisien de Paris », voudrait édifier un bâtiment de 100 chambres. Il achète en février 1951 l’hôtel de Saint-Omer et de Normandie, rue de Blainville, avec 29 chambres. 276 étudiants tunisiens peuvent maintenant être logés à Paris. Mais Lucien Paye ne veut « accueillir dans ces trois immeubles qu’une centaine de Tunisiens, mêlés à 176 étudiants français de métropole ».
NATIONALISME ET PATRIOTISME DANS L’ATTENTE DES INDÉPENDANCES
L’AEMNAF symbole fragile de l’unité nord-africaine
46Les activités de l’AEMNAF ont repris en 1945. Le 8 décembre 1946 est organisée à la cité U une réception en l’honneur des représentants des États arabes de l’UNESCO37. 300 étudiants nord-africains, égyptiens et syriens y côtoient les députés du PPA de Messali Hadj, et Omar Abdeljalil, président de l’Istiqlal à Paris. Le retour à l’arabe dans les écoles est au cœur des revendications. Par la suite, une réunion des étudiants nord-africains en France prépare le congrès annuel de l’AEMNAF de mars 1947, après son interdiction au Maroc en 1946.
47Les Protectorats empêchent les délégations tunisienne et marocaine de se rendre au congrès de Paris (31 mars-3 avril). Les revendications portent à nouveau sur l’arabe : « Pas de culture sans liberté, pas de liberté sans culture ». Le congrès s’aligne sur les positions du PPA, du Destour et de l’Istiqlal. Pour la première fois, les résolutions sont envoyées aux organisations internationales (Ligue arabe, UNESCO…) au lieu des autorités françaises.
48L’AEMNAF reste la référence des étudiants nord-africains de Paris. « Français » et « israélites » voudraient des regroupements inter-communautaires par nation38, mais l’AEMNAF poursuit son activité maghrébine. En septembre 1950 se déroule le congrès de Tunis39, en présence des princes et chefs nationalistes. Outre les étudiants tunisiens de Tunis et Paris, se trouvent des délégations algériennes (10 membres) et marocaines (4 venus du Maroc, et 3 de Paris, A. Abderrahman, A. Benjelloun et Ahmed Alaoui, apparenté au sultan40). Ce dernier « proteste contre les autorités colonialistes du Maroc qui ont empêché plusieurs étudiants de se rendre en Tunisie, précisant que son voyage a été facilité par une subvention du Sultan, et donne lecture de deux télégrammes de Allal el Fassi et de Messali Hadj41 ».
49La Résidence dénonce le caractère politique des déclarations, quand les étudiants ont promis un congrès « strictement culturel ». Mais le patronage du Prince Chedly Bey interdit toute action d’éclat.
Surveillance policière et montée des patriotismes
50Le 10 octobre 1950, le Résident général de Tunis réclame l’expulsion d’étudiants nord-africains « habitant Paris et se livrant à l’agitation politique », rejoignant les positions du Général Juin42. Celui-ci réédite sa demande le 13 juin 1950. Après la prise en main de « l’Association (ouvrière) marocaine de bienfaisance » par les étudiants istiqlaliens, il réclame l’expulsion de 4 à 6 étudiants marocains, et de 3 ou 4 Tunisiens et Algériens43. Seul l’étudiant PI Abderrahman Youssoufi est arrêté en mai 1951.
51Sous l’œil de la police française, les patriotismes marocain et tunisien prennent le pas sur l’idéal pan-maghrébin. L’union sacrée du nationalisme maghrébin se lézarde. Des étudiants adoptent, sous influence communiste, une attitude plus radicale. A contrario, le patriotisme des étudiants se nationalise, bientôt attesté par des syndicats nationaux.
52Ce tournant s’observe à l’hôtel de la rue Bonaparte. Jusqu’en 1947-1948, ces étudiants marocains sont liés par des bourses royales ou de l’Istiqlal. Mais sous l’influence d’A. Benabdallah, étudiant algérien de l’école des Mines, 7 ou 8 Marocains adhèrent au PCF. Il s’ensuit de vives tensions entre étudiants musulmans marocains. Les militants du PCF entretiennent l’agitation au foyer de la rue Serpente, ne cachant pas leur « hostilité au Makhzen archaïque et au Sultan théocratique ». Ils préfèrent le foyer nord-africain au 115 boulevard Saint-Michel. Leur appartenance au PCF n’est pourtant avérée au Maroc qu’à l’été 1949. Le PI réagit en janvier 1950 par des suspensions temporaires.
53Entre temps, les « cellulards44 » prennent la tête du mouvement contre les étudiants français de l’hôtel, suscitant deux interventions de la police. Le PI « suspend » 13 Marocains sur 25 à l’hôtel de Paris. Les fidèles de l’Istiqlal demandent au comité directeur du Parti à Rabat l’interdiction de la double affiliation. Deux étudiants communistes « perdus » sont « frappés d’ostracisme ».
54Le PI (via Ahmed Alaoui) s’engage alors dans le prosélytisme en milieu ouvrier, et lance une campagne d’information des groupements proches du Parti. Quatre étudiants sont désignés pour animer des cellules ouvrières de l’Istiqlal. Juin pointe l’angoisse du PI de voir la « contagion » communiste toucher ses intellectuels, alors qu’il laisse les ouvriers marocains faire leurs armes à la CGT.
55Lorsqu’il parle d’expulser « l’infime minorité de quelques agitateurs turbulents », Juin vise les étudiants du PCF et du PI (A. Alaoui, M. Boutaleb, A. Messouak et M. Lahlou). Car le PI reste très influent sur les étudiants : une « pétition des étudiants marocains istiqlalistes » contre l’expédition punitive de Beni Mellal (15 juin 1950) est signée par 76 étudiants de Paris (sur 11345).
56De même chez les Tunisiens, une fraction des étudiants affiliés au Néo-Destour se détache vers 1950, derrière A. Ben Sallah, avec Hamed Zghal et Mansour Moalla46. C’est l’aile gauche du Néo-Destour de l’AEMNAF47. Lors d’une réunion de cellule à Paris en novembre 1950, présidée par le libéral Masmoudi, « Hédi Nouira se voit reprocher violemment la politique actuelle du parti ». Le Parti s’enfoncerait dans « une voie désastreuse, et c’est une classe de bourgeois repus et tranquilles qui pèse sur ses destinées ». « Ces étudiants, considérés comme extrémistes, sinon communistes par les leaders du Néo-Destour actuellement à Paris, envisagent la création prochaine d’une Union nationale des Étudiants tunisiens ».
57Début 1951, des étudiants marocains déposent une demande d’autorisation pour une Union Nationale des Étudiants Marocains (UNEM48). L’agrément est refusé, « l’attitude des étudiants qui appartiennent au groupement considéré (étant) suffisamment orientée vers l’agitation politique et la xénophobie49 ». Le même refus est formulé en 1952 pour la demande d’une « amicale des étudiants marocains de Paris50 ».
58L’UGET (Union générale des étudiants tunisiens) naît en revanche à Paris en juillet 1953. Ses fondateurs sont des militants du Néo-Destour51. Mais la présence de l’énarque M. Moalla et d’Ahmed Karoui signifie l’implication de l’aile gauche du Parti. L’UGET sera d’ailleurs bientôt en conflit avec lui.
59« Bouter l’étranger hors du sol national » est la devise de la Fédération de France de l’UGET. Sa publication, l’Étudiant Tunisien, est immédiatement interdite en Tunisie. Un numéro de juillet 1953, « L’université française jugée par le Néo-Destour », est un brûlot contre la politique d’enseignement en Tunisie. La DGIP est accusée d’avoir formé des « bâtards intellectuels », choquant son directeur Lucien Paye.
60Une « Union des Étudiants Marocains de Paris » d’obédience communiste voit le jour. Le 7 juin 1954, elle propose un programme politique « minimum » (retour d’exil du roi, reconnaissance de la souveraineté marocaine…). Elle envoie un observateur à la IXe session annuelle du Conseil de l’Union Internationale Étudiante à Moscou (août 1954). Il y espère la constitution d’une « organisation groupant l’ensemble des étudiants marocains en France (avant) constitution d’une UNEM, à l’exemple des Tunisiens. Il est fort probable que nous demanderions alors notre affiliation à l’UIE52 ». Puis il remercie l’UNEF, dont les étudiants marocains sont souvent membres.
61La marche vers les indépendances accentue la polarisation nationale. Les étudiants algériens fondent l’Union Générale des Étudiants Musulmans Algériens (UGEMA) en juillet 195553. L’AEMNAF, au bout de sa mission, disparaît faute de combattants en 1955-1956. Une note de mai 1955 constate54 : « Politisés à 98 %, les étudiants marocains sont groupés en associations, au sein desquelles ils rencontrent leurs camarades des autres territoires de l’Afrique du Nord, pour lesquels ils n’éprouvent que peu de sympathie ».
Préparer la relève des cadres français
62L’objectif de ces étudiants de France est de préparer les indépendances, ce qui passe par la conquête des postes d’encadrement réservés aux Français, puis des postes ministériels. Les diplômés s’imposent peu à peu face aux notables makhzéniens de formation islamique.
63En décembre 1954, les administrations néo-chérifiennes du Maroc comprennent 22 384 fonctionnaires, dont 2 635 Marocains (70 % recrutés depuis 1950). Le cadre A (cadres supérieurs) ne comprend que 2,73 % de Marocains (152 pour 5 394 Français). Ils sont 165 en 195555 !
64À Tunis en revanche, les administrations centrales totalisent dès 1939 200 « fonctionnaires indigènes du cadre supérieur56 ». En 1952, la fonction publique comprend 10 000 Tunisiens (dont 6 800 titulaires) pour 10 600 fonctionnaires français57. Dans la catégorie A en 1952, il y a 946 Tunisiens titulaires pour 1 628 Français (36,7 %). Le retard tunisien est infiniment moindre qu’au Maroc.
65Au gouvernement de la Régence, quelques diplômés ont déjà été promus ministres après guerre, comme le docteur M. Materi à l’Intérieur. Le Ministère Kaak (juillet 1947) constitue néanmoins un tournant. Le Premier ministre, de haute bourgeoisie tunisienne, est le premier bâtonnier musulman. Ses ministres sont, à l’agriculture, l’avocat Abdelkader Belkhodja de la faculté de droit de Paris, à la santé publique, le pharmacien Ali Bouhajeb, aux affaires sociales, le docteur Ladhari, mais aussi le docteur ès-lettres de Lyon Mohamed Salah Mzali.
66Au Maroc, autour de l’inamovible Grand vizir El Mokri, les ministres diplômés ne sont qu’une poignée. L’appartenance au Makhzen prime. C’est le gouvernement chargé de négocier l’indépendance (déc. 1955) qui s’ouvre aux diplômés nationalistes. Or sur 41 dirigeants nationalistes jusqu’en 194458, 6 sortent des lycées parisiens (A. Benjelloun, A. Balafrej, H. Ouazzani), et 8 ont fait des études supérieures à Paris (Le Caire s’adjoint à la Sorbonne chez A. Balafrej, M. Naciri, M. El Fassi).
67En Tunisie, les gouvernements nommés après 1950 intègrent des ministres destouriens. Les néo-nationalistes rejoignent les notables. Sur 19 ministres, 13 appartiennent aux grandes familles, et 3 à des familles modestes. Ils viennent des professions libérales (3 avocats, 6 médecins et 1 pharmacien pour 2 littéraires). Pour ceux des familles makhzen, la voie caïdale prédomine. Ces nominations aiguisent l’appétit des étudiants de Paris.
CONCLUSION : VERS LA CONSTRUCTION DES ÉTATS-NATIONS
68L’autonomie interne en Tunisie (août 1954) porte les chefs du Néo-Destour au gouvernement. Au Maroc, les nationalistes entrent au gouvernement en décembre 1955. Une nouvelle élite politique émerge. En Tunisie, 5 avocats, 2 médecins, 3 littéraires et 2 ingénieurs sont ministres. Si le métier d’avocat reste la voie royale, les ingénieurs ministres soulignent la capacité des Tunisiens à s’autogouverner dans tous les domaines.
69Au Maroc, l’appartenance politique est un critère savamment dosé. Neuf membres du gouvernement de 1955 sont membres du PI, 6 appartiennent au Parti Démocratique de l’Indépendance (PDI), et 6 sont monarchistes. Le gouvernement de l’officier Bekkaï compte 21 ministres. Les notables de formation traditionnelle y sont minoritaires face aux diplômés parisiens. Souvent liés à l’ancienne classe dirigeante, ils se distinguent de leurs homologues tunisiens plus éloignés des anciennes élites makhzen.
70L’enseignement de l’arabe a été une « revendication fondamentale » de l’AEMNAF59. Pourtant, dès 1956, les conventions culturelles signées avec la France laissent au français sa place première. L’arabisme a été mobilisateur à Paris, mais aussi auprès des masses urbaines encadrées par les tolba des universités islamiques. Ces arabophones, exclus des postes coloniaux, espéraient un retour au pouvoir dans leur langue.
71Mais la responsabilité de gouverner leur pays indépendant échoit aux francophones. Transformés par l’imprégnation coloniale, leur séjour en France et une culture devenue leur, ils imposèrent une politique francophone au nom de la modernité, de la nécessité, et des impératifs techniques. Fruit d’une acculturation élitiste, cette classe dirigeante voulait la diffuser au grand nombre.
72Quelques centaines de diplômés ont eu un poids déterminant dans l’orientation du nationalisme maghrébin comme dans la direction des nouveaux États. Le départ des cadres coloniaux leur offre les postes de commande qu’ils ne veulent pas partager avec les intellectuels de formation islamique. Ayant remporté la bataille du prestige, il leur reste à édifier des États-nations. C’est aussi dans le Paris des années vingt à cinquante que s’est dessiné le visage du Maroc et de la Tunisie indépendants.
Notes de bas de page
1 Ben Youssef (Adel), Les étudiants tunisiens en France dans la période de l’entre-deux-guerres, traits généraux et conditions de vie, DEA de l’université de Tunis, Faculté des sciences humaines et sociales du 9 Avril, non publié, en arabe, 1989, 146 p.
2 Ibid. et Ageron (Charles-Robert), « L’Association des Étudiants Musulmans Nord-Africains en France durant l’entre-deux-guerres », Revue française d’histoire d’outre-mer, t. LXX, no 258-259, 1er et 2e trimestre 1983.
3 Ibid. et Halstead (John P.), Rebirth of a Nation. The Origins of Maroccan Nationalism 1912-1944, Cambridge (Mass.), Harvard University Press, p. 196.
4 Paye (Lucien), Introduction et évolution de l’enseignement moderne au Maroc, thèse d’État soutenue à la Sorbonne en 1957 et éditée par Benchekroun (Mohamed), Rabat, 1992, 694 p.
5 Sraïeb (Noureddine), « Retard scientifique et technologique et évolution historique : les cas marocain et tunisien », dans l’ouvrage du CRESM, Politiques scientifiques au Maghreb et au Proche-Orient, 1980.
6 Revue Souffles no 20/21, dossier enseignement, 1er trimestre 1971 qui cite la revue Politique étrangère, « Les lignes de forces du Maroc moderne », 1955.
7 Ageron (Charles-Robert), op. cit., 1983.
8 Archives Diplomatiques [désormais Arch. dipl.] de Nantes, Note confidentielle de la Résidence Générale de la République française au Maroc, Direction des Affaires Indigènes, « Le nationalisme marocain », 1933.
9 Ibid.
10 Les conditions de séjour à Paris des étudiants musulmans nord-africains, dans le DEA de Ben Youssef (Adel), op. cit., 1989.
11 Arch. dipl. Quai d’Orsay, Série Tunisie 1944-1949, Lettre de Pierre Bardin, contrôleur civil détaché à l’Office de la Tunisie au Résident Mast, compte-rendu de la situation des étudiants en France, 13 juin 1945, Paris.
12 Mémoire anonyme du CHEAM, Les étudiants nord-africains à Paris, 26 juillet 1946.
13 Entretien avec Mehdi Benaboud, mars 1995.
14 Mémoire du 26 juillet 1945, op. cit.
15 Ibid.
16 Ageron (Charles-Robert), 1983, op. cit.
17 Premier ministre du Maroc indépendant en 1959-60.
18 Entretien avec Abdallah Ibrahim, 7 mars 1995.
19 Arch. dipl. Quai d’Orsay, note des Affaires culturelles sur les étudiants marocains à Paris, mai 1955.
20 Ibid.
21 Lettre de P. Bardin, op. cit.
22 Note du 7 mai 1947, op. cit.
23 Note sur les étudiants marocains musulmans en France (étude datable de 1947).
24 Bilan de l’enseignement au Maroc, DIP, 1950.
25 Arch. dipl. Nantes, Série Protectorat de Tunisie, Deuxième versement, carton no 687, sous-dossier « Étudiants de Tunisie à Paris » (1950-1955), note de la DIP du 5 septembre 1951 au directeur adjoint au Directeur général des Affaires politiques et administratives.
26 Lettre de P. Bardin, op. cit.
27 Mémoire du 26 juillet 1945, op. cit.
28 Benaboud (Mehdi), op. cit.
29 Mémoire du 26 juillet 1945, op. cit.
30 Ibid.
31 Lettre de P. Bardin, op. cit.
32 Arch. dipl. Quai d’Orsay, Série Maroc 1950-1955, carton no 45, dossier 10, Étudiants marocains en France ; lettre des étudiants français de l’Hôtel de Paris au Général Juin, Résident général de France au Maroc, signée par dix étudiants, non datée (début 1950).
33 Ibid.
34 Ibid., lettre du général Juin, Résident général de la France au Maroc, au ministre des affaires étrangères Robert Schuman, 11 mars 1950.
35 Ibid., lettre du 3 décembre 1952.
36 Arch. dipl. Nantes, Série Protectorat de Tunisie, Deuxième versement, carton no 687, sous-dossier « Étudiants de Tunisie à Paris » (1950-1955).
37 Al Alam, 17 décembre 1946.
38 Arch. dipl. Nantes, Série Protectorat de Tunisie, Fonds de la Résidence, cote 2078A, « Situation des étudiants nord-africains en France – Revendications de l’AEMNA (1924-1949) », lettre non datée du Directeur de l’Office du Protectorat français en Tunisie au Résident général Mons.
39 Arch. dipl. Quai d’Orsay, Série Maroc 1950-1955, carton no 45, Télégramme en provenance de la Résidence de Tunis du 16 septembre 1950 au sujet du congrès de l’AEMNAF.
40 Ibid., note de la Résidence au sujet d’Ahmed Alaoui.
41 Télégramme du 16 septembre 1950.
42 Arch. dipl. Quai d’Orsay, Série Maroc 1950-1955, « Étudiants marocains en France », carton no 45, dossier no 10, lettre du 11 mars 1950 du Général Juin au Ministre des affaires étrangères Robert Schuman au sujet des étudiants marocains à Paris.
43 Ibid.
44 Nom donné aux étudiants communistes par les Istiqlaliens.
45 Arch. dipl. Quai d’Orsay, Série Maroc 1950-1955, carton no 45, dossier no 10, « Étudiants marocains en France », texte de la pétition et signatures des étudiants.
46 Arch. dipl Nantes, Série Protectorat de Tunisie, Deuxième versement, carton no 687, note de renseignement du 28 novembre 1950 au sujet de l’état d’esprit des étudiants de Paris.
47 Ayachi (Mokhtar), « L’Union Générale des étudiants de Tunisie (UGET) et le Néo-Destour devenu "Parti-État" (1952-1956) », Cahiers du CÉRES Série Histoire, no 5, Élites et pouvoir dans le monde arabe pendant la période moderne et contemporaine, Tunis, 1992.
48 « Étudiants marocains en France », op. cit., 7 avril 1951.
49 Ibid., Lettre du Résident général Juin au Ministre des affaires étrangères du 16 juin 1951 au sujet de la reconnaissance de l’UNEM en France.
50 L’UNEM n’est créée que fin 1956, par fusion de l’Association générale des étudiants de Rabat, de l’Association des étudiants marocains (au Maroc), et de l’Union des étudiants marocains (en France).
51 Ayachi (Mokhtar), op. cit.
52 Arch. dipl. Quai d’Orsay, Série Maroc 1950-1955, carton no 45, dossier no 10, texte de l’intervention de l’observateur de l’Union des étudiants marocains en France à la IXe session annuelle du Conseil de l’UIE à Moscou.
53 Sur l’UGEMA, voir l’analyse dans Pervillé (Guy), op. cit.
54 « Étudiants marocains en France », op. cit., 1955.
55 « Les lignes de forces du Maroc moderne », dans la revue Politique étrangère, 1955, cité dans le dossier « Pour un enseignement du peuple » de la revue Souffles, no 20/21, 1er trimestre 1971, p. 5.
56 Mémoire du CHEAM, Montety (Henry de), 8 août 1940, « Les vieilles familles et les nouveaux cadres ».
57 Arch. dipl. Quai d’Orsay, Série Tunisie 1944-1955, volume no 517, Note relative à la réforme de la fonction publique, Tunis, 21 août 1952.
58 Julien (Charles-André), Le Maroc face aux impérialismes, Paris, Éditions jeunes Afriques, 1978.
59 Ageron (Charles-Robert), op. cit., 1983.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Bestiaire chrétien
L’imagerie animale des auteurs du Haut Moyen Âge (Ve-XIe siècles)
Jacques Voisenet
1994
La Gascogne toulousaine aux XIIe-XIIIe siècles
Une dynamique sociale et spatiale
Mireille Mousnier
1997
Que reste-t-il de l’éducation classique ?
Relire « le Marrou ». Histoire de l’éducation dans l’Antiquité
Jean-Marie Pailler et Pascal Payen (dir.)
2004
À la conquête des étangs
L’aménagement de l’espace en Languedoc méditerranéen (xiie - xve siècle)
Jean-Loup Abbé
2006
L’Espagne contemporaine et la question juive
Les fils renoués de la mémoire et de l’histoire
Danielle Rozenberg
2006
Une école sans Dieu ?
1880-1895. L'invention d'une morale laïque sous la IIIe République
Pierre Ognier
2008