Introduction
Étudier ailleurs et malgré tout
p. 7-15
Texte intégral
1L’histoire de la mobilité étudiante, depuis Érasme jusqu’au programme Érasmus si bien nommé, est devenu un secteur fructueux de la recherche en histoire culturelle. Il va d’ailleurs bien au-delà de l’histoire sociale des populations étudiantes et conflue avec l’histoire politique et/ou politico-religieuse, de même qu’avec les stimulantes et fécondes problématiques des transferts culturels.
2Il est vrai que l’historiographie a tout d’abord privilégié la facette optimiste de ces voyages étudiants, la peregrinatio academica, le Grand tour, l’étudiant humaniste gyrovague, le cosmopolitisme du recrutement des universités et l’histoire de certaines nations étudiantes étrangères au sein de certains campus. Mais il existe une face sombre de ce que j’appelle la peregrinatio heureuse, un voyage étudiant qui ne participait pas de l’initiative humaniste personnelle, de l’enthousiasme, de la libido sciendi ou curiosité déambulatoire, voire, comme au xviiie siècle en France, d’une stratégie diplômante, cynique et utilitariste : des migrations dramatiques résultaient moins d’attractions que de repoussoirs… Racismes et ostracismes, nations et discriminations, scissions et coercitions, brutales ou insidieuses, numerus clausus ou interdiction pure et simple, toutes sortes de contraintes ont engagé des cohortes d’étudiants à contourner les obstacles, à se jouer de la carte universitaire officielle et à quérir du parchemin au loin. Quand l’Alma mater devenait castratrice, on pouvait trouver son Alma mater adoptive ; d’autant mieux d’ailleurs que l’étudiant discriminé et migrant devenait un enjeu sur l’échiquier international, l’objet de manipulation, de récupération, et que les structures d’accueil à l’étranger dissimulaient souvent mal leurs arrière-pensées d’instrumentalisation de la solidarité, ceci dans le droit fil des « logiques des échanges inégaux » que Victor Karady a bien analysées pour les étudiants d’Europe centrale avant les années 19301.
3Il s’est agi, ici, d’engager nos travaux et nos réflexions sur ces dimensions plus douloureuses mais combien stimulantes, qui commencent de susciter intérêt et synergie chez les chercheurs européens. Les problématiques que nous scruterons confluent avec celles d’un réseau international d’historiens contemporanéistes, « Migrations étudiantes en Europe et vers l’Europe de la deuxième moitié du xixe siècle à la Seconde guerre mondiale », actuellement à pied d’œuvre2. Plusieurs de ses membres nous ont fait l’honneur de participer à nos travaux et exposeront ici un aspect de leurs recherches. Les Actes de leurs colloques de Halle et Paris, publiés en 2003 sous la direction de Hartmut Rüdiger Peter et de Natalia Tikhonov, s’intitulaient avec bonheur Les universités : des ponts à travers l’Europe3.
4C’est bien dans cette perspective, doublement élargie, que nous situerons nos réflexions. Les universités seraient des ponts : soit ; mais quand il n’existe pas de ponts, quand ils sont rompus, certains ont, malgré tout, franchi les lignes de démarcation ; faute de ponts, ils ont voulu passer à gué, à leurs risques et périls, à l’insu des autorités.
5Mais j’ai dit avoir élargi doublement l’angle d’attaque : élargi dans l’espace et dans le temps.
6D’abord, ces migrations étudiantes n’ont pas été envisagées dans le seul espace européen ; nous avons tenu à scruter les déplacements, parfois lointains, de coloniaux vers leur métropole, parce qu’ils se firent au prix des mêmes déracinements, des mêmes tribulations, parfois des mêmes manipulations ou arrière-pensées des structures d’accueil ; sans compter que l’absence de structures d’enseignement secondaire ou supérieur outre-mer, parfois voulue, revenait au même que les discriminations ou numerus clausus infligés à certains groupes sur le Vieux continent. Ainsi, à la différence de l’Empire espagnol qui sema collèges et universités dans ses Indes occidentales, Louis XIV et Louis XV ont-ils toujours refusé d’établir un collège outre-mer, aux Antilles particulièrement, fût-ce à l’usage des créoles… Non loin de Toulouse, le collège mauriste de Sorèze (département du Tarn), mondialement célèbre au Siècle des Lumières, se distinguait par un recrutement quasi planétaire : il bénéficiait en effet du désert éducatif cyniquement entretenu par la monarchie française dans ses colonies : les jeunes pensionnaires, natifs des Antilles, de l’Île Bourbon ou de Pondichéry, étaient arrachés à leurs parents parfois vers l’âge de six ou sept ans pour souffrir un exil éducatif, durant une dizaine d’années, dans ce bout du monde4. Bien que non persécutés, eux aussi étaient contraints d’étudier ailleurs et malgré tout ; plus tard, des « indigènes », aux prises avec le même désert scolaire et/ou universitaire, durent subir le même malthusianisme éducatif. En 1897, un journal des colons français de Tunisie proclamait ainsi5 : « Plus l’indigène est instruit, plus il nous déteste. Nos pires ennemis, ce sont ces jeunes gens de familles bourgeoises que la Direction de l’Enseignement a élevés à la française… Si jamais il y a une révolte en Tunisie, ce sont eux que nous verrons à la tête des insurgés », ou encore : « Qu’on ne s’y trompe pas ! Nous fortifions nos ennemis, nous leur donnons des armes contre nous »6, conviction encore assénée en 1935 : « Ces intellectuels sont l’état-major des insurrections futures ». Lorsque des politiques coloniales moins obscurantistes prirent corps, ce fut alors, pour quelques indigènes, le déracinement vers la métropole, à moins que le pouvoir ne choisît de créer sur place quelque faculté, parcimonieusement ouverte, mais au prix de quels contrôles, coactions et discriminations7.
7Élargi également dans le temps, ai-je dit : nous avons, en effet, tenu à braquer d’abord le projecteur sur l’époque moderne et montrer la continuité dramatique de ces « remues d’hommes », remues de jeunes hommes (et femmes !), du xvie au cœur du xxe siècle.
8La fracture confessionnelle de l’Europe aux xvie et xviie siècles a en effet provoqué de périlleux chassés-croisés : dans le même temps qu’un réseau d’accueil d’étudiants réfugiés irlandais s’implantait dans le monde catholique (trois contributions sur ce thème), des flux protestants devaient, en sens inverse, quitter la France de Louis XIV pour arpenter les chemins du Refuge, en Hollande, en Suisse, en Angleterre et même au Trinity College de Dublin8. De même, les « exulants », les arminiens, les sociniens polonais, les Frères moraves ont dû trouver des campus de secours après l’écrasement de la Bohême par l’empereur Habsbourg : cela, il est vrai, nous a valu de connaître Comenius ; mais, dans le même temps, un collège irlandais (franciscain) s’implantait à Prague et y accueillait des réfugiés « hibernois »9 ! Nous observerons les mêmes chassés-croisés catholiques/protestants à l’intérieur de la si dense carte universitaire néerlandaise, tout en scrutant le cas des juifs, convertis ou non.
9Cette vision globale sur la longue durée, moderne et contemporaine, révèle bien des permanences et des récurrences. Aussi avons-nous tenu, tout au long de cet ouvrage (et du colloque dont il est issu10), à juxtaposer, pour chaque thème et chaque axe, un éclairage sur la période moderne, un autre sur la période contemporaine. Il en est ressorti des constantes affligeantes, d’autres plus réconfortantes. Permanence des conflits internationaux, religieux ou non, de l’intolérance, de l’oppression politique, de l’exclusion et de leurs dommages collatéraux, humains ou plutôt inhumains : cela, c’est le leitmotiv de l’histoire des hommes, humains trop humains ; aucune surprise pour l’historien. Mais une autre permanence ressort, dont l’analyse est bien plus fructueuse : elle tient au rapport entre pouvoir et savoir.
10Les universités sont a priori le lieu de production d’une élite intellectuelle que le pouvoir a toujours cherché à contrôler et instrumentaliser. Au Moyen Âge, université rime encore avec universalité ; n’exagérons pas toutefois cette synonymie. N’oublions pas que l’université de Toulouse fut créée en 1229 à la suite de la défaite du Midi catharisant, donc dans un but coercitif, afin de désintoxiquer l’intelligentsia méridionale de tout penchant pour l’hérésie. Cette université naquit dans le même berceau tragique que l’Inquisition (1229 également) et les Dominicains restèrent toujours les garants sourcilleux de son orthodoxie intellectuelle.
11Par la suite, l’effervescence humaniste ne fut qu’une parenthèse euphorique dans l’histoire européenne : de courte durée, elle avorta dans le sang. Cette période a appris très tôt à l’État et à l’Église à se méfier d’une pensée plus ou moins libre, donc a priori subversive. En France comme ailleurs, les universités sont donc rapidement placées sous haute surveillance, contrôlées, expurgées : elles tendent à devenir des lieux d’aliénation, de dressage culturel, de « formatage », dirait-on aujourd’hui. N’oublions pas qu’on y forme avant tout des « serviteurs », ce mot en dit long11 sur les liens de vassalité entre « Regnum et studium : l’université comme auxiliaire du pouvoir », pour reprendre le titre d’un travail de Jacques Verger12. Par la suite, cette tutelle ne se démentira pas13.
12Au xviie siècle, Louis XIII et Louis XIV nationalisent les diplômes : fini pour les Français le voyage étudiant, sur l’iter italicum ou ailleurs ; ce n’est plus qu’un recours périlleux pour les calvinistes, avant et, plus encore, après la Révocation de l’Édit de Nantes. Peu avant, Philippe II interdit aux Espagnols d’étudier dans les universités françaises parce qu’elles étaient soit « infestées d’hérésie », soit le refuge, depuis longtemps, des marranes persécutés : à certains moments, l’université de Toulouse eut en effet plus d’un tiers de ses chaires confiées à la fin du xvie siècle et au début du xviie siècle à des étrangers, marranes d’Espagne ou du Portugal, ou réfugiés irlandais. La réorganisation politico-religieuse de l’Europe et la loi cujus regio ejus religio s’est prolongée dans le système universitaire où tendit à prévaloir cujus regio ejus studium ; soit, à peu près, tel prince, telle religion, donc telles universités. D’où tant de circuits étudiants particuliers à chaque minorité.
13Ce rôle normalisateur des universités était d’ailleurs notoire. Il est démontré au xviiie siècle pour les Catalans vaincus par les Castillans et obligés de se soumettre au roi Bourbon Philippe V : le nouveau roi d’Espagne a évidemment aussitôt châtié la Catalogne en supprimant toutes ses universités traditionnelles (Barcelone, Gérone, Vich, etc.) qu’il crut bon de remplacer par celle de Cervera, créée ex nihilo au service des Castillans. Des cohortes de jeunes Catalans ont alors boycotté ce campus « collabo » (on peut ainsi traduire l’insulte « bottifler ») et ils sont partis prendre des diplômes de l’autre côté des Pyrénées, à Toulouse. Cette migration étudiante proto-nationaliste catalane a permis de faire la prosopographie de plus d’un millier de ces fugados inscrits à Toulouse malgré les interdictions réitérées du roi d’Espagne14. À la même époque, dans le même contexte, l’île de Minorque échappait au pouvoir castillan grâce à l’occupation anglaise, d’assez heureuse mémoire apparemment : de la même façon, les intellectuels minorquins boudèrent Cervera, à tel point qu’on les retrouve tous s’initiant aux Lumières à l’université d’Avignon, entre 1750 et 178015. Le même phénomène s’observe à l’époque contemporaine quand les Polonais, qui se révoltèrent à plusieurs reprises dans les années 1830 et 1860 contre la domination de l’Empire russe, préférèrent l’exil académique à l’Ouest à la fréquentation d’universités russifiées, ou lorsque les étudiants égyptiens, passés sous tutelle britannique, choisirent d’aller étudier en France plutôt que dans les établissements anglais en Égypte ou au Royaume Uni.
14C’est dire que le pouvoir soit exclut de l’université certains groupes a priori suspects, soit espère les y normaliser : ceux-ci ne sont pas dupes et, s’ils le peuvent, évitent ces fourches caudines insidieuses. Mais ceci revient aussi à dire que, face à cette haute surveillance constante du pouvoir (politique et/ou religieux) sur le savoir, on observe une autre permanence, plus roborative : une partie des minorités discriminées a toujours fait le pari du savoir. Qu’on lui en interdise l’accès pour tuer dans l’œuf toute possibilité d’intelligentsia, ou qu’elle évite de son propre chef les centres officiels parce qu’elle a compris que, le pouvoir ne les y tolérant que pour mieux les assimiler, elle y perdrait son intellect et son âme, une élite a donc toujours pris son bâton de pèlerin ou d’étudiant gyrovague et a cherché au loin des structures éducatives de secours. Cette sorte de fuite des cerveaux, fuite par le haut, au prix d’un exil volontaire, temporaire ou définitif, que les Irlandais appelaient le « martyre vert » distingué du « martyre rouge », représente une méritoire résistance – passive ne serait pas le mot juste – : elle réussit en tout cas, tant bien que mal, au prix de sacrifices personnels et de bien des drames humains, à faire échec aux États persécuteurs et ce, comme le proclamait le séminaire des Irlandais de Toulouse, « par le glaive de l’esprit ».
15Les persécutions et barrages de toutes sortes n’ont donc pas empêché les diverses norias étudiantes de tourner, même au ralenti, d’irriguer tant bien que mal les champs culturels discriminés et de faire fleurir certains génies comme Juan-Luis Vivès au xvie siècle, Francisco Sanchez le sceptique (professeur à Toulouse), Comenius déjà cité ou Pierre Bayle au xviie siècle, et tant de grands esprits issus de l’immigration à la période contemporaine : s’il ne faut citer qu’un nom au xxe siècle, vient a priori celui de Maria Sklodowska, future Marie Curie… Songeons encore aux personnalités de la décolonisation qui sont passées par les universités des puissances coloniales, comme Gândhî, qui étudia le droit à Londres, ou Hô Chi Minh, étudiant à Londres, puis à Paris avant de rejoindre Moscou en 1923. Ces hommes et femmes d’exception ne nous feront toutefois pas oublier les obscurs, les sans grades (sinon sans graduations !) qui, dans l’adversité politique, ethnique ou religieuse ont, de tout temps et en tout sens, arpenté les chemins de l’exil en pariant sur l’avenir et sur l’intelligence. Étudier ailleurs et malgré tout a été le lot commun de toutes les communautés opprimées : aucune exclusive dans l’histoire des exclusions ! Ici ou là, un jour ou l’autre, à des degrés divers, protestants, orthodoxes, juifs, marranes, musulmans, mais aussi catholiques, voire jansénistes, opposants politiques : même combat personnel pour un cursus expatrié en dépit de puissances coactives.
16Il faut ajouter ici une autre constante. Tous ces réseaux de solidarité éducative ont généré à travers le temps maints transferts culturels. Les influences réciproques dans le domaine des idées ont, entre autres facteurs, été activées par le biais de diasporas, et cette problématique est, depuis une décennie, devenue un secteur dynamique de recherche16. Mais il y aura lieu de démêler le rôle spécifique des étudiants exilés. En effet, les gués, de jadis ou de naguère, sont parfois, souvent, devenus des ponts. Ainsi, les Irlandais catholiques, réfugiés durant près de deux siècles en France, ont-ils pu rendre un jour la pareille aux prêtres réfractaires français persécutés durant la Révolution française : après avoir fait la liste de tous les prêtres irlandais accueillis, ordonnés et diplômés sous l’Ancien Régime dans la région toulousaine, nous constatons avec surprise que nombre de prêtres languedociens, protecteurs de réfugiés irlandais de naguère, non seulement s’étaient eux-mêmes repliés en Irlande pour fuir la Terreur robespierriste, mais qu’en outre, plusieurs y furent les artisans de la formation de l’embryon de l’université catholique de Maynooth, le Saint Patrick’s College, séminaire enfin autorisé par les Anglais (1795)17 ! Juste retour des choses, des temps et des hommes ; les rôles de réfugiés et de protecteurs avaient permuté, et l’hospitalité reçut, un jour, réciprocité. Les gués et passerelles sont donc bien devenus des ponts à travers l’espace et le temps et nos collègues contemporanéistes pourraient offrir une kyrielle d’exemples similaires pour le xxe siècle.
17Finissons ce préambule en annonçant l’ordre de nos réflexions. Le phénomène migratoire estudiantin sera scruté selon deux axes. Dans une première partie, nous nous pencherons sur diverses situations de contrainte et politiques discriminatoires qui provoquèrent l’exil étudiant, temporaire ou définitif, et sur les réponses de la communauté internationale. Dans un second volet, il y aura lieu d’analyser l’étudiant comme « enjeu » : comment celui-ci a pu être utilisé, manipulé, sous couvert de solidarité, car il s’agit le plus souvent d’expansionnisme culturel. L’accueil sert l’intérêt national, il représente un investissement : comme le reconnaissait le doyen de la faculté de médecine de Paris, Brouardel : « ceux que l’on a formés restent nos alliés intellectuels », et Ernest Lavisse d’approuver à la même époque (1895) : « Faire l’éducation d’un étranger, c’est s’assurer un ami plus tard dans son pays. L’Allemagne s’est ainsi acquis partout des amis »18. Mais le futur « ami », dûment instrumentalisé, n’en est pas moins suspecté et surveillé… De même, il faudra tenter d’apercevoir divers ratés et dommages collatéraux générés dans le pays d’accueil : xénophobie, provoquée notamment sur le marché de l’emploi (cas des docteurs de médecine étrangers formés à Paris à la fin du xxe siècle), déracinement, perte de la langue, voire du désir de retour. Quand l’ailleurs devient recours, quand le moins court devient le plus simple, l’idée a pu se faire jour, chemin faisant, qu’un aller simple était plus simple qu’un aller retour.
18Mais il est temps de suivre à la trace, dans leurs chemins des écoliers ou sur leur chemins de traverse, tous ces migrants et migrantes qui, avec une pugnacité qui force le respect, ont tenu à étudier ailleurs et malgré tout.
Notes de bas de page
1 Karady (Victor), « Student mobility and Western Universities. Patterns of Unequal exchange in the European Academic Market (1880-1939) », dans Charle (Christophe.), Wagner (Peter), Schriewer (Jurgen) éd., Transnational Intellectuals Networks. Forms of Academic Knowledge and the Search for Cultural Identities, Francfort/New-York, Campus Verlag, 2004, p. 361-399 ; et « Les Logiques des échanges inégaux. Contraintes et stratégies à l’œuvre dans les migrations en Europe avant les années 1930 », dans Peter (Hartmut Rüdiger), Tikhonov (Natalia), Universitäten als Brücken in Europa (voir notes suivantes), p. 17-33.
2 Citons Peter (Hartmut Rüdiger) dir., Schnorrer, Verschwörer, Bombenwerfer ? Studenten aus dem Russischen Reich an deutschen Hochschulen vor dem 1. Weltkrieg. Actes du colloque de Halle, Francfort-sur-le-Main, Peter Lang, 2001, ainsi que le colloque réuni par H. R. Peter et N. Tikhonov sous l’égide de l’institut européen de Genève (20-21 juin 2003), Étudiants sans frontières : migrations universitaires en Europe avant 1945, et, plus récemment (7-9 avril 2005), un symposium tenu à Budapest autour de H. R. Peter, V. Karady, H. Hammerstein-Robinson, N. Tikhonov, intitulé Migrations universitaires. Formation des élites et modernisation des États-nations en Europe (deuxième moitié du xixe siècle-1939). On peut consulter le résumé des communications sur les sites web des universités de Genève et de Halle, ainsi que des comptes rendus par Nicole Fouché dans Actes de l’histoire de l’immigration, ou par Pierre Moulinier et Claudie Weill dans les Cahiers du GERME (Groupe d’Études et de Recherche sur les Mouvements Étudiants), no 25, juin 2005 [en ligne].
3 Peter (Hartmut Rüdiger), Tikhonov (Natalia) éd., Universitäten als Brucken in Europa, Les universités : des ponts à travers l’Europe. Études sur l’histoire des migrations étudiantes, Francfort-sur-le-Main, Peter Lang, 2003.
4 Ferté (Patrick), « Géographie du recrutement du collège de Sorèze (1767-1790), un recrutement colonial et international », dans Munier (Marie-Odile) dir., Sorèze, l’intelligence et la mémoire d’un lieu, Toulouse, Presses de l’université des Sciences Sociales de Toulouse, 2001, p. 123-140. Voir aussi Munier (Marie-Odile), Au pied de la Montagne noire : Sorèze, une abbaye, une école, Laval, Siloë, 1999 et Ferté (Patrick), « Un pensionnat transpyrénéen au xviiie siècle : le collège de Sorèze [France], dans Derecho, historia y universidades. Estudios dedicados a Mariano Peset, València, Universitat de València, 2007, vol. I, p. 605-611.
5 Voir plus loin les communications de Mohamed Dhifallah, de Pierre Vermeren et de Guy Pervillé. Voir également Bouche (Denise), L’enseignement dans les territoires français de l’Afrique occidentale de 1817 à 1920. Mission civilisatrice ou formation d’une élite, thèse de l’université de Paris-I, 1975, 2 vol. dactyl., p. 869, 882, 883 et 892 ; Guezmir (Khaled), Jeunes Tunisiens, Éd. Alif, Tunis, 1986 ; Sraïeb (Noureddine), Enseignement et nationalisme : le collège al-Sadiki de Tunis (1875-1956), Tunis, éd. Alif, 1995.
6 La Tunisie française, 17 avril et 30 octobre 1897, « Comment on fait des déclassés ? », p. 1 et « Fabrique des déclassés », p. 1 (Victor de Carnières).
7 Voir notamment Kadri (Aïssa) : « Les étudiants algériens dans l’enseignement supérieur colonial : les contradictions d’un mode de domination » dans Bancel (Nicolas), Denis (Daniel), Fates (Youssef) dir., De l’Indochine à l’Algérie. La jeunesse en mouvement des deux côtés du miroir colonial, 1940-1962, Paris, La Découverte, 2003, p. 115-130 ; Natsis (James J.), Learning to revolt : the role of students in the national movement in colonial Tunisia, Lanham, University Press of America, 2002 ; Dieng (Amady Aly), Les premiers pas de la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France (FEANF) (1950-1955), de l’Union française à Bandoung, Paris/Budapest/Berlin, L’Harmattan, 2003 ; ou encore Le Port (Joseph), « Sous le protectorat, des jeunes envoyés étudier en France : promotion ? aventure ? », Bulletin de la société des études océaniennes, no 294, 2002, p. 73-117, etc.
8 Voir par exemple le cas d’Élie Bouhereau (1643-1749), calviniste français qui passe son doctorat de médecine à l’université d’Orange, exerce un temps à La Rochelle, avant de devoir émigrer outre-Manche, Révocation oblige : croisant dans son exil les catholiques irlandais fuyant les Penal Laws, ce huguenot devient le premier bibliothécaire de la Marsh’s Library de Dublin et œuvre également à la bibliothèque universitaire de Trinity College où les catholiques n’étaient pas acceptés.
9 Voir Hammerstein (Helga) éd., Migrating Scholars : links of contact between Ireland and Bohemia, Dublin, 1998) ; Pafiez (Jan), Huchafiová (Hedvika), Hybernia v Praze : Éireannaigh i bPrág, Prague, 2001 et Pafiez (Jan), « The Irish Franciscans in seventeenth and eighteenth-century Prague », O’Connor (Thomas), Lyons (Mary Ann) éd., Irish Migrants in Europe after Kinsale, 1602-1820, Dublin, Four Courts Press, 2003, p. 104-117.
10 La volonté comparatiste qui préside à ce livre a permis des confrontations fructueuses, des découvertes et des rapprochements entre spécialistes de la période moderne, de la période contemporaine et de la sphère coloniale, habituellement plus cloisonnés dans leurs recherches. Nous avons organisé les contributions en deux volets, réparties chacune selon une trame chronologique qui en révélera la continuité « dramatique ».
11 Voir par exemple Gorochov (Nathalie), « Entre la cour et l’école : les étudiants au service de l’État à la fin du Moyen Âge », dans Les serviteurs de l’État au Moyen Âge. Actes du XXIXe Congrès de la Société des médiévistes de l’Enseignement supérieur public, Pau, 1998, Paris, Publications de la Sorbonne, 1999, p. 249-256 ; Theurot (Jacky), « L’université de Dole au service du duc de Bourgogne. L’Université, les gens de savoir et le prince (1432-début xvie siècle) », dans Hommes d’É-glise et pouvoirs à l’époque bourguignonne (xive-xvie s.), Publication du Centre européen d’études bourguignonnes, 38, s.l., 1998.
12 Verger (Jacques), « Regnum et studium : l’Université comme auxiliaire du pouvoir au Moyen Âge », dans Carozzi (Claude), Taviani-Carozzi (Huguette) éd., Le pouvoir au Moyen Âge. Idéologies, pratiques, représentations (Le temps de l’histoire), Aix-en-Provence, Publications de l’université d’Aix-en-Provence, 2005, p. 297-311.
13 Voir par exemple Hammerstein, « Relation with Authority », dans De Ridder-Symoens (Hilde) éd., A History of the University in Europe 2 : Universities in Early Modern Europe (1500-1800), New-York/Cambridge, Cambridge University Press, 1996, p. 113-156 ; ou encore Stichweh (Rudolf), Der frühmoderne Staat und di Europäische Universität, Francfort-sur-le-Main, Surkamp, 1991.
14 Voir mes travaux sur cet aspect, Ferté (Patrick), « Dos migraciones estudiantiles desconocidas : Toulouse y Aviñon, universidades de recambio para Catalanes y Menorquines (siglo XVIII) », dans Colegios y Universidades. Del antiguo régimen al liberalismo, Gonzáles Gonzáles (Enrique), Pérez Puente (Lourdes) coord., CESU, UNAM, México, 2001, vol. I, p. 285-303 ; « La natio hispánica en Toulouse : para una prosopografía de los estudiantes españoles en Toulouse en los siglos XVII y XVIII » dans Historia de la Educación. Revista universitaria, Salamanca, núm. 19, 2000, p. 373-412 » ; « Les Étudiants catalans à l’université de Toulouse du xiiie au xviiie siècle », dans Aulas y saberes, VI Congreso Internacional de Historia de las universidades hispánicas, València, Universitat de València, 2003, vol. I, p. 397-413 ; « Le tropisme espagnol vers l’université de Toulouse et le collège de Sorèze au xviiie siècle », dans Transmission et diffusion des savoirs dans le sud de la France, 126e Congrès national, des Sociétés historiques et scientifiques, Toulouse, 2001, coll. « Actes des congrès des sociétés historiques et scientifiques CD-ROM », Diot (Marie-Françoise), Brouzeng (Paul) dir.
15 Ferté (Patrick), « Les étudiants catalans à l’université de Toulouse du xiiie au xviie siècle », dans Aulas y saberes, VI Congreso Internacional de Historia de las universidades hispánicas, València, Universitat de València, 2003, vol. I, p. 397-413.
16 Citons, entre autres pistes : « Les échanges religieux entre la France et l’Espagne du Moyen Âge à nos jours », voir Revue d’Histoire de l’Église de France (2004) ; les Échanges religieux entre la France et les Pays-Bas du Nord à l’époque moderne viennent de donner lieu à un double colloque (Lyon/Amsterdam, 25-27 sept. 2007). Sur le cas irlandais, voir Harper (Marjory) éd., Emigrants homecoming. The return movement of emigrants, Manchester, Manchester University Press, 2005 ; voir aussi Ohlmeyer (Jane), « Seventeenth-century Ireland and Scotland and their wider world », dans O’Connor (Thomas), Lyons (Mary Ann) éds., Irish communities in early-modern Europe, Dublin, Four Courts Press, 2006, p. 468 sq et bibliographie n. 47 ; sur le cas écossais, McInally (Tom) achève une thèse de doctorat à l’université d’Aberdeen sur « Cultural influences of the Scots Colleges abroad achieved through their alumni in the XVIItn and XVIIItn centuries » ; Wallace (Stuart), « Scottish university men and german universities before 1914 », dans Muhs (Rudolph) et alii, éd., Aneignung und Abwehr : Interkultureller Transfer zwischen Deutschland und Grossbritanien, Bodenheim, 1998, p. 227-261 ; L’influence des étudiants juifs ayant migré à travers l’Europe, issus notamment de l’aire balkanique et de l’Europe orientale, a donné lieu à d’innombrables et riches études dont nous ne pouvons donner qu’un copieux échantillon dans notre bibliographie en fin de volume.
17 Voir Healy (John), Maynooth College : Its centenary History 1795-1895, Dublin, Benzinger Bros, 1895 et Corish (Patrick J.), Maynooth College 1795-1995, Dublin, Gill and Macmillan, 1995, vide “F. Anglade”, passim.
18 Conseil des facultés de Paris, séance du 23 décembre 1895, Arch. Nat., AJ/16/2564, cité par Pierre Moulinier, infra.
Auteur
Maître de conférences en histoire moderne à l’université de Toulouse-II, est l’auteur de travaux sur l’histoire sociale et intellectuelle du monde universitaire d’Ancien Régime.
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