Liberté antique, liberté moderne
|Terreur et « culte de l’antiquité » dans le débat post-révolutionnaire
Texte intégral
- 1 Heinrich von Sybel, Geschichte der Revolutionszeit von 1789 bis 1795, vol. 3, Düsseldorf, 3e éd., (...)
- 2 Benjamin Constant, « Fragments sur la France », in Mélanges de littérature et de politique, Paris, (...)
- 3 Dans le rapport de Courtois sur les événements du 9 thermidor, in Papiers inédits trouvés chez Rob (...)
- 4 C’était l’affirmation de Barras, selon un article de la Vossische Zeitung (Berlin) du 20 août 1794 (...)
1Robespierre est renversé le 9 thermidor an II (27 juillet 1794) par une coalition regroupant Billaud-Varenne, Collot-d’Herbois, Barère et d’autres « représentants les plus authentiques du système de la Terreur, qui [ne sont] entrés en conflit avec Robespierre que pour des motifs liés à leur ambition personnelle » écrit Sybel1. Immédiatement après, on affirme que les Jacobins, ces « Spartiates de la Convention2 », ont voulu user de leur domination terroriste pour imposer au temps présent une situation antique, sacrifier la liberté individuelle à la prétendue liberté collective, et des millions de Français à un bonheur public à la spartiate3. On passe sous silence les propos par lesquels les Jacobins ont pris leurs distances avec le modèle de Sparte. On se soucie fort peu de la cohérence de la propagande ; on répand ainsi, dans le même temps, le bruit que Robespierre, justement lui, a amassé des richesses en secret et mené une vie de luxe avec des maîtresses4.
- 5 Lysias XII (Contre Ératosthène). – Plaidoyer de Lysias contre les membres des anciens Comités de s (...)
2Une autre comparaison était certainement plus pertinente : celle que le fameux économiste Dupont de Nemours, ancien député modéré n’ayant échappé à la guillotine que grâce à la chute de Robespierre, a établi entre la Terreur et le gouvernement des « Trente » à Athènes. Il reprend un discours de Lysias sur l’époque de la terreur dans cette cité pour l’appliquer aux Comités de salut public et de sûreté générale, en remplaçant les noms des Athéniens que Lysias cite comme des hommes effroyables par ceux des membres de ces comités5.
L’ENTHOUSIASME DES JACOBINS POUR L’ANTIQUITÉ : UNE LÉGENDE
- 6 Courtois, in Papiers inédits trouvés chez Robespierre, Saint-Just, Payan, op. cit., p. 3-4.
- 7 Grégoire, « Rapport sur les destructions opérées par le vandalisme », in Bernard Deloche et Jean-M (...)
- 8 Voir supra, p. 143-144.
3De Saint-Just – né en 1767, exécuté en même temps que Robespierre le 28 juillet 1794 –, on dira dans la représentation officielle qui en est donnée après sa chute : « Un étourdi de vingt-six ans […], à peine échappé de la poussière de l’école, tout gonflé de sa petite érudition, avait lu dans un grand homme [Montesquieu ? Mably ?] qu’il n’entendait point, qu’un peuple s’était laissé corrompre par le luxe, enfant des arts et du commerce ; il avait lu encore qu’un autre grand homme [Lycurgue] qu’il entendait encore un peu moins sans doute, avait, dans l’enceinte de quelques milliers de stades, formé un peuple de braves ; et, tout de suite, notre maladroit copiste de l’Antiquité, sans examen des localités, des mœurs et de la population, appliqua […] ce qui était inapplicable6. » On avait certes prétendu transformer les Français en Spartiates, mais en réalité on en avait fait une masse d’hilotes dominée par la force d’une petite majorité, affirme l’abbé Grégoire, quelques semaines après la chute de Robespierre, à propos des projets d’Éducation nationale conçus par Lepeletier et Robespierre7. Celui-ci avait pour sa part exprimé ce reproche à l’encontre des Girondins8.
- 9 Condorcet, Esquisse d’un tableau historique, Paris, Vrin, 1970, p. 109.
4En avril 1795, 3 000 exemplaires du texte de Condorcet sur le progrès de l’humanité sont distribués aux frais de l’État. On souligne que les Grecs n’ont pas créé d’organisations reposant sur « ces droits inhérents à l’espèce humaine et appartenant à tous les hommes avec une entière égalité9 », et que toutes leurs réalisations avaient l’esclavage pour condition. Condorcet était mort en prison en mars 1794, peu après son arrestation, dans des circonstances mystérieuses. Il avait passé quelques mois caché et c’est pendant cette période qu’il avait écrit ce texte.
- 10 Volney, Les Ruines ou méditation sur les révolutions des Empires [1787], Paris et Genève, Slatkine (...)
5Le lien avec l’Antiquité est également mis en évidence par Constantin-François Chassebœuf, dit Volney, qui fut arrêté sous les Jacobins, dans les leçons d’histoire qu’il a données entre janvier et mars 1795 à l’École Normale, nouvelle institution tout juste créée. Volney s’était surtout fait connaître par son récit de voyage en Syrie et en Égypte, publié en 178710. L’École Normale était née de la volonté des Jacobins de créer un lieu centralisé de formation des maîtres ; cet établissement fut cependant fermé au bout de quelques mois.
- 11 Constantin-François Volney, « Leçons d’histoire, prononcées à l’École Normale en l’an III de la Ré (...)
- 12 Montesquieu, L’esprit des lois, livre XVII, chapitre VI (titre de chapitre).
6Selon Volney, les révolutionnaires ont remplacé une superstition, la chrétienne, par une autre, la vénération de l’Antiquité. Dans les républiques antiques, une petite minorité de citoyens domine de grandes masses d’esclaves. Même au sein de la classe des citoyens – qui vit à Sparte selon « une vraie règle de moines de la Trappe » mais constitue à Athènes un « peuple d’étourdis » –, on ne peut pas parler de garantie des droits individuels, ni de leur consolidation par une constitution fondée sur la représentation et la séparation des pouvoirs11. Il faut donc rompre définitivement avec toutes les conceptions concernant le caractère exemplaire de l’Antiquité. Au bout du compte, les républiques antiques ne se distinguent pas des régimes despotiques orientaux – que l’on a toujours considérés, du ve siècle av. J.-C. au xviiie siècle, comme un véritable contre-modèle de l’ordre libéral, comme le montre l’opposition établie par Montesquieu entre la « servitude de l’Asie » et la « liberté de l’Europe12 » Au xviiie siècle, toutefois, le terme de despotisme est aussi employé à des fins polémiques contre la monarchie absolue.
- 13 Cité par François Hartog, « La révolution française et l’Antiquité : l’avenir d’une illusion ? », (...)
- 14 Cf. Saint-Just, supra, p. 141.
- 15 Cité in Horst Günther, Freiheit, Herrschaft und Geschichte, Francfort-sur-le-Main, 1979, p. 90.
7Au moment de la chute des Jacobins, au cours de l’été 1794, Pierre-Charles Lévesque, professeur au Collège de France, qualifie les Spartiates de seigneurs féodaux13 : c’est un camouflet pour les prétendus amis de Sparte, à ceci près qu’eux-mêmes ont proposé cette comparaison14. Volney et d’autres critiquent aussi l’influence des idées de Rousseau. Les révolutionnaires ont certes entretenu son culte, mais leur politique constitutionnelle n’a que peu de points communs avec ses conceptions. Un député affirme en septembre 1794 que la Révolution représente, en elle-même, une explication du Contrat social15.
8La réaction thermidorienne aux réminiscences de l’Antiquité s’exprime encore dans l’interdiction des noms antiques par la Convention nationale, et dans le fait que la jeunesse dorée patrouille dans les rues et attaque ceux qui continuent à porter le bonnet phrygien jacobin, qui rappelle le pilleus.
LA POURSUITE DU DÉBAT EN ALLEMAGNE
- 16 Christian Gottlob Heyne, « Über die bürgerliche Freyheit und Gleichheit in der Republik der Atheni (...)
- 17 Thucydide III, 36-49.
- 18 Arnold Hermann Ludwig Heeren, « Mytilene und Lion » [1794], in Vermischte Historische Schriften, v (...)
- 19 Christian Garve, « Übersetzung und Erläuterung der Rede Kleons, eines atheniensischen Demagogen, i (...)
- 20 Garve, Ibid., p. 455.
- 21 Christian Garve, « Über die Veränderungen unserer Zeit in Pädagogik, Theologie und Politik » [1800 (...)
- 22 Barthold Georg Niebuhr, Vorträge über alte Geschichte, an der Universität zu Bonn gehalten, Marcus (...)
9À l’étranger, des comparaisons s’établissent aussi entre la Révolution française et certains épisodes de l’Antiquité. En 1793, le philologue de Göttingen, Christian Gottlob Heyne, beau-père de Georg Forster, étudie l’effet corrupteur de la rhétorique et de la démagogie à Athènes à partir de parallèles avec la Révolution française. Il établit lui aussi une comparaison avec le régime des « Trente » : « Ces tyrans se comportèrent exactement comme la Convention nationale des Français, et l’on commit à l’époque à Athènes les mêmes actes atroces et répugnants, on pilla et l’on assassina tout autant que de nos jours en France16. » Son gendre et collègue Arnold Heeren compare, en 1794, la décision prise par Athènes de punir Mytilène17, tombée en 427 av. J.-C., à celle prise par la Convention nationale en octobre 1793 à propos de la ville contre-révolutionnaire de Lyon. La « plèbe athénienne, avec ses chefs d’armée » n’avait été « en rien meilleure, mais peut-être au contraire encore plus sauvage et sanguinaire » que son pendant parisien. Le rôle des démagogues au sein de la démocratie athénienne ne se révèle qu’à présent, écrit-il, à la lumière de ce que l’on a vécu avec les chefs des Jacobins ; selon lui, Cléon a été un « Robespierre athénien18 ». La même année, le philosophe Christian Garve estime « que l’analogie entre l’Assemblée athénienne et la Convention nationale française tient au fait que souvent, dans l’une comme dans l’autre, c’est précisément celui qui pousse le plus loin les excès du gouvernement démocratique, l’instigateur des décisions les plus irréfléchies, qui utilise dans ses discours le langage du sage et du maître de vertu, tout en donnant au peuple qu’il séduit des leçons vraies et salutaires. […] Si l’on en croit les propos des démagogues authentiques, le peuple dans son ensemble est raisonnable et vertueux ; mais tout individu qui, en son sein, se fait remarquer et sort du lot est un esprit faible ou malveillant dès lors qu’il n’appartient pas à leur parti19 ». Les inconvénients de la démocratie sont apparus dans l’Antiquité autant qu’à l’époque contemporaine20. Quelques années plus tard, Garve écrit que la Révolution française ne lui a pas seulement fait perdre le goût des réformes, mais aussi la foi dans le caractère exemplaire de l’Antiquité : « Ces Grecs et ces Romains que l’on a tant vantés ne m’éblouissent plus21. » Enfin, Niebuhr fait encore à la fin des années 1820 le parallèle entre les « Trente » d’Athènes et le Comité de salut public22.
10On devine dans ces propos que la notion de « démagogue » est désormais plus fortement marquée par l’association avec le jacobinisme que par le modèle antique, – ce que l’on verra par la suite avec les « persécutions des démagogues » engagées contre toutes les forces politiquement suspectes depuis 1815, et plus encore après les « décrets de Karlsbad » (1819) lorsqu’on oubliera en bonne partie les réminiscences directes de l’Antiquité pour faire du concept de « démagogue » un usage relevant de la dénonciation.
- 23 [Christoph Friedrich von Derschau], Über Gleichheit, Freyheit und Demokratie, Aurich, 1799, p. 36, (...)
11Un auteur allemand – résolument critique à l’égard de la Révolution – fait sans doute figure d’exception ; en 1799, Christoph von Derschau reproche aux leaders révolutionnaires de s’être écartés de la conception antique de la démocratie avec leur système représentatif, et d’avoir trompé le peuple en se comportant comme des démagogues : « La feinte liberté ne consiste en rien d’autre que de donner à quelques citoyens actifs une voix pour élire un député. […] Les nouveaux architectes de la soi-disant grande nation croient avoir inventé un chef-d’œuvre dans l’art de l’État en confiant la législation à une assemblée composée d’un grand nombre de députés du peuple. […] La démocratie passant par des représentants était totalement inconnue dans toutes les républiques antiques, et celles-ci connaissaient encore moins la méthode récemment inventée consistant à faire désigner les députés par le biais de grands électeurs. […] L’institution française cesse d’être une démocratie à l’instant où l’on élit des représentants. Elle est en contradiction avec ses propres principes théoriques. Le peuple doit être souverain et ne sait rien lorsque ses députés rédigent des cahiers de doléances, déclarent la guerre, concluent la paix, font guillotiner son roi. C’est une véritable aristocratie, à cela près qu’elle n’est pas héréditaire. L’éloquence des actuels séducteurs du peuple a cependant eu l’opportunité de donner à toute une nation, au moyen de ces chimères, l’illusion de la liberté23. » On fait ici appel au modèle politique antique pour contrer le principe de représentation. L’auteur ne défend cependant en aucun cas le modèle athénien, fustigeant les deux formes de démocratie en farouche adversaire résolu de la Révolution et en partisan convaincu d’une monarchie héréditaire dotée de limites constitutionnelles.
- 24 François-René de Chateaubriand, « Essai historique, politique et moral sur les révolutions ancienn (...)
- 25 Cité par Jacques Godechot, The Counter-Revolution. Doctrine and Action, 1789-1804, Londres, 1972, (...)
12Au cours de la période post-révolutionnaire, dans divers textes publiés en Europe, on accuse les révolutionnaires d’avoir confondu leur propre époque avec l’Antiquité et ce reproche se propage rapidement. Durant son exil londonien, Chateaubriand affirme en 1797 que les révolutionnaires s’identifient à l’Antiquité et les accuse du même coup d’avoir tenté contre toute raison de rétablir une situation antique inspirée par le modèle de Lycurgue – ce qui ne pouvait s’obtenir, dans la situation de l’époque, que par des moyens relevant de la Terreur24. Chateaubriand qualifiera ultérieurement l’œuvre révolutionnaire de chaos où l’on avait mis dans le même sac Jacobins et Spartiates, Marseillaise et chants du [Lacédémonien] Tyrtée25.
- 26 George Wilhelm Bartholdy, in Berlinisches Archiv der Zeit und ihres Geschmacks, février 1795, cité (...)
- 27 Friedrich Gentz, « Über die Grundprinzipien der jetzigen französischen Verfassung nach Roberspierr (...)
- 28 Johannes Weitzel, « Geist der fränkischen Revolution » [1795], extraits in Claus Träger (éd.), Die (...)
- 29 Voir supra, p. 93.
- 30 Johann Gottfried Dyk, Natur, Ursachen und Resultate der französischen Revolution, Leipzig, 1798, e (...)
- 31 Ernst Moritz Arndt, « Geist der Zeit I », in Arndts Werke. Auswahl in 12 Teilen, vol. 6, Wilhelm S (...)
13Les auteurs allemands distinguent eux aussi le caractère « spartiate » de la nouvelle France – tantôt avec admiration, tantôt avec effroi – et pas seulement dans les armées de la Révolution, mais par un lien explicite entre Sparte et les principes de la révolution jacobine. Robespierre, lit-on ainsi dans un article de février 1795, a « formé dans son esprit l’idéal d’une Sparte déiste […] vers laquelle il avait l’intention de mener les Français26 ». On trouve cette association aussi bien chez des adversaires de la Révolution que chez ceux qui défendent les conquêtes de 1789 et ne regrettent qu’une chose : le fait que la Révolution ait été discréditée par la Terreur. Friedrich von Gentz – traducteur du fameux texte d’Edmund Burke sur la Révolution française et futur conseiller de Metternich – note dès 1794, à propos d’un discours de Saint-Just, qu’une liberté à la spartiate n’est pas compatible avec la liberté de l’individu dans une société éclairée et civilisée27. Johannes Weitzel, qui a dans un premier temps salué la République de Mayence mais s’en est ensuite détourné, critique, immédiatement après la chute de Robespierre, le fait que les nouveaux détenteurs du pouvoir soient eux aussi des tyrans. Il reproche également à Robespierre d’avoir voulu refaçonner la France selon le modèle spartiate : « Robespierre, l’unique homme de la Révolution à avoir sérieusement voulu porter à maturité le projet immense d’une démocratie de vingt-cinq millions de personnes, a suivi Lycurgue et a pris le camp militaire permanent formé par quelques milliers de semi-barbares comme modèle pour un État scabreux, raffiné et puissant. Il a nui à sa patrie, parce qu’il a détruit le commerce, les arts et la richesse28. » L’éditeur et écrivain Johann Gottfried Dyk (ou Dyck), qui fait notamment découvrir au public allemand les textes contre-révolutionnaires, attire en 1798 l’attention sur les délires de ces « fous » qui avaient affirmé le caractère exemplaire des républiques antiques et qui, semi-incultes, avaient puisé leurs connaissances dans les tragédies françaises en ignorant entre autres le grand nombre des esclaves à Athènes. Il cite les chiffres mentionnés chez Athénée29 : 20 000 citoyens pour 400 000 esclaves30. De son côté, en 1806, Ernst Moritz Arndt met en garde contre une résurrection d’États libres inspirés du modèle grec, ceux-ci ayant tous été fondés sur l’oppression des esclaves. Se rattacher à leurs principes serait « le plus effroyable malheur du genre humain. […] Que Dieu veuille nous préserver à tout jamais d’une telle liberté, d’une telle égalité et de telles républiques31 ».
- 32 Andreas Riem, « Reise durch Frankreich vor und nach der Republik » [1799-1800], extraits in Träger(...)
14Andreas Riem, un Jacobin allemand qui justifie les conquêtes de la Révolution dans un texte daté de 1800, concède que les révolutionnaires français avaient dû défendre leur patrie. Mais il leur reproche lui aussi d’avoir pratiqué une imitation de l’Antiquité aussi fatale qu’utopique : « Si Robespierre et ses ignobles auxiliaires […] sont devenus des monstres, c’est incontestablement dû au grand combat avec un parti puissant plutôt que de leur propre gré. Ils ont pratiqué le meurtre autour d’eux, comme des tigres, parce qu’ils le considéraient comme l’unique moyen de parvenir à leurs fins. L’idée folle d’une république spartiate, inapplicable sur le sol français, le respect et la crainte les firent passer d’un extrême à l’autre. Ils sont ainsi peu à peu devenus des hommes sans humanité […]32. »
- 33 « Apokryphen » [1806-1807], in Johann Gottfried Seume, Werke in zwei Bänden, Anneliese et Karl-Hei (...)
15Parmi les soutiens allemands de la Révolution, Johann Gottfried Seume est l’un des rares à justifier avec constance sa phase jacobine. Pour lui, l’époque ne consiste pas en une imitation de l’Antiquité, mais elle a au contraire fait apparaître le caractère unique de cette révolution : « La Révolution française aura eu, dans l’histoire du monde, le mérite d’avoir été la première à porter les principes de la raison dans le droit public de l’État. Qu’on laisse de nouveau mourir ces principes, alors chaque continent méritera son Bonaparte sublimé. Je ne connais pas encore dans l’histoire de république au meilleur sens du terme. Les Français ont donné un certain temps l’impression d’en devenir une. Une tentative divine a raté, peut-être pour des millénaires. L’histoire grecque tout entière n’a que peu de républicains, la romaine pas un seul, sauf à considérer les Gracques comme tels. La Révolution française a le mérite d’avoir fourni les premiers républicains. Leur pépinière se développera, même si elle est aujourd’hui étouffée par la mauvaise herbe. » Pour Seume, les victimes ne comptent pas : « On fait tant de bruit autour de la Révolution française et de ses atrocités. Sylla, lors de son entrée à Rome, a causé plus de ravages en une seule journée qu’il n’y en a eu au cours de toute la Révolution. Sur tous ceux qui ont péri au cours de la Révolution française, je compte quatre-vingt pour cent de fous, dix-neuf pour cent de canailles et à peu près un pour cent de gens honnêtes et intelligents. Cette proportion est calculée très généreusement. Les fous ont souvent une allure très héroïque et sage33. »
- 34 Philipp Jakob Siebenpfeiffer, Verteidigungsrede vor dem Schwurgericht in Landau 1833, cité d’après (...)
16Le mélange d’apologie de la Révolution et de distance à l’égard de l’Antiquité pratiqué par Seume constitue une exception notable dans les discours sur l’imitation de l’Antiquité par les Jacobins. Le juriste badois Philipp Jakob Siebenpfeiffer, mis en accusation pour avoir été l’un des organisateurs de la fête de Hambach en 1832, affirme dans son propre plaidoyer qu’il ne veut pas laisser « l’image de terreur » – « l’atrocité de la Révolution française de 1793 », que l’on « reproche jusqu’à l’écœurement aux Républicains » – discréditer son « idéal d’une République fondée sur la représentation ». Les motifs de la Terreur sont à ses yeux les attaques lancées de l’intérieur et de l’extérieur et le retour à une démocratie directe fondée sur le modèle antique : « Les constitutions de 1791 et 1793 voulaient établir la souveraineté du peuple, mais elles l’ont fait dans un sens mal compris. On avait à l’esprit Rome et Athènes, et l’on n’a pas fondé une communauté représentative, comme il eût convenu à un grand peuple, mais la domination d’une ville. Ce qui devait revenir à l’ensemble du peuple et à lui seul, c’est Paris qui l’usurpa, cette immense ville de résidence de l’État ; c’est elle qui dominait le gouvernement34. »
- 35 Taine, Les origines de la France contemporaine, op. cit., vol. I, p. 782.
17On lisait de même, à la fin du xixe siècle, dans l’ouvrage historique hostile à la Révolution rédigé par Hippolyte Taine – texte qui reflète aussi le choc provoqué par la Commune de Paris en 1871 : « Dans la grande cité, comme jadis à Sparte ou dans l’ancienne Rome, on voit, à côté et au-dessus d’une immense population de sujets sans droits, une petite oligarchie despotique qui compose à elle seule le peuple souverain35. »
- 36 Droysen, Freiheitskriege, op. cit., vol. 1, p. 12.
- 37 Georg Gottfried Gervinus, Einleitung in die Geschichte des neunzehnten Jahrhunderts [1853], Walter (...)
18D’une manière générale, le cours suivi par la Révolution française puis la prise de pouvoir par Napoléon semble avoir confirmé le modèle de Polybe, selon lequel une ochlocratie engendre une nouvelle autocratie. « Le despotisme de la masse sans volonté culmina pour finir dans le pouvoir de cet individu qui régnait au nom du peuple souverain, de cet empereur sans ancêtres dont la patrie n’était pas la France » écrit Droysen36. Cela éveille obligatoirement la crainte que la succession des Constitutions ne débouche sur un « mouvement accéléré traversant tous les paliers de l’évolution historique », comme une « rotation rapide (révolution [Revolviren]) à travers le cycle entier de la vie d’un État », imagine Gervinus37, sous la forme d’un cycle révolutionnaire en accélération constante.
- 38 Selon des indications épistolaires d’Arnold Ruge en 1844 ; cité chez Auguste Cornu, « Karl Marx’St (...)
- 39 Paul Lafargue, « Persönliche Erinnerungen an Karl Marx » [1890-1891], in Mohr und General. Erinner (...)
- 40 Marx, « Kritische Randglossen… » [1844], MEW, vol. 1, p. 402.
- 41 Karl Marx, La Sainte Famille [1845], traduit de l’allemand par Erna Cogniot, Paris, Les Éditions s (...)
19Dans une perspective socialiste, c’est-à-dire attentive aux différences de contexte socio-économique entre les deux époques, on trouve aussi chez Marx et Engels le soupçon d’une imitation de l’Antiquité par la Révolution française. Du reste, Marx a tout aussi peu mis en œuvre son projet d’écrire une histoire de la Convention38 que celui d’écrire un drame sur les Gracques39. Robespierre vise selon lui une « frugalité spartiate généralisée » afin d’empêcher les différences de fortune de faire obstacle à une « démocratie pure », méconnaissant ainsi les causes sociales de cette situation40. « Robespierre et Saint-Just parlent expressément de “la liberté, la justice et la vertu” antiques, n’appartenant qu’au “peuple”. Les Spartiates, les Athéniens, les Romains, au temps de leur grandeur, étaient des peuples libres, justes, vertueux. […] Il [Robespierre] rappelle constamment la nation de l’Antiquité et cite ses héros comme ses corrupteurs […] Robespierre, Saint-Just et leur parti ont succombé parce qu’ils ont confondu la société à démocratie réaliste de l’Antiquité, reposant sur la base de l’esclavage réel, avec l’État représentatif moderne à démocratie spiritualiste, qui repose sur l’esclavage émancipé, sur la société bourgeoise. Être obligé de reconnaître et de sanctionner, dans les droits de l’homme, la société bourgeoise moderne […] tout en prétendant façonner à l’antique la tête politique de cette société : quelle colossale illusion41 ! »
- 42 Voir supra, p. 130.
- 43 Stein, Geschichte der sozialen Bewegung (supra, p. 130, n. 22), vol. 1, p. 304.
- 44 Lorenz von Stein, « Die staatswissenschaftliche Theorie der Griechen vor Aristoteles und Platon »,(...)
- 45 Wilhelm Blos, Die Französische Revolution. Volksthümliche Darstellung der Ereignisse und Zustände (...)
20Pour Lorenz von Stein, qui admire la Constitution de 179342, les efforts de Robespierre pour établir la vertu, et avec eux toute la « spartanisation de la société », ont échoué parce que le principe d’égalité est entré dans une contradiction insoluble avec celui de la propriété43. Stein écrit ailleurs que la Révolution française a voulu « ressusciter la République de la Rome antique44 ». L’historien populaire social-démocrate (et député au Reichstag) Wilhelm Blos estime, en 1888, qu’après la chute de Robespierre, la bourgeoisie n’a « plus de goût pour la République spartiate des vertus » ; « elle voulait profiter de la victoire sur le féodalisme et l’ancienne monarchie, accumuler les richesses, façonner l’État et la société en fonction de son intérêt ». Sous sa domination, au lieu d’une « république de la vertu » caractérisée par une « rigueur spartiate », on a soudain vu apparaître les « extravagances des Sybarites et l’amoralité45 ». La ville de Sybaris, fondée par les Grecs dans le sud de l’Italie, était depuis l’Antiquité le symbole légendaire d’une vie luxueuse et débridée ; la comparaison se réfère à la joie de vivre ostentatoire de la période post-thermidorienne.
- 46 Hegel, Leçons sur la philosophie de l’histoire, op. cit., 2e partie, 2e section, chapitre 3, p. 20 (...)
- 47 Ibid., p. 195-196 [traduction légèrement modifiée (N. d. T.)].
- 48 Ibid., 4e partie, 3e section, chapitre 3, op. cit., p. 342.
- 49 Niebuhr, Vorträge über alte Geschichte, op. cit., vol. 3, p. 380.
- 50 Niebuhr, Römische Geschichte, nouvelle éd. (Meyer Isler, éd.), vol. 1, Berlin, 1873, p. 514.
- 51 Friedrich Christoph Dahlmann, Geschichte der Französischen Revolution bis auf die Stiftung der Rep (...)
21L’affirmation du culte de l’Antiquité pratiqué par les Jacobins est au moins autant liée à la polémique contre-révolutionnaire qu’aux références historiques réelles des révolutionnaires. Cela vaut aussi pour la surestimation rétrospective de l’influence de Rousseau. Mais cette supposition a influencé de manière déterminante le tableau historique tout au long du xixe siècle, avec des effets ultérieurs jusqu’au xxe. Hegel compare le pouvoir « tyrannique » des éphores spartiates à celui « que Robespierre et ses partisans ont exercé quelque temps en France46 ». Pour Hegel, l’esclavage est la « condition nécessaire d’une démocratie belle où, sur la place publique, tout citoyen avait le droit et le devoir de prononcer et d’écouter des discours sur l’administration de l’État, de s’exercer dans les gymnases, de participer aux fêtes ». La condition en était que « le travail de la vie quotidienne fût accompli par des esclaves. L’égalité des citoyens entraînait l’exclusion des esclaves47 ». Un ordre de ce type n’est selon lui possible que dans un petit État, raison pour laquelle aucune démocratie ne pouvait s’épanouir sous la Révolution française : la tyrannie de la Convention et de ses Comités établie par la Terreur était inévitable48. Niebuhr estime, à propos de Sparte : « Si l’on se représente l’histoire passée de la même manière que l’époque actuelle, on la regarde tout autrement qu’en la voyant avec les yeux du poète49. » Autre conséquence de cette manière de voir, Niebuhr emploie, pour caractériser Rome – où il voit dans les tribuns de la fin de la République une sorte de « Convention nationale50 » –, mais également Athènes, l’image d’un régime quasi-terroriste comparable à celui des Jacobins. Quant à Friedrich Christoph Dahlmann, il écrit en 1845 qu’il faut enfin tirer de la Révolution française cette leçon : il est « absurde et scélérat de vouloir remodeler notre continent imprégné des ordres monarchiques pour en faire des républiques de l’Antiquité ». Dahlmann critique également ceux qui veulent rester attachés à « l’icône bien-aimée d’une monarchie sans garde-fous51 ».
22Avec la Révolution américaine, la démocratie athénienne s’est vue attribuer une place au musée. Les événements révolutionnaires français lui en assignent plutôt une au cabinet des horreurs, celui où s’exposent les abominations de la démocratie à travers les âges. L’idée que la Révolution française a été une imitation de l’Antiquité a pour conséquence principale l’étude de moins en moins nuancée des grandes républiques antiques : on tend à accuser l’Antiquité dans son ensemble de ne pas avoir assuré la protection des droits individuels. Ce point de vue conditionne aussi la tendance – qui n’est cependant pas générale – qu’a la « gauche », lorsqu’elle a recours à Athènes comme modèle d’un ordre participatif, à passer sous silence le thème de l’esclavage, tandis que la « droite », même si elle récuse l’égalité politique et la constitutionnalisation des droits de l’homme pour sa propre époque, utilise l’esclavage comme argument contre Athènes.
Notes
1 Heinrich von Sybel, Geschichte der Revolutionszeit von 1789 bis 1795, vol. 3, Düsseldorf, 3e éd., 1866, p. 288.
2 Benjamin Constant, « Fragments sur la France », in Mélanges de littérature et de politique, Paris, Pichon & Didier, 1829, p. 78.
3 Dans le rapport de Courtois sur les événements du 9 thermidor, in Papiers inédits trouvés chez Robespierre, Saint-Just, Payan, etc., vol. 1, Paris, 1828 [réimp. Genève, 1978] p. 3 et 6.
4 C’était l’affirmation de Barras, selon un article de la Vossische Zeitung (Berlin) du 20 août 1794, cité in Böhme-Kuby, Das Neueste aus Paris (supra, p. 139, n. 12), p. 363-364.
5 Lysias XII (Contre Ératosthène). – Plaidoyer de Lysias contre les membres des anciens Comités de salut public et de sûreté générale, Paris, vers 1795.
6 Courtois, in Papiers inédits trouvés chez Robespierre, Saint-Just, Payan, op. cit., p. 3-4.
7 Grégoire, « Rapport sur les destructions opérées par le vandalisme », in Bernard Deloche et Jean-Michel Leniaud (éd.), La culture des sans-culottes, Montpellier, Éditions de Paris / Les Presses du Languedoc, 1989, p. 278-293, ici p. 285.
8 Voir supra, p. 143-144.
9 Condorcet, Esquisse d’un tableau historique, Paris, Vrin, 1970, p. 109.
10 Volney, Les Ruines ou méditation sur les révolutions des Empires [1787], Paris et Genève, Slatkine, 1979.
11 Constantin-François Volney, « Leçons d’histoire, prononcées à l’École Normale en l’an III de la République française », in Œuvres, t. I, Paris, Fayard, 1989, VIe séance, p. 579-610, citation p. 605.
12 Montesquieu, L’esprit des lois, livre XVII, chapitre VI (titre de chapitre).
13 Cité par François Hartog, « La révolution française et l’Antiquité : l’avenir d’une illusion ? », OPUS 6-8, 1987-1989, p. 237-258, ici p. 241 sq.
14 Cf. Saint-Just, supra, p. 141.
15 Cité in Horst Günther, Freiheit, Herrschaft und Geschichte, Francfort-sur-le-Main, 1979, p. 90.
16 Christian Gottlob Heyne, « Über die bürgerliche Freyheit und Gleichheit in der Republik der Athenienser », Politische Annalen (Christoph Girtanner, éd.) 4, 1794, p. 96-106 et 181-197, ici p. 182.
17 Thucydide III, 36-49.
18 Arnold Hermann Ludwig Heeren, « Mytilene und Lion » [1794], in Vermischte Historische Schriften, vol. 3, Göttingen, 1821, p. 241-252.
19 Christian Garve, « Übersetzung und Erläuterung der Rede Kleons, eines atheniensischen Demagogen, im 37sten Kapitel des 3ten Buches des Thukydides » [1794], in Vermischte Aufsätze, welche einzeln oder in Zeitschriften erschienen sind, Breslau, 1796, p. 447-515, ici p. 458 et 468.
20 Garve, Ibid., p. 455.
21 Christian Garve, « Über die Veränderungen unserer Zeit in Pädagogik, Theologie und Politik » [1800], in Zwi Batscha, « Despotismus von jeder Art reizt zur Widersetzlichkeit ». Die Französische Revolution in der deutschen Popularphilosophie, Francfort-sur-le-Main, 1989, p. 251-259, ici p. 253.
22 Barthold Georg Niebuhr, Vorträge über alte Geschichte, an der Universität zu Bonn gehalten, Marcus Niebuhr (éd.), vol. 2, Berlin, 1848, p. 200.
23 [Christoph Friedrich von Derschau], Über Gleichheit, Freyheit und Demokratie, Aurich, 1799, p. 36, 68 et 85-86. L’auteur avait été président du gouvernement à Aurich entre 1751 et 1785.
24 François-René de Chateaubriand, « Essai historique, politique et moral sur les révolutions anciennes et modernes considérées dans leurs rapports avec la Révolution française » [1797-1826], in Essai sur les révolutions. Génie du christianisme, Maurice Regard (éd.), Paris, Gallimard, 1978, p. 79-91.
25 Cité par Jacques Godechot, The Counter-Revolution. Doctrine and Action, 1789-1804, Londres, 1972, p. 126-127.
26 George Wilhelm Bartholdy, in Berlinisches Archiv der Zeit und ihres Geschmacks, février 1795, cité d’après Theo Stammen et Friedrich Eberle (éd.), Deutschland und die Französische Revolution 1789-1806, Darmstadt, 1988, p. 328.
27 Friedrich Gentz, « Über die Grundprinzipien der jetzigen französischen Verfassung nach Roberspierre’s und St. Just’s Darstellung derselben », Minerva 1794, vol. 2, p. 166-189 et 232-300, ici p. 271-272 et 275-276.
28 Johannes Weitzel, « Geist der fränkischen Revolution » [1795], extraits in Claus Träger (éd.), Die Französische Revolution im Spiegel der deutschen Literatur, Leipzig, 1975, p. 620-624, ici p. 622.
29 Voir supra, p. 93.
30 Johann Gottfried Dyk, Natur, Ursachen und Resultate der französischen Revolution, Leipzig, 1798, extraits in Jörn Garber (éd.), Kritik der Revolution. Theorien des deutschen Frühkonservatismus 1790-1810, Kronberg, Ts., 1976, vol. 1, p. 129-133, ici p. 130.
31 Ernst Moritz Arndt, « Geist der Zeit I », in Arndts Werke. Auswahl in 12 Teilen, vol. 6, Wilhelm Steffens (éd.), Berlin, non daté [1912], p. 79-80.
32 Andreas Riem, « Reise durch Frankreich vor und nach der Republik » [1799-1800], extraits in Träger (éd.), Die Französische Revolution, op. cit., p. 787-797, ici p. 794-795.
33 « Apokryphen » [1806-1807], in Johann Gottfried Seume, Werke in zwei Bänden, Anneliese et Karl-Heinz Klingenberg (éd.), Berlin (3e éd.), 1977, vol. 2, p. 224, 235 et 255.
34 Philipp Jakob Siebenpfeiffer, Verteidigungsrede vor dem Schwurgericht in Landau 1833, cité d’après Hartwig Brandt (éd.), Restauration und Frühliberalismus 1814-1840, Darmstadt, 1979, p. 423-428, ici p. 424-425.
35 Taine, Les origines de la France contemporaine, op. cit., vol. I, p. 782.
36 Droysen, Freiheitskriege, op. cit., vol. 1, p. 12.
37 Georg Gottfried Gervinus, Einleitung in die Geschichte des neunzehnten Jahrhunderts [1853], Walter Boehlich (éd.), Francfort-sur-le-Main, 1967, p. 138.
38 Selon des indications épistolaires d’Arnold Ruge en 1844 ; cité chez Auguste Cornu, « Karl Marx’Stellung zur Französischen Revolution und zu Robespierre », in Walter Markov (éd.), Maximilien Robespierre 1758-1794, Berlin, 1961, p. 505-524, ici p. 513, n. 13.
39 Paul Lafargue, « Persönliche Erinnerungen an Karl Marx » [1890-1891], in Mohr und General. Erinnerungen an Marx und Engels, Berlin, 4e éd., 1982, p. 304.
40 Marx, « Kritische Randglossen… » [1844], MEW, vol. 1, p. 402.
41 Karl Marx, La Sainte Famille [1845], traduit de l’allemand par Erna Cogniot, Paris, Les Éditions sociales, 1969, p. 110.
42 Voir supra, p. 130.
43 Stein, Geschichte der sozialen Bewegung (supra, p. 130, n. 22), vol. 1, p. 304.
44 Lorenz von Stein, « Die staatswissenschaftliche Theorie der Griechen vor Aristoteles und Platon », ZGS 9, 1853, p. 115-182, ici p. 124.
45 Wilhelm Blos, Die Französische Revolution. Volksthümliche Darstellung der Ereignisse und Zustände in Frankreich von 1789 bis 1804 [1888], réimpression de l’édition de 1920, Berlin, 1988, p. 338-339 et 344.
46 Hegel, Leçons sur la philosophie de l’histoire, op. cit., 2e partie, 2e section, chapitre 3, p. 202.
47 Ibid., p. 195-196 [traduction légèrement modifiée (N. d. T.)].
48 Ibid., 4e partie, 3e section, chapitre 3, op. cit., p. 342.
49 Niebuhr, Vorträge über alte Geschichte, op. cit., vol. 3, p. 380.
50 Niebuhr, Römische Geschichte, nouvelle éd. (Meyer Isler, éd.), vol. 1, Berlin, 1873, p. 514.
51 Friedrich Christoph Dahlmann, Geschichte der Französischen Revolution bis auf die Stiftung der Republik [1845], Berlin, 3e éd., 1864, p. 436.
© Presses universitaires du Midi, 2010