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Un grand seigneur et ses esclaves

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Jean-Louis Donnadieu

Annexes

Annexe 3 A. Chronologie succincte de l’habitation des Manquets (Acul-Du-Nord) et des caféières du Port-Margot

Texte intégral

11739 (16 décembre) : Marie-Anne de Bréda de Noé vient en France pour veiller à ses intérêts patrimoniaux (héritage paternel) et faire entrer son fils Louis-Pantaléon dans l’armée.

21744 (23 mai) : première mention de l’existence de « la grande place des Manquets », alors en fermage à « M. Maignon et consorts » (intérêts de la veuve Bréda en France gérés par Pierre Pellet, négociant à Bordeaux).

31752 : décès d’Élisabeth Bodin de Bréda et partage du patrimoine entre les trois enfants :

  • Élisabeth de Bréda d’Héricourt : une partie des Manquets, et un tiers de la poterie/tuilerie de Bréda (possède en propre l’habitation d’Héricourt à la Plaine-du-Nord) ;
  • Marie-Anne de Bréda de Noé : une partie des Manquets et un tiers de la poterie/tuilerie de Bréda (possède en propre une habitation au Limbé) ;
  • Pantaléon de Bréda : Bréda du Haut-du-Cap, un tiers de la poterie/tuilerie de Bréda (possède en propre Bréda à la Plaine-du-Nord).

41753 (23 janvier) : Marie-Anne de Bréda de Noé à Auch. Confie ses intérêts à Jacques Granet, bourgeois de Paris (Me His, démis de la régie de l’habitation au Limbé, le 24 février 1753, et Me Duport doit, sur place, à Saint-Domingue, veiller au partage des biens des Bréda).

51755
(18 février) : Marie-Anne de Bréda de Noé donne ordre à Jacques Granet de vendre l’habitation Noé au Limbé (vendue à M. Trollé. L’habitation est revendue ensuite à MM. Caton et Borie).
(21 novembre) : le notaire Auriol nommé procureur pour administrer les Manquets.

61761 (24 août) : décès de Marie-Anne de Bréda de Noé, à Toulouse (paroisse Saint-Étienne).

71762 (9 mars) : devant Me Doré, au Cap (document perdu) : partage des Manquets (entre Marie-Anne de Bréda de Noé et Louis-Bénigne-Pantaléon du Trousset d’Héricourt). Par la suite, très probable échange entre Louis-Bénigne d’Héricourt et son frère cadet, François-Pantaléon, de leurs parts respectives, le premier récupérant l’habitation d’Héricourt de la Plaine-du-Nord, et le second la part des Manquets.
Les héritiers Noé (le comte Louis-Pantaléon de Noé et sa sœur Marie-Anne de Noé, épouse du comte de Polastron) découvrent l’ampleur des dettes laissées par leur mère. Leurs intérêts passent alors entre les mains de la maison de négoce Duplessis, au Cap, qui en a la régie.

81764
(29 janvier) : Louis-Pantaléon de Noé et sa sœur donnent procuration au banquier et négociant bordelais Raymond Lassus pour redresser la situation et recouvrir une créance de 300 000 à 330 000 livres (vente de l’habitation du Limbé).
(30 janvier) : Raymond Lassus transfère la procuration à son frère (également prénommé Raymond), ancien capitaine de navire et négociant au Cap- Français.
( ?) : vente des parts du comte de Noé et de sa sœur dans la tuilerie-poterie de Bréda.

91765
(26 et 29 octobre) : Louis-Pantaléon de Noé, devenu seul propriétaire (selon un accord verbal passé avec sa sœur), redonne procuration à Raymond Lassus pour assainir la situation et veiller aux poursuites en justice de l’impayé de la vente de l’habitation du Limbé et vendre des terres incultes des Manquets.
(12 novembre) : Marie-Anne de Noé de Polastron renonce officiellement à sa moitié de l’héritage de sa mère (transaction devant notaire, pour 260 000 livres). Son frère devient définitivement seul propriétaire.

101766 : Louis-Pantaléon de Noé passe un contrat d’obligation de 6 900 livres auprès de la maison Gradis de Bordeaux, contrat longtemps prorogé (non encore remboursé en 1788).

111769
(12 janvier) : le comte de Noé donne procuration à MM. Peyré & fils, négociants à Bordeaux (par-devant Me Desnouy, notaire à Saint-Martin-de-Ré).
(2 mars) : après le décès de Raymond Lassus, Louis-Pantaléon de Noé confirme la procuration donnée à MM. Peyré & fils. Soupçon de détournement d’argent par Lassus (14 800 « et quelques » livres).
(3 juin) : sommation faite à Joseph Guilhem, exécuteur testamentaire de Raymond Lassus, de régler la situation.

121769-1775 : séjour de Louis-Pantaléon de Noé à Saint-Domingue.

131772 (3 janvier) : les Manquets mis en société (d’Héricourt-Noé) à la suite d’un accord avec le chevalier d’Héricourt.

141775 : au retour en France du chevalier d’Héricourt et du comte de Noé (juin 1775), procuration confiée à Alexis-Antoine Mosneron de Launay pour gérer les Manquets. Charles de Lépinaist devient économe aux Manquets.
(12 août) : établissement de l’arrêté de comptes de Peyré & fils.

151778
(7 avril) : achat par Étienne Collot (chargé de la procuration de Noé et d’Héricourt) de deux caféières au Port-Margot (Le Piton et Le Séjour – dite aussi La Grande Plaine – appartenant à Alexis Mosneron de Launay), mises en société d’ Héricourt-Noé.
(mi-1778) : retour du chevalier d’Héricourt. Les caféières se révèlent une très mauvaise affaire. Climat détérioré entre Mosneron et d’Héricourt. Charles de Lépinaist quitte les Manquets. Bref séjour du comte de Noé, revenu pour quelque temps.

161779
(18 février) : revente d’une caféière à Baugeard ; l’autre est revenue, à une date inconnue, à un certain Audigier. Par la suite, les deux acheteurs se révèlent insolvables.
(25 août) : décès du chevalier d’Héricourt. Bayon de Libertat, selon les vœux du mourant, prend la procuration de d’Héricourt et de Noé pour administrer les Manquets. Cette procuration dure jusqu’en juin 1789.
Querelle de succession à propos de la part du chevalier d’Héricourt (son frère et sa sœur contestent le testament du défunt, qui fait de ses neveux, Jean-Pantaléon de Butler et Pantaléon-Charles d’Héricourt, ses seuls héritiers, avec le comte de Noé). Le contentieux dure plus de dix ans.

171782 (mai) : « marronnage-grève » de l’atelier sucrier pendant une semaine.

181786 : nouvelle grève de l’atelier.

191776-1787 : grosses difficultés financières du comte de Noé. La surface plantée est très largement augmentée tout au long de la période, passant de 202 ha en 1780 à 340 ha en 1791, pour une production maximale de sucre. Mais l’effectif de l’atelier ne suit pas et la charge de travail augmente considérablement pour les esclaves. Durant cette période, les intérêts du comte sont confiés aux maisons de négoce Audibert puis Staforello & Peragallo (Marseille), puis Bethman & Desclaux (Bordeaux).

201789 (début juin) : gestion des Manquets confiée à Jean-Jacques-Philippe Langlois de Laheuse. Le gérant s’appelle Joseph-Nicolas Duménil.

211790
(20 avril) : décès du procureur Laheuse.
(28 avril) : Joseph-Nicolas Duménil reçoit la procuration du comte de Noé par l’entremise de Jean-Pantaléon de Butler.
(16 septembre) : le comte de Noé confirme la procuration à Duménil. Par décision de justice, les comptes sont supervisés par le négociant François Guilbaud (de la maison Guilbaud, Gerbier & Cie, négociants au Cap), nommé procureur honoraire.

221791
(20 janvier) : une épidémie tue 32 esclaves sur les 386 que compte l’habitation. Lors de son inspection, le négociant François Guilbaud constate que l’atelier est « excédé » de travail, qu’il n’a pas été ménagé et souhaite un important renfort de main-d’ œuvre.
(22 août) : révolte des esclaves qui démarre peut-être à l’habitation des Manquets. Duménil et deux autres Blancs tués aux Manquets.

231797 (13 février) : les Manquets sont affermés à Toussaint Louverture. Timide redémarrage de la production sucrière.

241802
(17 juin) : séquestre de l’habitation des Manquets, consécutif à l’arrestation de Toussaint Louverture.
(21 octobre) : Bonaparte donne ordre de restituer les Manquets au comte de Noé.

251803 : levée du séquestre dans le courant de l’année, mais jamais le comte de Noé ne retrouve cette habitation, du fait des troubles qui s’aggravent, puis de l’indépendance d’Haïti.

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