Être et paraître
p. 227
Texte intégral
1Voilà un peu plus d’une décennie, Daniel Roche écrivait, dans un ouvrage collectif axé sur le métier de marchand, « ce sont les trajectoires qu’il faut reconstituer dans l’espace – car la mobilité sociologique est bien souvent aussi géographique – et dans le temps », ajoutant plus loin que « le devenir global des groupes marchands doit se comprendre à partir des alliances, des abandons, des transferts et peut-être pas seulement par l’étude des successions en ligne directe. Les pratiques de mariage, de parrainage, d’association, les cheminements dans la carrière sont encore insuffisamment connus1 ». L’auteur définissait, en quelque sorte, un programme de recherches dont il disait lui-même qu’il n’était pas facile à mettre en œuvre, tout d’abord à cause de la difficulté qu’il y a à reconstituer les dynasties marchandes, les lignages et les parcours. En effet, la connaissance d’un groupe, social et professionnel dans le cas présent, doit faire une place à la dynamique qui l’anime et le remodèle sans cesse.
2C’est un peu à cela que les deux dernières parties de cet ouvrage tenteront d’apporter des éléments de réponse. Dans celle-ci, derrière un titre, « Être et paraître », se cache la volonté de montrer comment un individu, devenu marchand, se donne à voir et se comporte face à la « culture » et à la religion. En effet, ne serait-il pas éclairant de savoir d’où vient le marchand ? Ne peut-on pas supposer que plus il se rattache à une « tradition » et une ancienneté familiales, plus il est économiquement, socialement, politiquement aussi, intégré ? Sa position ne se reflète-t-elle pas dans le patrimoine matériel et immatériel dont il hérite ou qu’il doit se constituer ? Il s’agit donc, après avoir essayé, dans la partie précédente, de définir le marchand et de brosser un tableau d’ensemble de ses activités économiques, au sens large, de nous pencher sur les individus, parfois insérés dans un groupe (communauté, profession, famille), et de nous interroger sur leurs origines sociales, économiques, géographiques même, et de nous demander dans quelles conditions ils accèdent à l’état de marchand. Cela nous conduira vers leurs patrimoines immobiliers et leurs intérieurs et, finalement, vers l’appréhension de leurs « sensibilités » culturelles et religieuses.
Notes de bas de page
1 D. Roche, introduction à Cultures et formations négociantes dans l’Europe moderne, Paris, Éditions de l’ehess, 1995, p. 20.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Bestiaire chrétien
L’imagerie animale des auteurs du Haut Moyen Âge (Ve-XIe siècles)
Jacques Voisenet
1994
La Gascogne toulousaine aux XIIe-XIIIe siècles
Une dynamique sociale et spatiale
Mireille Mousnier
1997
Que reste-t-il de l’éducation classique ?
Relire « le Marrou ». Histoire de l’éducation dans l’Antiquité
Jean-Marie Pailler et Pascal Payen (dir.)
2004
À la conquête des étangs
L’aménagement de l’espace en Languedoc méditerranéen (xiie - xve siècle)
Jean-Loup Abbé
2006
L’Espagne contemporaine et la question juive
Les fils renoués de la mémoire et de l’histoire
Danielle Rozenberg
2006
Une école sans Dieu ?
1880-1895. L'invention d'une morale laïque sous la IIIe République
Pierre Ognier
2008
Bestiaire chrétien
L’imagerie animale des auteurs du Haut Moyen Âge (Ve-XIe siècles)
Jacques Voisenet
1994
La Gascogne toulousaine aux XIIe-XIIIe siècles
Une dynamique sociale et spatiale
Mireille Mousnier
1997
Que reste-t-il de l’éducation classique ?
Relire « le Marrou ». Histoire de l’éducation dans l’Antiquité
Jean-Marie Pailler et Pascal Payen (dir.)
2004
À la conquête des étangs
L’aménagement de l’espace en Languedoc méditerranéen (xiie - xve siècle)
Jean-Loup Abbé
2006
L’Espagne contemporaine et la question juive
Les fils renoués de la mémoire et de l’histoire
Danielle Rozenberg
2006
Une école sans Dieu ?
1880-1895. L'invention d'une morale laïque sous la IIIe République
Pierre Ognier
2008
