Une société marchande
|Partie II. Des marchands à la montagne
Chapitre 2. Des acteurs de l’économie
Texte intégral
1Dans la première partie de ce travail, nous avons abordé la question du commerce afin de brosser un tableau de l’espace commercial qui est le nôtre. Au début de cette partie-ci, nous avons insisté sur le monde des marchands dans le but de définir, autant que possible, la catégorie à laquelle nous voulions nous consacrer. Il est temps, à présent, de conjuguer les deux approches et de nous intéresser aux hommes dans leur activité économique dans son ensemble. En effet, bien que l’activité qui définit principalement les marchands soit celle d’acheter et de vendre, ils s’adonnent aussi à d’autres moyens de s’enrichir. On les retrouve comme bailleurs de nombreuses gasailles, acheteurs de terres et autres biens fonciers et donc aussi comme bailleurs de biens en location ou afferme, sans oublier, bien entendu, l’activité liée au prêt d’argent. Ce sont ces aspects qui nous retiendrons avant d’aborder, dans le chapitre suivant, l’activité proprement marchande.
I. L’ATTRAIT POUR LE FONCIER
2Le poids économique des marchands se manifeste par leur présence sur le marché foncier. Leurs achats se répartissent entre une vingtaine de communautés regroupées autour de Tarascon, avec une pointe à Varilhes, au nord. Une bonne partie des biens achetés (environ 19 %) est située à Tarascon même ; là, les marchands achètent des maisons et leurs dépendances, noyau de leurs biens fonciers (maison, pati, jardin). Ailleurs, les achats de maison sont extrêmement rares, la plupart du temps inexistants. Deuxième lieu d’intérêt des marchands : Arignac, aux portes de Tarascon où ils visent champs et vignes. Les vignes achetées sont aussi situées à Quié. C’est qu’Arignac et Quié (et plus loin Varilhes) possèdent un vignoble qui, sans être d’une renommée autre que locale, intéresse les marchands urbains lesquels ont pratiquement tous leurs propres vignes. Ailleurs, ce sont les champs (environ 50 % des achats) qui attirent les convoitises, et parfois quelques prés (environ 7 %). Quant aux métairies, elles se dévoilent plus souvent à travers les contrats d’arrentements.
- 1 Il s’agit d’habitants des villages des alentours de Tarascon pour lesquels il n’est pas indiqué d’ (...)
- 2 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 492, f° 132v°, me G. Rolland.
- 3 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 653, f° 124, me Delauriol.
- 4 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 685, f° 37v°, 38v° et 39, me J. Rolland.
3Le marché foncier animé par les marchands de Tarascon n’apparaît pas, pourtant, comme des plus dynamiques : tout au plus quelques achats annuels, un peu plus (quelques dizaines) en 1650-1651. Pour ces deux années, les villageois1 et les laboureurs représentent environ 58 % des vendeurs, suivis de diverses spécialités de l’artisanat (21 %) et de veuves et femmes (12,5 %) ; les ventes-achats entre marchands se résument à un seul cas répertorié. On voit d’une part l’origine paysanne, du moins rurale, de ceux qui délaissent une pièce de terre (un champ dans 53 % des cas, un pré dans 10,5 %). Quoique le motif des ventes soit très rarement indiqué, lorsqu’il l’est ce sont les difficultés pour payer la taille ou une rente, pour faire face aux nécessités quotidiennes et, dans quelques cas, pour rembourser une dette au marchand-acheteur, qui sont évoquées. Ainsi, pour prendre quelques exemples, le 15 juillet 1641, c’est pour payer une dette de 180 livres qu’un habitant d’Arignac cède un pré et un champ à un marchand tarasconnais2 ou le 3 décembre 1650, un habitant de Saurat se débarrasse d’un pré pour payer une partie des marchandises qu’André Lacombe lui remit3. Ces exemples ne nous permettent pas de généraliser la pratique qui ferait que les marchands récupèreraient systématiquement un bien d’un de leurs débiteurs. Ce qui est certain c’est qu’ils profitent des difficultés de ceux à qui ils achètent. Les trois actes successifs que passe, le 21 mars 1661, le marchand Jean Formenty avec Jean Serac, de Miglos, l’illustrent. Ce jour-là, Formenty achète d’abord deux champs pour 40 livres, puis promet de faire la revente des pièces acquises au vendeur et enfin loue, pour quatre ans, les mêmes champs à celui qui venait de s’en dessaisir4. Le peu d’actes d’achats fonciers et immobiliers réalisés par les marchands, en comparaison du nombre de locations de terres et de celui de gasailles, conduit à une remarque. Si les marchands sont bien des propriétaires fonciers, ou bien leur patrimoine a été constitué avant le xviie siècle, ou bien ils le forment chez d’autres notaires.
4Pour leur part, les biens que possèdent et donnent en afferme les marchands de Tarascon sont situés dans plus de 32 lieux et forment une aire sensiblement voisine de celle des achats mais présentant une extension vers le nord (vallée de l’Ariège, confins fuxéens et languedociens à l’est de Foix, Varilhes encore) plus affirmée. Si les champs (29 %) sont ce qu’ils afferment le plus, la part des maisons (13,6 %), des prés (12,6 %) et des vignes (10,70 %) n’est pas non plus négligeable. Les métairies, quant à elles, peu présentes jusqu’à présent dans la documentation étudiée, sont cependant près de 8 % des biens affermés de notre corpus.
- 5 Ces hypothèses, formulées sous forme de questions, ne s’appuient malheureusement sur aucun indice (...)
- 6 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 623, f° 50v°, f° 82v°, f° 101, me Ferrand, Tarascon, 9/5/1640, 22/9/16 (...)
5Pour environ 85 opérations d’acquisitions immobilières effectuées par des marchands de Tarascon en 1640-1641, 1650-1651 et 1660-1661, représentant un investissement total situé autour de 10 000 livres et que nous pouvons évaluer à quelque chose comme 23 hectares, ce même groupe n’a vendu que 25 fois pour une somme globale de près de 7 350 livres (14 hectares environ), ce qui tendrait à montrer leur attrait pour la terre. Il est à remarquer que, globalement, la superficie moyenne de chaque pièce de terre – ou lot de pièces – vendue est presque deux fois plus élevée que celle des achats fonciers, et la différence de surface moyenne entre ventes et achats se vérifie pour tous les types de terres (champs, prés, vignes, lot de terres). D’autre part, on notera que les ventes se font moins par parcelles de petites dimensions que les achats : ainsi, les champs isolés ne représentent qu’un tiers de la superficie des terres vendues par les marchands (contre deux tiers de leurs achats) alors qu’ils se débarrassent plus volontiers de terres et biens en bloc. Cela répond peut-être à une stratégie ; les achats se font au fur et à mesure des opportunités du marché et des disponibilités financières des acteurs et les ventes de ces « blocs » reflèteraient des changements intervenus dans la vie des marchands. Pourquoi Jean Baure, le 9 mai 1640 vend-il à un tailleur local tous les biens qu’il possédait à Belcaire, consistant en maison, champs et prés, soit un patrimoine assez complet ? Avait-il l’intention de quitter le Pays de Sault et de revenir à Tarascon d’où il était natif5 ? En tout cas, il acquiert un patu au Faubourg, puis un champ à Antras au cours des mois de septembre et d’octobre suivants6.
- 7 Nous donnons un tableau comparatif de cette répartition pour plusieurs communautés dans « Les pays (...)
- 8 P. Poujade, « Les paysans… », art. cit., p. 72.
- 9 M. Chevalier, La vie humaine dans les Pyrénées ariégeoises, Paris, Genin, 1956, p. 198-199.
- 10 Compoix cité par Cl. Pontier, Ax, un consulat pyrénéen au XVIIe siècle, Paris, thèse de l’Ecole de (...)
6Le croisement des différentes sources à notre disposition (essentiellement compoix, actes de vente-achat, testaments, partages et divisions de biens, contrats de mariages, affermes) concernant marchands et/ou bourgeois de Tarascon nous fait connaître plus d’une quarantaine de métairies, propriétés d’une trentaine d’individus. Le haut bassin de l’Ariège, en amont de Tarascon, n’est certainement pas, aux xvie et xviie siècles, une région de grandes propriétés agricoles accueillant des exploitations nombreuses et vastes, se différenciant en cela de la plaine du bas Comté où la céréaliculture était bien plus développée. Les données du xviiie siècle indiquent en effet que les terres labourables sont encore prépondérantes dans les terroirs situés au nord de Tarascon, mais deviennent minoritaires au sud, au profit des bois, incultes ou prés7. De plus, à Orlu comme à Rabat, toutes les propriétés s’étendaient sur moins de 7 hectares, avec même un très fort contingent pour celles de moins de deux hectares (70-80 % à Orlu, 90 % à Rabat)8. Dans de telles conditions, la constitution de métairies, plus ou moins viables, s’annonçait difficile, tout d’abord à cause de l’exiguïté des terroirs ; car, cette « Ariège » du seigle, de la houe, des domaines minuscules, pour reprendre une expression de Michel Chevalier, est encore un pays de petits paysans dans lequel la propriété noble ou bourgeoise s’est cantonnée – par la force des choses – aux fonds des vallées ou à des espaces autour des petites villes qui sont aussi les centres commerciaux que nous étudions9. En cela, ces Pyrénées s’opposent nettement aux Prépyrénées qui les jouxtent au nord et bien sûr, au bas Pays de Foix, aux pays aquitains ou au Lauragais. Cependant, si l’on suit les indications du compoix d’Ax de 1662, ce ne sont pas moins de 23 personnes qui y possédaient une ou plusieurs métairies10, ce qui fait un groupe somme toute assez nombreux, dans lequel on rencontre tous les seigneurs et prétendants à la noblesse (sieurs de Clauselles, de Lascoumes, d’Orlu, d’Orgeix, de Tignac), des médecins et notaires, et aussi une dizaine de marchands environ. Pour ce qui est des métairies des marchands tarasconnais, elles se situent pour une légère majorité dans un rayon de cinq kilomètres de la ville.
7L’emprise foncière des marchands et bourgeois, ainsi sans doute que des prétendants à la noblesse, est donc réelle dans les alentours immédiats de la ville, en tout cas pour ce qui est décelable à travers les sources mises en œuvre, car rien n’interdit de penser que des contrats concernant des métairies plus éloignées se rencontreraient dans les registres de notaires de Foix, par exemple. Mais si l’hypothèse peut être avancée, elle doit être nuancée par le fait que, a contrario, aucun acte de marchand fuxéen ne se rencontre à Tarascon, soit parce qu’ils n’y ont pas de métairie, soit parce qu’ils s’adressent à un notaire de leur ville.
- 11 Arch. dép. de l’Ariège, E 342, p. 123, me Jaille, Siguer, 30/10/1662 ; le preneur est un laboureur (...)
- 12 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 640, f° 132v°, me Ferrand, Tarascon, 3/10/1661 ; l’acheteur est de Bou (...)
- 13 J.-Cl. Benizeau, Jean de Castet, marchand de Saint-Paul de Jarrat (1528 environ-1562 environ), mém (...)
- 14 Arch. dép. de l’Ariège, B 47, 5/4/1667, copie d’un acte de me P. Rieutort, notaire de Chalabre.
8Pour ce qui est du Vicdessos, où la présence tarasconnaise ne dépasse pas la basse vallée, les sondages que nous avons effectués chez les notaires de la vallée ne nous ont rien révélé sur d’éventuelles métairies que des Tarasconnais possèderaient ; seule la mention de l’afferme d’une métairie à Siguer, faite en 1662 par le marchand de ce lieu Pierre Tremons, atteste l’existence de ce mode d’exploitation et de l’intérêt qu’y portent certains marchands de la vallée11. Les quelques implantations plus éloignées (Boussenac, dans la vallée de Massat ; Caraybat et peut-être Saint-Cirac, à l’est de Foix), indiquent, selon nous, une situation héritée (origine géographique, dot…) plutôt qu’une volonté d’expansion géographique. Il en est ainsi de celle que vend pour 380 livres, le 3 octobre 1661, Jeanne de Ceaux, veuve du marchand Antoine Longuevergne, située à Boussenac, qui lui advint en paiement de sa constitution dotale12. Mais il est possible que des achats de métairies éloignées répondent aussi à une volonté d’implantation. Ce pourrait être la stratégie du marchand de Saint-Paul, Jean Castet qui en acheta une à Saint-Ybars, dans le nord-ouest du comté, à une cinquantaine de kilomètres de sa résidence en 1541, après s’être « octroyé » le titre de seigneur de la Réule (nom d’une ferme à proximité de Saint-Ybars) en 1538 et avant de marier son fils à la fille du co-seigneur de Saint-Martind’Oydes, à quelques kilomètres de là13. De toute façon, la possession de métairies éloignées n’est pas rare : c’est à trente kilomètres de chez lui, à cheval sur le Pays de Foix et le Languedoc, que le Chalabrais Florentin Poulhairiés en détient une en 166714.
- 15 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 482, f° 19, me G. Rolland, Tarascon, 19/1/1628.
- 16 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 485, f° 163, me G. Rolland, Tarascon, 5/7/1632. Métairie dite « de Ser (...)
- 17 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 2390, f° 910, me Tardieu, Ax, 14/7/1641 ; l’acheteur est Pierre Lulhet (...)
- 18 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 710, f° 84v°, me Ferrand, Tarascon, 2/5/1680. La même métairie avait a (...)
- 19 Arch. dép. de l’Ariège, 135 EDT/CC1. Il est vrai que dans le compoix de 1650-1651 (8 J 44), la mét (...)
- 20 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 564, f° 68 et f° 109, me R. Rolland, Tarascon ; 10/4/1634 achat à Math (...)
- 21 Voir l’étude que lui a consacrée H. Ginesty, « Le château de Lacombe. Témoignage de l’ascension d’ (...)
9Les 380 livres de la métairie de Boussenac vendue par Jeanne de Ceaux, peuvent paraître peu de choses, mais, d’une part, nous ne savons pas de quoi se compose cette métairie, et d’autre part, les éléments de comparaison sont peu nombreux. Néanmoins, les quelques prix, ou estimations, que nous avons recueillis, pour variables qu’ils soient, placent cette métairie au bas de l’échelle. C’est, par exemple, à 750, 1 410 et 1 170 livres que s’élèvent, respectivement, la moitié d’une métairie que vendent les héritiers Cathala en 162815, une autre moitié de métairie vendue par Jean Bergasse en 163216 et les deux tiers de la métairie qu’achète un marchand d’Ax en 164117. En 1680, pour payer les 2 000 livres d’une dot, les époux Jacques Cayra et Gabrielle de Pagés reçoivent une métairie évaluée à cette somme18. Bien plus, au compoix de Tarascon de 1649, celle de Jean Seré vieux est estimée à 5 348 livres19 et en 1634, le capitaine François Deguilhem achète celle(s) de Lacombe (Tarascon) en deux fois, pour un total de 9 400 livres20. Mais il s’agit certainement là d’une acquisition tendant à asseoir une réussite économique et sociale, de ce qui s’apparente plutôt à une ferme forte qui servira aux Deguilhem de base à la constitution d’un « château » encore debout aujourd’hui21.
- 22 Selon ce que portent les contrats d’afferme, le terme de « métairie » semble désigner ici une expl (...)
- 23 C’est, par exemple, la valeur à Moissac dans les années 1680 donnée par H. Ricalens, Moissac du dé (...)
- 24 M. Chevalier, op. cit., p. 226-227, exemples d’Ax, Saurat, Arignac en 1773.
- 25 Nous nous appuyons sur l’équivalence 1 litre de grain = 0,8 kg et sur des besoins d’environ 1 500- (...)
- 26 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 581, f° 325v°, me R. Rolland, 18/11/1651 ; la métairie est située à Ta (...)
- 27 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 492, f° 234v°, me G. Rolland, 15/12/1641 ; 5 E 674, f° 65v°, me J. Rol (...)
10La métairie22, placement foncier par excellence, est pour nos marchands, un choix parmi d’autres, et, sans doute, compte tenu de ce que nous avons dit plus haut, plus difficile à obtenir. Mais ses revenus sont sans commune mesure avec les rentes d’un champ, d’un pré, d’une vigne ou d’une maison. Affermées généralement pour six ans, parfois huit ans, les métairies rapportent chaque année plusieurs setiers de blé (autour de 12 en moyenne, pour 11 cas tarasconnais dont on a retrouvé le contrat d’afferme), de seigle (moyenne d’environ 13 setiers), des volailles (poule, chapons, poulets : moyenne de 10), des œufs (autour de 6 douzaines en moyenne) auxquels peuvent s’ajouter quelques setiers d’avoine, des mesures de millet, de lentilles ou de noix, des livres de lin ou du foin. Ces rentes sont loin d’être négligeables ; en leur appliquant le prix du blé et du seigle de 1640-1641 et en prenant une valeur de 10 sous par paire de volaille23, on approche une moyenne de 200 livres annuelles. De plus, cette moyenne de 26 setiers de grains (plus de 2 600 litres), tous types confondus, en fonction de ce que l’on sait des rendements de l’époque moderne24, correspondrait à la production de 2,5-3 hectares, et pourrait permettre de nourrir environ 7 personnes25. Et que dire des 52 setiers de seigle, blé, avoine attendus par Jean Faure, en plus de 100 œufs et 16 volailles26 ? Et est-ce parce que le prélèvement était exagéré que les rentes contenues dans trois contrats d’afferme d’une métairie à Croquié, signés entre le marchand Antoine Longuevergne et son métayer Jean Canal, baissent régulièrement (perte d’environ 46 % de la valeur en 10 ans) et qu’elles sont même revues à la baisse après 10 mois, en 165127 ? En comparant les quelques rentes en nature contenues dans les affermes de terres, champs et prés, pour lesquelles la superficie est indiquée, la moyenne des rentes de métairies correspondraient, pour le grain, à des terres de 15 voire 20 hectares, en sachant que cela est tout à fait aléatoire et sans grand fondement.
- 28 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 2390, f° 535, me Tardieu, Ax, 15/5/1640.
- 29 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 2392, f° 932, me Tardieu, Ax, 18/5/1650.
- 30 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 1028, me J. Galy, 12/2/1655, 3/4/1655 et 7/12/1655.
- 31 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 463, me G. Rolland, Tarascon, 26/1/1608.
- 32 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 494, f° 167, me G. Rolland, Tarascon, 3/8/1643. En 1745, à Montgaillar (...)
- 33 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 2311, f° 340, me Ferriol, 1641.
11Autres biens immeubles que les marchands possèdent, les moulins fariniers (ou bladièrs) auxquels on pourrait joindre les moulins à scier (ressècs) mais aussi, finalement, les forges – nous en avons déjà parlé – qui ne sont, ou n’ont été, autre chose que des moulins à fer. Sur les moulins à scier, nous sommes assez peu renseignés en dehors de ce que nous avons pu dire dans la première partie, si ce n’est un contrat de « nouveau fief d’un moulin à scier » fait à Ax par noble Jean de Perpère, seigneur d’Orgeix, coseigneur d’Ascou, La Baserque, Mérens, sur-intendant général pour sa majesté des eaux et forêts et montagne et de la fauconnerie pour le consulat d’Ax, au marchand Bernard Perier à qui il donne la faculté de bâtir un moulin à scier dans la seigneurie d’Orgeix28. Avec les moulins, nous restons dans un domaine proche de la métairie dans la mesure où ils font l’objet de contrats d’afferme dont la rente est souvent exprimée en nature. La possession des moulins fariniers touche aussi bien les marchands de Tarascon que ceux d’Ax ou de Vicdessos. Ce sont deux moulins à farine à Mérens qu’ils ont en commun, qu’afferment en 1650 les Axéens Jean Béringuier et Arnaud Cayrel à un meunier de Luzenac, pour 4 ans et une rente de 18 setiers de seigle, 2 setiers de millet29. Dans le Vicdessos, on voit en 1655, le marchand ferrier François Cambon, de Sauzel, affermer pour trois ans les trois quarts d’un moulin à deux meules, à la veuve d’un meunier (rente de 5 setiers de seigle, 12 mesures de blé, 6 de millet et 2 de blé noir), puis son confrère d’Auzat Jean-Antoine Galy, donner à ferme à un meunier de Vicdessos, pour un an, un moulin à Auzat (rente de 8 setiers de blé, 20 de seigle, 8 de millet, 8 de blé noir) qui en réafferme huit mois plus tard une partie à un autre meunier d’Auzat, pour 3 ans et une rente annuelle de 1 setier de blé, 4 de seigle, 1 de millet et 1 de blé noir30. À Tarascon, on sait, par leur testament, que Vidal Teynier avait un moulin farinier à Saurat31 et qu’Odet Faure en possédait un à Montgaillard, acquis en 1636 de l’épouse d’un conseiller du roi au Parlement de Toulouse pour la coquette somme de 7 300 livres32. Quelques années plus tard, c’est au tour de François Aymeric d’Ax, d’en acquérir un33. Il y aurait peut-être matière à discuter sur la signification de la possession d’un moulin pour un marchand, en particulier pour ce que cela implique dans les relations avec le reste de la population amenée à fréquenter ledit moulin, sur le rapport au foncier et à la recherche d’un certain ancrage local et terrien de ceux qui en possèdent.
- 34 Toutes les décennies, de 1601 à 1670, offrent des informations, sans grande disproportion – si ce (...)
- 35 À moins qu’il ne s’agisse tout simplement d’un foyer antérieur des marchands concernés.
- 36 Les liens entre Varilhes et des marchands de Tarascon sont bien documentés à plusieurs reprises. P (...)
12Tout ce que nous venons de dire, malgré des tentatives de croisement des sources, ne nous donne qu’une vision fragmentaire, et certainement largement lacunaire, du patrimoine immobilier des marchands. N’ayant à notre disposition qu’un inventaire après décès, le seul recours possible pour se faire une idée du patrimoine est de tirer profit de certains testaments et des quelques actes de partage de succession et division de biens que nous ayons pu trouver. Mais, là aussi, peut-on avoir une vision, ne serait-ce que particulière, à défaut de générale, de ce que pouvait détenir un marchand ? Ce n’est pas si sûr car ce n’est que sur quelques unités (moins d’une dizaine de testaments, à peine un peu plus d’actes de division de patrimoine) que nous pouvons travailler, sans doute peu représentatives de l’ensemble, et d’autre part, on ne peut savoir, si la totalité des biens y est comprise ; dans les cas les mieux informés on sait que le testament ou la division ne règle la répartition que d’une partie du patrimoine, le reste attendant d’être divisé. C’est donc une fois encore, sur une documentation peu assurée que nous devons nous appuyer. Au total, nous pouvons élaborer quatorze fiches reconstituant individuellement, puis parfois familialement, une partie du patrimoine d’un nombre équivalent de marchands de Tarascon, représentant treize ou quatorze familles différentes, pour des dates comprises entre 1608 et 167034. Une synthèse des lieux d’implantation des biens immobiliers de ce groupe de marchands montre, sans surprise aucune, la concentration autour de Tarascon, mais confirme aussi ce que l’on pourrait appeler un « tropisme nordique35 » qui s’exprime par des jalons le long de la vallée de l’Ariège, avec quelques regroupements plus importants autour de Saint-Jean-de-Verges et de Varilhes, ce qui les fait entrer dans le bas pays de Foix36.
- 37 Ce qui apparaît souvent sous l’expression de « terroir » est tout un ensemble de terres, parfois a (...)
13Que nous apprend la comparaison de ces fiches ? Premièrement, que dans bien des cas, ce que possèdent les marchands dans les limites de Tarascon est une petite partie de leur patrimoine immobilier : souvent 25-30 %, ce qui montre bien le risque qu’il y aurait à ne s’appuyer que sur les compoix de la ville. Ensuite, que les métairies, ou domaines s’en rapprochant (« terroirs37 »), sont présents dans une majorité de ces patrimoines (plus de 60 %) ; comme ces propriétés ne sont généralement pas situées dans la ville, ce sont, a contrario, ceux qui n’en ont pas qui ont la plus grande partie de leurs possessions à l’intérieur de Tarascon, ce qu’indiquent Hector Pera, Bertrand Mirouze ou David Brefeilh. Enfin, la possession quasi générale des vignes et des jardins n’est pas une révélation, de même que l’existence des pigeonniers associés à ces jardins dans plus d’un tiers des cas. Mais la question la plus délicate reste, de loin, celle de l’évaluation globale de l’immobilier qui pourtant nous occupe ici. Rares sont les estimations directement portées dans les documents qui nous aideraient grandement. Nous devons donc nous contenter de grossières évaluations obtenues, par le croisement des sources et par des extrapolations, pour une dizaine de ces marchands.
Tableau no 15. Évaluation approximative de l’ensemble du patrimoine immobilier de quelques marchands tarasconnais du xviie siècle
- 38 A. Lacombe est mort depuis au moins 1602.
- 39 Évaluation approximative à partir de la division faite entre Onorat Lacombe et son cousin Mathieu (...)
- 40 Il ne s’agit que de ce que se sont partagés deux de ses fils ; deux autres avaient procédé au part (...)
- 41 Estimation faite par trois experts des biens partagés par ses trois fils ; cette estimation est co (...)
Nom |
Date |
Évaluation proposée |
Vidal Teynier |
1608 |
12 000/13 000 livres |
Arnaud Lacombe |
161138 |
22 000 livres39 |
Arnaud Seré |
1621 |
5 000 livres40 → 10 000 livres ? |
Jean Dussaux |
1633 |
3 000 livres |
Bertrand Mirouze |
1640 |
3 000 livres41 |
Arnaud Bergasse |
1642 |
6 700 livres |
Odet Faure |
1643 |
16 000 livres |
Mathieu Teynier |
1647 |
4 000 livres |
Jean Prévost |
1 654 |
8 000-9 000 livres |
David Brefeilh |
1670 |
1 500 livres |
- 42 À titre d’exemple, l’ensemble des biens que doivent se partager les six enfants de Bernard Lucante (...)
14Ce tableau ne nous donne qu’une indication sommaire de fortunes immobilières, qui se révèlent souvent modestes42, et de la hiérarchie qu’elles entraînent parmi les marchands. Mais l’immobilier est-il l’élément le plus important chez les marchands ?
II. LA PART DES BIENS MEUBLES
- 43 Arch. dép. de l’Ariège, 8 J 43, compoix cabaliste de Tarascon, 1660, p. 1-2.
- 44 Les gens de commerce ont un allivrement moyen de 4,375 livres alors que l’allivrement moyen des au (...)
- 45 Par exemple, dans le négoce bordelais des années 1730-1785, la part de l’immobilier s’établissait (...)
- 46 Voir P. Poujade, « Marchands, commerce, frontière dans le haut Pays de Foix. La ville d’Ax au mili (...)
- 47 Cl. Trapé, La ville d’Ax sous Henri IV, Louis XIII et Louis XIV (1610-1715), Ax, 1956, p. 72.
- 48 Cf., à titre d’exemple, le cas que donne L. Fontaine (Pouvoir, identités et migrations dans les ha (...)
15Le conseil général de Tarascon décide, le 14 juillet 1660, de faire réaliser un compoix cabaliste, inventaire des « cabaulx et meubles lucratifs de bestiaux gros et menus qu’ils nourrissent et tiennent dans le taillable de la ville de Tarascon, comme aussi des sommes qu’ils ont à l’intérêt, rente ou pension » ; cette décision est prise dans un moment de crise. En effet, les logements des gens de guerre imposés à la ville durant la guerre de Catalogne ont entraîné de grands frais et ont, selon les dires des Tarasconnais, ruiné le commerce43. Les habitants auraient dû fournir plus de 94 116 livres et en emprunter 93 653 pour subvenir au logement de l’année 1 654. Dès lors, il devient utile de savoir ce que chacun possède afin d’imposer en conséquence. Les 148 personnes comprises dans ce compoix (autour de 10 % des habitants) sont allivrées autour d’une moyenne de 2 livres alors que la quarantaine de personnes s’adonnant au commerce (près de 30 % des imposés pour plus de 60 % de l’allivrement total) dépasse les 4 livres44. Malheureusement, les indications portées dans ce document sont trop succinctes pour que l’on puisse véritablement reconstituer la fortune mobilière des marchands. Celle-ci était-elle supérieure à leur fortune immobilière, phénomène général dans le monde du commerce45, comme c’est le cas à Ax à la même époque ? Dans cette autre petite ville, des marchands comme Raymond Verniolle, Arnaud Perpère ou Pierre Lulhet étaient taxés au compoix cabaliste de 1658 au-dessus des possesseurs de seigneuries, les sieurs de Clauselle, d’Orlu ou de Vaychis46 : l’allivrement moyen des trois marchands cités était environ 1,3 supérieur à celui des trois seigneurs. Claude Trapé évoquait le cas du sieur Verniolle, marchand axéen, chez qui, en 1660, les 2 000 livres de biens fonds faisaient bien pâle figure à côté des quelques 30 000 livres qu’il possédait en troupeaux, marchandises et autres biens mobiliers47. On retrouve là ce que l’exemple alpin nous avait appris48.
16Pour les Tarasconnais, que l’on soit en période de crise due aux prélèvements consécutifs au logement des soldats et aux difficultés commerciales entraînées par la guerre, ne facilite pas l’approche. Plusieurs marchands font valoir une diminution de leur activité, du capital qu’ils manient et de la marchandise qu’ils ont dans leur boutique. Cela étant, nous sommes bien obligés de nous baser sur les données contenues dans le compoix cabaliste de 1660 pour nous faire une idée de la fortune mobilière des marchands. La plupart a un stock de marchandises dont la valeur moyenne s’établit autour de 760 livres. Là aussi, les inégalités sont flagrantes entre les 30 livres de Jean Dax qui « fait de petites affaires en sa boutique » et les 2 000 livres de Felip Deguilhem ou les 2 075 livres de Jean Vergé. Mais c’est bien la modestie des marchandises déclarées qui retient l’attention car seul un tiers de ceux qui disent avoir quelque chose dans leur boutique ont plus de 1 000 livres et 40 % ont moins de 500 livres.
17Dans un certain nombre de cas, les marchands de Tarascon ne possèdent pas en propre la marchandise déposée dans leur boutique, mais ils la commercialisent pour des marchands toulousains, parfois béarnais, de qui ils ont dû la recevoir à crédit. Des 1 700 livres de laine et marchandises contenues dans sa boutique, Raymond Seré en doit 1 250 aux Toulousains, ne lui restant en propre que 450 livres. De même, les 2 000 livres auxquelles sont estimées les marchandises qu’a dans sa boutique Felip Deguilhem, sont intégralement dues à des marchands toulousains et béarnais. À cela s’ajoutent des dettes diverses, en particulier celles contractées pour faire face au logement des soldats de 1 654. Au total, la dette moyenne dépasse les 510 livres pour l’ensemble des marchands ou même les 1 000 livres si l’on ne retient que ceux qui sont effectivement endettés.
- 49 Le bétail qu’il baille en gasaille, dont nous avons retrouvé les contrats, s’élève à environ 2 250 (...)
18Quelques marchands sont, eux-mêmes, créditeurs auprès de clients et autres emprunteurs, pour une moyenne de 700-750 livres pour ceux qui sont concernés, c’est-à-dire pour seulement la moitié de ceux qui s’adonnent aux activités commerciales. Enfin, les animaux qu’ils peuvent avoir dans leur métairie ou qu’ils donnent en gasaille constituent le dernier élément de leur patrimoine mobilier. Ils ne sont qu’environ un sur cinq dans ce cas pour un total de 1 750/1 800 livres de bétail (ovins surtout semble-til, bovins, quelques juments et poulains, quelques chèvres), somme assez réduite sinon, finalement, assez dérisoire (soit une moyenne de 250 livres par marchand ayant du bétail). Mais cela ne concerne que le bétail détenu dans le ressort de la ville de sorte que pour Felip Deguilhem ou Jean Vergé, le compoix indique qu’ils n’ont « pas de bétail dans le taillable » de Tarascon, laissant entendre qu’ils pourraient en posséder ailleurs. Toutefois, notre documentation ne nous permet pas de préciser ce que ces deux personnes détiennent comme bétail, ni à quel endroit. En revanche, pour quelqu’un comme Barthélémy Courtés, dont les héritiers n’ont pas non plus de gasaille dans le taillable selon le compoix cabaliste, nous sommes nettement mieux renseignés. L’analyse des actes notariés tarasconnais du milieu du xviie siècle nous le donne – lui puis sa femme, car il décède entre juin et octobre 1660 –, au gré des dépouillements, plusieurs dizaines de fois bailleur d’animaux en gasaille. Ses preneurs sont surtout de Miglos (42 %) et d’Auzat (37 %), les autres se partageant entre Larnat (près de 8 %), Ornolac, Bouan et Arignac. Quant à ses animaux, ils se répartissent grossièrement de la façon suivante : ovins (autour de 40 %), bovins (environ 33 % dont les vaches sont les plus nombreuses avec 19 % du total, suivies des veaux et génisses – 7 % –, des bœufs – 4,5 % – et des jeunes mâles, les braus – 2,50 % –), chèvres (17 %), équidés (environ 10 % dont surtout des poulains et pouliches pour 7 %, quelques juments – 2 % – et une unique ânesse). Et pour 1660 même, lorsque est confectionné le compoix cabaliste de Tarascon, nous avons retrouvé huit actes, pour 24 animaux d’une valeur de 468 livres 3 sols. Même si cette somme n’est pas très élevée49, elle représente presque le double de ce que les autres marchands tarasconnais indiquaient posséder comme bétail au compoix cabaliste. De plus, rien n’indique que nous ayons rassemblé la totalité des informations sur le bétail de Barthélemy Courtés car d’autres actes ont pu être passés à d’autres moments et en d’autres lieux. Cela prouve seulement que le marchand investit aussi dans ce type de spéculation.
- 50 Plus de 80 % des contrats sont passés entre un marchand d’Ax et une personne résidant à moins de 1 (...)
- 51 La faiblesse numérique de nos sondages dans les minutiers du Vicdessos ne nous autorise aucune con (...)
19En rassemblant les gasailles des marchands tarasconnais que nous avons recueillies pour le milieu du XVIIe siècle, on remarque que, en 1640-1641, leur nombre et leur valeur, en proportion de l’ensemble des actes, ne représentent que peu de choses (respectivement 3,64 % et 7,58 %) alors qu’elles se situent entre 17 et 24 % vint ans plus tard. On notera, en conformité avec ce que l’on observe dans la région de Tarascon, qu’il n’y a aucun mulet donné en gasaille par les marchands au cours de nos années-témoins ; l’essentiel de leur cheptel est composé d’ovins dans de très larges proportions, ce qui n’étonne pas quand on sait l’orientation de l’élevage de cette région. Mais on ne saurait négliger l’importance des bovins et des équidés qui, quoique numériquement minoritaires, ont une valeur élevée, particulièrement les bovins. Ceux-ci, en effet, représentent le plus souvent 50 à 60 % de la valeur totale du cheptel mis en gasaille par les marchands. Les preneurs résident dans une cinquantaine de communautés dont 79 % sont situées dans un rayon de 10 kilomètres autour de Tarascon. Plus du tiers habitent dans la vallée de Vicdessos et près de 15 % autour de Château-Verdun. Cette localisation marque en grande partie l’influence des marchands tarasconnais sur les terroirs à l’entour. Leur zone d’action ne dépasse pas, vers le nord la région de Saint-Paul-de-Jarrat, limités sans doute par leurs confrères fuxéens, et vers le sud, l’ouest du Lordadais ; ici, la distance géographique doit expliquer ce fait, mais aussi l’influence probable des marchands d’Ax. En effet, en dehors des deux villages de Caychax et Sinsat qui marquent une remontée des marchands d’Ax vers le nord, les deux aires ne se mêlent pas : les gasailles axéennes ont pour espace la haute vallée de l’Ariège, le Pays d’Alion et le Donezan. Comme à Tarascon, c’est dans un rayon d’une dizaine de kilomètres que les gasaillants axéens se recrutent50. En revanche, pour ce qui est du Vicdessos, l’existence de marchands locaux n’a pas évité que les Tarasconnais y soient fortement présents51.
- 52 Cf. Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 614, f° 211v°, me Gouzy, 12/12/1617 (division des biens de Raymond (...)
- 53 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 493, f° 187v°, me G. Rolland, 27/9/1642, partage des biens d’Arnaud Be (...)
- 54 Cf. Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 635, f° 63v°, me P. Ferrand, 28/8/1654, partage des biens de Jean (...)
- 55 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 516, f° 194v°, me S. Rolland, 13/12/1611, partage des biens d’Hector P (...)
- 56 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 635, f° 49, me Ferrand, Tarascon, 17/5/1654, partage des biens de Jean (...)
- 57 Le 24/7/1654, le quart de ces biens, situé dans les quatre villages indiqués, est cédé pour 1 200 (...)
- 58 Lors de la réalisation du compoix cabaliste de 1660, Jean Prévost était mort ; on ne peut donc pas (...)
20Bétail, créances et prêts, marchandises, peut-on alors avoir une idée globale de ce que les biens mobiliers pesaient dans les fortunes marchandes ? Plus que pour l’immobilier, les documents sont avares d’informations. Dans tel acte de division de bien, il est cependant question d’une ou plusieurs créances, de gasailles, de bétail ovin ou bovin, de quelques têtes de bétail en nombre mal défini52, dans tel autre de six chèvres en gasaille, d’une créance de 35 livres et d’une autre de 220 livres53, voire simplement de dettes actives et passives54, lorsqu’on n’a pas affaire à une mention du type « le reste des biens immeubles et cabaly reste indivis55 ». On reconnaîtra que cela n’aide guère… Et lorsque les valeurs des créances sont indiquées, ce sont celles des terres et maisons qui ne le sont pas56. Utilisons néanmoins ce dernier acte du fait des informations qu’il recèle. Lorsque le 17 mai 1654, les quatre frères Prévost, trois marchands et un notaire, divisent les biens de leur défunt père, ils se retrouvent avec 40 créances totalisant 4 647 livres 5 sols 3 deniers. En confrontant les informations sur les biens qu’ils partagent avec les données des compoix et ce que nous avons pu recueillir par ailleurs, on aboutirait à des parts tournant toutes autour de 2 000 livres, soit un patrimoine partagé de 8 000 livres environ auxquelles il faut ajouter les propriétés et le bétail à Cazenave, Croquié, Arnave et Jarnat, soit autour de 4 800 livres supplémentaires57 : donc, le patrimoine total de Jean Prévost, au moment de mourir (en 1653) s’élèverait à environ 13 500-15 500 livres desquelles 40 à 50 % étaient des biens mobiliers, essentiellement des créances. Notons aussi que notre documentation ne permet pas de prendre en compte dans ces calculs les meubles (chaises, lits, tables, etc.) et autres effets personnels (vaisselle, livres, etc.), voire matériel de travail et marchandises58, sur lesquels nous reviendrons. En tout état de cause on voit le poids des créances dans cette fortune, mais, confronté à d’autres exemples, d’Ax ou des Alpes, ce n’est pas excessif d’autant que Prévost était aussi trésorier du consulat.
- 59 Arch. dép. de l’Aude, 3 E 6757, f° 334, me Bernard, Belcaire, 10/2/1680.
- 60 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 494, f° 167, me G. Rolland, Tarascon, 3/8/1643.
- 61 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 533, me S. Rolland, 4/2/1628.
- 62 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 590, f° 88v°, me R. Rolland, Tarascon ; codicille de Barthélémy Courté (...)
- 63 61 % des actes que l’on a de lui pour le milieu du xviie siècle sont des créances dont 80 % de la (...)
21C’est dans une proportion bien moindre que se situe la part mobilière dans l’ensemble des biens que se partagent les quatre fils du marchand de Belcaire Joseph Terrisse : le « meuble » représente une valeur de 484 livres 18 sols (107 articles différents) sur un total de 6 650 livres 18 sols (47 articles) soit 7,29 % de l’ensemble59. Nous n’arrivons pas, dans ces exemples, à ce que Claude Trappé, que nous citions plus haut, évoque pour le sieur Verniolle d’Ax. Si l’on reprend les informations du testament d’Odet Faure60 dont nous avons pu estimer les biens immobiliers à environ 16 000 livres (dont un moulin à Montgailhard acquis pour 7 300 livres), la part des créances, cabal et marchandises remonte à un peu plus du quart en tenant compte des 5 000 livres de la donation de « certain cabal et marchandises » à un fils lors de son émancipation, d’une créance de 530 livres qu’il indique et du fer qui est déposé dans sa boutique ; mais on est loin d’un calcul rigoureux et on peut supposer que ce quart n’est qu’un minimum ( ?). Dans l’inventaire des biens d’Arnaud Bosc61, dressé à la demande de son fils en 1628, on ne trouve aucune marchandise et ses biens fonciers se limitent à la description des titres de propriété des biens qu’il a acquis entre 1566 et 1623 ; on ne sait rien de ce qu’il avait pu obtenir en héritage. Il est donc difficile de dresser un bilan chiffré. À sa mort, Bosc aurait 92 bêtes en gasaille (une valeur d’environ 2 000 livres), avait acheté pour environ 4 600 livres de terres (125 parcelles dont 77,5 % de champs et 11 % de prés) et avait 7 000/7 500 livres en 192 créances (dont peut-être 40 % de prêts en nature). Dernière tentative : revenons sur l’exemple de Barthélémy Courtés, marchand du Bout du Pont décédé en 1660. En regroupant que nous avons pu recueillir sur lui (compoix, actes d’achats, de location, d’arrentement, gasailles, testament) et malgré les incertitudes dues à un tel relevé, nous aurions ici un autre cas de figure où le bétail et le numéraire (plus de 80 %) compteraient plus que le foncier et le bâti. Courtés lui-même paraît avouer le fait lorsque, quelques jours après son testament, il fait rédiger un codicille62 dans lequel il augmente (de 1 200 à 2 000 livres) le legs fait à son petit-fils Joseph Teynier, car, dit-il, la somme lui semblait faible « eu égard aux biens qu’il possède » ; et encore, ne prenons-nous pas en compte les créances dues au testateur, qui se contente d’effacer les dettes de deux de ses débiteurs et d’autoriser sa femme à lever les sommes qui lui sont dues, sans autre précision… Même sujets à caution, ces résultats n’étonnent pas lorsqu’on les met en relation avec ce que nous avons déjà dit de Courtés dans les pages précédentes. Rappelons qu’il apparaissait comme un créancier dont l’orientation vers le crédit (80 % de la valeur des dettes qu’il se fait reconnaître) était très massive63.
22Ces tentatives de reconstitution quantitative du patrimoine des marchands ne sont pas concluantes, mais elles nous auront permis, au moins, de considérer quelques cas qui nous entrouvrent l’univers voilé des fortunes privées. Celles-ci s’assoient aussi sur d’autres opportunités financières que certains savent saisir.
III. D’AUTRES INTÉRÊTS
23Commerce – leur raison d’être –, prêts, investissements fonciers, baux à cheptels, locations, ne sont pas les seuls intérêts économiques de nos marchands. À partir de l’exemple tarasconnais, on distingue plusieurs directions vers lesquelles se déploie l’action des marchands de la ville, à travers diverses affermes : celles du domaine de la ville, des revenus et rentes royaux et seigneuriaux et la levée des dîmes des gros décimateurs.
- 64 C’est cette forme, graphiquement francisée en ajude, que porte l’ensemble de la documentation.
- 65 Nous résumons là les termes de plusieurs contrats. Ce droit d’aide serait destiné à l’entretien de (...)
- 66 Francisation de pontanatge, droit de passage sur un pont, péage.
- 67 Pierre Bonnel est cardeur de laine, mais nous n’avons pas su déterminer si son associé, Paul Seré, (...)
24La communauté de Tarascon dispose de revenus propres que lui confèrent des droits perçus sur la circulation des marchandises, le droit d’ajuda64 ou aide sur les marchandises et denrées qui entrent et se débitent dans la ville, et sur les boucheries65, et les droits de pontanage66 sur le Grand Pont et le Pont d’Alat. Par ce que l’on en juge par les quelques contrats retrouvés, des marchands se sont intéressés au droit d’ajuda de la ville, comme Jacques Verger qui le prend à ferme pour l’année 1650, à 330 livres, ou Guillaume Prévost, 10 ans plus tard (1660), pour 530 livres. Les marchands ne sont pas les seuls puisque l’on y rencontre aussi des cardeurs de laine en 166667. De deux seuls contrats, il n’est pas question de tirer de conclusion du prix de ces affermes. L’augmentation entre 1650 et 1660 traduit-elle une conjoncture plus favorable ? Peut-être lorsque l’on songe aux difficultés de la décennie des années cinquante et que le contrat de 1650 porte explicitement qu’en cas de peste ou de guerre, il serait interrompu. Les incertitudes du temps ne devaient pas pousser les volontaires à proposer des tarifs à la hausse.
- 68 Sur les tarifs des péages des ponts de Tarascon, voir le dénombrement de 1672 publié par C. Barriè (...)
25Sur les droits de pontanage, nous avons relevé un peu plus de données. Le choix du fermier du Grand Pont, obtenu aux enchères, se porte à plusieurs reprises, dans notre corpus lacunaire, sur Pierre Lacassagne (1650, 1659, 1660, 1666), marchand du Faubourg du Bout du Pont, ne sachant pas signer, mais prêteur de petites sommes d’argent dans les années 1650 et 1660 à des habitants de la ville ou des villages proches (en particulier d’Arignac), et bon bailleur d’animaux en gasaille. Mais il n’en a pas l’exclusivité puisqu’on y trouve aussi Guillaume Teynier en 1641 ou Jean Prévost en 1651, personnages qui ont quelque habitude des relations avec la communauté municipale, le premier comme fermier d’une partie de moulin, le deuxième comme trésorier. Le fermier du pontanage est chargé de percevoir un péage au passage, sur le pont de la ville, des habitants d’un ensemble de villages situés au nord, à l’est et au sud de Tarascon, auquel s’ajoute, peut-être, la vallée de Vicdessos dont il est dit qu’elle paye 36 sous annuellement68. Les montants des affermes ont été variables (entre 120 livres en 1641 et 210 livres en 1651) et nous ne savons pas s’ils sont comparables parce que, certaines fois, en est exclu – pour des raisons qui nous échappent – tel ou tel village. Le péage du pont d’Alat, au sud de la ville, concerne tous les habitants de la haute vallée de l’Ariège, en amont du consulat de Tarascon, et du pays d’Alion (Prades et Montaillou). Il est affermé, dans des conditions semblables, à des marchands, généralement associés à d’autres individus. Par exemple, en 1650, Arnaud Lafargue avec le pareur Jean-Paul Rivière et le maréchal Jean Salcenac, ou en 1651, Jean Bergasse associé avec le même Salcenac, ou bien encore en 1664 et 1666, Antoine Prévost et son beau-père, le maître chirurgien Antoine Gaubert. Le prix des affermes est souvent plus élevé que celui du Grand Pont, dans une proportion allant de 1 à 1,24 ou 1,74. Pour ce qui est du pont de Sabart, sur le Vicdessos, notre information se limite au nom du fermier principal de 1651 (Jean-Paul Rivière) et de son sous-fermier (Raymond Sirac, de Miglos) ; la lecture du bail de sous-afferme laisserait penser que c’est la communauté de Miglos qui recueillerait les fruits de ce droit de pontanage, mais cela reste incertain.
- 69 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 632, me P. Ferrand, Tarascon, 25/7/1650.
26Ce dernier exemple nous introduit dans une pratique courante, celle de la sous-afferme des droits de pontanage par les fermiers de ces droits. Souvent, mais pas exclusivement, les sous-fermiers, habitants des villages ou artisans de Tarascon, s’engagent à payer une « rente » en nature, composée de seigle, millet ou blé noir. De cette façon, Pierre Lacassagne attend 9 setiers de millet et 0,5 setier de blé noir du bail qu’il passe pour le pontanage du Grand Pont sur les lieux d’Arignac et Gourbit avec Jacme Azema, d’Arignac, le 9 octobre 1650, jusqu’à la Noël suivante. Il va de soi que la recherche d’un profit peut motiver ce fractionnement de l’afferme, mais il faudrait disposer de tous les éléments du puzzle pour bénéficier d’une vision globale. Lacassagne avait obtenu son bail de 1650 pour 144 livres ; on sait qu’il conclut au moins trois sous-affermes ; celle dont on vient de parler, une autre pour 50 livres dès le 2 janvier, alors que son contrat avec Tarascon ne date que du 6 janvier, et une autre sur huit villages pour 40 livres et un setier de millet le 25 juillet de la même année69. Même étudié de façon grossière, on voit qu’avec trois sous-affermes, il a déjà recouvré sa mise de départ.
- 70 Moulin à trois meules sur le Vicdessos, un tiers du revenu appartenait au roi, un tiers se partage (...)
- 71 L’arrentement du moulin du Pas, en 1618, faite « au canton de la place publique », a été obtenue p (...)
- 72 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 639, f° 203v°, me Ferrand, Tarascon, 1/12/1660. La valeur de cette sou (...)
- 73 J. Bayle, « L’industrie dans la région de Mirepoix au xvie siècle », Bulletin de la Société Ariége (...)
- 74 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 640, f° 19v°, me Ferrand, Tarascon, 9/2/1661.
- 75 Selon les chiffres donnés par J. Bayle, art. cit., p. 114-115, dans la première moitié du xvie siè (...)
27Il est un autre domaine où les marchands intervenaient, celui de l’afferme des moulins. Tarascon abritait plusieurs moulins dont une partie des meules appartenait à la communauté comme on peut en juger par les contrats d’affermes passées par les consuls et par le dénombrement de 1672. C’est le cas de celui du Faubourg du Bout du Pont70, régulièrement mentionné dans la documentation, dont les fermiers d’une portion sont, par exemple, en 1628, Mathieu Teynier, en 1650, le marchand Jacques Verger, en 1651, les cousins Guillaume Teynier, marchand et Vidal Teynier, notaire, et en 1660 et 1661, le marchand Felip Nigoul. Ces preneurs obtiennent l’afferme aux enchères – sans doute au plus fort enchérisseur71 – puis sous-afferment eux-mêmes leur portion de moulin à un ou plusieurs meuniers : Felip Nigoul contracte ainsi les frères Delrieu, pour un an (du 19 octobre 1660 au 19 octobre 1661) pour une rente en nature de 45 setiers de blé, 26 de seigle et la nourriture d’un cochon que le bailleur leur fournira72. Un tel système est connu par ailleurs, même s’il peut apparaître comme une exception par rapport aux contrats passés directement avec des meuniers. Dans la terre de Mirepoix, quelques marchands de Lavelanet et de Laroque s’y sont essayés avec les moulins seigneuriaux au xvie siècle73, et encore au xviie siècle puisqu’on en a trouvé un cas entre la veuve du baron de Mirepoix et un marchand de Lavelanet74. Le 9 février 1661, Jean Lassalle, marchand lavelanetien, prend à ferme de dame Anne de Caulet, veuve de Jean de Lévis, deux moulins fariniers à Lavelanet, pour trois ans et une rente (annuelle ou pour les trois ans ?) de 1 200 livres, 150 setiers de blé (mesure locale), deux cochons, 12 oies (ou 15 livres équivalent de leur valeur) et 12 paires de chapons (ou 12 livres). La rente peut sembler élevée par rapport à ce que nous avons précédemment vu, mais il est vrai qu’il s’agit ici de deux moulins75.
- 76 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 668, f° 76, me Delauriol, Tarascon, 14/5/1676 ; le bail est fait pour (...)
- 77 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 635, f° 63v°, me Ferrand, Tarascon, 28/8/1654. La portion du moulin du (...)
- 78 C. Barrière-Flavy, op. cit., p. 137.
- 79 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 640, f° 6v°, me Ferrand, Tarascon, 12/1/1661 ; aussi 5 E 685, f° 73v°, (...)
28Les mentions impressionnistes que nous avons ici ou là relevées, indiquent un lien assez fort d’une branche de la famille Teynier, descendant d’un Vidal Teynier, avec le moulin du Bout du Pont, qui en monopoliserait pratiquement l’afferme, pendant au moins une bonne partie de la première moitié du xviie siècle. C’est aussi sur une base d’association familiale que les frères Jean-Raymond et Paul Pic, et François Faure, qui, selon nos reconstitutions familiales sont beaux-frères, tous marchands, prennent à ferme pour six ans le domaine de la ville de Tarascon, consistant en leude, péage, greffes, droits seigneuriaux, mais aussi meule du moulin76. Outre ce moulin du Bout du Pont, largement connu de la documentation, et un moulin du Pas, mentionné en 1 654 comme étant détenu en location perpétuelle pour les consuls77, il y a à Sabart un moulin de propriété privée qui apparaît comme un bien du marchand Jean Baure (mentions en 1651 et 1661) mais aussi, pour une moitié au moins des héritiers de Charles Laqueune (mention en 1660). Associés (on a une mention de leur association en 1647), ces deux personnages auraient fait édifier, à partir de 1643, sans autorisation, un moulin sur le Vicdessos concurrençant passablement ceux de la communauté78. Toujours est-il que des meuniers l’occupent au moins entre 1651 et 1661 et que Felip Nigoul en est même fermier principal d’une moitié en 1661 et que, comme il le fait avec celui du Bout du Pont, il l’afferme à un meunier pour 10 setiers de blé et 10 de seigle79.
- 80 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 632, me P. Ferrand, Tarascon, 13/5/1650.
- 81 Cl. Pailhès, « Les cadres de l’ancien régime (xvie-xviiie siècle) », Histoire de Foix et de la Hau (...)
- 82 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 2390, f° 729, me Tardieu, Ax, 17/2/1641.
- 83 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 668, f° 76, me Delauriol, Tarascon, 14/5/1676.
- 84 On sait qu’il s’agit là d’un droit levé sur le minerai de fer qui se travaille dans les forges du (...)
- 85 Jean Martin, marchand des Cabannes, dit que ses deux associés (Mathieu Teynier et Antoine Bosc) da (...)
29Les marchands s’intéressent aussi aux droits seigneuriaux. Le 13 mai 1650, Paul Bosc et Charles Laqueune, commis à la foraine, afferment, pour une durée d’environ 1,5 an, tous les biens et droits seigneuriaux que le baron d’Arignac perçoit à Arignac et Bompas, à raison de 150 livres au titre de 1650 et 1 600 livres pour 165180. Mais ce qui attire le plus les marchands ce sont les droits levés par le roi à titre de seigneur. Les comtes de Foix possédaient une seigneurie directe importante dans le haut comté où les seigneuries hautes justicières étaient rares : baronnies de Rabat, de Saint-Paul, de Miglos, d’Alliat, seigneuries de Junac, d’Aston, de Château-Verdun, en partie. Consulats de Tarascon et d’Ax étaient aussi le domaine de familles qui, sans posséder la haute justice, y avaient de larges droits sur les montagnes et les forêts, et percevaient cens, agrier, droit de lods et ventes, etc.81. Or, les droits des comtes de Foix passèrent aux rois de France lorsque, en 1607, l’un d’entre eux (Henri II de Foix, III de Navarre) devenu roi de France, réunit son domaine comtal à la Couronne. Quelques-uns de nos marchands se retrouvent ainsi fermiers, seuls ou en association, du bailliage ou domaine de Tarascon, de Saurat, du Vicdessos, de Quié et Siguer, d’Ax, et perçoivent, par exemple, à ce titre, les droits de lods et ventes. À Ax, Pierre Lulhet est, pour cela, associé avec noble Jean Fornier, sieur de Clauselles82, alors qu’à Saurat, les marchands locaux, Georges Sans et Martial Tresrieux deviennent fermiers, pour 6 ans et 850 livres par an, de tous les droits que le roi prend dans le lieu, mais aussi du greffe civil et criminel, des droits sur les moulins, sur les dîmes, etc., ou que le même jour les frères Jean-Raymond et Paul Pic, et leur beau-frère François Faure, le deviennent pour Tarascon, pour la même durée mais pour seulement 440 livres annuelles83. Charles Laqueune, aussi fermier – avec François Lucantes – du bailliage de Vicdessos, Sem et Siguer84, Bernard Chaubet, Antoine Faure, Paul Seré, Bertrand Mirouze, Antoine Bosc, Mathieu Teynier, ont été de ces marchands devenus fermiers. Ils ont dû en retirer quelques profits85.
- 86 Arch. dép. de l’Ariège, 135 EDT/CC6, extrait reproduit dans les « Lettres patentes contenant appro (...)
- 87 M. Marion, Dictionnaire des institutions de la France, xviie- xviiie siècle, Paris, Picard, 1923, (...)
- 88 La terminologie est assez fluctuante : commis à la recette des deniers de la foraine au bureau par (...)
- 89 M. Marion, op. cit., p. 120.
- 90 Nous ne saurions confirmer ou infirmer l’exemption fiscale de ces commis. Certains ne semblent pas (...)
- 91 Registres paroissiaux de Tarascon, 135 EDT/GG3, 16/10/1692 ; le négociant en question est Jean Cha (...)
30La leude de Tarascon pose un problème. Non pas celui de son bénéficiaire, qui est le roi comme le rappela Louis XIV lors de son avènement : « Les étrangers qui viennent vendre en lad. ville des denrées, fruits, fourrages, volailles, gibier, poisson, vaisselle et autres choses généralement quelconques, seront tenus de les exposer à la vente sur la place publique dud. marché et non en aucun autre endroit de lad. ville, non seulement pour faciliter la perception du droit de leude qui se lève à notre profit sur lesd. denrées et marchandises86 […] ». Le problème est celui de son mode de perception qui nous intéresse ici, parce qu’y interviennent des marchands. En 1674, Bertrand Mirouze est qualifié de fermier de la leude, ce qui pourrait laisser penser que ce personnage en avait affermé la perception. Mais la même année, comme avant en 1665, il est appelé commis pour le roi du droit de leude. Le mot « commis » s’applique particulièrement à un employé de la régie des domaines et des aides, ce qui n’est pas la même chose qu’un fermier87. C’est le même terme qui désigne, en alternance avec receveur, les percepteurs des droits forains du bureau de Tarascon88. La fluctuation de ces termes pour les mêmes personnes et les mêmes moments laisse penser qu’il s’agit de la même fonction : recueillir, par tous les moyens nécessaires, les droits sur les marchandises transportées hors du royaume de France. On comprend l’intérêt pour les marchands d’être placés à de tels postes clés, d’autant plus, selon Marcel Marion, qu’ils étaient exempts de taille et de logement des gens de guerre89, privilèges hautement appréciables en ces temps troublés90. Âgés de plus de 20 ans et professant la religion catholique, ils bénéficiaient du port d’armes par nécessité de service, armes que les gardes qui devaient agir sous leurs ordres possédaient et utilisaient aussi, l’un d’eux tuant même, en 1692, un négociant de Vicdessos, revenant de Tarascon91.
- 92 P. Poujade, Une vallée frontière dans le Grand Siècle. Le Val d’Aran entre deux monarchies, Aspet, (...)
- 93 M. C. Hernández Escayola, Negocio y servicio : finanzas públicas y hombres de negocios en Navarra (...)
- 94 D’une façon générale, B. Barbiche, Les institutions de la monarchie française à l’époque moderne, (...)
- 95 Charles Laqueune porte aussi le titre de procureur juridictionnel de Tarascon (1635) et de procure (...)
- 96 Il s’agit là de personnes qui pratiquent le commerce. D’autres commis ne semblent pas impliqués da (...)
31La proximité entre la fonction de marchand et celle de receveur des droits forains, pour antagoniste qu’elle puisse paraître, nous la remarquâmes de même en Haut-Comminges frontalier où le marchand François Bartier l’exerçait aussi92. Or, ce personnage est un des principaux – sinon le plus important – créditeur du Val d’Aran durant le xviie siècle et nous ne pensons pas que le hasard soit pour quelque chose dans le fait qu’il cumule les titres de créditeur de l’Aran et de receveur de la foraine. Placée dans la Navarre de la première moitié du xviiie siècle, Maria Concepción Hernández remarque aussi, comme d’autres, que le contrôle de l’administration de la douane entre dans le système tendant à améliorer la position stratégique des marchands93. Cela dit, nous ne savons pas de quelle façon ces marchands devenaient receveur ou commis94, ni quel était le rendement de cette fonction. De la fin du xvie siècle (1585) à la première décennie du xviiie siècle, on rencontre à ce poste à Tarascon, Jean Clarens, puis Antoine Bosc, Charles Laqueune95 et Jean Mirouze, peut-être simultanément (entre 1635 et 1642), Paul Bosc (de 1641 à 1675), fils sans doute d’Antoine, Jean-Augustin Maillard (1681, 1685, 1694), Jean Tavernier (avant 1700), Jean Sérou et Jean Gautey (vers 1700-1712)96. Les liens de parenté entre ces différents individus sont une première explication : père et fils (les Bosc), beau-père et beau-fils (Antoine Bosc et Laqueune), donc beaux-frères (Laqueune et Paul Bosc). Maillard, natif de la paroisse de la Daurade de Toulouse, a d’abord été receveur général du tabac à Tarascon, où il se marie, avant de cumuler cette charge avec celle de commis de la foraine.
- 97 Cl. Pailhès, op. cit., p. 112.
- 98 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 639, f° 101v°, me P. Ferrand, 1/6/1660 : afferme faite pour deux ans e (...)
32Un dernier domaine qui nous a été donné de rencontrer, dans lequel les marchands peuvent manipuler des deniers et peut-être surtout des grains, est la collecte des dîmes, le plus souvent au nom de gros décimateurs. La lecture des sources en révèle trois : l’abbaye Saint-Volusien de Foix, le chapitre Saint-Sernin de Toulouse, le chapitre cathédral de Pamiers auquel il faudrait ajouter l’évêque de Pamiers qui afferme aussi la levée des dîmes. L’abbaye des chanoines réguliers de Saint-Volusien possédait des cures dans toute notre zone d’étude97 et nos marchands n’hésitent pas à affermer les dîmes de Roquefixade, Bouan, Sinsat, la terre de la Rivière ( ?). Pour les dîmes appartenant à Saint-Sernin de Toulouse, les Tarasconnais peuvent être fermiers de celles relevant du prieuré de Miglos, c’est-à-dire les dîmes d’Arignac, Mercus, Jarnat, Croquié, Bompas, comme de celles du prieuré de Vicdessos et de ses dépendances. La seule cure du chapitre cathédral de Pamiers que nous ayons rencontrée est celle d’Ussat, alors que l’évêque de Pamiers lève les dîmes de Lapège, Ornolac, Ax, du Lordadais. Quelques contrats peuvent être aussi passés avec le curé d’une paroisse comme c’est le cas, par exemple entre celui de Sabart et Felip Nigoul en 166098.
- 99 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 675, f° 160v°, me J. Rolland, Tarascon, 11/10/1651.
33Parmi les fermiers, des noms que nous connaissons déjà, Charles Laqueune ou Felip Nigoul, reviennent souvent, avec d’autres comme les trois associés, Jean Faure et Jean de Claverie, deux marchands, et Jean du Seré, un bourgeois, qui ont affermé en 1650 les dîmes perçues par l’évêque de Pamiers et qui, une fois obtenu le bail, les sous-afferment, paroisse par paroisse, ou territoire par territoire à un recteur, à des bourgeois, à des villageois, parfois pour la durée de deux ans. C’est que les sous-affermes sont ici aussi pratiques courantes. Malheureusement, nous ne pouvons pas comparer entre les baux passés par les fermiers principaux et les conditions qu’ils font eux-mêmes aux sous-fermiers, et nous ne savons pas si de tels enchaînements génèrent un profit pour les bailleurs. Ce serait d’autant plus intéressant à savoir que nous observons même des cas de divisions de sous-afferme. En 1651, Charles Laqueune est le fermier principal des dîmes recueillies à Arignac par le chapitre Saint-Sernin de Toulouse. Le 9 juillet, il en sous-afferme les deux tiers à Pierre Lacassagne, marchand que nous avons vu intéressé par la perception des droits de pontanage de Tarascon. Quelques mois plus tard, le 11 octobre, Lacassagne à son tour donne à ferme le sixième des dîmes sur les blés noirs et les millets d’Arignac à un habitant du village99, montrant, par là, le niveau auquel il peut prétendre dans le monde des marchands.
- 100 Sur l’intérêt des marchands pour les prises à ferme de rentes féodales et ecclésiastiques dans un (...)
- 101 P. Vilar, op. cit., p. 484.
- 102 Voir M. et M. Lacave, Bourgeois et marchands en Provence et en Languedoc, Avignon, Aubanel, 1977, (...)
- 103 G. de Llobet, Foix médiéval. Recherches d’histoire urbaine, Saint-Girons, 1974, p. 92 cite le marc (...)
- 104 G. Béaur, « Foncier et crédit dans les sociétés préindustrielles. Des liens solides ou des chaînes (...)
- 105 L. Fontaine, Pouvoir, identités et migrations…, op. cit., p. 49-59.
34Au terme de ces pages, la place des marchands dans le monde économique s’est révélée : crédit (sans doute en grande partie lié à la consommation), achats fonciers, mise en gasaille de bétail, prises à ferme de parties du domaine public, de rentes ou de dîmes, les orientant vers le négoce des grains. En effet, des gens comme Charles Laqueune ou Felip Nigoul, que nous avons vu devenir fermiers des dîmes, sont aussi des vendeurs de grains100. De ces fermiers, dans le contexte catalan, Pierre Vilar (il parle plutôt des fermiers des droits royaux ou seigneuriaux) noterait un lien entre « l’accumulation du capital issu de la terre et l’entreprise commerciale ou industrielle101 ». Leur omniprésence est remarquable au-delà des différents cas de figure que nous avons pu déceler opposant, dans une certaine mesure, des marchands créditeurs, des marchands bailleurs de gasailles, des marchands acheteurs de terres ou d’autres biens immobiliers. Propriétaires fonciers, on les retrouve aussi donnant en location des parcelles ou comme bailleurs de métairies. Dans tous ces domaines, ils s’inscrivent dans un modèle commun à celui de leurs confrères, en d’autres lieux102 et d’autres temps103. Mais animent-ils pour autant le marché foncier ? On s’est déjà interrogé sur cette question sans pouvoir y répondre formellement. D’ailleurs, plusieurs types de marchands ayant été mis en lumière, il serait tentant de plaquer à chacun d’eux un comportement, voire une stratégie, différents en fonction de la part qu’il réservait à l’investissement immobilier. Les acheteurs de terres visaient-ils la position de rentiers et, avec elle, celle de bourgeois – voire plus – dont l’assise foncière devait être de quelque ampleur ? En revanche, ceux qui faisaient crédit correspondraient au portrait type du marchand qui investirait « peu et à contrecœur » dans la terre ne profitant même pas des crises pour se constituer un patrimoine. Pour eux, l’argent devait d’abord circuler, s’orienter vers le commerce et non pas se figer dans la terre, attitude qui entraîne ce que Gérard Béaur appelle une « déconnexion totale entre marché du crédit et marché de la terre104 ». C’est aux mêmes conclusions qu’arrive Laurence Fontaine en étudiant les marchands face au marché foncier dans le Haut-Oisans de la fin du xviie siècle : la terre circule peu et les marchands cherchent d’abord le contrôle du marché de la dette – qui entraîne des chaînes de dépendances – bien avant celui de la terre105. Et c’est peut-être là l’essentiel pour bon nombre de marchands créanciers : avoir la mainmise sur un certain nombre d’individus et de familles qu’ils pourront utiliser, par exemple pour effectuer des transports ou dans le processus de production sidérurgique ou textile. Le constat général que nous faisons ne peut pas être affiné par des données chiffrées précises tant il est difficile d’obtenir, même en croisant plusieurs sources, des évaluations acceptables des patrimoines. Et il est encore plus risqué de s’aventurer sur le terrain de la fortune mobilière… Nous avons commencé par une présentation des marchands comme groupe social et nous venons d’observer leurs intérêts économiques autres que directement commerciaux ; il est temps, à présent, d’envisager l’activité qui les distingue des autres et qui fait d’eux des marchands.
Notes
1 Il s’agit d’habitants des villages des alentours de Tarascon pour lesquels il n’est pas indiqué d’activité professionnelle ; on peut penser qu’ils sont « paysans ». Ils fournissent un grand nombre de vendeurs.
2 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 492, f° 132v°, me G. Rolland.
3 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 653, f° 124, me Delauriol.
4 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 685, f° 37v°, 38v° et 39, me J. Rolland.
5 Ces hypothèses, formulées sous forme de questions, ne s’appuient malheureusement sur aucun indice concret, car on ne sait pas pourquoi Jean Baure vivait à Belcaire où une de ses filles s’étaient mariée.
6 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 623, f° 50v°, f° 82v°, f° 101, me Ferrand, Tarascon, 9/5/1640, 22/9/1640, 17/10/1640.
7 Nous donnons un tableau comparatif de cette répartition pour plusieurs communautés dans « Les paysans et la terre dans le pays de Foix et la vallée de l’Ariège au XVIIIe siècle », Le notaire, le paysan et la terre dans la France méridionale à l’époque moderne, Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, 1999, p. 70. Par exemple, Miglos n’a que 26 % de terres labourables et Orlu 2,2 % contre 65 % à Jarnat ou 70 % à Mercus.
8 P. Poujade, « Les paysans… », art. cit., p. 72.
9 M. Chevalier, La vie humaine dans les Pyrénées ariégeoises, Paris, Genin, 1956, p. 198-199.
10 Compoix cité par Cl. Pontier, Ax, un consulat pyrénéen au XVIIe siècle, Paris, thèse de l’Ecole des Chartes, 1991, p. 733-734.
11 Arch. dép. de l’Ariège, E 342, p. 123, me Jaille, Siguer, 30/10/1662 ; le preneur est un laboureur du hameau de Seuillac ; l’afferme est faite pour 4 ans et une rente annuelle de 17 setiers de seigle, 3 de millet, 2 d’avoine, 2 paires de chapons, 12 charges de foin et 16 livres.
12 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 640, f° 132v°, me Ferrand, Tarascon, 3/10/1661 ; l’acheteur est de Boussenac.
13 J.-Cl. Benizeau, Jean de Castet, marchand de Saint-Paul de Jarrat (1528 environ-1562 environ), mémoire de maîtrise, Université de Toulouse-Le Mirail, 1976, p. 18, 22, 131-132.
14 Arch. dép. de l’Ariège, B 47, 5/4/1667, copie d’un acte de me P. Rieutort, notaire de Chalabre.
15 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 482, f° 19, me G. Rolland, Tarascon, 19/1/1628.
16 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 485, f° 163, me G. Rolland, Tarascon, 5/7/1632. Métairie dite « de Serles », à Tarascon, d’une superficie d’environ 26 ha.
17 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 2390, f° 910, me Tardieu, Ax, 14/7/1641 ; l’acheteur est Pierre Lulhet ; la métairie située au lieu de Sarginier, à Ax, est composée d’une habitation, d’étables, jardins, champs, prés et terres.
18 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 710, f° 84v°, me Ferrand, Tarascon, 2/5/1680. La même métairie avait aussi été octroyée, comme dot, lors du premier mariage de Marie de Pagés, sœur de la mariée, en 1671.
19 Arch. dép. de l’Ariège, 135 EDT/CC1. Il est vrai que dans le compoix de 1650-1651 (8 J 44), la métairie qu’il possède à Serles (Tarascon) n’est plus évaluée qu’à 3 940 livres.
20 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 564, f° 68 et f° 109, me R. Rolland, Tarascon ; 10/4/1634 achat à Mathieu Teynier pour 6 400 livres ; 19/6/1634 : achat à Paul Lacombe pour 3 000 livres.
21 Voir l’étude que lui a consacrée H. Ginesty, « Le château de Lacombe. Témoignage de l’ascension d’un lignage du Pays de Foix, les Guilhem », Bulletin de la Société ariégeoise des Sciences, Lettres et Arts, 1994, p. 77-91.
22 Selon ce que portent les contrats d’afferme, le terme de « métairie » semble désigner ici une exploitation agricole donnée en location contre une rente « fixe ».
23 C’est, par exemple, la valeur à Moissac dans les années 1680 donnée par H. Ricalens, Moissac du début du règne de Louis XIII à la fin de l’Ancien Régime. Contribution à l’histoire économique et sociale d’une ville du Bas-Quercy, Toulouse, Presses de l’Institut d’Etudes Politiques, 1994, p. 192. Dans notre documentation, nous trouvons pour 1661, 12 paires de chapons à 12 livres et 12 oies à 15 livres, soit des prix quelque peu supérieurs.
24 M. Chevalier, op. cit., p. 226-227, exemples d’Ax, Saurat, Arignac en 1773.
25 Nous nous appuyons sur l’équivalence 1 litre de grain = 0,8 kg et sur des besoins d’environ 1 500-1 700 kg de grain pour 4-5 personnes.
26 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 581, f° 325v°, me R. Rolland, 18/11/1651 ; la métairie est située à Tarascon.
27 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 492, f° 234v°, me G. Rolland, 15/12/1641 ; 5 E 674, f° 65v°, me J. Rolland, 18/7/1650 ; 5 E 675, f° 99, me J. Rolland, 20/5/1651.
28 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 2390, f° 535, me Tardieu, Ax, 15/5/1640.
29 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 2392, f° 932, me Tardieu, Ax, 18/5/1650.
30 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 1028, me J. Galy, 12/2/1655, 3/4/1655 et 7/12/1655.
31 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 463, me G. Rolland, Tarascon, 26/1/1608.
32 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 494, f° 167, me G. Rolland, Tarascon, 3/8/1643. En 1745, à Montgaillard, un moulin farinier s’échangeait à 1 900 livres (P. Poujade, « Les ventes de biens fonciers au xviiie siècle : l’exemple de Montgaillard (diocèse de Pamiers) 1731-1786 », Revue de Comminges, oct.-déc. 1994, p. 507).
33 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 2311, f° 340, me Ferriol, 1641.
34 Toutes les décennies, de 1601 à 1670, offrent des informations, sans grande disproportion – si ce ne sont les deux décennies extrêmes, moins fournies – puisque les cinq décennies centrales (1611-1620 à 1651-1660) s’appuient toutes sur le même nombre de documents.
35 À moins qu’il ne s’agisse tout simplement d’un foyer antérieur des marchands concernés.
36 Les liens entre Varilhes et des marchands de Tarascon sont bien documentés à plusieurs reprises. Par exemple, en dehors de ce que nous avons dit, actes des 28/11/1602 et 28/4/1603 par lesquels on apprend que Françoise de Baile, veuve du marchand Arnaud Lacombe, a vendu la moitié de deux maisons et pièces de terre à Varilhes au marchand de cette dernière ville, Guillaume Sollère (Arch. dép. de l’Ariège, 1 J 562). L’orientation viticole de la région de Varilhes-Verniolle, son ouverture vers la plaine, peut-être des opportunités (terres délaissées ?) ont favorisé cette implantation. Notons aussi les intérêts de la famille d’Arnave, seigneurs d’Ornolac à Verniolle depuis la fin du xive siècle (1377 : Raymond d’Arnave achète une métairie ; 1517 : Gaspard d’Arnave prend à fief les terres et le château de Verniolle) et encore à l’époque moderne ; selon J. Boulhaut des habitants d’Arnave et d’Ornolac s’y seraient installés dans leur sillage marquant de leur empreinte la toponymie (il y a à Verniolle un écart appelé Sabartès, la métairie d’Arnave, la plaine de Siguer) ; voir J. Boulhaut, « Un village ariégeois : Verniolle », Bulletin de la Société Ariégeoise des Sciences, Lettres et Arts, 1967, p. 97 et 104.
37 Ce qui apparaît souvent sous l’expression de « terroir » est tout un ensemble de terres, parfois avec une construction, une sorte de domaine, qui pourrait l’apparenter à une métairie.
38 A. Lacombe est mort depuis au moins 1602.
39 Évaluation approximative à partir de la division faite entre Onorat Lacombe et son cousin Mathieu Teynier le 23/3/1611 (Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 466, f° 65, me G. Rolland, Tarascon) ; il semble que chaque part ne corresponde qu’à 1/6 des biens laissés par Arnaud Lacombe selon l’accord et la désignation d’experts du 16/1/1611 (Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 516, f° 7v°, me S. Rolland, Tarascon).
40 Il ne s’agit que de ce que se sont partagés deux de ses fils ; deux autres avaient procédé au partage auparavant. L’ensemble des biens détenus par ses héritiers aux compoix de 1649 et 1650-51 se monte à 9 800-13 645 livres.
41 Estimation faite par trois experts des biens partagés par ses trois fils ; cette estimation est confirmée par les valeurs portées par les compoix de 1649 et 1650-51.
42 À titre d’exemple, l’ensemble des biens que doivent se partager les six enfants de Bernard Lucantes en 1634 s’élèvent à 13 200 livres (Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 487, f° 110v°, me G. Rolland, 11/7/1634).
43 Arch. dép. de l’Ariège, 8 J 43, compoix cabaliste de Tarascon, 1660, p. 1-2.
44 Les gens de commerce ont un allivrement moyen de 4,375 livres alors que l’allivrement moyen des autres personnes n’est que de 1,16 livres. On voit l’écart important qui sépare marchands et autres catégories au niveau des biens mobiliers.
45 Par exemple, dans le négoce bordelais des années 1730-1785, la part de l’immobilier s’établissait au quart de l’actif environ, selon P. Butel, même si cette part est, sans doute, sous-estimée dans la mesure où une part des biens immobiliers appartenait à l’épouse (P. Butel, Les négociants bordelais, l’Europe et les Iles au xviiie siècle, Paris, Aubier-Montaigne, 1974, p. 305).
46 Voir P. Poujade, « Marchands, commerce, frontière dans le haut Pays de Foix. La ville d’Ax au milieu du XVIIe siècle », Identités méridionales. Entre conscience de soi et visions de l’autre, Paris, CTHS, 2003, p. 99.
47 Cl. Trapé, La ville d’Ax sous Henri IV, Louis XIII et Louis XIV (1610-1715), Ax, 1956, p. 72.
48 Cf., à titre d’exemple, le cas que donne L. Fontaine (Pouvoir, identités et migrations dans les hautes vallées des Alpes occidentales ( xviie- xviiie siècle), Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, 2003, p. 55-56) du marchand Jean Bernard, de Clavans (Haut-Oisans) qui, en 1684, possédait environ 1 500 livres en immobilier mais dix fois plus en mobilier (bétail, marchandises, argent et surtout créances qui, elles seules, représentaient les deux tiers de ses biens inventoriés).
49 Le bétail qu’il baille en gasaille, dont nous avons retrouvé les contrats, s’élève à environ 2 250 livres.
50 Plus de 80 % des contrats sont passés entre un marchand d’Ax et une personne résidant à moins de 10 km de la ville ; plus du quart est du village de Sorgeat.
51 La faiblesse numérique de nos sondages dans les minutiers du Vicdessos ne nous autorise aucune conclusion quant aux gasailles des marchands de la vallée. Toutefois quelques actes indiquent que les preneurs de bêtes en gasaille de ces marchands résident dans des villages où les marchands tarasconnais sont aussi présents.
52 Cf. Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 614, f° 211v°, me Gouzy, 12/12/1617 (division des biens de Raymond Laforgue) : créance de 60 livres, gasaille d’ovins, gasaille de vache, d’autre bétail à corne, à laine et caballin, 4 ou 5 têtes de bétail.
53 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 493, f° 187v°, me G. Rolland, 27/9/1642, partage des biens d’Arnaud Bergasse.
54 Cf. Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 635, f° 63v°, me P. Ferrand, 28/8/1654, partage des biens de Jean Bergasse.
55 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 516, f° 194v°, me S. Rolland, 13/12/1611, partage des biens d’Hector Pera.
56 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 635, f° 49, me Ferrand, Tarascon, 17/5/1654, partage des biens de Jean Prévost.
57 Le 24/7/1654, le quart de ces biens, situé dans les quatre villages indiqués, est cédé pour 1 200 livres (Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 657, me Delauriol, Tarascon).
58 Lors de la réalisation du compoix cabaliste de 1660, Jean Prévost était mort ; on ne peut donc pas savoir ce qu’aurait pu contenir sa boutique. Pour ce qui est de ses quatre fils, Antoine, qui reprit la fonction de trésorier de la communauté qu’exerçait son père, déclarait 370 livres « à l’intérêt » et six brebis en gasaille (p. 16), Raymond, notaire, déclarait un cabal de 240 livres et 932 livres « à l’intérêt », Guillaume faisait valoir un cabal de 300 livres mais était endetté pour autant et n’avait que 40 livres « à l’intérêt » (p. 31), et François avait 220 livres de créances, en devait 476 et avait placé 6 brebis en gasaille (p. 43). Si tant est qu’ils aient gardé le même patrimoine immobilier, l’ensemble du mobilier ne semble pas excéder le quart de leurs biens.
59 Arch. dép. de l’Aude, 3 E 6757, f° 334, me Bernard, Belcaire, 10/2/1680.
60 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 494, f° 167, me G. Rolland, Tarascon, 3/8/1643.
61 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 533, me S. Rolland, 4/2/1628.
62 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 590, f° 88v°, me R. Rolland, Tarascon ; codicille de Barthélémy Courtés, 5/6/1660.
63 61 % des actes que l’on a de lui pour le milieu du xviie siècle sont des créances dont 80 % de la valeur pour activité de crédit, et non de commerce, ce qui signifie que, globalement, la moitié de son activité était tournée vers le strict crédit.
64 C’est cette forme, graphiquement francisée en ajude, que porte l’ensemble de la documentation.
65 Nous résumons là les termes de plusieurs contrats. Ce droit d’aide serait destiné à l’entretien des murailles, tours, portes, fontaines et pour faire face aux dépenses municipales (C. Barrière-Flavy, Dénombrement du Comté de Foix sous Louis XIV (1670-1674). Étude sur l’organisation de cette province suivie du texte du dénombrement, Toulouse, Imprimerie A. Chauvin et fils, 1889, p. 141).
66 Francisation de pontanatge, droit de passage sur un pont, péage.
67 Pierre Bonnel est cardeur de laine, mais nous n’avons pas su déterminer si son associé, Paul Seré, l’était aussi. Le 27/1/1683, est enterré un Pierre Bonnel, dit La Rochelle, âgé de 70 ans, fermier perpétuel du droit d’ajude. Il s’agit certainement du même ; l’expression « fermier perpétuel » indique-t-elle un changement dans le mode de perception de ce droit ?
68 Sur les tarifs des péages des ponts de Tarascon, voir le dénombrement de 1672 publié par C. Barrière-Flavy, op. cit., p. 139-140.
69 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 632, me P. Ferrand, Tarascon, 25/7/1650.
70 Moulin à trois meules sur le Vicdessos, un tiers du revenu appartenait au roi, un tiers se partageait entre le curé de Tarascon et celui de Ferrières (près de Foix), comme obituaires des obits de Sainte-Cécile et des Acoquats, fondés dans l’église Saint-Michel, et un tiers appartenait à la ville qui, à cause des difficultés financières dues aux guerres, l’engagea pour 2 400 livres à Antoine Gaubert (C. Barrière-Flavy, op. cit., p. 137) ; l’article du chirurgien Antoine Gaubert, dans le compoix cabaliste de 1660, dit qu’en 1654, l’intéressé dut prêter à Tarascon 2 400 livres pour le logement des soldats, raison pour laquelle la communauté lui donna, dès 1655, la jouissance du tiers du moulin du Bout du Pont.
71 L’arrentement du moulin du Pas, en 1618, faite « au canton de la place publique », a été obtenue par le « plus offrant et dernier surdisant et par l’attouchement de la gaulle » (Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 547, f° 3, me R. Rolland, 7/1/1618).
72 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 639, f° 203v°, me Ferrand, Tarascon, 1/12/1660. La valeur de cette sous-afferme en nature semble aller assez au-delà de ce que représente l’afferme elle-même.
73 J. Bayle, « L’industrie dans la région de Mirepoix au xvie siècle », Bulletin de la Société Ariégeoise des Sciences, Lettres et Arts, 1999, p. 115.
74 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 640, f° 19v°, me Ferrand, Tarascon, 9/2/1661.
75 Selon les chiffres donnés par J. Bayle, art. cit., p. 114-115, dans la première moitié du xvie siècle, les moulins de Lavelanet livraient, bon an, mal an, autour de 200 setiers de grain ; la fourniture de volailles et l’engraissement de pourceaux seraient des innovations apparues à l’extrême fin du xvie siècle.
76 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 668, f° 76, me Delauriol, Tarascon, 14/5/1676 ; le bail est fait pour 440 livres/an.
77 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 635, f° 63v°, me Ferrand, Tarascon, 28/8/1654. La portion du moulin du Pas que feu Jean Bergasse possédait comme locataire perpétuel des consuls, revient par indivis à ses trois fils cohéritiers. Selon L. Faure-Lacaussade, Tarascon-sur-Ariège, « le pays des cavernes », Toulouse, Privat, 1954, p. 54 et 94, le moulin du Pas, à trois meules, sur la rive droite de l’Ariège, aurait été détruit en 1662. Selon le dénombrement de 1672 (C. Barrière-Flavy, op. cit., p. 137), un tiers de son revenu appartenait au roi, un tiers aux héritiers d’un feu Raymond Bernadac et un tiers à Tarascon qui utilisait ce revenait à la réparation du moulin et de la chaussée.
78 C. Barrière-Flavy, op. cit., p. 137.
79 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 640, f° 6v°, me Ferrand, Tarascon, 12/1/1661 ; aussi 5 E 685, f° 73v°, me J. Rolland, 5/8/1661.
80 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 632, me P. Ferrand, Tarascon, 13/5/1650.
81 Cl. Pailhès, « Les cadres de l’ancien régime (xvie-xviiie siècle) », Histoire de Foix et de la Haute-Ariège, Toulouse, Privat, 1996, p. 95.
82 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 2390, f° 729, me Tardieu, Ax, 17/2/1641.
83 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 668, f° 76, me Delauriol, Tarascon, 14/5/1676.
84 On sait qu’il s’agit là d’un droit levé sur le minerai de fer qui se travaille dans les forges du Vicdessos ou qui passe en Couserans ; ils le sous-afferment en 1642 à deux habitants de Vicdessos. En 1662, c’est le frère de Charles Laqueune, François, seigneur de Quié et de Siguer qui prend à ferme la leude du minerai de fer, pour 4 ans et 6 120 livres. Leur père Pierre, marchand, avait été baile rentier du bailliage de Quié et Siguer en 1611.
85 Jean Martin, marchand des Cabannes, dit que ses deux associés (Mathieu Teynier et Antoine Bosc) dans l’afferme des bailliages de Tarascon, Quié et Siguer (juillet 1623-juillet 1626), « ont fait et retiré de grands profits » (Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 558, f° 121v°, me R. Rolland, 21/11/1628).
86 Arch. dép. de l’Ariège, 135 EDT/CC6, extrait reproduit dans les « Lettres patentes contenant approbation et confirmation des privilèges, franchises, immunités et exemptions, usages, libertés et tenue des foires et marchés en la ville de Tarascon en Foix du mois de février 1751. Avec arrêt de registre du parlement de Toulouse du 20 avril 1751 ». Tarifs de la leude indiqués dans le dénombrement de 1672 (C. Barrière-Flavy, op. cit., p. 139).
87 M. Marion, Dictionnaire des institutions de la France, xviie- xviiie siècle, Paris, Picard, 1923, p. 119-120.
88 La terminologie est assez fluctuante : commis à la recette des deniers de la foraine au bureau particulier de Tarascon ; commis à la recette des deniers forains du roi au bureau particulier de Tarascon ; commis au bureau de la foraine de Tarascon ; commis des droits forains au bureau de Tarascon ; receveur des droits forains au bureau particulier de Tarascon ; receveur des droits de foraine de Tarascon.
89 M. Marion, op. cit., p. 120.
90 Nous ne saurions confirmer ou infirmer l’exemption fiscale de ces commis. Certains ne semblent pas apparaître, à notre lecture pour le moins, dans les compoix fonciers (mais ont-ils des biens ?), d’autres n’apparaissent pas toujours ; Charles Laqueune est dans le compoix de 1650.
91 Registres paroissiaux de Tarascon, 135 EDT/GG3, 16/10/1692 ; le négociant en question est Jean Chambrière, âgé d’environ 35 ans. Nous ne connaissons pas les raisons de cet incident.
92 P. Poujade, Une vallée frontière dans le Grand Siècle. Le Val d’Aran entre deux monarchies, Aspet, Pyrégraph, 1998, p. 293-306.
93 M. C. Hernández Escayola, Negocio y servicio : finanzas públicas y hombres de negocios en Navarra en la primera mitad del siglo xviii, Pampelune, eunsa, 2004, p. 344-347.
94 D’une façon générale, B. Barbiche, Les institutions de la monarchie française à l’époque moderne, Paris, puf, 1999, p. 86, écrit que les commis (employés aux écritures) étaient recrutés sur des critères subjectifs, par relation ou recommandation.
95 Charles Laqueune porte aussi le titre de procureur juridictionnel de Tarascon (1635) et de procureur du roi au bureau de la foraine (1644, 1646).
96 Il s’agit là de personnes qui pratiquent le commerce. D’autres commis ne semblent pas impliqués dans le négoce comme Pierre Norman, natif de Picardie, enterré le 20/9/1696, à 25-30 ans selon le registre paroissial.
97 Cl. Pailhès, op. cit., p. 112.
98 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 639, f° 101v°, me P. Ferrand, 1/6/1660 : afferme faite pour deux ans et 500 livres.
99 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 675, f° 160v°, me J. Rolland, Tarascon, 11/10/1651.
100 Sur l’intérêt des marchands pour les prises à ferme de rentes féodales et ecclésiastiques dans un autre contexte, celui de l’Aragon des xvie, xviie et xviiie siècles, voir J. I. Gómez Zorraquino, La burguesía mercantil en el Aragón de los siglos xvi y xvii (1516-1652), Saragosse, Diputación General de Aragón, 1987, p. 53, p. 57-72 et Los Goicoechea y su interés por la tierra y el agua en el Aragón del siglo xviii , Saragosse, Diputación General de Aragón, 1989, p. 60-61 et 68-72. Pour la Catalogne, P. Vilar, La Catalogne dans l’Espagne moderne. Recherches sur les fondements économiques des structures nationales, Paris, sevpen, 1962, tome 2, p. 482-491.
101 P. Vilar, op. cit., p. 484.
102 Voir M. et M. Lacave, Bourgeois et marchands en Provence et en Languedoc, Avignon, Aubanel, 1977, p. 125-130 ; les auteurs illustrent leur propos par deux exemples de l’Isle-sur-la-Sorgue, où l’on voit des marchands être trésoriers de la communauté, prêter, acheter des terres, prendre à ferme la perception des impositions.
103 G. de Llobet, Foix médiéval. Recherches d’histoire urbaine, Saint-Girons, 1974, p. 92 cite le marchand fuxéen Pierre Elie qui, dans les années 1330, perçoit les leudes de la ville, de Château-Verdun, de Mérens, contracte des affermages avec le comte, gère fours et moulins banaux, acquiert des droits divers de bladage et forestage.
104 G. Béaur, « Foncier et crédit dans les sociétés préindustrielles. Des liens solides ou des chaînes fragiles ? », Annales. Histoire, Sciences sociales, novembre-décembre 1994, p. 1422-1423.
105 L. Fontaine, Pouvoir, identités et migrations…, op. cit., p. 49-59.
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