ANNEXE 1

Notes et références

11. L’étude de fond la plus récente sur l’histoire de la Gascogne entre X^e et XII^e siècle reste celle de Renée Mussot-Goulard, Les princes de Gascogne, Marsolan, 1982 (il y sera désormais fait référence sous la forme abrégée Princes).

22. En raisonnant en termes géographiques, on doit ajouter la vicomté de Lavedan aux quatre autres vicomtés attestées dès avant l’an mil dans le bassin de l’Adour.

33. L’article de Dominique Bidot-Germa, « Le Béarn des premiers Centulle : une histoire de l’an mil, ses sources et son écriture », Revue de Pau et du Béarn, n^o 33-2006, p. 9-29, a paru entre la tenue du colloque d’Albi et la publication des actes. Cette publication, plus complémentaire que contradictoire de la nôtre, nous évitera de réitérer un certain nombre de démonstrations.

44. À l’inverse du parti pris adopté par R. Mussot-Goulard, Princes…, nous avons privilégié, sauf cas de discussion érudite, les références aux publications quand il en existait de satisfaisantes. Voici, classées par ordre alphabétique, les références complètes des sources qui seront dorénavant citées en abrégé :

5Cart. Auch : Cartulaire Noir de l’église métropolitaine Sainte Marie d’Auch, C. Lacave-Laplagne-Barris, Paris-Auch, 1899 ; Cart. Bigorre : Le cartulaire de Bigorre, X. Ravier, B. Cursente, Paris, 2005 ; Cart. Dax : Cartulaire de la cathédrale de Dax. Liber Rubeus (XI^e-XII^e siècle), G. Pon, J. Cabanot, Dax, 2004 ; Cart. La Réole : Cartulaire du prieuré conventuel de Saint-Pierre de La Réole, Ch. Grellet-Balguerie, Archives historiques de la Gironde, t. V, 1863 ; Cart. La Sauve– Majeure : Grand cartulaire de La Sauve-Majeure, Ch. Higounet, A. Higounet-Nadal, Bordeaux, 1996 ; Cart. Lucq : « Cartulaire de Saint-Vincent de Lucq », L. Barrau-Dihigo, R. Poupardin, Revue du Béarn et du Pays-Basque, 1904 ; Cart. Madiran, Cartulaire de Madiran, BNF, coll. Doat, t. 152, fol. 146-225 ; Cart. Morlaas, Cartulaire de Sainte-Foi de Morlaas, L. Cadier, Bull. Soc. Sciences Lettres et Arts de Pau, 1883, p. 3-71 ; Cart. Saint-Mont : Cartulaire du prieuré de Saint-Mont, J. Maumus, J. de Jaurgain, Paris-Auch, 1904 ; Cart. Saint-Seurin : Cartulaire de l’église collégiale Saint-Seurin de Bordeaux, J.-A. Brutails, Bordeaux, 1897 ; Cart. Sorde : Cartulaire de l’abbaye Saint-Jean de Sorde, P. Raymond, Paris-Pau, 1873 ; Chartes Saint-Sever : P. D. Du Buisson, Historiae monasterii Sancti Severi libri X, Pédegert, Lugat, Aire-sur-l’Adour, 1876 ; Docs. Beatus : « Documents transcrits à la fin du Beatus », E. Nortier (éd.), dans Saint-Sever. Millénaire de l’abbaye, Mont-de Marsan, 1986 ; Docs reconquista : Documentos para el estudio de la reconquista y de la repoblación del valle del Ebro, J.-M. Lacarra (éd.), Zaragoza, 1985 ; Docs Saint-Pé : Documents historiques relatifs à l’abbaye de Saint-Pé (de Geyres), G. Balencie dans Annuaire du Petit Séminaire de Saint-Pé, année 1887, p. 254-302 ; Fors Béarn : Les fors de Béarn, P. Ourliac, M. Gilles, Paris, 1990 ; L. O. Bayonne : Le Livre d’Or de Bayonne, J. Bidache (éd.), Pau, 1906.

6Certains cartulaires (Lescar, Larreule, Sauvelade) et plusieurs chartes sont connus à travers les fragments publiés à titre de Preuves par Pierre de Marca, Histoire de Béarn, Paris, 1639, ouvrage réédité par V. Dubarat, Pau, 1894-1912. C’est à cette réédition, qui a fait l’objet d’un reprint et qui est disponible dans la plupart des bibliothèques, qu’il sera fait référence sous la forme Marca, HB suivi des indications de tomaison, pagination, partie, chapitre.

75. Comme l’origine commune des Béarnais et des Suisses à partir de l’homonymie Béarnais-Bernois.

86. P. Tucoo-Chala, La vicomté de Béarn et le problème de sa souveraineté des origines à 1620, Bordeaux, 1961, cf. notamment l’état de la question p. 11-21.

97. Cf. notamment : L’art de vérifier des dates, Paris, 1818, t. IX, p. 249-255 ; De Mas Latrie, Trésors de chronologie d’histoire et de géographie, Paris, 1889, p. 1556-1557.

108. Cf. en dernier lieu Bidot-Germa, « Le Béarn des premiers Centulle… ».

119. Mussot-Goulard, Princes…, p. 146.

1210. L’anthroponymie, document d’histoire sociale des mondes méditerranéens médiévaux, Rome, EFR, 1996, dont P. Martinez-Sopena, « L’espace pyrénéen », p. 80-81.

1311. Cf. par exemple la famille de prêtres de ce nom à Saint-Frajou (Comminges) au X^e siècle, dans Cart. Auch, acte 47.

1412. R. de Saint-Jouan, Le nom de famille en Béarn et ses origines, Paris, 1966 : les pointages chiffrés de cet auteur permettent de relativiser la fréquence et la durée d’emploi de la pratique du nomen paternum.

1513. Mussot-Goulard, Princes…, p. 88, note 150.

1614. Jean de Jaurgain, La Vasconie. Étude historique et critique, Pau, 1898 : cet ouvrage reste très utile en raison de l’abondance des références et des citations

1715. Telle est aussi l’opinion de Mussot-Goulard, Princes…, p. 146. et de Bidot-Germa, « Le Béarn des premiers Centulle… », qui souligne à juste raison qu’on n’a pas accordé une attention suffisante au nom de Gaston par rapport à Centulle.

1816. Voir Jaurgain, Vasconie…, II, p. 533-551 ; tableau synoptique des principales restitutions généalogiques (qui nourrissent les sites web de généalogie), dans Bidot-Germa, « Le Béarn des premiers Centulle… », p. 15.

1917. Chartes Saint-Sever, p. 149 ; Ch. Higounet, Saint-Sever, millénaire de l’abbaye. Colloque international 25, 26 et 27 mai 1985, Mont-de-Marsan, Comité d’études sur l’histoire de l’art en Gascogne, 1986, p. 28, soupçonne que les noms simples ont été ultérieurement complétés par des mentions géographiques.

2018. L.O. Bayonne, acte 1 (année 981) ; cf. Mussot-Goulard, Princes…, p. 143, note 106.

2119. La charte de Saint-Sever en 963 où apparaît Gasto Centulli vicecomes est fausse, Docs. Beatus, 2.

2220. Le fragment de charte de Lucq, non inclus dans le cartulaire (mais reproduit comme appendice de la publication, p. 28), uniquement connu par Marca, HB, I, 265 (I. 3, c. 3), datable des années 961-984, qui met en jeu un Gasto Centulli vicecomes, sert de base à bien des raisonnements (Mussot-Goulard, Princes…, p. 140,146). Cette pièce est pour le moins suspecte, cf. en dernier lieu Bidot-Germa, « Le Béarn des premiers Centulle… », p. 12. La teneur en est la suivante :

23Quando Dominus Willelmus Sancii Comes Gasconiorum dedit villam de Luco Deo et S. Vincentio, Gasto Centuli, vicecomes B. nolebat assentiri et dimittere partem suam : sed tandem acquievit, victus precibus Garsiae abbatis, qui ei suam consanguinitatem cum dicto comite replicavit, et quomodo venisset de Hispania avus Domni Willelmi, ubi se contulerat pater ejus tempore domni Ludouici imperatoris ; qui quidem rex de hac patria vestituram dedit avo vicecomitis, qui erat de ejus progenie : et dedit Deo et S. Vincentio partem suam super altare.

2421. Cart. Saint-Seurin, 9 (vers 1036).

2522. Marca, HB, I, 354 : fondation de Larreule, 1010-1032.

2623. Cart. Lucq, 8.

2724. Cart. Lucq, 4 : confirmation sous le comte Bernard (999-1010) d’une donation faite sous Guillaume Sanche (mort en 999), mais rien ne dit que Centulle-Le Vieux était alors présent.

2825. Ces deux occurrences dans Cart. Lucq, 5.

2926. Cart. Lescar, Marca, HB, I, 3 62 (l. 4, c. 6) : Centullus Gastonis vicecomes injurias reparare nolebat, fidens affinitati ducis Sancii propter nuptias Angelae ; Mussot-Goulard, Princes…, p. 179, note 103, y voit une sœur du duc Sanche Guillaume.

3027. Docs Saint-Pé, respectivement 27, Ramundus Centulli, frater Gastonis vicecomitis Bearnensis ; et 19 : Oriolus Centulli, miles Bearnensis ; cf. ci-après, note 73.

3128. Marca, HB, 1, 383 (l. 4, c. 10) ; très problématique est la mention de Gastoni Centulli in Beiarn, dans un acte précisément daté de 1030 (Docs Beatus 3), qui coexiste avec des personnages ne régnant pas à cette date (comme Austinde d’Auch).

3229. Cart. Lescar, Marca, HB, I, 358 (I. 4, c. 5).

3330. Cart. Madiran, acte 1, fol. 154, datation de circa 1037 (épiscopat d’Heraclius en Bigorre).

3431. Cart. La Sauve-Majeure, 1250.

3532. Cart. Saint-Mont, 78 : ego… femina Oliba soror… Centulli comitis Bigorrensis… et vicecomitis Viernensis, (acquiert la terre d’un miles pour le compte de Saint-Mont).

3633. Chartrier de Moissac, Marca, HB, I, 403 : Hulnaldus frater Centulli comitis Bearnensis. Hunaud est le demi-frère de Centulle, né du second mariage de sa mère Adalaïs, vicomtesse de Brulhois, avec le vicomte Roger de Gabarret. Hunaud a reçu la vicomté de Brulhois qui échoira à la maison de Béarn après la mort de celui-ci, vers 1105.

3734. Cart. Lucq, 5.

3835. Cart. Morlaas, 1 (1079).

3936. Ces trois occurrences extraites du Chartrier de Moissac, Marca, HB, 1, 403 (I. 4, c. 15).

4037. Docs Saint-Pé, 18.

4138. Cart. Saint-Mont, 23, vicecomes Bearnensis, Docs Saint-Pé, 15.

4239. Cart. Bigorre, 43.

4340. Cart. Bigorre, 29.

4441. Charte San Juan de la Peña, Marca, HB, 1, 426 (I. 4, c. 19).

4542. Lettre de Grégoire VII, voir plus bas note 125 et Annexe 2.

4643. Charte San Juan de la Peña (1077), Marca, HB, I, 427 (l. 4, c. 19).

4744. For d’Oloron, (vers 1080), éd. P. Ourliac, M. Gilles, Fors de Béarn, Paris, 1990.

4845. Cart. Saint-Mont, 78, même formule dans Cart. Saint-Pé, 2 (Bearnii), vers 1079.

4946. Cart. Saint-Mont, 76.

5047. Charte de condamnation du meurtrier de Centulle V, publ. Marca, HB, I, 430 (l. 4, c. 20).

5148. Docs Saint-Pé, 8.

5249. Cart. Sorde, 8.

5350. Docs. Saint-Pé, 27 : Ramundus Centulli, frater Gastonis comitis.

5451. Cart. Saint-Mont, 87-4 : Bernardus, miles de Arbocava, gener Centulli comitis.

5552. Cart. Saint-Mont, 88 ; cart. Lucq, 16.

5653. Cart. Morlaas, 3.

5754. Cart. La Réole, 87-64.

5855. Cart. Sorde, 6, 57, cart. Lescar, Marca, HB, II, 60 (l. 5, c. 10).

5956. Cart. Lescar, Marca, HB, II, 53 (l. 5, c. 10).

6057. Cart. Sauvelade (1128), Marca, HB, II, 113 (l. 5, c. 21).

6158. Cart. Sorde, 146.

6259. Cart. Lucq, 16.

6360. Cart. Noir Auch, 134 (vers 1110).

6461. Docs Saint-Pé, 6.

6562. On n’énumèrera pas les 59 occurrences contenues dans les seuls Docs Reconquista. Elles sont bien entendu adaptées au contexte aragonais ; Gaston est dit vicecomes non pas de mais à Zaragoza, Uncastillo Montreale, Huesca, ou bien senior, dominator, presidente dans ces localités ; il est tantôt nommé vicecomes Gaston, tantôt Gaston de Bearne.

6663. Docs Saint-Pé, 5.

6764. Deux emplois dans la même charte, Cart. Morlaas, 5.

6865. Docs Reconquista : 13 occurrences de vicecomes Centol ; à noter l’absence de référence au Béarn et le fait qu’au sud aussi, on rencontre des présentations du personnage comme filius vicecomitis Gastonis (n^o 109, 212).

6966. Contrairement à Mussot-Goulard, Princes…, p. 149.

7067. Cart. Lucq, 4 : facto… sacramento patris, Gasto filius eius eisdem verbis similique modo… juravit.

7168. Docs Saint-Pé, 2 : Guastone filio suo simul confirmante et donante.

7269. Cart. Morlaas, 19 : Gaston IV a une magna contentio avec le puissant monetarius de Morlaas installé par son père.

7370. Cf. ci-dessus note 26 et Mussot-Goulard, Princes…, p. 179, note 103.

7471. Docs. Saint-Pé, 25 (date indéterminée).

7572. Cf. ci-dessus note 32.

7673. Jaurgain, Vasconie…, p. 538-539 : Auriol Centulle (qui reçoit pour cognomen un de Bearno non donné par les textes) aurait eu quatre enfants, selon une filiation de pure imagination : Atardus miles Bearnensis (qui devient Artard de Béarn), le personnage nommé Arnaud de Clarac dans une charte, (qui est rebaptisé Arnaud de Béarn dit de Clarac), et Tecla, mère d’Auger de Miramon (qui devient Tècle de Béarn).

7774. Cart. Saint-Mont, 76 : Osquinette (souvenir d’une campagne de Huesca ?) a épousé un miles du Tursan Bernard d’Arboucave ; ibid., 78 (1079-1090) ; Oliba évolue dans le milieu des chevaliers locaux.

7875. Ci-dessus note 33.

7976. Par exemple : Docs Saint-Pé, 6 : Guasto simul cum uxore sua dicta Talesia.

8077. Marca, HB, II, 91 (l. 5, c. 16), ibid. II, 112 (l. 5, c. 21) ; Docs Reconquista, n^o 109, 328 (Viscondesa de Bearn).

8178. Cart. Lucq, 4.

8279. Docs Saint-Pé, 11 (1010-1032) : c’est du moins la vision des clercs de Lescar, favorables au pouvoir comtal.

8380. Le cartulaire de Lescar, Marca, HB, I, 280 (l. 3, c. 6), rapporte le meurtre par un miles béarnais du nom de Loup Fort de quodam vicecomite Vasconiae… propter fidelitatem comitis : peut-il s’agir d’un vicomte de Béarn ? (Mussot-Goulard, Princes…, p. 158) ; cf. aussi supra, note 20, la problématique charte de Lucq ; même s’il s’agit d’un faux, l’hostilité prêtée au vicomte Gaston Centulle doit ressortir au principe de vraisemblance (sauf en cas de forgerie postérieure au XI^e siècle).

8481. Cart. Lescar, Marca, HB, I, 362 (l. 4, ch. 6).

8582. En témoignent les diverses donations rapportées par les cartulaires de Lucq, de Lescar et les chartes de Saint-Pé. Un raisonnement régressif se fondant sur les censiers du XIV^e siècle (notamment Arch. départ. Pyrénées-Atlantiques, E 317), pourrait permettre de se faire une idée globale de la densité du domaine direct vicomtal dans ce secteur.

8683. Cart. Bigorre, 29 : Dedit ei fiscum sicut Centullus comes fuit illi fidelis et adjuvavit illum in necessitate sua (…) XII conductus quos (…) habebat in Clarag, et a Clarag usque ad Arganion in Bearn et a Maria in Oleron et omnia quod pertinent ad ipsos conductus de re comitis.

8784. Nous nous rallions à l’opinion généralement émise par les historiens sur ce sujet.

8885. Mussot-Goulard, Princes…, p. 187-224.

8986. Cart. Saint-Mont, 1 : nepote meo Centullo.

9087. Mussot-Goulard, Princes…, p. 191.

9188. Voici un résumé des interprétations contradictoires jusqu’ici avancées (on trouve sous la plume du seul Marca deux narrations légèrement différentes). 1) Les droits comtaux sont tombés de facto sous le pouvoir du vicomte lors de la disjonction du ducatus et du comitatus. Les actes de 1086-1087, qui ne concernent que des miettes résiduelles, y mettent un point final (Marca, HB, 1, 361 (l. 4, c. 6)) ; 2) Centulle V avait, au titre d’Angèle, des prétentions à faire valoir sur la succession comtale ; il a négocié avec Bernard, en échange de son appui, la reconnaissance des droits de juridiction régaliens sur le Béarn (Marca, HB, I, 364, (l. 4, c. 7)) ; 3) Centulle, instigateur de la révolte de Bernard s’est trouvé après La Castelle dans le camp des vaincus et Gui-Geoffroi a envahi ses terres (Abbé A. Breuils, Saint Austinde archevêque d’Auch (1000-1068) et la Gascogne au XI^e siècle, Auch, 1895, p. 217-219) ; 4) Centulle a aidé Geoffroi notamment lors de la bataille de La Castelle, et le donativum récompense cet appui (Jaurgain, Vasconie…, I, p. 250, suivi par Jean-Baptiste Laborde, Paul Lorber, Histoire de Béarn, t. 1, Pau, 1932, p. 163 et Tucoo-Chala, La vicomté, p. 33) ; 5) L’opposition entre Centulle et Gui-Geoffroi n’a jamais débouché sur un conflit ouvert ni sur une revendication de souveraineté : Mussot-Goulard, Princes, p. 219-220 (analyse quelque peu contradictoire avec le titre donné au chapitre correspondant : « L’affrontement béarno-aquitain »).

9289. Cart. Saint-Mont, 23.

9390. Cart. Saint-Mont, 7. Le texte narrant la conversio du comte d’Armagnac qui se retire en 1062-1063 comme moine dans le monastère de Saint-Mont dont il est le fondateur, se présente comme une sorte de « copier-coller » composite qui a très tôt suscité la méfiance des historiens (notamment J.J. Monlezun, Histoire de la Gascogne, Auch, 1846, t. 2, p. 34). Cette pièce sert de fondement à deux interprétations divergentes de l’histoire du conflit entre Bernard d’Armagnac et Gui-Geoffroi. Pour les uns, le comte Tumapaler aurait accepté dès 1052 le rachat des droits comtaux par Gui-Geoffroi, puis se serait renié après 1058 : voir surtout abbé A. Breuils, Saint-Austinde…, p. 217, Jaurgain, Vasconie…, t. I, p. 248 et plus récemment Raphaela Averkorn, Adel und Kirche in der Grafschaft Armagnac. Das cluniasensische Priorat Saint-Jean-Baptiste de Saint-Mont (1036-1130), Bochum, 1997, p. 71-73 (nous remercions X. Ravier de nous avoir aidé à traduire cette importante contribution). Pour les autres, Gui-Geoffroi aurait donné à son rival 15 000 sous après le combat de La Castelle pour s’assurer de son renoncement définitif à la potestas comtale ; cf. Mussot-Goulard, Princes…, p. 219-220 ; J.-B. Marquette, dans S. Lerat (dir.), Landes et Chalosse, Pau, 1983, p. 158. Nous inclinons à croire que ce second scénario est le plus vraisemblable, mais une justification aurait impliqué l’étude de fond d’un texte qui ne concerne qu’indirectement notre sujet.

9491. Cf. la vente des droits sur la vicomté de Béziers et Agde au comte de Barcelone entre 1067 et 1070, H. Débax, La féodalité languedocienne, XI^e-XII^e siècles, Toulouse, 2003, p. 59-71.

9592. Cart. Bigorre, 29 : Gui-Geoffroi étant décédé le 24 septembre 1086, la donation consentie VIII dies antequam moreretur intervient le 16 septembre.

9693. Mussot-Goulard, Princes…, p. 225.

9794. P. Tucoo-Chala, Quand l’Islam était aux portes des Pyrénées. De Gaston IV-Le Croisé à la croisade albigeoise, Pau, p. 32.

9895. Cf. notamment la sentence prononcée par Sancho Ramirez à l’encontre du meurtrier du comes domno Zentolle meum vassallum, publiée, après Marca, par J.M. Lacarra dans Colonización, parias, repoblación y otros estudios, Zaragoza, 1981, p. 148.

9996. Cf. en dernier lieu J.-P. Barraqué, « Béarn et Aragon aux XI^e et XII^e siècles », dans Ph. Sénac (dir.), Aquitaine-Espagne (VIII^e-XIII^e siècles), Cahiers de Civilisation Médiévale XII, Poitiers, 2001, p. 175-188.

10097. J.M. Lacarra, « Los franceses en la reconquista y repoblación del valle del Ebro en tiempos de Alfonso el Batallador », réed. dans, Colonización, p. 155 ; Mussot-Goulard, Princes…, p. 225-232 ; et surtout Tucoo-Chala, Quand l’Islam…, p. 43-141.

10198. M. Bull, Knightly piety and the lay response to the first Crusade. The Limousin and Gascony, v. 970-c. 1130, Oxford, 1993, part. p. 94.

10299. La plupart sont attestées dans les cartulaires de Sorde et de Dax.

103100. Pour Marsan et Miramont, voir la contribution de J.-M. Fritz dans ce volume.

104101. Cart. Dax, 152.

105102. B. Cursente, « Le “casted” de Corneillan (Gers), ou le pouvoir seigneurial partagé (début du XII^e siècle) », dans Château et pouvoir, X^e-XIX^e siècle, Bordeaux, 1996, p. 19-27.

106103. Mussot-Goulard, Princes…, p. 143.

107104. Idem, n. 112, elle n’a pas eu connaissance de ce texte quand elle dénie tout crédit à l’hypothèse de Marca qui se fonde précisément sur lui.

108105. Le narrateur de la charte dacquoise ne fait pas mystère de ses sentiments anti-béarnais ; si la mainmise sur la vicomté d’Oloron avait fait l’objet d’une transgression, il y a lieu de croire qu’il en aurait fait état.

109106. Marca, HB, II, 30-33 (l. 5, c. 5) ; J.-B. Laborde, P. Lorber, Histoire de Béarn…, p. 179-180.

110107. Cart. Saint-Pé, 15 ; Arnaldus Anerii de Monteanario et fillii ejus ; le devenir de cette descendance est inconnu.

111108. Cart. Bigorre, 29 : il s’agit d’une concession par Guillaume IX de droits remontant à Sanche-Guillaume qui s’ajoute au donativum de son père : similiter dedit ei. C. adhuc illi illico dominium quod comes Sancius in Valle Sola (tenebat).

112109. Cart. Dax, 152.

113110. Cart. Sorde, 57 : vicecomes de Salt (1105-1119).

114111. Voir la contribution de J.-M. Fritz dans ce volume.

115112. À titre d’exemple, cf. la liste de témoins de l’acte de confirmation de la consécration de Saint-Pé de Génerès, en 1096, Docs Saint-Pé, 15.

116113. R.A. Senac, « Essai de prosopographie d’abbés de monastères gascons (945-1059) », Bull. de la Société de Borda, t. 108, 1983 ; K. Wollasch, « Question clés du monachisme européen avant l’an mille », dans Saint-Sever, millénaire…, p. 14-25.

117114. Cart. Lescar, Marca, HB, I, 379 (l. 4, c. 9) : Raymundus episcopus more antecessorum suorum sex episcopatus tenuit…

118115. R.-A. Sénac, « Essai de géographie et d’histoire de l’évêché de Gascogne (977-1059) », Bulletin philologique et historique, année 1980, p. 11-25.

119116. Abbé A. Breuils, Saint-Austinde…, chap. 7.

120117. Certains historiens, notamment Mussot-Goulard, Princes…, p. 201, assimilent, aventureusement selon nous, ce Stephanus au Stephanus Garcia qui est le principal auteur du Beatus de Saint-Sever.

121118. Max Fazy, « Essai sur Amat, évêque d’Oloron, archevêque de Bordeaux et légat du Saint-Siège », Bibliothèque de la Faculté des Lettres de l’Université de Paris, XXIV, 1908, p. 80-142 : la première attestation certaine d’Amat comme évêque d’Oloron et comme légat date de 1074.

122119. Saint-Sever, millénaire de l’abbaye…

123120. Cart. Dax, acte 152 : Qui tanto ampliores tenebat honores, tanto minor erat ad

124121. B. Guillemain, « Les moines sur les sièges épiscopaux du sud-ouest de la France aux XI^e et XII^e siècles », dans Études de civilisation médiévale offertes à E.R. Labande, Poitiers, 1974, p. 377-384.

125122. Breuils, Saint-Austinde…, chapitre VI (présentation des faits outrageusement favorable à l’archevêque).

126123. Mussot-Goulard, Princes…, p. 206, note 155 : sept donations entre 1064 et 1068.

127124. La réflexion de J. Wollasch : « Quel gain (…) pour l’histoire de la Gascogne, ainsi que pour l’histoire des clunisiens du X^e et XI^e siècle (…), si nous pouvions disposer d’une monographie sur les vicomtes du Béarn… », dans Saint-Sever, millénaire…, p. 21, semble ignorer la situation documentaire de la région avant le milieu du XI^e siècle.

128125. La lettre apostolique, adressée à Centullo comiti, a été publiée par Marca dès 1639, HB, I, 393 (L. 4, c. 12) ; l’édition de référence est celle de E. Caspar, Das Register Gregors VII (Mon. Germ. Hist. Epistolae selectae, I, 2), Berlin-Dublin-Zürich, 1967, p. 431. Nous la reproduisons ici même dans l’Annexe 2.

129126. Il n’est pas indifférent de noter que Centulle n’hésita pas à passer outre la réprobation, pour cause de consanguinité, de l’union projetée entre son fils Gaston et Talèse, notifiée par Urbain II au roi Sancho Ramirez ; cf. C. Laliena, La formacion del estado feudal. Aragon y Navarra en la época de Pedro I, Huesca, 1996, p. 135, note 142.

130127. Marca, HB, II, 397-400 (L. 4, c. 14) : traduction de l’épisode miraculeux de la vie de moniale de Gisla rapportée par Pierre – le– Vénérable ; J. Wollasch, Saint Sever. Millénaire…, p. 21, note 34, qui renvoie au livre, alors sous presse, de E.-M. Wischermann, Marcigny-sur-Loire. Gründungs und Frühgeschischte des ersten Cluniacenserinnpriorates (1055-1150), que nous n’avons pas pu consulter.

131128. Cart. Morlaas, 1 et note 9.

132129. Cart. Lescar, Marca, HB, I, 416 (L. 4, c. 17) : Centullus (…) dimittens legitimam uxorem, matrem Gastonis quam habebat, Bernardum Ep. de posessione sua ejecit violenter, et Pontium Bigorrensem Ep. In possessionem monasterii induxit, tali pacto ut ille concederet illicitas nuptias Bigorrensis comitissae quod B. prohibebat ; quem tamdiu persecuum per assiduam querellam et interdicta quae inde faciebat a toto episcopatu ejecit, et in exilio mortuus et apud Forum Julii est sepultus.

133130. Cart. Dax, 152 ; de façon plus générale C.J. Hefele, Histoire des conciles, V, 1, Paris, 1912, p. 247.

134131. C’est le choix du comte de Fezensac Aimeric-Forton à Auch, Cart. Auch, 77 (1068-1097).

135132. Bidot-Germa, « Le Béarn des premiers Centulle… », p. 21 ; le vicomte possède par ailleurs en Vic-Bilh les trois châteaux de Cadillon, Escurès, Maubec (qui seront donnés en gage lors de l’hommage au roi d’Aragon de 1170), plus déjà certainement le château de Pau qui apparaît dans le cartulaire de Morlaas à la même époque.

136133. Les données documentaires essentielles sont contenues dans le Cartulaire de Morlaas ; elles sont mises en perspective avec les faits archéologiques par Ph. Araguas et alii, Vic-Bilh, Morlaas, Montanérès, Inventaire topographique, Ministère de la Culture, Paris, 1989, p. 488-499.

137134. Initiative symétrique de celle du roi d’Aragon Sancho Ramirez, créateur de l’atelier de Jaca ; G. Schlumberger, A. Blanchet, Numismatique de Béarn, Paris, 1893 (réed. Biarritz, 1998) ; T.N. Bisson, Conservation of coinage. Monetary exploitation an its restraint in France, Catalonia and Aragon, c. 1000-1225AD, Oxford, 1979, part. p. 54-55.

138135. Cf. simplement l’article fondateur d’André Debord, « Les bourgs castraux dans l’Ouest de la France », dans Châteaux et peuplement dans l’Europe occidentale du X^e au XVIII^e siècle, Flaran 1, Auch, 1980, p. 57-73 (rappelons que la majorité de ces bourgs sont fondés entre 1060 et 1070).

139136. H. Débax, « L’aristocratie méridionale autour de 1100 », Les Cahiers de Saint-Michel de Cuxa, XXXVI, 2005, p. 7-20 ; J. Morsel, L’aristocratie médiévale, Paris, 2004, chap. 3.

140137. P. Ourliac, M. Gilles, Fors… : les articles19 et 21 qui appartiennent au noyau primitif du texte du temps de Centulle, visent à donner un coup d’arrêt à la diffusion du pouvoir châtelain (interdiction de bâtir de nouveaux châteaux) et à contenir l’autonomie des seigneuries châtelaines déjà installées (devoir de rendabilité).

141138. Doc. Saint-Pé, 2 (vers 1078) : Centulle évoque le servitium malum lié à son château de Cadillon ; cart. Dax, acte 101 : fondation en 1106 du château et du bourg de Mongiscard pour contrôler le pays d’Orthez.

142139. Nous renvoyons à notre article consacré à la poblation d’Oloron à paraître dans les Actes du colloque d’Oloron de décembre 2006 (sous presse).

143140. El fuero de Jaca. Estudios, Jaca, 2003.

144141. Il s’agissait de récompenser l’évêque de Bigorre pour son soutien lors de son remariage avec Béatrix. Les contestations des évêques de Lescar se prolongent durant tout le premier tiers du XII^e siècle ; bon exposé des faits dans J.-B. Laborde, P. Lorber, Histoire de Béarn…, p. 182-183.

145142. Docs Saint-Pé, 11 : infra terminos episcopatus Lascurriensis (1010-1032).

146143. Ibid., 14 : patet per mensuras villae et consuetudines a Bigorritanis et Bearnensibus mensuris et consuetudinibus differentes. Au lendemain de la bataille de La Castelle, il avait été demandé à Gui-Geoffroi de mesurer les limites entre les deux diocèses en tant que duc de Gascogne (J.-B. Laborde, P. Lorber, Histoire de Béarn…) Dans ce contexte, le coup de force de Centulle résonne comme l’affirmation provocatrice d’un changement de mains du dominium.

147144. Les routes vicomtales décrites par l’article 37 du For Général (Ourliac, Gilles, Fors…, p. 163), dessinent des sortes d’agrafes venant solidariser des composantes territoriales dont l’intégration au Béarn apparaît tout à la fois récente, fragile et stratégiquement essentielle. La route allant du pont de la Faderne à Osserain correspond au pays d’Orthez laborieusement annexé entre la fin du XI^e et la fin du XII^e siècle. Celle qui va de la côte de Laurede au Somport unit le Vic-Bilh et le Montanérès à la vallée d’Aspe ; celle qui va de Génerès à Biusaillet joint le Montanérès à l’Ossau.

148145. Cart. Saint-Mont, 23 : cum Centullione Lescariensi comite, et, en symétrique, ibid., 7, 43 : Bernardus Viernensis episcopus(1079).

149146. J.-F. Baulon, « Le Béarn vers 1100 à travers ses fors : la paix du vicomte et ses limites », Revue de Pau et du Béarn, 23,1996, p. 11-38 ; J.-P. Barraqué, « Béarn et Aragon… » ; D. Bidot-Germa, « Le Béarn des premiers Centulle… ».

150147. P. Ourliac, « La justice et la paix dans les fors de Béarn », Les pays de Garonne vers l’an mil. La société et le droit, Toulouse, 1993, p. 195-206.

151148. P. Ourliac, M. Gilles, Les fors…

152149. Docs Saint-Pé, 5 (1131-1134) : et alii multi barones ipsius terrae et de burgensibus Morlanis…

153150. À propos des prouesses de Gaston-IV, reprises par tous les historiens, est à rappeler le remarquable travail effectué sur les sources par Pierre de Marca : Marca, HB, 2, 34-46 (l. 1, c. 6 et7).

154151. Ce point a justement été souligné par J.-F. Baulon, « Le Béarn vers 1100… ».

155152. Nous ne suivons pas, sur cette question des mottes, l’exploitation qu’en fait R. Mussot-Goulard, Princes…, p. 146-147, qui est une surinterprétation manifeste.

156153. J.-J. Larrea, Le Navarre du IV^e au XII^e siècle. Peuplement et société, Paris-Bruxelles, 1998, part. chap 5 (Le roi et les seniores), et 9 (La crise du vieil ordre politique).

ANNEXE 2

Un problème de chronologie : l’accession de Centulle-le Jeune au titre comtal de Bigorre

157(Je remercie vivement ma collègue et amie Monique Zerner, spécialiste de l’histoire de l’abbaye Saint-Victor de Marseille, de l’auxilium et du consilium qu’elle m’a prodigués pour traiter ce dossier dont, cependant, les possibles errements restent de mon seul fait.)

158La chronologie de l’avènement du vicomte Centulle [V] à la tête de la Bigorre par suite de son mariage avec Béatrix héritière de ce comté donne lieu, sous la plume des historiens, à plusieurs scénarios différents. La raison en est l’incertitude de date qui entache les deux documents principaux sur lesquels repose la connaissance de cette affaire : d’une part la lettre envoyée par Grégoire VII à Centulle lui demandant de se séparer de Gisla, son épouse, en raison d’un degré de parenté prohibé, d’autre part la charte de donation par Centulle de l’église Sainte-Foi de Morlaas à Cluny en réparation de son péché, document dépourvu d’éléments de datation. Deux scénarios s’opposent : un scénario accéléré (tout se passe entre 1078 et 1079), et un autre plus étalé (entre 1074 et 1080).

159Le scénario accéléré est celui proposé dès 1639 par Marca (HB, I, 389, l. 4, chapitres 12, 13 et 17) : 1   Chap. 12 : Lettre de Grégoire VII datée du 5 des ides de mars, indiction II. Curieusement Marca, qui disposait bien évidemment de tables de conversion, rapporte l’événement à l’année 1078 et non à 1079 ; 2   Chap. 13 : Centulle obtempère aussitôt, et, en expiation de son péché, donne à Cluny l’église Sainte-Foi pour y fonder un prieuré (cart. Morlaas, 1) ; 3   Chap. 17 : Centulle épouse Béatrix, héritière du comté de Bigorre « dès avant l’an 1080 » avec l’aide de Pons, évêque de Tarbes. Entre la séparation avec Gisla et le remariage avec Béatrix, Marca intercale trois chapitres sans rapport avec l’affaire. Comme s’il avait cherché à écarter de l’esprit du lecteur l’idée selon laquelle la mainmise sur la Bigorre aurait pu constituer la raison première de la rupture du premier mariage.

160Le scénario long est défendu en 1902 par Jaurgain (Jean de Jaurgain, La Vasconie. Etude historique et critique, Pau, 1898, II, p. 540-544) ; il a été suivi par la plupart des historiens ultérieurs du Béarn, notamment Jean-Baptiste Laborde, Paul Lorber, Histoire de Béarn, t. 1, Pau, 1932, p. 164.

161La lettre pontificale serait en fait datée du 11 mars 1074. En effet, le texte de Marca proviendrait d’une lecture erronée du XI de chiffre romain en II de chiffre arabe. L’indiction XI restituée correspond avec le 5 des ides de mars 1074 sachant que « l’indiction pontificale » inaugurée par Grégoire VII commence au 25 mars (on sait à présent que l’imputation de cette nouveauté à Grégoire est erronée). Pour étayer cette interprétation, Jaurgain s’adosse à une charte de San Juan de la Peña, aujourd’hui disparue, copiée par Marca, datée de 1115 de l’ère et de 1077 de l’incarnation (Marca, HB, I, 426-427), dans laquelle Centulle se présente comme Bigorrensis comes. Cette charte a depuis longtemps été jugée douteuse, à juste titre selon nous (A. Brutails, « Une charte suspecte de Centulle IV », Revue de Béarn, Navarre et Lannes, II, 1884, p. 19-20). Pour Marca seule la datation était erronée, mais Jaurgain juge l’acte dans son ensemble au-dessus de tout soupçon.

162Plus récemment, R. Mussot-Goulard (Les princes de Gascogne, Marsolan, 1982, p. 221), a défendu une variante de ce second scénario en proposant un déroulement des faits dans l’ordre suivant : 1° Répudiation de Gisla en 1073 ; 2° Fondation de Sainte-Foi de Morlaas la même année ; 3° Mariage avec Béatrix en 1079 ; 4° Lettre pontificale (date non discutée) ; 5° Donation de l’abbaye de Saint-Savin à Saint-Victor de Marseille en 1080. Ce scénario est indéfendable en raison de l’indéniable antériorité de la lettre pontificale (qui se réfère explicitement à une situation d’union avec Gisla), et alors que la date de consécration de Grégoire VII est le 27 juin 1073.

163La datation courte nous paraît en définitive la plus plausible en dépit de la bousculade d’événements qu’elle implique et qui la rend a priori douteuse. La supposition d’une erreur de lecture sur la date de l’indiction apparaît comme une pure spéculation si on examine la tradition du texte, qui n’a jamais été prise en considération par les historiens précités. Depuis la publication de référence des lettres de Grégoire VII réalisée par Erich Caspar, on connaît le stemma de ce texte (publié ci-dessous). Le manuscrit de référence, R, est conservé au Vatican dans un registre original du XI^e siècle (Rom. Arch. Vat. Registra Vaticana, t. II). Le texte transcrit par Marca dérive d’une branche dont le plus ancien témoin conservé est un manuscrit de la bibliothèque de Troyes du XII^e siècle, lui-même issu d’un manuscrit intermédiaire perdu, X, copié sur R (cette branche se signale par une variante scias quod absente des autres témoins). Aucun des témoins ne porte de numéro d’indiction autre que II. Et la seule année possible correspondant à l’indiction II est l’année 1079, la lettre étant donc plus précisément datée du 25 février. Le fait que le pape désigne Centulle par le titre de comes alors qu’il n’est encore que vicomte de Béarn est certes troublant, mais cette anticipation peut aussi apparaître comme un lapsus calami révélateur. On sait que les lettres apostoliques constituent des réponses à des sollicitations émanant de personnages haut placés. La formule audivimus de te per tales quidem fidem habemus suggère que cette requête (et donc le lapsus) a pour source Amat son légat. On peut voir par ailleurs ici même que la désignation aberrante du Béarn comme comté et de son titulaire comme comte se retrouve dans les chartes de Moissac.

164Cette datation tardive se trouve du reste mieux en concordance avec le fonctionnement du système des légats, déjà bien rodé (ce qui est difficilement imaginable dès 1074), et surtout avec le passage qu’on peut interpréter comme une allusion aux craintes concernant l’abbé de Saint-Victor, Bernard, qu’on sait par ailleurs en 1079 très malade, non encore rentré à Marseille de sa mission en Espagne (si quidem ad vestras partes poterit pervenire).

165Centulle sitôt marié à Béatrix, a systématiquement revendiqué le titre de comte, surtout quand il agissait à l’extérieur du Béarn. Or, le 20 juin 1079, il souscrit en tant que Centulfus de Biarno un acte du cartulaire de La Sauve Majeure (acte 13), et le 14 octobre 1079 il apparaît dans le cartulaire de Saint-Mont comme comes Centullus (acte 3). Il existe une possibilité pour que le mariage avec Béatrix se situe dans cette fourchette chronologique. La répudiation de Gisla et la donation de Sainte-Foi à Cluny se placeraient entre mars et octobre 1079, tandis que la donation de Saint-Savin à Saint-Victor de Marseille est datée d’avril 1080 (B. Guérard, Cartulaire de l’abbaye de Saint-Victor de Marseille, Paris, 1857, acte 482). Cette succession accélérée d’événements vient manifestement au terme d’une phase de préparation soigneusement mûrie impliquant une collaboration étroite, pour ne pas dire une étroite complicité, entre Centulle et Amat – complicité précisément attestée par le cartulaire de Dax (acte 152).

Texte de la lettre de Grégoire VII à Centulle de Béarn

166Ed. E. Caspar, Das Register Gregors VII (Mon. Germ. Hist. Epistolae selectae, I, 2), Berlin-Dublin-Zürich, 1967, p. 431-432.

167Gregorius episcopus servus servorum Dei Centullo comiti, salutem et apostolicam benedictionem.

168Audivimus de te per tales, quidem fidem habemus, ea, quae christianum principem bonis omnibus debeant commendare, quia sis videlicet amator justiciae, defensor pauperum et propagator pacis. Unde te in dilectionem et gratiam, sicut filium ecclesiae Romanae suscipimus et, ut in bonis ceptis de die in diem proficere studeas, ammonemus. Tamen reprehensibile quiddam in te esse cognovimus, quia scilicet consanguineam tuam habes uxorem. Et inde nimis cavendum tibi est, ne ex occasione culpae istius, caetera quaecunque agis bona dispereant. Age ergo et secundum consilium Amati episcopi Elorensis et Bernardi Massiliensis1 abbatis, si quidem ad vestras partes poterit pervenire, praedictum reatum emendare et penitentiam inde agere stude, ne pro hoc animam tuam perdas et nobilem feminam, quae sub tutela tua est commissa, confundas. Ante omnia ecclesiam Dei venerari semper et honorare atque defendere stude et episcopis quasi patribus tuis reverentiam et obedientiam exhibe2, sciasque3 pro hoc te et in hoc seculo maiorem gloriam et in futuro vitam promereri perpetuam. Si facultas tibi esset veniendi ad nos, desideramus te videre ac plenius de animae tuae salute instruere4. Data5 Romae V. kalendas martii, Indictione II.

ANNEXE 3 : LE BÉARN VERS 1100. CARTE COMMENTÉE

169Cette carte, instrument de repérage des localités citées dans le texte, a l’ambition de proposer une représentation spatiale de ce qui faisait « l’actualité autour de 1100 » au témoignage des sources écrites connues de nous : pour parler de façon moins anachronique, de ce qui constituait un enjeu aux yeux des détenteurs du pouvoir. Les difficultés de cette entreprise et les choix qu’elle impliquait nous ont paru justifier un commentaire d’accompagnement.

170Le contour en tiretés gras donne la configuration définitive du Béarn, autrement dit telle qu’on la cartographiera sous l’Ancien Régime. On peut observer que les modifications intervenues au cours du XI^e siècle ont contribué de façon décisive à s’en approcher. La conséquence en est que les limites du pouvoir vicomtal cessent de coïncider avec celles du pagus de la cité antique de Beneharnum dont Lescar est l’héritière. En 1100 le Béarn n’est plus dans Beneharnum.

171Le diocèse de Lescar, que l’on postule être l’héritier de la cité antique, a été représenté en beige. On présume aussi que c’est le ressort sur lequel s’étendaient originellement les prérogatives des vicomtes de Béarn. A vrai dire, leur pouvoir effectif s’y exerce inégalement, mais nous avons renoncé, faute de matériaux suffisants, à proposer une représentation plus nuancée de l’espace de domination. C’est sans aucun doute possible le Vic-Bilh, appellation attestée dès le XI^e siècle pour désigner la partie nord-est du diocèse de Lescar (Vicus Vetulus), qui correspond au territoire de puissance originel des Centulle. Cette dynastie y possède un ensemble compact de biens patrimoniaux (et, corollairement, l’emprise des seigneuries y restera durablement plus distendue). Apparaît notamment dans un texte du XI^e siècle l’importante place de marché d’Escurès (Lembeye), que des sources postérieures décrivent comme le centre de rassemblement traditionnel des assemblées judiciaires, à l’ombre d’un chêne. C’est à peu de distance de cet ancien haut lieu que les Centulle ont choisi d’implanter le siège majeur de leur nouveau pouvoir, alors même que leurs expéditions militaires les appelaient plus souvent du côté de la Soule ou de l’Aragon. A l’ombre du château de La Hourquie, le bourg castral de Morlaas – une ville neuve – et son atelier monétaire connaissent ainsi autour de 1100 une spectaculaire croissance que le cartulaire du prieuré clunisien Sainte-Foi permet de restituer avec une précision inaccoutumée. Puissamment appuyé sur Morlaas, le vicomte Gaston-le Croisé peut se permettre de donner des leçons réformatrices à l’évêque de Lescar Sanche, en lui imposant notamment la création d’un chapitre canonial (1101).

172Nous avons quelque peu hésité à porter sur la carte la mention Vicomté d’Oloron. En effet après la disparition de Centulle-le Jeune (1090), les vicomtes de Béarn ont cessé d’ajouter à leur titulature « vicomte d’Oloron », une double titulature en usage depuis l’annexion de la vicomté d’Oloron au commencement du XI^e siècle. Mais nous avons estimé que, vers 1100, le souvenir de l’ancienne entité féodale devait rester vivant, même si ses habitants sont alors considérés par la chancellerie comme faisant partie de la terre de Béarn (notamment dans le For Général). En supputant que cette vicomté était co-extensive avec le diocèse d’Oloron dont l’étendue, pour cette époque, est elle-même supposée identique à celle des siècles postérieurs, nous avons simplement repris de nos prédécesseurs une commodité un peu paresseuse. Une patiente enquête reste à engager pour tenter de restituer avec plus de rigueur cette ancienne géographie religieuse. Le fait de ne pas figurer des limites linéaires est donc un choix délibéré. Dans le demi-siècle qui chevauche 1100, Oloron est une localité en plein chantier et en pleine croissance, le symétrique de Morlaas. Une cité bipolaire, avec la poblation vicomtale sur l’ancien oppidum, et la nouvelle cathédrale Sainte-Marie en construction sur l’ancienne agglomération gallo-romaine. En amont, les hautes vallées de Barétous, Aspe et Ossau, jouissent d’un degré d’autonomie qu’entérine la concession de fors particuliers. Un monde paradoxal en vérité. Car ces sociétés, largement auto-organisées, sont dominées par une aristocratie qu’on trouve active auprès des Centulle, et leur territoire est traversé par les routes qui conduisent vers la Péninsule Ibérique drainant un flot cosmopolite de pèlerins, de marchands et de guerriers. Vers l’aval du gave, le cartulaire de Lucq nous éclaire sur la « Rivière de Navarrenx », une entité fortement seigneurialisée, mais dans laquelle la place de Navarrenx est attestée comme un point fort du dispositif stratégique des Centulle face à la Soule.

173Les hachures jaunes qui recouvrent la vicomté de Soule, indiquent la fragile situation de vassalité de cette entité, obtenue par les Centulle (1086), après près d’un demi-siècle d’efforts guerriers. Cette situation prend fin dès 1106.

174Tout aussi incertaine apparaît, vers 1100, la situation du pays d’Orthez, territoire ressortissant au diocèse de Dax que le vicomte de Béarn dispute depuis un demi-siècle aux vicomtes de Dax avec des aléas divers. C’est aussi le seul secteur où l’on voit, dans la seconde moitié du XI^e siècle, la cour ducale se saisir d’affaires concernant le vicomte de Béarn (à propos du village de Carresse, proche de Salies). Des siècles durant, ce secteur restera une frontière aux limites particulièrement complexes propice à bien des conflits. L’abbaye de Sorde, en pays d’0rthe voisin, y est possessionnée, ce qui permet de bénéficier de l’éclairage de quelques actes de son cartulaire. A la charnière des XI^e et XII^e siècles, Gaston-le Croisé s’est provisoirement rendu maître du pays d’Orthez (il faudra encore près d’un siècle avant que cette localité ne devienne définitivement béarnaise – 1193). Le contrôle du gisement de sel gemme de Salies paraît constituer un enjeu important, de même que celui du tronçon de la voie jacobite de Bourgogne. En 1106, pour mieux tenir cette fragile conquête, Gaston IV érige tout près d’Orthez, à Mongiscard – référence manifeste à la récente Croisade – un château sur motte flanqué d’une église qu’il confie à son baron Olivier. Le bourg subordonné implanté alors au pied de la motte – bourg castral virtuel – fut un échec ; sans doute fut-il délaissé au profit de la place d’Orthez, dès que celle-ci fut solidement tenue.

175Les limites nord du Béarn correspondent à une animation géopolitique différente. Alors que les pays de Chalosse et de Tursan correspondent à un espace de pouvoirs régaliens mal assurés, les Centulle ne paraissent y avoir mis en œuvre aucune visée expansionniste. Du coup, à la charnière du Béarn et des Landes a vu le jour une guirlande de seigneuries organisées autour d’un château, dont les titulaires respectifs se trouvent parés autour de 1100 dans les textes du titre de vicomtes : Sault, Louvigny, Miramont. Leur autonomie est infime, et ils se trouvent dans l’orbite des Centulle (ultérieurement, les contours de cette frontière demeureront longtemps incertains ; Sault et Louvigny finiront par être annexés au Béarn, Miramont demeurant en terre landaise). La seigneurie-frontière de Corneillan, qui elle est dans l’orbite des comtes d’Armagnac, ressortit exactement à la même logique. Pour toutes ces entités vicomtales de seconde génération, nous avons jugé préférable d’inscrire sur la carte la présence de vicomtes plutôt que celle de vicomtés. A noter que prieuré clunisien de Saint-Mont, fondé en 1050 en terre d’Armagnac, mais qui intéresse largement le territoire du Béarn, constitue grâce à son cartulaire la plus riche source de l’histoire de cette région pour les années proches de 1100.

176Vers 1100, la vicomté de Montaner, qui ressortit au diocèse de Tarbes, est la dernière extension territoriale en date des vicomtes béarnais. Là encore se crée une situation frontalière complexe, puisque deux enclaves, au sein de la vicomté annexée, continueront à dépendre du comté de Bigorre (et de nos jours du département des Hautes-Pyrénées). A l’inverse, Centulle-le Jeune avait cédé en 1080 à l’évêque de Tarbes le territoire béarnais correspondant à l’abbaye de Saint-Pé de Génerès. Mais en 1100, les évêques de Lescar ne se sont pas encore résignés à l’amputation de leur diocèse.

177La vicomté de Lavedan, en Bigorre, a interféré avec la politique des Centulle dès avant que ceux-ci n’accèdent au titre de comtes de Bigorre. En effet, cette dynastie est apparentée à celle des vicomtes de Soule dont on connaît les démêlés avec les Béarnais. En 1058 le vicomte de Soule Raimond-Guillaume, dit Salamace, craignant les représailles consécutives à la mort de Centulle-le Vieux dont il était tenu pour responsable, fut obligé de négocier avec l’évêque d’Oloron la possibilité de traverser en sûreté le territoire béarnais pour se rendre en Lavedan où il avait la « maxima pars » de son honneur (Cart. Dax, 152). On se trouve en présence d’un intéressant cas de contradiction entre une organisation des pouvoirs en réseaux familiaux spatialement éclatés, sur le mode post-carolingien, et la territorialisation du pouvoir autour d’un lignage qui a prévalu dans le Béarn des Centulle.

178La cartographie des routes ne suscite pas d’état d’âme. De toute évidence, les grands itinéraires jacobites qui convergent vers le Béarn, même s’il ne sont documentés qu’à partir du premier tiers du XII^e siècle, sont déjà en place. Il n’en va pas de même pour la cartographie des châteaux. En liant fortement, dans notre contribution, les nouvelles vicomtés apparues au XI^e siècle à l’existence de châteaux nous pensons avoir raisonné selon un principe de vraisemblance maximale, bien que les vestiges archéologiques correspondants soient souvent en l’état actuel indatables et que les sources n’en mentionnent l’existence que postérieurement. Il existe là malgré tout un risque de surinterprétation que nous ne nions pas. Etait-on pour autant en droit de supposer que la multitude des mottes féodales observables sur le terrain correspondaient à des forteresses en activité en 1100 ? Si oui, avec quel statut vis-à-vis du vicomte ? Si non, où et comment placer une ligne de partage ? Pour ces raisons, nous nous sommes abstenu de figurer les forteresses autres que celles qui sont textuellement attestées. L’autre option relevait d’un exercice intellectuel et cartographique d’une autre nature.

ANNEXE n^o 4 : LE DENIER DE MORLAÀS (FIN XI^e -DÉBUT XII^e SIÈCLE)

179Denier de Morlaas
Diamètre : 19 mm
Poids : 1,15g Droit : CENTVLLO COM.
Croix cantonnée d’un besant.

180Revers : + ONOR FORCAS
PAX dans le champ d’après Catalogue de vente Gérard Barré, Saint-Malo (décembre 1981)