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Vicomtes et vicomtés

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Hélène Débax

Les Murat, « dits vicomtes » et vicomtes

Jean-Luc Boudartchouk

Texte intégral

1Murat, dans le sud de l’Auvergne, est situé dans la haute vallée de l’Allagnon, sur la rive droite de la rivière, à 890 m d’altitude, au pied du massif du Cantal qui culmine à 1 858 m. La ville de Murat est dominée de façon spectaculaire par un neck basaltique escarpé, le rocher de Bonnevie ; à son sommet se trouvait autrefois la forteresse des vicomtes de Murat. Ces vicomtes éponymes, mentionnés dès la fin du XIe siècle, ont été une des principales familles féodales des montagnes de l’Auvergne méridionale ; pourtant leur histoire, antérieurement à la fin du Moyen Âge, est peu connue.

  • * Voir dans les annexes les figures 1 et 2.
  • 1 L’histoire des hautes terres de la Santoire et de l’Allagnon durant le XIe siècle est mal connue. (...)

2La région de Murat occupe une position stratégique : elle contrôle l’accès et le franchissement du massif du Cantal par la vallée de l’Allagnon. Le paysage y est marqué de manière saisissante par trois rochers, des necks basaltiques alignés le long d’une faille : Bonnevie – le bien nommé –, Chastel-sur-Murat et, sur l’autre rive, Bredons*. Chacun de ces rochers, bien en vue l’un de l’autre, a constitué l’assise d’une puissance féodale. Ce terroir est occupé, de manière assez dense, depuis la préhistoire récente ; les recherches archéologiques de Jean Pagès-Allary au début du XXe siècle ont permis de mettre en évidence plusieurs points de peuplement durant l’Antiquité, l’Antiquité tardive et le haut Moyen Âge ; c’est donc, comme l’on pouvait s’y attendre, d’un substrat ancien que surgissent, au XIe siècle, les « dits vicomtes » de Murat1.

L’ÉMERGENCE DES MURAT

L’apparition des Murat dans les textes : la charte de Bredons (1059-début 1066)2

  • 2 1066 est le terminus post quem non. En effet la donation de l’église de Virargues à Moissac par un (...)

3Le dossier textuel (2 documents) compose l’annexe no 1.

  • 3 Nuance qui n’avait pas échappé à Gustave Saige, Comte Edouard de Dienne, Documents historiques rel (...)

4Le premier texte, daté entre 1059 et le début de l’année 1066, a pour personnage central Wilelmus de Murato Castello Vicecomes nominatus que l’on peut rendre par « Guillaume de Murato Castello, appelé Vicomte3 ». C’est logiquement le premier des signataires, sous une identité abrégée : Willelmi vicecomitis. Ce Guillaume cède tous ses droits sur Bredons devenu clunisien, en interdisant toutefois de fortifier le lieu ; ou plutôt de le remettre en défense. Guillaume y possédait autrefois en effet une fortification. Dans le second texte, une notice du XIIe siècle, Willelmus vice comes de murat est cité juste après Robert comes auernensis et avant Bernard Henri (seigneur de Bredons), Amblard comtor de Nonette, Amblard de Brezons son parent, Robert de Chastel. Ce vice comes prend donc rang entre un comes et un comtor. Mais il s’agit d’un document bien postérieur. Dès lors si l’on se limite au texte de 1059-1066, on sait peu de choses : Willelmus a trois parents décédés, son père Girbert, sa mère et son frère Pierre, qui ne sont pas qualifiés de vicomtes.

  • 4 Boudet, Cartulaire du Prieuré de Saint-Flour…, charte VI, p. 17, Inventoria capituli sancti Flori.

5Aucun texte antérieur, à notre connaissance, ne permet de faire la lumière sur l’ascendance de Guillaume. La mention dans les années 1030 de « omnes homines de Murat », vassaux des Brezons pour des terres d’Indiciac (Saint-Flour) et convoqués par eux n’incite guère à leur donner rang vicomtal4. D’où donc peuvent être issus ces Murat ?

Aux origines des Murat…

Les Carlat ?

  • 5 Girbertus (IV) (ca. 1020-1048), vicecomes, fils de Bernard de Carlat et d’Ermengarde, châtelain de (...)
  • 6 Girbertus (III) (cité en 997-1004), fils de Bernard de Carlat et d’Agnès, Domnus Rector, châtelain (...)
  • 7 Jean-Baptiste Bouillet, Nobiliaire d’Auvergne, Clermont-Ferrand, 1846 à 1853 ; M. Deribier-du-Chât (...)
  • 8 Saige et Dienne, Documents historiques…, t. II, p. LXVI sq.
  • 9 Les Dienne n’apparaissent dans les textes qu’en 1095, où Léon de Dienne prend la croix après le co (...)

6On a voulu faire du Girbert de la charte de Bredons (nom très répandu en Auvergne méridionale et ses marges) un membre de la grande famille des Carlat. On connaît en effet plusieurs Girbert dans cette famille et en particulier un vicomte nommé Girbertus (IV)5. Ce dernier, ainsi que son épouse Nobilia de Lodève n’est connu que par un texte de 1048, extrait du cartulaire de Saint-Guilhem-le-Désert. Mais rien n’autorise à établir un quelconque lien entre ce Girbert de Carlat et son homonyme, le Girbert père de Guillaume de Murat. À la génération précédente des Carlat, on trouve un autre Girbertus (III), fils d’Agnès, seigneur pour partie de Mels6. Bouillet et P. de Chazelles7 avaient conjecturé que la famille de Murat ait pu être une branche issue de la famille de Carlat et dotée par elle ; Girbert de Murat aurait ainsi été le neveu de Girbert de Carlat, ou un fils de Giraud de Carlat. Cette théorie fut reprise avec prudence par G. Saige8 qui imaginait pourtant un « grand carladez » primitif, ayant englobé le territoire des vicomtés de Carlat, de Murat et la seigneurie de Dienne9. Or, comme l’avait pourtant concédé G. Saige, l’hommage de 1150 prêté par les vicomtes de Murat aux Barcelonais (cf. infra) montre bien qu’il n’existe pas encore de lien, à cette époque, entre les deux territoires. Ni les généalogies assurées, ni l’approche territoriale régressive ne permettent donc de lier les deux familles. Au titre de simple hypothèse, on peut imaginer que Guillaume de Murat soit le fils illégitime d’un Girbert de Carlat (Girbertus III, châtelain pour partie de Mels ?), mais tout ceci n’est guère concluant. Il est toutefois possible, concernant l’origine des Murat, de proposer une solution alternative.

… ou les Chastel ?

  • 10 Boudartchouk, Le Carladez… Chastel-sur-Murat ; Boudartchouk, « Jean Pagès-Allary et les travaux de (...)
  • 11 Bouillet, Nobiliaire d’Auvergne… s.v. Chastel ; Ambroise Tardieu, Dictionnaire des anciennes famil (...)

7Le curieux anthroponyme de Guillaume, de Murato Castello, qui ne réapparaît plus par la suite, nous a conduit à émettre cette hypothèse. Il existe en effet une famille de Castello, attestée dès 1061-1062, installée sur le castellum du haut Moyen Âge du Roc de Chastel-sur-Murat10. Cette famille de haut rang, qui disparaît de la documentation peu après l’apparition des Murat, possède des biens dans la région de Murat et loin vers l’Est en Planèze ; le nom de Guillaume est attesté chez les Chastel au XIe siècle. Ultérieurement, l’ancienne châtellenie de Chastel est intégrée à la vicomté de Murat. On connaît dans les deux familles des Pétronille et, à la fin du Moyen Âge, certains des derniers représentants de la famille de Castello (qui ne résident plus à Chastel) portent des noms caractéristiques des Murat (Guillaume, Pierre)11. Il y a donc tout lieu de penser que les Murat ont su rapidement capter l’essentiel de l’héritage des Chastel, captation qui aurait pu être facilitée par un lien familial.

L’assise territoriale des Murat à l’époque de Guillaume

  • 12 Michel Rouche, « Un cas de double seigneurie : Albepierre - Bredons », dans Seigneurs et seigneuri (...)
  • 13 Saige et Dienne, Documents historiques relatifs à la vicomté de Carlat…, vol. I, p. 49, no XXXIV, (...)
  • 14 Le château est décrit dans un unique document comme « fort et imprenable chasteau et forteresse si (...)
  • 15 Bouillet, Nobiliaire d’Auvergne…, s.v. Murat.
  • 16 P. de Chazelles, Dictionnaire statistique…, t. IV, p. 398.

8On peut déduire de la charte de Bredons que les Murat étaient alors en possession de leur forteresse éponyme sise sur l’actuel rocher de Bonnevie et, vraisemblablement, d’une autre forteresse à Bredons ou en tout cas de droits sur le rocher de Bredons qui supporte l’église12. Le spectaculaire rocher de Bonnevie était appelé, en 1266 en 1279 et en 1285, lors de circonstances particulièrement solennelles, « castrum de Murat lo vescomtal13 ». Ce qualificatif tend à montrer que « vicomte » est perçu comme un nom – voire ici un toponyme – plutôt que comme un titre. Le sommet du neck basaltique est couronné de terrasses qui devaient supporter les bâtiments du château, rasé en 1633-163414. Si l’on en croit Bouillet, qui ne cite malheureusement pas de sources, Guillaume de Murat, en 1095, « avant de partir pour la Terre-Sainte, fit un hommage de dévotion [sic] de son alleu de Chaylar à Notre-Dame de Clermont15 ». P. de Chazelles offre une version légèrement divergente : « Guillaume soumit le château du Chaylar et les droits qu’il avait sur Indiciac [Saint-Flour] à Notre-Dame de Clermont, pour les tenir en fief de l’évêque16

9En résumé, les Murat, en cette fin du XIe siècle, paraissent s’être émancipés des Brezons et détenir au moins trois forteresses qui ont pour dénominateur commun de dominer le cours de l’Allagnon.

10L’annexe 2 présente les repères généalogiques sur neuf générations.

LE XIIE SIÈCLE : DES « DITS VICOMTES » À LA VICOMTÉ

  • 17 Cart. De Moissac, XIIe siècle, Arch. départ. Tarn-et-Garonne, G 569 II, fol. 15v. Edition Müssigbr (...)

11Un document de Moissac datant du XIIe siècle mentionne, au sujet des possessions auvergnates de l’abbaye les honores […] vicecomes de Murato17 : les Murat ont bien rang de vicomtes.

Le vicomte Pierre I et l’hommage aux Raymond-Bérenger

  • 18 Jérôme Belmon, « Une seigneurie châtelaine en Gévaudan aux XIe et XIIe s. : la terre et le lignage (...)
  • 19 R. d’Abadal, « À propos de la “domination” de la maison de Barcelone sur le Midi français », Annal (...)
  • 20 Saige et Dienne, Documents historiques…, I-XVI no 21 et LXVIII-LXIX.
  • 21 Bouillet, Nobiliaire d’Auvergne…, s.v. Murat.
  • 22 Clermont-Ferrand ; Bibliothèque municipale, ms. 660. Mémoire sur la généalogie des anciens vicomte (...)

12En 1150, la même année que les Peyre du Gévaudan18, les Murat entrent dans la mouvance directe des Raymond-Bérenger dont ils constituent sans doute les vassaux les plus septentrionaux19 ; à cette occasion, l’on peut entrevoir l’assise territoriale des Murat dans son ensemble. L’hommage des Murat, s’il est incontestable, n’est connu que par des vidimus ou des notices abrégées20 : « donation fache per un nommat P. vescomte a Reymond Berenguier, comte de Barcelone et prince d’Aragon et a Raymond Berenguier, son nebot, dels castels de Murat, de Vigourou et de Feydol ». L’autre leçon donne « donation faite par Pierre, vicomte de Murat à Raymond Béranger comte de Barcelone et à son neveu Raymond Béranger du château de Murat, de Vigouroux, de Faydol et Amels, en date de l’an mil cent cinquante ». Un autre texte, référencé « Bibliothèque nationale, titres d’Armagnac, vol. 66 » est mis à contribution par Bouillet21 qui écrit : « Au mois d’octobre 1150, Pierre Ier, vicomte de Murat, remit son château de Murat et ses autres domaines patrimoniaux entre les mains de Raymond-Bérenger, deuxième du nom, comte de Provence et vicomte de Carlat ; et par la même charte, ce comte en investit de nouveau le vicomte de Murat, à la charge de les tenir de lui à foi et hommage. » Le « manuscrit Teillard » indique « Pierre, deuxième du nom, Vicomte de Murat, soumit environ l’an 1150 les châteaux et terres de Murat, de Vigouroux et de Feydolles à Raimond Bérenger dit “le Vieux” comte de Barcelone et à Raymond Bérenger son neveu Comte de Provence et vicomte de Carlat pour le tenir de lui en fief22 ». Enfin une quatrième analyse paraît avoir inspiré le commentaire de Paul de Chazelles : « 1150. Pierre II donna sa vicomté de Murat à Raymond Bérenger dit “le Jeune”, sous la condition de la reprendre de ses mains et de la tenir seulement en foi et hommage. C’est à cette époque que l’on fait remonter l’hommage et fief que les vicomtes de Murat devaient à ceux de Carlat. Pierre avait compris dans cette donation les châteaux de Vigouroux (Aldefrida), de Feydit, les forêts du Lioran et du Siniq. »

  • 23 P. de Chazelles, Dictionnaire statistique…, t. IV, p. 399.

13Il s’agit de la procédure du fief de reprise ; pour autant, il est possible que l’hommage de 1150 ne soit qu’un renouvellement : pour P. de Chazelles, Pierre, vicomte de Murat, n’aurait fait qu’« exécuter un traité passé avec Bérenger le Vieux [= Ramon Berenguer IV] en 1140 ». Richard de Rodez aurait d’ailleurs acheté la forêt du Siniq à Ramon Berenguer en 1147. Puis le vicomte de Murat l’aurait rachetée en 115023. Ces affirmations ne reposent toutefois sur aucun texte original connu de nous.

De Barcelone à Rodez : les Murat et leur suzerain devenu mitoyen…

  • 24 Boudartchouk, Le Carladez de l’Antiquité au XIIIe s…, vol. 5-6.
  • 25 P. de Chazelles, Dictionnaire statistique…, t. IV, p. 398.
  • 26 Bouillet, Nobiliaire d’Auvergne…, s.v. Murat.
  • 27 Saige et Dienne, Documents historiques…, II-CXIV. Pierre se qualifiait en 1240 de « vicomte de Mur (...)
  • 28 Saige et Dienne, Documents historiques…, I, p. 10 sq. Le vicomte Pierre IV est cité à plusieurs re (...)
  • 29 Analyse du document par P. de Chazelles, Dictionnaire statistique…, t. IV, p. p. 401 sq. ; Saige e (...)

14Quoi qu’il en soit et comme le notait déjà l’abbé Teillard, « depuis ce temps là [les vicomtes de Carlat] ont prétendu le fief et hommage du vicomte de Murat, ce qui a donné lieu autrefois à plusieurs guerres entre ces seigneurs et à plusieurs transactions par la suite ». Sans doute enthousiastes pour adhérer à une aussi lointaine suzeraineté, les Murat le furent beaucoup moins lorsque la vicomté de Carlat échut en totalité aux Rodez et qu’Alphonse d’Aragon céda sans doute également ses droits sur la vicomté de Murat à leur profit, en 116724. Ce fut le début d’un conflit endémique entre Murat et Carlat, les premiers, si l’on en croit les « mémoires de Plougoul, notaire » n’ayant pas froid aux yeux : ils prétendaient que les Rodez étaient leurs vassaux à cause des terres de Dienne et de Combrelles25. Pourtant, dans un premier temps, les Murat sont demeurés bon gré mal gré dans la mouvance des Rodez. Ainsi, en 1196, on voit un Murat, « Guillaume, vicomte de Murat, chevalier », signer une transaction entre l’évêque Hugues de Rodez et le comte de Rodez du même nom26. De même le 1er octobre 1239, au traité du château de Rodelle, Hugues IV de Rodez est entouré d’Astorg d’Aurillac et du vicomte Pierre (III) de Murat27. Plus tard, dans le conflit « légitimiste » qui oppose vers 1250 la maison de Rodez et les Cartlat (sic) de Turlande (ces derniers et leurs amis revendiquent rien moins que la forteresse de Carlat !), le vicomte de Murat Pierre (III) est le premier témoin de Henri de Rodez dans la compromissio conclue le 12 aout 1252 à Turlande :… et hoc pro domino comite predicto dominus P. vicecomes de Murato28… Il existe pourtant un contentieux entre les Murat et les Rodez, qui apparaît en 1263, dans la première charte de franchises de Murat octroyée par ses vicomtes. Pierre (IV) de Murat qui revendique l’initiative du projet, stipule que « dans le cas où il n’aurait pas le droit d’accorder cette charte de franchise, il s’engage à la faire ratifier et sceller par le comte de Rodez, et il ajoute qu’il ne pourra y être contraint qu’après qu’il aura fait la paix avec lui29 ». C’est la preuve d’un différend d’ordre féodal, mais qui n’est pas forcément lié à une contestation radicale de la vassalité de Murat.

  • 30 Saige et Dienne, Documents historiques…, t. I-111.
  • 31 Peut-être un membre de la branche cadette des Murat dont la tige serait Amblard de Murat, frère du (...)

15D’ailleurs en 1273, Marqueza uxor quondam Petri vicecomitis de Murato, materque Guillelmi, vicecomitis de Murato, rendait hommage à Carlat des châtellenies de Murat (castrum de Murato), Vigouroux, Albepierre et La Bastide – c’est-à-dire l’essentiel de la vicomté30. Le texte, établi in castro de Vigoro, in ecclesia Sancti Laurencii précise : « Guillelmum, vicecomitem [de Murato] tenere et tenere debere, et eorum antecessores tennisse et tenere debuisse a dicto domino Henrico, ut a domino, et ejus antecessoribus, in feudum, castrum de Murato […]. Recognivit etiam et confessa fuit quod antecessores predictorum liberorum tenebant et tenere debebant a dicto domino Haenrico et ejus antecessoribus, castra et villas et montaneas predictas, cum districtu, honore, pertinenciis et mandamento eorumdem. » L’accent est donc mis sur l’ancienneté et la régularité du lien vassalique, qui n’est pas contesté. Le premier signataire de l’acte est un certain dominus Austorguius, dictus lo Vescoms, qui est dit paterni dictorum liberorum31.

VERS L’AUTONOMIE DE LA VICOMTÉ

Le rôle du vicomte Guillaume III

  • 32 BnF, nouv. acq. Fr. 7455, fol. 198 r  -209 r°. Confirmation par Charles V de lettres de Bégon, vic (...)

16Guillaume, devenu majeur, ratifia en 1283 les privilèges de la ville de Murat accordés par son père Pierre ; au gré des documents, il est qualifié de Guillelmus, vicecomes Murati, miles, dominus Guillelmus vicecomes, dominum Guilelmum, vicecomitem de Murato, Guillelmus vicecomes Murati, domicellus, nobilis vir Guillelmus vicecomes de Murato. Sa femme, Eléonore de Calmont, porte le titre de (sic) nobilissimus domine Helionore de Calmonte vice comitisse Murati32.

  • 33 Saige et Dienne, Documents historiques…, II-CXXXVIII, t. II, CXL sq. ; idem, t. I, 189 à 198. Trai (...)
  • 34 P. de Chazelles, dans l’analyse qu’il fait du même texte ajoute une clause que nous n’avons pas re (...)
  • 35 Saige et Dienne, Documents historiques…, t. II-CXLI.

17Mais un différend a persisté, jusqu’au traité de juin 1285 entre le comte de Rodez, vicomte de Carlat, et le vicomte de Murat33. Ce dernier est qualifié de Nobilis vir Guillelmus vicecomes de Murato. Guillaume reconnaît par ce traité tenir en fief de Carlat les châteaux de Murat, Vigouroux, Albepierre et La Bastide, c’est-à-dire le cœur historique de la vicomté de Murat. Les Rodez, en tant que successeurs des rois d’Aragon, y obtiennent un renouvellement du serment de vassalité des Murat pour l’ensemble de leur vicomté ; de même, les droits directs du Carladez sur les châteaux de Murat (castrum de Murato lo Vescomtal), Vigouroux, Albepierre et La Bastide sont confirmés. Les seigneuries de Dienne et Combrelles de Laveissières, mouvantes du Carladez, ne sont pas contestées par Murat34. En revanche, les autres seigneuries de la vicomté sont déclarées en hommage au roi, à l’évêque de Clermont et à la châtellenie de Mercoeur35. Surtout, la maison de Rodez ne pourra plus à l’avenir recevoir d’inféodations dans le territoire de la vicomté de Murat, et Carlat abandonne à Murat – sous réserve d’hommage – toutes les terres situées entre les cours d’eau du Brezons et du Siniq, et même au-delà, y compris la châtellenie de Valcaylès : soit un grand territoire à cheval sur l’Auvergne et le Rouergue.

  • 36 Ibid., t. II-CXXXIX.

18À l’issue de ce traité, les vicomtes de Murat, alliés du pouvoir royal en pleine expansion, sont en position de force. Comme le remarquaient Saige et Dienne, « [on comprend que] Henri II [de Rodez] ait trouvé intérêt à fixer, même au prix de modifications sur ses droits seigneuriaux sur quelques parties de son territoire, une suzeraineté contestée36 ». Les armoiries des Murat, présentées en annexe 3, rendent peut-être compte à leur manière de ce conflit.

La révolte de Bégon de Murat et l’apogée de la vicomté

  • 37 BnF, Fr. 5969, fol. 143-160.
  • 38 BnF, nouv. acq. Fr. 7455, fol. 198 r  -209 r  . Confirmation par Charles V de lettres de Bégon, vi (...)
  • 39 Saige et Dienne, Documents historiques…, t. I. 256. Mais l’acte n’est connu que par une mauvaise c (...)
  • 40 Boudet, Cartulaire du Prieuré de Saint-Flour…, CC-CCI.
  • 41 Attendu que le vicomte dut concéder … non essemus capti per Sarracenos seu per guerram inimicorum (...)
  • 42 Saige et Dienne, Documents historiques…, t. II, CCXII.
  • 43 Pour autant, le problème de la vassalité de Murat fut considéré comme définitivement résolu : « It (...)

19Le fils de Guillaume III, Bégon, est appelé dans la documentation Bego vicecomes, Begone vicecomiti domicello, Bego vicecomes Murati, Bego, vicecomes de Murato, domicellus37, ou même Bego vicecomes et dominus Murati dans la confirmation de la charte de privilèges de Murat en 132038. Il n’est curieusement pas qualifié de vicomte en 1329 lorsqu’il est témoin du règlement d’un conflit entre les Turlande et les Pierrefort voisins : Begonis de Murato et aliorum39. Bégon refusa de rendre fief aux vicomtes de Carlat comme de leur faire ratifier les privilèges de la ville de Murat ; il prétendait que sa vicomté ne relevait d’aucun seigneur. Un conflit armé s’ensuivit, accompagné d’exactions des Murat à l’encontre de Bredons et du meurtre d’un bailli royal par les frères naturels de Bégon, Pierre et Astorg de Murat40. Le château de Murat fut finalement investi et le vicomte arrêté. Bégon tenta sans succès de faire supporter le coût financier de ses déboires à la communauté de Murat41, mais réussit toutefois à échapper à la ratification des privilèges de la ville de Murat par Carlat. Bien qu’ayant fait aveu de sa vicomté en 1331 à Jeanne, comtesse d’Auvergne42, Bégon finit toutefois par rendre hommage à Carlat, en 1351. Selon l’analyse de P. de Chazelles, reprise du ms. Teillard, « il reconnut tenir en fief, relevant de Carlat, sa vicomté de Murat, ses membres et ses dépendances. Il reçut, en indemnité, du sieur de Pons [vicomte de Carlat] plusieurs fiefs et hommages ». À l’issue du conflit, la vicomté de Murat, au prix d’une reconnaissance somme toute très formelle, s’est notablement agrandie vers l’est43.

  • 44 Idem, t. II CXXXVI-CXLII, CCXVIII. Guillaume (IV) se qualifie de Guillelmus vicecomes, dominus de M (...)

20Mais peu après, la guerre de Cent Ans ravage la région et les Murat se battent d’abord au côté du parti du Roi de France. La mort de Bégon, marié à Blayde de Caylus, sans enfant mâle, en 1359, permit à Guillaume de Cardaillac, qui avait épousé en 1329 la seule fille de Bégon, de s’emparer de la vicomté au grand dam des neveux de Bégon, fils de Guillaume (IV) de Murat44. Les intelligences de Guillaume de Cardaillac avec le parti anglais plongèrent rapidement la région dans le chaos et amenèrent la ruine d’une grande partie du réseau castral de la vicomté.

***

21Les vicomtes de Murat pourraient constituer une sorte de « famille-type » de vicomtes. Apparus tardivement dans un terroir marginal, d’ascendance et de rang peu assurés, les Murat traversent pourtant les siècles, agrandissant régulièrement leurs domaines, affirmant auprès de leurs pairs un rang vicomtal qui pouvait paraître contestable à l’origine. Belliqueux, vindicatifs, régulièrement impliqués dans des conflits divers, parfois expéditifs, les Murat escomptent aussi, pour acquérir un respect croissant, sur une politique matrimoniale ambitieuse : les vicomtes épousent au XIIIe siècle des femmes issues de grands lignages auvergnats ou méridionaux : une La Tour, une Peyre, une Calmont, une Caylus. Les fratries souvent pléthoriques assurent une grande stabilité au lignage, peuplé de Pierre et de Guillaume, appuyé sur un solide et dense réseau de forteresses… et protégé par d’influents amis, comtes d’Auvergne et pouvoir royal au premier chef.

Notes

1 L’histoire des hautes terres de la Santoire et de l’Allagnon durant le XIe siècle est mal connue. On ne sait si la région fut impliquée dans les guerres de la Planèze où interviennent la plupart des lignages locaux, au premier rang desquels les Nonette-Brezons, alors suzerains des Murat. Cf. Marcellin Boudet, Cartulaire du Prieuré de Saint-Flour, Monaco, 1910 ; Bruno Phalip, Le château et l’habitat seigneurial en Haute Auvergne et Brivadois entre le XIe et le XVe s. Essai de sociologie monumentale, thèse, Université de Paris IV, 1990, dactyl. ; Bruno Phalip, Seigneurs et bâtisseurs. Le château et l’habitat seigneurial en Haute Auvergne et Brivadois entre le XIe et le XVe s., seconde édition, Clermont-Ferrand, 2000. Pour l’histoire et l’archéologie de la région de Murat, on peut consulter : Etudes sur Murat et son arrondissement, Revue de la Haute-Auvergne, t. 59, Avril-Septembre 1997, p. 131-495 ; Jean-Luc Boudartchouk, « Jean Pagès-Allary et les travaux de la Commission des enceintes de la Société Préhistorique de France : un apport archéologique décisif sur les sites perchés de la fin de l’Antiquité et du haut Moyen Âge », Pagès-Allary, un pionnier de l’archéologie dans le Cantal, catalogue d’exposition du Musée d’Art et d’Archéologie d’Aurillac, Revue de la Haute-Auvergne, t. 66, 105e année, juillet-décembre 2004, p. 391-461 ; Pierre Chassang, Histoire du pays de Saint-Flour et de Murat, dits de Saint-Flour Haute-Auvergne, des origines à la fin du XVIIIe siècle, Aurillac, 2003 ; Jean-Baptiste Delort, Petit guide du touriste et de l’archéologue autour de Murat, Murat, 1902 [Réédition Res Universis, Paris, 1993] ; René Monboisse, L’ordre féodal des « Montagnes d’Auvergne » du XIIe au XVe siècle, Aurillac, 1966 ; Roch-de-Bonnevie [Marius Lherme], Gazette du pays de Murat, Murat, 1991 ; Jean-Louis Philippart, Albepierre, Bredons et Murat. À la recherche de l’Histoire et du Patrimoine, Clermont-Ferrand, 2006.

2 1066 est le terminus post quem non. En effet la donation de l’église de Virargues à Moissac par un certain Rigaldus, effective le 16 avril 1066, rappelle Ita tamen ut quamdiu eis placuerit adhaereat cuidam cellae Sancti Thimotei de Bredom nominatae, quae hodie quoque videtur subdita cum omnibus appenditiis suis haereditario iure a praedicto loco Moisiaco, siue habitatoribus eius possideri. Parmi les signataires, Rodbertus de Castel. Cf. Axel Müssigbrod, Die Abtei Moissac 1050-1150. Zu einem Zentrum Cluniacensischen Mönchtums in Südwestfrankreich, München, 1988, p. 206-208.

3 Nuance qui n’avait pas échappé à Gustave Saige, Comte Edouard de Dienne, Documents historiques relatifs à la vicomté de Carlat, Monaco, 1900, t. I, LXVIII.

4 Boudet, Cartulaire du Prieuré de Saint-Flour…, charte VI, p. 17, Inventoria capituli sancti Flori.

5 Girbertus (IV) (ca. 1020-1048), vicecomes, fils de Bernard de Carlat et d’Ermengarde, châtelain de Caillac, épouse Nobilia (ca. 1031-1060), vicomtesse de Lodève. Cf. Jean-Luc Boudartchouk, Le Carladez de l’Antiquité au XIIIe s. - Terroirs, hommes et pouvoirs, thèse, Université de Toulouse II - Le Mirail, Toulouse, 1998 dactyl.

6 Girbertus (III) (cité en 997-1004), fils de Bernard de Carlat et d’Agnès, Domnus Rector, châtelain de Caylus et pour partie de Mels. Cf. Boudartchouk, Le Carladez…, généalogies.

7 Jean-Baptiste Bouillet, Nobiliaire d’Auvergne, Clermont-Ferrand, 1846 à 1853 ; M. Deribier-du-Châtelet, Dictionnaire statistique, ou histoire, description et statistique du département du Cantal, Aurillac, 1852-1857, [Murat : vol. IV, p. 395-520, par Paul de Chazelles].

8 Saige et Dienne, Documents historiques…, t. II, p. LXVI sq.

9 Les Dienne n’apparaissent dans les textes qu’en 1095, où Léon de Dienne prend la croix après le concile de Clermont ; mais la famille remonte certainement au moins aux environs de l’an Mil, perchée sur le rocher de Laqueuille de Dienne. Dans le courant du XIe et du XIIe s., les Dienne - au sein desquels on connait un Amblard comtor - apparaissent clairement dans la mouvance des évêques de Clermont et des Nonette. Ils sont probablement entrés dans la mouvance de Carlat dans la seconde moitié du XIIe s. Cf. Boudartchouk, Le Carladez… Dienne.

10 Boudartchouk, Le Carladez… Chastel-sur-Murat ; Boudartchouk, « Jean Pagès-Allary et les travaux de la Commission des enceintes de la Société Préhistorique de France… ».

11 Bouillet, Nobiliaire d’Auvergne… s.v. Chastel ; Ambroise Tardieu, Dictionnaire des anciennes familles de l’Auvergne, Moulins, 1884, s.v. Chastel.

12 Michel Rouche, « Un cas de double seigneurie : Albepierre - Bredons », dans Seigneurs et seigneuries au Moyen Âge, Actes du 117e congrès national des Sociétés Savantes, Clermont 1992, Paris, 1993, p. 59-68. L’église, dédiée au martyr Thimotée, et au-delà l’occupation du rocher de Bredons, pourrait remonter au haut Moyen Âge.

13 Saige et Dienne, Documents historiques relatifs à la vicomté de Carlat…, vol. I, p. 49, no XXXIV, hommage d’Arnaud de Dienne à Carlat., 1266 ; vol. I, p. 152, no CXVIII, hommage d’Amblard de Dienne à Carlat., 1279 ; Boudet, Cartulaire du Prieuré de Saint-Flour, CXXIX, traité entre Murat et Carlat, p. 291 (1285).

14 Le château est décrit dans un unique document comme « fort et imprenable chasteau et forteresse située sur le rocq de Murat, estant ceinct de trois murailles […] » ; il comporte notamment plusieurs « tours », un « donjon tout voulté » et une « grande tour massif », ainsi qu’une chapelle dédiée à saint Etienne protomartyr. Cf. Arch. départ. Cantal, 5 E 769/41. [Publication dans Bull. hist. sci. Auvergne, XV, 1895, p. 337-338] : description du château de Murat au moment de sa démolition (1633-1634) (cf. annexe 3). Signalons que les armes de Murat, uniques à notre connaissance, figurent trois murailles. Aucune occupation du rocher de Bonnevie avant le Moyen Âge n’est connue. Pourtant, Murat pourrait être un toponyme antérieur à l’époque carolingienne, formé sur muratus (dans le sens de « entouré de murs, fortifié », cf. Végèce, 1, 21) ; l’aspect du rocher de Bonnevie, avec ses falaises abruptes de basalte, a pu inspirer ce qualificatif. La même remarque vaut pour le château du Roc de Chastel-sur-Murat : on trouve pour ce lieu les dénominations « Parrochia Sancti Anthoni super Muratum » (1395), « Castrum super Murannum » (1403), « Castrum prope Muratum » (1437), « Castrum super Muratum » (1441), « Chastel-près-Murat-le-Viscomtal » (1508) et même « Chastelz-soubz-Murat » (1628). Cf. Emile Amé, Dictionnaire topographique du département du Cantal, Paris, 1897, s.v. Chastel-sur-Murat. La mention de « Castrum apud castrum de Murato » dans la charte de franchise accordée en 1263 par Pierre de Murat se rapporte sans doute également à Chastel. Cf. P. de Chazelles, Dictionnaire statistique, ou histoire, description et statistique du département du Cantal., t. IV, p. 407.

15 Bouillet, Nobiliaire d’Auvergne…, s.v. Murat.

16 P. de Chazelles, Dictionnaire statistique…, t. IV, p. 398.

17 Cart. De Moissac, XIIe siècle, Arch. départ. Tarn-et-Garonne, G 569 II, fol. 15v. Edition Müssigbrod, Die Abtei Moissac 1050-1150, p. 199.

18 Jérôme Belmon, « Une seigneurie châtelaine en Gévaudan aux XIe et XIIe s. : la terre et le lignage des sires de Peyre », dans Seigneurs et seigneuries au Moyen Âge…, p. 69-98 ; Charles Porée, Etudes historiques sur le Gévaudan, Paris, 1919.

19 R. d’Abadal, « À propos de la “domination” de la maison de Barcelone sur le Midi français », Annales du Midi, 1964, t. 76, p. 315-345. ; Martin Aurell I Cardona, « Autour d’un débat historiographique : l’expansion catalane dans les pays de langue d’Oc au Moyen Âge », XIIe Congrès d’Histoire de la Couronne d’Aragon, Montpellier, 1985, vol. 1, p. 9-41.

20 Saige et Dienne, Documents historiques…, I-XVI no 21 et LXVIII-LXIX.

21 Bouillet, Nobiliaire d’Auvergne…, s.v. Murat.

22 Clermont-Ferrand ; Bibliothèque municipale, ms. 660. Mémoire sur la généalogie des anciens vicomtes de Murat par l’abbé Teillard, curé de Virargues. XVIIIe siècle.

23 P. de Chazelles, Dictionnaire statistique…, t. IV, p. 399.

24 Boudartchouk, Le Carladez de l’Antiquité au XIIIe s…, vol. 5-6.

25 P. de Chazelles, Dictionnaire statistique…, t. IV, p. 398.

26 Bouillet, Nobiliaire d’Auvergne…, s.v. Murat.

27 Saige et Dienne, Documents historiques…, II-CXIV. Pierre se qualifiait en 1240 de « vicomte de Murat par la grâce de Dieu », cf. Paul de Chazelles, Dictionnaire statistique…, p. 400.

28 Saige et Dienne, Documents historiques…, I, p. 10 sq. Le vicomte Pierre IV est cité à plusieurs reprises dans le cartulaire de Saint-Flour : dominus P. Vicecomes de Murato (Boudet, Cartulaire du Prieuré de Saint-Flour…, XLV, p. 98, comme témoin dans un acte 1260) ; Petrus vice comes et dominus de Murato (Boudet, Cartulaire du Prieuré de Saint-Flour…, LIV, p. 114, don de dîmes à Saint-Flour, 1265) ; Petrum vice comitem de Murato, (Boudet, Cartulaire du Prieuré de Saint-Flour…, LVI, p ; 118, perception de dîmes, 1265). À titre posthume, il est appelé nobilium domini Petri vicecomitis dans la confirmation des privilèges de Murat faite en 1366 (BnF, nouv. acq. Fr. 7455, fol. 198 r  -209 r°. Confirmation par Charles V de lettres de Bégon, vicomte de Murat, du 9 février 1320 confirmant les privilèges de Murat. Fait à Paris, 7 juillet 1366).

29 Analyse du document par P. de Chazelles, Dictionnaire statistique…, t. IV, p. p. 401 sq. ; Saige et Dienne, Documents historiques…, t. II-CXXXVI.

30 Saige et Dienne, Documents historiques…, t. I-111.

31 Peut-être un membre de la branche cadette des Murat dont la tige serait Amblard de Murat, frère du vicomte Pierre et qualifié en 1215 de « vicomte de Cheylanne ». Il fonda une lignée de « vicomtes de Cheylanne », dont une fille épousa un Astorg de Peyre en 1284. On connaît aussi en 1269 un frère du vicomte Pierre IV de Murat, « Astorg, vicomte et seigneur d’Albepierre » ; sans doute est-ce notre homme. Cf. Bouillet, Nobiliaire d’Auvergne, s.v. Murat ; P. de Chazelles, Dictionnaire statistique…, t. IV, p. 400. Les modestes seigneuries de Cheylanne et d’Albepierre, pleinement intégrées dans la vicomté de Murat, n’ont bien entendu jamais pu prétendre au rang de vicomté. Ces cadets des vicomtes de Murat étaient manifestement autorisés à utiliser « vicomte » soit pour rappeler leur appartenance à la famille des Murat (« vicomte » étant alors une composante à part entière de leur nom), soit également comme synonyme de « seigneur ». Et l’on retrouve ici toute l’ambiguïté du titre de « vicomte » chez les Murat, jusqu’à l’appellation de leur château éponyme : Murat-le-Vicomte, nom parfois utilisé pour désigner la ville de Murat.

32 BnF, nouv. acq. Fr. 7455, fol. 198 r  -209 r°. Confirmation par Charles V de lettres de Bégon, vicomte de Murat, du 9 février 1320 confirmant les privilèges de Murat. Fait à Paris, 7 juillet 1366 ; BnF, Fr. 5969, fol. 143-160. Confirmation par Bégon, vicomte de Murat de la charte de franchise accordée par le vicomte aux habitants de la seigneurie de Lesbros, le 13 novembre 1287. Cf. enfin Boudet, Cartulaire du Prieuré de Saint-Flour…, p. 340-348 (1289) où l’on apprend que les cri de guerre du vicomte est : « Murat ! Murat ! » et qu’il existe des montana vicecomitis de Murato sita en Cantal.

33 Saige et Dienne, Documents historiques…, II-CXXXVIII, t. II, CXL sq. ; idem, t. I, 189 à 198. Traité de 1285 reproduit dans Boudet, Cartulaire du Prieuré de Saint-Flour…

34 P. de Chazelles, dans l’analyse qu’il fait du même texte ajoute une clause que nous n’avons pas retrouvé dans le document édité par Saige et Dienne : « Quant au fief prétendu par le vicomte de Murat sur Carlat, il lui fut accordé 200 livres pour son désistement. » On se perd en conjectures sur les fondements de cette prétention.

35 Saige et Dienne, Documents historiques…, t. II-CXLI.

36 Ibid., t. II-CXXXIX.

37 BnF, Fr. 5969, fol. 143-160.

38 BnF, nouv. acq. Fr. 7455, fol. 198 r  -209 r  . Confirmation par Charles V de lettres de Bégon, vicomte de Murat, du 9 février 1320 confirmant les privilèges de Murat. Fait à Paris, 7 juillet 1366.

39 Saige et Dienne, Documents historiques…, t. I. 256. Mais l’acte n’est connu que par une mauvaise copie.

40 Boudet, Cartulaire du Prieuré de Saint-Flour…, CC-CCI.

41 Attendu que le vicomte dut concéder … non essemus capti per Sarracenos seu per guerram inimicorum capitalium rationibus… : BnF, nouv. acq. Fr. 7455, fol. 198 r  -209 r°.

42 Saige et Dienne, Documents historiques…, t. II, CCXII.

43 Pour autant, le problème de la vassalité de Murat fut considéré comme définitivement résolu : « Item la viscomté de Murat se tient de toute ancienneté en fieu et ressort de la viscomté de Carladez […] et le chastel de Murat […] rendable au vicomte de Carlat. » Cf. Saige et Dienne, Documents historiques…, Mémoire du XVe siècle, t. I, no CXCII p. 96-97.

44 Idem, t. II CXXXVI-CXLII, CCXVIII. Guillaume (IV) se qualifie de Guillelmus vicecomes, dominus de Murato et castri de Vigoro, en 1300. Cf. Boudet, Cartulaire du Prieuré de Saint-Flour…, p. 399-400.

Notes de fin

* Voir dans les annexes les figures 1 et 2.

© Presses universitaires du Midi, 2008

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