Vicomtes et vicomtés
|Les vicomtes de Castillon et leur dominium (xie-début xiiie siècle)
Texte intégral
- 1 Co. et ch.-lieu de canton, ar. Libourne, 33. Autrefois appelée Castillon-en-Périgord, la commune es (...)
- 2 Fronsac, fondée en 769 par Charlemagne : Annales Francorum, éd. Léopold Delisle, Recueil des Histor (...)
- 3 Ferdinand Lot, éd., Recueil des actes de Charles II le Chauve, Imprimerie nationale, Paris, 1943-19 (...)
1Dans le Bordelais des XIe et XIIe siècles, Castillon-sur-Dordogne est le siège de l’une des deux vicomtés de ce diocèse1. Située comme sa voisine Fronsac sur la rive droite de la Dordogne, au nord-est du Bordelais et aux confins du Périgord, Castillon s’appuie aussi sur une forteresse d’origine carolingienne2. Si l’on en croit une charte passée en faveur de Moissac, Pépin d’Aquitaine s’y serait arrêté, le 26 juin 818 (in Castellione castro, quod est super fluvium Dordonie) ; Charles le Chauve aurait fait de même le 31 août 842 (Castellione super fluvium Dordonie)3.
- 4 Saint-Émilion, ca. et ar. Libourne ; La Sauve, ca. Créon, ar. Bordeaux.
- 5 Faize, co. Lussac, ar. Libourne ; Lalande-Pomerol, ca. et ar. Libourne.
2Il faut attendre les années 1070 pour commencer à disposer d’une documentation fiable sur la seigneurie de Castillon, ce qui dans le contexte bordelais n’a rien de surprenant, le dernier quart du XIe siècle étant pour ce diocèse la période du réveil documentaire. Pour Castillon, nous devons l’apparition de textes au rôle des vicomtes dans la fondation, la dotation ou la restauration d’établissements religieux comme Saint-Florent de Castillon, un prieuré rattaché à l’abbaye Saint-Florent de Saumur (1077-1080), Saint-Émilion, en octobre 1079, et La Sauve-Majeure, le 28 de ce mois4. Au XIIe siècle, le vicomte a activement participé à la fondation de la commanderie templière de Pomerol, vers 1120, puis de l’abbaye cistercienne de Faize en 11375. Pourtant, ce n’est qu’assez récemment que l’on a pu prendre la mesure de l’importance des textes ayant gardé la mémoire des actions des vicomtes en ces importantes occasions. Si les maigres dossiers concernant Saint-Émilion et Faize ont été tôt édités dans la Gallia Christiana, si nous disposons maintenant grâce à l’édition du Grand cartulaire de La Sauve Majeure des actes concernant cette abbaye, en revanche vis-à-vis de Saint-Florent de Saumur, il a longtemps fallu se contenter de la poignée d’apparitions des vicomtes Olivier et Pierre dans les actes concernant les prieurés de l’abbaye ligérienne dans l’ouest du Périgord et du Bazadais édités en 1879 par Paul Marchegay. La méconnaissance du dossier relatif à la fondation et à la dotation de Saint-Florent de Castillon a privé les historiens d’une source d’information de premier plan : aussi en proposons-nous une édition, en annexe de cette communication.
3Les deux pièces de ce dernier dossier ne figurent pas dans les quatre cartulaires de Saint-Florent de Saumur, dont les actes concernant les diocèses de Bordeaux, Bazas, ou Périgueux ont été publiés par P. Marchegay. Elles viennent d’un librum appelé Gallice canonicorum rapportant des fondations en l’honneur de Saint-Florent de Saumur, connu par des copies modernes. Cet ensemble comprend :
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une notice (no 1) qui rapporte les générosités du vicomte Olivier, au milieu de laquelle ont été interpolées les analyses de vingt-six donations faites par des tiers. Ces transactions ont été passées entre 1077-1080 et la première croisade (1095-1099) ;
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une charte (n 2), passée entre 1077 et 1080, par laquelle l’archevêque de Bordeaux, Josselin de Parthenay, donne l’église Saint-Symphorien du castrum de Castillon aux moines de Saint-Florent.
- 6 Léo Drouyn, La Guyenne militaire, Histoire et description des villes fortifiées, forteresses et châ (...)
- 7 Fernard Guignard, Histoire de Castillon-sur-Dordogne, Paris, 1912 ; Raymond Guinodie, Histoire de L (...)
4On comprend donc la modestie de l’historiographie sur Castillon en cette période. Le long chapitre que Léo Drouyn consacra à Castillon pendant le Moyen Âge dans sa Guienne militaire est une référence aujourd’hui encore, notamment pour l’analyse de la topographie castrale, même si l’historien, archéologue et aquafortiste, y élude la période où les vicomtes commencent à apparaître dans la plénitude de leurs pouvoirs6. Comme les monographies de Fernand Guignard ou plus récemment de Henri Bardon, ces travaux accordent une place minime aux XIe et XIIe siècles, sauf pour y situer une partie de la généalogie vicomtale7.
5La possibilité d’exploiter les données relatives à Saint-Florent de Castillon nous offre donc l’opportunité de reprendre le dossier de cette vicomté pendant une période où elle est mal connue et en amont de laquelle nous ne disposons d’aucun texte fiable. Nous présenterons successivement les individus de cette topolignée, leur dominium et la féodalité organisée autour d’eux.
LES VICOMTES DE CASTILLON AUX XIe ET XIIe SIÈCLES
D’Arnaud Aimon à Pierre III (fig. 1 en annexe)
- 8 Joseph Depoin, éd., Études préparatoires à l’histoire des familles palatines. Deuxième fascicule. I (...)
- 9 Il n’est pas avéré que Axens, dominus castri de Castaniac, signalé plus haut dans la chronique soit (...)
- 10 Fr. Boutoulle, « La généalogie des premiers vicomtes de Fronsac d’après la Chronique de Guîtres (Xe(...)
6Le premier vicomte attesté par les textes apparaît dans la partie finale de la Chronique de Guîtres, une compilation réalisée à la fin du XVe siècle rapportant des faits et des traditions situés entre le VIIIe et le début du XIe siècle, pour partie recoupés par d’autres fonds des XIe et XIIe siècles8. Selon cette source, Arnaud Aimon (Arnaldus Aimonis), proconsul Castellione, aurait assisté à la consécration de l’abbaye de Guîtres, située en Fronsadais sur la rive droite de l’Isle, par l’archevêque de Bordeaux, Séguin, dont on place l’épiscopat entre 1010 et c. 10239. La Chronique de Guîtres, qui est surtout consacrée aux origines des vicomtes de Fronsac et de l’abbaye de Guîtres, ne dit rien des premiers vicomtes de Castillon ou de leurs liens éventuels avec les Fronsac. Le nom d’Aimon, qui a été largement diffusé dans l’aristocratie de cette région pendant les XIe et XIIe siècles et qui peut suggérer un lien entre les Fronsac et les Castillon, n’est plus porté par ces derniers entre la fin du XIe et du XIIe siècle10.
- 11 Denys de Sainte-Marthe, éd., Gallia Christiana in provincias ecclesiasticas distributa, t. II, Pari (...)
- 12 Léopold Delisle, éd., Recueil des Historiens des Gaules et de la France, t. XIV, (Epistolae Urbani (...)
- 13 Paul Marchegay, éd. « Chartes anciennes de Saint-Florent près Saumur pour le Périgord », Bulletin d (...)
- 14 P. Marchegay, éd., Chartes bordelaises de 1080 à 1185 tirées des archives du monastère de Saint-Flo (...)
7Le vicomte que mettent en scène les fondations de 1079 est Olivier. C’est lui qui, à la requête de l’archevêque de Bordeaux, Josselin de Parthenay, abandonna ce qu’il possédait à Saint-Émilion, un locus où reposait le corps de l’ermite Émilion et que le prélat plaça ensuite sous son bannum11. En ce lieu où l’existence d’une communauté de clercs n’est pas sûrement établie antérieurement, l’archevêque installa des chanoines et fit approuver l’institutio canonica au concile de Bordeaux, le 12 octobre 1079, devant Olivier et les légats de Grégoire VII, Amat d’Oloron et Hugues de Die. Olivier se ravisa peu après puisque, confronté à des besoins d’argent, il répondit à la sollicitation d’un de ses cousins et abandonna l’église de Saint-Émilion aux moines de Nanteuil contre 2000 sous12. Ce vicomte fut aussi le principal artisan de l’installation des moines de Saint-Florent de Saumur à Castillon ; la charte de Josselin de Parthenay (annexe n 2) nous apprend que c’est Olivier qui a conduit un moine de Saumur, nommé Constantin, pour l’héberger près de son castrum. On relève également la présence d’Olivier, vicecomes de Castellione, dans plusieurs donations ou confirmations en faveur de Saint-Florent de Saumur pour des biens situés en Périgord (Montcaret, Le Breuil, Saint-Pierre de Sourzac)13. Olivier prit finalement l’habit des moines de Saumur, après avoir reconnu qu’il avait commis un sacrilège en vendant l’église de Saint-Émilion ; il ne quitta cependant pas sa patrie puisqu’il assista dès 1081 à quelques-unes des donations passées en faveur de Saint-Florent14.
- 15 P. Marchegay, éd., Chartes bordelaises…, no VI et VII (1080) ; L. Delisle, éd., Recueil… t. XIV, p. (...)
- 16 L. Delisle, éd., Recueil… t. XIV, p. 726, no LXI.
- 17 La lettre adressée à Urbain II est datée par l’éditeur de 1097, mais elle peut avoir été motivée pa (...)
- 18 Charles et Arlette Higounet, éd., Le Grand cartulaire de La Sauve Majeure, 2 t., FHSO, Bordeaux, 19 (...)
- 19 Recueil des historiens des croisades, Historiens occidentaux, t. III, Académie impériale des Inscri (...)
8Son frère Pierre lui succéda alors qu’il n’était qu’un jeune homme (juvenis in honore)15. Contre 200 sous, un cheval et 3 000 autres sous, il maintint l’église de Saint-Émilion dans la sujétion des bénédictins de Nanteuil qui chassèrent les chanoines du chœur ; pour cela l’archevêque frappa d’anathème le vicomte et ses alliés16. L’affaire fut portée devant le pape Urbain II par les chanoines17. En revanche, Pierre se montra généreux avec La Sauve-Majeure, vis-à-vis de qui une de ses donations annonce son désir de partir in hierosolimitana expeditione18. Il répondit effectivement à l’appel d’Urbain II pour la croisade, les chroniqueurs Pierre Tubeuf, Baudry de Dol ou Guibert de Nogent rendent compte de sa participation à trois faits d’armes à Marash, à la sortie de l’Asie Mineure (septembre 1097), Antioche et Tripoli (février 1099)19.
- 20 Annexe no 1 ; GCSM, no 638-955, succedens in honore.
- 21 Arch. départ. Gironde, G8, f. 6.
- 22 Jean-André Garde éd., Histoire de Pomerol, Libourne, 1946, p. 173-174.
9Son frère Hélie, qui pendant l’absence de Pierre semble avoir aussi porté le titre vicomtal, lui succéda20. Il donna avec Rigaud de Puynormand (voir infra) une rente sur le sel en faveur du prieuré de Saint-Denis-de-Pile et confirma les donations de ses frères en faveur de La Sauve21. Il est peut-être le vicomte anonyme qui vers 1120 encouragea la fondation de la commanderie templière de Pomerol, une des premières du Bordelais22.
- 23 GCSM, no 622.
- 24 Gallia Chr. t. II, inst., col. 322, no LIX.
- 25 Jean-Bernard Marquette, « Les origines XIe-1240 », Les Albret, dans Les Cahiers du Bazadais, t. 30 (...)
- 26 Colette Moron éd., Le liber aureus du chapitre cathédral de Bayonne, Edition des écrivains, 2001, n(...)
- 27 Gallia Chr., t. II, col., 888 et inst. no LIX, col. 321 ; Louis Grillon et Bernard Reviriego, Le ca (...)
10Le vicomte Pierre II, qui vécut dans le second quart du XIIe siècle est certainement son fils (vicecomitis filius)23. Sans se départir de la générosité de ses prédécesseurs vis-à-vis de La Sauve, il s’illustra en fondant l’abbaye cistercienne de Faize en 113724. Le vicomte du même nom qui en 1170 accompagna la reine Aliénor en Castille est probablement son successeur (Pierre III)25. Celui-ci suivait également le jeune Richard Cœur de Lion à Bayonne, Dax (1170-1172), ou La Réole en février 1190, ce qui ne l’empêcha pas de prendre part à la révolte du baronnage aquitain contre Richard de 118226. Généreux vis-à-vis de Faize, Chancelade et La Sauve, il rendit l’âme à Aubeterre, en Angoumois, en 120127.
Stratégies lignagères et politiques
11Cette suite de témoignages mis en ordre autour des figures des six vicomtes qui se sont succédés à Castillon aux XIe et XIIe siècles appelle quelques commentaires.
- 28 Michelle Gaborit, « L’église souterraine de Saint-Emilion », dans Bordelais et Bazadais, Congrès ar (...)
12À l’inverse d’Arnaud Aimon ou d’Olivier, qui ne sont pas des noms ayant bénéficié d’une particulière prédilection, le succès de Pierre est peut-être lié au prestige de Pierre Ier et à sa participation à la première croisade. L’impact de cette entreprise militaire et religieuse sans précédents, dont témoigne la fondation précoce de la commanderie de Pomerol, est sans doute à mettre en relation avec la réalisation, à Saint-Émilion, d’une rotonde probablement inspirée de l’église de l’Anastasis de Jérusalem à la fin du XIe siècle28.
- 29 Arch. départ. Gironde, G 902, p. 17.
- 30 GCSM, no 127 et 176.
- 31 Gallia Chr., t. II, col. 911-912. Voir ses donations en faveur de La Sauve-Majeure, GCSM, no 1124 ( (...)
- 32 Gallia Chr. t. II, inst. col. 321.
13Les fondations religieuses trahissent un souci de renouveler le pacte familial avec plusieurs établissements. Malgré des relations parfois tendues, les vicomtes ont conservé des attaches avec Saint-Émilion dont rend compte l’inscription de Pierre et d’Hélie dans l’obituaire des chanoines29. Le monasterium de Saint-Florent, à vue du castrum, avait vocation a accueillir les membres de la famille, puisqu’au moins Olivier s’y retira. Les moines de La Sauve du second quart du XIIe siècle comptaient parmi eux Hélie de Castillon30 : il s’agit probablement du seul membre de la famille connu à avoir atteint l’épiscopat, sur le siège d’Agen (1149-1181)31. Pierre III le reconnut à la fin de sa vie : vis-à-vis de Faize, que son père avait fondée, ils avaient l’un et l’autre une inclination particulière, attendant suffrages et hospitalité. C’est précisément à Faize que fut ensevelie Agnès, l’épouse de Pierre II, et où se retira celle de Pierre III, Geniossa, en 118732.
- 33 Georges Musset, éd., Cartulaire de Saint-Jean-d’Angély, dans Archives Historiques de la Saintonge e (...)
- 34 Théodore Grasilier éd., Cartulaire de l’abbaye royale de Notre-Dame de Saintes de l’ordre de Saint- (...)
- 35 Arch. départ. Gironde, H. 266, f. 62
14Concernant les alliances, les vicomtes ont conservé des liens étroits avec les seigneurs de Chalais, au sud de l’Angoumois. En 1086-1114, Pierre Ier assista à une donation apud castrum Chalaisium33. Le seigneur de Chalais est alors Hélie. Vers 1148, Pierre II, vicecomes de Castelion, partage des droits avec Hélie, seigneur de Chalais, sur un bois34. En 1188, Olivier de Chalais n’est autre que le frère de Pierre III, avec qui il prend part à la ligue des barons aquitains contre Richard et Henri II. Quant à Aubeterre, où est mort Pierre III, les preuves du contrôle de cette importante seigneurie voisine de Chalais par les vicomtes sont tardives (1214)35.
- 36 Gallia Chr. t. II, inst. col. 323-324 ; GCSM, no 1.
- 37 P. Marchegay, éd. Chartes bordelaises… no VI et VII ; GCSM, no 18.
- 38 J. Depoin éd., Études préparatoires… p. 96-97.
15Si l’on s’arrête enfin aux relations avec les pouvoirs suzerains, il apparaît que les vicomtes de Castillon ont su tirer profit d’une situation particulière pour jouer sur deux côtés à la fois. Ainsi suit-on Olivier à la cour de Gui Geoffroy (alias Guillaume VIII) duc d’Aquitaine et comte de Bordeaux à deux reprises en 107936 ; Pierre Ier fit de même et participa à la constitution d’une messe anniversaire en l’honneur de Gui Geoffroy par les moines de La Sauve en 108737. Cette relation s’explique par la situation de Castillon en Bordelais, ou par la possession de droits ailleurs dans le comté (voir infra). Mais dans le même temps, Olivier suivait le comte de Périgueux, Hélie III (v. 1070-1104), dont le signum apparaît aussi au bas de la notice de fondation de Saint-Florent de Castillon. Et si l’on accorde crédit à la Chronique de Guîtres, le territoire compris entre l’Isle et la Dordogne aurait été donné aux fondateurs de la lignée de Fronsac par le comte de Périgueux Talairand38.
- 39 Gallia chr., II, inst. col. 323, no LXI.
- 40 Ducaunnès-Duval éd., « Cartulaire de l’abbaye Sainte-Croix de Bordeaux », Archives Historiques de B (...)
16« Primus illius terre primatus » : ce titre redondant que Josselin de Parthenay accorda à Olivier dans la notice d’abandon de ses droits à Saint-Émilion passée à l’occasion du concile de 1079 et, il faut le souligner, en présence de Gui Geoffroy, montre finalement qu’en Entre-Dordogne l’autorité vicomtale avait fini par éclipser celle du duc39. Du reste, entre 1043 et 1199, date de la charte de Falaise par laquelle le roi Jean sans Terre accorda à ses homines de Saint-Émilion le droit de former une commune, pas un texte ne témoigne d’une intervention ou d’une donation ducale en Entre-Dordogne40.
LE DOMINIUM VICOMTAL
Le pôle castral
- 41 Il ne reste que la porte de Fer, autrefois porte de la Rivière ou porte du château, (fin XIIIe s.), (...)
- 42 L. Drouyn, La Guienne… p. 102. A.D. 33, 2 Z 3826.
17Le château de Castillon, appelé castrum ou castellum dans le dossier de fondation de Saint-Florent, n’existe plus. Devenue place forte protestante, il a été détruit sur ordre de Louis XIII à partir de 1624 et les murs de la ville démantelés41. Il occupait l’extrémité orientale du promontoire surplombant la Dordogne. Son plan, de forme oblongue, apparaît encore sur le cadastre de 1819 (fig. 2 en annexe), dominant la ville qui s’étend à l’ouest. Au nord, Léo Drouyn y a vu les restes d’une enceinte épaisse de plus de 2 m, avec un parement en petit appareil et des contreforts plats qu’il attribue à la première l’église Saint-Symphorien42.
- 43 Autre mention, GCSM, no 128 (archipresbiter et capellanus de Castellione, fin XIIe s.)
- 44 André Debord, La société laïque dans les pays de la Charente (Xe-XIIe siècle), Picard, Paris, 1984.
18D’après la charte de Josselin de Parthenay (annexe n 2), le prêtre de l’ecclesia Saint-Symphorien (appelée aussi capella) était aussi archiprêtre (archipresbiter qui erat capellanus ejusdem ecclesie… filius archipresbiteri)43. C’est à notre connaissance la première mention d’un archiprêtre en Bordelais, où comme en Bazadais, les autres n’arrivent qu’à partir des années 1110. La présence d’un archiprêtre à Castillon, dans un castrum d’origine carolingienne, rappelle évidemment l’Angoumois voisin où, en majorité, les archiprêtrés perpétuaient d’anciennes vigueries carolingiennes44. De manière assez singulière, en Bordelais cette adéquation ne se rencontre qu’au nord de la Dordogne, avec les archiprêtrés de Blaye, Bourg et Fronsac, tous organisés à partir d’anciennes circonscriptions mineures (vicariae, pagi mineurs) ou forteresses carolingiennes.
- 45 F. Guignard, Histoire de Castillon… p. 408, H. Bardon, Castillon et sa région…, p. 35.
- 46 Nous remercions M. Ézéchiel Jean-Courret pour ses suggestions éclairées dans l’interprétation du ca (...)
19Le monasterium Saint-Florent a été implanté hors du castrum, de l’autre côté du Rieuvert, à environ 150 m au nord-est de la ville, près de l’actuelle route de Sainte-Foy-la-Grande (D 936), au lieu-dit Priourat. La chapelle a été vendue comme bien national en 179145. Les éléments de ce prieuré apparaissent dans la charte de Josselin de Parthenay, avec le cimeterium, l’ecclesia et les habitacula monachorum. Notons que son installation suscita l’hostilité du chapelain de Saint-Magne, dont la paroisse touche effectivement le nord de Castillon. Ce prieuré correspond à la structure grossièrement oblongue révélée par le cadastre de 1819 et qui a été percée par la D 936. Le bourg monastique (burgus) que le nouvel établissement devait générer a été manifestement implanté à l’ouest du prieuré : le même cadastre révèle un lotissement, ultérieurement oblitéré par la D 936, présentant encore une trace de distribution de part et d’autre d’un axe de voierie qui rejoignait une patte d’oie située entre le sud de l’enclos prieural et un point de franchissement du Rieuvert46. Dans un Bordelais où les occurrences de burgus se comptent presque sur les doigts d’une main, ce bourg prieural réussi détonne quelque peu.
Un large éventail de prérogatives publiques
- 47 La dotation de l’abbaye de Guîtres, aussi complète, est fragilisée par les doutes qui entourent la (...)
20Parmi les textes révélant les droits abandonnés et à travers lesquels se dessine le dominium, la notice de fondation et de dotation de Saint-Florent de Castillon est particulièrement intéressante : en Bordelais, c’est le seul texte livrant d’un bloc l’éventail des prérogatives d’un seigneur47.
- 48 Pierrefite, en dessous de Saint-Emilion, co. Saint-Sulplice-de-Faleyrens, ca. et ar. Libourne (Arch (...)
21Olivier affranchit en effet le bourg de Saint-Florent (dedit hoc burgum monasterii liberum et absolutum) des mauvaises coutumes (malas consuetudines), de la vigeria (ce qu’on appelle plutôt dans cette région la justicia), du droit de gîte (hospitalitas), des saisies de corps (captio), de la connaissance des vols (furtum), des incendies, des rapts, des homicides, soit les quatre cas comtaux, auxquels il ajouta les duels judiciaires (bellum) et les jugements. Il accorda également aux moines un droit d’usage sans pascherium dans la forêt d’Ardia (qui est peut-être ce que la carte de Belleyme appelle le Bois du prieur, à l’extrémité orientale de la paroisse de Castillon), la dîme des pêcheries de la Dordogne, sous le castellum, ainsi que le produit de plusieurs taxes levées sur les navires : cinq sous par embarcation et un setier de sel, perçus « sur tous les ports », sauf pour les navires accostant à Pierrefite où le vicomte abandonna trois setiers de sel à « la mesure en cours48 ».
- 49 GCSM, no 636-954, 956.
- 50 GCSM, no 638-955.
22Le contrôle du trafic sur la Dordogne ressort de deux autres donations passées en faveur de La Sauve-Majeure, par Pierre Ier et Hélie Ier. Du premier, les moines reçurent le passage d’une embarcation sur le fleuve, libre de tonlieu, redditio, ou coutumes, de Castillon jusqu’au castrum de Civrac, à 4 km en aval49. Hélie se réserva les redditiones et cosdunas sur le sel acheté ou vendu par les moines sur la rive entre Castillon et Saint-Paixent (à Lamothe-Montravel, à 5 km en amont), au-delà de quoi il s’engageait à ne rien percevoir des charges de sel transportées par les ânes50.
- 51 Gallia Chr. II, instr. col. 323.
23Les donations passées en faveur de Faize par Pierre III permettent de voir l’évolution du dominium vicomtal dans les années 1170-1180. La franchises de service d’ost et de corvée qu’elles font apparaître (ex omni dominio meo liberos feci, scilicet in exercitu non eant, vel biannum faciant, nec aliquam exactionem) montre qu’ici aussi en cette fin du XIIe siècle le prélèvement seigneurial allait croissant51.
La dimension spatiale du dominium vicomtal
- 52 Patent Rolls of the reign of Henri III preserved in the PRO, A. D 1225-1232, Londres, 1903, p. 387 (...)
- 53 GCSM, no 1, 844 ; Arch. départ. Gironde, G 902 f. 163 v. Voir aussi le titre de Castellionensium pr (...)
- 54 Arch. départ. Gironde, G 8, f 6. Liste des paroisses dans Archives Historiques de la Gironde, t. XL (...)
24Les indices de territorialisation du dominium vicomtal sont précoces. Certes, le terme de vicomté pour Castillon n’apparaît pas avant le milieu du XIIIe siècle, comme pour les autres vicomtés du Bordelais ou du Bazadais52 ; mais, outre le titre de vicecomes de Castellione, une donation de Pierre Ier localise un étang in proconsulatu53. Il y a enfin le titre inusité de vicomte d’Entre-Dordogne, attribué à Hélie Ier par les abbés de Guîtres et de Saint-Émilion (olim vicecomes de Interdordonia) qui suggère une adéquation entre le territoire d’exercice du vicomte et l’archiprêtré du même nom, une circonscription qui d’après la liste de ses paroisses s’étendait de la Dordogne à l’Isle sur approximativement 360 km2 (fig. 3 en annexe)54.
- 55 Sylvie Faravel, « Autour du récit du voyage et de la mort d’Abbon, en 1004, à la Réole par Aimoin : (...)
- 56 J.-A. Garde, Histoire de Pomerol… p. 173.
- 57 Gallia Chr., t. II, col. 322-323 ; col. 887-888.
- 58 Arch. départ. Gironde, G 8, f 6, redditum quem habebant in tribus modiis salis unoquoque anno in pe (...)
25Les lieux cités dans la notice de dotation de Saint-Florent que nous sommes parvenu à identifier, mentionnés pour la plupart après l’autorisation d’aliénation des fiefs tenus du vicomte, occupent dans cet espace une place particulière. Il s’agit plutôt de localités du sud de l’Entre-Dordogne, entre la Barbanne et la Dordogne, dans la plaine et à l’est, le long de la voie méridienne qu’emprunta l’abbé de Fleury, Abbon, en novembre 1004, lors de sa dernière et fatale descente à La Réole (Aubeterre, Francs, le Pas de Rauzan)55. Ce zonage particulier ne résulte pas encore d’une contraction géographique du dominium vicomtal, les fondations religieuses du XIIe siècle s’inscrivent justement dans les vides. Le petit cartulaire de la commanderie hospitalière de Pomerol présente des donations passées devant un vicomte de Castillon malheureusement anonyme ou avec son consentement, portant sur des lieux au sud-ouest de l’Entre-Dordogne (Néac, La Lande, Saint-Émilion)56. Plus au nord, l’abbaye de Faize fut fondée en 1137 dans le propium allodium de Pierre II et dans sa foresta57. Un peu plus tôt, entre 1103 et 1130, le vicomte Hélie avait donné avec domnus Rigaud de Puynormand au prieuré de Saint-Denis-de-Pile, dépendant de Saint-Martin de Tours, un redditus sur trois muids de sel levé chaque année sur une paire d’ânes par semaine58.
- 59 GCSM, no 436, Saint-Loubès, ca. Carbon-Blanc, ar. Bordeaux.
- 60 GCSM, no 844, Saint-Christophe-de-Double, ca. Coutras, ar. Libourne.
- 61 Archives Historiques de la Gironde, t. IV, no I. Saint-Antoine-de-Breuilh, ca. Vélines, ar. Bergera (...)
26L’Entre-Dordogne vicomtal couvre donc principalement le sud et l’ouest de l’archiprêtré, c’est-à-dire les secteurs donnant sur les vallées de la Dordogne et de l’Isle animées par le trafic du sel. L’absence de données dans le quart nord-est est certainement à mettre sur le compte de l’existence précoce d’une seigneurie laïque, autour de Puynormand (voir infra). Cependant, les possessions vicomtales s’étendaient au-delà de l’Entre-Dordogne. Vers l’Ouest, dans l’Entre-deux-Mers bordelais, Pierre Ier avait une part dans la terre de Saint-Loubès, partagée avec les viguiers de Bordeaux59. Vers le Nord, le même vicomte avait à Saint-Christophe et Saint-Seurin de Double, les dîmes des deux églises ainsi que des feva60. Les possessions de Chalais et Aubeterre étaient reliées à Castillon par la voie méridienne dont nous avons déjà parlé. Enfin, vers l’est, en Périgord, au-delà du péage de Saint-Paixent, sur lequel le vicomte Hélie avait des droits, il en existait d’autres moins clairs, par lesquels des donations furent passées in curia Oliveri vicecomitis (Sainte-Marie-du-Breuilh)61.
LA FÉODALITÉ VICOMTALE
27La dotation de Saint-Florent de Castillon et les autres textes que nous avons rassemblés mettent en lumière un aspect rarement aussi bien documenté, celui de la société féodale qu’organisent autour d’eux les principaux seigneurs châtelains de la fin du XIe siècle et du début du XIIe siècle.
Barons, homines et feva
- 62 GCSM, no 636, Gallia Ch., t. II, no LXII, col. 324
28Le vicomte est d’abord entouré d’un groupe que les archevêques, Josselin de Parthenay et Arnaud Géraud de Cabanac, ainsi qu’une notice du cartulaire de La Sauve appellent les barons avec une remarquable insistance (barones ejus, barones Castillonensis, barones ilius terre)62. D’après la charte de Josselin de Parthenay (no 2), on peut supposer que les barons qui assistaient le vicomte, le priaient et lui donnaient conseil, sont ceux qui témoignaient ou se portaient caution, c’est-à-dire le miles Gausbert et son frère Mangon, Bernard de Ségur et Guitard du Verget, Arnaud Robert et Raoul de Ségur, Arnaud Aimeric, Hélie Aznar, Guillaume Aimeric, Hélie de Barda et Aster de Lavagnac, soit onze personnes (douze avec le vicomte). La notice du Grand cartulaire de La Sauve est moins ambiguë ; elle cite comme barons du vicomte quatre individus (Guillaume Aiz de Puynormand, Arnaud Robert de Montagne, Bernard de Ségur et son frère Raoul). Les deux listes se recoupent donc pour partie. Notons que les seuls milites de ce groupe sont Gausbert et son frère, milites du vicomte (milites ejus), une modestie qui ne surprend pas vraiment au regard du reste du Bordelais de cette période, où la militarisation de l’aristocratie est encore faible.
29Au-delà de ce premier cercle, se trouvent des homines concernés au premier chef par l’autorisation d’aliénation des fiefs tenus du vicomte, puisque c’est aussitôt après ce privilège qu’ont été interpolées les analyses de vingt-six donations faites, semble-t-il, par des homines du vicomte tenant des feva de lui (annexe 1). Relevons d’abord parmi les donateurs de feva sept de nos barons (Arnaud Aimeric, Arnaud Robert de Montagne, Arsie de Lavagnac, Guillaume Aimeric, Mangon, son frère Gausbert, et Guitard du Verget). On observera que l’anthroponymie des homines (parmi lesquels se trouve une femme) est le plus souvent à deux noms et, preuve que le dossier a été copié par des moines ne comprenant peut-être pas les règles de l’anthroponymie gasconne, que le second des noms est une fois sur deux rapporté au nominatif, non au génitif. Le nom de lieu comme patronyme est encore minoritaire (sept cas dans la liste des homines) et même chez les barons où il est moins rare, il n’est pas systématique.
30Près de la moitié de ces donations (douze) ont été faites par les membres d’une même famille (fratrie le plus souvent) ou avec le consentement des parents (frères, mère ou fils) signe que l’hérédité des feva était acquise ou en voie de l’être. Le seigneur ne pouvait donc pas disposer des fiefs à sa guise, ce dont témoigne le dédommagement de cent sous acquitté aux deux derniers milites tenant l’église de Castillon. À l’exception de cet unicum, les feva portent essentiellement sur des unités foncières (deux borderies, deux manses, quatorze terrae, autant de vignes) et sur les pêcheries (quatre pesceria ou flotta). On relève encore deux cas de sous-inféodations. La première sur la terre du Puy-Léon, tenue par Raimond Gautier d’Aizon de Lavagnac et surtout l’église de Castillon dont la charte de Josselin de Parthenay nous dit que Bernard de Ségur et Guitard du Verget l’avaient en fief du vicomte et que Gausbert la tenait avec son frère en fief de ces derniers. Chose assez rare pour être signalée, un engagement porte un de ces feva (vingt sous sur quatorze ans).
La place de Puynormand
- 63 Marquette, J.-B, Les Albrets, dans Les Cahiers du Bazadais, Bazas, « Terres et hommes d’Albret, 124 (...)
31Dans la féodalité vicomtale, les Puynormand occupent une place particulière. En effet, cette seigneurie dont le castrum n’est pas mentionné à notre connaissance avant 1242 recouvre, à la fin du Moyen Âge, toute la partie septentrionale de l’Entre-Dordogne, entre la Barbanne et l’Isle, y compris les paroisses de Lussac et Saint-Denis-de-Pile63.
- 64 GCSM, no 636-954.
- 65 GCSM, no 795. boscum in quo mansio ejus et mota erat. C’est peut-être à l’issue de cette donation q (...)
- 66 GCSM, no 44, 789 et 814.
- 67 Arch. départ. Gironde, G 8 f 6. Aiz de Puynormand en 1137 aux côtés du vicomte Pierre II lors de la (...)
32Le premier individu portant ce patronyme repéré dans la documentation est Guillaume Aiz de Poinorman, signalé dans le groupe des barones du vicomte Pierre Ier, à l’occasion de sa donation à La Sauve avant son départ en croisade (astantibus et collaudantibus baronibus suis Guillelmo Aiz de Poinorman…)64. On a ensuite Raimond Guillaume de Poinorman qui donna à La Sauve sa mansio et une motte à Somonac, près de Boenx (paroisse de Monbadon)65, puis Rigaud de Puynormand, qui apparaît à trois reprises dans les actes du cartulaire de La Sauve-Majeure en compagnie des châtelains du voisinage (1106-1119)66. Ce même Rigaud donna seul au prieuré de Saint-Denis-de-Pile la dîme du bois de Rabeas, portant sur la récolte (anona), le pascherium ou les pêcheries et délivra, à l’attention du même établissement, une autorisation d’acquisition des fiefs tenus de lui67.
- 68 Fr. Boutoulle, Le duc et la société. Pouvoirs et groupes sociaux dans la Gascogne bordelaise au XII(...)
33Il semble donc que l’on puisse considérer Puynormand, au début du XIIe siècle au moins, comme une seigneurie locale fonctionnant dans le cadre d’une seigneurie châtelaine, à l’instar de la seigneurie de Cadillac dans la vicomté de Fronsac ou de celle d’Arsac dans la châtellenie de Blanquefort68. Elle fut ultérieurement promue châtelaine à la faveur d’un amoindrissement de celle de Castillon, dans des circonstances qui restent à mieux éclaircir. Mais ce démembrement procède d’une organisation ancienne de l’Entre-Dordogne vicomtal : à la fin du XIe siècle et au début du XIIe siècle, les périphéries de cet ensemble étaient déjà abandonnées aux fondations religieuses et aux seigneuries laïques.
***
34À bien des égards, la vicomté de Castillon est pour l’historien du Bordelais médiéval assez exemplaire. Un large dominium, sa territorialisation précoce, la singularité de la topographie urbaine, comme l’organisation de la féodalité de cette seigneurie sont autant d’éléments particulièrement bien mis en lumière dans ce cas grâce notamment au riche dossier de Saint-Florent. Cette série de singularités n’est pas étrangère à un certain degré de maturité seigneuriale, puisque cette vicomté est une des plus anciennes seigneuries de la région. Les vicomtes ont aussi tiré parti d’une situation favorable, à la marge de deux comtés, pour renforcer leur positions et s’étendre au-delà de l’Entre-Dordogne, principalement au nord et à l’est. Le destin hors du commun de Pierre Ier, croisé exemplaire, n’est somme toute que l’illustration de cette singularité.
35Cependant, la large autonomie des vicomtes de Castillon ne dépassa pas le cap du milieu du XIIIe siècle. Parce que le vicomte Pierre V prit une part active à la révolte contre Simon de Montfort, lieutenant du roi-duc Henri III en Gascogne, la vicomté fut saisie et finalement confiée à Jean de Grailly en 1266.
Notes
1 Co. et ch.-lieu de canton, ar. Libourne, 33. Autrefois appelée Castillon-en-Périgord, la commune est devenue Castillon-la-Bataille en 1953, en souvenir de la bataille de 1453 qui scella le sort de l’Aquitaine « anglaise » et mit fin à la Guerre de Cent ans.
2 Fronsac, fondée en 769 par Charlemagne : Annales Francorum, éd. Léopold Delisle, Recueil des Historiens de France, t. V, Paris, 1869, p. 340 ; Annales regni Francorum, 769, éd. Kurze, M.G.H., in usum scol., 1895, p. 30.
3 Ferdinand Lot, éd., Recueil des actes de Charles II le Chauve, Imprimerie nationale, Paris, 1943-1955, I, p. 27, no 11 ; Léopold Delisle, éd., Recueil des Historiens de France, 1870, t. VI, p. 663 (diplomata Pipinni I Aquitanie regis).
4 Saint-Émilion, ca. et ar. Libourne ; La Sauve, ca. Créon, ar. Bordeaux.
5 Faize, co. Lussac, ar. Libourne ; Lalande-Pomerol, ca. et ar. Libourne.
6 Léo Drouyn, La Guyenne militaire, Histoire et description des villes fortifiées, forteresses et châteaux construits dans le pays qui constitue actuellement le département de la Gironde pendant la domination anglaise, Bordeaux-Paris, 1865, rééd. Lafitte, Marseille, 1977, 2000, p. 89-105.
7 Fernard Guignard, Histoire de Castillon-sur-Dordogne, Paris, 1912 ; Raymond Guinodie, Histoire de Libourne et des autres villes de son arrondissement, Libourne, 1876 ; Henri Bardon, Castillon et sa région à travers les âges, GRHAC, Castillon, 1981. Voir pour sa généalogie et la précision des références, Michel Smaniotto, Vicomtes en Aquitaine du XIe au XVe siècle. Essai généalogique sur les premiers vicomtes de Benauges, Bezeaume, Fronsac, Castillon, Castets. Familles de Grailly et de Pommiers du XIe au XVe siècle, mémoire dactyl, 1996.
8 Joseph Depoin, éd., Études préparatoires à l’histoire des familles palatines. Deuxième fascicule. IV Aimon, châtelain de Dordogne. Contribution à l’étude du roman des fils Aymon. Texte annoté et commenté de la Chronique de Guîtres. Extrait (pour partie) de la Revue des études historiques, 78e année-1912, Société historique du Vexin, Paris, 1921, p. 104.
9 Il n’est pas avéré que Axens, dominus castri de Castaniac, signalé plus haut dans la chronique soit un seigneur de Castillon comme F. Guignard le prétend, déformant son nom en Penz > Pons (F. Guignard, Histoire de Castillon…, p. 9 ; J. Depoin éd., Études préparatoires…, p. 99).
10 Fr. Boutoulle, « La généalogie des premiers vicomtes de Fronsac d’après la Chronique de Guîtres (Xe-XIe siècles) », dans Châteaux et stratégies familiales, Rencontres l’archéologie et d’histoire en Périgord, Anne-Marie Cocula (dir.), 22-24 septembre 2006, à paraître.
11 Denys de Sainte-Marthe, éd., Gallia Christiana in provincias ecclesiasticas distributa, t. II, Paris, 1720, rééd. D. Piolin, 1873 (dorénavant Gallia Chr.), t. II, instr. col. 323, no LXI ; Fr. Boutoulle, « Le ban de l’archevêque de Bordeaux à Saint-Emilion (1079-fin du XIIe siècle) », dans Vignes, vins et vignerons, de Saint-Emilion et d’ailleurs, LIIe Congrès d’études régionales de la Fédération historique du Sud-Ouest tenu à Saint-Emilion le 11 et 12 septembre 1999, FHSO, Bordeaux, 2000, p. 42-56.
12 Léopold Delisle, éd., Recueil des Historiens des Gaules et de la France, t. XIV, (Epistolae Urbani II Papae), 1877, p. 726, no LXI. Nanteuil-en-Vallée, ca. Ruffec, ar. Angoulême, Charente.
13 Paul Marchegay, éd. « Chartes anciennes de Saint-Florent près Saumur pour le Périgord », Bulletin de la Société Historique et Archéologique du Périgord, t. VI, 1879, p. 47-51, 118-143 et 220-242 ; Archives Historiques de la Gironde, t. IV, no I. Les moines de Saumur sont en Angoumois dès 1060 et en Saintonge en 1067 (Paul Marchegay, éd., « Chartes… », p. 49, n. 2).
14 P. Marchegay, éd., Chartes bordelaises de 1080 à 1185 tirées des archives du monastère de Saint-Florent de Saumur, Les Roches-Baritaud, 1879, no VI et VII, p. 15-17.
15 P. Marchegay, éd., Chartes bordelaises…, no VI et VII (1080) ; L. Delisle, éd., Recueil… t. XIV, p. 726.
16 L. Delisle, éd., Recueil… t. XIV, p. 726, no LXI.
17 La lettre adressée à Urbain II est datée par l’éditeur de 1097, mais elle peut avoir été motivée par la venue du pape lors de sa tournée du printemps 1096 en Aquitaine.
18 Charles et Arlette Higounet, éd., Le Grand cartulaire de La Sauve Majeure, 2 t., FHSO, Bordeaux, 1996 (désormais GCSM), no 636-954, no 656.
19 Recueil des historiens des croisades, Historiens occidentaux, t. III, Académie impériale des Inscriptions et belles lettres, Paris, 1866, p. 33, 50, 98 (Pierre Tubeuf, Historia de Hierosolimitano itinere ; abrégé de Pierre Tubeuf ou Gesta Francorum et aliorum Hierosolimitanorum) ; Recueil des historiens des croisades, Historiens occidentaux, t. IV, Académie nationale des Inscriptions et belles lettres, Paris, 1879, p. 39 (Baudry de Dol, Historia Jerosolimitana), p. 168 (Guibert de Nogent, Gesta Dei per Francos) ; R.B.C. Huygens, Guibert de Nogent Dei gesta per francos et cinq autres textes, Brépols, Turnoult, 1996. 4.65 ; Fr. Boutoulle, « De La Réole à Jérusalem. Les croisés de l’Entre-deux-Mers Bazadais et du Bordelais lors de la première croisade », dans Hommes, villes, campagnes du Bazadais d’hier et d’aujourd’hui, Actes du huitième colloque Entre-deux-Mers et son identité, tenu à la Réole et Bazas, les 22 et 23 septembre 2001, Amis du Bazadais, Bazas, 2002, p. 17.
20 Annexe no 1 ; GCSM, no 638-955, succedens in honore.
21 Arch. départ. Gironde, G8, f. 6.
22 Jean-André Garde éd., Histoire de Pomerol, Libourne, 1946, p. 173-174.
23 GCSM, no 622.
24 Gallia Chr. t. II, inst., col. 322, no LIX.
25 Jean-Bernard Marquette, « Les origines XIe-1240 », Les Albret, dans Les Cahiers du Bazadais, t. 30 et 31, Bazas, 1975, p. 39 (d’après la Chronique de Zurita).
26 Colette Moron éd., Le liber aureus du chapitre cathédral de Bayonne, Edition des écrivains, 2001, no 72 ; François Abbadie éd., Le livre noir et les établissements de Dax, Bordeaux, 1902, p. 179 ; GCSM, no 1106 ; L. Delisle, éd. Recueil… t. XVIII (Geoffroy du Vigeois), p. 213.
27 Gallia Chr., t. II, col., 888 et inst. no LIX, col. 321 ; Louis Grillon et Bernard Reviriego, Le cartulaire de l’abbaye Notre-Dame de Chancelade, Archives en Dordogne, Études et documents, 2, Archives départementales de la Dordogne, Périgueux, 2000, no 201.
28 Michelle Gaborit, « L’église souterraine de Saint-Emilion », dans Bordelais et Bazadais, Congrès archéologique de France, 1987, Paris, p. 197-206 ; Jean-Luc Piat, « Saint-Émilion. Église monolithe et catacombes », Revue archéologique de Bordeaux, t. XCV, 2004, p. 33-38. Notons que l’église Saint-Marie de Montravel, connue sous cette seule dédicace dans les années 1080, est dédiée ultérieurement au saint Sépulcre (P. Marchegay, « Chartes anciennes… », no L, p. 229, 1130-1132).
29 Arch. départ. Gironde, G 902, p. 17.
30 GCSM, no 127 et 176.
31 Gallia Chr., t. II, col. 911-912. Voir ses donations en faveur de La Sauve-Majeure, GCSM, no 1124 (Nogaret), no 1127 et 711 (Couthures), no 1137 (Saint-André près de Pineuil) et sa présence en 1165 à l’occasion de la donation de Saint-Laurent d’Escures (n 1120).
32 Gallia Chr. t. II, inst. col. 321.
33 Georges Musset, éd., Cartulaire de Saint-Jean-d’Angély, dans Archives Historiques de la Saintonge et de l’Aunis, XXX, 1901, no 308.
34 Théodore Grasilier éd., Cartulaire de l’abbaye royale de Notre-Dame de Saintes de l’ordre de Saint-Benoît, Niort, 1871, p. 61, no LXII.
35 Arch. départ. Gironde, H. 266, f. 62
36 Gallia Chr. t. II, inst. col. 323-324 ; GCSM, no 1.
37 P. Marchegay, éd. Chartes bordelaises… no VI et VII ; GCSM, no 18.
38 J. Depoin éd., Études préparatoires… p. 96-97.
39 Gallia chr., II, inst. col. 323, no LXI.
40 Ducaunnès-Duval éd., « Cartulaire de l’abbaye Sainte-Croix de Bordeaux », Archives Historiques de Bordeaux, t. XXVII, Bordeaux, 1892, no 80 et R. Guinodie, Histoire de Libourne…, t. II, pièce no LII.
41 Il ne reste que la porte de Fer, autrefois porte de la Rivière ou porte du château, (fin XIIIe s.), Jacques Gardelles, Les châteaux du Moyen Âge de la France du Sud-Ouest. La Gascogne anglaise de 1216 à 1327, Droz, Genève, 1972, p. 122.
42 L. Drouyn, La Guienne… p. 102. A.D. 33, 2 Z 3826.
43 Autre mention, GCSM, no 128 (archipresbiter et capellanus de Castellione, fin XIIe s.)
44 André Debord, La société laïque dans les pays de la Charente (Xe-XIIe siècle), Picard, Paris, 1984.
45 F. Guignard, Histoire de Castillon… p. 408, H. Bardon, Castillon et sa région…, p. 35.
46 Nous remercions M. Ézéchiel Jean-Courret pour ses suggestions éclairées dans l’interprétation du cadastre de Castillon.
47 La dotation de l’abbaye de Guîtres, aussi complète, est fragilisée par les doutes qui entourent la datation de cette partie de la Chronique, J. Depoin, Études préparatoires…, p. 101-102.
48 Pierrefite, en dessous de Saint-Emilion, co. Saint-Sulplice-de-Faleyrens, ca. et ar. Libourne (Arch. départ. Gironde, G 902, f. 163 v, s.d.).
49 GCSM, no 636-954, 956.
50 GCSM, no 638-955.
51 Gallia Chr. II, instr. col. 323.
52 Patent Rolls of the reign of Henri III preserved in the PRO, A. D 1225-1232, Londres, 1903, p. 387 (1230) ; Charles Bémont éd., Recueil d’actes relatifs à l’administration des rois d’Angleterre en Guyenne au XIIIe siècle. Recognitiones feodorum in Aquitania, Imprimerie Nationale, Paris, 1914, no 203 (1274).
53 GCSM, no 1, 844 ; Arch. départ. Gironde, G 902 f. 163 v. Voir aussi le titre de Castellionensium proconsul attribué à Pierre Ier (P. Marchegay, Chartes bordelaises…, no VII)
54 Arch. départ. Gironde, G 8, f 6. Liste des paroisses dans Archives Historiques de la Gironde, t. XLIV, p. 15-16 (milieu XIIIe siècle).
55 Sylvie Faravel, « Autour du récit du voyage et de la mort d’Abbon, en 1004, à la Réole par Aimoin : un témoignage précieux sur l’histoire du prieuré, de la ville et de leur contexte gascon », dans Cahiers du Bazadais, 3e trimestre, 150, p. 11-14.
56 J.-A. Garde, Histoire de Pomerol… p. 173.
57 Gallia Chr., t. II, col. 322-323 ; col. 887-888.
58 Arch. départ. Gironde, G 8, f 6, redditum quem habebant in tribus modiis salis unoquoque anno in perpetuum omni duabus asinis bis in ebdomadi.
59 GCSM, no 436, Saint-Loubès, ca. Carbon-Blanc, ar. Bordeaux.
60 GCSM, no 844, Saint-Christophe-de-Double, ca. Coutras, ar. Libourne.
61 Archives Historiques de la Gironde, t. IV, no I. Saint-Antoine-de-Breuilh, ca. Vélines, ar. Bergerac ; Montcaret, ca. Vélines, ar. Bergerac ; Sourzac, ca. Mussidan, ar. Périgueux.
62 GCSM, no 636, Gallia Ch., t. II, no LXII, col. 324
63 Marquette, J.-B, Les Albrets, dans Les Cahiers du Bazadais, Bazas, « Terres et hommes d’Albret, 1240-1360 », 45-46 (1979), p. 656-661.
64 GCSM, no 636-954.
65 GCSM, no 795. boscum in quo mansio ejus et mota erat. C’est peut-être à l’issue de cette donation que les moines de La Sauve purent installer un prieuré à Saint-Martin et Saint-Seurin de Boenx (à Monbadon), GCSM, no 649 (1184), no 737 (1212), no 766 (s. d.), no 793-799 (début XIIe), no 1169.
66 GCSM, no 44, 789 et 814.
67 Arch. départ. Gironde, G 8 f 6. Aiz de Puynormand en 1137 aux côtés du vicomte Pierre II lors de la fondation de Faize, Gallia Chr. t. II, inst. col. 322.
68 Fr. Boutoulle, Le duc et la société. Pouvoirs et groupes sociaux dans la Gascogne bordelaise au XIIe siècle, Bordeaux, 2007, p. 122-128.
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