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Vicomtes et vicomtés

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Hélène Débax

Une vicomté sans vicomte : les Gaubert de Castelnau

Florent Hautefeuille

Texte intégral

  • 1 K. F. Werner, « “Missus, marchio, comes”. Entre l’administration locale et l’administration locale (...)

1Si la mise en place, à l’époque carolingienne, d’un système administratif reposant sur le comte a été quasi systématique à l’échelle de l’empire carolingien, il en fut tout autrement de celui des vicomtes1. Ces personnages sont globalement moins bien connus que les comtes. L’objectif du colloque d’Albi était donc d’éclairer le processus de mise en place et de développement de ces structures vicomtales que l’on pourrait sans doute à tort qualifier d’intermédiaires. Les différentes communications ont montré que sous le terme de vicomté se dessinait une multitude de situations. La vicomté est variété. Quel rapport entre un vicomte de Béarn ou de Béziers et un vicomte de Caussade ou d’Aure ? Mon propos va être quelque peu marginal par rapport au sujet. En effet, plutôt que d’évoquer vicomtes et vicomtés, j’évoquerai plutôt l’absence de vicomtes. En effet, Il est étonnant de constater que certaines régions pouvaient être des viviers de vicomtes au point que l’on peut se demander si le titre n’a pas été galvaudé assez tôt, alors que d’autres secteurs géographiques étaient totalement dépourvus d’individus portant ce titre. Existe-t-il un tropisme local favorisant le développement du phénomène vicomtal ? Pourquoi voit-on coexister de véritables nids à vicomtes à côté de déserts vicomtaux ? Le problème est vaste et je ne le réglerai pas ici. En m’appuyant sur la situation quercynoise, je vais tenter de mettre en évidence un de ces déserts, tout en expliquant que le désert n’est que très relatif. L’absence de vicomtes ne signifie nullement qu’il n’existe pas des familles disposant de pouvoirs assez proches de ceux des familles vicomtales.

UN DÉSERT VICOMTAL

2La contribution de Didier Panfili incluse dans ce même volume porte sur la situation complexe du bas Quercy. Comme l’indique son titre, cette zone offre un foisonnement de vicomtes. Bruniquel/Toulouse, Saint-Antonin, Monclar, Caussade, et un peu plus au nord Saint-Cirq associé à Calvignac. Pourtant on constate que l’aire d’influence de ces familles se limite essentiellement à la partie orientale du Quercy, à l’est de l’axe Toulouse-Montauban. Au sud-ouest les vicomtés d’Auvillar et de Lomagne et un peu plus au sud de Terride/Gimois annoncent le découpage complexe de la Gascogne (voir annexe no 1).

  • 2 F. Aubel, « Les comtes de Quercy (fin VIIIe-début Xe siècle) », Annales du Midi, t. 109, 1997, p.  (...)

3Au nord, les vicomtes de Turenne, probables héritiers des comtes de Quercy2 appartiennent à la première « division » des vicomtes. La situation est moins bien connue pour la partie nord-est du Lot faute de documentation. Mais il semble que la famille de Saint-Cirq y étire très tôt ses ramifications. Qu’en est-il ailleurs ?

  • 3 En particulier dans les chartes de l’abbaye de Moissac.
  • 4 Dom C. Devic, Dom J. Vaissete, Histoire Générale de Languedoc, Toulouse, 1875-1892, t. V, col 240 (...)
  • 5 Ed. Albe, Les possessions d’Obazine dans le diocèse de Cahors et les familles du Quercy, Brive, 19 (...)

4La partie centrale du Quercy, de même que la vallée du Lot en aval de Cahors, est contrôlée par le pouvoir épiscopal. Ce dernier vient buter sans doute dès le XIe s. sur une de ces grandes familles qui seront au cœur de mon propos. Il s’agit de la famille des Fumel/Pestilhac qui apparaît dans la documentation dès le début du XIe s3. Au Nord, le pôle de pouvoir principal semble bien être le castrum de Gourdon. Ce site est mentionné dans le testament de Raimond Ier de Gothie qui le confie alors à un de ses fidèles4. L’histoire de la châtellenie de Gourdon sera sans doute très difficile à faire pour la période antérieure au XIIIe s. du fait d’une documentation ridicule. Au début du XIIIe s. ce lignage détient des biens sur un très vaste territoire allant de la seigneurie épiscopale jusqu’aux confins de la vicomté de Turenne5. Mais c’est sur la situation du sud Quercy que je voudrais m’arrêter.

  • 6 Il faut en particulier évoquer le chartrier de l’abbaye de Moissac édité dans une thèse d’école de (...)

5Ce secteur est relativement mieux couvert par la documentation écrite6 que le Quercy central où la disparition des archives épiscopales a des conséquences catastrophiques.

6Je concentrerai donc mon propos sur une de ces vastes châtellenies qui présente le mérite d’être connue aussi bien à travers la documentation écrite qu’une enquête archéologique et qu’une fouille. Il s’agit de la châtellenie de Castelnau dont l’épicentre est la commune de Castelnau-Montratier au sud du département actuel du Lot (annexe no 1). Elle est liée à un lignage que j’appellerai pour plus de facilités les Gausbertii, bien que cette désignation ne soit jamais attestée. En s’appuyant sur des sources disparates, il est possible de dresser un bilan de ce que pouvait être cette châtellenie au XIe s. et donc de la mettre en perspective des petites vicomtés qui l’entourent. Il est possible de mesurer son importance à travers trois éléments : d’abord ce qui fut le point de fixation primitif de la seigneurie, puis la famille qui lui est attachée et enfin l’étendue de ses possessions et pouvoirs.

7Le hasard de la conservation des sources écrites et des vestiges archéologiques a en effet permis de retrouver et de fouiller ce qui fut sans doute le premier et principal point de fixation de cette famille seigneuriale.

UNE FORTIFICATION EXCEPTIONNELLE

  • 7 L. Robertini, Liber miracularum sancte Fidis, ed critica e commento, Spoleto, centro italiano di s (...)
  • 8 Montpezat de Quercy (Tarn-et-Garonne).
  • 9 Castelnau-Montratier (Lot). Voir F. Hautefeuille, « La seigneurie de Castelnau-Montratier aux XIe (...)
  • 10 A. Soutou, « Le donjon emmoté de Castelnau-Montratier », Archeologia, 1975, p. 72-74. Un bilan his (...)
  • 11 Arch. départ. Lot, 48 J 6, p. 85, analyse XVIIIe s., en 1254, Arnaud Audoyn, bourgeois de Cahors b (...)

8L’identification de la motte castrale qui semble avoir été le cœur du lignage jusqu’au milieu du XIe s. a été rendue possible grâce à un miracle de sainte Foy de Conques7 et à un texte du XIIIe s. Le miracle mentionne vers 1030-1040 un castrum possédé par un Gausbert. La fortification se situe à proximité du castrum de Montpezat8. Or il existe un lignage proche de Montpezat qui porte régulièrement cet anthroponyme à cette époque. Il s’agit de la famille qui apparaît à partir de 1040-1050 sous le nom de Castelnau9. C’est ensuite l’enquête archéologique qui a permis d’identifier la forteresse primitive du lignage au site connu sous le nom de Truque ou tumulus de Maurelis10. Ce nom correspond au propriétaire des lieux au XVe s. Le nom ancien du site est castel viel11.

9Le site s’étend sur un demi hectare, à l’extrémité d’un éperon rocheux qui domine la vallée de la Barguelonne, petit affluent de la Garonne. En contrebas, à environ 300 m, une église paroissiale placée sous le vocable de saint Vincent occupe l’emplacement d’une vaste villa gallo-romaine. Le fond de vallée abritait aussi une condamine et un moulin dont on peut penser qu’ils étaient directement liés à la motte (annexe no 2).

  • 12 F. Hautefeuille, La Truque de Maurélis, donjon emmoté, 1er rapport de fouille triennale, Toulouse, (...)
  • 13 Ly-18803, âge calibré de 891 à 1016, Ly-18801, âge calibré de 896 à 1020, Ly-18805, âge calibré de (...)
  • 14 Présence de nombreux vestiges carpologiques en cours d’étude.

10La fouille du site est en cours12, mais les deux premières campagnes ont permis de se faire une première idée de la forme que pouvait avoir la forteresse (figure 1). La chronologie de l’édifice a pu être précisée grâce à une série de14 C qui ont été réalisés sur des charbons prélevés dans les niveaux anciens du site. La fourchette qui apparaît court des années 890 aux années 97013. Il s’agit d’un ensemble motte – basse-cour assez classique, si ce n’est sa précocité, son mode de construction, et son importance. Au cœur de l’ensemble défensif se trouve une tour, en pierres, comme le précise le miracle de sainte Foy. L’édifice est construit sur le socle calcaire qui a été à peine aplani. La tour mesure 12 x 10 mètres avec des murs d’une épaisseur de 2 à 2,10 m. Elle est construite avec des matériaux qui proviennent du creusement des fossés. Les blocs sont à peine équarris ou bruts (annexe no 3). Ils sont noyés dans un mauvais mortier jaune. L’originalité du site provient de ce que la tour a été entièrement emmotée, et ce au moment même de sa construction, ce qui en fait un cas exceptionnel à l’échelle française voire européenne. La masse des déblais suggère une élévation d’au moins 25 m au-dessus du socle calcaire, soit une quinzaine de mètres au-dessus de la plateforme sommitale de la motte. Les dix premiers mètres de la tour étaient par la force des choses aveugles, et aucune trace d’un premier niveau de plancher n’a été retrouvée, mais on peut penser que ce dernier correspondait au niveau supérieur de la motte. Le récit du miracle nous apprend qu’il existait un escalier ou une échelle en bois qui permettait d’accéder à l’étage. Le sous-sol aveugle a joué le rôle d’une prison selon le même miracle, de réserve alimentaire selon les premiers résultats des fouilles14. Il était doté d’un très beau sol fait d’un mortier jaune très régulier. Nous savons peu de chose des élévations. La découverte de plusieurs carreaux de terre cuite montrant des traces d’incendies répétés dans les déblais suggère l’existence d’une cheminée ou au moins d’un foyer aménagé. De même, les vestiges d’un probable évier ont été récupérés, sans que l’on puisse savoir précisément son emplacement primitif. Ces indices d’un relatif confort de l’étage et donc d’un espace résidentiel sont confirmés par la présence sur un des murs de la salle d’un échiquier qui sera volé par le miraculé. Pourtant, l’édifice n’est pas doté d’un toit de tuiles et pourrait donc être recouvert de jonc ou de chaume. Il ne subsiste rien des éléments défensifs des parties émergées de la tour. La présence de fers de trait et de nombreux fragments de corne d’appel n’est pas étonnante dans ce contexte. Elle n’est pourtant guère significative.

  • 15 BSR Midi Pyrénées, 2004, p. 70.

11L’importance de la tour est très accentuée par celle du fossé qui l’enserre sur sa face sud. En effet, le système fossoyé mesure au total 28 mètres de large. Il se subdivise en trois fossés successifs dont le premier mesure un peu plus de 6 mètres de profondeur. À titre de comparaison, le double fossé qui enserre le château comtal carolingien à Toulouse ne mesure que 14 m de large15, celui du Louvres à la fin du XIIe siècle n’en fait que 12. Pour compléter ces comparaisons, il faut préciser que le creusement du fossé de castel viel s’est fait non pas dans du limon mais dans de la roche. Environ 15 000 m3 de matériaux ont été arrachés pour parvenir à ce résultat, ce qui représente sans nul doute plusieurs dizaines de milliers de journées de travail.

12Enfin, troisième élément de l’ensemble fortifié, la terrasse aménagée contre le flanc est de la motte peut s’apparenter à une basse-cour (annexe no 4). Celle-ci est incluse dans la zone protégée par le système fossoyé. Un grand sondage réalisé sur les secteurs accessibles de cette terrasse a permis de mettre en évidence les vestiges d’au moins un bâtiment contemporain de la tour, malheureusement très arasé par une réoccupation de la fin du Moyen Âge. Construit avec les mêmes matériaux et les mêmes techniques, il offre cependant des spécificités différentes. Il ne s’agit pas en effet d’une construction fortifiée, mais plus vraisemblablement d’une de ces aulas résidentielles maintenant assez bien connues pour le XIe s. L’édifice pouvait mesurer 8,60 x 5 m avec des murs d’environ 70 cm d’épaisseur. Il présentait les mêmes caractéristiques de couverture que la tour. Rien ne permet de savoir si cet édifice était isolé ou si d’autres constructions existaient dans la basse-cour.

  • 16 Devic et Vaissette, Histoire Générale de Languedoc…, t. V, col 240 à 250.

13En raison des dimensions de la tour, de l’importance du système fossoyé, cette motte castrale sort nettement de l’ordinaire régional. Il est vrai que les éléments de comparaison pour cette période sont rares et souvent pas très bien datés. En considérant les mottes comtales de Cos, de Gandalou ou de Toulvieu dans le Tarn-et-Garonne, toutes trois attestées en 96116, on ne perçoit jamais de structures aussi considérables.

  • 17 Fl. Journot, « Châteaux du Languedoc montagnard aux Xe et XIe siècles », Archéologie du Midi Médié (...)

14De même, en comparant les dimensions des châteaux de l’an mil étudiés par Fl. Journot17 en bas-Languedoc, on constate que là encore le castel viel sort des normes.

Comparaison des dimensions des sites étudiés par F. Journot

Site (bâtiment principal)

Dimensions hors œuvre

Épaisseur des murs

Surface habitable au sol

Surface hors œuvre

Le Castelas (Bourdils)

11 x 6 m

1 m

36 m2

66 m2

Le Castelas (Serieys)

12 x 7 m

1 m

50 m2

84 m2

Mourcairol

9,50 x 7,50 m

0,70 m

49,40 m2

71,25 m2

Nebuzon

7,50 x 6 m

0,90 m

24 m2

45 m2

Olargues le vieux

14 x 4,50 m

0,90 m

33 m2

63 m2

Saint-Aulary

15,50 x 6,50 m

1,50 m

43,75 m2

100,75 m2

Saucani

6 x ? m

0,60 m

env. 14 m2

 ?

La tour de Bastide

 ?

0,80 m

 ?

 ?

Maurélis

12,10 x 9,50 m

2,10 m

44,55 m 2

115 m 2

15À partir de cette approche strictement archéologique d’un site, j’ai tenté de mieux situer le contexte humain. Qui, ou plutôt quelle famille aristocratique a pu, à la fin de l’époque carolingienne construire un tel ensemble.

LA GENÈSE D’UN LIGNAGE

16Le cœur de la châtellenie de Castelnau se trouve dans un angle mort de la documentation du Moyen Âge central. Les archives seigneuriales ne remontent pas au-delà du XIIIe s. Il faut donc s’en remettre aux archives ecclésiastiques des environs (abbaye de Moissac, abbaye de Saint-Théodard, archives épiscopales de Cahors) pour tenter de mesurer l’importance de cette famille aux XIe et XIIe siècles.

17Avant 1030, il n’est pas possible de reconstituer une généalogie classique. En revanche, la forte identification du lignage à l’anthroponyme Gauzbert a permis de retrouver la trace probable de ces individus dès le Xe s. J’ai tenté en vain de rattacher ces Gauzbert à une famille extérieure. Ils appartiennent probablement à une aristocratie locale dès l’époque carolingienne.

  • 18 B.N. Doat, vol 128, fol. 18.
  • 19 Arch. départ. Tarn-et-Garonne, G 239, fol 83 (949), fol 35 v° (951), fol 96 v° (959).
  • 20 Idem, fol. 86 v°.
  • 21 Idem, fol. 89 v°.

18En effet, si les premières mentions assurées remontent au second tiers du XIe s, le prénom Gausbert est pourtant présent dans la documentation locale bien avant cette date. Ainsi, dans une charte de l’abbaye de Moissac datée de 96918, on voit apparaître dans la vicairie de Saint-Urcisse un propriétaire foncier du nom de Gausbert. Or Saint-Urcisse est une commune située à quelques kilomètres de Castelnau. Une autre charte, à peu près contemporaine (955-985), évoque un autre Gausbert, ou plutôt ses fils Hugues et Arnaud, qui donnent à Moissac suivant le testament de leur père une église malheureusement non identifiée mais située en Quercy. L’abbé de Moissac bénéficiaire du don n’est autre qu’un Gausbert. À Saint-Théodard, nous trouvons également des Gausbert parmi les souscripteurs au Xe s.19. Et que dire de ce Gausbert prêtre à Saint-Théodard mais qualifié de dominus magnificus à l’occasion d’une vente en 97620. Un autre Gausbert (ou le même ?) apparaît comme sacristain. Entre 98021 et le début du règne de Robert, plusieurs donations lui sont adressées. Mais le texte le plus intéressant du cartulaire de Saint-Théodard est peut-être une charte anodine datée du règne du seigneur (soit probablement le règne d’Hugues Capet ou les premières années de celui de Robert). Il s’agit d’une donation d’un alleu situé dans la vicairie d’Aussac, soit le territoire qui s’étend de l’Aveyron jusqu’au sud de la future châtellenie de Castelnau, dans un secteur où la famille de Castelnau est restée possessionnée jusqu’à la fin du Moyen Âge. Le donateur, un Gausbert, est vraisemblablement un personnage assez important puisqu’il fait allusion à sa parentèle. Parmi les souscripteurs apparaît d’ailleurs un second Gausbert, peut-être le sacristain déjà évoqué, ou un autre membre de la famille. Il existe une forte présomption pour que ce Gausbert soit l’ancêtre de notre famille de Castelnau. La charte démontre une emprise foncière certainement assez forte puisque quatre des huit confronts renvoient à des terres du donateur. Ce dernier pourrait bien avoir vécu dans le castel viel, c’est-à-dire la motte de Maurélis.

19À partir du second tiers du XIe s. l’apparition des anthroponymes doubles et quelques informations sur les ascendants et descendants permet d’envisager une ébauche de généalogie (figure no 2).

  • 22 Arch. départ. Lot, 48 J 5, p. 540 (1280), Hommage de Ratier de Castelnau à l’évêque de Cahors pour (...)
  • 23 G. Desjardins, Cartulaire de Conques, Paris, 1879, no 347, (1030-1050), Donation à l’abbaye de Con (...)
  • 24 Arch. départ. Tarn-et-Garonne, G 569, cahier no 1, p. 10 (M.C. Lefevbre, Les plus anciennes charte (...)

20Si le corpus anthroponymique s’étoffe, le prénom Gausbert reste prédominant. On note cependant dans les générations 3 et 4 la présence assez fréquente de « Raimond », soit isolé, soit en association avec Gausbert. On sait qu’au début du XIIe s., nos Gausbert se rangent du côté des comtes de Toulouse contre le duc d’Aquitaine. De même l’abbé séculier de Moissac Gausbert, sur lequel je reviendrai plus loin, évoque dans un acte son seigneur le comte de Toulouse. Pourtant, il n’existe aucune attestation d’un quelconque hommage au comte avant le XIIIe s. Et même à cette époque, la fidélité des seigneurs de Castelnau se divise entre les comtes et les évêques de Cahors22. On retrouvera encore ces deux prénoms de Gausbert et Raimond au XIIIe s. alors que la famille a perdu son rôle et laissé le contrôle de la seigneurie à un nouveau lignage. Le changement de lieu de résidence principal (abandon du castel viel) se traduit par l’adjonction d’un second nom, en l’occurrence « de Castelnau » qui apparaît dès le second tiers du XIe s23. Un peu plus tard encore on rajoutera ici et là le nom de la motte de Castelnau, motte dite « del taluc24 », ce qui nous permet une identification assurée, malgré les multiples lignages de Castelnau dans la région. Mais la migration depuis le castel viel vers le Castelnau n’entraîne a priori aucune rupture dans l’histoire de la famille.

21Dans les actes de la pratique, aucune titulature particulière n’apparaît. C’est dans le récit des miracles de sainte Foy que nous disposons de l’unique mention d’un Gausbert qualifié de vir illustrissimus, terme qui, nous allons le voir, correspond assez bien au statut réel de la famille dans la seconde moitié du XIe s.

  • 25 Arch. départ. Tarn-et-Garonne, G 571, (M.C. Lefevbre, Les plus anciennes chartes…, no 30), (1040-1 (...)
  • 26 E. Albe, « Titres et documents concernant le Limousin et le Quercy. L’héritière de Castelnau-Montr (...)
  • 27 Bibliothèque Nationale, manuscrits lat 17674, fol. 157 (O.V. Daillut, Le cartulaire de Cahors et l (...)

22Enfin, il est excessivement difficile de discerner clairement le positionnement du lignage dans le jeu féodal local. L’origine des quelques femmes dont nous disposons du nom n’est jamais donnée. Il existe seulement un indice permettant de rattacher les Gausbert de Castelnau à un autre très gros lignage des confins occidentaux du Quercy, les Pestilhac. Ce lien pourrait être une Hélène attestée au milieu du XIe s25. Ce prénom féminin est d’ailleurs resté le marqueur absolu de la famille seigneuriale de Castelnau jusqu’à la fin du XIVe s26. Le testament d’un des membres de la famille27, peu après 1100, évoque des liens avec plusieurs autres familles bas-quercynoises issues des castra de Puylaroque ou de Belfort. Mais il n’a pas été possible de repérer des alliances matrimoniales claires. Les allusions aux épouses sont rares et souvent très peu explicites.

L’ASSISE D’UN POUVOIR

23La maigre documentation ne permet évidemment pas de se faire une idée précise de l’étendue des pouvoirs de ce lignage. Nous disposons cependant de plusieurs documents permettant d’ébaucher ce problème.

  • 28 Idem :… et omnia quaecumque habeo a fluvio qui dicitur Bargalo (La Barguelonne) versus civitatem c (...)
  • 29 Idem :… partem, quam habeo in castro de Monte Amato…
  • 30 Jean Lartigaut, « Le castrum de Flaugnac », Bulletin de la Société des Études du Lot, t. 105, 1984 (...)
  • 31 François Aubel, « Les comtes de Quercy (fin VIIIe-début Xe siècle) », Annales du Midi, t. 109, 199 (...)
  • 32 Communes de Lhospitalet, Pern, Flaugnac, Castelnau-Montratier, Saint Paul-de-Loubressac dans le Lo (...)
  • 33 Une partie de ces hommages ont été conservés dans le registre 48 J5 des Arch. départ. Lot.

24Tout d’abord, la trentaine de textes où interviennent les Gausbertii nous autorise à fixer un cadre géographique à l’étendue de leur possessions. Le testament déjà évoqué de l’un des membres du lignage vers 1110 décrit une zone géographique d’environ 1 000 km2, qui s’étire depuis la vallée du Lot jusqu’à celle de l’Aveyron et du Tarn28. Les différents lieux mentionnés dans les chartes à l’occasion de donations recoupent assez bien ce territoire (figure no 3). Outre le contrôle du castel viel puis du castel nau, la famille détient également des droits sur une autre grosse fortification, aux portes de la villa de Moissac, le castrum de Montamat29. Outre différents droits sur des églises, on peut également signaler la donation de droits de marché dès le milieu du XIe s., en faveur de l’abbaye de Conques. Il est évidemment impossible de savoir d’où proviennent ces différents droits. Si une partie provient d’un patrimoine familial, il est aussi possible qu’une autre partie ait une origine publique. En effet, il existe des indices tendant à montrer que notre lignage a pris le contrôle de secteurs qui étaient peut-être placés sous l’autorité de l’ancienne famille comtale du Quercy. À Flaugnac, un des castra secondaires de la seigneurie, une tour est désignée au XIIIe s. par le terme de « castel Raolph30 ». Or cet anthroponyme ne se rencontre chez aucune des familles seigneuriales des environs à cette période. La seule qui est susceptible d’avoir donné son nom à cette tour pourrait être la famille comtale quercynoise31. Quoi qu’il en soit l’étendue de ces droits s’est considérablement restreinte au cours du XIIe s. Lorsque la châtellenie sort de la nuit documentaire au XIIIe s., elle ne s’étire plus que sur trente à trente-cinq paroisses32. Les points d’appui sur les vallées du Lot et du Tarn ont disparu. Ce resserrement traduit aussi une territorialisation de la châtellenie qu’il serait évidemment vain de vouloir rechercher au XIe s. Sur ce territoire elle doit en outre partager la seigneurie foncière avec plusieurs dizaines de petits lignages de chevaliers qui généralement lui prêtent hommage33.

25Mais aussi vaste soit cette châtellenie, on pourrait sans nul doute trouver des exemples comparables assez nombreux. Ce qui fait sa spécificité se situe ailleurs. En effet, la famille des Gausbertii a su, au cours du XIe s. établir un contrôle surprenant sur des établissements monastiques de premier ordre et même sur le siège épiscopal de Cahors.

  • 34 Arch. départ. Tarn-et-Garonne, G 633 no 2, publié dans M.C. Lefebre, Les plus anciennes chartes…, (...)
  • 35 Paroisse disparue située sur la commune de Moissac.

26Le premier épisode concerne Moissac et son abbé chevalier Gausbert qui sévit dans le second tiers du XIe s. Ce personnage a déjà donné lieu à une assez abondante littérature. Son origine reste cependant incertaine. Deux indices précis tendent à montrer qu’il appartient bien à la famille de Castelnau. Une donation de l’abbé laïque Gausbert à l’abbé régulier de Moissac Durand de Bredons (entre 1048 et 1072)34 porte sur des terres et des vignes situées à l’est de Moissac, dans la paroisse de Saint-Germain35. Or nous savons grâce au testament déjà cité qu’à la fin du XIe siècle, nos Gausbert de Castelnau contrôlent au moins partiellement le castrum de Montamat qui domine la paroisse de Saint-Germain.

  • 36 H. Debax, La féodalité languedocienne (XIe- XIIe siècles), PUM, 2003, p. 58.

27En outre on apprend dans le même acte que Gausbert l’abbé séculier a un frère qui s’appelle également Gausbert. Même si on ne peut pas complètement exclure que l’abbé séculier soit rattaché à la branche des Gausbert d’Orgueil/Pestilhac, il existe de fortes présomptions pour qu’il appartienne à la génération III des Gausbert de Castelnau. Si tel est le cas, on peut penser que l’abbé séculier a construit sa propre fortune à Moissac. On sait qu’il a acquis la charge d’abbé séculier pour la somme de 3 000 sous d’or et qu’il la revend en 1063 au comte de Toulouse son seigneur pour la somme colossale de 30 000 sous. Même s’il est difficile d’établir des comparaisons avec les sommes mises en jeu à la même époque pour l’achat des comtés de Carcassonne et de Razès36, de tels montants prouvent que cet individu navigue alors dans les très hautes sphères de la société aristocratique.

28Mais si un doute peut subsister sur l’origine familiale de l’abbé laïque, il est absent du second cas de figure. Celui-ci concerne la génération de l’extrême fin du XIe siècle.

  • 37 Bibliothèque Nationale, manuscrits lat 17674, fol. 159, édité dans O.V. Daillut, Le cartulaire de (...)
  • 38 Sur ce point voir l’article récent de Gérard Pradalié : « Les comtes de Toulouse et l’Aquitaine (I (...)
  • 39 L. d’Achery, Spicilegium veterum aliquot scriptorum, édité par Baluze, Paris, 1723, vol. 3, p. 437

29En effet, Gausbert de castro novo qui dicitur del Talius correspond à la 5e génération de notre généalogie. Il apparaît dans les textes à partir des années 1090. En 1098 dans une des rares chartes conservées des archives de l’évêché de Cahors37, on apprend que, du fait des troubles liés à l’invasion du comté de Toulouse par le comte de Poitiers, de nombreux milites ont usurpé des biens de l’église cathédrale38. Les chanoines de la ville font alors appel à notre Gausbert qui se voit paré du titre de defensor ecclesiae caturcensis. Derrière ce titre prestigieux se cache certainement un potentiel militaire très important. Les Gausbert sont alors certainement au faîte de leur puissance. En contrepartie de ce titre et de cette protection, Gausbert obtient une partie des revenus du chapitre pour 10 ans et une place de chanoine pour sa descendance. Ce Gausbert est toujours vivant en 1103, mais la charge de defensor est alors passée à un autre membre de la famille prénommé Guillaume39, personnage qu’il est difficile de situer dans la nébuleuse gausbertienne (probablement un cousin germain de Gausbert (IV)).

  • 40 Bibliothèque Nationale, manuscrits lat 17674, fol. 152, édité dans O.V. Daillut, Le cartulaire de (...)
  • 41 G. de Lacroix, Series et acta episcoparum cadurcensium, Cahors, 1617, p. 66-69 (1106, Bulle du pap (...)
  • 42 Il est tentant de faire correspondre cette disparition avec la seconde phase du conflit entre les (...)

30Au XIIe siècle, la documentation est nettement moins dense et il devient plus difficile de suivre le lignage. Gausbert (IV) n’apparaît plus dans la documentation après le texte de 1103. Mais il n’a pu mourir que dans les années 10 ou 20. En effet, la génération suivante n’est mentionnée que dans un texte daté des années 1108-113740. Il s’agit d’un accord entre quatre membres de la famille de Castelnau, probablement les fils de Gausbert (IV) et les chanoines au sujet de leur propre sépulture. Moyennant la rétrocession de quelques droits, les quatre frères Raimond, Gausbert, Bernard et Hugues obtiennent le droit de se faire inhumer dans la cathédrale, près de leur père. Ce droit est prolongé pour leurs propres descendants. Ils obtiennent également la confirmation de pouvoir être reçus comme chanoine, eux ou leurs descendants, sans contrepartie financière. La position de la famille semble encore largement assurée. Entre 1106 et 1115, cinq textes mentionnent à la tête du chapitre cathédral de Cahors un Gausbert qui a le titre de prieur41. Il n’est pas complètement impossible que ce dernier corresponde en fait au defensor de 1098 qui se serait reconverti sur le tard dans des activités plus spirituelles, mais aussi certainement très lucratives. Si ce n’est pas lui, il faut y voir de façon très probable un fils ou un parent très proche. Pourtant après 1115, les mentions s’espacent et il n’est plus vraiment possible de reconstituer le fil du lignage42.

***

31Finalement, le bilan que l’on peut dresser de la famille des Gausbert aux XIe et XIIe s. est édifiant :

  • il s’agit d’une famille caractérisée par des origines très anciennes qui remontent probablement au début du Xe siècle. Les datations14C obtenues sur le site castral de Maurelis tendent à confirmer cette chronologie ;
  • il existe des indices forts permettant de penser que cette famille est initialement liée à l’autorité publique et plus particulièrement aux comtes de Toulouse. Nous ne saurons évidemment jamais avec précision dans quel contexte politique ils ont assis leur puissance. La possible présence de l’ancienne famille des comtes de Quercy au cœur de ce qui deviendra leur châtellenie pourrait signifier que leur fortune a pu se faire en jouant des luttes d’influences entre les deux lignages comtaux. La disparition des comtes de Quercy au cours du Xe s. leur laissa certainement le champ libre ;
  • le territoire où l’influence de la famille a pu être repérée est considérable. On peut l’estimer à au moins un millier de km2. Il est en revanche probable que l’assise de ce pouvoir est relativement fragile et diffuse. Lorsque la châtellenie se territorialise, elle se concentre sur un noyau de 30 à 35 paroisses ;
  • au-delà des différents droits qui apparaissent dans les chartes, il faut noter le rôle capital qu’a pu jouer pour le lignage la prise de contrôle même partielle de une ou plusieurs entités religieuses de premier ordre (abbaye et siège épiscopal). Les revenus y afférents doivent être mis en perspective avec le montant colossal de la vente de la charge d’abbé laïc en 1063 (30 000 sous). La famille semble donc avoir eu des capacités financières de tout premier ordre ;
  • il est difficile de dissocier ce degré de richesse des capacités militaires du lignage. Ces dernières ressortent clairement de l’analyse architecturale de la forteresse de Maurelis, et du titre de defensor ecclesie caturcensis dont on peut penser qu’il fut effectif. Cela suppose que Gausbert de Castelnau soit capable de rassembler une troupe susceptible de résister au duc d’Aquitaine au début du XIIe siècle. Cela se traduit également par le contrôle effectif de plusieurs castra vers 1100, depuis celui de Montamat aux portes de Moissac, jusqu’à celui de Flaugnac, chef-lieu de viguerie carolingienne, à une cinquantaine de kilomètres de là.

32Pourtant, cette famille n’a jamais pu ou voulu se parer du moindre titre, vicomtal ou autre. La plupart des vicomtés quercynoises furent sans doute beaucoup moins puissantes que cette châtellenie. Il ressort donc clairement que, dans cette région, le titre vicomtal ne s’acquiert pas par le biais des capacités militaires, politiques ou financières décrites ci-dessus. L’organisation géographique des vicomtés en Quercy me laisse penser que ces critères ne sont pas suffisants pour pouvoir se parer d’un titre vicomtal. La proximité physique, et sans doute lignagère fut sans doute plus importante que ces signes extérieurs de richesse et de pouvoir.

Notes

1 K. F. Werner, « “Missus, marchio, comes”. Entre l’administration locale et l’administration locale de l’Empire carolingien », dans W. Paravicini (éd.), Beihefte der Francia, 9, Munich, 1980, p. 191-239.

2 F. Aubel, « Les comtes de Quercy (fin VIIIe-début Xe siècle) », Annales du Midi, t. 109, 1997, p. 309-335.

3 En particulier dans les chartes de l’abbaye de Moissac.

4 Dom C. Devic, Dom J. Vaissete, Histoire Générale de Languedoc, Toulouse, 1875-1892, t. V, col 240 à 250.

5 Ed. Albe, Les possessions d’Obazine dans le diocèse de Cahors et les familles du Quercy, Brive, 1911.

6 Il faut en particulier évoquer le chartrier de l’abbaye de Moissac édité dans une thèse d’école des Chartes : M.C. Lefevbre, Les plus anciennes chartes de l’abbaye de Moissac, thèse d’école des Chartes, 1967. Et le cartulaire inédit de l’abbaye Saint-Théodard de Montauriol (Arch. départ. Tarn-et-Garonne, G 229 et 240).

7 L. Robertini, Liber miracularum sancte Fidis, ed critica e commento, Spoleto, centro italiano di studi sull’altomedioevo, 1994, p. 233. (miracle III/8) – vers 1030-1040 Récit de la libération de Raimond de Montpezat, grâce à sainte Foy de Conques. Raimond était retenu prisonnier dans la tour de Pierre de Gausbert, qualifié de vir illustrissime. Voir le commentaire de Pierre Bonnassie dans « Les descriptions de forteresses dans le livre des miracles de sainte Foy de Conques », dans Mélanges d’archéologie et d’histoire en l’honneur du doyen Michel de Bouärd, Genève-Paris, 1982, p. 17-26.

8 Montpezat de Quercy (Tarn-et-Garonne).

9 Castelnau-Montratier (Lot). Voir F. Hautefeuille, « La seigneurie de Castelnau-Montratier aux XIe et XIIe s. », Bulletin de la Société des Études du Lot, CXIII, 1992, p. 255-270.

10 A. Soutou, « Le donjon emmoté de Castelnau-Montratier », Archeologia, 1975, p. 72-74. Un bilan historiographique complet sur le site a été fait dans F. Hautefeuille, Motte de la truque de Maurélis, Rapport d’étude et de sondages 2004, SRA Midi-Pyrénées, 2005.

11 Arch. départ. Lot, 48 J 6, p. 85, analyse XVIIIe s., en 1254, Arnaud Audoyn, bourgeois de Cahors baille à fief à R. et Aymeric de Viviers une terre à Castelvielh, dans la paroisse de Saint-Vincent. Cette parcelle confronte le chemin de l’église, le fossé de la motte de Castelvielh, et une autre terre tenue de la directe de Bru Senher.

12 F. Hautefeuille, La Truque de Maurélis, donjon emmoté, 1er rapport de fouille triennale, Toulouse, SRA Midi-Pyrénées, 2006, à paraître dans Quercy-Recherche.

13 Ly-18803, âge calibré de 891 à 1016, Ly-18801, âge calibré de 896 à 1020, Ly-18805, âge calibré de 776 à 971.

14 Présence de nombreux vestiges carpologiques en cours d’étude.

15 BSR Midi Pyrénées, 2004, p. 70.

16 Devic et Vaissette, Histoire Générale de Languedoc…, t. V, col 240 à 250.

17 Fl. Journot, « Châteaux du Languedoc montagnard aux Xe et XIe siècles », Archéologie du Midi Médiéval, t. 10, 1992, p. 39-62.

18 B.N. Doat, vol 128, fol. 18.

19 Arch. départ. Tarn-et-Garonne, G 239, fol 83 (949), fol 35 v° (951), fol 96 v° (959).

20 Idem, fol. 86 v°.

21 Idem, fol. 89 v°.

22 Arch. départ. Lot, 48 J 5, p. 540 (1280), Hommage de Ratier de Castelnau à l’évêque de Cahors pour la châtellenie de Castelnau, à l’exception de la motte d’Agrefeuil qui dépend du roi.

23 G. Desjardins, Cartulaire de Conques, Paris, 1879, no 347, (1030-1050), Donation à l’abbaye de Conques par Bernard Oddo et son frère Arnald de leur alleu situé dans le pagus de Cahors, dans la vicaria de Saddiriaco, et consistant en un mansus appelé Solarius24 où demeurent Donadeus et Gausbert frères. Parmi les souscripteurs se trouvent Gausbert de Castello Novo, Bernard, frère de Gausbert, et Raimond.

24 Arch. départ. Tarn-et-Garonne, G 569, cahier no 1, p. 10 (M.C. Lefevbre, Les plus anciennes chartes…, no 141, (1094-95). Donation à l’abbaye de Moissac par Guillaume Trantapectus et son frère Pierre, avec le conseil de sa mère Blanca et de beaucoup d’amis, en particulier de Gausbert, d’Arnal, et d’Aimeric et d’Hugues de Lauriac frères, de l’église Sainte-Marie de Buxa. Parmi les souscripteurs se trouvent Gausbert de illo Tallugo, Gausbert de illa Valleta, Raimond de illo Poieto, Hugues Sanctae Artemiae.

25 Arch. départ. Tarn-et-Garonne, G 571, (M.C. Lefevbre, Les plus anciennes chartes…, no 30), (1040-1050) : Charte de déguerpissement de l’alleu de Incombalder que Gausbert donna à Saint-Pierre de Moissac. Ailuna et ses enfants s’y opposèrent puis firent déguerpissement à leur tour entre les mains de Warin Kinabert. La charte est souscrite par Gausbert de Castelnov et Gausbert de Conderzalc. Warin Kinabert est vraisemblablement un membre de la famille de Pestilhac.

26 E. Albe, « Titres et documents concernant le Limousin et le Quercy. L’héritière de Castelnau-Montratier et le pape Clément VI (1346-1348) », Bulletin de la Société Scientifique, Historique et archéologique de la Corrèze, XXVII, 1905, janvier-mars, p. 147-158.

27 Bibliothèque Nationale, manuscrits lat 17674, fol. 157 (O.V. Daillut, Le cartulaire de Cahors et les sources documentaires du Quercy médiéval (XIe-XIIe s.), maîtrise, Toulouse II-le Mirail, 1999, dactyl, p. 34-35), 1109-1112 : Testament de Guillaume, prévôt de l’église de Cahors en partance pour Jérusalem.

28 Idem :… et omnia quaecumque habeo a fluvio qui dicitur Bargalo (La Barguelonne) versus civitatem cadurcensis (Cahors) et castrum Luzegium (Luzech), in cunctis finibus illius relinquo…

29 Idem :… partem, quam habeo in castro de Monte Amato…

30 Jean Lartigaut, « Le castrum de Flaugnac », Bulletin de la Société des Études du Lot, t. 105, 1984, p. 167-211.

31 François Aubel, « Les comtes de Quercy (fin VIIIe-début Xe siècle) », Annales du Midi, t. 109, 1997, p. 309-335. Dans la généalogie que propose cet auteur de la famille comtale on trouve des Raoul à chacune des générations entre le début du IXe et la fin du Xe s. (p. 317).

32 Communes de Lhospitalet, Pern, Flaugnac, Castelnau-Montratier, Saint Paul-de-Loubressac dans le Lot, et communes de Vazerac, Molières, Labarthe et Sauveterre dans le Tarn-et-Garonne.

33 Une partie de ces hommages ont été conservés dans le registre 48 J5 des Arch. départ. Lot.

34 Arch. départ. Tarn-et-Garonne, G 633 no 2, publié dans M.C. Lefebre, Les plus anciennes chartes…, no 79.

35 Paroisse disparue située sur la commune de Moissac.

36 H. Debax, La féodalité languedocienne (XIe- XIIe siècles), PUM, 2003, p. 58.

37 Bibliothèque Nationale, manuscrits lat 17674, fol. 159, édité dans O.V. Daillut, Le cartulaire de Cahors…, p. 37-38. Du fait des troubles liés à l’invasion du comté de Toulouse par le comte de Poitiers, de nombreux milites ont usurpé les honores, munera et sanctuaria dépendants de l’église cathédrale de Cahors. Les chanoines font appel à Gausbert de Castro Novo qui dicitur del Talius. Il devient defensor de l’église de Cahors. En échange, les chanoines donnent pour dix ans l’honneur extérieur et promettent de recevoir un des fils de Gausbert parmi eux.

38 Sur ce point voir l’article récent de Gérard Pradalié : « Les comtes de Toulouse et l’Aquitaine (IXe-XIIe s.) », Annales du Midi, t. 117, no 249, p. 5-23.

39 L. d’Achery, Spicilegium veterum aliquot scriptorum, édité par Baluze, Paris, 1723, vol. 3, p. 437.

40 Bibliothèque Nationale, manuscrits lat 17674, fol. 152, édité dans O.V. Daillut, Le cartulaire de Cahors…, p. 51-52.

41 G. de Lacroix, Series et acta episcoparum cadurcensium, Cahors, 1617, p. 66-69 (1106, Bulle du pape Pascal II confirmant la règle et les possessions du chapitre de l’Église de Cahors) ; M. Deloche, Cartulaire de l’abbaye de Beaulieu, Paris, 1859, no XXXI (1112, donation à l’abbaye de Beaulieu par l’évêque de Cahors de l’église de Baissac) ; J.B. Champeval, Cartulaire des abbayes de Tulle et de Rocamadour, Brive, 1903, no 668 (1113, confirmation par l’évêque de Cahors de la possession par l’abbaye de Tulle de l’église de Vayrac et bulle du pape Pascal II), et p. 655 dans une procédure opposant les moines de Marcilhac à ceux de l’abbaye de Souillac au début du XIIe s.

42 Il est tentant de faire correspondre cette disparition avec la seconde phase du conflit entre les Toulousains et les Aquitains, qui voit la victoire provisoire de Guillaume IX d’Aquitaine (G. Pradalié, « Les comtes de Toulouse… », p. 16-17).

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