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Hommes et sociétés, dans l’Europe de l’an mil

 | 
Pierre Bonnassie
, 
Pierre Toubert

a) Structures familiales

Les structures familiales de la paysannerie

Dans l’Occident méditerranéen

Lluis To Figueras

Full text

  • 1 G. Duby, Le chevalier, la femme et le prêtre. Le mariage dans la France féodale, Paris, 1981, p. 2 (...)
  • 2 G. Duby, L’histoire continue, Paris, 1991, p. 201. Le regard sceptique de G. Duby sur les possibil (...)
  • 3 P. Laslett, « La famille et le ménage : approches historiques », Annales esc, 27/4-5, 1972, p. 847 (...)

1Les structures familiales de la paysannerie dans la période qui entoure l’An Mil ont été beaucoup moins étudiées que celles de la noblesse. Entre les grandes études sur les polyptyques carolingiens et celles qui portent sur les sources notariées postérieures au xiie siècle ou sur les cadastres du bas Moyen Âge, il y a une période pour laquelle les documents sont moins abondants ou moins exploités pour notre sujet, la famille et la parenté dans la société rurale de l’Occident méditerranéen. G. Duby, qui avait pourtant consacré une grande partie de son œuvre à la parenté des xe-xiiie siècles, se montrait très sceptique sur la possibilité de déborder du cadre social de l’aristocratie : « L’obscurité devient impénétrable1.» Et bien entendu il était conscient qu’il est hasardeux d’étendre à la paysannerie les conclusions tirées de l’étude de la noblesse2. En effet, les historiens se heurtent à de sérieux problèmes méthodologiques pour tirer des chartes des données différentes de celles pour lesquelles elles ont été rédigées. On a essayé d’obtenir des renseignements sur la forme des familles, la composition des foyers, en particulier à l’aide de la grille proposée par P. Laslett dans les années 703. Mais les chartes nous renseignent davantage sur les ayant droits de biens transférés par le biais de dons ou de ventes. Et l’on a du mal à mesurer l’écart entre les groupes de propriétaires et les individus qui forment une communauté résidentielle. Pourtant on essaie d’obtenir des données sur le taux de nuptialité, le taux de natalité, la sex-ratio du fait de l’apparition ou non des femmes ou des enfants dans les chartes ou les listes, malgré le constat que souvent cela a plus à voir avec la position des femmes ou des enfants à l’intérieur des ménages.

2Malgré ces difficultés on tentera de présenter ici une brève analyse des caractéristiques principales de la famille paysanne dans l’espace de l’Occident méditerranéen chrétien, tout en admettant qu’on ne compte que sur les données éparses de quelques régions, en particulier de l’Italie centrale et de l’Espagne du nord, dont le contexte spécifique mériterait d’ailleurs des explications plus longues. Dans ce bilan provisoire, on examinera tout d’abord l’omniprésence du couple marié, ce qu’on sait du mariage paysan et des rapports entre époux ; en second lieu la transmission héréditaire et la filiation, pour revenir en dernier sur les frérèches ou fraternae.

I. L’OMNIPRÉSENT COUPLE MARIÉ

1. Les bases idéologiques : le mariage et le choix des conjoints

  • 4 P. Bonnassie, La Catalogne du milieu du xe à la fin du xie siècle. Croissance et mutations d’une s (...)
  • 5 M. Bourin-Derruau, Villages médiévaux en Bas-Languedoc : genèse d’une sociabilité (xe-xive siècle) (...)
  • 6 M. Montanari, « Strutture familiari e forme di conduzione fondiaria durante il Medioevo. Spunti pe (...)

3Les familles constituées par des couples mariés apparaissent partout dans les sources depuis l’époque carolingienne jusqu’au xie siècle au moins. En Catalogne les actes de vente de terres sont très souvent signés par un couple. Près de 50 % dans un échantillon de 600 actes qui comporte aussi presque 40 % d’actes signés par des individus seuls, hommes et femmes, ou individus accompagnés de leurs enfants4. Une présence considérable des couples dans les transactions est aussi repérable dans les cartulaires languedociens5, ou parmi les preneurs des contrats agraires dans des régions telles que la Romagne6.

  • 7 F. Udina Martorell, El archivo condal de Barcelona en los siglos ix-x. Estudio crítico de sus fond (...)
  • 8 R. Pastor, Resistencias y luchas campesinas en la época del crecimiento y consolidación de la form (...)
  • 9 R. Le Jan, « Entre maîtres et dépendants : réflexions sur la famille paysanne en Lotharingie, aux (...)
  • 10 D. Herlihy, « The making of the medieval family : symmetry, structure and sentiment », Journal of (...)

4Les femmes apparaissent aussi auprès de leurs maris dans d’autres types d’actes, par exemple dans les jugements ou des dénombrements de toute sorte où il est normal d’enregistrer la population organisée par couples. Une célèbre charte de l’année 913 comporte une longue liste d’habitants d’une vingtaine de villae et villaria proches du monastère catalan de S. Joan de les Abadesses. Dans cette liste l’alternance d’hommes et de femmes permet de penser qu’il s’agit de couples, au total pas moins de 218 couples et 55 individus seuls7. À vrai dire une liste de ce genre est exceptionnelle et une si forte présence de couples mariés n’est vraiment pas habituelle dans les listes des environs de l’An Mil, mais on en a d’autres exemples en provenance du royaume des Asturies-León8. Cette coutume de dresser des listes d’habitants de grands domaines par couples apparaît aussi dans l’Europe du nord depuis le ixe siècle9. Et en général la structure de la famille nucléaire fondée sur le couple marié est un acquis dès la période carolingienne10.

  • 11 P. Toubert, « La théorie du mariage chez les moralistes carolingiens », dans Il matrimonio nella s (...)
  • 12 J. Goody, The development of the family and marriage in Europe, Cambridge, 1983.
  • 13 A. Guerreau-Jalabert, « Les structures de la parenté dans l’Europe médiévale », Annales esc, 36, 1 (...)

5Dans leurs réflexions sur le mariage, les moralistes carolingiens ont beaucoup insisté sur le renforcement du lien unissant deux individus et pas seulement deux familles, sans toutefois aboutir à une sacralisation des noces qui ne viendra que plus tard11. J. Goody a expliqué l’insistance de l’Église à promouvoir l’union des individus « contre » l’union des familles par la mise en œuvre d’une stratégie visant pour elle à se substituer à la parentèle et à prendre sa place au cœur des rapports sociaux12. Malgré toutes les critiques apportées à la thèse de J. Goody, d’autres études montrent bien l’ambiguïté existant entre les rapports de parenté et les rapports unissant les laïcs aux églises, sans que cela puisse être réduit à une simple opposition13.

  • 14 Pour les clercs concubinaires : P. Toubert, Les structures du Latium médiéval. Le Latium méridiona (...)
  • 15 Glossarium Mediae Latinitatis Cataloniae, fasc. 6, col. 719-722 ; P. Bonnassie, La Catalogne du mi (...)
  • 16 F. Bougard, La Justice dans le Royaume d’Italie de la fin du viiie siècle au début du xie siècle, (...)

6Hormis l’insistance mise par l’Église sur le mariage, on sait peu des choses sur les unions « illégitimes » ou sur les enfants nés en dehors des couples mariés. De façon indirecte on peut déduire parfois l’existence de clercs concubinaires et de groupes d’enfants illégitimes, par exemple parmi les esclaves de la réserve d’un domaine du ixe siècle14. En tout cas il est intéressant de remarquer qu’en Catalogne et en Languedoc, et dans bien d’autres régions sans doute, le rapt qui apparaissait parmi les quatre cas de la haute justice carolingienne tend à disparaître au profit de l’adultère. Et par la suite, l’adultère tend à être remplacé à son tour par la « cugucia », à savoir l’amende imposée au mari de la femme adultère, « cugucia » qui devient un des « mauvais usages », caractéristiques de la servitude catalane15. Ce qui n’empêche pas de rappeler que l’adultère était déjà puni à l’époque carolingienne et que, par exemple, rapt et adultère pouvaient apparaître ensemble dans les attributions juridictionnelles des comtes au ixe siècle16.

7Les alliances matrimoniales ont une importance considérable pour créer et renouveler les liens sociaux entre familles de l’aristocratie. D’autant plus que leur assise foncière est constituée de domaines éparpillés sur un espace très vaste, d’où l’intérêt d’en assurer le contrôle par le biais d’un large réseau d’alliés. De même, l’exercice de prérogatives politiques peut résulter, toujours au xe siècle, d’une concession de la part de la royauté, d’une délégation de fonctions, ce qui rend tout aussi intéressante l’alliance matrimoniale entre les familles détentrices du pouvoir théorique et celles qui exercent le pouvoir sur le terrain.

  • 17 M.C. Pallares Méndez, Ilduara, una aristócrata del siglo x, A Coruña, 1998, p. 15-16 et p. 89-116. (...)
  • 18 Pour les limites au consensus dans le sud de l’Italie, toujours au xie siècle : J.M. Martin, La Po (...)

8Les cas de l’aristocratie galicienne au xe siècle et de celle du León au xie siècle sont de ce point de vue très éclairants17. Mais on peut trouver un peu partout des exemples de cette importance des alliances matrimoniales au sommet de la hiérarchie sociale, importance qui s’explique par des raisons qui, a priori, n’ont pas la même transcendance dans les communautés paysannes. On peut formuler l’hypothèse d’un plus grand respect du principe du libre choix des conjoints chez les paysans, contrairement aux pratiques des familles aristocratiques pour lesquelles les enjeux de chaque mariage étaient majeurs. Malheureusement c’est un raisonnement qu’on ne peut guère étayer sur des données tirées des sources. Et de toute façon le « libre choix » l’était beaucoup moins pour les filles car, aussi bien du point de vue de la loi que dans la pratique, on sait qu’elles ne pouvaient se marier contre la volonté de leurs parents sous peine de perdre leur droit à l’héritage18.

2. La jeunesse et l’âge au moment du mariage

  • 19 D’après l’exemple bien connu de la Toscane : D. Herlihy et Ch. Klapish-Zuber, Les Toscans et leurs (...)
  • 20 D. Herlihy, Medieval Households, Cambridge (Mass.), Londres, 1985, p. 70-78.

9La différence de l’âge au mariage, précoce pour les femmes et tardif pour les hommes, qui caractérise l’Occident méditerranéen du bas Moyen Âge19, peut avoir son origine dans le haut Moyen Âge. D. Herlihy avait proposé un mariage tardif aussi bien pour les hommes que pour les femmes pendant le haut Moyen Âge, en se fondant, parmi d’autres données, sur l’absence des grands-parents dans les foyers recensés par les polyptyques. Cet âge au mariage tardif semblait être en cohérence avec l’image de surpeuplement local qu’on tirait des espaces décrits dans ceux-ci et par conséquent avec l’idée d’une croissance démographique très limitée, du moins à l’intérieur des grands domaines20. Évidemment on n’a pas de données sur l’âge au mariage des couples paysans qui apparaissent dans les chartes, mais les difficultés qu’ils devaient éprouver pour trouver de la terre disponible étaient certainement une bonne raison pour les jeunes de retarder leur mariage tout en restant chez leurs parents plus longtemps.

  • 21 Plusieurs testaments conservés dans les archives catalanes sont rédigés par des célibataires au mo (...)
  • 22 P. Bonnassie et P. Guichard, « Les communautés rurales en Catalogne et dans le pays valencien (ixe(...)

10Or, aux approches de l’An Mil – et peut-être dès le ixe siècle dans certaines régions méditerranéennes – des possibilités nouvelles s’offrent aux jeunes et les moyens de s’émanciper ne manquent pas. Dans les royaumes chrétiens de la péninsule ibérique, le voisinage d’al-Andalus leur permet de participer aux expéditions militaires et de retourner chez eux avec une partie du butin ou la solde qui leur a été payée. Comme on peut s’y attendre, un grand nombre de ceux qui partent dans ces expéditions sont de jeunes célibataires, et les testaments rédigés à l’occasion en sont la preuve21. Quoique les testaments conservés concernent surtout des membres de l’aristocratie, on sait que la participation des roturiers aux expéditions armées chrétiennes était un phénomène tout à fait normal22.

  • 23 R. Ring, « Early medieval peasant households in Central Italy », Journal of family history, 2, 197 (...)

11Les jeunes avaient aussi la possibilité de se tailler une exploitation agricole à eux, par exemple sur les nouveaux fronts pionniers qu’on peut repérer à l’intérieur même des grands domaines monastiques. Dans les domaines de l’abbaye de Farfa dans les Abruzzes, les listes serviles rédigées au ixe siècle permettent d’observer des tenures occupées par des hommes seuls qui semblent bien être des jeunes, célibataires ou récemment mariés, en train d’aménager une nouvelle exploitation agricole, et ceci dans un mouvement que les moines essayent d’encadrer et qui est à la fois la cause et la conséquence de la croissance démographique. Toujours dans les domaines de Farfa mais sur d’autres terroirs, on peut observer un grand nombre de tenures occupées par des grands-parents, et c’est là un autre élément qui fait penser à un âge au mariage relativement précoce23. Le contexte des défrichements, qui est maintenant mieux connu par l’intermédiaire de l’archéologie, a sans doute facilité l’obtention par les jeunes des moyens nécessaires au mariage, ce qui a pu avoir pour conséquences une baisse de l’âge de celui-ci et un stimulus à la croissance démographique.

  • 24 J.P. Devroey, « Femmes au miroir des polyptyques : une approche des rapports du couple dans l’expl (...)

12Depuis l’époque carolingienne, certains indices permettent de penser aussi que les filles se mariaient plus jeunes que leurs époux. La présence bien attestée d’un surplus de filles, sans doute célibataires, dans les centres domaniaux, parfois dans des ateliers textiles ou autres, fait penser qu’il s’agit de filles qui, en provenance des manses, consacraient un certain temps de leur jeunesse au travail dans les centres domaniaux en attendant leur mariage. En particulier dans des ateliers textiles, du moins dans les domaines carolingiens du nord de l’Europe, car une bonne partie du travail des femmes était alors un travail textile. Même si le travail des femmes dans le secteur textile n’était pas cantonné aux réserves domaniales : par exemple dans le polyptyque de S. Giulia di Brescia, il n’y a qu’une seule curtis possédant un gynécée consacré à la production textile24.

  • 25 M. Zerner, « Enfants et jeunes au ixe siècle. La démographie dans le polyptyque de Marseille », Pr (...)
  • 26 D. Herlihy, Medieval Households… op. cit., p. 76 et J.P. Devroey, « Femmes au miroir des polyptyqu (...)

13Le déficit de femmes dans les listes qui recensent les enfants des tenanciers, est souvent à mettre sur le compte d’un âge au mariage plus précoce des filles. Telle pourrait être l’explication du déficit de jeunes filles, âgées de plus de 15 ans, par rapport aux garçons de la même tranche d’âge dans le célèbre polyptyque de St. Victor de Marseille25. Une conséquence de la différence dans l’âge au mariage serait la présence de veuves dans une proportion bien supérieure aux veufs, ce qui est loin d’être évident dans les sources de la période carolingienne26.

  • 27 L. To Figueras, Família i hereu a la Catalunya nord-oriental (segles x-xii), Barcelone, 1997, p. 7 (...)

14En Catalogne et sans doute ailleurs, un pourcentage important de ventes et de dons de terres sont faits par des femmes, souvent accompagnées de leurs enfants, qui sont bien souvent des veuves et parfois le disent explicitement, car elles sont en train de gérer un douaire provenant de leur mari décédé. Malheureusement il est beaucoup plus difficile de préciser dans quelle proportion les foyers de l’ensemble de la population sont occupés par des veuves, avec ou sans enfants. Leur importance dans les sources, par exemple les actes de vente, n’est pas seulement le fait de leur importance numérique dans la société mais aussi de leur faiblesse du point de vue patrimonial qui les pousse à aliéner de la terre dans des proportions supérieures aux célibataires ou couples mariés27.

3. Les échanges dotaux

  • 28 M.T. Guerra-Medici, I diritti delle donne nella società altomedievale, Napoli, 1986, p. 261-263. D (...)

15L’une des raisons de l’omniprésence des couples mariés, ou plus exactement de la présence des femmes auprès de leurs époux dans les sources, est la dot indirecte offerte d’après des modalités et des formules qui varient selon la tradition juridique. Par exemple la femme lombarde reçoit de son époux la morgengabe, ou don du matin, après les noces, avec une limite fixée au quart du patrimoine marital. Tandis que les femmes franques reçoivent une dos ex marito – ou widemo chez les Alamans – à laquelle s’ajoute la tertia, une assignation générale sur l’ensemble des biens de l’époux assimilée au tiers de leur valeur28.

  • 29 L. Feller, Les Abruzzes… op. cit., p. 459-508. La même morgengabe pouvait être transférée à l’un d (...)
  • 30 R. Le Jan-Hennebicque, « Aux origines du douaire médiéval (vie-xe siècles) », dans M. Parisse (ed. (...)

16Dans les Abruzzes on a très bien montré le passage d’une dot indirecte, qui est concédée en pleine propriété avec droit d’aliénation, au douaire dont la femme ne détient qu’un usufruit. Le signe qui annonce ce changement est une vague d’aliénations de la part des femmes vers le dernier tiers du ixe siècle qui bénéficie à l’aristocratie locale ou aux abbayes de fondation récente29. En tout cas, aux xe-xie siècles, la morgengabe lombarde devient une quote-part qu’on ne sépare plus de l’ensemble des biens de l’époux. Cette évolution de la morgengabe est en rapport avec un changement de sa fonction. La vieille morgengabe servait à sceller une alliance politique entre l’époux et la famille de l’épouse, alliance dont on espérait un prestige accru, l’accès à certaines fonctions ou tout simplement une part de l’héritage des beaux-parents. Par contre la nouvelle formule, celle d’une quote-part indéterminée qu’on ne sépare pas du patrimoine d’origine, renforce la cellule conjugale en associant l’épouse au domaine ou au patrimoine de l’époux. C’est donner un droit de regard à l’épouse sur l’ensemble des biens de son époux, mais rien de plus que cela. Ce passage vers un système à douaire qui remplace la vieille morgengabe est aussi en rapport avec le renforcement du couple conjugal car le douaire sert à protéger la veuve, alors que cette protection relevait traditionnellement de la responsabilité de sa parentèle d’origine30.

  • 31 P. Bonnassie, La Catalogne… op. cit., I, p. 258-259 et M. Zimmermann, « Un formulaire du xe siècle (...)
  • 32 M. C. Pallares Méndez, Ilduara, una aristócrata del siglo X, A Coruña, 1998, p. 12 et 85. M. Aurel (...)
  • 33 P. Martínez Sopena, « Relations de parenté et héritage wisigothique dans l’aristocratie du royaume (...)

17Dans les régions de droit wisigothique telles que la Catalogne, la dot indirecte offerte à l’épouse est aussi une quote-part du patrimoine de l’époux, le dixième (decimum). Dans les archives catalanes on conserve quelques chartes de constitution de dot des environs de l’An Mil qui mentionnent la loi wisigothique et qu’on peut rapprocher d’un formulaire du xe siècle contenant la formule de la charte dotale31. À la dot on voit s’ajouter dans les familles de l’aristocratie comtale une deuxième donation qu’on tend à confondre avec les dons que la femme mariée peut légalement recevoir, à partir d’un an après les noces, de la part de son mari. On en connaît aussi certains exemples en provenance de ménages aristocratiques galiciens : tel est le cas du don offert par le noble Gutier à son épouse Ilduara au début du xe siècle32. En général dans l’aristocratie du royaume de León, très attachée à la tradition wisigothique, on donne à l’épouse une dot indirecte ou douaire qui reçoit le nom d’arras ainsi qu’une deuxième donation pro donas33, composée en particulier de biens meubles.

  • 34 L. To Figueras, « Les fonctions de dot et douaire dans la société rurale de la Catalogne (xe-xie s (...)
  • 35 L. Toubert, Les structures du Latium médiéval. Le Latium méridional et la Sabine du ixe siècle à l (...)

18En Catalogne la possibilité de faire sortir le decimum du patrimoine d’origine, de telle sorte que la femme en dispose indépendamment de son mari, est tout à fait exceptionnelle. Certes on rencontre des femmes qui peuvent disposer de la dot maritale dans leur testament ou la vendre, mais à l’évidence il s’agit de veuves, surtout accompagnées de leurs enfants34. Or, dans ce dernier cas de figure, les enfants sont les héritiers de leur père défunt, d’où la conclusion que la dot n’est toujours pas dissociée de l’ensemble du patrimoine. En réalité d’après la loi wisigothique et dans bien d’autres traditions juridiques, dans le cas où il y a des enfants, ceux-ci doivent hériter de la plupart de la dot, de même qu’ils sont les héritiers du patrimoine paternel. Par contre en Latium, au xie siècle, les femmes mariées ont une plus grande autonomie et elles peuvent disposer librement de la donatio propter nuptias que leurs époux leur ont offerte. Du moins en Latium est attesté le cas de femmes mariées agissant seules dans le cadre d’aliénations avec, certes, l’accord explicite de l’époux35.

  • 36 P. Bonnassie, La Catalogne… op. cit., I, p. 277-278.
  • 37 O. Guyotjeannin, « Les filles, les femmes, le lignage », dans M. Bourin, J.M. Martin et F. Ménant (...)

19Dans l’usage paysan, la dot maritale reste une assignation générale non déterminée : voilà qui est tout à fait cohérent avec un moindre poids de l’alliance politique entre deux groupes familiaux, qui par contre caractérise les mariages aristocratiques. La dot indirecte permettait d’intégrer la femme au patrimoine où elle allait s’installer et où elle allait contribuer à la reproduction et au travail quotidien. Malgré tout ce qu’on a pu dire à propos de la division sexuelle du travail, il est hors de doute que dans un milieu paysan, le travail féminin était un atout prisé. C’est-à-dire que l’épouse avait une importance en soi que l’époux récompensait à l’avance par le biais de cette dot qui liait la femme à l’avenir du foyer et à l’exploitation agricole du conjoint. Si en Catalogne, au début du xie siècle, les hommes commencent à employer des anthroponymes qui indiquent leur filiation et leur appartenance à une parenté, par contre les sobtiquets par lesquels on désigne les femmes évoquent la personnalité individuelle et on rencontre ainsi des Bella, Graciosa, Preciosa, ou des Fidela et Kasta36. On rencontre aussi des sobriquets chez les hommes mais dans un pourcentage bien plus réduit que chez les femmes pour lesquelles les impératifs familiaux d’attribution du nom demeurent moins contraignants37.

  • 38 P. Toubert, Le Latium médiéval… op. cit., I, p. 754-756 ; J.M. Martin, La Pouille… op. cit., p. 55 (...)

20La femme apporte au foyer sa dot à elle et des biens hérités ou à hériter à l’avenir. Mais de ce point de vue, les disparités régionales peuvent être importantes. D’habitude les sources écrites ne parlent pas de la dot directe offerte par la famille de la fiancée, surtout quand elle ne comporte pas d’assise foncière. Chez les Lombards, c’est le faderfio, que la femme mariée détient seule, et auquel s’ajoute le meta ou meffio que l’époux a versé pour obtenir le transfert du mundium sur l’épouse que théoriquement détient le père de celle-ci. Tandis que dans les régions où c’est toujours la tradition romaine qui l’emporte c’est tout simplement la dos qui est donnée à la fille mariée. Si en général il s’agit d’un ensemble de biens meubles, argent ou bétail, dans certaines régions elle peut comporter aussi des biens immeubles38.

  • 39 P. Bonnassie, La Catalogne… op. cit., I, p. 260.
  • 40 J.M. Salrach, « El mercado de la tierra en la economía campesina medieval. Datos de fuentes catala (...)
  • 41 M.C. Pallares, Ilduara… op. cit., p. 80 et 90.

21En Catalogne, la fille apporte en mariage une dot en biens meubles, en bétail ou en argent en plus d’un trousseau désigné par le nom d’origine arabe « exovar » ou « aixovar »39. Dans certains cas, il s’agit de bœufs qui sont indispensables aux trains de labour. Mais, quelle que soit la nature de la dot, il est possible, dans un contexte d’une grande mobilité de la terre, de l’investir dans l’achat de terres. Autrement dit, les animaux, l’argent ou les éléments qui composent le trousseau ne sont pas seulement une assurance pour la veuve ni un gage de l’alliance des deux familles. Cette dot en biens meubles ou argent devait être investie aussitôt dans l’aménagement de l’exploitation agricole ou son amélioration40. Dans le royaume d’Asturies-León, où les filles héritaient de leurs parents au même titre que leurs frères, leur apport au ménage pouvait être considérable. Par exemple une femme de l’aristocratie galicienne au xe siècle apporte en mariage un imposant patrimoine hérité des parents41.

  • 42 P. Toubert, Le Latium médiéval… op. cit., p. 724 et 763-764. Des nuances importantes dans la Pouil (...)
  • 43 L. To Figueras, Família i hereu… op. cit., p. 76-77 et en Galice : M.C. Pallares, Ilduara… op. cit (...)
  • 44 K. F. Drew, « The family in visigothic law », dans K.F. Drew, Law and society in early medieval Eu (...)

22En général, après le mariage, le couple pouvait agrandir son exploitation agricole par le biais d’achats en commun ou par l’obtention de terres par concession de grands domaines monastiques ou autres. On connaît par exemple des centaines de concessions de tenures de la part du monastère de Farfa à des couples tout au long des xe-xie siècles. Ces acquêts communs ne faisaient que renforcer la communauté de biens du couple42. De même en Catalogne, un grand nombre des achats de terres sont faits par des couples. Par contre il est rare de voir des femmes toutes seules acheter de la terre et cela n’arrive probablement jamais tant qu’elles ne sont pas veuves. En tout cas dans le milieu paysan mais aussi parmi l’aristocratie, il est normal de rencontrer des couples qui achètent pour agrandir leur patrimoine43. En conclusion, même si du point de vue légal il y avait une nette distinction entre les biens de l’épouse et ceux de l’époux, dans la vie quotidienne il était normal et plus efficace de gérer les deux propriétés ensemble44.

  • 45 J.M. Martin, La Pouille du vie au xiie siècles, Rome, 1993, p. 540-542. De plus, suivant une pseud (...)

23Néanmoins, au sein du couple marié, l’homme avait un rôle tout autre que celui de la femme, et sur plusieurs plans c’était lui qui exerçait le pouvoir au foyer. Sans revenir sur toute la littérature religieuse en la matière, il est important de noter que la base du patrimoine du ménage est l’apport fait par l’homme et que l’épouse s’intègre à celui-ci et non l’inverse. Sans oublier que le travail masculin est toujours considéré comme supérieur au travail féminin. Et dans les régions de l’Italie où le droit lombard est en vigueur la femme est de plus soumise à un mundoald, normalement son mari ou un autre membre de sa famille, qui doit acquiescer à tout acte d’aliénation tout en lui apportant protection45.

4. Les veuves : du douaire au remariage

  • 46 K. F. Drew, « The family in visigothic law… art. cit », p. 11.

24Du point de vue du patrimoine, ce sont les veuves qui peuvent cumuler les ensembles les plus importants. Elles peuvent ajouter à la dot, un douaire, un usufruit sur une grande partie ou l’ensemble du patrimoine de leur époux décédé. Le douaire est très souvent conditionné à la nécessité de s’occuper des enfants trop jeunes, dont la veuve peut avoir la tutelle, prévue entre autres par la loi wisigothique46. Le mariage des filles ou le soin des garçons apparaît souvent dans les plus anciens testaments catalans du début du xie siècle comme étant de la responsabilité de la veuve. À l’inverse on demande aux enfants de respecter les droits de leur mère douairière.

  • 47 M.T. Guerra-Medici, I diritti delle donne… op. cit., p. 258-259.
  • 48 C. La Rocca, « Pouvoirs des femmes, pouvoir de la loi dans l’Italie lombarde », dans S. Lebecq, A (...)
  • 49 J. Goody, The development of the family and marriage… op. cit, p. 95.
  • 50 M. Cabré, « La dedicación de las mujeres a la vida religiosa y el desarrollo del sistema de género (...)
  • 51 J. Nelson, « The wary widow », dans W. Davies et P. Fouracre (eds.), Property and power in the Ear (...)
  • 52 M. Aurell, « Les avatars de la viduité princière : Ermessende (ca. 975-1058), comtesse de Barcelon (...)

25Le remariage de la veuve supposait, en général, de mettre fin au douaire47. Mais, les veuves étaient soumises aux pressions contradictoires du groupe familial de l’époux qui souhaitait éviter leur remariage et à celles de sa famille d’origine qui à l’inverse pouvait tirer parti d’un deuxième mariage48. En effet, la famille de l’époux pouvait craindre, au cas où il n’y avait pas d’enfants du couple, la perte de tout droit de regard sur la morgengabe ou la dot maritale si la veuve se remariait. De son côté l’Église était peu favorable au deuxième mariage des veuves et elle leur offrait un encadrement et les assurait de sa protection particulière et de sa charité49. En particulier les veuves pouvaient prendre le voile et devenir des deo devotae ou deo sacratae sans entrer dans une communauté monastique de type bénédictin 50. Si les veuves faisaient le choix de garder leur indépendance et d’éviter un second mariage, elles risquaient de rester dans une situation très vulnérable. Prendre le voile juste après le décès de l’époux était une stratégie plus ou moins efficace de la part des veuves pour se mettre à l’abri, elles et leur patrimoine foncier, des convoitises familiales51. Il n’empêche que, dans certaines régions méridionales, les veuves de l’aristocratie ont pu exercer un rôle tout à fait remarquable sans se remarier et en assumant la garde du patrimoine de leur époux. En Catalogne, entre 980 et 1080, la plupart (14 contre 3) des comtesses douairières ne se remarient plus52.

  • 53 Les foyers de veuves sont soumis à un prélèvement fiscal réduit là où les listes fiscales permette (...)
  • 54 P. Bonnassie, La Catalogne… op. cit., I, p. 277, et L. To Figueras, « Les fonctions de dot et doua (...)

26Dans le milieu paysan, le remariage des veuves pouvait être suscité non par la valeur de la femme en tant que chaînon d’un réseau d’alliances familiales, mais par la nécessité. En effet si, comme on l’a dit auparavant, le travail masculin semble indispensable à la culture des champs, on imagine facilement les difficultés qu’éprouvent les veuves avec des enfants trop petits. Les veuves chargées d’enfants forment l’un des groupes les plus vulnérables de cette société53. C’est ainsi qu’on peut interpréter le grand nombre de ventes de terres de la part des veuves, avec ou sans enfants, soit comme preuve des difficultés éprouvées, soit comme stratégie préventive face aux difficultés à venir. Dans ce contexte le remariage est une autre stratégie possible pour échapper aux aléas de la conjoncture économique. La crainte d’éprouver des difficultés insurmontables, liée au désir d’assurer la survie de l’exploitation agricole, conseillait de prendre un deuxième mari. En tout cas le remariage des veuves est attesté partout et en particulier parmi les paysannes. Dans certains cas, la veuve s’est remariée tout un gardant un contrôle sur les biens de son premier époux54.

II. LES ENFANTS ET LA SUCCESSION

1. Les enfants et leurs droits

  • 55 M. Zerner, « Enfants et jeunes au ixe siècle… art. cit. » ; J.P. Devroey, « Les méthodes d’analyse (...)
  • 56 P. Toubert, Le Latium médiéval… op. cit., I, p. 716-717.
  • 57 P. Bonnassie, La Catalogne… op. cit., I, p. 270.
  • 58 R. Pastor, « Poder y familia en la sociedad foral gallega. Aproximación a su estudio, siglos xiii (...)

27On peut suggérer un taux élevé de fécondité dans les ménages roturiers à partir de l’époque carolingienne ; ce qui expliquerait la croissance démographique, avec toute la prudence que ce genre de données impose. Dans les grands domaines carolingiens, comme celui de St. Victor de Marseille ou ceux de Farfa et S. Vicenzo al Volturno dans les Abruzzes, dès le ixe siècle, le nombre d’enfants par couple est supérieur à 2, ce qui autorise une relative croissance55. De même au début du xie siècle parmi les familles de tenanciers le nombre d’enfants est assez élevé pour permettre la croissance56. Parmi les propriétaires qui apparaissent dans des actes d’aliénation, le nombre d’enfants est de 3,7 par ménage en moyenne dans un échantillon catalan57. Bien entendu il s’agit de données très approximatives car les actes n’enregistrent pas forcément tous les enfants du couple et on ne tient pas compte des célibataires ni des ménages sans enfants. Finalement dans les familles serviles des monastères galiciens du xie siècle, le nombre d’enfants par couple est tout aussi élevé et confirme la tendance à la croissance démographique à l’intérieur des grands domaines58.

  • 59 Par exemple le récit de la naissance du saint galicien Rosendo né d’un accouchement sans douleur, (...)

28Les testateurs de toutes les catégories sociales prévoyaient des clauses de substitution pour les cas de décès d’enfants qui ne parviendraient pas à l’âge adulte : ainsi tentait-on de contrecarrer la fragilité de la vie des enfants et de la vie humaine en général dans le haut Moyen Âge. Par ailleurs les testateurs semblent désireux d’avoir des enfants et l’on trouve souvent des références à l’épouse enceinte ou susceptible de l’être. Cela veut dire que les enfants posthumes ne devaient pas être exceptionnels. La volonté d’avoir un enfant et de mettre fin à une hypothétique stérilité est un classique des récits hagiographiques et de la religiosité médiévale59. L’autre versant du même sujet est l’infanticide dont on a beaucoup discuté à propos de la sex-ratio des polyptyques ou l’abandon d’enfants nouveaux-nés.

29Beaucoup d’hommes et de femmes meurent sans descendance et cela permet de regrouper des héritages de temps en temps. Un grand nombre de testateurs catalans des années 975-1025, surtout de l’aristocratie, sont des célibataires qui font de leurs frères et sœurs les héritiers de leurs patrimoines. Mais dans ces cas-là, un autre gros lot de la succession va aux institutions ecclésiastiques, particulièrement à celle qui a gardé l’acte.

2. Famille néolocale et partages héréditaires

30Du point de vue légal, les enfants sont les destinataires de l’héritage paternel et maternel. Et dans les actes de la pratique, dans les testaments ou dans les aliénations où est indiquée la provenance des biens il est évident que les biens circulent des parents aux enfants du couple. Néanmoins les enfants n’apparaissent que très rarement dans les sources comme ayant droits aux patrimoines de leurs parents du vivant de ceux-ci. Par contre il est attesté que les parents cèdent parfois, avant leur mort, des parts d’héritage, la dot ou une avance d’hoirie aux enfants qu’ils envisagent d’installer à leur compte. En réalité la transmission héréditaire est un processus étalé sur tout le cycle de vie des familles. Toute une série de petits transferts peuvent précéder la succession mortis causa. Cela permettait aux jeunes couples de se constituer peu à peu une petite exploitation agricole, suffisante à la survie d’un nouveau foyer indépendant.

  • 60 D’après l’analyse d’une liste de plus de 200 servi de l’abbaye de Farfa, L. Feller (Les Abruzzes… (...)

31La formation de nouveaux foyers de la part de jeunes couples, en dehors du foyer paternel, est une caractéristique de la paysannerie méditerranéenne dans ce contexte de croissance économique. Au ixe siècle, dans les grands domaines des Abruzzes, les maîtres ont été capables de rendre compatible la formation de nouveaux foyers sur les fronts pionniers avec le maintien des vieilles tenures serviles où un héritier, et un seul, était imposé. Cela a entraîné la formation de familles souches à trois générations qui pouvaient résider ensemble dans le même foyer60. Même si ces familles élargies verticalement ne sont pas trop nombreuses dans la réalité à cause de la mortalité, il n’empêche qu’on a à faire dans ce cas à un système de résidence patrilocale. L’exclusion de la succession de tous les enfants sauf un était en contradiction avec la loi et la pratique du reste de la société, mais le contexte était ici très spécial : c’était celui d’un contingent de paysans qui étaient toujours esclaves, soumis comme tels à des contraintes tout à fait exceptionnelles.

  • 61 C. Jusué, Poblamiento rural de Navarra en la Edad Media. Bases arqueológicas, Pampelune, 1988 et J (...)
  • 62 F. Miranda suggère tout juste comme hypothèse de recherche, la coexistence dans certains cas de gr (...)
  • 63 J. Bolós (ed.), Un mas pirinenc medieval : Vilosiu B (Cercs, Berguedà), Lleida, 1996 et J.M. Pesez (...)

32Le modèle de la famille nucléaire et néolocale apparaît dominant parmi la paysannerie libre dans plusieurs régions de l’Occident méditerranéen aux environs de l’An Mil. Ce modèle est cohérent avec la formation de petits villages regroupant un petit nombre de foyers. En Espagne un des meilleurs exemples serait celui du village d’Apardués, mis en valeur par l’archéologie61. Il est hors de doute que la taille des maisons ne permet d’envisager que des familles nucléaires62. Malgré la relative rareté des fouilles archéologiques concernant la maison des xe-xie siècles, il n’est pas rare de rencontrer le même modèle de maison de taille réduite avec en général une ou deux chambres, maison qui semble peu adaptée aux familles larges ou frérèches63. Dans les listes d’habitants des villages ou plutôt des chefs des foyers, par exemple dans celle d’Apardués de l’an 991, on trouve des frères ou des individus portant le même patronyme, ce qui renvoie à l’existence de foyers séparés pour les enfants mariés. Ce serait là le résultat d’un partage successoral proche de celui qu’on connaît mieux dans le cas des familles aristocratiques.

  • 64 E. Pastor Díaz de Garayo, Castilla en el tránsito de la Antigüedad al feudalismo. Poblamiento, pod (...)

33Le modèle de la famille néolocale dans des villages où il est toujours possible de créer de nouveaux foyers est à mettre en rapport avec l’anthroponymie. Les villageois emploient pour la plupart un système de désignation à un élément, un nom seul, qui permet de les identifier sans aucun nom de famille ou de maison. Même dans les régions où le patronyme est largement répandu aux environs de l’An Mil, comme le nord de l’Espagne, les paysans restent beaucoup plus attachés que les aristocrates à l’usage du nom unique, ce qui est probablement un reflet de l’atomisation des familles conjugales64. L’absence ou la rareté de références explicites à la filiation, au nom de famille, est assez logique dans un monde où les enfants peuvent toujours s’émanciper de la tutelle paternelle et constituer une exploitation agricole individuelle sans attendre la mort des parents.

  • 65 S. Carocci, « Strutture familiari nel Lazio tardomedievale », Archivio della società romana di sto (...)

34Néanmoins l’existence d’un modèle résidentiel néolocal n’empêche pas que fonctionnent des mécanismes permettant aux parents de conserver une autorité sur leurs enfants. Les enfants soumis à la patria potestas du père ne pouvaient pas agir sans le consentement paternel, dans de nombreux actes de leur vie, même quand ils étaient déjà adultes et mariés. Les limitations imposées au filius familias, à celui qui n’est pas émancipé, sont inscrites par exemple dans les statuts communaux des villes du Latium au bas Moyen Âge65. Mais dans ce contexte, il est fréquent pour les enfants mariés de continuer à vivre auprès de leurs parents, type de résidence patrilocale dont on a vu les limites pour la période antérieure.

  • 66 quia infantes mei me derelinquerunt et noluerunt mihi dare cibum unde vivere possem, en 1067, L. T (...)

35L’abandon du foyer familial de la part des enfants mariés posait le problème des vieux dans les sociétés paysannes du Moyen Âge. On a déjà évoqué le cas des veuves et des veufs. Dans les listes des foyers villageois, telles que celle d’Apardués en 991, ils apparaissent fréquemment et on peut en déduire leur persistance comme foyers indépendants. Mais il est nécessaire, dans les testaments, de rappeler aux enfants qu’ils ont à bien soigner la mère veuve et il n’est pas exclu de voir des veufs se plaindre de l’abandon dans lequel les laissent leurs enfants. Tel est le cas d’un homme qui, avec sa fille, vend des biens à cause de la famine, en 1067, car ses enfants ne l’ont pas ni aidé ni nourri66.

  • 67 A. Barbero et M. Vigil, La formación del feudalismo en la Península Ibérica, Barcelone, 1978, p. 3 (...)
  • 68 M.C. Pallares, Ilduara… op. cit., p. 79.

36Pour les vieux sans enfants, des formules d’adoption permettent de s’assurer un soutien efficace. Dans le nord de l’Espagne, la profiliatio est un mécanisme qui permet d’intégrer quelqu’un parmi les héritiers, c’est-à-dire de le placer au même niveau que les enfants légitimes dans la succession ; en échange entre autres du victum et du vestitum. La profiliatio recouvrait souvent un transfert de biens aux aristocrates, y compris les comtes et les rois, car on les rencontre parmi les bénéficiaires d’actes de profiliatio67. La profiliatio, l’adoption, était utilisée par les puissants comme un moyen pour s’emparer des terres d’individus appartenant à des groupes socialement inférieurs et pour provoquer leur entrée en dépendance. Mais la profiliatio pouvait servir aussi à l’adoption du gendre ou des neveux dans le cas de couples sans enfants. Il est tout à fait remarquable de rencontrer le cas d’une profiliatio de ce type qui paraît avoir mal tourné pour les vieux. Ceux-ci accusent leurs neveux adoptés de les avoir maltraités et ils parviennent à provoquer la rupture de l’accord moyennant le transfert de leurs biens à une institution ecclésiastique68.

  • 69 J.M. Martin, « Pratiques successorales… », art. cit., p. 207.
  • 70 L. Feller, Les Abruzzes… op. cit., p. 530-533.

37L’adoption n’est pas inconnue dans l’Italie du centre et du sud, mais dans un contexte un peu différent de celui de l’Espagne septentrionale. On peut trouver des cas d’adoption de la part de couples sans enfants qui choisissent parmi leurs parents un couple de légataires universels, à charge pour ceux-ci de s’occuper d’eux comme l’auraient fait des enfants légitimes. L’affiliatus ou filius adoptivus peut être aussi un gendre69. Parmi les familles serviles du ixe siècle, dans les Abruzzes on trouve aussi des fils adoptifs, des affiliati, pour les couples sans enfants. C’est un moyen, encouragé par les maîtres, d’assurer la continuité dans l’occupation de la tenure du domaine, et ce procédé renforce en même temps le modèle de la famille souche dans lequel la descendance en ligne directe est privilégiée aux dépens des héritiers collatéraux70.

38Si en général, dans la paysannerie libre, on remarque l’absence de références explicites à la filiation et si on constate l’importance du modèle de la famille néolocale, par contre, dans les marges de cette société, on trouve des cas où la filiation redevient d’une très grande importance. Tel est le cas en particulier dans les groupes serviles et chez les élites qui forment la couche intermédiaire entre l’aristocratie et la paysannerie.

3. Les « généalogies » serviles

  • 71 Depuis les travaux classiques de C. Sánchez-Albornoz, « Homines de mandationis et iuniores », Cuad (...)

39Un cas à analyser est celui des familles serviles, que nous connaissons par des listes qui affichent des rapports de filiation qui remontent parfois à plusieurs générations. L’existence même de ces « généalogies », est tout à fait révélatrice d’une signification particulière de la filiation dans ces groupes sociaux qu’on ne trouve pas chez les paysans libres. Ce genre de documents existe seulement dans certaines régions de l’Europe qui ont connu des contingents de population esclave (ou servile) considérables aux alentours de l’An Mil. Un des exemples des plus remarquables est celui de la Galice. Les historiens médiévistes ont beaucoup discuté sur les caractères des servi galiciens qui apparaissent sous des noms divers dans les sources, à propos de leur origine ethnique, de leur rôle dans la production – s’agit-il de domestiques ou de travailleurs agricoles ? – et enfin sur leurs structures familiales71. Pour simplifier on ne tiendra pas compte ici de la grande diversité de statuts personnels et de cadres de vie de ces hommes habitant sur les mêmes domaines et à la même époque.

  • 72 R. Pastor, « Poder y familia en la sociedad foral gallega. Aproximación a su estudio, siglos XIII (...)
  • 73 Le pistor est un meunier ou boulanger, et une partie des esclaves de la liste de Celanova ont d’au (...)
  • 74 J. Gautier Dalché, « Les sarrasins du monastère de Sobrado », dans Minorités et marginaux en Espag (...)

40Les listes les plus complètes proviennent des abbayes de Celanova, Samos et dans une moindre mesure de celle de Sobrado. On a pu reconstituer par exemple les filiations de quelque 23 familles serviles sur trois ou quatre générations, à partir d’un seul document concernant le domaine de Lózara de l’abbaye de Samos, des années 1038-105772. La Notitia de pistoribus de Celanova fait un recensement d’une trentaine de familles qu’on peut caractériser comme étant des esclaves domestiques et qui s’étalent parfois jusqu’à sept générations entre le milieu du xie siècle et peut être le début du xiie siècle73. Celle de Sobrado concerne une période plus tardive (fin xiie-début xiiie siècle) et surtout des esclaves d’origine musulmans, sans doute des captifs74.

  • 75 Par exemple dans la liste de Samos : Ioannes presit mulierem in Onitio nomine Toilli Citiz et gene (...)

41Grâce à ces listes on peut dégager quelques renseignements élémentaires : tout d’abord que les individus mentionnés sont soumis à une dépendance héréditaire. Il était nécessaire d’avoir une charte de manumissio ou son équivalent dans un testament pour s’en affranchir, ce qui normalement conduisait à une situation intermédiaire de liberti, tout aussi héréditaire. De même, il est évident que ces populations serviles des monastères de Celanova et de Samos étaient en mesure de se reproduire et même d’assurer une croissance démographique. Les listes où les mots maritum, uxor et mulier sont employés régulièrement suggèrent la constitution de couples mariés, ou du moins de couples, quoique les expressions employées quelquefois laissent planer des doutes sur la nature du lien75.

  • 76 C. Sánchez-Albórnoz, « Los siervos… art. cit. », p. 17 ; M.I. Carzolio, « Reflexiones en torno a e (...)
  • 77 Mais la norme peut varier d’un endroit à l’autre à l’époque des polyptyques : J.P. Devroey, « Men (...)
  • 78 E. Portela Silva et M.C. Pallares Méndez, « El sistema antroponímico en Galícia. Tumbos del monast (...)

42Les filiations des listes sont majoritairement patrilinéaires mais pas exclusivement ; souvent on introduit aussi les noms des filles et leur descendance, ce qui veut dire que la condition servile peut être transmise autant par la voie féminine que par la voie masculine76. Ce qui est déjà une nouveauté importante par rapport à la tradition ancienne77. Mais cette filiation indifférenciée ne semble pas être une spécificité de la population servile, compte tenu du rôle exceptionnel qu’exerçaient les filles dans cette région du point de vue de la transmission du patrimoine. Bien que le système anthroponymique employé montre une nette préférence pour le patronyme, nomen paternum, avec filiation masculine, par rapport au nomen maternum78.

  • 79 R. Pastor, « Poder y familia… art. cit. », p. 195 et M.I. Carzolio, « Reflexiones en torno a escla (...)

43Le type de résidence semble être lui aussi, de façon majoritaire, virilocal, mais les listes donnent l’impression d’une relative mobilité vers l’extérieur ou à l’inverse vers l’intérieur du domaine de la part des conjoints, en particulier les femmes. Cela apparaît parfois par une désignation complémentaire au nom, le lieu d’origine des conjoints, ou une indication par la liste de l’endroit où se trouvent certains de leurs enfants. C’est ainsi qu’on peut expliquer des lacunes dans les listes, en particulier en ce qui concerne la descendance des filles79.

  • 80 « Los planteles serviles de Celanova ofrecen al monasterio el material para desarrollar una políti (...)

44L’un des buts de ce genre de documents était de réaffirmer le droit des abbayes sur leurs esclaves dans un contexte où la mobilité risquait de faire perdre le contrôle sur ceux qui étaient partis ou sur ceux qui étaient issus de mariages mixtes, c’est-à-dire des esclaves dépendant de maîtres divers. On connaît certains plaids contemporains des listes où l’on cherche à établir si certains des hommes dépendent de telle ou telle institution ou de tel ou tel noble galicien. La liberté de former des familles semblables à celles des paysans libres était sans doute l’une des raisons du succès démographique de la population servile, mais cela entraînait des difficultés accrues pour les maîtres qui devaient suivre leur parcours et éviter de perdre durablement le contrôle de leurs hommes. Quoi qu’il en soit, les monastères galiciens des xe-xie siècles sont peut-être restés capables d’encourager les défrichements grâce aux surplus de leurs familles d’esclaves domestiques, à l’instar de ce qui se passait dans les Abruzzes, sur le domaine de Farfa, un ou deux siècles plus tôt80.

  • 81 Néanmoins le texte insiste sur la parenté avec une femme qui était la sœur de sa grand-mère : Non (...)

45Il y a peu d’exemples comparables à celui de la Galice des xe-xie siècles. Dans une grande partie des régions méditerranéennes, à cette époque là, l’esclavage a presque disparu des campagnes. Les abondantes sources de la Catalogne pour cette période ne nous donnent que très peu de renseignements sur l’esclavage. On peut signaler quand même un plaid du ixe siècle où un homme, appelé Laurentio, originaire de la villa de Canavelles, dans le Conflent, réussit à prouver son ingénuité en démontrant que ses aïeux maternels et paternels n’étaient pas des esclaves. Ce qui prouve encore une fois le caractère bilatéral de la filiation en ce qui concerne le statut juridique81.

  • 82 C. Violante, « Quelques caractéristiques des structures familiales en Lombardie, Émilie et Toscane (...)

46On peut mentionner aussi le cas des listes de domestiques du monastère des Saintes Flora et Lucilla d’Arezzo en Toscane, de la fin du xie siècle, qui décrivent jusqu’à sept générations d’une famille servile82. La filiation dans ces documents est tout d’abord celle de la ligne paternelle mais on y indique aussi parfois la descendance des filles, la filiation maternelle. Comme dans les listes galiciennes on a l’impression que le modèle de résidence dominant était virilocal. Et on soupçonne l’existence de couples formés de conjoints en provenance de deux maîtres différents, ce qui pouvait provoquer des doutes à propos de leur descendance, d’où peut-être le besoin de dresser les généalogies.

47Les populations serviles de la Galice, et peut être d’ailleurs, étaient en train de converger vers le mode d’organisation familiale de la paysannerie libre en ce qui concerne la formation des foyers. Mais il est fort possible que les esclaves soient soumis à des contraintes importantes avec des mariages induits ou une dévolution héréditaire contrôlée, et de toute façon il n’est pas certain que tous les esclaves galiciens soient en mesure de transmettre une tenure familiale. Paradoxalement, l’usage de références explicites à la filiation pendant des générations et la mémoire généalogique qui en découle était une caractéristique qui rapproche les familles serviles des élites.

  • 83 J. J. Larrea, « La infanzonía en una perspectiva comparada : infanzones y arimanni del ordenamient (...)

48En effet, aux environs de l’An Mil on peut déceler de plus en plus des élites qui jouent un rôle décisif dans l’évolution sociale. Dans certaines régions de la péninsule ibérique ces groupes sont désignés par des termes qui suggèrent une transmission héréditaire de leur rôle social. Par exemple dans le royaume des Asturies-León, on cite des filii bonorum patres ou encore des filii bene natorum, des mots sans doute à rapprocher des boni homines qu’on trouve ailleurs et surtout des infanzones qu’on assimile par la suite à la petite aristocratie. Si avant le xie siècle on peut douter de la transmission héréditaire d’un statut particulier et encore plus de la formation de lignages, il pouvait y avoir des groupes familiaux capables de transmettre leur position privilégiée au sommet de la société rurale83.

4. Frérèche ou héritage indivis

  • 84 K.F. Drew, « The family in visigothic law… art cit. », p. 10 et P. Martínez Sopena, « Relations de (...)
  • 85 M.C. Pallares, Ilduara… op. cit., p. 76, 81, 135-136 ; J.J. Larrea, La Navarre… op. cit., p. 291-2 (...)

49Le vieux principe de la loi wisigothique qui donnait à tous les enfants, garçons et filles, les mêmes droits à l’héritage paternel est parfaitement attesté dans le nord de l’Espagne. Dans le royaume du León, garçons et filles participent à égalité aux héritages par le biais de quotes-parts divisas ou portiones, et parfois des tirages au sort, colmellum. Et si en suivant la loi wisigothique on peut accorder un tiers du patrimoine, pour améliorer l’un des enfants (melioratio), cela ne va pas dans le sens de privilégier les garçons ni la primogéniture84. L’égalité des sœurs et des frères dans les partages successoraux est aussi présente dans l’aristocratie d’autres régions voisines telles que la Galice du xe siècle ou la Navarre du xie siècle ce qui explique l’émiettement de leurs patrimoines, leur dispersion dans l’espace et l’importance des mariages comme voie de recomposition85. Même par le biais des mariages endogamiques entre cousins qui permettent de rassembler des morceaux du patrimoine partagé.

  • 86 Voir en particulier les études sur l’anthroponymie concernant la Galice, le Portugal et à titre co (...)
  • 87 L. To Figueras, Família i hereu… op. cit., p. 123-128. Évolution comparable dans le Bas Languedoc  (...)
  • 88 B. Cursente, Des maisons et des hommes. La Gascogne médiévale (xie-xve siècle), Toulouse, 1998, p. (...)
  • 89 J.M. Martin, « Pratiques successorales en Italie méridionale (xe-xiie siècle) : romains, grecs et (...)

50Cette position de force de la femme au sein des familles aristocratiques du nord de l’Espagne est en corrélation avec la tradition de la loi wisigothique. Et une preuve supplémentaire en est l’usage du patronyme ou nomen paternum, qui contrairement à ce qui se passe ailleurs dans l’Occident méditerranéen semble aussi répandu chez les hommes que chez femmes86. Cette égalité de tous les enfants n’était sans doute pas exclusive de l’aristocratie et très certainement n’était pas suivie partout ou du moins pas avec la rigueur du nord-ouest de la péninsule ibérique. Par exemple en Catalogne bien que l’on partage avec les régions plus occidentales le cadre juridique wisigothique, les filles n’héritent pas de leurs parents dans les mêmes conditions que leurs frères dès le xe siècle et surtout au xie siècle. Par ailleurs, comme dans le Languedoc, lors de la succession entre collatéraux, les célibataires, frères ou neveux, sont nettement préférés aux sœurs et nièces87. En Gascogne, le partage héréditaire est toujours majoritaire dans une région où par la suite, aux xiie-xiiie siècles, s’impose le droit d’aînesse88. Dans l’Italie du centre et du sud, on voit aussi côtoyer les régions vivant sous un système juridique romano-byzantin où les filles héritent à égalité avec leurs frères et les régions de tradition lombarde avec une plus grande marginalisation des filles dans la succession paternelle, spécialement en ce qui concerne les biens fonciers, et la réduction du partage égalitaire aux seuls enfants mâles de la famille. Mais les différences dans le cadre juridique le sont beaucoup moins dans la pratique où les influences réciproques provoquent des situations intermédiaires et de multiples nuances. De même que les régions soumises théoriquement au même cadre juridique montrent des différences importantes89.

  • 90 P. Toubert, Le Latium médiéval… op. cit., p. 720-721. En Navarre et Aragon aux xe-xie siècles quel (...)

51L’accès des enfants au patrimoine paternel pouvait se faire par la concession de quotes-parts issues d’un partage ou par le biais d’une formule de copossession en indivis. Des modalités très variées peuvent se combiner au sein de la même famille par exemple en gardant en indivis une partie de l’héritage et diviser le reste. En tout cas il est fréquent de trouver un peu partout des groupes de frères agissant ensemble en tant que copossesseurs de biens hérités. Mais la copossession semble souvent un stade transitoire voué à une ultérieure division quand la situation le conseille, par exemple lors du mariage d’un des frères ou quand la naissance d’une nouvelle génération entraîne un trop grand élargissement du nombre des ayants droits. L’existence d’individus possédant la quote-part d’un bien est souvent le résultat d’un partage ou le signe que les frères regroupés dans une frérèche pouvaient disposer séparément de leur part théorique sans attendre le partage réel. Les frérèches peuvent disparaître plus naturellement par le décès sans descendance de l’un ou plusieurs de ses membres. D’où l’impression que ces fraternae sont partielles car elles ne concernent pas tout le patrimoine et en même temps instables car soumises aux avatars du groupe familial90.

  • 91 P. Toubert, Le Latium médiéval… op. cit., p. 724-727.
  • 92 L. Feller, Les Abruzzes… op. cit., p. 504-505.

52Les fraternae, tôt ou tard destinées à disparaître en fonction de l’évolution du cycle de vie familial, font preuve, parfois, d’une grande vitalité. Elles se renforcent par le biais de l’acquisition de biens en commun et plus exactement par la concession de terres à « libello », dont une frérèche peut devenir preneur collectivement. En tout cas le pourcentage de fraternae qui apparaissent dans les concessions du Liber largitorius de Farfa est loin d’être négligeable, surtout si on les compare avec d’autres échantillons contemporains. Au plus vif du mouvement d’« incastellamento » dans le Latium et la Sabine, entre 950 et 1050, les fraternae sont destinataires de plus de 40 % des concessions. La mise en place des castra impose une rigidité aux tenures qui encourageait la constitution de fraternae91. Et dans les Abruzzes, 40 % des precaria concédées par le monastère de Casauria au xe siècle le sont à des groupes ou des frérèches92. Ceci garantissait une certaine unité de la « consorteria », en particulier quand l’élément possédé en commun contient une église privée, car comme ailleurs les couples ou individus qui ont des biens en commun peuvent en posséder d’autres à eux seuls, et garder en indivis seulement une petite partie de leur patrimoine, avec un haut contenu symbolique.

  • 93 P. Brancoli Busdraghi, « Genesi e aspetti istituzionali della « domus » in Toscana fra xi e xiii s (...)
  • 94 P. Toubert, Le Latium médiéval… op. cit., p. 727-728, 734 et M. Bourin-Derruau, Villages médiévaux (...)
  • 95 P. Bonnassie, La Catalogne… op. cit., I, p. 266-267. L. To Figueras, Família i hereu… op. cit., p. (...)
  • 96 Sur le rôle des monastères familiaux en tant que centre de maintien de l’intégrité face aux partag (...)

53Bien entendu cette possession en indivis n’implique pas une résidence commune ni la formation d’un foyer large ou ménage multiple, ni la constitution d’une consorteria comme celles qui apparaissent dans les sources italiennes du bas Moyen Âge93. À l’intérieur des castra, les frères mariés habitaient dans des maisons séparées, mais souvent jointives de sorte que le voisinage renforçait les rapports de parenté. Autrement dit, dans le type d’habitat serré constitué par les castra, le voisinage constituait une donnée sociologique, comme la parenté94. Il est tout à fait possible que la coopération des fraternae s’étende à la production, mais à vrai dire les sources ne nous en disent presque rien et on doit se borner aux hypothèses. En général on ne peut pas dire si les biens tenus en commun sont exploités aussi collectivement. Néanmoins, les pourcentages de frérèches dans l’Italie de l’« incastellamento » sont bien au-dessus de ceux qu’on rencontre par exemple dans des échantillons des acteurs de donations ou ventes dans d’autres régions méditerranéennes, comme par exemple la Catalogne, la Castille ou la Galice95. On trouve parfois un plus grand nombre de frérèches dans des actes de dotation d’églises, mais il ne s’agit pas non plus d’une spécificité hispanique car on a déjà montré l’importance des fondations religieuses pour rassembler autour d’elles une parenté organisée en foyers conjugaux. En tout cas les originalités de l’Espagne du nord de ce point de vue sont somme toute très relatives96.

CONCLUSION

54D’habitude dans les analyses des structures familiales on ne tient pas compte des liens de parenté au-delà du foyer, au-delà des rapports de parenté mis en cause par la transmission du patrimoine. Les sources écrites ne nous renseignent guère sur ces réseaux et encore moins dans le cas des populations paysannes. On peut considérer que la parenté exerce un contrôle sur les transferts de terres individuels au travers des signataires des actes, mais la laudation parentorum est rare dans l’aire méditerranéenne et on a plutôt l’impression que les individus, les couples ou les groupes de frères vendent en toute liberté et si d’autres membres de la parentèle signent au pied de l’acte, il n’est pas toujours dit qu’ils soient requis pour donner leur accord.

55Les legs pieux confirment cette difficulté d’appréhender la parenté au-delà d’un cercle relativement restreint, car les dons pro anima sont surtout offerts pour le conjoint, les parents, les enfants, les frères ou sœurs, mais rarement pour des parents au-delà du premier degré de consanguinité. Et d’ailleurs il est rare de rencontrer dans les sources des termes spécifiques pour les cousins ou les parentés collatérales qui se confondent tous sous la rubrique des consanguins et des proches.

  • 97 J. Bessmerny, « Les structures de la famille paysanne dans les villages de la Francia au ixe siècl (...)

56Si dans les polyptyques carolingiens ou ailleurs on a pu reconstituer des liens de parenté au travers les anthroponymes97, l’existence de tels liens ne présuppose pas grand chose sur sa signification. C’est-à-dire sur l’ampleur de la coopération dans la production etc. car parfois on a des preuves du fait que le foyer, la famille conjugale ne bénéficie pas d’un soutien spécial de la part de la parentèle.

  • 98 Mais parentela désigne la descendance mâle, tandis que la propinquitas celle des filles dans quelq (...)

57En tout cas il s’agit d’une parenté bilatérale et indifférenciée. Les enfants héritent autant du père que de la mère, même si c’est dans des proportions très différentes. D’après les « généalogies » serviles, la dépendance pouvait se transmettre autant par la mère que par le père. C’est-à-dire que les liens de parenté s’étendent non seulement du côté du père mais aussi du côté maternel, et la terminologie ne fait pas de différence entre les uns et les autres. Avunculus peut être à la fois l’oncle maternel et l’oncle paternel dans les régions où le phénomène a pu être étudié98. De même il s’agit sans aucun doute d’une parenté ego focalisée qui change pour chaque individu, et il n’y avait pas de clans ni de lignages à proprement parler.

58Au sein de la société rurale des xe-xie siècles, les paysans utilisent des règles pour la transmission héréditaire et pour organiser la résidence, la production et la consommation qui sont assez souples. Des choix tels que l’âge de mariage, le remariage des veuves, malgré les normes imposées par la tradition et la culture sont sensibles à la conjoncture. Celle des années entourant l’An Mil était dans plusieurs régions de la méditerranée occidentale, une conjoncture de croissance et d’une relative souplesse dans les structures foncières. Les échanges et les ventes de terres étaient fréquents, même au sein de la paysannerie, et les défrichements permettaient un certain renouvellement des exploitations agricoles. Cette tendance est aussi visible à l’intérieur des grands domaines qui pouvaient tirer parti de la création de nouvelles tenures. Mais évidemment de ce point de vue les différences régionales étaient très importantes. Si d’habitude on attribue un grand protagonisme aux familles paysannes dans l’expansion agraire de ces siècles, il faut souligner que le raisonnement est valable aussi à l’inverse et que le contexte a favorisé le renforcement des familles nucléaires et néolocales, sur le modèle du couple marié que préconisaient les théologiens. De ce point de vue il est difficile de parler de spécificité de la parenté méditerranéenne aux environs de l’An Mil. La possibilité, relative, d’accéder à la terre sans attendre les transferts successoraux des parents, a pu avoir des effets sur le taux de célibat, l’âge de mariage, le remariage des veuves ou la formation de frérèches. Autrement dit, des données qui semblent fortement ancrées dans les mœurs et les traditions sont aussi très sensibles à l’évolution de la conjoncture et de la société dans son ensemble.

Notes

1 G. Duby, Le chevalier, la femme et le prêtre. Le mariage dans la France féodale, Paris, 1981, p. 24-25. Même ton de prudence dans une synthèse récente : M. Bourin et M. Parisse, L’Europe de l’an Mil, Paris, 1999, p. 55.

2 G. Duby, L’histoire continue, Paris, 1991, p. 201. Le regard sceptique de G. Duby sur les possibilités d’analyser la paysannerie à partir de sources relatives à l’aristocratie est remarqué par P. Freedman, « Georges Duby and the Medieval Peasantry », Medieval History Journal, 4, 2, 2001, p. 259-271.

3 P. Laslett, « La famille et le ménage : approches historiques », Annales esc, 27/4-5, 1972, p. 847-872.

4 P. Bonnassie, La Catalogne du milieu du xe à la fin du xie siècle. Croissance et mutations d’une société, Toulouse, 1975-76, I, p. 266.

5 M. Bourin-Derruau, Villages médiévaux en Bas-Languedoc : genèse d’une sociabilité (xe-xive siècle), Paris, 1987, I, p. 143-161.

6 M. Montanari, « Strutture familiari e forme di conduzione fondiaria durante il Medioevo. Spunti per una storia della società contadina nella Romagna dei secoli x-xiii », dans R. Comba, G. Piccinni et G. Pinto (eds.), Strutture familiari, epidemie, migrazioni nell’Italia medievale, Naples, 1984, p. 193-200.

7 F. Udina Martorell, El archivo condal de Barcelona en los siglos ix-x. Estudio crítico de sus fondos, Barcelone, 1951, p. 157-165, doc. n. 38. Des analyses de cette liste dans P. Bonnassie, « La croissance agricole du haut Moyen Âge dans la Gaule du midi et le nord-est de la péninsule Ibérique : chronologie, modalités, limites », dans La croissance agricole du haut Moyen Âge. Chronologie, modalités, géographie, Flaran, 10 (1988), Auch, 1990, p. 22 et G. Feliu, « St. Joan de les Abadesses : algunes precisions sobre l’acta judicial del 913 i el poblament de la vall », dans Homenatge a la memòria del prof. Dr. Emilio Sáez. Aplec d’estudis dels seus deixebles i collaboradors, Barcelone, 1989, p. 421-434.

8 R. Pastor, Resistencias y luchas campesinas en la época del crecimiento y consolidación de la formación feudal Castilla y León, siglos x-xiii, Madrid, 1980, p. 20-23.

9 R. Le Jan, « Entre maîtres et dépendants : réflexions sur la famille paysanne en Lotharingie, aux ixe et xe siècles », dans E. Mornet (ed.), Campagnes médiévales : l’homme et son espace. Études offertes à Robert Fossier, Paris, 1995, p. 277-296.

10 D. Herlihy, « The making of the medieval family : symmetry, structure and sentiment », Journal of Family History, 1983, vol. 8, n. 2, p. 116-130 ; D. Herlihy, Medieval Households, Cambridge (Mass.)-Londres, p. 56-72 ; P. Toubert, « Le moment carolingien (viiie-xe siècle) », dans A. Burguière, C. Klapish-Zuber, M. Segalen, F. Zonabend (eds.), Histoire de la famille, 1, Mondes lointains, mondes anciens, Paris, 1986, p. 333-359.

11 P. Toubert, « La théorie du mariage chez les moralistes carolingiens », dans Il matrimonio nella società altomedievale, xxiv, Settimana di studio del centro italiano di studi sull’alto medioevo, Spoleto, 1977, I, p. 233-282 et G. Duby, Le chevalier, la femme et le prêtre. Le mariage dans la France féodale, Paris, 1981.

12 J. Goody, The development of the family and marriage in Europe, Cambridge, 1983.

13 A. Guerreau-Jalabert, « Les structures de la parenté dans l’Europe médiévale », Annales esc, 36, 1981, p. 1028-1049.

14 Pour les clercs concubinaires : P. Toubert, Les structures du Latium médiéval. Le Latium méridional et la Sabine du ixe siècle à la fin du xiie siècle, Rome, 1973, I, p. 779-784. Fils de femmes seules de condition servile dans un manoir de l’abbaye de Farfa à Forcona désignés par une filiation matrilinéaire : L. Feller, Les Abruzzes médiévales. Territoire, économie et société en Italie centrale du ixe au xiie siècle, Rome, 1998, p. 431-432.

15 Glossarium Mediae Latinitatis Cataloniae, fasc. 6, col. 719-722 ; P. Bonnassie, La Catalogne du milieu du xe à la fin du xie siècle. Croissance et mutations d’une société, Toulouse, 1975-76, 2, p. 589 ; P. Freedman, The origins of peasant servitude in Medieval Catalonia, Cambridge, 1991, p. 106-110. Sur l’adultère comme crime majeur en Languedoc : H. Débax, La féodalité languedocienne xie-xiie siècles. Serments, hommages et fiefs dans le Languedoc des Trancavel, Toulouse, 2003, p. 307-308.

16 F. Bougard, La Justice dans le Royaume d’Italie de la fin du viiie siècle au début du xie siècle, Rome, 1995, p. 238 et 252. Voir aussi : J.P. Poly, « Gengoul, l’époux martyr. Adultère féminin et norme populaire au xe siècle », dans La femme au Moyen Âge, Paris, 1992, p. 47-63.

17 M.C. Pallares Méndez, Ilduara, una aristócrata del siglo x, A Coruña, 1998, p. 15-16 et p. 89-116. P. Martínez Sopena, « Parentesco y poder en León durante el siglo xi. La “casata” de Alfonso Díaz », Studia Historica. Historia Medieval, 5, 1987, p. 33-87 et id., « La nobleza de León y Castilla en los siglos xi y xii. Un estado de la cuestión », Hispania. Revista española de historia, LIII/185, 1993, p. 801-822. Pour l’aristocratie franque et l’importance des alliances politiques pour les mariages : R. Le Jan, Famille et pouvoir dans le monde franc, Paris, 1995, p. 287-327.

18 Pour les limites au consensus dans le sud de l’Italie, toujours au xie siècle : J.M. Martin, La Pouille du vie au xiie siècles, Rome, 1993, p. 547.

19 D’après l’exemple bien connu de la Toscane : D. Herlihy et Ch. Klapish-Zuber, Les Toscans et leurs familles : une étude du catasto florentin de 1427, Paris, 1978.

20 D. Herlihy, Medieval Households, Cambridge (Mass.), Londres, 1985, p. 70-78.

21 Plusieurs testaments conservés dans les archives catalanes sont rédigés par des célibataires au moment d’entreprendre une expédition vers al-Andalus. Par exemple : A. Udina, La successió testada a la Catalunya altomedieval, Barcelone, 1984, doc. 25, 62, 79, 83, 84, 85.

22 P. Bonnassie et P. Guichard, « Les communautés rurales en Catalogne et dans le pays valencien (ixe-milieu xive siècle) », dans Les communautés villageoises en Europe occidentale à l’époque médiévale et moderne. Flaran, 4, Auch, 1984, p. 79-116 (réédité dans P. Bonnassie, Les sociétés de l’an mil. Un monde entre deux âges, Bruxelles, 2001, p. 250).

23 R. Ring, « Early medieval peasant households in Central Italy », Journal of family history, 2, 1979, p. 2-25. L. Feller, « La population abruzzaise durant le haut Moyen Âge : les conditions de possibilité d’une croissance démographique (viiie-ixe siècle) », dans R. Comba et I. Naso (eds.), Demografia e società nell’Italia medievale secoli IX-XIV. Atti del convegno internazionale su Demografia e società nell Italia medievale, Cuneo 1994, p. 327-349.

24 J.P. Devroey, « Femmes au miroir des polyptyques : une approche des rapports du couple dans l’exploitation rurale dépendante entre Seine et Rhin au ixe siècle », dans S. Lebecq, A. Dierkens, R. Le Jan et J.M. Sansterre (eds.), Femmes et pouvoirs des femmes à Byzance et en Occident (VIe-xie siècles), Villeneuve d’Ascq, 1999, p. 227-249, qui reprend des travaux précédents de L. Kuchenbuch entre autres.

25 M. Zerner, « Enfants et jeunes au ixe siècle. La démographie dans le polyptyque de Marseille », Provence Historique, 31, 1981, p. 355-380. J.P. Devroey, « Les méthodes d’analyse démographique des polyptyques du haut Moyen Âge », Acta Historica Bruxellensia, IV, Bruxelles, 1981, p. 71-88. P. Toubert, « Le moment carolingien », dans Histoire de la famille, 1, Mondes lointains, mondes anciens, p. 333-359, et L. Feller, « La population abruzzaise… art. cit. », p. 344.

26 D. Herlihy, Medieval Households… op. cit., p. 76 et J.P. Devroey, « Femmes au miroir des polyptyques… art. cit. », p. 240.

27 L. To Figueras, Família i hereu a la Catalunya nord-oriental (segles x-xii), Barcelone, 1997, p. 76-88.

28 M.T. Guerra-Medici, I diritti delle donne nella società altomedievale, Napoli, 1986, p. 261-263. D. Owen Hughes, « From brideprice to dowry in Mediterranean Europe », Journal of Family History, 1978, vol. 3, n. 3, p. 262-296. J.M. Martin, La Pouille du vie au xiie siècle, Rome, 1993, p. 543-562. Un document de Bari, de 1027, montre l’acte solennel de remise de la charte qui contient la morgengabe ou morgincaph de l’époux à l’épouse.

29 L. Feller, Les Abruzzes… op. cit., p. 459-508. La même morgengabe pouvait être transférée à l’un des enfants qui pouvait ainsi se marier et offrir une dot à son épouse. C’est dire qu’en passant de la mère à la bru la même morgengabe servait à l’établissement de garçons de deux générations de la même famille. Et on rencontre aussi des cas où l’époux achetait la morgengabe à son beau-père et lui rétrocédait la terre en précaire, ce qui avait pour conséquence de placer le gendre au même niveau que les frères de son épouse face à l’héritage paternel.

30 R. Le Jan-Hennebicque, « Aux origines du douaire médiéval (vie-xe siècles) », dans M. Parisse (ed.), Veuves et veuvage dans le haut Moyen Âge, Paris, 1993, p. 115.

31 P. Bonnassie, La Catalogne… op. cit., I, p. 258-259 et M. Zimmermann, « Un formulaire du xe siècle conservé à Ripoll », Faventia, 4/2, 1982, p. 25-86, spécialement p. 76-78.

32 M. C. Pallares Méndez, Ilduara, una aristócrata del siglo X, A Coruña, 1998, p. 12 et 85. M. Aurell, Les Noces du comte. Mariage et pouvoir en Catalogne (785-1213), Paris, 1995, p. 114-116.

33 P. Martínez Sopena, « Relations de parenté et héritage wisigothique dans l’aristocratie du royaume de Léon au xie siècle », dans J. Fontaine et Ch. Pellistrandi (eds.), L’Europe héritière de l’Espagne wisigothique, Madrid, 1992, p. 317-318.

34 L. To Figueras, « Les fonctions de dot et douaire dans la société rurale de la Catalogne (xe-xie siècles) », dans Morgengabe, dos, tertia… et les autres. Actes du II colloque « Les transferts patrimoniaux en Europe occidentale, viiie-xe siècle », Lille-Valenciennes, 2000, à paraître dans Mélanges de l’École Française de Rome.

35 L. Toubert, Les structures du Latium médiéval. Le Latium méridional et la Sabine du ixe siècle à la fin du xiie siècle, Rome, 1973, I, p. 759 et 764-765.

36 P. Bonnassie, La Catalogne… op. cit., I, p. 277-278.

37 O. Guyotjeannin, « Les filles, les femmes, le lignage », dans M. Bourin, J.M. Martin et F. Ménant (eds.), L’anthroponymie document de l’histoire sociale des mondes méditerranéens médiévaux, Rome, 1996, p. 386-388.

38 P. Toubert, Le Latium médiéval… op. cit., I, p. 754-756 ; J.M. Martin, La Pouille… op. cit., p. 551-552 ; L. Feller, Les Abruzzes… op. cit., p. 466.

39 P. Bonnassie, La Catalogne… op. cit., I, p. 260.

40 J.M. Salrach, « El mercado de la tierra en la economía campesina medieval. Datos de fuentes catalanas », Hispania, LV/3, núm. 191, 1995, p. 921-952.

41 M.C. Pallares, Ilduara… op. cit., p. 80 et 90.

42 P. Toubert, Le Latium médiéval… op. cit., p. 724 et 763-764. Des nuances importantes dans la Pouille : J.M. Martin, La Pouille… op. cit., p. 552 et 561.

43 L. To Figueras, Família i hereu… op. cit., p. 76-77 et en Galice : M.C. Pallares, Ilduara… op. cit., p. 90-93.

44 K. F. Drew, « The family in visigothic law », dans K.F. Drew, Law and society in early medieval Europe, Variorum Reprints, Londres, 1988, p. 4.

45 J.M. Martin, La Pouille du vie au xiie siècles, Rome, 1993, p. 540-542. De plus, suivant une pseudo-novelle de Liutprand, l’aliénation de biens de la part de la femme doit être validée en présence de deux ou trois de ses parents, ainsi que d’un juge qui assurera qu’elle agit librement.

46 K. F. Drew, « The family in visigothic law… art. cit », p. 11.

47 M.T. Guerra-Medici, I diritti delle donne… op. cit., p. 258-259.

48 C. La Rocca, « Pouvoirs des femmes, pouvoir de la loi dans l’Italie lombarde », dans S. Lebecq, A Dierkens, R. Le Jan, J.M. Sansterre (eds.), Femmes et pouvoirs des femmes à Byzance et en Occident (vie-xie siècle), Villeneuve d’Ascq, 1999, p. 47.

49 J. Goody, The development of the family and marriage… op. cit, p. 95.

50 M. Cabré, « La dedicación de las mujeres a la vida religiosa y el desarrollo del sistema de géneros feudal en los condados catalanes, siglos ix-xi », Arenal. Revista de historia de las mujeres, vol. 1, num. 2, 1994, p. 185-208.

51 J. Nelson, « The wary widow », dans W. Davies et P. Fouracre (eds.), Property and power in the Early Middle Ages, Cambridge, 1995, p. 82-113.

52 M. Aurell, « Les avatars de la viduité princière : Ermessende (ca. 975-1058), comtesse de Barcelone », dans M. Parisse (ed.), Veuves et veuvage dans le Haut Moyen Âge, Paris, 1993, p. 201-232

53 Les foyers de veuves sont soumis à un prélèvement fiscal réduit là où les listes fiscales permettent de l’attester : J.J. Larrea, La Navarre du ive au xiie siècle. Peuplement et société, Bruxelles, 1998, p. 247.

54 P. Bonnassie, La Catalogne… op. cit., I, p. 277, et L. To Figueras, « Les fonctions de dot et douaire… », art. cit. Néanmoins d’après la loi wisigothique (4.3.3) le remariage de la veuve mettait fin à la tutelle des enfants mineurs. P.D. King, Law and society in the Visigothic Kingdom, Cambridge, 1972 (trad. espagnole : Derecho y sociedad en el reino visigodo, Madrid, 1981, p. 270).

55 M. Zerner, « Enfants et jeunes au ixe siècle… art. cit. » ; J.P. Devroey, « Les méthodes d’analyse démographique… art. cit. » ; P. Toubert, « Le moment carolingien », dans Histoire de la famille, 1, Mondes lointains, mondes anciens, p. 333-359 ; L. Feller, Les Abruzzes… op. cit., p. 436-444.

56 P. Toubert, Le Latium médiéval… op. cit., I, p. 716-717.

57 P. Bonnassie, La Catalogne… op. cit., I, p. 270.

58 R. Pastor, « Poder y familia en la sociedad foral gallega. Aproximación a su estudio, siglos xiii y xiv », dans R. Pastor (comp.), Relaciones de poder, de producción y parentesco en la edad media y moderna, Madrid, 1990, p. 190-191 et M.I. Carzolio, « Reflexiones en torno a esclavitud y servidumbre en la alta edad media gallega. Los siervos de San Rosendo », dans Anales de Historia Antigua, Medieval y Moderna, 31, 1998, p. 47-48.

59 Par exemple le récit de la naissance du saint galicien Rosendo né d’un accouchement sans douleur, effet de l’insistance pieuse de sa mère qui avait connu une série d’avortements, dans la Vita Rudesindi écrite au xiie siècle : M.C. Pallares, Ilduara… op. cit., p. 66-72.

60 D’après l’analyse d’une liste de plus de 200 servi de l’abbaye de Farfa, L. Feller (Les Abruzzes… op. cit., p. 526-530) corrige R. Ring (« Early medieval peasant households in Central Italy », Journal of Family History, 4/1, 1979, p. 2-25) qui voulait voir dans le domaine de Farfa des familles patriarcales où plusieurs frères mariés pouvaient vivre sous le même toit. Malgré la présence de quelques frérèches dans le domaine, il paraît que les moines ont plutôt encouragé la formation de nouvelles tenures avec des familles conjugales, avec un seul couple marié.

61 C. Jusué, Poblamiento rural de Navarra en la Edad Media. Bases arqueológicas, Pampelune, 1988 et J.J. Larrea, La Navarre… op. cit., p. 319-322.

62 F. Miranda suggère tout juste comme hypothèse de recherche, la coexistence dans certains cas de grands parents avec leurs enfants mariés mais à vrai dire sans trop de données : F. Miranda García, « Algunas notas sobre la familia campesina navarra en la Edad Media », dans Aragón en la edad media, xiv-xv (Homenaje a la profesora Carmen Orcástegui Gros, II), Zaragoza, 1999, II, p. 1047-1060.

63 J. Bolós (ed.), Un mas pirinenc medieval : Vilosiu B (Cercs, Berguedà), Lleida, 1996 et J.M. Pesez, « Tout ce qu’on sait sur la maison villageoise au Moyen Âge dans l’aire méditerranéenne et tout ce qu’on voudrait savoir », dans Maisons et espaces domestiques dans le monde méditerranéen au Moyen Âge, Castrum, 6, Rome-Madrid, 2000, p. 1-11.

64 E. Pastor Díaz de Garayo, Castilla en el tránsito de la Antigüedad al feudalismo. Poblamiento, poder político y estructura social. Del Arlanza al Duero (siglos VIII-XI), Valladolid, 1996, p. 268-271 et 299-300. J.J. Larrea, La Navarre… op. cit., p. 320-322.

65 S. Carocci, « Strutture familiari nel Lazio tardomedievale », Archivio della società romana di storia patria, 110, 1987, p. 151-176.

66 quia infantes mei me derelinquerunt et noluerunt mihi dare cibum unde vivere possem, en 1067, L. To Figueras, Família i hereu…, op. cit., p. 317-318.

67 A. Barbero et M. Vigil, La formación del feudalismo en la Península Ibérica, Barcelone, 1978, p. 380-404 et E. Pastor, Castilla en el tránsito de la Antigüedad al feudalismo… op. cit., p. 274-276.

68 M.C. Pallares, Ilduara… op. cit., p. 79.

69 J.M. Martin, « Pratiques successorales… », art. cit., p. 207.

70 L. Feller, Les Abruzzes… op. cit., p. 530-533.

71 Depuis les travaux classiques de C. Sánchez-Albornoz, « Homines de mandationis et iuniores », Cuadernos de historia de España, 53-54, 1971 (réédité dans Viejos y nuevos estudios sobre las instituciones medievales españolas, I, Instituciones sociales, Madrid, 1976, p. 367-577). Id. « Los siervos en el noroeste hispano hace un milenio », Cuadernos de historia de España, 61-62, 1977, p. 5-95, et plus récémment : A. Isla Frez, La sociedad gallega en la alta edad media, Madrid, 1992, p. 203-214 ; J.M. Andrade Cernadas, El monacato benedictino y la sociedad de la Galicia medieval (siglos X al XIII), A Coruña, 1997 et M.I. Carzolio, « Reflexiones en torno a esclavitud y servidumbre en la alta edad media gallega. Los siervos de San Rosendo », Anales de Historia Antigua, Medieval y Moderna, 31, 1998, p. 29-50.

72 R. Pastor, « Poder y familia en la sociedad foral gallega. Aproximación a su estudio, siglos XIII y XIV », dans R. Pastor (comp.), Relaciones de poder, de produccción y parentesco en la edad media y moderna, Madrid, 1990, p. 189-201.

73 Le pistor est un meunier ou boulanger, et une partie des esclaves de la liste de Celanova ont d’autres métiers caractéristiques de la domesticité, alors que d’autres qu’on désigne par rapport à un terroir sont peut-être des paysans, M.I. Carzolio, « Reflexiones en torno a esclavitud y servidumbre… art. cit. », p. 40-42 et 46.

74 J. Gautier Dalché, « Les sarrasins du monastère de Sobrado », dans Minorités et marginaux en Espagne et dans le Midi de la France (viie-xviiie siècles), Paris, 1986, p. 1-94.

75 Par exemple dans la liste de Samos : Ioannes presit mulierem in Onitio nomine Toilli Citiz et generunt Pelagius et Petrus, et de alia muliere nomine Scemena Gontiniz et de illis nati sunt Salvador et Rodericus, ou : Lilli presit maritum in Onitio nomine Abdino et de illis nati sunt Petrus et Suerius ; et ipsa Lilli habuit unam filiam de Vimara Moniz de Villa Stragis nomine Maria… R. Pastor, « Poder y familia…, art. cit. », p. 193 et M.I. Carzolio, « Reflexiones en torno a esclavitud y servidumbre… art. cit. », p. 45.

76 C. Sánchez-Albórnoz, « Los siervos… art. cit. », p. 17 ; M.I. Carzolio, « Reflexiones en torno a esclavitud i servidumbre… art. cit. », p. 45. Dans les familles du domaine de Samos à Lózara, on rencontre aussi des cas de filiation patrilinéaire et de filiation matrilinéaire.

77 Mais la norme peut varier d’un endroit à l’autre à l’époque des polyptyques : J.P. Devroey, « Men and women in early medieval serfdom : the ninth-century evidence », Past and Present, 166, 2000, p. 17.

78 E. Portela Silva et M.C. Pallares Méndez, « El sistema antroponímico en Galícia. Tumbos del monasterio de Sobrado. Siglos ix al xiii », dans P. Martínez Sopena (coord.), Antroponímia y sociedad. Sistemas de identificación hispano-cristianos en los siglos IX a XIII, Santiago de Compostela, Valladolid, 1995, p. 35 et dans le même ouvrage collectif voir d’autres recherches sur des régions voisines : p. 60, 88-89, 108, 126. On remarquera quand même l’emploi, par un Galicien du xe siècle, de la double filiation, paternelle et maternelle, comme désignation complémentaire : Rudesindis prolis Guttierris et Ilduare. M.C. Pallares, Ilduara… op. cit., p. 73-74.

79 R. Pastor, « Poder y familia… art. cit. », p. 195 et M.I. Carzolio, « Reflexiones en torno a esclavitud y servidumbre… art. cit. », p. 48-49.

80 « Los planteles serviles de Celanova ofrecen al monasterio el material para desarrollar una política poblacional dinámica que le permiten impulsar las roturaciones, favoreciendo la pequeña explotación campesina », M.I. Carzolio, « Reflexiones en torno a esclavitud y servidumbre… art. cit. », p. 48-49.

81 Néanmoins le texte insiste sur la parenté avec une femme qui était la sœur de sa grand-mère : Non debeo esse servus fiscalis nec parentes mei ex nascendo de bisabios vel bisabias ex paterno vel materno… tandis que le mandatarius du comte le réclame sur la base de la donation d’une femme : femina Ludinia qui fuit parentes istius parentelae quem ego prosequor… unde advenit ista femina Ludinia in isto breve qui fuit soror abiae tuae si ancilla fiscalis non fuit… S’il ne s’agit pas d’un faux, c’est un des rares exemples de notice de plaid sur la condition libre d’un homme en Catalogne. P. de Marca, Marca hispanica sive limes hispanicus hoc est geographica et historica descriptio Cataloniae, Ruscionis et circumjacentium populum ab anno 817 ad annum 1258, Paris, 1688, col. 796-797, doc. no XXXIV.

82 C. Violante, « Quelques caractéristiques des structures familiales en Lombardie, Émilie et Toscane aux xie et xiie siècles », dans G. Duby et J. Le Goff (eds.), Famille et parenté dans l’Occident médiéval. Actes du colloque de Paris, 1974, Rome, 1977, p. 103. Voir aussi C. Wickham, Early Medieval Italy. Central power and local society (400-1000), Londres, 1981, p. 120 et J.P. Delumeau, Arezzo, espace et société, 715-1230. Recherches sur Arezzo et son contado du viiie au début du xiiie siècle, Rome, 1996, I, p. 105-109.

83 J. J. Larrea, « La infanzonía en una perspectiva comparada : infanzones y arimanni del ordenamiento público al feudal », dans P. Bonnassie (ed.), Fiefs et féodalité dans l’Europe méridionale (Italie, France du Midi, Péninsule Ibérique) du xe au xiiie siècle, Toulouse, 2002, p. 369-396. Voir d’un autre point de vue : I. Álvarez Borge, « Estructuras de poder en Castilla en la Alta Edad Media : señores, siervos, vasallos », dans Señores, siervos, vasallos en la Alta Edad Media. xxviii Semana de estudios medievales, Estella 16-20 julio 2001, Pampelune, 2002, 269-308.

84 K.F. Drew, « The family in visigothic law… art cit. », p. 10 et P. Martínez Sopena, « Relations de parenté et héritage wisigothique dans l’aristocratie… art. cit. », p. 319-320.

85 M.C. Pallares, Ilduara… op. cit., p. 76, 81, 135-136 ; J.J. Larrea, La Navarre… op. cit., p. 291-294, 371 et 442-449 ; E. Pastor Díaz de Garayo, Castilla en el tránsito de la Antigüedad al feudalismo. Poblamiento, poder político y estructura social. Del Arlanza al Duero (siglos viii-xi), Valladolid, 1996, p. 259-265 et 271-274.

86 Voir en particulier les études sur l’anthroponymie concernant la Galice, le Portugal et à titre comparatif les Asturies dans P. Martínez Sopena (coord.), Antroponimia y sociedad. Sistemas de identificación hispano-cristianos en los siglos IX a XIII, Santiago de Compostela, Valladolid, 1995, p. 40, 94, 108, 124.

87 L. To Figueras, Família i hereu… op. cit., p. 123-128. Évolution comparable dans le Bas Languedoc : M. Bourin-Derruau, Villages médiévaux en Bas Languedoc : Genèse d’une sociabilité (xe-xive siècles), Paris, 1987, I, p. 149-150.

88 B. Cursente, Des maisons et des hommes. La Gascogne médiévale (xie-xve siècle), Toulouse, 1998, p. 146-148.

89 J.M. Martin, « Pratiques successorales en Italie méridionale (xe-xiie siècle) : romains, grecs et lombards », dans J. Beaucamp et G. Dagron (eds.), La transmission du patrimoine. Byzance et l’aire méditerranéenne, Paris, 1998, 189-210. L. Feller, Les Abruzzes… op. cit., p. 498-499.

90 P. Toubert, Le Latium médiéval… op. cit., p. 720-721. En Navarre et Aragon aux xe-xie siècles quelques cas de frérèches ou groupements familiaux plus larges selon J.J. Larrea, La Navarre… op. cit., p. 288-289 et 319-320.

91 P. Toubert, Le Latium médiéval… op. cit., p. 724-727.

92 L. Feller, Les Abruzzes… op. cit., p. 504-505.

93 P. Brancoli Busdraghi, « Genesi e aspetti istituzionali della « domus » in Toscana fra xi e xiii secolo », dans A. Spicciani et C. Violante (eds.), La signoria rurale nel medioevo italiano, Pisa, 1997-98, p. 24-33.

94 P. Toubert, Le Latium médiéval… op. cit., p. 727-728, 734 et M. Bourin-Derruau, Villages médiévaux en Bas Languedoc… op. cit., I, p. 155-156.

95 P. Bonnassie, La Catalogne… op. cit., I, p. 266-267. L. To Figueras, Família i hereu… op. cit., p. 88-93. E. Pastor, Castilla en el tránsito de la antigüedad al feudalismo… op. cit., p. 269. A. Isla Frez, La sociedad gallega en la alta edad media… op. cit., p. 214-221

96 Sur le rôle des monastères familiaux en tant que centre de maintien de l’intégrité face aux partages successoraux on peut rencontrer des cas dans l’Espagne du nord-ouest : M.C. Rodríguez González et M. Durany Castrillo, « Ocupación y organización del espacio en el Bierzo Bajo entre los siglos v al x », Studia Historica. Historia Medieval, 16, 1998, p. 81 ; ainsi que dans l’Italie du centre et du nord : C. Violante, « Quelques caractéristiques des structures familiales en Lombardie, Émilie et Toscane aux xie et xiie siècles », dans G. Duby et J. Le Goff (eds.) Famille et parenté dans l’Occident médiéval. Actes du colloque de Paris, 1974, Rome, 1977, p. 100-101 et 118-119 ; W. Kurze, Monasteri et nobiltà nel Senese e nella Toscana Medievale. Studi diplomatici, archeologici, genealogici, giuridici e sociali, Siena, 1989, p. 23-153.

97 J. Bessmerny, « Les structures de la famille paysanne dans les villages de la Francia au ixe siècle », Le Moyen Âge, XC.2, 1984, p. 165-193.

98 Mais parentela désigne la descendance mâle, tandis que la propinquitas celle des filles dans quelques contextes : C. Violante, « Structures familiales en Lombardie, Emilie et Toscane… art. cit. », p. 104.

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